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Théo Gratias: La Vierge qui parle
Théo Gratias: La Vierge qui parle
Théo Gratias: La Vierge qui parle
Ebook268 pages2 hours

Théo Gratias: La Vierge qui parle

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About this ebook

Une jeune Anglaise est sauvagement agressée pendant un concert sous les halles centenaires du petit village de Lagrasse dans les Corbières.
Pourtant personne n’a vu ni entendu quoi que ce soit.
L’enquête des gendarmes tourne en rond même s’ils suspectent fortement son fiancé qui reste renfermé sur lui-même et complétement abattu par la douleur.
Un jeune chanoine de l’abbaye Sainte Marie, Frère Théo, essaie de lui venir en aide.
Mais sa foi et son dévouement ne suffisent pas à le sortir de sa profonde dépression.
C’est la Vierge Marie elle-même qui dénouera l’intrigue et mettra Frère Théo sur la piste de l’assassin.
LanguageFrançais
Release dateNov 3, 2021
ISBN9782312087047
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    Théo Gratias - Christine von Essen

    cover.jpg

    Théo Gratias

    Christine von Essen

    et Pierre Ranzoli

    Théo Gratias

    La Vierge qui parle

    LES ÉDITIONS DU NET

    126, rue du Landy 93400 St Ouen

    Les personnages, associations, sociétés et situations de ce récit étant purement fictifs, toute ressemblance avec des personnes, associations, sociétés ou des situations existantes ou ayant existé ne saurait être que fortuite.

    Note des Auteurs

    Ce roman a été composé à quatre mains et deux langues. Il est né de l’imagination de notre couple franco-allemand et a été produit en deux versions. Christine von Essen, mon épouse, l’a publié en langue allemande et vous avez entre les mains la version française.

    © Les Éditions du Net, 2021

    ISBN : 978-2-312-08704-7

    img1.png

    Thomas, l’ermite des Corbières

    Les Corbières, An 777

    Les premiers rayons du matin dardent une lumière blanche et froide sur la garrigue. C’est l’instant que préfère Thomas, il alimente ses légumes en eau avec parcimonie car le niveau du puits descend chaque jour un peu plus.

    Ce matin, il n’a pu sortir que trois seaux d’une eau trouble et la rivière qui coule dans la vallée n’est plus qu’un mince filet intermittent. Il faudrait que la pluie revienne sinon le maigre lopin de terre où il a tant bien que mal aménagé un petit potager va retourner à son état initial de garrigue.

    Ce sont les Corbières. Cette région tient son nom du fait que seuls les corbeaux aiment et habitent cette région aride, sèche et inculte où seules les pierres semblent s’y plaire.

    Ses quelques pieds de fèves, de fenouils et d’ognons ne survivront pas à un été caniculaire.

    Lui-même, sans eau et sans nourriture, n’aura probablement pas la force de tenir jusqu’à l’automne dans cet enfer torride.

    Devant cette sombre perspective, il décide de sacrifier une de ses rares bougies de cire qu’il fabrique quand par chance il trouve un essaim d’abeilles sauvages à sa portée et récupère, en se protégeant la tête tant bien que mal des piqûres des insectes avec un vieux châle en lambeaux, un peu de miel et de cire. Ces jours-là, son moral est au plus haut, il s’autorise, en demandant pardon au Seigneur, un petit péché de gourmandise en dégustant un peu de miel en dessert de son frugal repas.

    Devant la flamme tremblante de la bougie à la forme grossière, l’ermite prie.

    – S’il vous plaît mon Dieu, faites que mon travail rapporte les fruits qu’il mérite, amenez un peu de pluie sinon la récolte sera mauvaise et l’eau va manquer.

