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L'Ecorcheur du Fontenoy: Mystères de Roubaix n°1
L'Ecorcheur du Fontenoy: Mystères de Roubaix n°1
L'Ecorcheur du Fontenoy: Mystères de Roubaix n°1
Ebook209 pages2 hours

L'Ecorcheur du Fontenoy: Mystères de Roubaix n°1

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About this ebook

Jeune homme sans le sou, Arnaud Dupin est venu chercher du travail à Roubaix en 1890. A peine descendu du train, il est arrêté par la police qui l’accuse d’être un anarchiste et le confond avec celui qu’on appelle l’Ecorcheur du Fontenoy. Condamné aux travaux forcés à perpétuité, l’Ecorcheur vient justement de s’évader et a juré de revenir à Roubaix pour se venger. Dans le même temps, des jeunes femmes sont enlevées, droguées et violées par un inconnu.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Historien roubaisien, Philippe Waret est l’auteur de nombreux ouvrages consacrés à l’histoire de sa ville. Il y a dix ans, il s’est lancé dans la fiction en écrivant des polars historiques. L’Ecorcheur du Fontenoy est son 5e roman, le premier volume de la série des Mystères de Roubaix.
LanguageFrançais
Release dateMar 2, 2021
ISBN9782491114268
L'Ecorcheur du Fontenoy: Mystères de Roubaix n°1

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    L'Ecorcheur du Fontenoy - Philippe Waret

    Image de couverture

    Chez le même éditeur

    Dans la collection des Mystères de Roubaix

    1. L’écorcheur du Fontenoy

    2. La petite main des Longues Haies

    3. Les amateurs d’art du Tilleul

    4. Les rouleurs de Barbieux

    5. Le maître du Trichon

    Gilles Guillon

    BP 112875

    9014 Lille Cedex

    gilles.guillon4@orange.fr

    www.gillesguillon.com

    ISBN numérique : 9782491114268

    © Gilles Guillon 2020

    Reproduction, même partielle, interdite sans autorisation écrite de l’éditeur.

    Du même auteur

    Roubaix (avec Thierry Delattre et Jean-Pierre Popelier), Mémoire en images (éditions Sutton, 1999)

    Roubaix ville de sport (avec Jean-Pierre Popelier),

    (éditions Sutton, 2004)

    Les Cinémas de Roubaix (avec Alain Chopin),

    (éditions Sutton, 2005)

    Roubaix de A à Z (avec Jean-Pierre Popelier),

    (éditions Sutton, 2006)

    Wattrelos, Mémoire en images (éditions Sutton, 2006)

    La Bassée (avec Bernard Deleplanque), Mémoire en images (éditions Sutton, 2007)

    Le Canal de Roubaix (éditions Sutton, 2009)

    Regards croisés (avec le photographe Michel Farge), (éditions Sutton, 2011)

    Chroniques roubaisiennes : l’Exposition Internationale du Nord de la France en 1911 (éditions Atramenta2011)

    Chroniques roubaisiennes : 1870-1890 Roubaix entre en République (éditions Atramenta2012)

    Chroniques roubaisiennes : l’occupation allemande à Roubaix 1914-1918 (éditions Atramenta2013)

    Mortel Cambrésis (Ravet-Anceau, 2013)

    La Grande Séparation (Pôle Nord Editions, 2014)

    La Maison des aviateurs (Pôle Nord Editions, 2016)

    Le Chemin des pierres (éditions Atramenta, 2017)

    Prologue

    Au milieu du dix-neuvième siècle, le quartier du Fontenoy à Roubaix est encore principalement un lieu champêtre, que l’arrivée récente d’une voie de chemin de fer vient à peine perturber. Mais les blanches mailles des troupeaux de moutons ont déjà disparu et la rue qui porte ce nom est encore une voie importante qui relie des quartiers comme ceux de l’Alouette et de la Fosse aux chênes, ou des Sept Ponts. Des ébauches de rues remontent vers le nord, la rue neuve du Fontenoy, qui vient longer le fort Frasez en pleine campagne. Bientôt on tirera une parallèle à la rue Blanchemaille pour aller rejoindre le fort Demessine, et ce sera la rue de l’Alma. Le nouveau quartier du Fontenoy se construit dans la grille de ces nouvelles voies.

