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Blue Baby: Fiction historique
Blue Baby: Fiction historique
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Ebook160 pages2 hours

Blue Baby: Fiction historique

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About this ebook

Dans la Saumur de 1940, Maud et Gaétan, avec les élèves de l'école de cavalerie, décident de défendre leur ville face à l'invasion allemande...

Juin 1940. Comme une vague inexorable, l’invasion allemande déferle sur la France. Sur les routes du pays, civils et militaires fuient l’envahisseur à marche forcée.
À Saumur, sur les bords de Loire, Maud et Gaétan sont terrifiés. Ce raz-de-marée ne va plus tarder à les submerger… À moins que les deux jeunes gens ne décident de lui faire face. Avec les élèves de l’école de cavalerie, ils font alors le choix de désobéir à Pétain. Eux ne fuiront pas. Ils défendront la ville ! Et ça, les Allemands ne s’y attendent pas…
Librement inspiré des journées historiques vécues par Geoffroy de Navacelle et tous ses camarades de l’école de cavalerie, le roman respecte scrupuleusement la chronologie des événements survenus en juin 1940.
À travers Blue Baby, vous découvrirez pourquoi le panache des Cadets de Saumur, les tout premiers résistants français, demeure aujourd’hui encore… si moderne !

Une fiction historique qui s'inspire des combats héroïques de juin 1940 racontés par l'élève-officier Geoffroy de Navacelle.

À PROPOS DE L'AUTEUR

John-Erich Nielsen est un ancien officier saint-cyrien, cavalier formé à Saumur, décoré de la « Ehrenkreuz der Bundeswehr ». Grâce à huit ans passés au sein de la Brigade Franco-Allemande, une formation de commandant d’escadron à la Panzertruppenschule de Munster, ainsi qu’un poste de chef de cabinet d’un général allemand, il saura vous plonger dans ces heures brûlantes de la Seconde Guerre mondiale, au cœur des combats entre cavaliers français et allemands.
LanguageFrançais
Release dateDec 14, 2020
ISBN9791090915558
Blue Baby: Fiction historique

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    Blue Baby - John-Erich Nielsen

    Nielsen

    Chapitre 1

    Paris, février 2020

    « Son képi bleu… », murmura la vieille dame.

    D’une main fragile, Maud Laplace souleva le couvre-chef puis, lentement, elle le fit pivoter sur lui-même afin de mieux le contempler.

    À quatre-vingt-dix-huit ans, Maud se trouvait au crépuscule de sa vie. Même si cette perspective ne la réjouissait guère, elle l’acceptait pourtant avec courage et lucidité.

    Depuis plus d’une heure, la nuit s’était abattue sur la capitale. Les lumières de la tour Eiffel, que l’on devinait sur la gauche, se confondaient à présent avec les lueurs orangées du reste de la ville. L’air songeur, Maud déporta son regard vers le bord du lit sur lequel elle était assise. L’ancienne résistante, devenue diplomate puis écrivaine, surnommée Granny par sa fille Lucie, ses petits-enfants, ainsi que par ses nombreux arrière-petits-enfants, se sentait particulièrement fatiguée, lasse, comme alourdie par un poids inhabituel. Oui, comme si un plomb visqueux lui coulait dans les veines. Pour se rassurer, la vieille dame fixa son esprit sur une pensée plus positive : Quoi qu’il arrive, j’aurai bien vécu, se persuada-t-elle. Mais, comme attirés par un aimant, ses yeux se portèrent de nouveau sur le képi qu’elle tenait entre ses mains puis, dans le prolongement de son champ de vision, sur une vieille valise en cuir… Tout autour de celle-ci, Maud avait disposé les souvenirs de Gaétan : quelques photos en noir et blanc, des dessins, un journal, de rares objets personnels, ainsi que son képi bleu qu’elle finit par reposer.

    En observant le cliché aux bords crénelés qui se trouvait le plus à droite, Maud sourit : l’air plus conquérant que jamais, Gaétan était juché sur sa moto, qu’il avait baptisée Blue Baby. La vieille dame songea : En réalité, Blue Baby, c’était lui. Gaétan, l’Amour de ma vie… Son engin n’était que le symbole de son irréductible différence ; le prolongement de cette flamme qui brûlait en lui, qui rayonnait comme un halo et qui le faisait vivre. La vie qui, comme toute flamme, est à la fois chaleur et destruction… Cette pensée la fit soupirer. Maud se dit encore : Gaétan n’est-il plus dorénavant que cette silhouette diffuse, figée sur un papier défraîchi ? Ou bien cette flamme que je ressens au plus profond de mon être, toujours aussi vive et bleue ? Immobile, elle continua d’observer les différents objets qui lui avaient appartenu, en pensant : Comment pourrais-je oublier le père de Lucie ? Non, c’est impossible.