    Pour mieux montrer sa dévotion et sa soumission au Seigneur, il joint à cette prière un sacrifice majeur, il enterre devant l’entrée de sa grotte le bien le plus précieux et quasiment le seul qu’il possède : une bague en argent qui lui vient de sa mère. Il en fait don à la Terre Nourricière en échange de sa survie dans cette région aride et inculte, les Terres Maigres, Tèrras Magres dans le dialecte local.

    img2.png

    Le trésor d’Alaric

    Sud de la Gaule, An 506

    Alaric II est le 8e roi des Wisigoths, son royaume s’étend de Gibraltar à la Loire et de Bordeaux à Cannes. Il règne depuis son palais de Toulouse, riche capitale de son royaume.

    Ses relations avec ses voisins francs du Nord, sont très tendues, les attaques ponctuelles sont quotidiennes de chaque côté de la Loire et un conflit ouvert peut éclater à tout moment.

    Heureusement Theodoric le Grand, roi des Ostrogoths, et beau-père d’Alaric est un fin stratège. Aussi met il sur pied une rencontre entre Alaric II et Clovis le roi des Francs.

    Elle aura lieu dans un endroit symbolique : sur une île de la Loire près d’Amboise, fleuve qui tient lieu de frontière entre les deux peuples.

    Son initiative est couronnée de succès et les deux opposants, après de multiples rebondissements, signent en 506 un traité de paix entre leurs royaumes respectifs.

    Mais si Alaric II a la volonté de maintenir une entente pacifique, surtout par respect vis-à-vis de son beau-père Theodoric, Clovis, lui, se prépare, en dépit de cet accord tout frais, à entrer en guerre contre ces chiens impies de Wisigoths.

    Il veut étendre son royaume pour y annexer la Gaule tout entière afin d’y instaurer la catholicité, la seule religion qui, selon lui, amène la paix et le respect des institutions.

    Alaric II se doute des intentions de Clovis. Il cherche malgré tout à éviter la guerre. Il pratique une politique d’ouverture et multiplie les gestes de bonne volonté à l’intention des sujets catholiques de son royaume.

    Après avoir consulté les notables ecclésiastiques et laïcs gallo-romains de son royaume, il promulgue de nouvelles lois au travers d’un nouveau code de droit : le « Bréviaire d’Alaric » qui modernise le droit romain en vigueur jusque-là au sein de la Gaule à la réalité de l’époque.

    Ce Bréviaire va avoir un tel succès que, par la suite, Clovis lui-même l’adopta et le rendit applicable à son royaume.

    Ce texte de loi restera une référence du droit romain moderne jusqu’au onzième siècle.

    Malgré cela, après un an à peine, Clovis rompt l’armistice conclu sur la Loire.

    Il lance une attaque dans la plaine au nord de Poitiers, anticipant qu’une victoire à ce niveau lui ouvrirait une brèche vers le midi de la Gaule, son objectif étant bien entendu de s’emparer de Toulouse, capitale des Wisigoths, et du fabuleux trésor d’Alaric que l’on y conservait.

    Dans la mêlée, Alaric, furieux de voir les Francs piétiner leur engagement de paix, cherche à affronter Clovis personnellement et à le tuer de ses propres mains.

    Ils s’affrontent dans un corps à corps effréné, les armes et les cuirasses s’entrechoquent dans un vacarme assourdissant. Alaric ne parvient pas à ses fins au contraire Clovis parvient à toucher Alaric avec son glaive au niveau de l’aine.

    Voyant leur roi blessé, les Wisigoths sont atteints moralement et c’est un tournant dans la bataille donnant un avantage décisif aux Francs qui finalement l’emportent.

    Les Wisigoths survivants entourent leur roi pour le protéger dans sa retraite et réussissent à l’éloigner de la fureur des soldats francs. Ils peuvent ainsi le mener en toute sécurité en direction du sud.

    Alaric avait anticipé une possible défaite et avait pris les précautions adéquates.

    Un convoi discret, chargé de l’or et des joyaux qui constituaient le trésor d’Alaric, avait déjà quitté Toulouse pour rejoindre Narbonne où Alaric avait prévu de se réfugier en cas de crise grave.

