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Profane, religieux, sacré: Quatre appels à réduire le clivage
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Ebook309 pages3 hours

Profane, religieux, sacré: Quatre appels à réduire le clivage

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About this ebook

Le clivage entre le sacré et le profane continue de menacer la santé de l’Église mondiale, en participant à la déresponsabilisation des chrétiens laïcs et en sapant l’appel à intégrer tous les aspects de la vie sous la seigneurie du Christ.
Les enseignants théologiques qui cherchent une voie pour sortir de cette dichotomie seront à la fois stimulés et encouragés par ce recueil d’articles tirés de la conférence de l’ICETE 2018 à Panama City. Dans les quatre sections de l’ouvrage, les auteurs explorent les cadres bibliques de l’intégration et exhortent les institutions théologiques à valoriser la formation identitaire des étudiants, sans négliger l’acquisition de compétences. En outre, ils appellent à la formulation d’une solide théologie du travail et incitent les théologiens à considérer leur responsabilité envers le monde au-delà des frontières de l’Église. Cet ouvrage est une excellente ressource pour ceux qui souhaitent adopter une approche holistique de la formation théologique. Il propose des questions qui suscitent la réflexion ainsi que de nombreuses suggestions pratiques.
LanguageFrançais
Release dateOct 6, 2021
ISBN9781839735400
Profane, religieux, sacré: Quatre appels à réduire le clivage

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    Profane, religieux, sacré - Langham Global Library

    Section 1

    Un appel à l’intégration

    Nous débutons cet ouvrage par deux documents exégétiques appelant à l’intégration de la vie et au rejet du clivage sacré-profane.

    Le professeur Chris Wright a fait une présentation lors de la séance plénière de l’ICETE 2018. Il a offert une étude érudite et une méditation du Psaume 86. Le psalmiste David écrit en un moment de grande crise personnelle et prie afin de parvenir à se confier entièrement en Dieu. Au cœur de sa requête, la nécessité d’avoir un cœur sans partage (v. 11).

    Ce psaume n’est pas centré sur le clivage entre le religieux et le profane, mais plutôt, comme le souligne Wright, sur le désir de David de rechercher l’intégrité dans tous les domaines de la vie, ce qui va à l’encontre d’un tel clivage. Wright résume ce point de vue :

    Le psalmiste veut de l’intégrité dans sa façon de penser. Car nous avons si souvent, en effet, le cœur partagé. Nous sommes distraits. Nous avons des motivations contradictoires. Nous nous débattons avec les conflits d’intérêts. Nous nous engageons dans des relations compromettantes qui divisent nos loyautés. Et nous absorbons facilement cette vision du monde binaire du « clivage religieux-profane » et compartimentons nos vies en conséquence (voir p. 19).

    Wright nous rend bien service avec cette méditation. Celle-ci sert de point d’ancrage à toute la démarche de ce livre, en confrontant le clivage sacré-profane à la recherche de Dieu. Dans sa prière, l’appel du roi David en faveur de son intégrité personnelle s’appuie sur le fondement solide des actions passées et du caractère de Dieu lui-même. C’est en soi un élément important pour entamer les discussions sur notre sujet.

    Le chapitre de professeur Shirley Ho a été rédigé à partir d’un séminaire portant sur des aspects de la théologie du livre des Proverbes. La perspective de l’histoire du salut du Psaume 86 telle qu’exposée par Wright est bien équilibrée par les perspectives de sagesse des Proverbes.

    À première vue, et selon certaines traditions du commentaire des Proverbes, le livre est une production séculière. Dans cette tradition, il est considéré comme faisant partie de la littérature de sagesse du Proche-Orient ancien, ce qui suggère qu’il n’a que peu de composantes de révélation. Le concept Action-Conséquence met en valeur le choix et l’action des individus, ce qui laisse peu de place à Dieu dans le livre. L’absence des éléments religieux ou cultuels de la foi suggère également que le livre est une construction séculière de la vie.

    Face à une telle interprétation, Ho soutient avec d’autres qu’il y a un argument structurel et thématique solide à faire valoir pour l’interprétation du caractère sacré du livre. La compréhension du rôle de Dame Sagesse au chapitre 9 est le point culminant de cette argumentation et interprète à la fois ce monde et les réalités cosmiques à partir de cet angle.

