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Atahut per un vitou. Cercueil pour un vitou
Atahut per un vitou. Cercueil pour un vitou
Atahut per un vitou. Cercueil pour un vitou
Ebook316 pages4 hours

Atahut per un vitou. Cercueil pour un vitou

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About this ebook

Le procureur de la république de Nice reçoit une lettre anonyme revendiquant l’assassinat en un seul acte de trente-deux personnes. Le commissaire Giraudo est chargé d’enquêter pour mettre fin aux activités de ce mauvais plaisant. Mais s’agit-il d’un mauvais plaisant ? L’affaire est prise en charge par la DGSI et le commissaire Giraudo, face à la raison d’état est déchargé de l’affaire. Toutefois, le destin s’acharne et la découverte fortuite d’un corps lui permet de rebondir. Le commissaire Perruti va réapparaître comme à chaque fois que l’on on fait appel au bureau Richelieu. Un nouveau polar nissart qui rejoint le conte.
LanguageFrançais
Release dateJul 31, 2014
ISBN9782312023571
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    Atahut per un vitou. Cercueil pour un vitou - Jean-Marc Fonseca dich Barbajohan

    cover.jpg

    Atahut per un vitou

    Cercueil pour un vitou

    Barbajohan

    Atahut per un vitou

    Cercueil pour un vitou

    LES ÉDITIONS DU NET

    22, rue Édouard Nieuport 92150 Suresnes

    © Les Éditions du Net, 2014

    ISBN : 978-2-312-02357-1

    Toute ressemblance avec des faits ou des personnages existants ou ayant existé ne serait que pure coïncidence. Cette œuvre n’est que pure fiction imaginative à la manière d’un conte dont l’auteur est familier.

    Ce jour-là, un homme en fauteuil roulant, semblait attendre quelque chose ou quelqu’un devant les escaliers de l’hôtel des Postes. Il était chaussé de charentaise et mal fagoté dans une veste qui recouvrait une espèce de pyjama. Il avait le visage recouvert de bandages et porteur de grosses lunettes de soleil. Ce qui n’était pas inhabituel à proximité de l’hôpital St Roch.

    Il interpella deux jeunes qui allaient emprunter les escaliers menant aux bureaux de la poste.

    « Al hamdullillah, Salam Malécom, les jeunes, pourrais-je vous demander un service. »

    – Malécom Salam ! Qu’est-ce qu’on peut faire pour toi, shibani ? 

    – Je dois, poster cette lettre, pourriez-vous le faire pour moi ? C’est le premier guichet en rentrant à droite. Ne vous faite pas de soucis, le courrier est déjà affranchi. »

    – Bien sûr !

    – Chou Cram, salam alaykoum wa rahmatou Allah ! répondit l’homme

    Un des jeunes pris la grande enveloppe, et ils entrèrent dans le bâtiment de l’hôtel des postes.

    Ils furent soulagés devant le guichet, il n’y avait qu’une personne.

    Mais vous savez comment cela se passe à la Poste, l’unique client qui les précédait, philatéliste convaincu, avait quatre lettres à affranchir pour des pays qui nécessitait des recherches dans un annuaire fatigué de la poste. Puis, il y eu le choix des vignettes…

    « Vous comprenez, Monsieur, s’il était possible d’avoir de jolis timbres sur la thématique Nice ou Côte d’Azur. »

    – Je vais regarder, Monsieur…

    Le préposé se leva et alla consulter un collègue qui lui remis un gros classeur, puis après quelques nouvelles échangées entre eux concernant le service, les horaires, et l’action syndicale, le préposé revint s’asseoir à son poste.

    En attendant la file des clients s’étoffait.

    – C’est toujours pareil la poste, à vouloir rendre service on va y passer une heure.

    – Ce n’est pas grave, Mouloud, en plus on rend service à l’homme invisible.

    – C’est qui l’homme invisible ?

    – Whao, la brel, tu connais pas ?

    – Ben, non !

    T’as pas de Box pour regarder la télé chez-toi ?