    Quarante ans plus tard, la ville de Roubaix s’est développée au nord vers le chemin de fer et le canal. Voici le quartier du Fontenoy enserré par le remblai du chemin de fer, le nouveau bras du canal et la longue ligne droite de la rue de Tourcoing. Les chemins les plus anciens se sont intégrés à un réseau de petites rues alignées, au bord desquelles se sont édifiés des enchevêtrements de petites maisons basses où viennent habiter les ouvriers des grandes fabriques. Nous sommes à l’époque où la ville vient de dépasser les cent mille âmes. La ville s’est étendue comme une grande nappe sombre qui a recouvert l’aspect champêtre d’autrefois. Et ce n’est qu’un début, le développement de l’industrie textile et l’urbanisation dévoreront progressivement tout le territoire roubaisien, à l’ouest, à l’est et au sud. Des usines s’implantent, de petites maisons sont bâties à la va-vite, l’espace se restreint, l’air et la lumière disparaissent progressivement. Ce décor teinté de gris et de noir, aux ruelles pavées que seule la lune fait luire après la pluie, est celui du récit de notre premier Mystère de Roubaix, environ dix ans avant le nouveau siècle.

    Philippe Waret

    Chapitre 1

    Marie-Françoise s’en revenait du théâtre bamboche d’un pas guilleret malgré la fatigue. La soirée avait été bonne, il y avait eu du monde et le spectacle de marionnettes avait enchanté le public. Les ouvriers qui venaient s’y distraire appréciaient les saynètes historiques et les histoires de Bibi Lolo. Marie-Françoise avait servi la bière qu’ils réclamaient, discrètement, car ils n’avaient pas obtenu le droit de vendre des boissons, Arno et elle.

    Arno, c’était son héros. À la fois directeur du théâtre, auteur, compositeur, Arno Garofalo maniait les marionnettes comme personne. Ce n’était pas chose aisée, elle avait pu s’en rendre compte, car pour la première fois, il lui avait confié la manipulation d’un de ses pantins. Pantin sans voix pour l’instant, car elle n’avait pas appris le texte. Aussi se retint-elle de rire, quand Arno prit la voix fluette du personnage qu’elle animait. C’était un peu étrange, elle bougeait une main, un bras, faisait déambuler le pantin, et Arno lui donnait sa voix, simultanément. C’était un grand moment qu’elle avait apprécié. Bientôt, elle aurait un personnage entier à jouer, et c’était une grande responsabilité, apprendre les textes, se coordonner avec le pantin, évoluer avec les autres sur la petite scène. Pour l’instant, c’était du théâtre bamboche, mais pourquoi pas un jour, du théâtre tout court. Elle savait qu’Arno y pensait, qu’il avait déjà fait des essais avec une troupe d’amateurs. Quant à elle, elle se disait qu’elle n’oserait jamais, mais avec Arno, tout était possible.

    Elle remontait le long du fort Frasez pour rejoindre la petite maison de courée qu’ils habitaient ensemble. Elle était partie plus tôt, afin de préparer le repas, et aussi parce qu’elle était éreintée. Elle avait dans les jambes la journée de travail chez Lafaille, une importante usine du quartier du Fontenoy, et l’aide qu’elle apportait au théâtre allongeait sa journée de quelques heures. Elle serait contente quand Arno la rejoindrait tout à l’heure, après avoir rangé le matériel, compté la recette et fermé le théâtre. Ils mangeraient un morceau, puis iraient se coucher. Ils seraient alors enfin ensemble, goûtant comme la récompense d’une journée bien remplie. Arno lui avait dit que les affaires commençaient à marcher, et qu’elle n’aurait bientôt plus besoin d’aller à l’usine. Il avait fait la demande de licence pour servir des boissons, et il avait des projets d’agrandissement du théâtre.

    Elle cheminait encore, tout à ses pensées, il était tard et il y avait peu de monde dans les rues. Roubaix s’enfonçait progressivement dans la nuit. Elle ne remarqua pas le fiacre qui la suivait quand elle entra chez elle. Elle alluma la vieille cuisinière afin d’avoir un peu de lumière et de chaleur, avant de pouvoir préparer quelque chose à manger. Elle avait enlevé son châle, défait ses cheveux, ôté ses galoches. Elle s’était assise sur une chaise pour souffler un moment. Le feu avait bien pris et l’atmosphère de la petite maison se réchauffait un peu. Elle eut un regard pour son petit intérieur. C’était une maison ordinaire de courée, avec une pièce unique au rez-de-chaussée, et une petite pièce mansardée à l’étage qui leur servait de chambre. Quelques meubles, un peu de vaisselle constituaient leurs maigres avoirs. Mais cela leur suffisait. Elle sourit à l’idée qu’un enfant arriverait un jour et qu’il leur faudrait trouver plus grand. Mais pour l’instant, les enfants, c’était les marionnettes qu’Arno fabriquait dans l’atelier qu’il avait installé dans une salle de son théâtre. Elle ne lui en parlait pas, cela viendrait en son temps.