    Ho soutient qu’il n’y a pas de clivage entre le religieux et le profane, mais plutôt un clivage entre le religieux et le sacré. Cela correspond à la réalité vécue par l’ancien Israélite dont la compréhension de la vie et du cosmos est illustrée dans la structure du temple qui contient le lieu saint et le lieu très saint. Ho suggère que les termes décrivant le voyage dans le livre indiquent un mouvement du sacré vers le plus sacré, ce qui renforce le principe de base selon lequel il n’y a pas du tout de division entre le religieux et le profane dans le livre, mais un espace de vie harmonisé et sacré qui comporte des éléments encore plus sacrés.

    Le séminaire de Ho sur les Proverbes était le premier d’une présentation en deux parties. Pour sa part, professeur Lily Chua s’appuie sur les catégories dérivées du travail de Ho et les applique à la formation théologique. La contribution de Chua, au chapitre 3, débute à la section 2 qui se penche directement sur les problèmes que pose le clivage sacré-profane pour la formation théologique.

    1

    Intégrer des vérités

    Psaume 86

    Chris Wright

    Le Psaume 86 est un psaume très équilibré : il commence et se termine dans les problèmes ! Mais il trouve en son centre une forme certaine de cohésion. Il est également équilibré dans la manière dont il est structuré, selon un modèle de cercles concentriques. Il s’agit d’une forme d’arrangement en « chiasme étendu », dans lequel certains points clés de la première moitié du psaume mènent à un point central, puis se répètent dans l’ordre inverse dans la seconde moitié. Ce schéma ressemble à A-B-C-D-C-B-A. Il n’est pas rigide ou rigoureux, mais il n’en demeure pas moins visible (voir schéma à la page suivante).

    L’application de ce psaume à notre thème du clivage entre le religieux et le profane deviendra évidente à mesure que nous avancerons dans le psaume. Il illustre la vision biblique de l’intégration et nous y invite. Dans ce cas, il intègre la vérité à la croyance et à la vie.

    Commençons par les versets de début et de fin du psaume. Nous y trouvons une personne qui se débat avec ses problèmes.

    Une personne en détresse (v. 1-7, 14-17)

    Les premiers versets, 1 à 7, l’expliquent clairement. Voici quelqu’un qui est « malheureux et pauvre », qui réclame « la grâce », qui est « dans la détresse ».

    De même, les derniers versets 14 à 17 ramènent tout à cet ordre-là. Le psalmiste est menacé par des « arrogants » et des « hommes violents ». Il se sent en réel danger. Il a besoin que Dieu intervienne et le sauve. Il implore à nouveau la grâce et demande à Dieu de l’aider et de le réconforter. C’est la réalité qui se trouve sur le bord extérieur du psaume, au début et à la fin : le cercle extérieur. Comme le traduit la Bible Segond 21 :

    Éternel, prête l’oreille, exauce-moi,

    car je suis malheureux et pauvre.

    Garde mon âme, car je suis fidèle !

    Mon Dieu, sauve ton serviteur qui se confie en toi !

    Fais-moi grâce, Seigneur,

    car je crie à toi tout le jour.

    Réjouis l’âme de ton serviteur, Seigneur,

    car c’est vers toi que je me tourne.

    Oui, tu es bon, Seigneur, tu pardonnes,

    tu es plein d’amour pour tous ceux qui font appel à toi.

    Éternel, prête l’oreille à ma prière,

    sois attentif à mes supplications !

    Je fais appel à toi lorsque je suis dans la détresse,

    car tu m’exauces.

    […]

    Ô Dieu, des arrogants s’attaquent à moi,

    une bande d’hommes violents en veulent à ma vie ;

    ils ne tiennent pas compte de toi.

    Mais toi, Seigneur, tu es un Dieu de grâce et de compassion,

    lent à la colère, riche en bonté et en vérité ;

    tourne-toi vers moi et fais-moi grâce,

    donne ta force à ton serviteur,

    sauve le fils de ta servante !

    Accomplis un signe en ma faveur !

    Que ceux qui me détestent le voient et soient honteux,

    car tu me secours et tu me consoles, Éternel !