    Soudain, Maud sursauta. Dans son dos, la porte de sa chambre venait de s’ouvrir.

    – Cécile ! Tu m’as fait peur.

    – Granny, je suis désolée. Pardon, s’excusa la jeune femme. Grandma m’a dit que tu étais là. J’avais besoin de te parler. Est-ce que je peux entrer ?

    – Mais oui, bien sûr. Je t’en prie.

    Cécile s’avança. Vêtue d’un jeans et d’un pull en cachemire, la jeune femme blonde, aux cheveux mi-longs, vint s’asseoir près de Granny avec son dynamisme habituel. Son arrière-petite-fille – la première, sa préférée, celle qui lui ressemblait le plus – était une jeune femme extrêmement belle. Toutefois, depuis deux ans, Cécile n’allait plus vraiment bien. Ses yeux cernés, ses joues amaigries, ses épaules rentrées, tout cela faisait craindre à Granny qu’un changement profond ne fût à l’œuvre dans son existence. Comme si, face à un choix irréversible et crucial, Cécile tardait à se décider.

    Une fois près de Granny, son arrière-petite-fille sourit en découvrant les souvenirs que celle-ci avait éparpillés sur l’édredon. Mais, rapidement, son regard devint plus fixe, et son dos se voûta.

    Elle a besoin de moi, devina Maud. Si j’étais d’humeur taquine, je lui ferais remarquer que de nous deux, c’est elle qui a l’air la plus âgée !

    Estimant qu’elle avait correctement jaugé la situation, Granny se risqua à lui demander :

    – Cécile, dis-moi… Qu’est-ce qu’il t’arrive ?

    Immédiatement, deux grosses larmes coulèrent le long des joues de la jeune femme. Puis, ravalant son chagrin, elle parvint à expliquer :

    – C’est mon rédacteur en chef. Ça s’est passé la semaine dernière au journal. Je n’en dors plus.

    – Oui, eh bien ? Raconte-moi.

    – Voilà… Didier m’a annoncé que mon reportage ne serait pas publié.

    – Celui sur lequel tu travailles depuis plus d’un an ? Le financement de la campagne électorale ?

    – Exactement, confirma Cécile. Avant de s’emporter :

    – Tous mes témoins sont fiables. Tous mes documents aussi. Tout est attesté. Vérifié. Prouvé !… Jamais cet homme n’aurait dû être élu. Il a triché. Il mérite d’être condamné. Les gens doivent savoir.

    – Oui, tu m’en as parlé. En tout cas, ça n’aurait pas dû se passer de cette façon. Pas avec cet argent-là, c’est illégal.

    – Bien sûr ! Et pourtant, c’est lui qui a été élu. On ne voit plus que lui à la télévision. « L’ami des puissants », comme ils disent. Tu parles… Rien que de l’entendre pérorer, j’en suis malade.

    – Comment ton rédacteur en chef a-t-il justifié sa décision ?

    – C’est bien cela le plus énervant. Didier m’a expliqué que l’actionnaire majoritaire du journal était l’un des plus proches amis de cet homme. Dans ces conditions, il est inimaginable de sortir un papier à charge. Ce serait un suicide éditorial.

    – Je vois, dit Granny en hochant doucement la tête.

    – Tout ça pour ça… murmura Cécile pour elle-même, les yeux dans le vide et la mine défaite.

    Maud lui suggéra :

    – Dis-moi Cécile, il n’y a pas qu’un seul journal à Paris. N’est-ce pas ?

    Son arrière-petite-fille la fixa :

    – Non évidemment, commença-t-elle par répondre.

    Puis elle se ravisa :

    – Enfin, si… C’est-à-dire que les journaux qui comptent sont tous tenus par des gens qui se connaissent. Et qui « le » connaissent. La plupart ont même financé sa campagne de façon indirecte. Leurs intérêts sont liés. C’est précisément ce que mon enquête était parvenue à démontrer.

    Dans un sourire forcé, la jeune journaliste ajouta :

    – Qu’on le veuille ou non, depuis son élection, « il » est devenu l’homme politique le plus puissant du pays. C’est manifestement un problème… finit-elle par ironiser.

    Granny insista :

    – Alors ? Que comptes-tu faire ?

    – Je ne sais plus… Tout ça pour ça, répéta-t-elle en détournant le regard.

    Derrière l’immense déception de Cécile, Maud eut la sensation, en observant ses larmes qui coulaient de plus belle, que son arrière-petite-fille ne lui avait peut-être pas tout dit. Sans hésiter, elle lui demanda :

    – Et c’est tout ?

