Accents graves: Un thriller familial
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About this ebook
Mois de décembre. Melinda, jeune inspectrice à la brigade criminelle de Melbourne, découvre par hasard chez son père Peter, flic alcoolique à la retraite, des messages énigmatiques adressés à Barbara sa mère française partie depuis vingt ans sans laisser d’adresse. Étrange coïncidence, son chef lui propose peu après un déplacement à Lyon, ville natale de Barbara, sous prétexte d’un congrès d’Interpol. Elle finit par accepter de s’y rendre à condition d’emmener son père avec elle : il s’agit pour tous les deux d’affronter un passé douloureux en tentant de dénouer les fils du mystère jamais résolu d’une disparition qui les a blessés à jamais.
Un thriller sombre et haletant écrit à quatre mains !
EXTRAIT
Dix messages, juste dix, pas un de plus, pas un de moins, adressés à Barbara Fields entre le 23 décembre 1984 et le 05 mars 1985. Neuf enveloppes, une manquante. Adresses et textes, tous tapés à la machine, sans ponctuation et avec la même faute de frappe sur les accents.
Un seul intitulé, une seule formule d’introduction, une seule signature en gros caractères.
Melinda reste un instant figée sur place puis elle cherche où se poser dans ce capharnaüm qui sent le vieux, la poussière, mais pas vraiment le moisi : il fait au bas mot 40° sous le toit de tôle en ce dimanche 16 décembre. Elle finit par repérer un fauteuil bancal, à moitié défoncé, et s’assied prudemment juste au bord. Elle a entre les mains une série de messages adressés à sa mère, juste avant que celle-ci ne reparte en France au mois de mars 1985 et n'en revienne jamais.
À PROPOS DES AUTEURES
Deux amies d’enfance se retrouvent à l’aube de la soixantaine avec le désir de partager leur envie d’écriture. Mary Play-Parlange travaille à quatre mains en parfaite harmonie de fond et de forme.
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Accents graves - Mary Play-Parlange
Accents graves
Mary Play-Parlange
Thriller
Dépôt légal avril 2012
ISBN : 978-2-35962-269-0
Collection Rouge
ISSN : 2108-6273
©Couverture hubely
© 2011 — Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction intégrale ou partielle, réservés pour tous pays.
Accents graves
Thriller
Collection Rouge
Mary Play-Parlange
Éditions Ex Aequo
6 rue des Sybilles
88 370 Plombières les bains
http://www.editions-exaequo.fr
www.exaequoblog.fr
Dans la même collection
L’enfance des tueurs – François Braud – 2010
Du sang sur les docks – Bernard Coat L. — 2010
Crimes à temps perdu – Christine Antheaume — 2010
Résurrection – Cyrille Richard — 2010
Le mouroir aux alouettes – Virginie Lauby – 2011
Le jeu des assassins – David Max Benoliel – 2011
La verticale du fou – Fabio M. Mitchelli — 2011
Le carré des anges – Alexis Blas – 2011
Tueurs au sommet – Fabio M. Mitchelli — 2011
Le pire endroit du monde – Aymeric Laloux – 2011
Le théorème de Roarchack – Johann Etienne – 2011
Enquête sur un crapaud de lune – Monique Debruxelles et Denis Soubieux 2011
Le roman noir d’Anaïs – Bernard Coat L. – 2011
À la verticale des enfers – Fabio M. Mitchelli – 2011
Crime au long Cours – Katy O’Connor – 2011
Remous en eaux troubles –Muriel Mérat/Alain Dedieu—2011
Thérapie en sourdine – Jean-François Thiery — 2011
Le rituel des minotaures – Arnaud Papin – 2011
PK9 - Psycho tueur au Père-Lachaize – Alain Audin- 2012
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La sève du mal – Jean-Marc Dubois - 2012
L’affaire Cirrus – Jean-François Thiery – 2012
Blood on the docks – Bernard Coat traduit par Allison Linde – 2012
La mort en heritage – David Max Benoliel – 2012
Accents Graves – Mary Play-Parlange - 2012
Table des matières
LAISSEZ PARLER LES PETITS PAPIERS
LE PASSÉ DÉCOMPOSÉ
BIENVENUE CHEZ LES GONES
PETIT PAPA NOËL
PETITS MEURTRES EN FAMILLE
VIES PRIVÉES
UN PETIT TOUR ET DISPARAIT
LĀ-HAUT SUR LA COLLINE
LE MIROIR Ā DEUX FACES
LA BALLERINE ÉTAIT EN NOIR
LES ILLUSIONS PERDUES
DOUBLE-JE
CHASSE GARDEE
SÉPULTURE Ā PARTAGER
LES UNES ET L’AUTRE
UNE JOURNÉE PRESQUE PARFAITE
ÉPILOGUE
ACCENTS GRAVES
Où l’on retrouve Melinda, jeune inspectrice australienne, sur les traces de sa mère disparue à Lyon quelque vingt-cinq ans plus tôt.
Quête douloureuse qui révèle bien des blessures familiales, recherche de tous les dangers dont le dénouement n’épargnera pas celle qui l’a provoqué.