    – Tu sais chez-moi la télé, c’est la parabole et les programmes du pays ou ceux d’Égypte voire du Moyen-Orient.

    – Ben si tu avais la Box, tu pourrais voir une chaîne qui s’appelle Sci-Fi Channel.

    – Et alors ?

    – Ben, ils repassent toutes les vieilles séries de sciences fiction dont l’homme invisible. J’en ai enregistré certain, t’a qu’à passer chez ma daronne. Je te les montrerai. «

    Enfin, le préposé des postes annonça : Ça vous fera 4 Euros et 47 centimes pour les quatre lettres, Monsieur. »

    Le client régla, récupéra sa monnaie et le préposé derrière son guichet annonça : « Au revoir, Monsieur… Client suivant s’il vous plait. »

    Mouloud et Amide se présentèrent au guichet tendant leur enveloppe.

    – Je pèse et je vérifie, dit le postier.

    Mouloud et Amide commencèrent à vérifier le fond de monnaie qu’ils avaient dans les poches.

    – C’est bon, les jeunes. Vous voulez autres choses ?

    – Non, non, c’était tout, dit mouloud. »

    – Client suivant ! cria alors le postier.

    À la sortie, devant la Poste Wilson, l’homme invisible sur son fauteuil avait disparu.

    La lettre arriva le surlendemain au service courrier du Palais de Justice. De là, le préposé à la distribution du courrier, la porta ainsi que bien d’autres au bureau du secrétariat du Procureur de la République.

    La secrétaire fit quatre tas des différents courriers et commença à ouvrir les enveloppes, à tamponner du tampon du jour les courriers puis à les classer dans différents parapheurs.

    Elle s’enquit de la grosse enveloppe en dernier. Celle-ci une enveloppe en papier bulle recouverte de papier Kraft, contenait une seconde enveloppe. Elle l’ouvrit, en déplia le contenu, qu’elle tamponna, puis classa dans un des parapheurs.

    Mais elle s’aperçu que l’enveloppe contenait encore autre chose : un petit paquet contenant un jeu de 32 cartes. Elle le mit de côté dans un tiroir de son bureau, elle le remettrait plus tard à Gérôme Durand-Levaux le procureur.

    Ce n’est qu’une heure plus tard que le procureur pris connaissance du courrier.

    Celui-ci attira son attention car il n’était ni manuscrit, ni issu d’une imprimante mais d’une vieille machine à écrire dont certains caractères étaient usé.

    « Monsieur le Procureur de la République,

    Tous les tueurs en série finissent par se faire attraper. La raison en est qu’ils commettent une longue chaîne de crimes sur une longue période, multipliant ainsi les indices.

    Aussi, j’ai décidé d’innover, plutôt que de commettre mes crimes les uns après les autres, j’ai commis un crime de groupe. Je vous annonce avoir ainsi mit fin à la médiocre vie de 32 personnes, symbolisées par les 32 cartes d’un simple jeu de carte.

    Votre difficulté sera de le prouver, car sans cadavre, il n’y a pas de crime.

    Ceci sera ma seule et unique manifestation, toute fois au jour de ma mort afin d’atteindre la postérité des grands criminels qui ont agi seul ; j’ai pris mes précautions, un pli vous sera adressé, où je révèlerai mon identité ainsi que l’emplacement où j’ai dissimulé les cadavres.

    Je vous prie d’agréer, Monsieur le procureur, mes meilleures salutations criminelles. »

    Le procureur resta pensif, puis décrocha son téléphone. « Marie-Béatrice, pourriez-vous, appeler l’officier de police judiciaire de permanence au Palais et lui dire de passer me voir le plus rapidement possible à mon bureau. »

    Dix minutes plus tard, l’OPJ, accompagné de Marie-Béatrice, pénétrait dans le bureau du procureur.

    – Vous avez demandé à me voir, monsieur le procureur ?

