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Les violences à caractère sexuel: Représentations sociales, accompagnement, prévention
Les violences à caractère sexuel: Représentations sociales, accompagnement, prévention
Les violences à caractère sexuel: Représentations sociales, accompagnement, prévention
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Les violences à caractère sexuel: Représentations sociales, accompagnement, prévention

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About this ebook

La violence sexuelle est un grave problème de santé publique qui touche chaque année des millions de personnes dans le monde. Elle est due à de nombreux facteurs, se manifestant dans des situations sociales, psychologiques, culturelles et économiques très variées. La violence sexuelle a de profondes répercussions sur le bien-être physique, émotionnel, mental et social des victimes, en plus de générer un grand coût pour la société.

Le présent ouvrage, rédigé par une trentaine de chercheurs et d’intervenants issus de disciplines diverses, propose plusieurs approches pour la compréhension du phénomène et une critique réflexive pour l’affronter. Les auteurs définissent les violences sexuelles, analysent leurs nombreuses facettes – médiatisation, prise en charge par les centres d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel, typologie et fonctionnement psychorelationnel des agresseurs, spécificités dans la relation conjugale, complexité dans les communautés autochtones, présence sur les campus, traitement judiciaire et rôle du corps policier – et décrivent différents types d’intervention.

Adressé aux chercheurs, aux étudiants et aux intervenants, ce livre montre que les vio­­lences sexuelles désignent une réalité complexe qui résulte d’un ensemble de problématiques et qui nécessite une approche pluridisciplinaire.
LanguageFrançais
Release dateAug 22, 2018
ISBN9782760549630
Les violences à caractère sexuel: Représentations sociales, accompagnement, prévention

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    Les violences à caractère sexuel - Saïd Bergheul

    REGARDS INTERDISCIPLINAIRES SUR LES VIOLENCES SEXUELLES

    Saïd Bergheul et Mylène Fernet

    Selon un rapport publié en 2014 par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), 20% des femmes et de 5 à 10% des hommes dans le monde ont subi des violences sexuelles pendant leur enfance. Au Canada, en 2015, la police a déclaré près de 21 500 agressions sexuelles, dont la majorité (98%) était des agressions sexuelles de niveau 1 (Allen, 2016)¹. Il est pertinent de souligner qu’à l’échelle internationale, le nombre d’agressions sexuelles déclarées sous-estime l’étendue réelle des agressions sexuelles, puisque souvent, ces types d’infractions ne sont pas signalés.

    Il est évident que les violences sexuelles laissent des traces psychologiques profondes, voire intergénérationnelles sur les victimes. Elles constitueraient également l’un des types de crimes les plus coûteux à la société. Aux États-Unis, par exemple, près de 3 millions de dollars (USD) seraient dépensés annuellement par l’État, pour les cas de victimisations sexuelles dénoncées (Miller, Cohen et Wiersema, 1996).

    Pour toutes ces raisons, les recherches portant sur le thème de l’agression sexuelle ont proliféré et des programmes d’intervention ont été implantés dans plusieurs pays pour prévenir et accompagner les victimes de violences sexuelles.

    1.DÉFINITIONS DE LA VIOLENCE SEXUELLE

    L’Organisation mondiale de la santé (2012) définit la violence sexuelle comme étant des actes qui peuvent varier du harcèlement verbal ainsi que des formes de contrainte très variées allant de la pression et de l’intimidation sociale jusqu’à la violence physique et la pénétration forcée.

    La violence sexuelle peut comprendre notamment:

    •le viol conjugal;

    •le viol commis par des étrangers ou des connaissances;

    •le harcèlement sexuel ou les avances sexuelles;

    •le viol systématique, l’esclavage sexuel et d’autres formes de violence essentiellement répandues lors des guerres;

    •la violence sexuelle qui touche les personnes handicapées mentalement ou physiquement;

    •le viol et les sévices sexuels infligés aux enfants;

    •les formes répandues dans certaines cultures, telles que le mariage forcé.

    Par violence sexuelle, l’OMS entend «tout acte sexuel, tentative d’acte sexuel ou tout autre acte exercé par autrui contre la sexualité d’une personne en faisant usage de la force, quelle que soit sa relation avec la victime, dans n’importe quel contexte» (Organisation mondiale de la santé, 2013, p. 2).

