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Les nouveaux Biens Communs: L’Ère de la Coopération
Les nouveaux Biens Communs: L’Ère de la Coopération
Les nouveaux Biens Communs: L’Ère de la Coopération
Ebook582 pages7 hours

Les nouveaux Biens Communs: L’Ère de la Coopération

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About this ebook

Plus qu’une alternative, les Biens Communs sont une nécessité. Lorsqu’on les évoque, on pense souvent à des ressources agricoles ou des réserves naturelles. Mais ils concernent aussi bien plus que cela. Car, que nous voulions l’admettre ou non, nous vivons tous dans un monde façonné par eux. Tout ce qui nous entoure et tout ce que nous utilisons sont des Biens Communs. Ou des dérivés de ceux-ci. Mais nous ne nous en apercevons plus, car nous avons perdu la conscience de leurs importances et pertinences au quotidien. Pourtant la Terre n’est qu'un gigantesque Bien Commun. Et l'Humanité, rien de moins qu’une Communauté globale.


Et les Biens Communs ne représentent pas que le passé et le présent. Par l’utilisation des nouvelles technologies, ceux-ci sont les porteurs d’un nouveau souffle social, économique et humaniste. Nouvelles imprimantes 3D pouvant créer votre prochaine maison, ou tisser une nouvelle peau après des brûlures, nouveaux régulateurs économiques comme une comptabilité nationale ou les subventions aux entreprises, biens culturels, nouvelles formes d’argent, tout ceci, et bien d’autres, peuvent être des Biens Communs au service de tous. Et qui peuvent être les fondations, les piliers et le cœur de nouvelles civilisations.


Ainsi ce livre est principalement destiné à ceux qui veulent découvrir ce que sont les Biens Communs. Et ce qu’ils pourraient être. C'est une invitation à découvrir des innovations. Et une incitation à la participation de la construction de celles-ci. Car l’exaltation des capacités créatrices de chacun ne peut passer que par l’organisation et l’optimisation du collectif. En effet, seule une coopération forte, puissante et pertinente, permet une vraie réalisation des potentiels de chacun. C’est en étant ensemble que nous donnerons tous notre meilleur. Et que nous recevrons tous le meilleur.

LanguageFrançais
PublisherPublishdrive
Release dateMay 12, 2022
ISBN9782918651031
Les nouveaux Biens Communs: L’Ère de la Coopération

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    Book preview

    Les nouveaux Biens Communs - Philippe Agripnidis

    AVANT-PROPOS

    INTRODUCTION

    Le quoi ?

    Chaque jour l’archéologie moderne nous révèle de plus en plus les présences des Biens Communs dans l’histoire de l’humanité. Et ce dès son aube. Et bien avant toute notion de propriété privée ou réservée à quelques-uns. C’est la mise en commun de ressources, de savoirs, d’énergies qui ont permis le développement de notre civilisation vers des sommets de qualité de vie. Mais l’abandon de ces valeurs et de l’esprit qui prévalent dans les Biens Communs nous entraîne vers des gouffres. Pour atteindre un nouvel apogée de qualité de vie et de mieux-être pour tous, seul un retour aux valeurs portées par les Biens Communs peut nous conduire sur une nouvelle voie féconde et harmonieuse. Ils ont construit notre passé, ils nous permettront de forger notre avenir.

    Car il y a des alternatives qui sont des obligations. C’est bien le cas des Biens Communs. Vous trouverez ainsi dans cet ouvrage des informations pour :

    Savoir ce que ce sont les Biens Communs

    Comprendre ce que sont ou pourraient être les nouveaux Biens Communs.

    Développer, construire et mettre en place de nouveaux Biens Communs

    Et surtout vous découvrirez pourquoi notre civilisation a plus que jamais besoin de nouveaux Biens Communs. Car les deux sont intrinsèquement liés. C’est pour cette raison que vous trouverez dans un autre ouvrage intitulé « La nouvelle Cité » des propositions de nouvelles organisations bâties principalement sur l’usage de ceux-ci. Avec les implications que cela entraîne en termes de structurations économiques, sociales et technologiques. Mais avant tout sur le plan humain.

    Le pourquoi ?

    Notre objectif est de susciter et de participer à la création de nouveaux Biens Communs pour une nouvelle civilisation. Nous savons tous que l'heure est à plus d’humanité et à plus « d’être ensemble ».

    Mais c'est aussi le moment d'une plus grande maîtrise dans l'utilisation des ressources de notre planète et dans les formes et types de production. Et le temps est venu de partager les résultats de cette production de manière équitable. Ainsi que celui de la prospérité pour tous.