Quel inéluctable destin écrase-t-il les personnages de ce récit haletant ?
Chapitre 1
LAISSEZ PARLER LES PETITS PAPIERS
Il était une fois un très vieux château…
Dix messages, juste dix, pas un de plus, pas un de moins, adressés à Barbara Fields entre le 23 décembre 1984 et le 05 mars 1985.
Neuf enveloppes, une manquante. Adresses et textes, tous tapés à la machine, sans ponctuation et avec la même faute de frappe sur les accents.
Un seul intitulé, une seule formule d’intro-duction, une seule signature en gros caractères.
Melinda reste un instant figée sur place puis elle cherche où se poser dans ce capharnaüm qui sent le vieux, la poussière, mais pas vraiment le moisi : il fait au bas mot 40° sous le toit de tôle en ce dimanche 16 décembre. Elle finit par repérer un fauteuil bancal, à moitié défoncé, et s’assied prudemment juste au bord. Elle a entre les mains une série de messages adressés à sa mère, juste avant que celle-ci ne reparte en France au mois de mars 1985 et n'en revienne jamais.
23/12/1984
Bonjour ma belle,
Je te souhaite un joyeux Noël avec ta petite famille.
As-tu dècorè le sapin et mis dessous tes petits souliers ?
GABY
02/01/1985
Bonjour ma belle,
Je te souhaite une bonne annèe avec ta petite famille.
Lui as-tu dit quelque chose ?
GABY
27/01/1985
Bonjour ma belle
Je te souhaite de lui avoir parlè
Ce serait dommage que t’aies oubliè
GABY
03/02/1985
Bonjour ma belle
Je te souhaite de pas me faire trop attendre
C’est pas bien de pas répondre quand on t’ècrit
GABY
12/02/1985
Bonjour ma belle
Je te souhaite de pas continuer à faire la sourde
J’aime pas quand j’ai pas de retour
GABY
Elle s’arrête pour essuyer d’un revers de la main les gouttes de sueur qui perlent à son front puis, la gorge nouée, reprend sa lecture.
Sans date (enveloppe manquante)
Bonjour ma belle
Je te souhaite de pas me dècevoir
Je dèteste parler dans le vide
GABY
23/02/1985
Bonjour ma belle
Je te souhaite bon courage
T’es pas au bout de tes peines
GABY
28/02/1985
Bonjour ma belle
Je te souhaite de pas me faire faux bond
C’est pas poli de refuser une proposition
GABY
Melinda, de plus en plus mal à l’aise, inspire à fond.
02/03/1985
Bonjour ma belle
Je te souhaite d’avoir bien rèflèchi
T’as plus le choix
GABY
05/03/1985
Bonjour ma belle
Je te souhaite bon voyage
T’as plus qu’à t’envoler
GABY
Melinda est venue passer le week-end chez son père, Peter Fields, pour tenter de faire un tri dans tout le bric-à-brac entassé depuis des années dans ce garage. Tout ce qui s'y trouve, hormis la vieille Bentley, a appartenu à Barbara, sa mère, et son père n'a jamais voulu y toucher.
Ce tri nécessaire est pour elle une torture. À presque trente-sept ans, la blessure n'est pas refermée et la douleur encore vive.
Elle avait à peine dix ans quand sa mère adorée était partie pour Lyon, appelée au chevet de son père mourant qui la réclamait. À Lyon où elle n'était jamais arrivée.
Et aujourd'hui qu’elle veut repartir du bon pied en chassant les vieux démons du passé, un foutu hasard lui livre ces feuillets jaunis, classés par dates, tous postés de Paris... Elle vient de les découvrir sous une pile de pulls, au fond d'un tiroir de la commode qu'elle est en train de vider dans l'intention de la restaurer.
Matinée douloureuse où elle a sorti une à une les affaires de sa mère, pour certaines encore légèrement imprégnées de son parfum « Trésor ». À chaque vêtement ou presque est associé un souvenir ; ce chemisier rouge, Barbara le portait souvent pour aller chercher sa fille à l'école. Le bustier noir à paillettes, elle l'avait acheté pour son dernier réveillon.
Melinda tourne et retourne les bouts de papier auxquels elle ne comprend rien. Qui était ce Gaby ? Que voulait-il ? Son instinct de flic la persuade qu'il y avait là une lourde menace que sa mère avait ressentie tout comme elle.
Elle étouffe bien que vêtue d'un simple short et d'une tunique légère grise à pois blancs, ses cheveux blonds relevés en queue de cheval. Elle sort en hâte de la fournaise après avoir glissé les messages à l'intérieur d'une veste en cachemire gris que Babe - c'est ainsi que son mari l'appelait - affectionnait particulièrement. Une fois à l'air libre, elle se sent un peu moins oppressée malgré le spectacle désolant qui s'offre à sa vue : dans le jardin, tout est calciné par l'ardent soleil d’été. Son père n’arrose jamais, trop occupé à boire des bières à longueur de journée !