    2.QUELQUES APPROCHES THÉORIQUES SUR LA VIOLENCE SEXUELLE

    Depuis plusieurs années, des chercheurs issus de différentes disciplines ont proposé plusieurs théories pour expliquer le phénomène de la violence sexuelle. Dans la présente introduction, nous ne traiterons que des théories dominantes qui continuent d’exercer une influence sur l’explication des comportements violents à caractère sexuel. On peut regrouper ces théories en six grandes catégories: les théories biologiques, sociologiques, «criminologiques», psychologiques, intégratives et féministes.

    2.1.Les théories biologiques

    D’un point de vue médical, plusieurs études déjà classiques ont identifié des éléments endocriniens, neurotransmetteurs ou génétiques ayant une influence sur le comportement agressif sexuel. La sérotonine, qui est un neurotransmetteur, est reconnue pour son implication dans les comportements agressifs et comme inhibiteur de l’agressivité (Olivier et Mos, 1995). L’influence de la testostérone sur les agressions sexuelles chez les hommes a été constamment évoquée. Les personnes portant des caryotypes du syndrome XYY ou XXY ont été décrites par les écrits scientifiques comme des sujets caractérisés par une instabilité caractérielle. Les études neurologiques indiquent également une défaillance de l’activité de certaines zones du cerveau, en particulier le système limbique chez les délinquants sexuels. Toutefois, la communauté scientifique reste prudente quant aux rôles des facteurs biologiques qui ne permettent pas d’établir de lien de cause à effet dans l’actualisation des comportements violents sexuels (Raine et al., 1997).

    2.2.Les théories sociologiques

    Les modèles théoriques sociologiques identifient certains postulats communs de types socioculturels qui expliquent les violences sexuelles et qu’on retrouve dans la plupart des groupes sociaux (Ciobanu et Natarajan, 2005). Ces violences, apprises et perpétrées, sont perçues comme le résultat d’un système patriarcal et des inégalités sociales. Le genre est conçu comme une construction sociale et non comme un attribut individuel.

    Les explications sociales et structurelles de la violence sexuelle attribuent la violence sexuelle à des structures et à des processus sociaux particuliers. Les sociologies et les psychosociologues se sont, entre autres, appuyés sur la théorie de l’apprentissage social et de la socialisation (Bandura, 1973) pour expliquer comment la violence sexuelle peut être apprise et reproduite grâce à l’observation et à l’imitation des modèles sociaux. Les comportements de violence sont maintenus, par la suite, par le renforcement. La sociologie a également proposé des modèles d’analyse de classe et de pouvoir pour expliquer les causes des agressions sexuelles. Parmi les facteurs sociétaux qui influent sur la violence sexuelle figurent les lois et les politiques sociales relatives à l’égalité des sexes en général et à la violence sexuelle en particulier, ainsi que les normes relatives à l’exercice de la violence (Walby, 1990). Alors que certains facteurs au niveau microsociologique opèrent largement sur le plan local, au sein des familles, des écoles, des lieux de travail et des communautés, d’autres facteurs au niveau macrosociologique auraient une influence sur les lois et les normes au niveau national et même international.

    Les plus récents développements des courants sociologiques contemporains (Cardi et Pruvost, 2012; Dorlin, 2009) présentent les infractions sexuelles comme des occurrences et les conceptualisent dans un ensemble complexe de relations et d’institutions sociales. Cette analyse offre une compréhension de la violence sexuelle qui s’inscrit dans un environnement marqué par des relations de pouvoir inégalitaires.

    2.3.Les théories «criminologiques»

    L’influence des sciences humaines sur la criminologie contemporaine se traduit notamment par une approche pluridisciplinaire dans le champ des violences sexuelles. À travers les études sur la personnalité du délinquant, sa famille et son milieu d’éducation ou encore la société et la culture, on a tenté d’expliquer les causes du crime (Ogien, 1995).