    Les nouveaux Biens Communs, leur utilisation et leur diffusion, sont les clés d'une civilisation florissante. Nous en avons besoin maintenant et partout sur la planète. Et ce quels que soient le type et la forme de Bien Commun, naturelle, économique, sociale, culturelle, numérique ou convention juridique sur la propriété des inventions. Alors, mettons les clés dans les serrures, tournons-les. Et entrons de plain-pied dans le meilleur Nouveau pour tous.

    AVERTISSEMENTS DE L’AUTEUR

    Augure d'un monde ancien qui n'existera plus. Et d’un nouveau à construire en commun

    Il y a des tendances de fond qui convergent en ce moment. Elles sont contradictoires. L’humanité est face à un carrefour décisif aux voies incertaines. Outre les crises sanitaires, climatiques et maintenant militaires, y compris à nouveau en Europe, il y a un antagonisme puissant et structurant en matière économique.

    D’un côté des forces qui ne sont pas aux services de tous, ou au moins du plus grand nombre, nous conduisent à un constat de déshumanisation, de concentration de richesses, de recul d’acquis sociaux et de conflits. Elles nous apportent d’abord une perte de sens, pour qui et pourquoi travaillons-nous ? Puis une perte de respect de l’humain en particulier, de l’humanité en général et de la planète en globalité. La mentalité du profit par-dessus tout créée des mécanismes qui renforcent eux-mêmes cette mentalité. La recherche du plus grand bénéfice possible contribue à la financiarisation et à la robotisation. Sur toute la planète. Lorsqu’on est dans la partie occidentale de celle-ci, on estime les possibles pertes d’emplois à des dizaines de millions. Mais en Asie, elles pourront se chiffrer en centaines de millions, si ce n’est plus. Et il n’y aura pas que les postes de travail qui seront concernés, il y aura pour le plus grand nombre, sans parler de risques sanitaires ou militaires, la perte de pouvoir d'achat et la perte des capacités minimales d’acquisition de subsistances de première nécessité comme l’eau, la nourriture, le chauffage, la climatisation et les déplacements. Voilà où nous mène la pseudologique de l’ultralibéralisme. Et les chantres aveugles et sourds de son apologie ne changeront en rien les immenses difficultés à venir si rien n’évolue autrement.

    Ce n'est pas parce que, après avoir enlevé sa ceinture de sécurité, s’être mis un bandeau sur les yeux et klaxonné à tout va, que l'impact sur le mur sur lequel on se dirige sera moins douloureux et désastreux.

    D’un autre côté, il y a des envies et des souhaits du plus grand nombre. Celui d’un monde plus juste, plus équitable, plus respectueux et permettant à chacun de pouvoir donner le meilleur de lui-même. Ces souhaits sont prêts à se transformer en forces encore plus puissantes que celles du recul. Plus puissantes et plus harmonieuses. Et au service de tous. Elles ne demandent qu’à avoir et voir de nouvelles perspectives. Mais qui ne soient pas rétrogrades ou punitives. Parmi celles-ci, et peut-être en premier, il y a la voie des Biens Communs. Elle est conçue POUR l'être humain et réalisée PAR l'être humain. Car les Biens Communs n’amènent pas que des changements économiques et sociaux. Ils portent en eux des vertus et des qualités.

    Nous allons voir ces deux types d’apports dans les différentes sections de l’ouvrage. Car, plus qu’un choix, les Biens Communs sont une nécessité.

    Ce livre n'est pas un Bien Commun !

    À ceux qui pourraient s’interroger, légitimement, pourquoi un livre parlant des Biens Communs n’est pas mis à la disposition de tous en tant, justement, que Bien Commun, il y a deux réponses. Premièrement, comme on le verra le long de l’ouvrage, Bien Commun ne veut pas dire gratuité. Et deuxièmement, de manière tout aussi fondamentale, les Biens Communs sont réalisés par plusieurs personnes. Ce n'est pas le cas de cet ouvrage qui ne rentre donc pas dans cette catégorie. Car il n'a pas non plus été fait dans un cadre de nouvelle « coopérative » où le rédacteur aurait été chargé d’une mission au nom d’un groupe. Il est ainsi dans la catégorie des créations littéraires individuelles.

    Exactitude des informations et nouveautés des propositions

    Les informations fournies par l’auteur sont tirées de sources vues par lui comme dignes de foi. En cas d'inexactitude, elles ne sauraient entraîner sa responsabilité sur leurs contenus. Certaines propositions évoquées dans l’ouvrage qui ne seraient pas créditées à d’autres personnes peuvent en fait avoir été déjà trouvées par d’autres auteurs ou autrices. Le sujet des Biens Communs étant vaste, il est impossible de tout connaître. Et si la redite, involontaire, d’idées déjà promues, ressemble à la découverte de l’eau tiède après l’invention de l’eau bouillante, le rédacteur de l’ouvrage peut certifier que c’est au moins sa propre eau qui a été utilisée.

