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En remontant le Rhône...
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En remontant le Rhône...

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C’est un homme simple, mais c’est un homme hors du commun qui, régulièrement, se dépouille de tout confort pour partir à l’aventure des chemins non balisés et écrit… En juin 2012, muni d’un sac à dos léger, pendant 5 semaines, dormant à la belle étoile, il a décidé de remonter le cours du Rhône depuis la Camargue jusqu’à sa source dans les Alpes suisses. Vous le suivrez au jour le jour, surpris de ses propres étonnements. Vous serez avec lui lors de ses rencontres fortuites avec le petit peuple, chaleureux, des bords du fleuve. Vous serez éblouis de nature dans quelques recoins secrets des rives du Rhône. Le fleuve fascine ce pèlerin qui chaque matin remet son voyage en chemin. Ce saute barrières, hors des idées et des sentiers battus, est, vous l’avez deviné, un conquérant de l’absolu. De lui afflue une écriture riche et baroque au cours de ce qu’il nomme ses « élucubrations ». Il vous perdra parfois en embrassant dans de très beaux traits d’écriture, la vie, la politique, la philosophie et la poésie. Écoutez le se recueillir après du fleuve majestueux, et puis taisez vous ! Cet homme a des choses à dire. Alain Dubin, journaliste, guide du patrimoine des pays de Savoie.
LanguageFrançais
Release dateJul 12, 2013
ISBN9782312012070
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    En remontant le Rhône... - Gilbert Vieillerobe

    cover.jpg

    En remontant le Rhône…

    Gilbert Vieillerobe

    En remontant le Rhône…

    Les eaux du Rhône,

    reflet de notre société.

    Récit de voyage

    LES ÉDITIONS DU NET

    22, rue Edouard Nieuport 92150 Suresnes

    Du même auteur.

    Romans :

    Les géants des Cévennes, la manufacture, Lyon, 1985,   épuisé.

    La route de l’ambre bleu,  éditions de l’Harmattan, Paris, 2008.

    Rats de marée, éditions de l’Harmattan, Paris, 2012.

    © Les Éditions du Net, 2013

    ISBN : 978-2-312-01207-0

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    CHEMINEMENTS

    Le pied renflé, rond, charnu d’un bolet, enveloppé dans sa résille soyeuse, marbré de nuages qui se souviennent de crépuscules enflammés, enserré dans un fin maillage, simule le globe terrestre sillonné de milliards de sentiers. Autant d’invitations au voyage, mais quel embarras pour choisir ! Interviennent alors les aspirations de chacun. S’élancer sur ces chemins millénaires, sur ces routes mythiques, sur ces voies répertoriées, tracées et cartographiées, bornées et ponctuées de panneaux indicateurs, telle est la solution choisie par le plus grand nombre. Alors, le maillage, la trame annexe s’en trouve ignorée, délaissée, à tel point que la végétation l’efface et la rend à sa primitive origine.

    L’humanité s’écoule en des chemins reconnus, processions de fourmis, du champ à la cuisine, va célébrer le culte des dieux exigeants, se précipite pour s’accaparer des lieux convoités, se rue pour faire provision ou commerce de produits, de matières rares et chères, indispensables. Ainsi s’est tissé un réseau, se sont creusés des chemins, se sont labourés des sillons larges et fertiles : la terre est couverte de ces lignes de vie, artères irrigantes et veines variqueuses, gangrénées par des excès de fréquentation. Tout au long de ces chemins estampillés, l’humanité a construit ses commerces, ses mensonges, sa perte ; là sont nés les forts et les faibles, les dominants et les esclaves, les vainqueurs et les déchus. Les uns ont bâti temples, palais et forteresses, les autres ont dressé leurs tentes, leurs cabanes, leurs bidonvilles devant lesquels tombent parfois quelques miettes.

    La terre se moque de l’humanité ; elle en entrave intentionnellement la marche en rassemblant en des lits profonds les eaux nombreuses qu’elle produit et crée son réseau particulier. L’homme, hélas, souvent s’en empare. Rares sont les espaces et les passages vierges.

    Les lumières qui égayent ces routes, lumignons des tavernes, cierges des religieux, lustres en cristal des châteaux, attirent ces papillons de nuit que sont les humains, misérables esprits en quête de félicité, misérables corps avides de repos et de nourriture. De quelque nature qu’elle soit, la concentration engendre violence et malaise. La monoculture génère la prolifération des maladies spécifiques et met en marche des armées de prédateurs. Les concentrations urbaines donnent naissance à l’individualisme, à l’incivilité, aux ghettos, aux trafics. L’aide sociale – indispensable ? – n’empêchera pas l’implosion. Le vrai courage politique ne serait-il pas de revitaliser le tissu rural car la communauté villageoise semble seule à même d’appliquer une véritable démocratie, de subvenir à ses besoins vitaux, d’organiser un mode d’échange équitable avec les quelques productions industrielles indispensables, de bâtir sur le chaos qui s’annonce une société apaisée où la sobriété heureuse s’épanouirait.