    Si la responsabilité des agresseurs sexuels est souvent mise en question, les criminologues actuels mettent en garde contre tout ce qui pourrait associer les violences sexuelles aux maladies mentales et psychologiques. En effet, l’amalgame «délit-maladie mentale» pourrait mettre en doute la responsabilité des agresseurs. À ce sujet, les expertises médicales affirment en majorité que les agresseurs sexuels ne présentent pas de pathologie psychiatrique.

    Dans les années 1985-1990, des programmes de prise en charge des délinquants sexuels ont été mis en place à la suite des travaux des criminologues anglo-saxons (Borzecki et Wormith, 1987; Furby, Weinrott et Blackshaw, 1989). Ces travaux ont permis d’élaborer une typologie de délinquants sexuels ayant un profil criminel différent (les pédophiles, les violeurs, les délinquants incestueux) susceptibles de bénéficier des programmes de prise en charge. Le risque de récidive est un élément déterminant dans l’efficacité des traitements des agresseurs sexuels. Les criminologues disposent maintenant d’outils plus raffinés pour évaluer ce risque et aussi pour le réduire (Cortoni et Longpré, 2010). Par ailleurs, le consentement de l’agresseur aux soins médicaux ou psychologiques soulève un débat. D’un côté les professionnels de la santé estiment que le consentement des agresseurs sexuels est indispensable, de l’autre côté pour les criminologues et les magistrats, l’intérêt public passe avant ce consentement.

    2.4.Les théories psychologiques

    Les psychologues ont développé un bon nombre de théories pour expliquer l’étiologie de l’agression sexuelle, décrire la personnalité des agresseurs sexuels, le développement de la violence sexuelle sous ses différentes formes ou son actualisation dans des situations particulières. On peut regrouper ces théories en trois catégories: les théories psychodynamiques ou psychanalytiques, les théories cognitives et comportementales, et les théories intégratives.

    Le courant psychanalytique a expliqué la déviance sexuelle comme expression des conflits non résolus éprouvés pendant les étapes du développement. Les problèmes non résolus provoquent des fixations ou des obstacles pendant les étapes du développement, avec la déformation conséquente d’un objet sexuel ou d’un but sexuel (Schwartz et al., 1995). La théorie freudienne dépeint le psychisme humain comme étant dans une lutte constante entre le principe du plaisir et le principe de réalité. Selon cette perspective théorique, des agresseurs sexuels manqueraient d’un surmoi fort et structuré. Il est bien évident que le courant théorique psychanalytique classique a connu plusieurs développements (Balier, 2002; Ciavaldini, 1999) et certains psychologues contemporains continuent à lui reprocher le manque d’assises empiriques.

    Les théories cognitives et comportementales sont construites sur la recherche d’un changement basé sur la restructuration des événements cognitifs et l’entraînement aux habiletés sociales et interpersonnelles. Les comportements sexuels jugés problématiques pour la société, de par leurs caractères «infractionnels», sont rapidement venus intégrer les cibles des traitements cognitivo-comportementaux. De nouvelles prises en charge émergent autour de nouveaux objectifs: reconditionner les orientations sexuelles déviantes apprises par expérience et restructurer les événements cognitifs.

    L’objectif des thérapies comportementales est de modifier la préférence sexuelle par la diminution des réponses sexuelles déviantes évaluées à l’aide de la pléthysmographie pénienne². Les premiers modèles théoriques du courant comportementaliste appliqués aux comportements d’agressions sexuelles étaient simplistes. Les comportements d’agressions sexuelles dépendaient d’un seul facteur, l’excitation sexuelle déviante. Ce modèle théorique a évolué durant les années 1980 vers une conception multifactorielle prenant en compte les différents facteurs qui peuvent intervenir dans l’acquisition et le maintien du comportement d’agression sexuelle. L’intégration du courant cognitiviste a donné naissance au modèle thérapeutique de la prévention de la récidive qui s’est avéré très prometteur considérant son efficacité clinique. Certaines cognitions qui constituent le système de croyances du sujet sont inappropriées et peuvent l’encourager à passer à l’acte. Ce même système de croyances qu’on appelle couramment les distorsions cognitives permet ensuite de rationaliser le délit.

