L' ECOLE DU RACISME: La construction de l’altérité à l’école québécoise ( 1830-1915 )
()
À propos de ce livre électronique
L’ouvrage montre bien comment l’altérité construite, mise en scène et racontée par l’institution scolaire québécoise du XIXe siècle a été un outil pédagogique privilégié. En plus d’examiner le champ narratif du « faire-croire » et du discours imposé de la représentation, il analyse les contours de l’appropriation des figures de l’altérité par les élèves du Québec. Quelles conceptions de l’Autre, produites par quelles idéologies, l’école transmit-elle ? Quelles fonctions récréatives et pédagogiques ont-elles remplies ?
Par la variété des thèmes abordés et des sources consultées, ce livre, appuyé par un grand nombre d'illustrations, contribue de façon remarquable au débat sur le racisme ainsi qu’à la recherche de solutions dans les rapports entre la majorité blanche et les différents groupes racisés au Québec.
Lié à L' ECOLE DU RACISME
Livres électroniques liés
Après le divorce Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationDe la Démocratie en Amérique, tome troisième Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationPsychologie des foules Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLa France en perdition sous l'image subliminale du racisme Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationMademba n'est pas un natif du terroir. Et alors ?: Un plaidoyer contre l'autochtonie Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLa COMMUNAUTE DU DEHORS: Imaginaire social et crimes célèbres au Québec (XIXe-XXe siècle) Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationPratiques d'organisation communautaire en CSSS Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationL' OEIL DU MAITRE: Figures de l'imaginaire colonial québécois Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationQuébec. Le défi économique Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLe QUEBEC PAR SES ENFANTS: Une sociologie historique (1850-1950) Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationCes différences et coutumes qui dérangent Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationFondaction, un fonds pleinement engagé dans la finance socialement responsable Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationVocabulaire de la création d'entreprise par essaimage: incluant la terminologie élémentaire de la restructuration par scission Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationAntijudaïsme et influence nazie au Québec: Le cas du journal L'Action catholique (1931-1939) Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationSommes-nous tous racistes ?: Psychologie des racismes ordinaires Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLa CONTRE-CULTURE AU QUEBEC Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLa politique territoriale au Québec: 50 ans d'audace, d'hésitations et d'impuissance Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationHenri-Paul Rousseau, le siphonneur de la Caisse de dépôt Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLa REUSSITE EDUCATIVE DES ELEVES ISSUS DE L'IMMIGRATION: Dix ans de recherche et d'intervention au Québec Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLa NORDICITE DU QUEBEC: Entretiens avec Louis-Edmond Hamelin Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationL' ACTION ENVIRONNEMENTALE AU QUEBEC: Entre local et mondial Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLe temps des relations publiques Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationCompte-rendu de la démarche de bonification de IMT Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationFrançois-Marc Gagnon et l'art au Québec: Hommage et parcours Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLES ETATS STRATEGES: Nationalisme économique et finance entrepreneuriale au Québec et en Écosse Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationNon-publics de la culture: Six institutions culturelles de la Mauricie à l'étude Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationL'éducation préscolaire au Québec: Fondements théoriques et pédagogiques Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLes inondations au Québec: Risques, aménagement du territoire, impacts socioéconomiques et transformation des vulnérabilités Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLe Québec, connais-tu? (série 7 livres) Évaluation : 5 sur 5 étoiles5/5
Avis sur L' ECOLE DU RACISME
0 notation0 avis
Aperçu du livre
L' ECOLE DU RACISME - Catherine Larochelle
Catherine Larochelle
L’école du racisme
La construction de l’altérité
à l’école québécoise
(1830-1915)
Les Presses de l’Université de Montréal
Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada
Titre: L’école du racisme: la construction de l’altérité à l’école québécoise (1830-1915) / Catherine Larochelle.
Noms: Larochelle, Catherine (Professeure d’histoire), auteure.
Collections: PUM.
Description: Mention de collection: PUM | Comprend des références bibliographiques.