Elle ne sait plus que faire pour le sortir de là ; à chacune de ses visites, elle constate, impuissante, qu'il sombre davantage et que rien ni personne ne peut le retenir. Après onze années de bonheur total, l’incompréhensible disparition de sa femme, un jour de mars 1985, l'a anéanti, le brisant pour toujours.
S'il est resté en vie, c'est pour sa fille, uniquement pour elle, et cela Melinda le sait au-delà des mots qu'il n’a jamais prononcés. Il a fait semblant quelque temps jusqu'à ce qu'elle soit sortie d'affaire puis s’est laissé glisser doucement.
Il a été mêlé à une grosse bavure et sa hiérarchie l'a muté d'office à Nhill, bourgade paumée de l’Etat de Victoria aux fins fonds de l’Australie où il a terminé sa carrière de flic solitaire et imbibé.
Melinda monte les quatre marches qui conduisent à la maison. Dans le salon, son père somnole dans son rocking-chair. Elle le regarde avec une grande tendresse. À soixante-douze ans, il a conservé, malgré quelques rondeurs, sa stature d'athlète et les mains puissantes qui la rassuraient quand elle était petite. Une abondante chevelure argentée encadre un visage aux contours affaissés par l’âge, et surtout par l'alcool. Melinda se désole que la sympathie naturelle qui s’en dégageait se soit muée en une palpable indifférence à l’égard de tout et de tous.
Il entrouvre ses yeux très bleus lorsqu'il l'entend traverser la pièce. Elle s'affaire dans la cuisine ; elle a rempli le frigo la veille. Son père se nourrissant n'importe comment, elle s'astreint à parcourir les 374 kms qui séparent Melbourne de Nhill au moins une fois par mois pour qu'il mange de temps en temps des produits frais, des légumes et des fruits.
Elle fait griller deux steaks de kangourou qu'elle sert accompagnés d'une salade de tomates. Pour le dessert, elle a acheté la glace à l'eucalyptus dont il raffole.
Elle l'appelle et il se lève péniblement. À table, il semble retrouver un brin de vitalité et lui pose quelques questions sur ses enquêtes en cours. Elle se prête volontiers au jeu puis, vers la fin du repas, lui demande sur un ton neutre :
— Papa, est-ce que maman et toi connaissiez quelqu'un qui s'appelait Gaby ?
Il paraît surpris, sans plus, et répond très naturellement :
— Non, cela ne me dit rien, mais pourquoi me demandes-tu cela ?
— Par simple curiosité, car en rangeant les affaires de maman tout à l'heure, j’ai retrouvé son chemisier rouge que j’ai subitement associé à ce prénom ; il me semble qu'elle l'avait prononcé quelquefois avant son départ - elle évite toujours de parler de disparition devant son père –, mais tout ça est si loin…
— Non, vraiment, je ne vois pas, reprend-il, les sourcils froncés, preuve de l’effort qu’il fait pour rassembler ses idées.
— C’est sans importance conclut-elle.
Elle ne veut pas l'inquiéter en évoquant les messages, elle préfère les emporter ; elle avisera plus tard.
Après le repas, Peter va se reposer tandis qu'elle s'active pour tout ranger.
Il fait de plus en plus chaud dans la maison malgré les stores baissés et Melinda décide de repartir dès 16 heures pour ne pas rentrer trop tard.
Elle a hâte de retrouver son appartement climatisé ; peut-être aussi que Nathan, son compagnon, rentrera dans la soirée comme il l'a laissé entendre...
Elle embrasse son père affectueusement, effleurant sa joue du bout des doigts comme elle le fait depuis l’enfance, depuis qu’ils sont restés seuls, et grimpe dans l’imposant break Holden Comodore bleu marine emprunté deux jours auparavant à ses amis Mark et Serena. Elle regarde la maison s’éloigner dans le rétroviseur : Peter n’est pas sorti lui dire adieu d’un geste de la main. Elle l’a laissé, se balançant dans son fauteuil, triste et las comme toujours depuis tant d’années.
Elle traverse la petite ville qu’elle déteste pour l’image pitoyable qu’elle lui renvoie de la vie gâchée de son père. La longue artère principale est déserte, les touristes, nombreux en cette saison, encore occupés à découvrir Little Desert National Park ou à observer les oiseaux au bord du lac. Elle dépasse l’immense silo à grains et sort de la bourgade, au milieu des champs de blé à perte de vue, par le Western Highway qu’elle ne lâchera plus jusqu’à Melbourne.
Elle quitte toujours Peter avec un sentiment de culpabilité, l’impression de l’abandonner là, perdu à l’autre bout de l’Etat, perdu pour la société. Mais dès qu’elle atteint Horsham, l’envie de respirer, de vivre, redevient la plus forte et sa silhouette s’efface de son esprit jusqu’à la prochaine visite.
Ce dimanche-là, curieusement, elle a quitté Nhill presque joyeuse, du moins confiante. Elle n’emporte pas la commode, elle a emprunté cet énorme engin pour rien, mais pour la première fois de sa vie elle sent que quelque chose va bouger.
Elle qui, enfant, a subi impuissante cette épreuve insoutenable de la disparition de sa mère et de la lente