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La responsabilité du travailleur, de l’employeur et de l’assuré social
La responsabilité du travailleur, de l’employeur et de l’assuré social
La responsabilité du travailleur, de l’employeur et de l’assuré social
Ebook972 pages10 hours

La responsabilité du travailleur, de l’employeur et de l’assuré social

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About this ebook

Les Éditions Anthemis vous proposent un outil complet pour appréhender la responsabilité du travailleur, de l’employeur et de l’assuré social

Si les règles relatives à la responsabilité civile touchent l’ensemble des matières du droit, elles connaissent toutefois des applications particulières dans certains secteurs. Il en va ainsi de la responsabilité tant civile que pénale du travailleur, de l'employeur et de l'assuré social.

Les auteurs de cet ouvrage se penchent sur cette problématique en abordant notamment l’immunité partielle de responsabilité civile offerte aux travailleurs salariés, tant dans le secteur privé que dans le secteur public. Ils s’arrêtent également sur les règles relatives à la réparation du dommage causé par l’employeur au travailleur ou par le travailleur à l’employeur. La responsabilité pénale est aussi traitée, tout comme des sujets spécifiques tels que l’utilisation d’un véhicule de société, la responsabilité en cas de harcèlement, mais aussi la situation de certains travailleurs particuliers (journalistes, médecins, sportifs rémunérés, etc.). Une contribution est par ailleurs consacrée à la responsabilité civile et pénale du mandataire de société salarié avec des problématiques aux confins du droit de la responsabilité civile, du droit social et du droit des sociétés. Certains aspects de la responsabilité de l’assuré social, ainsi qu’un sujet peu traité par la doctrine – le cautionnement du travailleur – sont en outre analysés. Enfin, la responsabilité des travailleurs dans le cadre de la réforme du droit belge des pratiques restrictives de concurrence fait également l’objet d’un examen approfondi.

Indispensable pour les praticiens en droit social, cet ouvrage s’avérera aussi très utile pour toute personne évoluant dans le domaine du droit de la responsabilité civile, du droit du roulage et du droit pénal de l’entreprise.

Un ouvrage écrit par des professionnels, pour des professionnels

A PROPOS DES ÉDITIONS ANTHEMIS

Anthemis est une maison d’édition spécialisée dans l’édition professionnelle, soucieuse de mettre à la disposition du plus grand nombre de praticiens des ouvrages de qualité. Elle s’adresse à tous les professionnels qui ont besoin d’une information fiable en droit, en économie ou en médecine.
LanguageFrançais
PublisherAnthemis
Release dateMay 4, 2016
ISBN9782874558740
La responsabilité du travailleur, de l’employeur et de l’assuré social

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    La responsabilité du travailleur, de l’employeur et de l’assuré social - Collectif

    La responsabilité du travailleur, de l’employeur et de l’assuré socialLa responsabilité du travailleur, de l’employeur et de l’assuré social

    La collection du Jeune Barreau de Charleroi

    Cette collection rassemble les actes des colloques organisés par la Conférence du Jeune Barreau de Charleroi. Ils couvrent toutes les matières du droit et sont destinés aux praticiens.

    Ouvrages parus :

    Ch.-É. Clesse et St. Gilson (dir.), Le droit social et les jeunes, 2011.

    Chr. Guillain et A. Wustefeld (dir.), La réforme de la cour d’assises, 2011.

    Chr. Guillain et A. Wustefeld (dir.), Le rôle de l’avocat dans la phase préliminaire du procès pénal à la lumière de la réforme Salduz, 2012.

    Ch.-É. Clesse et A. Nayer (dir.), Du risque professionnel au bien-être, 2012.

    I. Bouioukliev (dir.), La force majeure, 2013.

    Ch.-É. Clesse et St. Gilson (dir.), La concurrence loyale et déloyale du travailleur, 2013.

    I. Bouioukliev et P. Dhaeyer (dir.), La théorie des nullités en droit pénal, 2014.

    Cette version numérique de l’ouvrage a été réalisée par Communications sprl (Limal) pour le © Anthemis s.a.

    jurisquare

    La version en ligne de cet ouvrage est disponible sur la bibliothèque digitale Jurisquare à l’adresse www.jurisquare.be.

    © 2014, Anthemis s.a.

    Place Albert I, 9 B-1300 Limal

    Tél. 32 (0)10 42 02 90 – info@anthemis.be – www.anthemis.be

    ISBN : 978-2-87455-874-0

    Toutes reproductions ou adaptations totales ou partielles de ce livre, par quelque procédé que ce soit et notamment par photocopie, réservées pour tous pays.

    Mise en page : Communications s.p.r.l.

    Sommaire

    La responsabilité civile du travailleur salarié

    Immunité partielle de responsabilité civile de l’article 18 de la loi du 3 juillet 1978 relative aux contrats de travail

    Sophie T

    oussaint

    Avec la collaboration de Charles-Édouard H

    enrion

    La responsabilité civile des agents statutaires des personnes publiques

    Pierre J

    oassart

    et Pauline K

    naepen

    La responsabilité civile de l’employeur

    Rodrigue

    Capart

    La récupération du dommage de l’employeur : accord, procédure contentieuse et mesures d’exécution

    Nathalie R

    obert

    et Jonathan

    de

    W

    ilde

    d

    ’E

    stmael

    La responsabilité pénale du travailleur salarié et de l’employeur

    Charles-Éric

    Clesse

    La voiture de société et la responsabilité

    Laurent D

    ear

    et Hervé D

    eckers

    La responsabilité de l’employeur et du travailleur en cas de harcèlement : l’impact de la réforme de 2014

    Jean-Philippe

    Cordier

    et Paul

    Brasseur

    Questions choisies relatives à la responsabilité des travailleurs

    La situation particulière du journaliste, du médecin, du sportif rémunéré, du volontaire et de l’architecte salarié

    Ivan

    B

    ouioukliev,

    Aurélie

    T

    oussaint

    et Zoé T

    rusgnach

    La responsabilité civile et pénale du dirigeant de société salarié

    Vinciane L

    afontaine,

    Valérie P

    armantier

    et Pierre N

    illes

    La faute de l’assuré social en matière d’accidents du travail

    Myriam

    Verwilghen

    et Steve

    Gilson

    La responsabilité pénale de l’assuré social

    Catherine

    Boulanger

    La responsabilité de l’assuré social en matière de chômage

    Nafissatou

    Tine

    et Céline

    Wattecamps

    Le cautionnement du travailleur

    France

    Lambinet

    et Pauline

    Monforti

    La responsabilité des travailleurs dans le cadre de la réforme du droit belge des pratiques restrictives de concurrence

    Loïc

    Peltzer

    et Sophie

    Van Besien

    La responsabilité civile du travailleur salarié

    Immunité partielle de responsabilité civile de l’article 18 de la loi du 3 juillet 1978 relative aux contrats de travail

    Sophie Toussaint

    Avocate au barreau de Namur

    Avec la collaboration de

    Charles-Édouard Henrion

    Président émérite des Tribunaux du travail de Namur et de Dinant

    Section 1

    Petit retour aux sources

    Sous-section 1

    Et si l’article 18 n’existait pas ?

    Si l’article 18 de la loi du 3 juillet 1978 relative aux contrats de travail n’existait pas, le travailleur aurait l’obligation de réparer tout dommage qu’il cause par sa faute, même la plus légère, à autrui, c’est-à-dire tant à l’employeur qu’à des tiers et ce, en application de l’article 1382 du Code civil.

    En cas de dommage causé à des tiers, l’article 1384, alinéa 3, du Code civil crée une présomption de faute irréfragable dans le chef de l’employeur (maître et commettants) en le déclarant responsable du dommage causé par la faute du travailleur (domestique et préposé) dans l’exercice de ses fonctions¹.

    Cette responsabilité du fait d’autrui est la contrepartie équitable du profit.

    Les droits des tiers sont ainsi le plus souvent sauvegardés.

    Mais l’employeur disposait d’un recours contre l’auteur du fait dommageable (action récursoire).

    C’est pour limiter les droits de l’employeur au remboursement, par le travailleur, des sommes versées au tiers en réparation de son dommage que le législateur intervient à plusieurs reprises pour aboutir au final à l’article 18, mais aussi pour limiter la responsabilité du travailleur à l’égard de l’employeur.

    Sous-section 2

    Les ancêtres de l’article 18

    ²

    La loi du 10 mars 1900 sur le contrat de travail disposait en son article 8 que l’ouvrier « répond de sa faute en cas de malfaçon, d’emploi abusif de matériel, de destruction ou de détérioration de matériel, outillage, matières premières ou produits » mais que les indemnités dues « de ce chef ne pourront être retenues sur le salaire qu’à concurrence du cinquième de la somme payable à chaque échéance, sauf le cas où l’ouvrier aurait agi par dol ou mettrait volontairement fin à son engagement avant la liquidation de l’indemnité ».

    Dans le cadre de cette loi, la responsabilité civile du travailleur n’est pas limitée ; seules sont réglées les modalités du paiement des indemnités.

