Mes premiers pas en économie
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Mes premiers pas en économie - Gérard Lecouturier
Mes premiers pas
en économie
Gérard Lecouturier
Mes premiers pas
en économie
L’État décide quoi, comment, pourquoi ?
LES ÉDITIONS DU NET
22, rue Édouard Nieuport 92150 Suresnes
© Les Éditions du Net, 2015
ISBN : 978-2-312-03526-0
Sommaire
Sommaire
Introduction
Définitions
A. définition de l’économie
B. définition de l’économie politique
a) L’autoconsommation
b) Dévalorisation de certaines activités humaines
c) L’économie : une science
Les biens et les besoins
A. les besoins
B. les biens
Flux réels et flux monétaires
Les ménages et les entreprises
A. les ménages
B. les entreprises
C. l’interdépendance ménages/entreprises
L’économie de marché
Les pouvoirs publics
A. les pouvoirs publics et les prix
B. autre domaine d’intervention des pouvoirs publics
C. les pouvoirs publics et les taxes
D. qui sont les pouvoirs publics ?
E. les pouvoirs publics et les impôts et taxes payés par les entreprises
F. les pouvoirs publics et les cotisations sociales versées par les entreprises
G. les pouvoirs publics et les impôts et taxes payées par les ménages
H. les pouvoirs publics et les cotisations sociales payées par les ménages
Les pouvoirs publics : leurs ressources
A. l’état
a) Définition de l’État
b) Les impôts et taxes
c) Les impôts et taxes perçus par l’État pour les pouvoirs publics
B. les organismes sociaux
a) Mode de fonctionnement des organismes sociaux
b) Cotisations versées à l’Urssaf
c) Cotisations à Pôle emploi (versées à l’Urssaf)
d) Cotisations versées aux caisses de retraites complémentaires
e) Montant des cotisations sociales pour les salariés et les entreprises
f) Équilibre ressources / dépenses
C. les autres pouvoirs publics
a) Sommes versées par l’État
b) Leurs autres ressources
Les pouvoirs publics : leurs dépenses
A. l’état
a) Budget de l’État
b) Répartition des recettes
c) Les dépenses de l’État
I. Dépenses liées à leur propre fonctionnement
II. Dépenses productives de l’État
III. L’État-entreprise : recettes ou dépenses ?
IV. Dépenses incitatives ciblées
d) Les organismes sociaux
I. Dépenses de fonctionnement et d’investissement
II. Les dépenses liées à la redistribution
B. les autres pouvoirs publics
a) Dépenses liées à leur propre fonctionnement
b) Dépenses productives
c) Se transforment-ils comme l’État en État-entreprise
d) Les dépenses incitatives
e) Les dépenses d’aide sociale
I. L’aide sociale à la charge des collectivités territoriales
II. Les autres aides des collectivités territoriales
III. L’aide sociale à la charge de l’État
IV. Le RSA
Augmentation des impôts, des taxes, des cotisations sociales, bienfait ou méfait ?
A. rôle de l’état
a) Rôle économique
b) Rôle régulateur
c) Rôle social
B. « pas d’état du tout » et « trop d’état »
a) Le poids de l’État dans la société libérale
b) Conséquences pour les entreprises
c) Les impôts et cotisations sociales
d) Pourquoi l’État ne ferme-t-il pas nos frontières ?
e) Conséquences pour les ménages
f) Comment réduire le déficit des organismes sociaux
I. Augmenter les recettes
II. Diminuer les dépenses
III. Transférer des dépenses dans le budget de l’État
IV. L’État apporte de l’argent
V. Une voie « humaniste » pour résorber les déficits chroniques
C. « trop d’état est nuisible »
a) Rôle économique
b) Rôle régulateur
c) Rôle social
I. Réduire les inégalités par le biais de l’impôt
II. La protection sociale
D. Pas d’état du tout est fatal
a) Rôle économique
I. Les entreprises
II. Les ménages
b) Rôle régulateur
c) Rôle social
I. Réduire les inégalités par le biais de l’impôt,
II. La protection sociale
III. Bienfaits économiques du rôle social de l’État
IV. Les bienfaits économiques de l’accès aux soins
V. Le choix des consommateurs ou la consommation des ménages
Les institutions financières
A. les ménages
B. les entreprises
a) Groupes d’entreprises
b) Types d’entreprises
c) Formes d’entreprises
d) La valeur ajoutée
C. l’état
D. les institutions financières : leurs ressources et leurs emplois propres
a) Autres revenus : (liste non exhaustive)
I. Prise de participation au capital des entreprises
II. Prestations de services
b) Leurs emplois propres
E. besoin de financement des ménages
a) Les dépenses courantes
b) Les dépenses exceptionnelles
F. besoin de financement des entreprises
a) Les charges courantes
b) Les charges exceptionnelles (les investissements)
G. Leur rôle économique
a) Les ménages
b) Les entreprises
c) L’État
H. la bourse
a) Le marché des actions
b) Le marché des obligations
La monnaie
A. les formes de la monnaie
a) Un peu d’histoire
b) La monnaie scripturale
B. la création monétaire
C. la banque de france
a) Son rôle dans la création monétaire
b) La politique monétaire
I. La stabilité monétaire
II. Politique des taux d’intérêts
D. politique de la baisse de l’euro
Les relations avec l’extérieur
A. solde du commerce extérieur de la France
a) Les exportations
b) Les importations
B. les institutions financières et l’extérieur
a) La concentration financière
b) L’unification financière
c) L’internationalisation du financement
Conclusion
Introduction
« L’avenir immédiat demeure totalement imprévisible. »
Cette phrase de Maurice Allais, prix Nobel d’économie en 1988 résume bien la situation d’aujourd’hui.
