En remontant le Rhône...
()
About this ebook
Related to En remontant le Rhône...
Related ebooks
Voyage poétique dans l'imaginaire: Recueil Rating: 0 out of 5 stars0 ratingsL'Ensorcelée Rating: 0 out of 5 stars0 ratingsMarsiho Rating: 0 out of 5 stars0 ratingsLe Retour du Tchad: Carnets de route Rating: 0 out of 5 stars0 ratingsPays de Retz: Portrait d'une région Rating: 0 out of 5 stars0 ratingsCompte-Tours: Histoires de motards Rating: 0 out of 5 stars0 ratingsLa terre du passé Rating: 0 out of 5 stars0 ratingsLéman: Légendes d'un lac Rating: 0 out of 5 stars0 ratingsLe macchabée du Val-André: Les enquêtes du commissaire Marie-Jo Beaussange - Tome 2 Rating: 0 out of 5 stars0 ratingsFigures de Vendée Rating: 0 out of 5 stars0 ratingsAu Soleil Rating: 0 out of 5 stars0 ratingsConstantinople Rating: 0 out of 5 stars0 ratingsLe pot au noir Rating: 0 out of 5 stars0 ratingsEn montagne bourbonnaise: Moeurs et Coutumes - Superstitions et Sorciers Rating: 0 out of 5 stars0 ratingsLe retour du Tchad Rating: 0 out of 5 stars0 ratingsPromenades autour d'un village Rating: 0 out of 5 stars0 ratingsLa vie est toujours vécue dans l'attente d'une histoire d'amour: Romance Rating: 0 out of 5 stars0 ratingsAtala Rating: 0 out of 5 stars0 ratingsSaint-Laurent mon amour Rating: 0 out of 5 stars0 ratingsAu soleil: Suivi de Sur l'eau, et La vie errante Rating: 0 out of 5 stars0 ratingsLégendes rustiques: Histoires berrichonnes Rating: 0 out of 5 stars0 ratingsSous les filets: Scènes et mœurs des rives Rating: 0 out of 5 stars0 ratingsHistoire d’un ruisseau Rating: 0 out of 5 stars0 ratingsLes tiens Rating: 0 out of 5 stars0 ratingsChateaubriand: Oeuvres Majeures: Atala + René + Génie du Christianisme + Mémoires d'outre-tombe + Vie de Rancé Rating: 0 out of 5 stars0 ratingsAtala - René - Les Natchez (L'édition intégrale - 3 titres): Trois romans élaborés par Chateaubriand au cours de son exil londonien Rating: 0 out of 5 stars0 ratingsLa Brière Rating: 0 out of 5 stars0 ratings
Sports & Recreation For You
Ma vie et la psychanalyse Rating: 3 out of 5 stars3/5Anatomie & Musculation: Développez votre puissance musculaire Rating: 5 out of 5 stars5/5Comprendre la procrastination: Pour obtenir vos objectifs Rating: 4 out of 5 stars4/5Nutrition Sportive Fondamentaux et guide pratique du succès Rating: 5 out of 5 stars5/5Magellan Rating: 5 out of 5 stars5/5Anatomie & 100 étirements essentiels: Techniques, Bénéfices attendus, Précautions à prendre, Conseils, Tableaux de séries, Douleurs Rating: 0 out of 5 stars0 ratingsL'ancien régime et la révolution (1856) Rating: 1 out of 5 stars1/5A chacun sa définition de l'amour: Quelle est la tienne? Rating: 5 out of 5 stars5/5Essais Rating: 0 out of 5 stars0 ratingsMarie-Antoinette Rating: 0 out of 5 stars0 ratingsDe la démocratie en Amérique: Tome I Rating: 0 out of 5 stars0 ratingsL'art d'aimer Rating: 0 out of 5 stars0 ratingsQu'est-ce que l'art ? Rating: 0 out of 5 stars0 ratingsL'étrange Défaite Rating: 0 out of 5 stars0 ratingsLe guide du voyageur autonome: Baroud, l'esprit d'aventure Rating: 0 out of 5 stars0 ratingsL'ultime Entraînement de poids corporel: The Blokehead Rating: 0 out of 5 stars0 ratingsL'entrainement 3d: Obtenez le corps de vos rêves en quelques semaines, quel que soit votre emploi du temps Rating: 4 out of 5 stars4/5De la démocratie en Amérique: (Parties 3 et 4) Rating: 0 out of 5 stars0 ratingsDe la démocratie en Amérique: Tome II Rating: 0 out of 5 stars0 ratingsCourses De Chevaux Comment Gagner Aux Paris Hippiques Avec Repetition Rating: 3 out of 5 stars3/5Le mot d'esprit et ses rapports avec l'inconscient Rating: 0 out of 5 stars0 ratingsL'Iliade Rating: 0 out of 5 stars0 ratingsTaichi : 50 questions-réponses Rating: 0 out of 5 stars0 ratingsLe Manuel D’Auto-Défense: Les meilleurs mouvements de combat de rue et techniques d’autodéfense: Autodéfense Rating: 0 out of 5 stars0 ratingsL'entraînement du footballeur: Guide pratique Rating: 5 out of 5 stars5/5Voyage avec un âne dans les Cévennes Rating: 0 out of 5 stars0 ratings
Reviews for En remontant le Rhône...