Identifiants: Canadiana (livre imprimé) 20210052880 | Canadiana (livre numérique) 20210052899 | ISBN 9782760644670 | ISBN 9782760644687 (PDF) | ISBN 9782760644694 (EPUB)
Vedettes-matière: RVM: Éducation—Québec (Province)—Histoire—19e siècle. | RVM: Racisme en éducation—Québec (Province)—Histoire—19e siècle. | RVM: Altérité. | RVM: Identité collective—Québec (Province)
Classification: LCC LC212.3.C32 Q8 2021 | CDD 370.9714—dc23
Mise en pages: Folio infographie
Dépôt légal: 4e trimestre 2021
Bibliothèque et Archives nationales du Québec
© Les Presses de l’Université de Montréal, 2021
www.pum.umontreal.ca
Cet ouvrage a été publié grâce à une subvention de la Fédération des sciences humaines de concert avec le Prix d’auteurs pour l’édition savante, dont les fonds proviennent du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada.
Les Presses de l’Université de Montréal remercient de son soutien financier la Société de développement des entreprises culturelles du Québec (SODEC).
Remerciements
Partie d’une volonté de comprendre les ressorts extérieurs de la construction nationale québécoise, la recherche que j’ai effectuée dans le cadre de mon doctorat, et dont ce livre est l’aboutissement, m’a menée vers des horizons que je n’avais pas anticipés. Ces horizons, je les ai atteints grâce au compagnonnage d’intellectuelles et de penseurs importants: Sara Ahmed, Emmanuel Levinas, Madeleine Ouellette-Michalska, Thierry Hentsch, Toni Morrison, Emma Larocque, et bien d’autres. Alimentée à leurs mots, j’ai compris que les archives scolaires du XIXe siècle québécois témoignaient de performances, de constructions rhétoriques, d’une alphabétisation visuelle et de la transmission d’une vision du monde fondamentalement raciste et colonialiste.
L’aide reçue, en cours de route, de plusieurs archivistes, notamment de Josée Sarrazin à la congrégation de Notre-Dame et de Nancy Lavoie aux Frères des écoles chrétiennes, m’a permis de placer dans la Grande Histoire des écolières et écoliers anonymes n’ayant laissé pour uniques traces que quelques compositions scolaires.
Ce sont précisément les gestes de ces élèves, cette lente et répétitive écriture des devoirs, cette pénible ou attrayante lecture des manuels, cet ennui diverti par l’observation des images, ce sont ces gestes qui tracent les sillons profonds de cette histoire de l’apprentissage du racisme à l’école québécoise.
«Ils sont barbares», «barbares», «Barbares et peu civilisés», «despotiques», «race moins intelligente», «ils donnent leurs enfants à manger aux pourceaux», «la plus basse classe de l’humanité», «à civiliser», «des ressources», «sauvages», «ils ne sont plus nombreux», «disparaissent»… Ces mots lus, écrits, récités, ressentis. Ces gestes répétés, génération après génération. Des sillons profonds.
***
Les années consacrées à cette recherche ont été ponctuées de rencontres inspirantes et ont connu les débuts de grandes amitiés. Avec Virginie Pineault, rencontrée en cours de route, je touche du doigt la puissance d’une véritable rencontre avec l’Autre, dans toute la radicalité que cela signifie. Quant à Florence Prévost-Grégoire, son amitié m’a grandie et m’a aidée à me retrouver, cadeau inestimable. Je la remercie pour tout, et notamment pour sa relecture intelligente et minutieuse du manuscrit de ce livre.
Et d’Ollivier Hubert, que dire cette fois? Sa patiente et enthousiaste supervision a fait de mon parcours doctoral une véritable élévation. Avec lui, dès le début, je me suis sentie vue et écoutée. Au fil des ans, notre communion intellectuelle s’est transformée en amitié, puis encore en d’autres choses, ô combien précieuses. L’écriture de ce livre lui doit beaucoup. Je lui dis merci.
