Avenir d'un redressement

AVENIR

D’UN REDRESSEMENT

Bruno Salgues

Avenir

d’un redressement

LES ÉDITIONS DU NET

70, quai Dion Bouton 92800 Puteaux

Cet ouvrage fait partie de la collection de l’auteur :

Futurs sans limites humaines

Du même auteur :

– Rencontres entre artistes et ingénieurs autour du numérique, Modalité et Globalité, Éditions L’harmattan, Ouvrage collectif sous la direction de Yannick Fronda et de Grégoire Courtois, 2011.

– Benchmark européen des pratiques d’Intelligence Économique, Éditions L’harmattan, Ouvrage collectif dirigé par Pierre Larrat, 2008.

– Les télécoms mobiles, Éditions Hermes Sciences Publications, deux éditions 1996 et 1999.

– Nouvelles avancées du management, Éditions L’harmattan, Ouvrage collectif dirigé par Luc Marco, 2005.

– Les réseaux à haut débit et la Télémédecine, Bruno Salgues responsable de la publication de l’ouvrage collectif, Collection INT, 2005.

– Société Civile Française, Bruno Salgues responsable de la publication de l’ouvrage collectif, Collection INT, 2005.

– Territoires et sociétés de l’information, Bruno Salgues responsable de la publication de l’ouvrage collectif, Collection INT, 2004.

– Homme, animal et société, Ouvrage collectif, Presses de l’Institut d’Études Politiques, Toulouse, 1988.

– Immigrations, le devoir d’insertion, rapport du Groupe de travail Immigration, deux volumes, Commissariat général du plan, Groupe de travail Immigration, Documentation française, 1988.

– Le Droit du Génie Génétique Végétal, Ouvrage collectif, Librairies Techniques, Paris, 1987.

– L’Analyse des Données, Ouvrage collectif, APMEP, 1979.

© Les Éditions du Net, 2013

ISBN : 978-2-312-00735-9

Remerciements

Ce livre n’existerait pas sans les encouragements de Jacques, professeur des Universités, praticien hospitalier, ancien responsable de grands établissements publics, innovateur dans l’âme, mon mandarin vénéré !

Les corrections et les discussions avec Monique-Marie contribuent à l’existence de ce livre. Le tableau de la couverture est aussi de Monique-Marie Ihry et a pour titre Sombra.

Qu’ils en soient tous les deux vivement remerciés.

« Pour ce qui est de l’avenir, il ne s’agit pas de le prévoir mais de le rendre possible. »

Antoine de Saint-Exupéry

La Citadelle, 1948

Introduction

Ce livre ne se veut pas un livre politique. C’est davantage une réflexion sur la et le politique. LE politique, c’est ce qui permet aux hommes et aux femmes d’être ensemble, par conséquent de composer une société. LA politique désigne les fonctions autour du pouvoir et de sa représentation.

Cet ouvrage s’intéresse à la démocratie, donc à la forme actuelle de LA politique. Il s’agit dans un premier temps de savoir si c’est un système juridico-politique qui organise le pouvoir dans une société donnée et, dans l’affirmative, de quelle façon la politique procède. Dans une seconde étape, nous nous interrogerons au sujet de savoir si la démocratie n’est pas une manière d’envisager un Vivre ensemble qui n’épuise pas les contradictions mais les rend au contraire plus dynamiques. Nous verrons que, dans tous les cas, l’enjeu est d’ordre territorial.

Cet essai est également un constat partiel sur la mondialisation qui se joue actuellement. Cette dernière s’inscrit dans l’avènement d’une nouvelle civilisation, cet avènement est indéniable. Cette nouvelle civilisation puise ses origines, sa dynamique dans la généralisation des applications de la science à toutes les activités humaines, et par conséquent dans l’explosion des nouvelles technologies. Elle soulève des problèmes aigus de régulation économique, comme la crise actuelle qui date de 2008 en est le témoin. Elle appelle à des progrès fondamentaux dans le domaine de la politique en imposant des réformes en profondeur de la pensée sur les systèmes politiques, les systèmes organisationnels et surtout éducatifs.

Un peu à l’image du tableau de Pierre-Paul Prud’hom (1758-1823) intitulé Les arts, la richesse, les plaisirs et la philosophie dans lequel quatre femmes sont entourées d’angelots sexués, ce livre abordera les thèmes politiques sous l’angle des arts, de la richesse, des plaisirs et de la philosophie{1}. L’auteur ne désire pas faire de la politique, mais il entend davantage jouer le rôle de conseiller. Il ne s’agit pas de parler de politique de droite ou de gauche sinon d’aider l’homme politique à bien décider en conformité avec sa propre idéologie.

Dans ce livre, l’auteur accepte tant bien que mal de jouer ce rôle, celui du conseiller du prince prêt à défendre de nombreuses idéologies, pourvu qu’elles ne soient pas extrêmes. Aspasie était une célèbre hétaïre grecque qui fut la compagne de Périclès. En grec ancien, le mot « hétaïre » signifiait prostituée. Cette femme fort célèbre influença de manière notoire la politique que mena Périclès. Socrate, paraît-il, se rendait souvent à son domicile. Grâce à sa grande culture dans les domaines philosophique et politique entre autres, Aspasie aurait attiré chez elle nombre d’hommes politiques et de philosophes. Elle enseignait également l’art oratoire. À son image, l’auteur entend se situer dans cette position. Nous ne souhaitons rien d’autre à ce livre sinon d’avoir la vocation d’inspirer les décideurs politiques.