    Liens Internet

    Dans la mesure du possible, les liens sur le site Wikipédia ont été préférés pour illustrer, par des ressources informationnelles complémentaires, des points développés dans l’ouvrage. Ce n’est pas tant que ces articles soient à coup sûr les plus étoffés et pertinents sur le sujet. Mais que la permanence des liens Web proposée par Wikipédia est un gage de sûreté et de pérennité pour disposer, à la même adresse qu’indiqué dans le texte, du contenu sélectionné. Et portant sur le même sujet. Ainsi, à l’inverse, certains liens proposés dans l’ouvrage pointant sur d’autres sites Web que Wikipédia peuvent disparaître dans le temps. Ou voir leur localisation changer.

    Mode de lecture

    Si le lecteur veut passer aux propositions concrètes concernant les Biens Communs, il peut aller directement au chapitre intitulé « Les apports des nouveaux Biens Commun ». Ou celui nommé « La mécanique des nouveaux Biens Communs ». La lecture de l’ouvrage pouvant être commencée à l’endroit du choix du lecteur suivant ses intérêts et temps disponibles, certains points évoqués ou esquissés dans certaines sections sont repris dans d’autres. Tout en essayant de les présenter sous un angle différent.

    CONVENANCES GRAMMATICALES & CHOIX

    Le présent ouvrage a été réalisé sur la base de choix et de préférences grammaticales. Il est préférable de les présenter avant d’aborder ses contenus.

    Mixité

    Comme la lectrice et le lecteur s’en apercevront, il y a parfois un usage du même mot décliné en version féminine et masculine. Cela est volontaire afin de ne pas utiliser uniquement que des mots d’un seul type, le masculin. De même l’accord sur les pluriels, en cas de présence simultanée d’un mot masculin et d’un mot féminin, ne va pas systématiquement sur le masculin. Lorsqu’il y a plusieurs mots cités, c’est le genre qui a plus de représentants qui l’emporte.

    Graphie des nombres

    Afin de faciliter la lecture et la compréhension, les nombres, à l’exception de ceux en dessous de 10, seront le plus souvent écrits en chiffres au lieu d’être présentés dans leur orthographe. Ainsi on lira 25 au lieu de vingt-cinq. Ceux en dessous de 10 seront écrits en mots sauf utilisation dans des pourcentages ou unités de mesure.

    Usage du gras et grandeur de texte

    Pour mieux faire ressortir les points saillants et les articulations de certains textes, le gras ou une police plus grande seront utilisés pour les mettre en valeur.

    Formulations

    Certaines formes d’écritures ou de tournure de phrases sont déclarées incorrectes selon les canons de la bonne grammaire Française. Elles sont cependant utilisées, car l’usage de ce qui est déterminé comme adéquat, heurte les habitudes de lecture que la plupart d’entre nous ont prises. Ou ne facilitent pas la compréhension du texte et des arguments qui y sont déployés. C’est le cas notamment de l’usage du « qui » en début de phrase qui devrait toujours être suivi du singulier. Mais le respect strict de cette règle ne permet pas tout le temps d’identifier facilement quel est ce « qui » dont on parle.

    Tels sont les choix qui ont été appliqués dans le texte. Même si l’auteur ne garantit pas d’erreur ou oubli dans l’application de ceux-ci. Et pour terminer sur ce point, n’oublions pas que la langue d’une nation ou d’un pays est un Bien Commun. Et que comme tout Bien Commun qui se respecte, elle doit évoluer dans le temps suivant les préférences de la communauté qui l’utilise.

    QUE SONT LES BIENS COMMUNS ?

    QUELQUES EXEMPLES HISTORIQUES PEU CONNUS

    L’ambition de l’ouvrage n’est pas d’être un travail historique sur les Biens Communs. Mais de susciter un intérêt sur ce sujet, auprès du plus grand nombre possible, pour que cette forme de coopération économique et sociale se propage et se multiplie dans le très court terme.

    Cependant, quoi de mieux, pour brosser le tableau des Biens Communs, et avant toute description théorique, que de citer quelques exemples dans différents domaines pour présenter ce qu’ils peuvent être ou avoir été ? Nous verrons ainsi leurs anciennetés et diversités, ce qui vous permettra de goûter un peu à ce qu’ils sont. Quant à savoir ce qu’ils peuvent être ou seront, ce sera l’objet des parties suivantes.