    Voici donc quelqu’un qui subit un stress important. Il se sent vulnérable, en danger et très faible. Il a un besoin urgent de l’aide de Dieu. Et c’est certainement la réalité de nombreux membres du peuple du Seigneur dans le monde d’aujourd’hui. Nous comprenons sans doute ce dont parle le psalmiste de par nos expériences personnelles. Tout comme nous savons ce que vivent les croyants dans de nombreux pays, victimes de persécution, de discrimination, de menaces et même de martyre. Beaucoup d’entre nous dans la famille de l’ICETE viennent de telles régions et se demandent comment continuer à être fidèles à notre Seigneur et à notre appel dans de telles circonstances. Ces paroles du psalmiste résonnent dans nos cœurs.

    Le psalmiste déverse ici ses problèmes au beau milieu de son acte d’adoration (une chose bonne et saine à faire). Il est clair que cela ne résout pas instantanément les problèmes, puisqu’ils sont toujours là à la fin du psaume. Mais il fait contrepoids aux problèmes évoqués en début et fin du psaume grâce à deux perspectives très puissantes. Il les place à proximité du début et de la fin du psaume – à savoir, juste à l’intérieur de ce cercle de problèmes. Il utilise des mots et des expressions semblables pour nous donner ces deux cercles intérieurs. Et ainsi nous passons à…

    Deux perspectives auxquelles le psalmiste peut se fier

    Le psalmiste en relation avec Dieu : il est le serviteur de Dieu (v. 2-4, 16)

    Il le mentionne juste après le début et y revient juste avant la fin. Lisez les versets 2 à 4 et 16 :

    ²Garde mon âme, car je suis fidèle !

    Mon Dieu, sauve ton serviteur qui se confie en toi !

    ³Fais-moi grâce, Seigneur,

    car je crie à toi tout le jour.

    ⁴Réjouis l’âme de ton serviteur, Seigneur,

    car c’est vers toi que je me tourne.

    […]

    ¹⁶tourne-toi vers moi et fais-moi grâce,

    donne ta force à ton serviteur,

    sauve le fils de ta servante !

    Le psalmiste dit, en somme : « La personne qui crie vers toi, Seigneur, n’est pas n’importe qui. Je suis ton serviteur, le fils de ta servante. » Il dit : « Seigneur, toute ma famille et moi sommes des serviteurs de Dieu, fidèles, loyaux et engagés. Je t’ai servi toute ma vie, tout comme ma mère ! »

    Je ne pense pas qu’il s’agisse là d’une revendication arrogante d’un quelconque droit. Il s’agit plutôt d’un appel basé sur le constat d’une relation. Un maître humain aurait conscience de sa responsabilité envers l’un de ses serviteurs, il prendrait soin de ce dernier et le protégerait ; après tout, il en va de son propre intérêt financier ! Combien plus encore le Dieu de l’alliance d’Israël devrait-il prendre soin de ses serviteurs ? Si j’ai été fidèle au Seigneur, je peux certainement faire confiance à Dieu pour qu’il tienne sa promesse et me soit fidèle. Ainsi, à deux reprises, le psalmiste défie presque Dieu d’être fidèle à sa parole : « sauve ton serviteur qui se confie en toi » (v. 2) et « c’est vers toi que je me tourne » (v. 4). En d’autres termes : « Seigneur, je te fais confiance pour t’occuper de moi en tant que ton fidèle serviteur, je te fais confiance pour accomplir ce que cette relation exige. »

    Il s’agit donc d’un appel à la relation d’alliance à un niveau personnel. Le Dieu qui a fait de grandes promesses à son peuple Israël dans son ensemble doit certainement tenir ces promesses à cet Israélite dans la détresse. Il place donc cette perspective à proximité de la limite extérieure de son psaume. Il se souvient de qui il est, un serviteur du Dieu vivant qui ne se montrera pas indigne de confiance ou impuissant. Il a confiance dans cette relation avec Dieu, son Seigneur d’alliance.

    Dieu en relation avec son peuple (v. 5, 15)

    À deux reprises, le psalmiste commence le verset par un « Tu es…, toi, Seigneur,… » très emphatique (v. 5 et 15), créant ainsi un autre cercle intérieur, se rapprochant du centre :

    Oui, tu es bon, Seigneur, tu pardonnes,

    tu es plein d’amour pour tous ceux qui font appel à toi.

    […]

    ¹⁵Mais toi, Seigneur, tu es un Dieu de grâce et de compassion,

    lent à la colère, riche en bonté et en vérité.