    C’est la loi du 4 mars 1954 qui, introduisant les notions de dol, faute lourde ou faute légère habituelle, limitera la responsabilité du travailleur pour les actes de sa vie professionnelle. Toutefois, les parties pouvaient conventionnellement déroger à cette limitation pour en revenir au droit commun.

    La loi du 21 novembre 1969 supprimera cette possibilité de dérogation par les parties mais permettra celle-ci par convention collective rendue obligatoire par arrêté royal.

    C’est cette même loi qui uniformisera la limitation de responsabilité tant aux ouvriers qu’aux employés.

    La loi du 3 juillet 1978 relative aux contrats de travail étendra les règles limitant la responsabilité du travailleur aux dommages causés à des tiers. Antérieurement, seuls les dommages causés à l’entreprise faisaient l’objet de cette limitation de responsabilité alors qu’en ce qui concerne les dommages causés à des tiers, la faute légère suffisait à engager la responsabilité du travailleur.

    Il faudra attendre la loi du 10 février 2003 pour qu’une immunité de responsabilité similaire à celle de l’article 18 soit instituée en faveur des agents statutaires des pouvoirs publics³.

    Section 2

    Le droit commun et le régime d’exception

    Sous-section 1

    Le droit commun

    En droit des obligations, la partie qui cause un dommage à son cocontractant en raison de l’inexécution de ses obligations ou de leur mauvaise exécution est tenue de le réparer⁴.

    En matière contractuelle, la faute la plus légère⁵ donne lieu à réparation. Elle est appréciée par référence au bon père de famille, normalement prudent et diligent, prudent et scrupuleux, placé dans les mêmes circonstances de temps et de fait⁶.

    En matière extracontractuelle, tout fait quelconque de l’homme qui cause un dommage à autrui oblige celui par la faute duquel il est arrivé à le réparer⁷. La faute la plus légère appréciée in abstracto est susceptible d’entraîner la responsabilité de son auteur. La responsabilité découle de l’existence d’un dommage, quelles que soient les circonstances de la faute⁸, sous certaines conditions.

    Sous-section 2

    Le régime dérogatoire au profit du travailleur

    L’article 18 de la loi du 3 juillet 1978 relative aux contrats de travail crée un régime dérogatoire qui met le travailleur à l’abri des conséquences dommageables des actes qu’il pose à l’occasion de l’exécution de son contrat de travail⁹.

    En effet, l’immunité de responsabilité consacrée par cette disposition n’est pas absolue :

    « En cas de dommages causés par le travailleur à l’employeur ou à des tiers dans l’exécution de son contrat, le travailleur ne répond que de son dol et de sa faute lourde.

    Il ne répond de sa faute légère que si celle-ci présente dans son chef un caractère habituel plutôt qu’accidentel.

    À peine de nullité, il ne peut être dérogé à la responsabilité fixée aux alinéas 1er et 2 que par une convention collective de travail rendue obligatoire par le Roi, et ce uniquement en ce qui concerne la responsabilité à l’égard de l’employeur.

    L’employeur peut, dans les conditions prévues par l’article 23 de la loi du 12 avril 1965 concernant la protection de la rémunération des travailleurs, imputer sur la rémunération les indemnités et dommages-intérêts qui lui sont dus en vertu du présent article et qui ont été, après les faits, convenus avec le travailleur ou fixés par le juge. »

    Ainsi, la responsabilité du travailleur sera retenue uniquement lorsque :

    – le travailleur commet une faute spécifique : un dol, une faute lourde ou une faute légère ayant un caractère habituel et non accidentel¹⁰ ;

    – la faute cause un dommage à un tiers ou à l’employeur ;

    – la faute résulte de l’exécution du contrat de travail.

    Autrement dit, le travailleur peut être amené à devoir prendre en charge les conséquences dommageables de ses actes accomplis durant l’exécution de son contrat de travail, tant à l’égard de l’employeur que des tiers, dès lors qu’il existe une faute spécifique, un dommage et un lien de causalité entre la faute et le dommage.

    L’immunité partielle de responsabilité consacrée à l’article 18 ne concerne que la responsabilité civile du travailleur et non sa responsabilité pénale¹¹. Aussi, le travailleur peut-il se prévaloir de celle-ci dans le cadre d’une réclamation civile trouvant son fondement dans la commission d’une infraction pénale mais en aucun cas, il ne sera exonéré des conséquences pénales de ses actes.

    Pareillement, si l’employeur est amené, en sa qualité de civilement responsable, à devoir payer une amende pénale en raison d’une infraction pénale commise par son travailleur, il pourra en réclamer le remboursement auprès du travailleur concerné, sans devoir justifier sa demande par le fait que ce dernier aurait commis un dol, une faute lourde ou une faute légère habituelle¹².

    Notons à cet égard que la jurisprudence a toutefois été amenée à considérer que les exigences de l’employeur (respect des horaires de travail) ou encore la mise à disposition d’un véhicule défectueux pouvaient exclure toute responsabilité du travailleur, même pénale¹³.

    Section 3

    Conditions d’application de l’immunité de responsabilité

    L’article 18 de la loi du 3 juillet 1978 consacre le principe d’immunité de responsabilité civile du travailleur soumis à cette loi qui causerait un dommage, dans l’exécution de son contrat de travail, tant à son employeur qu’à l’égard d’un tiers, sauf en cas de dol, de faute lourde ou de faute légère ayant un caractère habituel¹⁴.

    Relevons toutefois qu’en vertu de l’article 19 de la loi précitée, le travailleur ne sera jamais responsable de l’usure due à l’usage normal de la chose, ni de sa perte accidentelle et involontaire.

    La notion de faute doit être interprétée au cas par cas, en tenant compte des circonstances concrètes¹⁵. C’est en raison de cette appréciation in concreto que la jurisprudence dont il sera question en la présente contribution apprécie un même fait tantôt comme étant exclusif de toute responsabilité et tantôt comme étant générateur de responsabilité.

    Sous-section 1

    Existence d’un contrat de travail

    Le travailleur ne bénéficiera de l’immunité de responsabilité consacrée par l’article 18 que pour autant qu’il soit occupé dans les liens d’un contrat de travail au sens de la loi du 3 juillet 1978 relative aux contrats de travail¹⁶.

    Ceci englobe les travailleurs occupés dans le cadre d’un contrat de travail d’ouvrier, d’employé, de représentant de commerce ou de domestique, en ce compris les étudiants, travailleurs à domicile, sportifs rémunérés, intérimaires, les agents contractuels occupés dans les services publics ou le travailleur lié par un contrat de travail de droit étranger qui commettrait un acte dommageable en Belgique¹⁷.

    Sont dès lors exclus les mandataires¹⁸ et nous renvoyons, pour ce qui concerne les cas spécifiques des journalistes¹⁹, médecins, apprentis, agents statutaires des services publics, volontaires, enseignants²⁰, etc. à d’autres études²¹.

    L’immunité de responsabilité de l’article 18 est opposable tant à l’employeur, à savoir toute personne qui exerce un pouvoir d’autorité et de contrôle sur le travailleur, qu’à tout tiers, étranger à la relation contractuelle – collègues de travail ayant ou non le même employeur²², fournisseurs, co-contractants de l’employeur ou encore toute personne étrangère à l’entreprise²³.

    Notons que la constitutionnalité de l’article 18 a été confirmée par la Cour constitutionnelle, celle-ci précisant que cette disposition « ne viole pas les articles 10 et 11 de la Constitution, en ce qu’[elle] a pour effet qu’un tiers victime d’une faute au sens des articles 1382 et 1383 du Code civil, qualifiée de légère et non habituelle, est traité différemment selon que le fait fautif a été commis par un travailleur qui, en vertu de cet article 18, bénéficie d’une exonération totale de sa responsabilité, ou par un organe de l’autorité non lié par un contrat de travail »²⁴.

    Pour autant que de besoin, précisons que l’article 18 ne s’applique pas lorsque le travailleur se cause un dommage à lui-même²⁵.

    Sous-section 2

    Exécution du contrat de travail

    L’immunité de l’article 18 ne sortira ses effets que pour autant que l’acte dommageable ait été causé par le travailleur « dans l’exécution de son contrat »²⁶, ces termes ayant une portée particulièrement large et identique à la notion d’actes accomplis « dans les fonctions » du préposé, consacré par l’article 1384, alinéa 3, du Code civil²⁷.

    Le travailleur doit dès lors être au service de son employeur, mais il importe peu que le dommage survienne durant l’exécution de la fonction spécifique pour laquelle il a été engagé. La Cour de cassation a en effet considéré qu’il suffit que « l’acte illicite entre dans les fonctions du préposé, que cet acte ait été accompli pendant la durée des fonctions et soit, fût-ce indirectement ou occasionnellement, en relation avec celles-ci »²⁸.