    2.5.Les théories intégratives

    Le champ scientifique a vu naître ces dernières années des théories intégratives qui expliquent le phénomène de la violence sexuelle par plusieurs facteurs. On peut ainsi déterminer des théories multifactorielles de niveaux 1, 2 et 3. Les théories multifactorielles (niveau 1) s’intéressent aux éléments considérés comme étant primordiaux à l’agression sexuelle et établissent des relations quant à la nature de leur relation avec le passage à l’acte. Les théories unifactorielles (niveau 2) visent un élément précis considéré comme étant central à l’agression sexuelle et tentent d’expliquer son effet sur le passage à l’acte. Enfin, les modèles de processus de passage à l’acte (niveau 3) inventorient les éléments considérés comme étant centraux à l’agression sexuelle, les ordonnent temporellement et selon leur nature respective (situationnel, environnemental cognitif, affectif, motivationnel, etc.), et visent à expliquer la façon dont ceux-ci interfèrent pour aboutir à l’agression sexuelle.

    Dans cette introduction, les théories suivantes, considérées comme les modèles les plus dominants, seront présentées: la théorie intégrée de Ward et Beech (2006); le modèle confluent de Malamuth (1996); le modèle de Knight et Sims-Knight (2003); le modèle quadripartite de Hall et Hirschman (1991); et la théorie intégrée de Marshall et Barbaree (1990).

    La théorie intégrée de l’agression sexuelle élaborée par Ward et Beech (2006) cherche à expliquer le phénomène de l’agression sexuelle en termes de prédisposition, de développement et de maintien. Cette théorie complexe s’avère en quelque sorte une incorporation en un même modèle de tout ce qui a été réalisé en termes de recherche dans le domaine de l’agression sexuelle, mais aussi de concepts qui proviennent de la psychopathologie développementale, de la neuroscience, de la philosophie des sciences, de la biologie, de l’écologie.

    Malamuth (1996) et Malamuth, Heavey et Linz (1996) ont proposé un modèle multivarié de l’agression sexuelle perpétrée envers les femmes. Le modèle confluent prend ses sources dans les modèles théoriques féministes et évolutifs de l’agression sexuelle. Selon Malamuth et ses collaborateurs, la différence fondamentale entre les femmes et les hommes se traduit par deux cheminements chez ces derniers: la masculinité hostile et la promiscuité sexuelle. Ce modèle théorique définit trois types de facteurs de risque qui doivent être présents simultanément pour qu’il y ait perpétration d’une agression sexuelle, à savoir: la motivation, la désinhibition et l’opportunité.

    Knight et Sims-Knight (2003) ont développé le modèle confluent de Malamuth et ses collaborateurs, afin d’une part, de combler certaines insuffisances relativement au fait que le modèle original n’incluait que très peu d’informations développementales, et d’autre part pour valider leur modèle auprès d’un échantillon d’adolescents agresseurs sexuels et d’agresseurs sexuels de femmes.

    Hall et Hirschman (1991) ont développé une théorie de l’agression sexuelle perpétrée sur des femmes. Leur modèle quadripartite renvoie à quatre composantes qui interagissent pour mener à l’agression sexuelle: les troubles de la personnalité, les distorsions cognitives soutenant l’agression sexuelle, l’excitation sexuelle et les problèmes de contrôle des émotions.

    Enfin, la théorie intégrée de Marshall et Barbaree (1990) est une théorie générale de l’agression sexuelle. Elle a donc été conçue pour s’appliquer autant aux agresseurs sexuels d’enfants qu’aux agresseurs qui commettent des délits auprès des femmes, et même à d’autres types de comportements sexuels déviants (Marshall et Marshall, 2000).

    Certains travaux de recherche (Jewkes, Sen et Garcia-Moreno, 2002) ont mis en évidence des facteurs de risque et des facteurs de protection des comportements violents sexuels. Les facteurs de risque représentent toute caractéristique propre à un individu et à son milieu, qui contribue à l’augmentation du potentiel de récidive d’une agression sexuelle. Les facteurs de protection sont des facteurs positifs qui diminuent la probabilité de commettre des délits.

