Les apories des politiques autochtones au Canada
Par Thierry Rodon
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À propos de ce livre électronique
Cet ouvrage donnera aux lecteurs l’occasion de se familiariser davantage avec les politiques autochtones et de mieux comprendre l’évolution de la relation des Canadiens avec les peuples autochtones qui ont été leurs premiers alliés et partenaires et qui, après plus de 150 ans de politiques de soumission, essaient de renouveler ces anciennes alliances mais demeurent souvent méconnus, créant ainsi non pas deux, mais de multiples solitudes au sein du Canada.
Thierry Rodon est professeur agrégé au Département de science politique de l’Université Laval et titulaire de la Chaire de recherche sur le développement durable du Nord. Il est également directeur du Centre interuniversitaire d’études et de recherche autochtones (CIÉRA), et il dirige MinErAL, un réseau international de recherche sur les relations entre les industries extractives et les communautés autochtones. Auteur de nombreuses publications sur les politiques autochtones, les traités et l’autonomie gouvernementale au Canada, il étudie les politiques autochtones et nordiques au Canada et dans le monde circumpolaire.
Thierry Rodon
Thierry Rodon est professeur agrégé au Département de science politique de l’Université Laval et titulaire de la Chaire de recherche sur le développement durable du Nord. Il est également directeur du Centre interuniversitaire d’études et de recherche autochtones (CIÉRA), et il dirige MinErAL, un réseau international de recherche sur les relations entre les industries extractives et les communautés autochtones. Auteur de nombreuses publications sur les politiques autochtones, les traités et l’autonomie gouvernementale au Canada, il étudie les politiques autochtones et nordiques au Canada et dans le monde circumpolaire.
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Avis sur Les apories des politiques autochtones au Canada
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Aperçu du livre
Les apories des politiques autochtones au Canada - Thierry Rodon
INTRODUCTION
Mis à la marge pendant des décennies, les Autochtones constituent aujourd’hui des acteurs incontournables de la politique canadienne. Cet état de fait n’est pas le fruit de la magnanimité des gouvernements. Tout au long de l’histoire, les Autochtones ont fait preuve d’une agentivité constante, qui a bousculé l’ordre colonial imposé par les nouveaux arrivants. Ils ont fait sentir leur présence en politique, en économie, dans les mouvements sociaux, dans les arts, au niveau national comme international. Certes, des avancées importantes ont été observées au cours des dernières décennies. Cependant, pour beaucoup, ces avancées sont toujours insuffisantes et l’ordre colonial établi lors de la création du Canada est toujours présent.
En effet, même si depuis les cinquante dernières années on a vu de grands changements, les Autochtones sont passés d’un statut de tutelle à celui de citoyens. Ils ont signé, dans certains cas, des traités modernes leur permettant de jouir d’une certaine autonomie gouvernementale. Ils ont vu leurs droits ancestraux et issus de traités reconnus dans la Constitution. Ils ont porté et gagné de nombreuses causes devant les tribunaux qui leur ont permis de définir la portée de leurs droits ancestraux et titres. Ils ont vu fermer le dernier pensionnat indien, reçu des excuses officielles et vu les victimes obtenir des compensations financières.
Malgré ces avancées, les Autochtones au Canada sont toujours confrontés à une situation coloniale. La Loi sur les Indiens, une loi votée par le Parlement canadien pour administrer une population particulière qui, jusque dans les années cinquante, n’avait pas le droit de vote et qui est toujours très peu représentée au sein du Parlement. On a ainsi tous les signes du colonialisme; le statut juridique des Premières Nations, que ce soit les individus ou les bandes, en est toujours un de tutelle; les conditions socio-économiques dans de nombreuses réserves et communautés inuites sont semblables à celles de pays du tiers-monde, avec des problèmes d’accès à l’eau potable et au logement, des problèmes de pauvreté, d’éducation, de santé, d’espérance de vie et de nombreux problèmes sociaux. Cette situation, inacceptable dans un pays comme le Canada, est d’ailleurs régulièrement dénoncée par des organismes internationaux, de l’observateur permanent de l’ONU pour les droits de l’homme en passant par la Croix-Rouge et le Rapporteur spécial des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones (Anaya, 2014).
Il est toutefois impossible de tracer un portrait actuel de ces politiques, au demeurant toujours en évolution, sans comprendre le contexte historique qui a mené à l’adoption de politiques particulières pour les «premiers peuples». C’est pourquoi, tout au long de l’ouvrage, seront effectués de constants retours historiques, de façon à ce que le lecteur puisse appréhender la justification et la complexité de ce régime unique.