    La notion d’« exécution de son contrat » implique que l’article 18 ne pourra sortir ses effets lorsque le dommage est causé par le travailleur avant le début de l’exécution du contrat²⁹, ou encore lorsqu’il utilise, même avec l’accord de son employeur, un véhicule de société à des fins personnelles³⁰, ou encore lorsqu’il dépense sa rémunération³¹. Il s’agit de faits de la vie privée tombant sous l’application du droit commun.

    Relevons que le Tribunal du travail d’Anvers a estimé qu’une grève, même illicite, ne suspend pas l’exécution du contrat de travail et que, partant, le travailleur qui dans le cadre de celle-ci cause un dommage doit bénéficier de l’immunité de responsabilité de l’article 18³².

    Sous-section 3

    Le dommage

    La responsabilité du travailleur ne pourra être engagée que pour autant qu’une faute spécifique soit commise, mais également que celle-ci cause un dommage à l’employeur ou à un tiers³³. Sans dommage, point de responsabilité.

    L’importance et la nature du dommage sont sans incidence dans l’appréciation de la responsabilité : il faut, mais il suffit, qu’il existe.

    Le dommage peut porter sur des biens (machines, voitures de sociétés, outillage…), sur des personnes ou encore sur le résultat de l’entreprise (déficit de caisse ou d’inventaire)³⁴.

    Pour ce qui concerne la réparation du dommage causé par dol, faute lourde ou faute légère présentant un caractère habituel, nous renvoyons le lecteur à la contribution écrite de N. Robert et J. de Wilde d’Estmael concernant la réparation des dommages causés à l’employeur ainsi qu’à la contribution de F. Lambinet et P. Monforti relative à l’application de l’article 23 de la loi du 12 avril 1965 concernant la protection de la rémunération des travailleurs et plus particulièrement quant au cautionnement demandé au travailleur.

    Section 4

    Absence de limitation de la responsabilité

    L’irresponsabilité civile du travailleur à l’égard des tiers et de son employeur n’est pas de type absolu et nous partageons avec R. Capart et M. Strongylos la nécessité d’interpréter l’article 18 de manière stricte dès lors qu’il instaure un régime dérogatoire au droit commun de la responsabilité civile³⁵.

    La responsabilité civile du travailleur peut être engagée lorsqu’il cause un dommage et que celui-ci résulte d’un comportement spécifique relevant d’un dol, d’une faute lourde ou encore d’une faute légère habituelle du travailleur.

    Dans ces hypothèses, le travailleur répondra tant à l’égard de son employeur qu’à l’égard des tiers des conséquences dommageables trouvant leur cause dans le comportement reproché.

    La charge de la preuve de la faute non génératrice d’immunité incombe, selon le cas, à l’employeur ou au tiers qui s’en prévaut (art. 1315 du C. civ. et 870 du C. jud.)³⁶, chaque cas devant être examiné in concreto.

    Notons qu’en ce qui concerne la charge de la preuve, spécifiquement en matière de harcèlement moral ou sexuel au travail, il incombe au travailleur qui se prétend « harcelé » d’apporter la preuve de l’existence de faits permettant de présumer l’existence de violence ou de harcèlement au travail, alors que l’absence de violence ou de harcèlement incombe au « travailleur harceleur ». Le préjudicié bénéficie dès lors d’un régime atténué de la charge de la preuve³⁷.

    Nous envisageons ci-après les fautes exclusives d’immunité.

    Sous-section 1

    Le dol

    Le dol suppose une faute intentionnelle, commise de mauvaise foi, sans qu’il soit requis une quelconque intention de nuire³⁸.

    Le dol général est composé de deux éléments : la connaissance (sciens) et la volonté (volens) ou l’acceptation (accipiens) de poser un acte ou de s’en abstenir³⁹.

    On retiendra comme rentrant dans la catégorie de la faute dolosive les coups et blessures volontaires, le vol, la dégradation volontaire de biens, l’incendie volontaire, l’escroquerie, le viol, etc.

    L’importance du dommage subi est sans aucune incidence sur l’existence d’un dol.

    Sous-section 2

    La faute lourde

    La faute lourde est définie comme étant la faute non intentionnelle mais à ce point grossière qu’elle est inexcusable⁴⁰. Elle relève d’« un comportement anormalement défectueux dont l’homme normalement avisé et prudent aurait dû savoir qu’en agissant de la sorte, il causerait un préjudice »⁴¹, mais l’ampleur du préjudice est sans importance⁴².

    Le caractère prévisible du dommage est parfois mis en exergue pour retenir l’existence d’une faute lourde, lorsque l’auteur devait prévoir les conséquences de son acte, même s’il ne les a pas voulues, ou devait en avoir conscience⁴³. Toutefois, le caractère lourd de la faute ne s’apprécie pas par rapport à l’ampleur de ses conséquences⁴⁴.

    La faute peut être contractuelle ou extracontractuelle, active ou passive⁴⁵.

    La charge de la preuve de l’existence de la faute lourde incombe au tiers ou à l’employeur qui s’en prévaut (art. 1315 du C. civ. et 870 du C. jud.).

    Comme déjà relevé, l’appréciation de l’existence d’une faute lourde doit se faire in concreto, à la lumière des circonstances de fait⁴⁶. Le juge du fond aura dès lors égard tant aux circonstances dans lesquelles la faute a été commise (rythme de travail imposé, fonctionnement de l’outil, fatigue, manque d’expérience ou incompétence⁴⁷, etc.) qu’aux activités de l’entreprise, aux fonctions confiées, à la qualité⁴⁸ et à la responsabilité du travailleur⁴⁹.

    Le caractère punissable pénalement de la faute est en principe sans incidence dans l’appréciation de la faute lourde⁵⁰. Une infraction au Code de la route ne constitue pas nécessairement une faute lourde entraînant la responsabilité du travailleur⁵¹, quand bien même celle-ci serait grave au sens de la réglementation routière⁵².

    Ont été retenus au titre de faute lourde, compte tenu de l’appréciation in concreto qui s’impose au juge du fond⁵³ :

    – le fait pour un travailleur de causer un accident en état d’ivresse au moyen du véhicule mis à sa disposition par l’employeur⁵⁴ ;

    – le fait pour un travailleur en charge de la location de voitures d’avoir accepté la mise à disposition d’un véhicule à une clientèle insolvable ou amie, sans exiger de caution ou de garantie⁵⁵ ;

    – le fait pour un médecin de procéder à la stérilisation d’une patiente qui n’y a pas consenti⁵⁶ ;

    – le fait pour un médecin de n’avoir pas placé en observation une victime de coups de couteau⁵⁷ ;

    – la conduite en état d’ébriété⁵⁸ ;

    – le fait pour un employé de dissimuler l’importance de problèmes financiers qu’il avait découverts tout en étant bien conscient de la gravité de la situation⁵⁹ ;

    – le fait pour un chauffeur de poids lourd de passer sous un pont d’une hauteur insuffisante et de se soustraire ensuite aux constatations⁶⁰ ;

    – le fait pour un directeur du personnel de ne pas réserver les suites utiles à une saisie-exécution avec pour conséquence que l’employeur est condamné à couvrir le montant de la saisie sur ses fonds propres⁶¹ ;

    – le fait pour un travailleur de ne pas respecter les directives précises relatives à la manipulation de sommes d’argent alors qu’il a été précédemment mis en demeure de les respecter⁶².

    Ont été écartés au titre de faute lourde, compte tenu de l’appréciation in concreto qui s’impose au juge du fond⁶³ :

    – le fait pour un chauffeur d’autocar, ayant de nombreux passagers sous sa responsabilité, de causer un accident après s’être endormi au volant, sans avoir respecté la réglementation relative au temps de repos et de conduite, le tribunal relevant que ce comportement résulte d’un ensemble de circonstances dont le travailleur n’assumait pas seul la responsabilité⁶⁴ ;

    – l’existence d’un déficit dans l’inventaire, le travailleur n’étant pas tenu à une obligation de résultat⁶⁵ ;

    – un simple déficit de caisse⁶⁶ ;

    – le fait pour un employé qui a pris certaines précautions mais sans prêter une attention suffisante aux zones d’ombre en confiant un véhicule de location à un client sans veiller à sa solvabilité dans le respect de la procédure mise en place⁶⁷ ;

    – le non-respect d’une priorité de droite⁶⁸ ;

    – la conduite en état d’ébriété dans des circonstances précises⁶⁹ : le travailleur ayant été condamné au pénal distinctement pour son état d’intoxication alcoolique et pour les infractions de roulage, la cour estime que le juge pénal n’a pas nécessairement décidé qu’il existait une relation causale entre l’état du conducteur et l’accident. La cour en déduit que l’intoxication alcoolique n’a aucune incidence sur la genèse de l’accident ;

    – les faits de harcèlement moral, qui implique pourtant la répétition de faits de même nature, n’engendrent pas nécessairement la responsabilité civile du travailleur fautif, qu’il soit le supérieur, un collègue ou le subordonné de la victime⁷⁰.

    Notons que la faute lourde se distingue du motif grave par son caractère de grossièreté inexcusable⁷¹.