Les économistes, les hommes politiques sont en plein désarroi. Les théories économiques elles-mêmes, de l’ultra-libéralisme au communisme ne tiennent plus.
Aujourd’hui il ne suffit plus de se réclamer d’un dogme pour croire ou faire croire que tout va rentrer dans l’ordre.
L’économie qui s’est internationalisée est de plus en plus complexe et pour résoudre les problèmes actuels (essentiellement le chômage et tout ce qui en découle), il faudra faire preuve de créativité et d’imagination plutôt que de recourir à la science économique. La voie est plus ouverte aux pragmatistes qu’aux théoriciens.
Cet ouvrage de vulgarisation ne nécessite aucune connaissance particulière et il est accessible à tous. Le langage est le plus simple possible et pas un seul terme économique n’est utilisé sans avoir auparavant été explicité. Ce livre a pour objectif, non pas de proposer des solutions, mais de vous aider à mieux comprendre les problèmes actuels. Au fur et à mesure, vous allez découvrir les différents rouages de l’économie et leur interdépendance. De plus, afin de nourrir votre réflexion, des informations complémentaires vous seront apportées chaque fois que cela est possible compte tenu de l’état d’avancement de vos connaissances. Ainsi, chaque chapitre est abondamment développé et déborde largement le thème initial. Enfin, grâce à cette démarche pédagogique, ce livre a pour ambition de vous permettre de comprendre pour quelle raison l’État a pris telle ou telle décision, mais aussi, pourquoi les décideurs ne sont jamais sûrs du résultat et pourquoi ils ne savent plus comment s’y prendre.
Définitions
A. DÉFINITION DE L’ÉCONOMIE
Mais, au fait, à partir de quel moment peut-on parler d’économie ? Pour vous aider à comprendre, prenons le Larousse et sa définition :
Économie : « Ensemble des activités d’une collectivité humaine, relatives à la production et à la consommation des richesses. »
Éclaircissons un peu cette définition.
En premier lieu, expliquons : « activités d’une collectivité humaine. »
À l’apparition de l’homme sur terre, il est probable qu’il n’y a pas eu immédiatement activité économique. Dans un premier temps, chaque être humain n’a dû penser qu’à sa propre survie en assurant seul, ses besoins vitaux de nourriture. Par contre, dès qu’il est allé chercher la pitance pour plusieurs personnes, il y a eu un début d’activité économique. En effet, lorsqu’il y a plusieurs individus (collectivité humaine), les travaux sont répartis, chacun devant assumer une tâche. À ce niveau, l’activité économique est simple. Celle-ci se résume à un groupe restreint, vivant en autarcie dans des abris naturels et ne cherchant qu’à se nourrir et s’habiller.
Aujourd’hui, l’activité économique s’apprécie dans un cadre mondial riche de près de sept milliards d’individus. Une matière première telle que le pétrole est vendue dans le monde entier. Il en est de même pour des produits fabriqués (les voitures par exemple).
Ensuite, commentons : « relatives à la production et à la consommation de richesses. »
En reprenant l’exemple précédent où l’homme va chercher la pitance pour la collectivité, on peut dire qu’il y a production d’une richesse. Il en est de même pour l’activité des autres membres du groupe ; ces richesses seront consommées par toute la collectivité.
En suivant ce raisonnement, vous devez comprendre que tout ce qui est produit par qui que ce soit (ensemble des activités d’une collectivité humaine) est une richesse.