    2.6.Les théories féministes

    Le féminisme se fonde sur une prise de conscience collective de la position subordonnée que les femmes occupent dans la vaste majorité des sociétés et milite pour changer ces rapports de pouvoir et ces inégalités de genre, et ainsi promouvoir le droit des femmes dans la société civile et privée. Ces inégalités entre hommes et femmes s’inscrivent dans des rapports sociaux, culturels, économiques et politiques. Le féminisme réfute donc les approches théoriques stéréotypées, qui associent la biologie aux rôles sociaux traditionnellement dévolus aux femmes.

    Les mouvements féministes visent, d’une part, à abolir le patriarcat et l’ensemble des systèmes d’oppression et d’exploitation qui minent les droits des femmes et, d’autre part, à promouvoir leur liberté d’autocontrôle, notamment sur leur sexualité. Ces revendications confèrent ainsi aux mouvements féministes une grande force de mobilisation et de transformation contre toutes les formes de violences dont les femmes sont victimes, en particulier à l’égard des violences à caractère sexuel.

    Les différentes formes de violences et surtout sexuelles ont été abondamment dénoncées par les mouvements féministes qui dénoncent le système patriarcal qui reproduit et sanctionne les différentes expressions des violences et des agressions sexuelles exercées par les hommes envers les femmes. Les violences exercées à l’égard des femmes sont ainsi interprétées comme des manifestations des inégalités de genre qui trouveraient leur source dans les structures patriarcales qui règnent dans les sociétés.

    Le féminisme n’est pas un ensemble monolithique, des courants théoriques divers le façonnent. Ces courants cherchent notamment à comprendre pourquoi et comment les femmes occupent une position subordonnée dans la société et tentent de déterminer des pistes de solution pour y mettre fin. Toupin (2003) recense trois grands courants de pensée féministes: le féminisme libéral égalitaire, le féminisme marxiste et socialiste, et le féminisme radical. En somme, les féministes libérales égalitaires réclament l’égalité des droits avec les hommes, les marxistes féministes socialistes soutiennent que l’organisation économique et le capitalisme en particulier expliquent l’exploitation des deux sexes, alors que le courant radical dénonce le patriarcat qui est à la source du contrôle du corps, de la maternité et de la sexualité des femmes. À travers ces différents courants de pensée féministes (Mensah, 2005), la recherche féministe vise, en particulier, l’amélioration du statut des femmes dans les sociétés ayant une tradition bâtie sur l’inégalité des sexes.

    Le féminisme a aussi connu mondialement trois vagues. Dans la première vague (Saint-Jean, 1931; Casgrain, 1971), le droit de vote des femmes est le principal enjeu du féminisme de la première moitié du XXe siècle. Il faudra attendre le 18 avril 1940 pour que les Québécoises obtiennent le droit de vote et l’éligibilité aux élections provinciales. Deux grands objectifs ont marqué la deuxième vague du féminisme (Beauvoir, 1949; Friedan, 1964), à savoir la quête de l’égalité entre les hommes et les femmes, et la libération des femmes. Les principaux enjeux sont le droit à l’avortement, l’ouverture de garderies publiques et en milieu de travail, le droit à des congés de maternité rémunérés, l’équité salariale et la mise en place de services sociaux pour les femmes. Cette vague s’est aussi spécialement attaquée à tous les types de harcèlements et de violences sexuelles que vivent les femmes à travers le monde. La troisième vague féministe (Walker, 2001; Dumont, 2005) est associée à plusieurs revendications politiques et activités artistiques aux États-Unis, qui ont été lancées, dans les années 1990, par des militantes féministes issues de groupes minoritaires racés en particulier. À la différence des autres vagues, celle-ci milite pour une meilleure visibilité des femmes considérées comme doublement marginalisées ou stigmatisées, par exemple les femmes des groupes minoritaires racés, celles issues de la diversité sexuelle et de genre, les femmes autochtones, les travailleuses du sexe et les femmes en situation de handicap.

    Cet ouvrage collectif se veut une synthèse de travaux de chercheurs qui envisagent l’agression sexuelle dans un cadre interdisciplinaire. Le phénomène de la violence sexuelle est abordé de manière globale dans ses différentes formes: les typologies et les traitements, ses spécificités dans les relations intimes et conjugales, son ampleur dans les milieux autochtones, sa croissance dans les campus universitaires, sa couverture journalistique, sa prise en charge dans les Centres d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel (CALACS) au Québec, son traitement judiciaire et l’intervention policière.