    Comme le relèvent très pertinemment R. Capart et M. Strongylos, « l’indépendance des deux notions est encore confirmée par le fait que la Cour de cassation admet qu’une faute commise dans le cadre de la vie privée puisse constituer un motif grave de rupture du contrat de travail, alors que l’indemnisation de cette faute demeurera étrangère à l’application de l’article 18 »⁷².

    Aussi, un fait reconnu comme constitutif d’une faute lourde n’entraîne-t-il pas nécessairement la reconnaissance de ce même fait au titre de motif grave selon les termes de l’article 35 de la loi du 3 juillet 1978 relative aux contrats de travail⁷³. Ainsi, constitue une faute lourde mais pas un motif grave le fait pour le travailleur d’abandonner la voiture mise à sa disposition, en pleine journée, non verrouillée avec les clés sur le tableau de bord, durant le temps de quelques achats dans un magasin se situant à proximité⁷⁴. Inversement, le licenciement pour motif grave n’entraîne pas nécessairement la reconnaissance du fait reproché au titre de faute lourde⁷⁵. Il a été jugé que le fait pour un travailleur de provoquer un accident en raison d’un excès de vitesse est constitutif d’un motif grave, mais ne constitue pas une faute lourde mais seulement une faute légère à caractère accidentel⁷⁶.

    Notons que le fait pour un travailleur de ne pas contester son licenciement pour motif grave ne permet pas de conclure que le comportement reproché est constitutif d’une faute lourde⁷⁷.

    Dans le même ordre, le fait pour un employeur de licencier un travailleur moyennant le paiement d’une indemnité de préavis ne le prive pas d’invoquer l’existence d’un comportement relevant de la faute lourde dans le chef du travailleur, lequel pourra dès lors être amené à devoir répondre civilement de celui-ci⁷⁸.

    Sous-section 3

    La faute légère présentant un caractère habituel plutôt qu’accidentel

    « La faute légère est la faute excusable qu’une personne normalement prudente et avisée, placée dans les mêmes circonstances, commettrait sans doute. »⁷⁹ Celle-ci, lorsqu’elle est unique, est génératrice d’immunité de responsabilité dans le respect de l’article 18⁸⁰.

    La faute légère répétitive et dont la répétition est de nature à révéler une propension à l’imprévoyance, un manque de conscience professionnelle ou de diligence, ou encore un véritable « état d’esprit »⁸¹, le manque général de diligence apporté à l’exécution du contrat de travail⁸², entraîne la responsabilité civile du travailleur auteur de celle-ci.

    À nouveau, la charge de la preuve de l’existence d’une pareille faute incombe à celui qui s’en prévaut, le tiers ou l’employeur préjudicié (art. 1315 du C. civ. et 870 du C. jud.), la reconnaissance de celle-ci devant s’apprécier en fonction des circonstances de fait, de la qualification du travailleur, de son niveau de responsabilité, etc.

    Il n’est pas nécessaire que la même faute se répète⁸³. Certains auteurs et une partie de la jurisprudence estiment cependant qu’il est requis qu’une faute de même nature se répète pour répondre au critère de l’habitude. À défaut, des fautes trop différentes les unes des autres ne pourraient établir le manque de conscience professionnelle du travailleur⁸⁴.

    D’autres auteurs estiment au contraire que la « faute de même nature » n’est pas requise, seule la tendance à commettre des fautes met en cause la responsabilité du travailleur. Cette interprétation rejoint les travaux parlementaires et est adoptée par la doctrine majoritaire⁸⁵.

    Ont été considérés comme relevant de la faute légère présentant un caractère habituel :

    – le fait d’envoyer plusieurs centaines de courriels privés durant les heures de travail⁸⁶ ;

    – le fait pour un coursier devant se rendre d’un endroit à un autre, sur ordre du maraîcher, durant l’exécution de son travail, de se retrouver au centre-ville, de ne pas avoir fermé le véhicule et d’avoir laissé les clés sur le contact et/ou de ne pas avoir actionné le système d’interruption de l’arrivée de carburant qui se fait par un simple geste lors de ses livraisons⁸⁷ ;

    – le fait pour un employé chargé d’implanter un nouveau système informatique, de consacrer une partie exceptionnellement importante de son temps de travail (de manière persistante et constante pendant plusieurs semaines) à des communications privées⁸⁸.

    Ont été considérés comme relevant de la faute légère accidentelle :

    – le fait pour un professeur de laisser les élèves disquer les aspérités d’un châssis avec une scie sauteuse, sans accompagnement ni contrôle. Cela le rend responsable d’une faute qui ne peut cependant pas être qualifiée de faute lourde ou de faute légère habituelle⁸⁹ ;

    – le déficit dans l’inventaire : celui-ci n’est pas considéré comme la preuve d’une faute légère habituelle du gérant⁹⁰ ou du travailleur (déficit de caisse de l’ordre de 250 euros, pour la première fois en 5 ans de service auprès du même employeur)⁹¹ ;

    – le fait pour une employée de banque d’autoriser un retrait, à trois reprises, au même client malgré le découvert de son compte, le fait ne pouvant être scindé en trois paiements distincts⁹².

    Section 5

    Caractère impératif ou d’ordre public

    L’article 18, alinéa 3, de la loi du 3 juillet 1978 relative aux contrats de travail énonce qu’« à peine de nullité, il ne peut être dérogé à la responsabilité fixée aux alinéas 1er et 2 que par convention collective de travail rendue obligatoire par le Roi, et ce uniquement en ce qui concerne la responsabilité à l’égard de l’employeur ».

    Il est majoritairement admis que cette disposition est de type impératif, frappant de nullité la clause individuelle qui aurait pour effet de déroger au principe de l’immunité de responsabilité du travailleur et partant d’aggraver ses obligations par l’insertion d’une clause au contrat de travail ou au règlement de travail⁹³.

    Cette disposition légale confirme la règle reprise à l’article 6 de la loi du 3 juillet 1978 précitée et qui dispose que « toute stipulation contraire aux dispositions de la présente loi et de ses arrêtés d’exécution est nulle pour autant qu’elle vise à restreindre les droits des travailleurs ou à aggraver leurs obligations ».

    Il a dès lors été jugé que sont frappées de nullité :

    – la clause reprise au règlement de travail selon laquelle le travailleur serait déclaré ipso facto responsable de l’erreur de sa caisse⁹⁴, ou selon laquelle la responsabilité du travailleur serait engagée dès qu’un dommage est causé au véhicule de l’entreprise⁹⁵ ;

    – la clause contractuelle selon laquelle un employé est personnellement tenu responsable du déficit financier de la succursale dont il a la charge⁹⁶ ;

    – la clause insérée au contrat de travail et selon laquelle les déficits d’inventaires et erreurs de caisse sont à charge du travailleur⁹⁷ ;

    – la clause insérée dans le contrat de travail d’un médecin hospitalier qui se voit imposer par celle-ci de souscrire une assurance R.C. professionnelle ne lui fait pas perdre le bénéfice de l’article 18⁹⁸.

    Seule une convention collective de travail rendue obligatoire par arrêté royal, et uniquement en ce qui concerne la responsabilité du travailleur à l’égard de son employeur, permet de déroger au principe d’immunité de responsabilité du travailleur. À notre connaissance, il n’en existe pas.

    Aucune dérogation n’est dès lors possible en ce qui concerne l’immunité de responsabilité du travailleur à l’égard de tiers, la convention collective de travail qui a pour seule vocation de régir les relations entre les travailleurs et leurs employeurs ne leur étant pas opposable.

    Notons que la Cour du travail de Liège a eu à se prononcer sur les mentions reprises dans une convention collective de travail portant sur la fixation des conditions de travail, conclue au sein de la commission paritaire des petits commerces indépendants (C.P. no 201). Celle-ci décrit le gérant comme étant « l’employé qui supporte, entre autres, la responsabilité des déficits de stock et de caisse ». La cour a estimé que s’agissant d’une convention collective conclue à seule fin de fixer les échelles de salaires et non en vue de déroger aux principes de l’article 18, elle ne contient aucune dérogation non équivoque à cette disposition⁹⁹.

    Certaines juridictions ont attribué, soit implicitement, soit explicitement, le caractère d’ordre public des dispositions énoncées à l’article 18. Il a en effet été jugé que même après la survenance du sinistre, le travailleur ne pouvait valablement renoncer à la protection inscrite à l’article 18 :

    – par la signature d’un écrit, frappé de nullité, qui n’indique pas que le dommage aurait été causé par son dol, sa faute lourde ou sa faute légère habituelle¹⁰⁰ ;

    – par la reconnaissance d’une responsabilité du dommage causé à un moteur à défaut d’avoir vérifié le niveau d’huile¹⁰¹.

    Ce courant n’est cependant pas majoritaire et ne semble pas faire l’unanimité au sein même de la Cour du travail de Liège, laquelle, par un arrêt du 20 avril 2005, affirme le caractère impératif de la règle contenue à l’article 18, même après la fin des relations de travail et ce tant que l’employeur détient des sommes revenant au travailleur et dont ce dernier a besoin aux fins d’assurer sa subsistance et celle de sa famille¹⁰².