    – Tout à fait, je viens encore de recevoir une lettre d’un mauvais plaisant ou d’un malade mental. Il me serait agréable que la police suive cette affaire. Le seul moyen d’arrêter ce type de pratique étant de remonter à son auteur et de le conduire en justice. Une peine d’enfermement étant souvent exemplaire et dissuasive pour freiner ce type d’activité durant plusieurs mois.

    – Vous pouvez me confier les pièces, monsieur le procureur ?

    – Oui, mais prenez des gants et des sacs en plastique pour pièces à conviction. Je ne voudrais pas polluer le travail de l’identité judiciaire et de la police scientifique. Si l’individu avait laissé quelques traces d’ADN ou quelques portions d’empreintes digitales ; il serait dommage de nous en passer.

    – Justement, monsieur le procureur, un jeu de 32 cartes, était dans l’enveloppe, vous voulez que je l’apporte ?

    – Surtout pas Marie-Béatrice, ne touchez plus à rien, et attendez que l’OPJ fasse son travail. Au fait qu’avez-vous fait de l’enveloppe ?

    – Je l’ai mise dans mon placard à cause des timbres pour mon neveu.

    – Voilà une bonne nouvelle, bien qu’elle ait dû être manipulée à outrance par différente personne. Mais c’est toujours mieux que de l’avoir passé à la déchiqueteuse.

    Vingt minutes plus tard, l’OPJ revint et manipula chaque pièce avec précaution, les glissant l’une après les autres dans des sacs plastiques transparents différents. Le procureur assista à la scène : « Je compte sur vous pour me tenir au courant des suites données à cette affaire ! »

    « Nous n’y manqueront pas Monsieur le procureur. Je fais porter ces pièces et une note explicative immédiatement à Maréchal Foch. »

    Le colis finit par arriver le lendemain sur le bureau du commissaire, Ange-Honoré Giraudo. Une sollicitation du Procureur Gérôme Durand-Levaux ne pouvait être traitée que par un enquêteur d’expérience car il fallait un résultat.

    Le commissaire se déplaça lui-même pour voir le patron du labo de l’antenne de la police technique et scientifique.

    – Salut Edmond !

    – Salut Giraudo, toi, tu as quelque chose à demander.

    – Oui, est-ce que tu pourrais examiner rapidement ces pièces à conviction. Relevé d’ADN, empreintes digitales, présence d’indice chimique, pollen, poussière etc…

    – Sans problèmes, tu auras les résultats dans trois semaines… et encore parce que t’es un ami.

    – Ce n’est pas possible, il me les faudrait bien avant.

    – Alors écoute, priorité donnée aux homicides et ensuite le reste. Je ne sais pas si tu te rends compte, mais aujourd’hui, on explose. Qu’on nous sollicite pour des braquages, de grands cambriolages, je veux bien ; mais aujourd’hui on exige des analyses poussées sur tout, vol de scooter, et si ça continue, le vol de carambars à l’épicerie du coin.

    Et tout le monde à ses raisons, dans l’ambiance sécuritaire, il faut faire plaisir au maire, au député, au sénateur, au préfet etc…

    Ce n’est pas avec les maigres effectifs dont je dispose que je suis capable de tout traiter.

    En plus, si les séries TV ont largement mis en valeur notre travail, la paye n’a pas suivi, recruter des bœufs pour le maintien de l’ordre est plus facile que d’intéresser des doctorants à notre boulot, surtout vu le prix des loyers sur la côte et la concurrence du secteur privé du côté de Sophia ou Monaco.

    – Je comprends tes problèmes Edmond, mais là, il pourrait s’agir de 32 homicides. Ce n’est qu’une hypothèse, mais je ne peux l’évacuer sans vérification.

    – Donne toujours, je vais voir ce que je peux faire.

    Retourné à son bureau, le commissaire, appela le secrétariat du procureur.

    – Bonjours, je suis le commissaire Ange-Honoré Giraudo, du bureau enquête homicide, serait-il possible de m’entretenir avec monsieur le procureur, c’est au sujet de la lettre qu’il a reçue.

