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J'ai rêvé que je vivais
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J'ai rêvé que je vivais
Ebook157 pages2 hours

J'ai rêvé que je vivais

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About this ebook

Daniel est malheureux dans sa vie. Un rêve va lui faire quitter sa triste réalité, jusqu'à ne plus savoir s'il est en train de rêver ou de vivre. Le mélange des deux dimensions va peut-être lui donner la solution. A lui d'en déceler les indices pour pouvoir trouver la clé de son épanouissement. Entre rêve prémonitoire et réalité affligeante, un meurtre est commis. Qui a tué la femme qu'il croit aimer ? Lui ? Qui d'autre ? Pourquoi ? Autant d'interrogations qui vont lui faire prendre conscience que le bonheur est peut-être là, tout près. Ce n'est qu'une question de choix.
LanguageFrançais
Release dateSep 9, 2014
ISBN9782312024691
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    J'ai rêvé que je vivais - David Morales Serrano

    cover.jpg

    J’ai rêvé que je vivais

    David Morales Serrano

    J’ai rêvé que je vivais

    Roman

    LES ÉDITIONS DU NET

    22, rue Édouard Nieuport 92150 Suresnes

    © Les Éditions du Net, 2014

    ISBN : 978-2-312-02469-1

    Lit, je ne rêve que de toi

    En plus, il pleut ! Et voilà que je me retrouve encore une fois, cette fichue liste à la main, à repousser les limites du sommeil.

    Je m’en doutais lorsque j’ai accepté ce boulot de veilleur de nuit, mais je n’avais pas le choix. Quand on se retrouve à 35 ans, à faire la queue devant le Pôle-emploi, avec un mouflet dans chaque main, et malgré un bac +4, on prend ce qui se présente. Et encore, je dois ce boulot au fait que la nature m’ait correctement bâti, et à un casier judiciaire vierge. Et peut-être un peu, aussi, parce que j’ai fait mon service militaire dans la gendarmerie. Si mes parents étaient encore de ce monde, ils auraient eu du mal à croire que la boîte qui m’avait embauché, tout frais sorti de fac, ait pu déposer le bilan. Cent cinquante ans qu’elle prospérait… En trois ans je m’étais retrouvé directeur des ventes. Tu parles, qu’ils étaient fiers mes vieux ! Au moins, avant leur accident, ils auront vu leur fils faire un beau mariage… Quand je dis beau, je me souviens surtout qu’il faisait beau, car pour le reste… Si j’avais su…

    Fabienne et moi, on s’est aimés. On s’aime encore sûrement. Je lui ai dit oui, il y a 9 ans… non, 8… oui, c’est ça, 8 ans. Que 8 ans ! J’ai l’impression qu’il y a déjà un siècle que j’ai pris perpète. Non, ce n’est pas la peine de mort, c’est juste beaucoup plus violent… Lorsque j’ai signé je ne savais pas que je me condamnais aux travaux forcés. Et pourtant je me surprends souvent à la contempler prendre sa douche par la porte laissée entrouverte. Malgré ses deux grossesses, elle a gardé le corps qui faisait tourner les têtes aux gars de la bande… Et c’est moi qu’elle a choisi… Si j’avais su…

    La petite Laura, c’est elle qui l’a voulue. Après ça, c’est moi qui lui ai réclamé un garçon. Fierté machiste mal placée, que de vouloir absolument assurer la descendance de son nom. Mais pour une fois, mon vœu a été exaucé, peut-être la seule fois de ma vie… Antoine est né, il y a trois ans. À cette époque, je gagnais largement plus que le nécessaire et un poil plus que le superflu. De quoi se payer des vacances sur la côte Atlantique et combler la garde-robe de Fabienne. C’est pour ça qu’elle a décidé d’arrêter de travailler. J’en étais ravi d’ailleurs, elle allait pouvoir s’occuper à plein temps des enfants et peut-être me bichonner enfin… Si j’avais su…

    Les voisins : des cons. Nos conversations se limitent à parler du bruit que font les enfants. J’y coupe toujours court en reconnaissant que j’ai les pires enfants de la terre et que je vais faire le nécessaire pour que cela ne se reproduise plus. Sans que cela ne m’empêche de penser qu’à la première occasion, je mets Laura à la batterie et Antoine à la trompette… Des cons les voisins. Ils ont beau déménager, j’ai l’impression que ce ne sont que des clones qui aménagent. Comme si à la Création on leur avait dit : « Tu seras un voisin, donc tu seras con ! ».