Après un premier chapitre introductif qui présente les peuples et les communautés autochtones du Canada dans leur diversité et leur complexité et qui établit les enjeux les plus importants, cet ouvrage est divisé en trois parties. La première partie porte sur la relation entre les premiers peuples et les nouveaux arrivants, des premiers contacts jusqu’à la situation actuelle, la seconde partie analyse les principales politiques autochtones du Canada et la troisième partie examine trois études de cas.
Dans la première partie, les chapitres 2 et 3 retracent l’histoire de la relation entre les premiers peuples et les nouveaux arrivants à travers trois grandes périodes: les alliances de la période préconfédérale; la soumission mise en place avec l’établissement de la Confédération; et la recherche d’une nouvelle relation dans la période contemporaine. Dans le chapitre 4, nous verrons le rôle crucial des tribunaux canadiens dans l’établissement de cette nouvelle relation, tout en analysant les limites de cette approche. Le chapitre 5 nous permettra de montrer que les Autochtones ne sont pas simplement des victimes de l’histoire, mais que même lors des périodes les plus noires, ils ont résisté à l’ordre colonial qu’on leur imposait. Finalement, le chapitre 6 analyse la relation complexe entre les communautés autochtones, le gouvernement et les provinces.
La deuxième partie analyse trois politiques canadiennes qui ont été mises en place par le gouvernement fédéral pour répondre aux revendications des autochtones et aux décisions des tribunaux: la politique des revendications territoriales dans le chapitre 7; la politique d’autonomie politique dans le chapitre 8; et les multiples politiques de développement économique dans le chapitre 9.
La troisième et dernière partie présente une série d’études de cas. Le chapitre 10 analyse la relation complexe entre le Québec et les premiers peuples, le chapitre 11 présente les expériences d’autonomie des Inuits et, enfin, le chapitre 12 propose une analyse des politiques autochtones dans des pays de traditions juridiques anglo-saxonnes semblables à celle du Canada, mais avec des contextes très différents: les États-Unis, l’Australie et la Nouvelle-Zélande.
À la fin de chacun de ces chapitres, une section «Points clés» reprend les thèmes principaux à retenir, et finalement un glossaire définissant certains concepts, en gras dans le texte, est présenté à la fin de l’ouvrage.
Tout au long de cet ouvrage, les lecteurs verront donc les avancées politiques et sociales obtenues par les Autochtones depuis les dernières décennies, mais aussi les limites posées par l’État canadien ainsi que le système international. Pour nous, cette interaction constitue autant d’apories dans la dynamique coloniale qui guide encore les relations. L’aporie est définie ici en tant que contradiction insoluble dans un raisonnement. C’est, au départ, ce qui caractérise les relations entre les nations autochtones et l’État, ou encore avec les autres nations non autochtones: la reconnaissance du statut de nation, d’un droit à l’autonomie gouvernementale, du droit à l’égalité, tout en balisant ces droits de façon serrée, laissant peu de marge de manœuvre à l’expression d’une souveraineté autochtone. Autant de paradoxes que nous soulignerons tout au long de notre ouvrage.
Nous croyons que cet ouvrage permettra aux lecteurs de se familiariser davantage avec les politiques autochtones et, dans le cas des lecteurs non autochtones, de mieux comprendre la relation avec les premiers peuples qui ont été nos alliés et partenaires pendant plus de 150 ans et qui peuvent le redevenir, mais qui demeurent souvent méconnus, créant ainsi non pas deux, mais de multiples solitudes au sein du Canada.
REMERCIEMENTS
Cet ouvrage est tiré des notes de mon cours «Politiques autochtones au Canada», que je donne bon an mal an depuis plus 15 ans à l’Université Laval. Il a donc grandement bénéficié des échanges que j’ai eus avec les nombreux étudiants qui l’ont suivi. Je veux également souligner l’apport de Jean-Olivier Roy qui, dans les dernières années, a veillé à mettre à jour les informations du cours dans une période où les politiques et les discours changent rapidement, mais où certains fondements semblent persister. Sa collaboration a été essentielle dans la réalisation de cet ouvrage. Je veux aussi remercier les fonctionnaires fédéraux et provinciaux qui m’ont offert leurs perspectives sur la relation avec les peuples autochtones. Je veux enfin remercier tous les Inuits, Innus, Cris, Anicinape, Dènés, Haudenosaunee et Wendat, dont certains sont devenus des amis, et qui au fil des rencontres et des conversations m’ont permis de mieux comprendre les défis qu’ils relèvent et la complexité d