    La cour relève qu’au terme de la relation de travail, la disposition impérative n’est en principe plus que supplétive. Il convient néanmoins de déterminer le moment exact de cette « mutation » et où la protection légale ne se justifie plus. En l’espèce, la cour estime qu’eu égard à la détention de fonds par l’employeur revenant au travailleur, la protection légale subsiste au profit du travailleur qui se trouve dans un « état de sujétion ou de dépendance vis-à-vis de son employeur ».

    Section 6

    Prescription de l’action en responsabilité

    Lorsque l’immunité ne peut sortir ses effets, le dommage causé doit être réparé. Pour ce faire, l’employeur ou le tiers préjudicié dispose d’un délai d’action.

    Sous-section 1

    Action de l’employeur

    Selon les termes de l’article 15 de la loi du 3 juillet 1978 relative aux contrats de travail, « les actions naissant du contrat sont prescrites un an après la cessation de celui-ci ou cinq ans après le fait qui a donné naissance à l’action, sans que ce dernier délai puisse excéder un an après la cessation du contrat ».

    L’action en responsabilité dirigée contre le travailleur découlant de l’application de l’article 18 de la loi est assurément une action née du contrat de travail.

    Lorsque le manquement contractuel est en outre pénalement sanctionnable, les dispositions de l’article 26 du Titre préliminaire du Code de procédure pénale trouvent à s’appliquer : « L’action civile résultant d’une infraction se prescrit selon les règles du Code civil ou des lois particulières qui sont applicables à l’action en dommages et intérêts. Toutefois, celle-ci ne peut se prescrire avant l’action publique. »

    L’article 2262bis du Code civil fixe le délai de prescription de l’action en réparation fondée sur la responsabilité extracontractuelle à cinq ans.

    Sous-section 2

    Action des tiers

    L’action en responsabilité dirigée contre le travailleur mue par un tiers devra répondre aux règles de droit commun, ce dernier n’étant lié par aucun contrat de travail.

    Section 7

    Évocation de cas particuliers

    Sous-section 1

    L’accident du travail

    ¹⁰³

    En vertu de l’article 46, § 1er, de la loi du 10 avril 1971 sur les accidents du travail, la responsabilité personnelle d’un préposé¹⁰⁴ qui provoque un accident de travail dont est victime un autre préposé de son employeur ne peut être mise en cause que s’il s’agit d’un acte intentionnel, d’un accident de roulage ou d’un accident sur le chemin du travail.

    L’immunité de responsabilité énoncée à l’article 18 est partant renforcée lorsque survient un accident du travail, dès lors qu’à défaut d’établir l’existence d’un acte intentionnel ou de l’existence d’un accident de roulage ou sur le chemin du travail, la responsabilité civile du travailleur est totalement exonérée, même en cas de dol ou de faute lourde. Il convient en conséquence d’interpréter cette immunité de manière restrictive¹⁰⁵.

    Sous-section 2

    Le travailleur intérimaire

    Les prestations de travail en qualité de travailleur intérimaire¹⁰⁶ relèvent de la législation relative à la mise à disposition de travailleurs. Il s’agit pour une société ou une personne physique de prêter un travailleur qu’elle a engagé à un tiers qui utilise ce travailleur et exerce sur lui l’autorité appartenant en principe à l’employeur¹⁰⁷. La relation de travail est dès lors tripartite : employeur-utilisateur-travailleur.

    Sur le plan civil, en sa qualité de commettant, l’employeur-utilisateur qui exerce son autorité et sa surveillance sur le travailleur mis à sa disposition est responsable du dommage causé par celui-ci dans l’exécution de ses travaux. L’employeur-prêteur perd sa qualité de commettant et le travailleur pourra opposer les dispositions de l’article 18 de la loi du 3 juillet 1978 relative aux contrats de travail à l’employeur-utilisateur.

    Sur la question spécifique du travailleur intérimaire et de l’accident (sur le chemin) du travail, nous renvoyons à l’arrêt de la Cour constitutionnelle du 11 mai 2005 ainsi qu’à l’ouvrage de M. Jourdan et S. Remouchamps¹⁰⁸.

    ¹ Voy. la contribution de R. Capart reprise au présent ouvrage traitant de la responsabilité civile de l’employeur.

    ² V. Vannes, Le contrat de travail : aspects théoriques et pratiques, 2e éd., Bruxelles, Bruylant, 2003, pp. 345 à 352.

    ³ Art. 2 de la loi du 10 février 2003 relative à la responsabilité des et pour les membres du personnel au service des personnes publiques ; D. Déom, « La responsabilité des fonctionnaires : une page se tourne », Rev. dr. commun., 2003, pp. 8 et s.

    ⁴ Art. 1146 à 1155 du C. civ.

    Culpa levissima.

    ⁶ P. Van Ommeslaghe, Droit des obligations, vol. 2, Bruxelles, Bruylant, 1973-1974, p. 317.

    ⁷ Art. 1382 du C. civ.

    ⁸ V. Vannes, Le contrat de travail : aspects théoriques et pratiques, op. cit., p. 347.

    ⁹ Cass., 18 novembre 1981, R.G.A.R., 1982, no 10.459.

    ¹⁰ Cass., 22 février 1989, Pas., 1989, I, p. 631 ; Cass., 18 novembre 1981, R.G.A.R., 1982, no 10459.

    ¹¹ Cass., 27 janvier 1998, Arr. Cass., 1998, p. 339 ; Liège, 28 mai 1998, J.L.M.B., 1999, p. 268.

    ¹² J.-Fr. Neven, « Voiture et contrat de travail : quelques précisions », Orientations, 1999, p. 49 ; M. Henrard, « L’employeur civilement responsable peut-il récupérer à charge du travailleur l’amende payée pour infraction au code de roulage ? », Orientations, 1986, p. 243 ; C. trav. Liège, 20 avril 2005, R.G. no 32.166/04, disponible sur www.juridat.be.

    ¹³ R. Capart et M. Strongylos, « La responsabilité civile des travailleurs », in M. Dumont (dir.), Le droit du travail dans tous ses secteurs, CUP, Liège, Anthemis, 2008, pp. 385 et 386 ; C. trav. Liège, 10 décembre 2003, inéd., R.G. no 31.037/02 ; le lecteur aura également égard à la contribution de L. Dear et H. Deckers reprise au présent ouvrage et relative à l’usage d’un véhicule dans la relation de travail.

    ¹⁴ Cass., 19 avril 1983, R.W., 1983-1984, p. 1235 ; Cass., 22 février 1989, J.T., p. 693.

    ¹⁵ Trib. trav. Bruxelles, 29 janvier 1990, Jur. trav. Brux., 1990, p. 183.

    ¹⁶ Cass., 17 juin 1986, Arr. Cass., 1986, no 1279.

    ¹⁷ R. Capart et M. Strongylos, « La responsabilité civile des travailleurs », op. cit., p. 366 et jurisprudence citée ; M. Lauvaux, « La responsabilité civile des travailleurs », Orientations, 2005, p. 2.

    ¹⁸ Bruxelles, 2 septembre 1992, Rev. dr. pén., 1993, p. 575 ; les mandataires de société peuvent cependant avoir une qualité mixte d’associé gérant et de travailleur. Ils pourront dès lors bénéficier de l’immunité de responsabilité pour autant qu’il soit établi que la faute a été commise dans le cadre de l’exécution du contrat de travail – voy. en ce sens Trib. trav. Gand, 2 décembre 2011, T.G.R., 2012, p. 150. Pour la qualité de mandataire de l’utilisateur (ou de l’employeur), voy. Cass., 17 janvier 2007, J.T.T., 2007, p. 188 ; J.L.M.B., 2007, p. 1674, obs. R. Marchetti.

    ¹⁹ La Cour constitutionnelle, sur question préjudicielle, a précisé que l’article 18 ne s’applique pas aux journalistes qui exercent leur activité d’auteur dans les liens d’un contrat de travail : C. const., 22 mars 2006, no 47/2006, J.T.T., 2006, p. 332.

    ²⁰ La Cour constitutionnelle, sur question préjudicielle, a précisé que les articles 10 et 11 de la Constitution étaient violés par le fait qu’un enseignant du secteur public, organe de la puissance publique, peut faire l’objet d’une condamnation personnelle à des dommages et intérêts en faveur d’une victime sur la base de l’article 1384, alinéa 4, du Code civil et donc sur la base d’une faute, si légère soit-elle : C. const., 9 février 2000, no 19/2000, J.T.T., 2001, p. 161.

    ²¹ Voy. notamment, dans le présent ouvrage, la contribution de I. Bouioukliev, A. Toussaint et Z. Trusgnach, en ce qui concerne la responsabilité particulière du journaliste, du médecin, du sportif rémunéré, du volontaire et de l’architecte salarié ainsi que celle de P. Joassart et P. Knaepen en ce qui concerne la responsabilité des agents statutaires des personnes publiques. Voy. également W. van Eeckhoutte et V. Neuprez, Compendium social 13’-14’, Droit du travail, t. I, Kluwer, 2013, pp. 844 à 846 et R. Capart et M. Strongylos, « La responsabilité civile des travailleurs », op. cit., pp. 367 à 375.