    Les amis, je n’en ai plus. Pas assez biens pour Fabienne, évidemment… Ils auraient pu découvrir que j’avais fait une erreur en me mariant. Probablement que lorsqu’elle me voyait rire, Fabienne avait l’impression de ne plus pouvoir me contrôler. Elle a commencé par effacer mon répertoire téléphonique, en ne laissant que son numéro… et celui de sa mère ! Après tout, je n’avais besoin de rien de plus…

    Pourquoi je reste ? C’est une question que je me suis posé une fois… non, deux. Je n’y ai pas vraiment trouvé de réponse. Partir pour quoi, pour recommencer quoi ? Et puis, sûrement que ça me rassure aussi de l’entendre crier tous les jours. C’est ma femme. Je n’ai plus qu’elle et les enfants. Enfin, j’ai bien un oncle qui vit quelque part, l’oncle Joseph, le frère de mon père, que j’ai très peu connu car ils se sont disputés à la mort de ma grand-mère. La maison dans laquelle j’ai grandi appartenait à ma mémé et, quand elle est décédée, ses deux fils en sont devenus naturellement propriétaires en indivision successorale. Je pense que l’origine de leur dispute résidait dans le fait que mon père occupait la maison et que son frère lui réclamait une indemnité d’occupation, enfin, quelque chose comme ça. Bref, ils étaient tellement fâchés, que l’oncle Joseph n’est même pas venu à l’enterrement de mes parents. Et depuis, la maison est inhabitée je crois. Il faut dire que devant cet héritage empoisonné, je me fais tout petit. Je ne voudrais pas que le tonton vienne me réclamer ma part de taxe foncière ou quoi que ce soit d’autre. En plus, c’est une maison qui ne vaut vraiment pas grand-chose, je pense même que rien que la mise aux normes électriques doit coûter plus cher que les vieux murs du dix-neuvième siècle. Alors j’attends, je ne sais pas quoi, mais j’attends.

    La nuit je parle. Je parle aux statues, je parle aux tableaux, à toutes ces œuvres d’art créées pour exprimer tant de choses et qui restent inexorablement muettes. Les experts en la matière cherchent à traduire ce que l’artiste a voulu dire, comme s’il fallait toujours trouver une explication à tout. Et pourtant, j’en suis convaincu, il doit s’agir parfois de simples « coups de bol ». De là où ils sont, Picasso, Miro ou César (le sculpteur, pas l’empereur), doivent sûrement être pliés de rire. Le génie créatif n’exclut pas la chance. Bref, à moi, en tous cas, les œuvres ne répondent pas, et c’est pour ça que je les aime.

    Le silence est mon environnement de travail, du mardi au vendredi, de 21 heures à 07 heures du matin. S’il est parfois pesant, ce silence, c’est pourtant lui qui me manque quand je rentre à la maison, et que j’ai hâte de retrouver, en fin de journée, en repassant la porte du musée. Mon boulot consiste, la nuit durant, à vérifier, revérifier et re-revérifier les accès, les alarmes et l’absence de tout début d’incendie. Sans fausse modestie, je pense que je dégaine le trousseau de clés à peine moins rapidement que mon ombre. Ce trousseau de clés est devenu pour moi ce que la bouteille de gros rouge est au poivrot : indispensable. Ainsi équipé, je passe et repasse aux quatre coins des bâtiments, comptant les heures de la nuit comme un bagnard ses jours d’enfermement. Et bien que ce ne soit qu’un travail alimentaire, je révèle une conscience professionnelle qui m’incite à ne pas manquer de faire une seule ronde pour aller m’assoupir un instant dans la salle café. Bon, je l’avoue, c’est aussi que chacun de mes passages est enregistré électroniquement, et aussi que le conservateur a un vice qui le pousse parfois à visionner en accéléré les prises des caméras de surveillance. Alors je fais mon boulot, comme il faut, et tous les matins, j’ai sommeil. Une routine exaltante ! Parfois, j’en viens à espérer que d’aventureux cambrioleurs viennent briser la monotonie. Mais pour tout événement extraordinaire, au cours de ma courte carrière, je n’ai eu qu’un seul déclenchement d’alarme, fruit de l’intrusion d’un pigeon. Trépidante routine !