    – Ne quittez pas, je vais voir s’il est disponible.

    Quelques minutes après, le commissaire obtenait son interlocuteur.

    – Veillez m’excuser pour le dérangement, monsieur le procureur, mais j’aurais aimé vous poser quelques questions au sujet de la lettre que vous nous avez transmise.

    – Ne vous excusez pas commissaire, cette lettre m’a mis en rage, et j’espère que si elle est l’œuvre d’un mauvais plaisant, il sera rapidement mis un terme à sa carrière.

    – Justement, Monsieur le procureur, et si ce n’était pas l’œuvre d’un mauvais plaisant comme vous dites ?

    – Enfin, soyons rationnel, trente-deux personnes disparaissant du jour au lendemain, vos services en auraient été alertés.

    – Ce n’est pas évident, Monsieur le procureur, dans la société ou nous vivons il nous arrive de constater que des gens sont mort depuis six mois ou plus dans leur appartement ou leur jardin sans que leur absence ait suscité la moindre inquiétude chez leurs proches ou leur voisins.

    – Certes, Monsieur le commissaire, mais si trente-deux personnes avaient disparue. Je n’ose imaginer la suite, dans les médias et la sphère politique.

    – Mais, je vous rassure, Monsieur le procureur, nous allons étudier sérieusement l’ensemble des cas de disparitions supposées signalées à la police, à la gendarmerie ou dans les hôpitaux, voire sur certains sites spécialisés d’Internet.

    – Je compte sur vous, Monsieur le commissaire.

    – À ce propos, Monsieur le procureur, il faudrait officialiser la procédure, obtenir la nomination d’un juge enquêteur qui me confierait l’affaire.

    – Je m’en occupe immédiatement, mais surtout tenez-moi informé dès que vous aurez du nouveau, tout cela m’inquiète un peu.

    Quatre jours après, grâce aux démarches du procureur, le commissaire Ange-Honoré Giraudo pouvait constituer une équipe de quatre enquêteurs chevronnés et de deux enquêteurs débutant.

    On se répartie les taches. On fit en sorte de récupérer les images des caméras de télésurveillance de la poste. Par chance le préposé à l’effacement était en congé maladie et nul n’avait tenté de lui prendre son travail.

    Le premier avancement fut donné par le relevé des empreintes, si celles de l’enveloppe étaient inutilisables par contre un premier relevé sur le jeu de carte avait permis d’en isoler une.

    – On a une empreinte sur une des cartes qui correspond à quelqu’un de connu dans nos fichiers : Roberto Mangiapan !

    – Le gentleman de la ferraille, répondit l’inspecteur Simonpierri.

    – C’est qui ? demanda Giraudo.

    – Ce n’est pas du gros gibier, commissaire c’est pour cela que son nom ne vous dit rien.

    Trafic de pièces détachées automobile, quelques maquillages de véhicules pas très clairs, des broutilles. Mais il a quand même fini par payer l’addition, trois ans ferme. Il avait prêté ou vendu, un véhicule à une bande qui avait commis un braquage. Leur fuite après un hold-up de trop, s’est mal passée, échange de coups de feu avec les gendarmes qui avaient tenté de les intercepter, un blessé grave, paraplégique chez les militaires et un mort chez les braqueurs. Témoignages contradictoires des survivants et cette fois-ci, le juge et le procureur au vu de ses antécédents ne l’ont pas loupé.

    – Il aurait pu vouloir se venger des institutions judiciaires ?

    – Lui, non ! Je ne pense pas, pour trois ans dont seulement deux effectués pour bonne conduite ? Et puis depuis, il se tient tranquille, il a hérité avec son frère de l’entreprise familiale de ferraille et il s’est spécialisé dans les véhicules anciens de collection, repris Simompierri.

    – On a son adresse ? Questionna Giraudo

    – Bien sûr, lui et son frangin sont toujours au même endroit du côté de Carros.

    – Eh, bien, messieurs, je propose que nous allions lui rendre une petite visite.