    Il se décrit comme étant le serviteur de Dieu. Mais il se rend compte que ce qui compte vraiment, ce n’est pas qui il est, mais qui Dieu est, par son caractère et sa nature. C’est donc dans cette direction qu’il se tourne – à deux reprises.

    Voici ce que le psalmiste dit de Dieu :

    Tu pardonnes ;

    Tu es bon ;

    Tu es plein d’amour (à deux reprises) ;

    Tu es un Dieu de grâce ;

    Un Dieu de compassion ;

    Lent à la colère ;

    Riche en bonté et en vérité.

    Ne pensez-vous pas que le psalmiste se sent déjà mieux ? Quoi qu’il puisse dire ou affirmer sur lui-même, voici ce qu’il sait de Dieu : « Toi, Seigneur, tu seras toujours fidèle à toi-même. »

    L’ Anglican Book of Common Prayer contient une magnifique prière ancienne de Thomas Cranmer qui remonte à 1548. On la prononce juste avant de s’asseoir à la table du Seigneur pour la Sainte Communion. Dans sa version contemporaine, nous la disons ainsi : « Seigneur miséricordieux, nous n’avons pas la prétention de venir à cette table en nous fondant sur notre propre vertu, mais sur tes multiples et grandes miséricordes. Nous ne sommes pas même dignes de ramasser les miettes de ta table. Mais tu es le même Seigneur dont la nature est d’abonder toujours en miséricorde. »

    Telle est exactement la perspective du Psaume 86. Le psalmiste connaît le Dieu qu’il prie, et il se remémore toutes les choses que Dieu déclare sur lui-même dans les Écritures. Ses paroles font clairement écho à la manière dont Dieu s’identifie lui-même dans Exode 34.6-8. Cela renforce encore la conviction exprimée dans sa prière. On peut faire confiance à Dieu parce que c’est le Dieu qu’il est. C’est le Dieu de l’alliance qu’Israël connaît, tant par sa propre révélation que par ses actes en sa faveur.

    Ainsi, notre psalmiste a placé ses problèmes aux extrémités du psaume – au début et à la fin. Et au cœur, il a placé ces deux perspectives : ce qu’il est lui-même en tant que serviteur de Dieu, et ce que Dieu est en tant que Yahvé, Dieu aimant, bon et fidèle, le Dieu de l’alliance avec Israël. Avec ces deux perspectives en place, il en vient maintenant à la vérité centrale, le centre d’intégration de tout le psaume, dans les versets 8-10.

    Trois vérités centrales à propos de Dieu (v. 8-10)

    Ces versets sont clairement centraux, précédés de sept versets et suivis de sept autres. Et une fois de plus, notre psalmiste a soigneusement disposé ce qu’il veut dire de Dieu selon un schéma concentrique qui conduit notre esprit au cœur même du psaume, au verset 9. C’est le centre d’intégration qui lie l’ensemble du psaume autour de ses vérités fondamentales. Nous commençons par la première et la dernière ligne.

    L’unicité de Dieu (v. 8, 10)

    Personne n’est comme toi parmi les dieux, Seigneur

    […]

    ¹⁰Toi seul, tu es Dieu.

    Il s’agit là, bien sûr, de la grande affirmation de ce que nous appelons le monothéisme de l’ Ancien Testament. Israël était entouré de nations ayant beaucoup d’autres dieux. Et ce psalmiste est entouré de gens qui n’ont aucune considération pour le seul vrai Dieu vivant d’Israël (v. 14). Cela pourrait bien être le cas pour beaucoup d’entre nous aussi. Comme le psalmiste, nous vivons dans un monde qui court après de nombreux autres dieux et idoles – qu’il s’agisse des dieux attitrés des autres religions ou des idolâtries plus subtiles de nos cultures (dieux de l’argent, de la cupidité, du consumérisme, de la sécurité, du militarisme, de la gratification sexuelle, du narcissisme de l’épanouissement personnel, etc.). Le clivage sacré-profane est en soi le résultat d’une sorte d’idolâtrie de la laïcité qui pousse Dieu et la foi en Dieu hors de la sphère publique vers le domaine de la croyance et de l’opinion privées. Et ces dieux environnants et ceux qui leur sont dévoués peuvent être hostiles, intolérants et tentants, exerçant une forte pression sur les chrétiens pour qu’ils acceptent leur vision du monde dichotomique et s’y conforment, et qu’ils se retirent dans leur propre petit royaume « sacré

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