    ²² M. Lauvaux, « La responsabilité du travailleur », in Guide social permanent, t. V, Droit du travail : commentaires, titre III, chapitre IV, no 1790.

    ²³ H. Hoen, « L’article 18 de la loi du 3 juillet 1978 relative aux contrats de travail et la responsabilité civile suivant les articles 1382 à 1384 du Code civil », J.T.T., 1983, p. 240.

    ²⁴ C. const., 17 février 1999, no 20/99.

    ²⁵ Cass., 8 juin 2009, R.G. no C.08.0568.N, disponible sur www.juridat.be.

    ²⁶ Cass., 7 mai 1996, R.G. no P.94.0841N, Lar. Cass., sommaire 357.

    ²⁷ W. van Eeckhoutte et V. Neuprez, Compendium social 13’-14’, Droit du travail, op. cit., p. 847 ; R. Capart et M. Strongylos, « La responsabilité civile des travailleurs », op. cit., p. 375 ; P.-H. Delvaux, « Les immunités civiles créées par la loi sur les accidents du travail, en liaison avec l’article 18 de la loi du 3 juillet 1978 et les principes régissant le cumul de responsabilités », R.G.A.R., 1984, no 10.182(7) ; J.-L. Fagnart, « Responsabilité et relation de travail », Orientations, 1988, p. 98 ; H. Hoen, « L’article 18 de la loi du 3 juillet 1978 relative aux contrats de travail et la responsabilité civile suivant les articles 1382 à 1384 du code civil », op. cit., p. 241.

    ²⁸ Cass., 24 décembre 1980, Pas., 1981, I, p. 467 : dans le cas d’espèce, le travailleur rentrait chez lui après avoir pris part à une réunion de travail.

    ²⁹ Cass., 25 juin 1986, J.T., 1987, p. 197 : dans le cas d’espèce, un travailleur covoiturait ses collègues pour se rendre au travail et un accident est survenu durant le trajet « sur le chemin du travail » ; Cass., 26 octobre 1992, J.T.T., 1993, p. 261 : dommage causé dans la phase précontractuelle ; voy. toutefois Cass., 24 décembre 1980, Pas., 1981, I, p. 467.

    ³⁰ C. trav. Liège, 13 mai 2008, R.G. no 8.408/2007, disponible sur www.juridat.be ; C. trav. Liège, 17 janvier 2002, R.G. no 28.778/00, disponible sur www.juridat.be.

    ³¹ Cass., 7 mai 1996, J.T., 1996, p. 657 ; C. trav. Liège, 17 janvier 2002, Chron. D.S., 2003, p. 260 ; C. trav. Liège, 17 janvier 1992, Chron. D.S., 2003, p. 260.

    ³² Trib. trav. Anvers, 18 mai 2001, Juristenkrant, 2001, liv. 34, p. 12 et note critique de F. Dorssemont.

    ³³ Cass., 17 juin 1986, R.W., 1986-1987, p. 214.

    ³⁴ M. Lauvaux, « La responsabilité civile des travailleurs », op. cit., p. 6.

    ³⁵ R. Capart et M. Strongylos, « La responsabilité civile des travailleurs », op. cit., p. 376.

    ³⁶ C. trav. Liège, 27 novembre 2001, inéd., R.G. no 6.766/00 ; C. trav. Liège, 24 février 1994, R.R.D., 1994, p. 258 ; Trib. trav. Mons, 18 décembre 2000, J.T.T., 2001, p. 262.

    ³⁷ M. Lauvaux, « La responsabilité civile des travailleurs », op. cit., pp. 6 et 7 et notes ; voy. également la contribution de J.-P. Cordier et P. Brasseur reprise au présent ouvrage concernant la responsabilité civile et pénale du travailleur salarié et de l’employeur en cas de harcèlement moral.

    ³⁸ M. Lauvaux, « La responsabilité civile des travailleurs », op. cit., p. 4 ; R. Capart et M. Strongylos, « La responsabilité civile des travailleurs », op. cit., p. 387.

    ³⁹ Voy. sur la notion du dol général : N. Colette-Basecqz et F. Lambinet, « L’élément moral des infractions », in F. Lambinet (coord.), L’élément moral en droit : une vision transversale, Conférence du Jeune barreau de Namur, Limal, Anthemis, 2014, pp. 26 et s.

    ⁴⁰ H. De Page, Traité élémentaire de droit civil belge, t. II, Bruxelles, Bruylant, 585, no 591bis ; F. Lagasse et M. Milde, « La responsabilité du travailleur », Orientations, 1993, p. 61 ; Trib. trav. Namur, 15 avril 1991, R.R.D., 1991, p. 330 ; C. trav. Mons, 17 septembre 1997, J.T.T., 1998, p. 235 ; C. trav. Anvers, 20 décembre 1999, Orientations, 2000, cahier central, p. 4 ; Anvers, 30 mai 2000, R.G.D.C., 2000, p. 626 ; Bruxelles, 9 novembre 2001, J.T., 2002, p. 167 ; Corr. Liège, 20 septembre 2004, J.L.M.B., 2004, p. 1392 ; C. trav. Bruxelles, 18 février 2008, J.T.T., 2008, p. 421. Notons que la notion de faute lourde au sens de l’article 18 diffère de celle définie par la loi du 25 juin 1992 sur le contrat d’assurance terrestre et permettant à l’assureur de s’exonérer de son intervention. Dans ce cas précis, la faute lourde est définie comme étant le fait dont les conséquences ne sont pas voulues, mais qui dénote une imprudence telle que l’assuré savait ou aurait dû savoir qu’il entraînerait une aggravation du risque par rapport aux prévisions du contrat.

    ⁴¹ M. Lauvaux, « La responsabilité civile des travailleurs », op. cit., 2005, p. 4.

    ⁴² B. Dubuisson, « Les immunités civiles ou le déclin de la responsabilité individuelle : coupables mais pas responsables », in Droit de la responsabilité. Marceaux choisis, CUP, vol. 68, Bruxelles, Larcier, 2004, p. 108 ; C. trav. Anvers, 11 octobre 1993, R.D.S., 1993, p. 431 ; Corr. Liège, 20 septembre 2004, J.L.M.B., 2004, p. 1392 ; C. trav. Bruxelles, 18 février 2008, J.T.T., 2008, p. 421 ; C. trav. Bruxelles, 22 novembre 2010, J.T.T., 2011, p. 221.

    ⁴³ R. Capart et M. Strongylos, « La responsabilité civile des travailleurs », op. cit., p. 388 ; Cass., 14 janvier 2001, Pas., 1991, I, p. 437 ; Civ. Nivelles, 28 mars 2003, R.G.A.R., 2004, no 13.864 ; C. trav. Liège, 12 janvier 2010, R.G. no 8.754/2009, www.juridat.be ; C. trav. Gand, 12 mai 2014, J.T.T., 2014, p. 320, à propos de l’utilisation du G.S.M. de l’entreprise principalement pour appeler des « lignes astrologiques » dont le coût est élevé.

    ⁴⁴ Corr. Liège, 20 septembre 2004, J.L.M.B., 2004, p. 1392 ; C. trav. Bruxelles, 18 février 2008, J.T.T., 2008, p. 421.

    ⁴⁵ V. Vannes, Le contrat de travail : aspects théoriques et pratiques, op. cit., p. 369.

    ⁴⁶ C. trav. Liège, 16 février 1998, inéd., R.G. no 22.754/94 ; Corr. Tournai, 16 février 2007, J.L.M.B., 2008, p. 615.

    ⁴⁷ C. trav. Gand, 13 novembre 2000, R.G. no 99/405, disponible sur www.juridat.be ; C. trav. Liège, 24 février 1994, R.R.D., 1994, p. 258 – l’incompétence d’un travailleur doit être supportée par l’employeur sauf si celle-ci a été cachée lors du recrutement.

    ⁴⁸ Corr. Termonde, 13 novembre 2007, C.R.A., 2008, p. 169 ; C. trav. Liège, 19 avril 1983, J.T.T., 1984, p. 97 – concernant un chauffeur de poids lourd, professionnel de la conduite, jugé plus sévèrement en cas d’accident.

    ⁴⁹ M. Lauvaux, « La responsabilité civile des travailleurs », op. cit., 2005, pp. 4 et 5 ; R. Capart et M. Strongylos, « La responsabilité civile des travailleurs », op. cit., pp. 388 et 389.

    ⁵⁰ Cass., 17 octobre 1960, Pas., 1961, I, p. 176 ; Corr. Liège, 20 septembre 2004, J.L.M.B., 2004, p. 1392 ; C. trav. Bruxelles, 18 février 2008, J.T.T., 2008, p. 421.