En conclusion, vous pouvez en déduire que :
– nous avons chacun une activité ;
– nous sommes producteurs et consommateurs à la fois ;
– nous sommes chacun un élément de l’ensemble d’une collectivité humaine.
B. DÉFINITION DE L’ÉCONOMIE POLITIQUE
L’adjonction du mot « politique » mérite une explication.
Le mot « politique » vient du latin « politicus » et du grec « politikos » qui veut dire « de la cité ».
Ainsi dès que nous nous intéressons à la vie de notre cité, de notre commune, nous faisons de la politique.
L’adjectif « politique » est utilisé pour tout ce qui a trait à la cité, au gouvernement de l’État.
Quant à l’économie politique, le Larousse la définit ainsi :
« Science qui étudie les mécanismes réglant la production et la consommation des richesses. »
Il me semble intéressant de comparer cette définition avec la précédente.
Vous constaterez comme moi que la notion « ensemble des activités d’une collectivité humaine » disparaît au profit de la notion « science qui étudie les mécanismes réglant production et consommation ».
Pourquoi ?
Que signifie exactement : « ensemble des activités d’une collectivité humaine. »
Le mieux est de prendre quelques exemples significatifs :
– vous récoltez quelques fruits ou légumes de votre jardin ;
– vous lavez votre linge ;
– vous allez chercher vos enfants à l’école ;
– vous avez une activité au sein d’une association ;
– etc.
Ces différentes activités répondent bien à la définition de l’économie (il y a activité humaine) mais pas à la définition de l’économie politique. En effet, bien qu’elles constituent toutes une richesse, elles se régulent automatiquement sans qu’il soit nécessaire d’en étudier les mécanismes.
Ainsi, l’économie politique ne prend pas en compte toutes les activités ; elle étudie comment peut se réguler la production et la consommation des richesses ayant une valeur marchande.
D’où quelques remarques critiques :
a) L’autoconsommation
La France, de plus en plus citadine, a une autoconsommation agricole en constante régression.
Exemple :
Vous mangez les légumes de votre potager.
Dans l’évaluation de notre richesse nationale, il en est tenu compte mais de façon très empirique. C’est pourquoi, les comparaisons avec le passé (il y a beaucoup moins de jardins potagers privatifs aujourd’hui qu’hier) ou avec d’autres pays (économie fondée sur une multitude de petites exploitations agricoles) ne sont pas complètement fiables.
Si j’étais provocateur, je pourrais dire que plus nous autoconsommons, plus nous mangeons à notre faim mais moins le pays est riche.
Afin d’appuyer mon argumentation, comparons la situation de deux pays :
Dans l’un, chaque famille se nourrit du fruit de sa propre production. Dans ce cas, économiquement la richesse agricole est extrêmement faible (pas de valeur marchande) ;
Dans l’autre, l’autoconsommation est inexistante (il y a des producteurs qui vendent leurs produits à des consommateurs). Dans ce cas, économiquement la richesse agricole sera importante (il y a valeur marchande).
Très surprenant, puisque force est de constater que si l’on est sûr que chez le plus pauvre « économiquement », chacun mange à sa faim, rien ne prouve qu’il en soit de même chez le plus riche « économiquement ».
Si j’ai pris cet exemple paroxysmique, c’est pour bien vous faire comprendre que le mode de calcul d’évaluation de notre richesse n’était pas exempt de tout reproche.
Mais cette remarque pourrait s’appliquer à d’autres exemples :
– vous réparez votre voiture ;
– vous faites des travaux dans votre maison ;
– etc.
b) Dévalorisation de certaines activités humaines
Nous allons voir que l’économie politique n’est pas la seule à négliger certaines richesses. Prenons, par exemple, les éléments pris en compte pour évaluer le patrimoine d’une entreprise. Les experts chargés de cette mission établissent régulièrement un bilan. Ce document synthétique donne, entre autre, le détail de ce que l’entreprise possède.
Ainsi, apparaît successivement :
– les terrains, bâtiments, fonds de commerce ;
– du matériel ;
– divers stocks ;
– diverses créances ;
– des fonds en banque.
Vous remarquerez que cette énumération ne mentionne pas la valeur que représentent les salariés.
Pourquoi ?
Pour les mêmes raisons qu’en économie politique, à savoir que cette richesse n’a pas de valeur marchande. C’est très critiquable mais c’est ainsi. Par contre, lorsqu’un club de football « achète » un joueur, la somme payée apparaît bien dans le patrimoine de l’entreprise.
