Discover millions of ebooks, audiobooks, and so much more with a free trial

Only $11.99/month after trial. Cancel anytime.

L'enfant maudit
L'enfant maudit
L'enfant maudit
Ebook85 pages1 hour

L'enfant maudit

Rating: 0 out of 5 stars

()

Read preview

About this ebook

L’Enfant maudit, Roman Jeanne Arnault est internée depuis quinze ans dans un hôpital psychiatrique. Antoine Avempace, docteur en psychologie, souhaite écrire sa biographie afin de comprendre les raisons qui ont poussé cette jeune femme au meurtre. Mais petit à petit, le doute s'installe. Et si elle était innocente ? Ce roman est avant tout un hommage à l'enfance et un hymne à l'amour.
LanguageFrançais
Release dateFeb 11, 2016
ISBN9782312010274
L'enfant maudit

Read more from Sandrine Lefebvre Reghay

Related to L'enfant maudit

Related ebooks

General Fiction For You

View More

Related articles

Reviews for L'enfant maudit

Rating: 0 out of 5 stars
0 ratings

0 ratings0 reviews

What did you think?

Tap to rate

Review must be at least 10 words

    Book preview

    L'enfant maudit - Sandrine Lefebvre-Reghay

    cover.jpg

    L’enfant maudit

    Sandrine Lefebvre-Reghay

    L’enfant maudit

    LES ÉDITIONS DU NET

    22, rue Édouard Nieuport 92150 Suresnes

    © Les Éditions du Net, 2013

    ISBN : 978-2-312-01027-4

    Avant-Propos

    Ce roman est le résultat d’un long cheminement intérieur.

    La seule prétention de cet ouvrage est peut être de vouloir crier haut et fort que nous, adultes bien pensants, n’avons pas le droit de saccager des êtres qui représentent notre avenir, notre seule raison de vivre, et même notre seul exemple d’Innocence et d’amour.

    Dans cet esprit, je le dédie à tous les enfants d’ici et d’ailleurs, à tous ceux dont les souffrances sont muettes, aux petits bouts abandonnés, battus, affamés, décimés par les guerres… À tous ceux-là, mais aussi aux autres.

    Je le dédie également et, dans mon devoir de mémoire, à tous ces enfants connus ou inconnus des camps de concentration hitlériens. A ceux-là qui ont vécu l’horreur la plus totale, la démence humaine dans toute sa splendeur, je me devais de rendre un hommage particulier.

    Enfin, j’offre en héritage ce petit bout de vie à Sarah, Yanis, Meriem, Lyna et Aya, mes enfants que j’aime passionnément et qui, par leur métissage et leur religion, doivent parfois subir les affronts et le racisme.

    L’enfance,

    Qui peut nous dire quand ça finit?

    Qui peut nous dire quand ça commence?

    Jacques BREL

    Chapitre I

    … Il parait que ce jour-là, le printemps s’éveillait enfin. Une pluie fine battait à un rythme régulier et doux les vitres de la pièce. Un vent espiègle brassait l’air tranquille avec d’infinies précautions.

    Quand ma grand-mère m’a vue pour la première fois, elle s’est exclamée :

    « Qu’elle est laide ! »

    Il est vrai qu’un enfant est laid à la naissance. Il est joufflu ou squelettique plein de liquide amniotique qui s’incruste dans ses cheveux. Un enfant à la naissance est un moribond affreux et revanchard de cette extraction soudaine qu’il n’a pas toujours voulue; une chose que l’on ne sait par quel bout prendre et que l’on ne comprend pas.

    J’ai toujours été fascinée par ces hypocrites qui vous rendent visite à la maternité en se mettant à gazouiller comme des débiles, en jurant qu’il vous ressemble ou qu’il a bien des airs de son père.

    « Oh, ce qu’il est beau ! »

    L’affreux petit canard s’est à peine remis du passage du col qui l’a rendu violacé qu’il est déjà l’objet de la plus grosse arnaque des mots.

    Ma grand-mère, elle, a dit la vérité.

    Les mères ne s’attardent pas sur ces détails. L’instinct a pris le dessus. C’est leur chose, leur création qu’elles exposent à qui voudra, sans pudeur aucune. Enfin, quand elles ont l’instinct !

    Apparemment, la mienne ne l’avait pas. Elle était comme étrangère à tout ce qui se passait autour d’elle, hermétique au monde qui l’entourait. Personne n’était capable de dire ce qu’elle pensait réellement, ce qu’elle voulait. Le savait-elle au reste? Coincée entre sa libido et ses désirs qu’elle était incapable d’exprimer, c’était un cadavre joliment enveloppé, inculquant, à qui le souhaitait, caresses et volupté. Une ombre qui dans le monde libertin de Sade eut été élue reine, mais inexistante dans le monde des idées.

    C’est dans cet univers que j’ai commencé ma vie.

    « Bonjour monsieur. »

    « Au revoir monsieur. »

    Et mon père toujours absent ! Où est-il ? Au travail ! Il doit être très important son travail. Je ne le vois jamais sauf quelques matins où je me lève, la nuit toujours aussi noire, pour tremper un sucre dans son café fumant. Comme à l’accoutumée il ira dans la cuisine, tâtonnera au-dessus du frigo pour trouver le porte-monnaie de maman. Il y prendra les quelques sous qu’il lui aura donnés la veille, puis se sauvera comme le voleur qu’il était, sans avoir omis de me baiser rapidement le front.

    Et comme à l’accoutumée, maman comptera le soir chaque centime chez le boucher à côté du Leclerc, pour acheter à ses deux petites larves la moitié d’un bifteck.

    Un jour, il n’y a plus eu de sucre dans le café du matin. L’absent, comme j’aimais à l’appeler, ne rentra plus tard le soir. Était-il mort ? Personne n’abordait le sujet devant nous.

    Mon jumeau, beaucoup plus détaché des choses, ne se posait pas de questions. Il mangeait, dormait, allait à l’école… Bref ! Il vivait sa vie. Qu’avait-il à faire d’autre ce petit bout de rien qui pendant bien longtemps a été plus petit que moi ? Il paraissait si fragile et pourtant si décidé dans tout ce qu’il faisait ! J’aimais puissamment ce petit être, mon penchant naturel de justice sans doute. Lorsque ma mère le frappait, tant et si fort que je me demandais s’il en réchapperait, je me tapais la tête à répétition sur le mur de ma chambre jusqu’à ce que ses cris soient moins perçants et que ma mère soit sortie de la sienne. Alors je me faufilais discrètement près de lui. Son petit corps sanglotant vibrait au rythme des spasmes qu’il n’arrivait pas à étouffer. Je ne savais que faire et nous restions là, côte à côte, sans mot dire.

    Oui, il tenait le coup, tenace, semblable à la mauvaise herbe qu’on tente d’éradiquer, mais qui ne s’avoue jamais vaincue. Remarquez bien comme elle repousse toujours à la même place ; écoutez maugréer le maître du temple des sens. Mon frère était de cette graine-là, égal au roseau de la Fontaine. Ce sera un gagnant plus tard. Tout est dans le non dit, la discrétion et le courage

    Enjoying the preview?
    Page 1 of 1