    Cet ouvrage est divisé en cinq parties. L’introduction aborde les différentes approches théoriques de la violence sexuelle. La première partie expose la construction sociale de la violence sexuelle. La seconde partie dresse un portrait des profils des agresseurs sexuels et leur prise en charge. La troisième partie analyse la problématique des violences sexuelles dans les relations intimes et conjugales. La quatrième partie aborde la question de la violence sexuelle dans les milieux autochtones et les milieux universitaires. La dernière partie traite de l’agression sexuelle dans le système judiciaire québécois. La conclusion recense les différentes problématiques soulevées dans ce collectif et détermine des pistes de réflexion et d’intervention. Enfin à travers les différents questionnements soulevés dans ce collectif, une postface analyse les actions préventives offertes notamment auprès des plus jeunes qui représentent la future génération.

    Il est évident que les médias jouent un rôle dans le façonnement des normes sociales et peuvent contribuer à contrer la violence et les agressions sexuelles. Dans ce contexte, Karine Baril et Pierre Maurice brossent un portrait de la couverture journalistique des agressions sexuelles à partir d’un échantillon de 269 articles qui ont été diffusés dans 7 grands quotidiens québécois francophones. L’étude avait pour objectif de décrire la couverture journalistique portant sur l’agression sexuelle dans la presse québécoise, les situations d’agression sexuelle et le traitement journalistique. Les auteurs formulent les questions suivantes: est-il plausible de penser que les médias d’information écrits puissent présenter des situations d’agression sexuelle plus représentatives de la réalité? Peut-on réellement demander aux médias d’informer la population sur la problématique des agressions sexuelles? Peut-on s’attendre à une ouverture des médias à moins de sensationnalisme ou de dramatisation?

    Les auteures du chapitre deux proposent de rappeler ce que les CALACS définissent comme les agressions à caractère sexuel et d’exposer la perspective féministe intersectionnelle qui est mobilisée pour comprendre la violence sexuelle, ses manifestations et ses conséquences. Carole Boulebsol et Mélanie Sarroino présentent les trois volets d’action propres aux CALACS: la lutte politique (une démarche de changement social, politique et légal afin que cesse la violence faite aux femmes), la formation et la prévention (contre la banalisation, pour la mobilisation des connaissances) et enfin le soutien direct auprès des femmes (travail de conscientisation, de rencontre individuelle et de groupe, et d’accompagnement).

    Les individus qui commettent des agressions sexuelles forment un groupe hétérogène, il est impossible de les regrouper sous une seule catégorie puisqu’il varie grandement selon le type de crimes ou de victimes (Cortoni et Lafortune, 2009). Le troisième chapitre est subdivisé en trois volets importants. Dans le premier volet, Caroline Dugal, Natacha Godbout, Claude Bélanger et Monique Tardif ont relevé le défi de répertorier les différentes typologies des agresseurs sexuels qu’on peut repérer dans la littérature scientifique actuelle. Le deuxième volet définit clairement les facteurs de risque associés aux probabilités de récidive chez l’agresseur sexuel. Le dernier volet présente une description des différents traitements cognitivo-comportementaux des délinquants sexuels. Devant l’hétérogénéité des types d’agresseurs, les auteurs concluent qu’une approche unique ne peut répondre à l’ensemble des besoins spécifiques à la prise en charge.

    Myriam Dubé et Christine Drouin constatent que très peu d’études se sont attardées à la violence sexuelle au sein des relations conjugales. Les auteures s’interrogent sur le silence entourant ces violences au cœur de la relation conjugale et émettent plusieurs constats. En plus d’être les moins étudiées dans les recherches, ces violences concernent les femmes éprouvant des difficultés à reconnaître les manifestations sexuelles de violence en contexte conjugal. L’ampleur des formes sexuelles de violence est d’ailleurs noyée à l’intérieur des statistiques sur les violences physiques (Perreault, 2015). Ces violences sont indicibles, insensées, camouflées, car elles participent de l’impensable, voire de l’impensé, lorsque la pulsion de vie (sexualité) rencontre la pulsion de mort (violences), et ce, à l’intérieur d’une relation amoureuse, voire conjugale. Ainsi, ce chapitre permet d’ouvrir une porte close sur la réalité des violences sexuelles conjugales en proposant une recension actuelle des formes et de conséquences spécifiques des violences sexuelles au sein des relations conjugales, mais aussi en termes de dangerosité et de prévention.