    À la fois surprise et intriguée, Cécile se retourna vers elle. Puis elle répondit :

    – Décidément, tu me connais bien, Granny… Non, Didier m’a fait une proposition.

    – Quand tu dis « Didier », c’est bien « le » Didier dont il s’agit ?

    – Oui, « le » Didier, sourit-elle.

    La mine plus sérieuse, Maud reprit :

    – Cécile, je t’en ai déjà parlé. Cet homme est trop âgé pour toi. Vingt ans de plus, ça compte. En tout cas, ça comptera très vite.

    – Oui. Je sais.

    – Alors, quelle est cette proposition ?

    – Si je laisse tomber mon article, en échange, je pourrai prendre la direction de notre antenne à Londres. À terme, je peux même envisager de devenir la responsable de la rédaction de New York. Didier attend ma réponse.

    – Et alors ? Est-ce que c’est une promotion ?

    – Non, pas vraiment. En réalité, dans un journal d’envergure comme le mien, tout se joue à Paris. Tu ne peux pas espérer faire carrière si tu commences à prendre tes distances… Je dirais plutôt que Didier me propose un superbe « placard doré ».

    – Ce qui me surprend, répliqua Granny, c’est qu’il semble prêt à te voir s’éloigner de lui.

    – Justement… lâcha Cécile et, d’un coup, ses larmes redoublèrent.

    – Oh là, je vois que c’est du sérieux, s’inquiéta Maud.

    – Oui, tu as raison… reconnut la jeune femme entre deux sanglots puis, inconsciemment, elle posa les mains sur son ventre.

    En observant son geste, Granny n’eut plus aucun doute. Ce geste si féminin, elle le connaissait bien. Impatiente, elle demanda :

    – Cécile, ne me dis pas que tu…

    – Si. Trois mois au moins. Ça va même commencer à se voir.

    Maud marqua un silence. Avant de reprendre :

    – C’est lui, c’est Didier ? Tu en es sûre ?

    Son arrière-petite-fille opina.

    – Ça ne peut être que lui, confirma-t-elle, et elle posa la tête sur l’épaule de Granny.

    Émue, la vieille dame lui caressa la joue. Puis elle voulut savoir :

    – Quand je vois ton chagrin, que faut-il comprendre ?

    Cécile articula avec difficulté :

    – Je le lui ai dit. Mais il n’en veut pas. Il ne le reconnaîtra pas.

    Aussitôt, Maud s’écarta de la jeune femme et l’obligea à la regarder. Elle lui dit :

    – Et cet Olivier dont tu m’as déjà parlé ? J’avais l’impression qu’il te plaisait… Il habite bien au bas de ton immeuble, non ?

    La jeune femme se redressa, essuya son visage et, dans un sourire timide, elle précisa :

    – Oui, de l’autre côté de la cour. Mais c’est juste un ami, tu sais.

    – À t’écouter, j’avais plutôt le sentiment que tu aurais bien aimé qu’il ne se contente pas de la traverser, mais de te la faire, la cour, plaisanta Granny.

    Puis elle ajouta :

    – Tu m’as dit que ce garçon était écrivain. Il serait plutôt dans tes cordes, non ?

    Finalement amusée par la réactivité de Granny, Cécile ne put retenir un sourire. En outre, la jeune femme se sentait totalement mise à nu par son arrière-grand-mère. En dépit de leur différence d’âge, il semblait impossible, entre femmes, de parvenir à se mentir sur un tel sujet. Et même si trois générations les séparaient, toutes les deux se sentaient terriblement complices.

    La jeune journaliste finit par répondre :

    – Aujourd’hui, tu vois, je ne suis plus sûre de rien. Même pas de mes propres sentiments.

    Les mains toujours en protection sur son ventre, elle ajouta :

    – Granny, je me sens perdue…

    Sans réfléchir, Maud la serra dans ses bras aussi fort qu’elle le put. Puis, tenant Cécile par les épaules, elle contempla cette fois ses souvenirs étalés sur le lit. Après avoir réfléchi un long moment, la vieille dame eut finalement la conviction qu’elle savait ce dont son arrière-petite-fille avait le plus besoin. Alors elle se redressa, prit une inspiration, et elle lui dit, les yeux dans les yeux :

    – Cécile, écoute-moi. Je pense qu’il faut que je te raconte une histoire…

    Chapitre 2

    Saumur, 1940

    … C’était un soir de printemps. L’une de ces journées interminables comme on en connaît dans l’ouest de la France. Aussi interminable que cette avenue Foch où je marchais seule face au soleil couchant. Je rentrais chez moi, avec ma robe rouge, un panier au

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