    Ce qui n’empêchera pas que de nombreux humains auront des fourmis dans les jambes et voudront aller voir ailleurs, découvrir d’autres groupes, d’autres horizons, d’autres façons de faire, de vivre : qu’ils oublient pour s’y rendre les routes toutes tracées s’ils ne veulent pas retomber dans les mêmes ornières ! Que chacun invente sa route, qu’il prenne les vents à rebrousse-poil, qu’il s’engage sur les rivières à contre courant, qu’il traverse les landes et les épineux, qu’il louvoie entre les troncs des bois et des forêts, son chemin alors sera merveilleux et en croisera bien d’autres, l’hospitalité des siens fleurira aux carrefours où nul n’aura planté calvaire, menhirs ou statues de bronze au bras tendu.

    Mais toi, Rhône, toi dont le chemin fut si longtemps incertain, qui creusa de nombreux sillons pour les combler ensuite et en ouvrir d’autres, que sais-tu des routes vitales, des précieuses et des dangereuses ?

    Qu’elles restent à tracer bien sûr, qu’elles restent à inventer. Chausse-toi et marche, prends bâton, baluchon et marche. Laisse chez « la tante » les breloques, les montres, les boussoles, les coquilles, les pendentifs, sois nu sous ton tricot. Le sucre attire les guêpes et brouille l’esprit. Ne sois ni tentateur ni esclave de tes biens, pars les mains ouvertes et le sac vide. Le chemin unique, le tien, va s’ouvrir devant toi au jour le jour. Il passera par les couleurs de l’arc-en-ciel, mesurera sa réalité à la qualité des sourires et la justesse de sa direction à l’intensité du feu intérieur qui te poussera. Construire son chemin c’est construire sa vie.        

    1. LES RHÔNES EN CAMARGUE

    Le Rhône se tient droit, debout fermement sur ses deux jambes écartées, les pieds puissamment ancrés dans la Méditerranée, et dresse ainsi sa colonne vertébrale jusqu’à Lyon. Pressentant sa fin prochaine, le vieillard libère les cordons de sa bourse : s’écoulent alors ses trésors amassés en un flux sans fin. Là où le fleuve s’éteint surgit l’origine du monde, un triangle pubien. Des boursoufflures du mont de Vénus naît une région d’exsudats aqueux, salés et fertiles. Des souffles d’haleines tièdes et parfumées se bousculent à la surface des eaux. Le fleuve, en parturiente épanouie et sereine, accouche d’une vie mi-aquatique mi-terrestre, prête à observer l’humanité avec circonspection.

    Celui qui prétend remonter le fleuve se trouve devant un dilemme bien embarrassant : à Fourques, il en découvre deux ! La sagesse lui dicte de n’en vexer aucun, donc de descendre par une jambe et de remonter par l’autre, évitant ainsi de se prendre un coup de pied au cul.

    A l’instant où, depuis Fourques, je décide de descendre par la jambe droite le Petit Rhône, je ne m’attends pas à découvrir une telle richesse, celle des terres de Camargue. Les hommes depuis toujours chérissent ce territoire. Ils l’ont enchâssé entre des digues solides, le préservant des colères et des caprices de son géniteur, car il se révèle parfois bête féroce capable de dévorer ses petits.

    Ma remontée du Rhône commence donc sagement par une descente du Petit Rhône, sur la digue de la rive droite qui parfois s’éloigne du fleuve lui laissant la possibilité de se répandre sur quelques cultures, mais qui le plus souvent longe les eaux au plus près. Ce dernier jour de mai, une chaleur lourde, inerte, nullement troublée par le moindre souffle de vent, appuie des deux mains sur mon sac à dos avec la volonté de me mettre à genoux. L’ombre bienfaisante des peupliers argentés lui ordonne souvent de lâcher prise : j’ai des alliés dans la place ! De nombreuses embarcations empruntent le Petit Rhône et me distraient sur ce sentier, en brisent la monotonie. Une escouade de zodiacs des pompiers, quelques péniches, des plaisanciers avec qui j’échange des signes de la main, des sourires entendus. 

    Juste après le pont de Saint Gilles, une propriété ferme de sa barrière le chemin de la digue. Curieux. Pour continuer, il faut contourner le grillage en descendant jusqu’au bord du fleuve. Ayant épuisé ma réserve d’eau, j’appelle vers la maison espérant faire le plein, ce que l’homme accepte volontiers. En prime, il me conseille de retourner au pont et de passer en rive gauche ; le parcours vers les Saintes Maries de la Mer y sera, me dit-il,  bien plus agréable. Judicieux car, après une heure de marche, j’avise en contrebas un hangar avec des bottes de paille où je me vois déguster une nuit de rêve après cette première journée courte mais néanmoins harassante.

    Avant de m’installer, je vais, sinon demander l’autorisation, du moins prévenir de ma présence au mas voisin. La propriétaire n’y voit aucun inconvénient, puis me dit : vous allez vous faire dévorer par les moustiques… puis, j’ai un studio libre où vous pourrez dormir et prendre une douche … Finalement, je me retrouve à préparer des tomates mozzarella pour le repas du soir, passe une agréable soirée en très bonne compagnie, une bonne nuit dans un lit, suivie d’un réveil à six heures trente et d’un copieux petit déjeuner.

    M’extasiant devant l’harmonieuse façade de ce mas en pierre blonde d’Uzès, j’apprends qu’il fait partie, avec quelques uns de ce secteur, des plus anciennes implantations. Dans les années 90, le Rhône emporta les digues sur une soixantaine de mètres et l’eau submergea une partie des terres. Seuls les mas

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