    La plupart des études ayant proposé une compréhension du fonctionnement psychorelationnel des hommes qui commettent des agressions sexuelles envers les enfants n’ont pas dépeint leur fonctionnement conjugal (Iffland et al., 2016). Considérant le manque d’études récentes sur le sujet, Caroline Dugal, Yvan Lussier, Claude Bélanger et Natacha Godbout présentent les résultats d’une recherche menée auprès de 134 hommes et de leur conjointe (n = 82 femmes) recrutés dans le Programme d’évaluation et de traitement des agressions sexuelles (PETAS) des centres jeunesse de la Mauricie et du Centre-du-Québec. À la lumière des résultats obtenus, les auteurs de ce chapitre recommandent d’inclure les conjointes dans la prise en charge des agresseurs sexuels.

    La violence sexuelle chez les peuples autochtones est un problème inquiétant, en raison de sa prévalence troublante et des répercussions qu’elle engendre, sur les plans tant psychologique que social. Depuis quelques années, plusieurs communautés se sont prises en main et dénoncent cette problématique. Dans ce contexte, le présent chapitre présenté par Jacinthe Dion, Delphine Collin-Vézina et Francine Lavoie vise à analyser les préjudices de la violence sexuelle retrouvés chez les peuples autochtones, à la lumière des nombreux traumatismes historiques et intergénérationnels dont les effets sont encore présents, faute de mesures réparatrices mises en place. En particulier, il sera question de l’impact de l’expérience des pensionnats autochtones, qui ont exposé cinq générations d’Autochtones à des expériences de traumas interpersonnels, mais également des résultats de la Commission de vérité et réconciliation du Canada. Les auteures concluent en abordant les facteurs de résilience et de guérison permettant aux peuples autochtones de se maintenir devant l’adversité.

    Plusieurs événements impliquant des situations de violences sexuelles en milieu universitaire ont marqué l’actualité américaine et canadienne au cours des dernières années. Or, aucune donnée récente n’était disponible quant à l’ampleur du problème au Québec. Ce chapitre proposé par Manon Bergeron et ses collaboratrices présente les principaux résultats de l’Enquête Sexualité, Sécurité et Interactions en Milieu Universitaire (ESSIMU): ce qu’en disent étudiants, enseignants et employés. Cette enquête a permis d’établir un portrait des violences sexuelles qui sont exercées en milieu universitaire au Québec. Au total, 9284 étudiants, enseignants et employés de 6 universités francophones ont rempli un questionnaire en ligne au printemps 2016. Ce chapitre expose les principaux constats de l’enquête ESSIMU, dont l’ampleur de la problématique des violences sexuelles en milieu universitaire (VSMU) en portant une attention particulière aux groupes plus vulnérables, les contextes dans lesquels ces situations surviennent, les enjeux liés au dévoilement et à la dénonciation, les conséquences associées aux VSMU et l’adhésion à certaines croyances encore véhiculées concernant les violences sexuelles. Ces résultats orientent la réflexion quant à la mise en place d’actions multiniveaux dans les établissements universitaires, s’articulant autour de la sensibilisation, de la prévention et du soutien aux victimes.

    Dans plusieurs pays, le traitement judiciaire des crimes à caractère sexuel a beaucoup évolué. L’opinion publique, les mouvements féministes, le climat social, les médias ont joué un rôle considérable dans les modifications apportées à la législation. Dans le chapitre huit, Céline Lacerte-Lamontagne dresse un portrait du traitement judiciaire des crimes sexuels au Québec et de son évolution. L’auteure souligne les changements importants en matière de certaines infractions d’ordre sexuel, de peines, de règles de preuve et de procédures.