    Arrivés peu après le quartier de La Baronne, les deux voitures banalisées, s’engouffrèrent dans un chemin de terre à gauche de la route principale.

    Entre les friches et quelques serres abandonnées, ils longèrent un haut mur dont l’arête était parcourue par un réseau de concertinas tenu par des piquets en fer, enfin ils arrivèrent devant une entrée fermée par un lourd portail métallique.

    Simompierri descendit le premier, fit une première tentative en tambourinant avec son poing au portail sans résultat.

    Adrien Ciais, inspecteur stagiaire fut plus inspiré en examinant de plus près le lierre qui descendait le long d’un pilier, il découvrit une plaque sur laquelle était écrit : « SARL Mangiapan », et juste en dessous un interrupteur. Il actionna l’interrupteur et produit aussitôt un énorme beuglement de klaxon.

    Mais, ils attendirent en vain que quelqu’un daigna se manifester.

    Giraudo fit signe à Ciais de persister, et le klaxon se mit à nouveau à mugir durant plus d’une minute.

    Une voix se fit enfin entendre : « N’insistez pas, c’est fermé ! » cria un homme.

    – Police ouvrez ! Répondit alors Simompierri d’une voix de stentor.

    Une meute de chiens se mit alors à aboyer derrière le portail.

    – Voilà, voilà, j’arrive, dit la voix.

    Enfin, quelqu’un fit glisser de trois centimètres le lourd portail sur des rails.

    – C’est à quel sujet ?

    – Monsieur, Roberto Mangiapan ? S’enquit Giraudo.

    – C’est mon frère et il n’est pas là !

    – Et ça fait longtemps que vous ne l’avez pas vu ?

    – Oh, un bail, pourquoi ? Vous l’avez remis au frais ? Qu’est-ce qu’il a fait encore ?

    – Point du tout, mais nous aimerions nous entretenir avec vous à son sujet. Serait possible d’en parler autrement que de part et d’autre d’une meurtrière ?

    – C’est bien possible, mais il faut d’abord que j’attrape les chiens.

    – Faites pour le mieux.

    – Brutus, Tarzan, Wolfgang, venes aqui bordilles, venes li can, venes a mangea.

    Giraudo et ses hommes attendirent encore quelques moments, ils perçurent des bruits de grilles métalliques et de chaînes, puis enfin le portail s’ouvrit dans un cri de rouille déchirant.

    – Voilà, vous pouvez rentrer maintenant, il n’y a plus de dangers.

    Ils entrèrent, passant à côté d’un chenil en gros grillage, d’où les chiens silencieux grognaient et montraient leurs dents.

    – C’est plus efficace qu’un fusil à pompe pour dissuader les voleurs, dit l’homme.

    Simompierri qui voulait détendre l’atmosphère lui dit alors : « Un des chien s’appelle Wolfgang, son maître est mélomane. »

    – Mon frère, il n’est pas mélomane, mais mégalomane. Le chien, c’est que c’est le Mozart de l’arrachage de mollet, il a commencé très tôt à huit mois.

    Malgré les herbes folles et les arbustes qui poussaient dans les allées et au bas des murs des rangées de vieux hangars, l’entreprise semblait ordonnée. Ce n’était pas des amoncellements de carcasses de voitures comme l’on pouvait en voir dans de nombreuses casses.

    Au fond, un coquet petit pavillon, sur la porte duquel était posée une plaque qui semblait fort ancienne où était indiquée en lettres émaillées : Bureau de l’administration.

    L’homme les invita à les suivre dans une petite courette sous tonnelle jouxtant la maison et les pria de s’asseoir sur des banquettes de camions.

    – Bon, alura, qu’est-ce que vous me voulez et qu’est-ce que vous lui voulez à mon frère ?

    Parce que lui, c’est lui, Roberto, et moi c’est moi, Antonio. On a beau être frère et associés, on est différent.

    – Monsieur Antonio, dit Giraudo cela fait combien de temps que vous n’avez pas eu des nouvelles de votre frère ?