    À ce moment, on frappa à la porte. Surprise, elle se leva, ce n’était pas dans les habitudes d’Arno. Elle avait laissé la porte déverrouillée, car il n’allait pas tarder. La porte s’ouvrit et un homme très grand vêtu de noir fit son entrée.

    — Qui êtes-vous, que me voulez-vous ? demanda-t-elle vivement.

    L’homme répondit d’une voix sourde et caverneuse :

    — Quelqu’un veut vous rencontrer.

    Elle répondit aimablement mais fermement.

    — Il est tard, Monsieur, je suis très fatiguée et je ne suis pas intéressée.

    L’homme insista.

    — Quelqu’un veut vous rencontrer, il faut venir avec moi.

    Que faisait donc Arno ? Elle tenta de maîtriser la peur qui montait et réfléchit à toute vitesse.

    — Monsieur, il est tard, vous feriez mieux de rentrer chez vous. Je vous prie de bien vouloir partir, ce ne sont pas des heures pour visiter les gens.

    La table se trouvait entre l’homme et elle. Elle avisa un couteau sur le rebord de la fenêtre, qu’elle n’aurait pas le temps d’atteindre, si elle voulait se défendre.

    L’homme s’avança doucement vers elle en contournant la table. Elle ne voyait pas son visage, mais comprit à son attitude qu’il était déterminé. Elle bondit à la fenêtre, et l’homme, croyant qu’elle voulait s’échapper, se posta devant la porte. Elle saisit le couteau.

    — Monsieur, sortez maintenant, vous n’avez rien à faire ici.

    Elle n’obtint pas de réponse, mais la masse sombre se remit en mouvement. La table servit encore de rempart. Il venait vers elle.

    — N’approchez pas !

    Qu’avait-il l’intention de faire ? Brusquement, il saisit le poignet de la main qui tenait le couteau, mais elle ne lâcha pas prise, et se dégagea vivement. Elle vendrait chèrement sa peau, et c’est sûr, elle n’irait nulle part. Cette fois, la table fut rejetée dans un coin de la pièce. Elle tenta de crier, mais l’homme fut plus rapide et lui recouvrit la bouche de sa main gantée. Le couteau s’agita dans l’air, en vain. L’homme la frappa violemment, et elle tomba sur le sol, étourdie. Elle avait lâché le couteau qui alla rouler sous un meuble. L’homme sortit un stylet de son manteau et s’approcha. Voyant briller la lame, elle se releva vivement et courut vers la porte, mais l’homme la saisit par les cheveux. Entourant ses épaules d’un bras, il lui donna plusieurs coups de stylet à hauteur du ventre. Elle se plia en deux de douleur. Il la redressa d’un coup sec et lui trancha la gorge. Elle s’effondra comme un paquet de linge sale. L’homme la saisit sous les bras et l’accrocha à la patère du mur. Elle pendait lamentablement, il vérifia qu’elle était morte. Le sang commençait à éclabousser le carrelage. L’assassin sortit précipitamment et rejoignit un fiacre qui l’attendait quelques mètres plus loin. Une voisine qui avait entendu du bruit, sortit à cet instant et voyant la porte ouverte, entra et commença à crier.

    — Au secours, au meurtre, à l’assassin !

    Arno Garofalo arrivait à ce moment. Un attroupement s’était constitué devant chez lui, il accéléra le pas. Il entra et vit la voisine terrorisée devant le cadavre de Marie-Françoise, qui pendait contre le mur. Horrifié, il entreprit de la décrocher et de la poser sur le sol.

    — Un médecin, vite un médecin ! hurla-t-il.