0 ratings0 reviews
Book preview
En remontant le Rhône... - Gilbert Vieillerobe
En remontant le Rhône…
Gilbert Vieillerobe
En remontant le Rhône…
Les eaux du Rhône,
reflet de notre société.
Récit de voyage
LES ÉDITIONS DU NET
22, rue Edouard Nieuport 92150 Suresnes
Du même auteur.
Romans :
Les géants des Cévennes, la manufacture, Lyon, 1985, épuisé.
La route de l’ambre bleu, éditions de l’Harmattan, Paris, 2008.
Rats de marée, éditions de l’Harmattan, Paris, 2012.
© Les Éditions du Net, 2013
ISBN : 978-2-312-01207-0
img1.pngCHEMINEMENTS
Le pied renflé, rond, charnu d’un bolet, enveloppé dans sa résille soyeuse, marbré de nuages qui se souviennent de crépuscules enflammés, enserré dans un fin maillage, simule le globe terrestre sillonné de milliards de sentiers. Autant d’invitations au voyage, mais quel embarras pour choisir ! Interviennent alors les aspirations de chacun. S’élancer sur ces chemins millénaires, sur ces routes mythiques, sur ces voies répertoriées, tracées et cartographiées, bornées et ponctuées de panneaux indicateurs, telle est la solution choisie par le plus grand nombre. Alors, le maillage, la trame annexe s’en trouve ignorée, délaissée, à tel point que la végétation l’efface et la rend à sa primitive origine.
L’humanité s’écoule en des chemins reconnus, processions de fourmis, du champ à la cuisine, va célébrer le culte des dieux exigeants, se précipite pour s’accaparer des lieux convoités, se rue pour faire provision ou commerce de produits, de matières rares et chères, indispensables. Ainsi s’est tissé un réseau, se sont creusés des chemins, se sont labourés des sillons larges et fertiles : la terre est couverte de ces lignes de vie, artères irrigantes et veines variqueuses, gangrénées par des excès de fréquentation. Tout au long de ces chemins estampillés, l’humanité a construit ses commerces, ses mensonges, sa perte ; là sont nés les forts et les faibles, les dominants et les esclaves, les vainqueurs et les déchus. Les uns ont bâti temples, palais et forteresses, les autres ont dressé leurs tentes, leurs cabanes, leurs bidonvilles devant lesquels tombent parfois quelques miettes.
La terre se moque de l’humanité ; elle en entrave intentionnellement la marche en rassemblant en des lits profonds les eaux nombreuses qu’elle produit et crée son réseau particulier. L’homme, hélas, souvent s’en empare. Rares sont les espaces et les passages vierges.
Les lumières qui égayent ces routes, lumignons des tavernes, cierges des religieux, lustres en cristal des châteaux, attirent ces papillons de nuit que sont les humains, misérables esprits en quête de félicité, misérables corps avides de repos et de nourriture. De quelque nature qu’elle soit, la concentration engendre violence et malaise. La monoculture génère la prolifération des maladies spécifiques et met en marche des armées de prédateurs. Les concentrations urbaines donnent naissance à l’individualisme, à l’incivilité, aux ghettos, aux trafics. L’aide sociale – indispensable ? – n’empêchera pas l’implosion. Le vrai courage politique ne serait-il pas de revitaliser le tissu rural car la communauté villageoise semble seule à même d’appliquer une véritable démocratie, de subvenir à ses besoins vitaux, d’organiser un mode d’échange équitable avec les quelques productions industrielles indispensables, de bâtir sur le chaos qui s’annonce une société apaisée où la sobriété heureuse s’épanouirait.
Ce qui n’empêchera pas que de nombreux humains auront des fourmis dans les jambes et voudront aller voir ailleurs, découvrir d’autres groupes, d’autres horizons, d’autres façons de faire, de vivre : qu’ils oublient pour s’y rendre les routes toutes tracées s’ils ne veulent pas retomber dans les mêmes ornières ! Que chacun invente sa route, qu’il prenne les vents à rebrousse-poil, qu’il s’engage sur les rivières à contre courant, qu’il traverse les landes et les épineux, qu’il louvoie entre les troncs des bois et des forêts, son chemin alors sera merveilleux et en croisera bien d’autres, l’hospitalité des siens fleurira aux carrefours où nul n’aura planté calvaire, menhirs ou statues de bronze au bras tendu.