    ⁵¹ C. trav. Mons, 17 septembre 1997, J.T.T., 1998, p. 235 ; C. trav. Bruxelles, 18 février 2008, J.T.T., 2008, p. 421 ; C. trav. Bruxelles, 22 novembre 2010, J.T.T., 2011, p. 221.

    ⁵² C. trav. Liège, 17 novembre 1981, J.T.T., 1982, p. 272 ; C. trav. Liège, 19 avril 1983, J.T.T., 1984, p. 97 ; Corr. Tournai, 16 février 2007, J.L.M.B., 2008, p. 615.

    ⁵³ Voy. pour plus d’applications W. van Eeckhoutte et V. Neuprez, Compendium social 13’-14’, Droit du travail, op. cit., pp. 848 à 850 ; V. Vannes, Le contrat de travail : aspects théoriques et pratiques, op. cit., p. 367.

    ⁵⁴ Trib. trav. Bruxelles, 19 novembre 2002, inéd., R.G. no 29.641/02.

    ⁵⁵ V. Vannes, Le contrat de travail : aspects théoriques et pratiques, op. cit., p. 367.

    ⁵⁶ Bruxelles, 24 décembre 1992, R.D.C.B., 1995, p. 208 et note T. Vansweevelt.

    ⁵⁷ C. trav. Liège, 23 décembre 1997, R.G.A.R., 1999, no 13.168.

    ⁵⁸ C. trav. Mons, 18 janvier 1991, inéd., R.G. no 9.689.

    ⁵⁹ Trib. trav. Mons, 18 décembre 2000, J.T.T., 2001, p. 262.

    ⁶⁰ C. trav. Anvers, 11 octobre 1993, Chron. D.S., 1994, p. 354.

    ⁶¹ Trib. trav. Bruxelles, 3 février 1986, Jur. trav. Brux., 1986, p. 147.

    ⁶² C. trav. Liège, 23 avril 1998, inéd., R.G. no 23.777/95.

    ⁶³ Voy. pour plus d’applications W. van Eeckhoutte et V. Neuprez, Compendium social 13’-14’, Droit du travail, op. cit., pp. 848 à 850.

    ⁶⁴ Corr. Tournai, 16 février 2007, J.L.M.B., 2008, p. 615.

    ⁶⁵ C. trav. Liège, 6 novembre 1984, R.R.D., 1985, p. 388 ; C. trav. Liège, 5 mai 1987, J.T.T., 1988, p. 101 ; Trib. trav. Mons, 18 décembre 2000, J.T.T., 2001, p. 262.

    ⁶⁶ C. trav. Anvers, 4 décembre 1990, R.D.S., 1992, p. 117.

    ⁶⁷ C. trav. Liège, 27 novembre 2001, inéd., R.G. no 6.766/00.

    ⁶⁸ Trib. trav. Mons, 10 mars 1975, J.T.T., 1975, p. 222 ; Corr. Liège, 24 mai 1982, R.G.A.R., 1983, no 10.634. Voy. en sens contraire, C. trav. Anvers, 18 avril 1985, R.D.S., 1986, p. 201.

    ⁶⁹ C. trav. Liège, 21 octobre 1982, J.L.M.B., 1983, p. 406.

    ⁷⁰ C. trav. Liège, 1er mars 2011, R.G. no 2009/AN/8835, disponible sur www.juridat.be.

    ⁷¹ C. trav. Bruxelles, 22 novembre 2005, J.T.T., 2006, p. 218 ; C. trav. Bruxelles, 18 février 2008, J.T.T., 2008, p. 421 ; C. trav. Bruxelles, 22 novembre 2010, J.T.T., 2011, p. 221.

    ⁷² R. Capart et M. Strongylos, « La responsabilité civile des travailleurs », op. cit., p. 390.

    ⁷³ C. trav. Liège, 13 mai 2008, R.G. no 8.408/07, disponible sur www.juridat.be.

    ⁷⁴ C. trav. Mons, 5 mars 2001, R.G. no 14.743, disponible sur www.juridat.be.

    ⁷⁵ C. trav. Liège, 13 décembre 2007, inéd., R.G. no 8.314/2007.

    ⁷⁶ Trib. trav. Dinant, 16 juin 1989, R.R.D., 1989, p. 576.

    ⁷⁷ Trib. trav. Audenarde, 8 février 2005, inéd., R.G. no 22.673.

    ⁷⁸ C. trav. Bruxelles, 10 décembre 1986, Jur. trav. Brux., 1987, p. 40 ; C. trav. Anvers, 11 octobre 1993, Chron. D.S., 1994, p. 431 ; C. trav. Gand, 12 septembre 1997, T.G.R., 1997, p. 261 ; C. trav. Mons, 17 septembre 1997, J.T.T., 1998, p. 235.

    ⁷⁹ V. Vannes, Le contrat de travail : aspects théoriques et pratiques, op. cit., p. 370 ; R. Capart et M. Strongylos, « La responsabilité civile des travailleurs », op. cit., p. 392.

    ⁸⁰ C. trav. Liège, 15 février, 1999, Chron. D.S., 1999, p. 400, obs. J. Jacqmain.

    ⁸¹ M. Lauvaux, « La responsabilité civile des travailleurs », op. cit., 2005, p. 6 ; W. van Eeckhoutte et V. Neuprez, Compendium social 13’-14’, Droit du travail, op. cit., p. 846.

    ⁸² J.-L. Fagnart, « La responsabilité dans les relations de travail », in Le contrat de travail, dix ans après la loi du 3 juillet 1978, Story-Scientia, 1988, p. 179.

    ⁸³ B. Dubuisson, « La loi du 10 février 2003 relative à la responsabilité civile des personnes publiques et de leurs agents », J.T., 2003, p. 510.

    ⁸⁴ V. Vannes, Le contrat de travail : aspects théoriques et pratiques, op. cit., p. 370 ; M. Taquet, « La loi du 4 mars 1954, modifiant et complétant la loi du 10 mars 1900 sur le contrat de travail », J.T., 1954, p. 454 ; Corr. Nivelles, 16 mai 1980, R.G.A.R., 1981, no 10.308, note M. Mathieu ; Trib. trav. Namur, 15 avril 1991, R.R.D., 1991, p. 330.

    ⁸⁵ Doc. parl., Sénat, sess. 1953-1954, Rapport de la Commission du Travail et de la Prévoyance sociale, no 170, p. 15 ; V. Vannes, Le contrat de travail : aspects théoriques et pratiques, op. cit., p. 370 ; M. Lauvaux, « La responsabilité civile des travailleurs », op. cit., 2005, p. 6 ; W. van Eeckhoutte et V. Neuprez, Compendium social 13’-14’, Droit du travail, op. cit., p. 846.

    ⁸⁶ C. trav. Bruxelles, 22 novembre 2005, J.T.T., 2006, p. 218.

    ⁸⁷ J.P. Ostende, 25 janvier 1991, R.W., 1994-1995, p. 201.

    ⁸⁸ Trib. trav. Bruxelles, 2 mai 2000, R.G. no 99/93.534, www.juridat.be.

    ⁸⁹ Civ. Bruges, 5 octobre 1992, T.V.B.R., 1992, p. 167.

    ⁹⁰ C. trav. Liège, 6 novembre 1984, R.D.S., 1985, p. 388 ; C. trav. Liège, 12 février 1992, J.T.T., 1992, p. 454 ; C. trav. Liège, 24 février 1994, R.R.D., 1994, p. 258.

    ⁹¹ C. trav. Mons, 19 avril 1990, J.T.T., 1990, p. 426 ; C. trav. Liège, 15 février 1999, Chron. D.S., 1999, p. 400.

    ⁹² C. trav. Anvers, 20 décembre 1990, Orientations, 2000, cahier central, p. 4.

    ⁹³ Cass., 1er juin 1992, J.T.T., 1992, p. 311 ; C. trav. Liège, 8 novembre 1996, J.T.T., 1997, p. 283 ; C. trav. Mons, 4 janvier 1994, J.T.T., 19994, p. 267.

    ⁹⁴ C. trav. Liège, 12 février 1992, J.T.T., 1992, p. 454.

    ⁹⁵ Trib. trav. Anvers, 14 février 1973, R.W., 1973-1974, 329.

    ⁹⁶ C. trav. Bruxelles, 3 octobre 2006, J.T.T., 2007, p. 81 ; C. trav. Anvers, 4 décembre 1990, R.D.S., 1992, p. 117 ; C. trav. Bruxelles, 11 septembre 1984, Jur. trav. Brux., 1985, p. 50.

    ⁹⁷ C. trav. Liège, 15 février 1999, Chron. D.S., 1999, p. 400, obs. J. Jacqmain ; C. trav. Liège, 24 février 1994, R.R.D., 1994, p. 258 ; C. trav. Liège, 6 septembre 1984, J.T.T., 1985, p. 245.

    ⁹⁸ Mons, 13 janvier 2000, Rev. dr. santé, 2000-2001, p. 379.

    ⁹⁹ C. trav. Liège, 16 mars 1982, J.T.T., 1982, p. 374, note C.W.