    Hélas la blessure du roi ne se résorbe pas, elle s’infecte et l’affaiblit chaque jour davantage. Après 20 jours de voyage, Alaric II rend l’âme juste avant d’arriver à Narbonne. Ses compagnons lui creusent une tombe discrète dans une montagne près du village de Ribaute.

    Il y repose en habit de combat et entouré des plus beaux bijoux de son trésor.

    Depuis l’histoire s’est répandue dans la région et la montagne fut rebaptisée Montagne d’Alaric.

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    Dans le magasin de souvenirs

    Lagrasse 2019

    Chaque jour Frère Théo ouvre les lourds volets en bois ancien de la boutique de souvenirs de l’abbaye Sainte-Marie.

    Un sourire béat éclaire son visage.

    – Cette lumière, ce bleu intense du ciel, pense-t-il à voix haute, quelle magnificence. Comme je suis heureux et reconnaissant de vivre ici, merci mon Dieu de m’y avoir amené. Je comprends pourquoi, chaque année, autant de gens viennent ici pour passer leurs vacances.

    Le chanoine est vêtu d’une longue aube en lin d’un blanc immaculé qui contraste avec ses cheveux noirs et fournis. C’est le vêtement traditionnel de son ordre, les chanoines de Marie la Mère de Dieu. C’est un ordre catholique suivant la règle de Saint Augustin dont la principale mission consiste à promouvoir la foi chrétienne dans la vie quotidienne des gens.

    Pour cela les chanoines, en plus de leurs obligations liturgiques, participent à tous les événements du village et des environs, ils sont de toutes les fêtes, de toutes les actions sociales et sportives. Ils ont même une équipe de football, où ils jouent en soutane, qui se mesure régulièrement à l’équipe locale. Ils vont à la rencontre des personnes malades, en difficulté ou à la dérive et leur prodiguent des conseils pour retrouver la joie de vivre au travers de la foi chrétienne.

    Les chanoines sont très présents dans le village et la région alentour.

    Les vacances d’été viennent juste de commencer, les touristes ont déjà envahi la place.

    Au milieu de la région cathare en Occitanie, non loin de la fameuse Cité de Carcassonne, inscrite au Patrimoine Mondial de l’UNESCO, le petit village de Lagrasse est classé parmi les plus beaux de France.

    Au creux de la vallée, il a gardé son aspect moyenâgeux avec ses ruelles étroites où l’on ne peut accéder qu’à pied, ses maisons en pierre aux fenêtres étroites et cintrées.

    L’abbaye domine le village par sa taille et son impressionnante architecture.

    La rivière Orbieu coule, paisible, au pied de l’édifice et ses méandres sillonnent les faubourgs écrasés de soleil.

    Le bâtiment est scindé en deux parties, une partie, de loin la plus importante est occupée par les chanoines, l’autre est propriété de l’État et abrite un musée.

    Le côté des chanoines peut aussi être visité, à l’exception de la partie très privée où sont les chambres et le réfectoire.

    Frère Théo est responsable du magasin de souvenirs et de la librairie de l’abbaye. Il y vend les tickets pour la visite bien sûr, mais aussi des articles et des livres à caractère religieux, et des produits manufacturés par l’abbaye ou par les monastères environnants, comme du vin, du miel, des herbes aromatiques, ou des huiles essentielles…

    Cette responsabilité lui tient à cœur et il s’y investit totalement.

    Il fait partie de la communauté depuis plus de 14 ans et a pu assister aux améliorations apportées à l’édifice par les travaux de rénovation au cours des années et au développement de l’attrait de l’abbaye sur le plan touristique pour atteindre aujourd’hui plus de cinquante mille visiteurs par an. Cela est sans compter les fidèles qui viennent chaque dimanche assister aux messes dites suivant le culte romain et agrémentées des chants grégoriens en latin.

    Théo apprécie aussi énormément la vie monastique avec sa liturgie qui donne une structure et une stabilité rassurante à ses journées.