Mais toi, Rhône, toi dont le chemin fut si longtemps incertain, qui creusa de nombreux sillons pour les combler ensuite et en ouvrir d’autres, que sais-tu des routes vitales, des précieuses et des dangereuses ?
Qu’elles restent à tracer bien sûr, qu’elles restent à inventer. Chausse-toi et marche, prends bâton, baluchon et marche. Laisse chez « la tante » les breloques, les montres, les boussoles, les coquilles, les pendentifs, sois nu sous ton tricot. Le sucre attire les guêpes et brouille l’esprit. Ne sois ni tentateur ni esclave de tes biens, pars les mains ouvertes et le sac vide. Le chemin unique, le tien, va s’ouvrir devant toi au jour le jour. Il passera par les couleurs de l’arc-en-ciel, mesurera sa réalité à la qualité des sourires et la justesse de sa direction à l’intensité du feu intérieur qui te poussera. Construire son chemin c’est construire sa vie.
1. LES RHÔNES EN CAMARGUE
Le Rhône se tient droit, debout fermement sur ses deux jambes écartées, les pieds puissamment ancrés dans la Méditerranée, et dresse ainsi sa colonne vertébrale jusqu’à Lyon. Pressentant sa fin prochaine, le vieillard libère les cordons de sa bourse : s’écoulent alors ses trésors amassés en un flux sans fin. Là où le fleuve s’éteint surgit l’origine du monde, un triangle pubien. Des boursoufflures du mont de Vénus naît une région d’exsudats aqueux, salés et fertiles. Des souffles d’haleines tièdes et parfumées se bousculent à la surface des eaux. Le fleuve, en parturiente épanouie et sereine, accouche d’une vie mi-aquatique mi-terrestre, prête à observer l’humanité avec circonspection.
Celui qui prétend remonter le fleuve se trouve devant un dilemme bien embarrassant : à Fourques, il en découvre deux ! La sagesse lui dicte de n’en vexer aucun, donc de descendre par une jambe et de remonter par l’autre, évitant ainsi de se prendre un coup de pied au cul.
A l’instant où, depuis Fourques, je décide de descendre par la jambe droite le Petit Rhône, je ne m’attends pas à découvrir une telle richesse, celle des terres de Camargue. Les hommes depuis toujours chérissent ce territoire. Ils l’ont enchâssé entre des digues solides, le préservant des colères et des caprices de son géniteur, car il se révèle parfois bête féroce capable de dévorer ses petits.
Ma remontée du Rhône commence donc sagement par une descente du Petit Rhône, sur la digue de la rive droite qui parfois s’éloigne du fleuve lui laissant la possibilité de se répandre sur quelques cultures, mais qui le plus souvent longe les eaux au plus près. Ce dernier jour de mai, une chaleur lourde, inerte, nullement troublée par le moindre souffle de vent, appuie des deux mains sur mon sac à dos avec la volonté de me mettre à genoux. L’ombre bienfaisante des peupliers argentés lui ordonne souvent de lâcher prise : j’ai des alliés dans la place ! De nombreuses embarcations empruntent le Petit Rhône et me distraient sur ce sentier, en brisent la monotonie. Une escouade de zodiacs des pompiers, quelques péniches, des plaisanciers avec qui j’échange des signes de la main, des sourires entendus.
Juste après le pont de Saint Gilles, une propriété ferme de sa barrière le chemin de la digue. Curieux. Pour continuer, il faut contourner le grillage en descendant jusqu’au bord du fleuve. Ayant épuisé ma réserve d’eau, j’appelle vers la maison espérant faire le plein, ce que l’homme accepte volontiers. En prime, il me conseille de retourner au pont et de passer en rive gauche ; le parcours vers les Saintes Maries de la Mer y sera, me dit-il, bien plus agréable. Judicieux car, après une heure de marche, j’avise en contrebas un hangar avec des bottes de paille où je me vois déguster une nuit de rêve après cette première journée courte mais néanmoins harassante.
Avant de m’installer, je vais, sinon demander l’autorisation, du moins prévenir de ma présence au mas voisin. La propriétaire n’y voit aucun inconvénient, puis me dit : vous allez vous faire dévorer par les moustiques… puis, j’ai un studio libre où vous pourrez dormir et prendre une douche … Finalement, je me retrouve à préparer des tomates mozzarella pour le repas du soir, passe une agréable soirée en très bonne compagnie, une bonne nuit dans un lit, suivie d’un réveil à six heures trente et d’un copieux petit déjeuner.
M’extasiant devant l’harmonieuse façade de ce mas en pierre blonde d’Uzès, j’apprends qu’il fait partie, avec quelques uns de ce secteur, des plus anciennes implantations. Dans les années 90, le Rhône emporta les digues sur une soixantaine de mètres et l’eau submergea une partie des terres. Seuls les mas