    Dans le chapitre neuf, Jonathan Lafontaine et Mireille Cyr dressent un portrait des connaissances actuelles quant aux entrevues d’enquête auprès des enfants soupçonnés d’être victimes d’agression sexuelle. Les auteurs présentent le protocole d’entrevue structuré du National Institute of Child Health and Human Development (NICHD), qui vise à aider les policiers à conduire des entrevues d’enquête auprès des enfants, et notent qu’il reste encore beaucoup de travail à réaliser afin d’optimiser le transfert de ces connaissances sur le terrain et d’obtenir des taux de dévoilement plus élevés.

    Le dernier chapitre, présenté par François Gingras de l’École nationale de police du Québec (ENPQ), traite de la formation des policiers au Québec et du cheminement requis pour être affecté à la fonction d’enquêteur pour les crimes à caractère sexuel, abus physiques et décès de jeunes enfants. Pour enquêter sur les événements impliquant des crimes à caractère sexuel, plusieurs formations ont été développées. Ces formations, qui tiennent compte des éléments contenus dans les orientations gouvernementales (Gouvernement du Québec, 2008), visent le développement des habiletés à conduire de telles enquêtes. Seuls les policiers qui réussissent la formation initiale en enquête et possédant de l’expérience dans les enquêtes peuvent se spécialiser dans les enquêtes de délits sexuels.

    Nous espérons que cet ouvrage saura intéresser les chercheurs, formateurs, étudiants, intervenants et citoyens et à les ouvrir à une vision multidisciplinaire des violences sexuelles. Le message transmis par les auteurs de ce livre est un message de sensibilisation à l’adresse des décideurs et de la société en général concernant ce type de violence qui peut laisser des traces à jamais ancrées dans la vie d’un être humain. Il se veut aussi un message de solidarité à l’endroit des victimes, hommes et femmes, qui contribuent, de par leur participation aux travaux de recherche, à faire une différence.

    BIBLIOGRAPHIE

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    1.Le Code criminel du Canada (1985) prévoit trois degrés de gravité: l’agression sexuelle qui ne cause pas de blessures corporelles à la victime (niveau 1); l’agression sexuelle armée, menaces à une tierce personne ou infliction de lésions corporelles (niveau 2); et l’agression sexuelle qui blesse, mutile ou défigure la victime ou met sa vie en danger (niveau 3).

    2.La pléthysmographie pénienne consiste à mesurer les réponses péniennes du client lors de la présentation de stimuli sexuels déviants (stimuli qui impliquent des enfants, des adolescents ou des adultes contraints à avoir des relations sexuelles) et non déviants (stimuli qui décrivent une relation sexuelle entre deux adultes consentants) (Leclerc et Proulx, 2006).

    LA CONSTRUCTION SOCIALE DE LA VIOLENCE SEXUELLE

    LA COUVERTURE JOURNALISTIQUE DES AGRESSIONS SEXUELLES DANS LA PRESSE ÉCRITE AU QUÉBEC

    PORTRAIT ET ENJEUX CONCERNANT LA PRÉVENTION

    Karine Baril et Pierre Maurice

    1.UNE INTRODUCTION

    L’agression sexuelle est un problème de santé publique important de par son ampleur et ses conséquences sur les victimes et la société. Au Québec, c’est entre 12% et 16% de la population qui dénonce avoir vécu au moins une agression sexuelle avant l’âge de 18 ans (Florès, Joubert et Laforest, 2016). Les services de police québécois ont, par ailleurs, enregistré en 2013 près de 1800 infractions sexuelles envers des adultes seulement (Ministère de la Sécurité publique du Québec [MSP], 2015). Les conséquences qui peuvent faire suite à une agression sexuelle sont multiples chez les personnes qui en sont victimes et leur famille, et peuvent avoir des effets néfastes sur la santé, l’éducation, l’emploi, la criminalité et la condition économique. Ainsi, les conséquences de l’agression sexuelle ont également des répercussions sur la communauté, de même que sur l’ensemble de la société (Baril et Laforest, 2018; OMS et LSHTM, 2010).

    Différents facteurs individuels, relationnels, communautaires et sociétaux sont associés à un plus grand risque qu’une agression sexuelle soit commise ou vécue (Baril et Laforest, 2018). Plus spécifiquement, à un niveau sociétal, les normes sociales soutenant l’agression

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