Cette non-valorisation concerne également les familles, ce qui contribue d’ailleurs à une dévalorisation (en prenant ce mot dans toute son acception) de certaines tâches. En effet, certaines activités qui existent économiquement ne sont pas prises en compte en économie politique (pas de valeur marchande). Je citerai par exemple : les travaux ménagers, s’occuper des enfants, les activités associatives, etc.
Or, il est incontestable que toutes ces tâches font partie intégrante de la richesse d’un pays.
c) L’économie : une science
Par le passé, certains modèles économiques ont contribué à modifier et à augmenter la production de richesses.
Ainsi, Taylor est certainement l’économiste le plus connu puisqu’il est l’initiateur de l’organisation scientifique du travail dont l’une des conséquences fût le travail à la chaîne, que Charles Chaplin a très bien caricaturé dans le film « Les Temps modernes » en 1936.
Le taylorisme a accompagné la révolution industrielle et a permis de produire plus au moindre coût. Il est vrai que ce système d’organisation, en augmentant la production, a contribué à l’augmentation du niveau de vie.
Mais même si le taylorisme fait partie intégrante de l’économie, peut-on dire pour autant qu’elle est une science ?
On peut répondre « oui » si nous nous référons à la définition de ce mot dans le Larousse : « Ensemble organisé de connaissances relatives à certaines catégories de faits ou de phénomènes. »
Toutefois, je suis persuadé que beaucoup d’entre vous estime que le mot « science » induit l’exactitude de la connaissance et c’est d’ailleurs dans ce sens que les littérateurs utilisent ce mot.
C’est pour cette raison que certains d’entre vous sont peut-être tentés de critiquer l’assimilation de l’économie à une science. En effet, vous vous dites que si les économistes expliquent et analysent très bien le passé, par contre, leurs prévisions économiques sont sans cesse remises en cause par les faits.
Mais le but d’une science n’est pas de prévoir l’avenir. Elle s’appuie sur une analyse qui repose sur des expériences. En effet, les théories scientifiques évoluent toujours, l’économie n’y fait pas exception, en fonction de l’expérimentation. Vous voyez bien que c’est la quintessence même de la science que de toujours approfondir la connaissance quitte à remettre en cause ce qui semblait acquis.
C’est pourquoi, il n’ait nullement ostentatoire d’affubler du mot science les différentes analyses économiques prévisionnelles actuelles même si elles s’avèrent inexactes.
Ces quelques remarques critiques ne représentent pas une liste exhaustive mais reprennent quelques faits qui permettent d’illustrer les insuffisances de l’économie politique comme outil d’évaluation de la richesse.
Après ces quelques définitions et afin de lever toute ambiguïté, il ne sera question que d’économie politique dans ce livre même si ce n’est que le mot économie qui apparaît.
Avant de poursuivre, j’attire plus particulièrement votre attention sur les termes de consommation et production que j’ai utilisés précédemment.
La consommation, c’est répondre à un besoin. Pour que ce besoin s’assouvisse, il faut qu’un bien existe. Pour qu’il existe, il a fallu le produire.
Ces notions de biens et besoins constituent les premiers éléments du circuit économique que nous allons étudier.
Les biens et les besoins
L’économie pour objectif d’équilibrer les biens et les besoins de toutes sortes.
A. LES BESOINS
Ils recouvrent l’ensemble des besoins de quelque nature que ce soit ; le champ est donc très vaste : vous pouvez éprouver le besoin de boire, de manger, d’aller au cinéma, de prendre le bus etc.
Ils sont variables au fil du temps. Par exemple, le besoin d’acquérir une télévision ne pouvait pas exister au siècle dernier. Par contre, sans disparaître complètement, certains besoins ont tendance à régresser comme le charbon au profit du pétrole.
Mais, éprouver le besoin de, n’implique pas nécessairement que l’on pourra le satisfaire. Nous sommes tous confrontés au même dilemme, il faut choisir.
Toutefois le choix est limité puisque nous devons en priorité assurer certains besoins indispensables à notre propre survie. Il en est ainsi de notre alimentation. Même si l’on diversifie notre nourriture, il faut manger. En économie, ces besoins sont dénommés besoins individuels primaires.
Quant aux autres besoins, ceux parmi lesquels nous devrons choisir, ils sont dénommés besoins individuels secondaires.
D’autres besoins existent, comme par exemple, celui de s’instruire. Pour le couvrir, nous allons à l’école. Ces types de besoins sont dénommés besoins collectifs.
Dans ce qui vient d’être énoncé, vous observerez que je n’ai tenu compte que des besoins propres à