Compter Un art ancestral
Depuis quand l’être humain utilise-t-il les nombres ? La question est aussi difficile que celle qui consiste à se demander où et quand a été prononcée la première parole intelligible. Et elle se heurte à une autre question, tout aussi diabolique : est-ce que compter, c’est faire des mathématiques ? Étonnamment, la réponse à cette question n’est pas forcément affirmative. “Nous avons une vision très européenne de l’histoire des nombres selon laquelle ils sont effectivement utilisés comme outils mathématiques, mais d’autres civilisations y ont eu recours dans un tout autre contexte, notamment pour faire de la divination”, souligne Grégory Chambon, spécialiste de l’histoire des traces matérielles des savoirs antiques, directeur d’études à l’École des hautes études en sciences sociales et auteur d’Histoire des nombres (éd. Que sais-je?, 2020).
“D’autres civilisations ont utilisé les nombres dans un tout autre contexte, notamment pour faire de la divination ”
En Chine, par exemple, on a retrouvé des carapaces de tortue datant de la dynastie Shang (XVI -XI siècle av. J.-C.) et portant des inscriptions gravées qui étaient dénombrées par les prêtres pour des prédictions. Une pratique que l’on retrouve encore dans des populations traditionnelles, comme à Madagascar avec la divination sikidy, qui compte. Quant aux Trobriandais de Papouasie-Nouvelle-Guinée, ils ont élaboré des systèmes numériques pour dénombrer des quantités d’objets sans pour autant avoir développé une pratique arithmétique. , résume Éric Vandendriessche, ethnomathématicien au laboratoire SPHERE (CNRS & université de Paris). Et de fait, selon Grégory Chambon, .
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