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    Frère Théo

    Venant d’une famille chrétienne dont le père, très croyant, appliquait à la lettre les préceptes de la Bible, Théo, qui s’appelait alors Jean-Louis, avait eu au milieu de ses cinq sœurs une jeunesse difficile dans le rude climat de la Picardie sous la dure emprise paternelle. Ses sœurs devaient travailler dur avec la mère, sans loisirs, sans excès vestimentaire. Les filles devaient toujours porter une robe ou une jupe, le pantalon leur était interdit. Aussi, la nuit tombée, quand les parents s’étaient retirés dans leur chambre pour sombrer dans un lourd sommeil après la dure journée de labeur, les enfants prenaient plaisir à briser le tabou familial et les filles s’arrachaient les pantalons de leur frère pour admirer leurs silhouettes ainsi vêtues. De même Jean-Louis enfilait une robe de ses sœurs, et se voyant dans le miroir ainsi affublé, il était fier de ressembler à un moine.

    La seule sortie autorisée aux filles consistait à accompagner la mère aux marchés locaux pour vendre les produits de la ferme. Quant à lui, en tant que fils unique, il dut très jeune aider son père dans l’exploitation agricole spécialisée dans les légumes et les herbes aromatiques. Si le travail était dur avec un lever quotidien à cinq heures et la pression de son père qui demandait de faire toujours plus et plus vite, il aimait le contact direct avec la nature et pouvait apprendre un peu des vastes connaissances de son père sur les plantes.

    Quand, à l’âge de dix-huit ans, Jean-Louis entendit le prêtre de la paroisse faire, lors de son sermon dominical, l’apologie de ceux qui entraient au séminaire pour dédier leur existence à Dieu, il comprit que c’était pour lui l’occasion de sortir des contraintes familiales. C’était la seule voie que son père pourrait accepter sans l’obliger à continuer le travail à la ferme.

    En effet son père, très féru de religion catholique, ne pouvait pas refuser à son fils de rentrer dans les ordres, même si cela impliquait une paire de bras en moins à la ferme.

    Avec l’aval de son père, Jean-Louis formula sa candidature au Séminaire Catholique de Lille où il fut accepté.

    Il commença donc une nouvelle vie loin des siens, appréciant le sentiment de liberté que lui procurait l’absence du joug paternel.

    Durant ses années d’études théologiques, le Supérieur du séminaire perçut sa motivation et ses dons pour le contact humain et le proposa pour intégrer l’abbaye de Lagrasse en tant que postulant.

    Il fut accepté, et quel choc cela fut pour le jeune Jean-Louis. Il passa du climat froid et humide du Nord à la douce clémence des Corbières.

    Toujours en tenue légère même en hiver, les chanoines le surnommaient le Suédois.

    Un autre changement radical fut l’atmosphère qui régnait au sein de l’abbaye, les chanoines, les ouvriers travaillant à la restauration du bâtiment, les gens du village qu’il croisait au hasard de ses promenades, tous étaient charmants, agréables, polis et surtout respectueux à son égard.

    Il n’avait jamais vécu cette douceur de vivre omniprésente dans ce village ensoleillé.

    Après une année d’apprentissage, il put enfin accéder à l’habit et commencer son noviciat simple, avec un nouveau nom dont le choix ne fut pas aisé.

    En effet il était absolument déterminé à s’appeler Frère Théo, ça sonnait jeune et moderne.

    Or le nom d’un chanoine doit être choisi parmi les noms des Saints… Il n’y a pas de Saint Théo… Donc le Père Abbé refusa tout net sa proposition.

    Mais Jean-Louis n’abdiqua pas pour autant. Il argumenta de pied ferme usant de toute son intelligence et sa capacité de persuasion pour faire changer la décision du Père Abbé.

    Il eut l’idée de proposer le nom de Théodore, un Saint Martyr exécuté en Turquie au quatrième siècle et fêté le neuf novembre.

    C’était en fait un soldat romain plein d’amour pour Jésus-Christ qui refusait malgré le péril de cacher sa foi et, au contraire, se faisait une gloire de la clamer et de

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