    En fait de médecin, ce fut la maréchaussée qui arriva, et qui trouva Arno penché sur sa femme, les vêtements couverts de sang. Il tentait de retenir le sang qui s’échappait de la gorge de Marie-Françoise en compressant un linge. Il tournait la tête et ne cessait de réclamer de l’aide. Les pandores le saisirent sous les bras et l’écartèrent de la victime. Il se débattit.

    — Laissez-moi, vous ne voyez pas qu’elle va mourir ? Un médecin, nom de Dieu, un médecin, vite !

    Les deux agents étaient costauds, ils le tirèrent vers l’extérieur de la maison et lui signifièrent son arrestation malgré sa douleur et ses dénégations. Les gens qui se trouvaient devant la maison ne comprenaient pas. Des murmures se transformèrent bientôt en interpellations, puis en cris.

    — Mais laissez-le, ce n’est pas lui, il vient d’arriver !

    Les forces de l’ordre restaient désespérément sourdes. Quelques ouvriers tentèrent d’empêcher les agents d’emmener Arno, mais force resta aux représentants de la loi, qui se frayèrent un chemin en usant de leurs bâtons.

    Ils furent bientôt rejoints par des renforts, une dizaine de leurs collègues et par le commissaire Bonenfant. Ce dernier ordonna qu’on emmène le meurtrier, ce qui déclencha les huées de la foule, et qu’on disperse cet attroupement qui n’avait pas lieu d’être. Puis il entra dans la petite maison et détourna les yeux quand il vit le cadavre de la jeune femme. Il y avait du sang partout, la table et les chaises étaient renversées dans un grand désordre.

    A ce moment, quelqu’un frappa à la porte, et l’un des agents annonça l’arrivée d’un médecin. Le commissaire fit signe qu’on le laisse entrer. L’homme de l’art aperçut le cadavre et s’approcha. Le policier lui demanda une confirmation.

    — Elle est morte, n’est-ce pas ?

    Rajustant ses binocles, le médecin hocha la tête.

    — Pouvez-vous m’en dire plus ?

    — Eh bien, on lui a tranché la gorge… Il parcourut le corps attentivement… et on lui a lardé le ventre d’un certain nombre de coups de couteau… Soulevant la robe, il compta méthodiquement et annonça : Je dirais cinq coups, avec une violence inouïe, on voit la trace de la garde du couteau. Au fait, l’avez-vous retrouvé ?

    Un agent venait de ramasser l’objet du délit qui traînait sous un meuble, il était exempt de traces de sang. Le commissaire fit non de la tête, mais empocha la preuve.

    Le médecin eut un regard contrasté, mélange d’épouvante et d’admiration.

    — Alors, c’est sans nul doute le travail de l’écorcheur, conclut-il.

    — Nous le tenons, jubila le commissaire, nous le tenons ! Docteur, consignez-moi ça par écrit avec vos observations approfondies. Je voudrais avoir votre rapport le plus tôt possible sur mon bureau !

    Le médecin hocha la tête et se pencha à nouveau sur le corps pour l’examiner. Puis il envoya chercher de quoi transporter la morte vers la morgue.

    Pendant ce temps, le commissaire faisait le tour de la maison, et recueillait diverses choses qu’il confiait à un de ses agents, lequel tenait un grand sac. Le commissaire lui passait les objets et il les faisait glisser dans le sac. Un inventaire suivrait. Il était temps de quitter les lieux. Deux agents resteraient de garde afin d’éviter le pillage de la maison, le temps de charger quelqu’un de la nettoyer, de prévenir la famille afin qu’elle vienne chercher ce qui valait la peine d’être emmené.

    Arno attendait dans le bureau du commissaire, les pieds et les mains enchaînés. Deux agents veillaient sur lui, mais il ne songeait pas à s’enfuir. Une grande fatigue s’était emparée de tout son être. Il était en plein cauchemar. Il n’arrivait pas à imaginer ce qui avait pu se passer. Il voyait encore Marie-Françoise, pendue au mur, dégoulinante de sang. Des larmes brûlantes coulaient sur son visage. Il n’avait pensé qu’à la secourir, mais l’espoir l’avait peu à peu abandonné, elle devait être morte à présent.

    Le commissaire entra dans le bureau, et devant la détresse de cet homme couvert de sang, il ne sut comment lui parler. Arno leva la tête et lui jeta un regard embrumé de larmes.

    — Elle est morte, n’est-ce pas ?

    Le commissaire hocha la tête et alla s’asseoir derrière son bureau, comme pour mettre une distance. Il trouva

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