    Mais j’y pense tout à coup, je ne me suis pas présenté. Je m’appelle Daniel Passeurieux, un nom que je trouvais assez commun, jusqu’à ce que la vie avec Fabienne me pousse à me rendre compte qu’un mauvais jeu de mots sur mon patronyme, parvient à refléter simplement ma vie. Pour ceux qui ne l’ont pas encore compris, répétez rapidement mon nom et vous en arriverez au même diagnostique que moi : Passeurieux, Passeurieux, Passeurieux, pas heureux !

    C’est pourtant un bon résumé de ce je suis, ou de ce que je ne suis pas surtout : pas heureux. Je vis, je survis dans un univers qui ne me correspond pas. J’ai un travail qui ne me plaît pas et une vie de famille où je cherche ma place. Je suis fatigué, je veux juste dormir !

    Lit, tu manques à ma vie

    C’est donc sous la pluie, ce vendredi matin, que je me dirige, d’un pas pressé mais précis, slalomant entre les flaques d’eau, vers la boucherie.

    – Bonjour ! lancé-je, entrant dans la boutique à chair.

    – Bien le bonjour Monsieur Passeurieux. Alors, pas trop mouillé ? demande l’assassin animalier, me voyant trempé de la tête aux pieds, sur un ton laissant entendre que sa question est d’une originalité hors norme.

    – J’ai oublié mon parapluie, dis-je simplement, pour justifier ma tenue aqueuse.

    – Ça réveille ! croit-il bon d’ajouter.

    Puis, comme il n’y a pas d’autre client devant moi, il me demande :

    – Qu’est-ce qu’il vous fallait aujourd’hui ?

    Cherchant à déchiffrer ma fichue liste, qui a bien évidemment pris l’eau, je distingue entre les volutes d’encre bleue :

    – Des tendrons de veau. Trois ou quatre.

    Le fils de son père s’affaire à me servir. Son paternel avait créé la boucherie vers la fin des années soixante. L’enseigne indique « G. Lanusse et fils - bouchers ». Un titre qui avait sûrement dû prêter à rire du temps où le père était seul maître… Cependant, le jeu de mots avait probablement contribué à la renommée du commerce, puisque monsieur Georges Lanusse avait prénommé son unique rejeton, Gérard, dans l’espoir de voir ce dernier assurer la pérennité de l’entreprise familiale, tout en faisant l’économie d’une nouvelle enseigne. Son vœu semble avoir été exaucé, car d’évidence, « et fils » et le « s » de « bouchers », ont été ajoutés d’une teinte de peinture différente.

    Ainsi, Gérard Lanusse, tueur professionnel de son état, me présente quatre tendrons de veau parfaitement découpés.

    – C’est parfait, commenté-je.

    – Avec ceci ?

    Sans plus essayer de relire ma liste, je lui demande deux tranches de jambon blanc. Il en faut toujours, mais Fabienne trouve nécessaire de me l’écrire à chaque fois.

    Je paye mon dû et m’engage, de tout mon courage, sous le déluge, chemin inévitable pour parvenir à mon lit. La tête enfoncée dans les épaules, j’ambitionne de rejoindre la boulangerie, pour aller découvrir la « baguette pas trop cuite », chère à Fabienne, sans laquelle une journée ne saurait être meilleure que sa veille. Traversant la chaussée, à l’allure d’un champion de 100 mètres dopé, je manque de me faire renverser par un camion de livraisons de fûts de bière : quand on nous dit que l’alcool est dangereux…

    Deux glissades et demie plus tard, je trouve la devanture de mon artisan boulanger, qui a eu la géniale idée d’engager Sonia comme vendeuse. Celle-ci a une vingtaine d’années (la bienséance veut que l’on

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