Ce livre ne s’intéressera pas au pouvoir, et encore moins à la prise du pouvoir. Il n’a pas la prétention de décrire LA solution. Il pose simplement quelques constats qui se veulent pédagogiques et simples, sans être simplistes. Reprenons à notre compte une phrase attribuée à Van Gogh :

« Qu’est-ce qu’il est difficile de faire simple ! ».

Dans ce livre, le rôle d’Aspasie est joué par un homme, que le lecteur nous pardonne. L’auteur cherche à clarifier dans les débats actuels l’origine des changements en cours.

Avant toute chose, je voudrais vous rappeler l’introduction que fait Paul Watzlawick dans son ouvrage intitulé Faites vous-même votre malheur. Cet auteur explique en effet que la chute de l’empire austro-hongrois est due au comportement des hommes politiques de cet empire, à la « réputation proverbiale pour leur incapacité à affronter raisonnablement les problèmes les plus simples, mais aussi pour leur faculté qui semblait la leur d’accomplir l’impossible par défaut » (Watzlawick, 1994, page 7). Imaginons un instant que cette remarque soit applicable à la France, à l’Europe et à l’Occident actuel… Et si le comportement d’Aspasie pouvait être la source, voire l’incarnation de la muse inspiratrice de votre bonheur, et dépasser de ce fait les seuls discours politiques tels que la réduction de la dette ou la recherche de la croissance ?

La perversité démocratique

NOS DÉMOCRATIES MODERNES

Les démocraties modernes ont été attaquées à de nombreuses reprises. Les partisans de l’Ancien régime reprochaient à la démocratie incarnée par le roi son manque de transcendance dans l’exercice du pouvoir. Les marxistes qualifiaient la démocratie de formelle. C’était selon eux une sorte de paravent juridique qui servait à légitimer l’exploitation de l’homme. Nous ne nous situerons bien entendu dans aucun de ces deux cadres.

La perversité démocratique est le résultat de nouvelles formes de gouvernance liées à des rationalités cachées. La mondialisation doit être comprise comme la poussée à l’échelle mondiale des interactions qui relient entre elles toutes formes d’activités humaines. Cette montée des interdépendances ne connaît plus de frontières. L’abolition de l’espace et du temps en est une caractéristique. Les flux d’information pénètrent de toutes parts. Ce sont davantage ces liens plus ou moins cachés qui forment la gouvernance plutôt que la relation top-down issue de dirigeants choisis par la voie démocratique dans un territoire défini par le mode électoral. C’est pour ces raisons que ce qui fait la démocratie traditionnelle est atteint en son cœur.

La métamorphose prend plusieurs visages. Elle affecte autant les repères spatiaux que les aspects chronologiques. Cette métamorphose se caractérise en premier lieu par des déséquilibres en particulier démographiques. Devient-il alors nécessaire idéologiquement de lutter contre certains de ces déséquilibres ? La question sera posée par la suite. La mondialisation, c’est également des modifications notables vis-à-vis de l’utilisation de l’espace. Avec l’exemple des grandes surfaces, nous verrons comment cela s’analyse. De plus, la mondialisation, c’est par ailleurs une grande facilité qu’ont les divers moyens de communication (transports de plus en plus rapides et télécommunications des plus performantes) à introduire ces formes de nouveaux nomadismes dont nous observerons également les conséquences. Enfin, il s’agit de rapport aux temps nouveaux. Le temps de scolarité tout comme celui de la retraite augmentent. Le temps de travail en période active se réduit quant à lui. C’est pour cette raison qu’il convient de s’intéresser de près au problème de l’éducation.

Ces métamorphoses modifient profondément la vie sociale et plus particulièrement le travail et la condition féminine. Elles génèrent des interrogations sur la capacité de gouverner à tous les niveaux de la vie sociale et sur le rôle des États.

Nous nous permettrons de nous situer dans le cadre des travaux de Wendy Brown, de l’Université de Berkeley (Brown, 2010). Selon elle, aujourd’hui, l’esprit démocratique est en danger. Cette nouvelle gouvernementalité qui semble trouver peu d’opposants se fonde sur un discours sécuritaire simpliste qui justifie la construction de murs séparateurs de territoires. La chute du mur entre les deux Allemagnes précède historiquement la construction d’un mur entre les États-Unis et le Mexique, entre Israël et la Palestine, entre la Grèce et la Turquie… Au nom de la rationalité idéologique cachée que la démocratie génère, les dirigeants tentent d’obtenir (et ils y parviennent) une servitude volontaire des citoyens au sens de La Boétie.

Il est intéressant de reprendre la thèse de Claude Lefort selon laquelle :

« La révolution démocratique moderne, nous la reconnaissons au mieux à cette mutation : point de pouvoir lié à un corps. Le pouvoir apparaît comme un lieu vide et ceux qui l’exercent comme simple mortel qui ne l’occupe