Ce livre n’aurait pu voir le jour sans le concours de diverses institutions et de multiples personnes. Je remercie le Conseil de recherches en sciences humaines du Canada, la Fondation Desjardins, l’Université de Montréal ainsi que le Prix d’auteurs pour l’édition savante pour leur aide financière. Je suis également reconnaissante à l’éditrice Nadine Tremblay des Presses de l’Université de Montréal, à son équipe et aux personnes ayant évalué mon manuscrit pour leur lecture méticuleuse et généreuse de mon livre.
Je n’aurais pas mené ce projet à terme sans le soutien de ma famille et de mes amis et amies. Je remercie particulièrement André, le père de mes enfants, qui m’a épaulée tout au long de mes études, dans la quotidienneté, et avec qui je partage toujours une parentalité solidaire. Finalement, une pensée spéciale à Marie, Florence et Louis qui, généreusement, reconnaissent une importance à mes recherches et m’encouragent à continuer à prendre la parole sur ces enjeux. Elles et lui sont mon espoir.
***
La profonde réflexion sur l’altérité que j’ai entamée à l’été 2011, en dialogue avec mon directeur de maîtrise de l’époque, Jean-Marie Fecteau, ne se termine pas avec ce livre. S’il est une chose dont je suis convaincue après toutes ces années, c’est que l’on ne doit jamais clore nos questionnements sur ces sujets fondamentaux. À l’altérité, on doit proposer accueil et dialogue. L’éthique de nos relations aux Autres ne peut passer par la négation, le refus ou le désir d’abolition de leur altérité. Il faut, de surcroît, multiplier les sens de la rencontre: prêter l’oreille, tendre la main, pour comprendre que notre commune humanité est multitude.
Introduction
Définir la différence, c’est dompter l’altérité. C’est assigner à l’autre sa place, sa fonction. Et exiger de surcroît la reconnaissance de l’écart maintenu entre qui fixe la norme et qui doit s’y conformer.
Madeleine Ouellette-Michalska1
Année scolaire 2018-2019. Montréal, Québec. Deux de mes enfants sont en 3e année du primaire. À la première rencontre parents/enseignants de l’année, l’une des enseignantes nous explique que nos enfants seront initiés à deux nouvelles matières cette année: les sciences et l’univers social. Dans le premier cas, ils apprendront ce que sont une problématique, une expérimentation et une hypothèse. En univers social, on leur racontera des histoires sur les «Amérindiens». La professeure ajoute alors que les enfants sont particulièrement friands de ces histoires, parce qu’elles les mènent dans un autre monde, un peu comme «les histoires de dragons et de fées». Quelques parents, interloqués comme moi, questionnent l’enseignante pour savoir si les enfants seront renseignés sur l’existence actuelle des Premiers Peuples (et s’offusquent de cette comparaison avec les dragons et les fées). On nous répond que ça ne fait pas partie du programme de 3e année.
À la fin de l’année scolaire, en triant les cahiers, Duo-Tang et autres feuilles volantes de mes enfants, je tombe sur un exercice qui me sidère. Le cahier photocopié intitulé «Les Amérindiens» qui accompagne l’exercice est illustré par le dessin d’une fillette «autochtone» assise les jambes croisées devant un wigwam. L’illustration très enfantine est remplie de stéréotypes: plumes à la tête, arc, peinture sur le visage, main sur le cœur, décor intemporel et homogénéisant, physionomie de blanche. De quelle nation est-elle la représentante? À quelle époque vit-elle? Des questions sans réponses. Le devoir qui attire ainsi mon attention est un exercice de composition dans lequel on demande aux élèves d’écrire une lettre à leur enseignante «en se mettant dans la peau d’un(e) Amérindien(ne)». Les enfants ont le choix entre «un(e) Iroquoien(ne) ou un(e) Algonquien(ne)». La lettre, dans laquelle ils doivent parler de leur habitation, de leur