    ¹⁰⁰ C. trav. Mons, 4 janvier 1994, J.T.T., 1994, p. 267.

    ¹⁰¹ C. trav. 18 novembre 1996, J.T.T., 1997, p. 283.

    ¹⁰² C. trav. Liège, 20 avril 2005, Chron. D.S., 2007, p. 401. La cour y relève que l’article 18 ne constitue pas une disposition d’ordre public, n’étant ni une disposition visant à protéger l’intérêt général, ni une disposition visant à protéger un intérêt privé dont le non-respect serait de nature à porter atteinte à l’ordre public, citant Cass., 7 décembre 1999, Pas., 1999, I, p. 666.

    ¹⁰³ Voy. M. Jourdan et S. Remouchamps, Accident (sur le chemin) du travail : responsabilité et subrogation légale, Études pratiques de Droit social, Waterloo, Kluwer, 2013 (plus particulièrement concernant les relations de travail tripartites, pp. 32 à 34).

    ¹⁰⁴ Sur la notion de préposé, voy. ibid., pp. 13 et s.

    ¹⁰⁵ Y. Jorens, « 100 ans de législation sur les accidents du travail. L’immunité de l’employeur lors d’accidents du travail : une analyse de droit comparatif », R.B.S.S., 2004, p. 554 ; N. Simar, « Le recours de l’assureur-loi : au carrefour des règles de la responsabilité et de la réparation du dommage », in J.-L. Fagnart (dir.), 1903-2003. Accidents du travail : cent ans d’indemnisation, Bruxelles, Bruylant, 2003, pp. 228 et s.

    ¹⁰⁶ M. Goldfays et M.-N. Vanderhoven, « La mise à disposition de travailleurs », J.T.T., 2001, pp. 421 à 428, et spécialement p. 423.

    ¹⁰⁷ Loi du 24 juillet 1987 sur le travail temporaire, le travail intérimaire et la mise de travailleurs à disposition, M.B., 20 août 1987.

    ¹⁰⁸ M. Jourdan et S. Remouchamps, Accident (sur le chemin) du travail : responsabilité et subrogation légale, op. cit., pp. 13 et s. ; P. Moreau, « L’immunité en accidents du travail à la suite de l’arrêt de la Cour d’arbitrage du 11 mai 2005 », R.G.A.R., 2005, p. 14053 ; C. const., 11 mai 2005, arrêt no 88/2005, Chron. D.S., 2006, p. 55.

    La responsabilité civile des agents statutaires des personnes publiques

    Pierre Joassart

    Assistant à l’U.C.L. et à l’U.L.B.

    Avocat au barreau de Bruxelles

    Pauline Knaepen

    Assistante à l’U.C.L.

    Avocate au barreau de Bruxelles

    Propos liminaires

    1. Les articles 1382 et 1383 du Code civil énoncent l’un des principes directeurs du droit civil : toute personne qui commet une faute occasionnant un dommage à autrui est tenue de réparer l’intégralité de ce dommage, et ce quelle que soit la gravité de la faute commise¹.

    Ce principe cardinal souffre toutefois certaines exceptions. Il arrive en effet que l’auteur de la faute ne soit pas tenu de réparer le dommage causé par sa faute. Il y alors lieu de parler « d’immunité de responsabilité ».

    L’article 18 de la loi du 3 juillet 1978 relative aux contrats de travail crée une immunité de responsabilité civile au profit du travailleur² lié par un contrat de travail lorsqu’il commet, dans le cadre de l’exécution de ce contrat³, une faute légère à caractère accidentel causant un dommage à un tiers ou à son employeur⁴. En cela, l’article 18 de la loi du 3 juillet 1978 instaure un régime dérogatoire au droit commun de la responsabilité civile⁵.

    Ainsi, le travailleur engagé dans les liens d’un contrat de travail ne répond que de son dol, de sa faute lourde⁶ et de sa faute légère lorsqu’elle revêt un caractère habituel⁷-⁸.

    2. Cette immunité de responsabilité civile instaurée par l’article 18 de la loi du 3 juillet 1978 bénéficie à toute personne occupée dans les liens d’un contrat de travail, peu importe la nature privée ou publique de l’employeur⁹.

    À l’inverse, les agents statutaires ne se voient pas accorder cette immunité de responsabilité.

    En effet, l’article 1er de la loi du 3 juillet 1978 énonce :

    « La présente loi règle les contrats de travail d’ouvrier, d’employé, de représentant de commerce et de domestique.

    Elle s’applique aussi aux travailleurs visés à l’alinéa 1er occupés par l’État, les provinces, les agglomérations, les fédérations de communes, les communes, les établissements publics qui en dépendent, les organismes d’intérêt public et les établissements d’enseignement libre subventionnés par l’État, qui ne sont pas régis par un statut. »

    La loi du 3 juillet 1978 ne régit donc pas les relations existant entre l’employeur public et les personnes qu’il occupe sous statut¹⁰.

    3. Dans le cadre de la présente contribution, nous analyserons les principes régissant la responsabilité civile des agents statutaires occupés par les personnes publiques. La loi du 10 février 2003 relative à la responsabilité des et pour les membres du personnel au service des personnes publiques a bouleversé cette matière.

    Nous aborderons, à plusieurs reprises au cours de cette contribution, le contenu de l’article 18 de la loi du 3 juillet 1978. Nous nous focaliserons toutefois sur les agents statutaires et non sur les contractuels. Pour une étude à ce sujet, nous invitons le lecteur à consulter les développements de S. Toussaint dans le présent ouvrage.

    Nous n’examinerons pas non plus les questions relatives à la responsabilité des personnes publiques du fait de leurs « agents »¹¹.

    Le tableau qui suit permet de rappeler les différentes hypothèses de responsabilités et les dispositions applicables. Les cases grisées ne seront pas examinées par la présente étude.

    4. Nous étudierons, dans un premier temps, les principes régissant la responsabilité civile des membres du personnel au service de la personne publique (section 1).

    Dans un second temps, nous aborderons les règles applicables à la responsabilité civile des organes des personnes publiques (section 2).

    Section 1

    La responsabilité civile des membres du personnel au service d’une personne publique

    Sous-section 1

    La situation antérieure à l’entrée en vigueur de la loi du 10 février 2003

    5. Avant l’entrée en vigueur de la loi du 10 février 2003, le membre du personnel statutaire au service d’une personne publique était susceptible de voir sa responsabilité civile engagée, quelle que soit la nature de la faute commise. Il était ainsi appelé à répondre de sa faute légère revêtant un caractère occasionnel.

    6. En vertu du principe de coexistence de responsabilités, il était loisible pour la victime d’agir, soit contre la personne publique, soit contre le membre du personnel, soit encore d’engager la responsabilité des deux.

    Par ailleurs, dans l’hypothèse où la victime s’était adressée à la personne publique, cette dernière pouvait exercer ensuite une action récursoire contre son membre du personnel, et ce alors même que ce dernier n’avait commis qu’une faute légère accidentelle¹².

    7. Le membre du personnel au service de la personne publique bénéficiait dès lors d’un régime moins favorable que les travailleurs contractuels employés au sein d’une personne publique ou privée.

    8. Ce constat doit toutefois être nuancé. En effet, certaines catégories d’agents statutaires bénéficient, de longue date, d’une immunité de responsabilité comparable à celle mise en place par l’article 18 de la loi du 3 juillet 1978. Il s’agit notamment des policiers et des militaires. L’article 48 de la loi sur la fonction de police¹³ prévoit que les fonctionnaires de police¹⁴ ne répondent que de leur faute intentionnelle, de leur faute lourde et de leur faute légère qui présente un caractère habituel¹⁵. L’exonération de responsabilité concerne tant les dommages causés à l’État, à la commune qu’aux tiers. Concernant les militaires, l’article 92 de la loi du 20 mai 1994 relative aux statuts du personnel de la Défense¹⁶ prévoit le même régime d’exonération de responsabilité que celui applicable aux policiers.

    Sous-section 2

    Les arrêts préjudiciels de la Cour constitutionnelle

    9. C’est à la suite de trois arrêts de la Cour constitutionnelle¹⁷ prononcés sur question préjudicielle que le législateur a été incité à adopter la loi du 10 février 2003¹⁸.

    Dans le cadre de ces arrêts exposés ci-après, la Cour constitutionnelle a épinglé deux sources de discrimination.

    La première source de discrimination provenait du fait que le membre du personnel au service d’une personne publique engagé dans les liens d’un contrat de travail bénéficiait d’une immunité de responsabilité civile le mettant à l’abri d’un recours exercé par la victime lorsque la faute commise était légère et accidentelle. Le membre du personnel statutaire occupé par cette même personne publique ne bénéficiait quant à lui d’aucune immunité, de sorte qu’il devait répondre de toute faute, quelle que soit sa gravité (B et C).

    La seconde source de discrimination découlait de la première. En effet, alors que l’immunité de responsabilité civile dont bénéficie le membre du personnel engagé sous contrat de travail empêche la personne publique d’exercer

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