    – Cela va bien faire plus d’un mois !

    – Et cela ne vous inquiète pas plus ?

    – Ben, non, vous savez j’ai l’habitude, il va il vient comme ça lui chante. Monsieur s’est fait des relations dans la haute avec ses voitures de collections. Il participe à des rassemblements mondains en France, fait le chauffeur pour des mariages peoples. Selon les opportunités, il ne repasse pas par la casse.

    – Et vous l’avez vu partir quand la dernière fois ?

    – Que je ne pourrais pas vous dire.

    – Il est parti avec une de ces voitures ? Reprit Simompierri

    – Que pour sûr !

    – Vous pourriez nous donner des indications, sa marque, sa couleur, peut-être même son immatriculation ?

    – Ça se pourrait bien, mais pour ça faut qu’on aille jeter un coup d’œil au musée.

    – Et c’est loin ?

    – Non, au bout de l’allée, le grand hangar, fermé là-bas.

    – Nous vous accompagnons, dit Giraudo.

    Ils firent une cinquantaine de mètres et Antonio sorti de sa poche un trousseau de clef. À côté de la porte du hangar, se trouvait une porte de bois plus petite fermée par une chaîne et un cadenas, Antonio ouvrit le cadenas, fit jouer la chaîne et ouvrit la porte.

    – Attendez, j’allume la lumière, tout est sombre dedans, Monsieur Roberto, a peur que les ultraviolets du soleil ne ternissent ses carrosseries.

    Une fois la lumière allumée, les policiers découvrirent le trésor de Roberto. Il y avait là une collection impressionnante de véhicules des années 1950, chacun garé dans son emplacement comme dans un musée.

    – Bien, sur, depuis que Monsieur Roberto est parti, la poussière s’est accumulée, mais qu’il ne compte pas sur moi pour passer le plumeau.

    Les policiers étaient impressionnés, il y avait là, garée dans les travées face à face :

    – des Simca : Versailles, Président, Vedette

    – des Renault : 4CH, Colorale, Floride, Dauphine, Frégate.

    Une 203 Peugeot, une 2CH Citroën, une Dyna Panhard.

    Et parmi les voitures étrangères, une Volkswagen Coccinelle pur jus des années 43 encore aux couleurs de la Wehrmacht, Un Autobianchi Bianchina, Une DKW Meister Klass et enfin au fond une Plymouth P10 de Luxe, Staff Car aux couleurs de l’US Navy.

    Voyant que les policiers s’intéressaient particulièrement à ce modèle, Antonio les renseigna : « C’est un souvenir du temps ou les bateaux américains de la sixième flotte venaient mouiller à Villefranche. »

    – Remarquables, dit Giraudo, et tous ces véhicules semblent en excellent état.

    – Pour sûr que oui, il passe son temps à les bichonner. Mais il en manque un, l’emplacement est vide, c’est celui avec lequel il a dû partir.

    – Ah, oui ! dit Simompierri.

    – ID 19 Citroën 1956, noire, tous les équipements de luxe d’époques.

    – Et vous avez son immatriculation ?

    – Regardez sur le mur, à chaque emplacement correspond une affiche d’époque du véhicule et le double de sa plaque d’immatriculation.

    – L’inspecteur Ciais sorti un calepin et nota le numéro 19 ID 06.

    – Dites, il avait des relations à la Préfecture votre frère pour obtenir de pareilles immatriculations, dit Simompierri

    – Pour sûr que le Gentleman de la Ferraille, comme il aime se faire appeler, il en connaît du monde, du beau monde et des gens haut-placés.

    – Bien, je vous remercie de tous ces renseignements, Monsieur Mangiapan. Nous serons toute fois amenés si votre frère ne se manifeste pas à effectuer une perquisition de son domaine personnel, dit le commissaire Giraudo

    – En dehors de sa caravane et de son musée, il n’a pas trop de domaine personnel. Mais revenez avec une commission rogatoire et je me ferais un plaisir de vous accueillir.

    – Mais, nous n’y manquerons pas, cher Monsieur, toutefois si votre frère se manifestait ou si vous aviez oublié de me dire quelque chose, voici ma carte. N’hésitez pas à m’appeler, répondit Giraudo.

    Une fois réintégré les véhicules, Giraudo dit à Simompierri : « On a le numéro et le descriptif de la voiture, faites le passer au fichier, véhicule déclaré volé, accident de la route, mise en fourrière, voitures signalées abandonnées. »

    – Sur tout le territoire national ?

    – Oui, bien sûr, aux dires de son frère, il se baladait beaucoup.

    – On ne disposera pas de tous les résultats rapidement.

    – On épluchera au fur et à mesure…

    Arrivé au commissariat Foch, on fit une brève réunion, et l’on commença à examiner le fichier des personnes signalées disparues.

    – Ne perdez pas de temps, contentez-vous, des signalements déposés, il y a trois semaines au plus, dit Giraudo.

    – C’est que ça en fait un sacré paquet, je ne voudrais pas dire, mais entre les vieux qui s’évadent des maisons de retraites, les malades qui se font la malle des hôpitaux, les gens qui s’évadent de leurs contingences familiales. Les maris qui quittent leur femme ou leur maîtresse, les femmes qui quittent leur mari ou leur amant, et les fugues d’adolescents ou ceux qui fuient leurs créanciers, la disparition est devenu un sport national en France.

    – Je sais, travail long et besogneux rarement mis en exergue dans les séries policière et pourtant indispensable. Nous n’avons aucun renseignement sur les victimes supposées et ce peut être n’importe qui. Alors Messieurs au travail, essayez de travailler par département, par ville et par tranche d’âge.

    La nuit fut longue et l’on se fit livrer des Pizzas, et les cafetières fonctionnèrent longtemps.

    On interrompit les investigations vers trois heures du matin.

    À la fin de la semaine, une bonne nouvelle était tombée, l’ID 19 de Roberto Mangiapan avait été retrouvé, elle était à la fourrière.

    L’avis de recherche avait porté ses fruits, la voiture se trouvait à la Trinité Victor sur le terrain d’un délégataire aux opérations de fourrières.

    Ange-Honoré Giraudo, décida de s’y rendre immédiatement avec Simompierri, Ciais et Giordano.

    Arrivé dans une contre-allée de la route de Laguet, ils se présentèrent à la réception.

    – Bonjour, Police Criminelle, on nous a signalé que vous déteniez un véhicule nous intéressant. Une ID 19 Noire, immatriculée 19 ID 06 dont le propriétaire est un certain Roberto Mangiapan demeurant à Carros.

    – Patientez un moment je vais regarder le tableau des entrées répondit l’homme derrière le comptoir sous l’œil placide de deux policiers municipaux niçois qu’on semblait avoir dérangé.

    – Oui, ça fait plus d’une semaine, qu’elle est là. En principe la fourrière de la route de Grenoble, les gardent une semaine et puis si le propriétaire ne s’est pas manifesté nous les transférons ici.

    – Vous pouvez me dire où et dans quelles circonstances son enlèvement a été demandé ?

    – Non je ne dispose pas de ces renseignements, il faudrait les demander à la fourrière centrale à Nice.

    – C’est embêtant, je pensais que vous aviez copie des dossiers des véhicules enlevés.

    – Et bien non, nous ne sommes que prestataire et nous ne nous occupons que du transport et du gardiennage.

    À ce moment-là, un des policiers municipaux intervint : « Passer-moi, l’immatriculation du véhicule, monsieur le commissaire, je sais où m’adresser, et si je peux utiliser le téléphone, j’appelle et je vous renseigne. Faut bien s’entraider entre policier. »

    L’homme derrière le comptoir, fit signe qu’il approuvait et tendit un bloc et un stylo au commissaire Giraudo qui y nota les renseignements nécessaires

    – En attendant, dit Simompierri, on pourrait aller jeter un coup d’œil sur le véhicule ?

    – Bien sûr,

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