    Mais avant tout propos, établissons de manière ferme l’apport essentiel et décisif des Biens Communs à la civilisation humaine. Tout, absolument tout de ce qui rend notre vie quotidienne plus agréable ou au moins plus facile, est apporté par les Biens Communs. En totalité ou en partie. Car tout ce que nous utilisons est des inventions. Soit des inventions qui sont tombées dans le domaine public, soit des inventions qui utilisent en partie d’autres qui sont à la disposition de tous. Car les inventions ne sont que des Biens Communs ou de futurs Biens Communs. C’est parce qu’il y a eu cette notion, au bout d’un certain temps, de partage à la communauté des idées que la révolution industrielle a pu advenir. Et se répandre. Nous en goûtons les fruits chaque jour. Et pourtant ce mécanisme, et cet esprit, de Bien Commun n’est ni répandu ni apprécié. Alors qu’il est le ressort de notre décollage économique depuis plus de deux siècles. Pourquoi ne pas le reconnaître ? Et ne pas le privilégier ? Et comment ? Si un des buts de l’ouvrage n’est pas de répondre à la première question, il n’en est pas de même pour les deux autres questionnements. C’est ce que nous allons aborder dans les thématiques à venir.

    Reprenons maintenant le descriptif, car comme nous le verrons dans la partie « Le pionnier du passé », les premiers Biens Communs ont été forcément, des Biens basés sur la nature. Ainsi dans les exemples les plus souvent cités, on trouve l’exploitation dès le Moyen-Age de l’eau en Espagne sous la forme de « Huertas » où sa récolte, son stockage et son usage, sont mis en commun. D’autres systèmes d’irrigation et d’alimentation sont encore plus anciens, comme le el-foggara dans le Sahara Algérien. Ces formes de partages ont existé sous tous les continents à travers le temps. Parfois sur des surfaces colossales dans de très grandes civilisations. Comme cela fut le cas sous l’Empire Inca. L’exploitation des surfaces inclinées en aménagement de terrasses a permis de faire coup triple. D’une part de pouvoir utiliser au mieux l’eau qui tombe sur les cultures. Et de la stocker dans des bassins spécifiques pour réguler son utilisation tout le long de l’année. Et ainsi permettre un fonctionnement social basé sur les Biens Communs. Car la très grande majorité du million (estimation) d’hectares de surface cultivée de l’Empire appartenait à l’état Inca, qui répartissait toutes les récoltes obtenues sur les 10 millions d’habitants sous son contrôle. Ce mode opératoire prouve que les Biens Communs fonctionnent dans le temps sur une grande surface et pour une grande population.

    Et ces formes de répartitions des productions et de mise en commune de ressources ont existé même avant l’Empire Inca. Certes, plus on remonte dans le temps, plus il est difficile d’avoir des preuves tangibles ou formelles de l’usage des Biens Communs pour des raisons de conservation physique de documents. Néanmoins, dès l’antiquité, tout ce qui constituait des réserves stratégiques de nourriture ou d’eau était vu comme des Biens Communs. Qui appartenaient au royaume ou à l’empire. Et qui étaient destinés à toute la population. Même si, en cas de besoin, les répartitions n’étaient pas forcément identiques. Car bien évidemment, en cas d’urgence ou en temps normal, un roi ne mangeait pas autant qu’un paysan. Mais la notion de possession pour le bien de la communauté était déjà là. Et on trouve cet état de fait et ces pratiques dans tous les états pour lesquels les archives ont pu être conservées ou retrouvées. C’est le cas dès l’antiquité pour les Empires Assyriens, Sumériens, Perses, Égyptiens et Chinois. Et bien d’autres royaumes dont on n’a pu connaître l’histoire.

    L’usage des Biens Communs est donc très ancien. Et sur toute la surface du globe. Et ils ont existé sous différentes formes sociales et pas que pour des ressources agricoles. Ce fut pour l’Europe, les communautés des béguines qui étaient des femmes laïques se consacrant à l’amour de Jésus-Christ et qui mettaient en commun des ressources et des activités. Mal vues par l’église officielle pour plusieurs raisons, dont celle de leur autonomie, elles ont été au bout de deux siècles, pourchassées, interdites puis finalement autorisées à nouveau, mais en étant fortement encadrées. Il n’empêche qu’elles ont très bien fonctionné malgré ses restrictions. La dernière béguine s’étant éteinte en 2013 en Belgique.

    Au même moment que les béguines et d’autres communautés de ce type, de manière plus modeste, on retrouve la notion de gestion de ressources naturelle comme celle des eaux, des forêts et des prairies dans le village Suisse de Törbel. Depuis 1224. Sur la base de ce dernier exemple, n’allez pas croire que les Biens Communs ne peuvent se réaliser qu’à des petites échelles très locales dans les temps modernes. La gestion des eaux par la région de Los Angeles se fait aussi par une approche de ce type.

    Mais comme nous le verrons plus tard, les Biens Communs peuvent prendre des formes extrêmement modernes comme l’Internet et des normes ou protocoles informatiques comme le World Wide Web et le HTML. Et même le fameux QR code, qui s’est développé dans son usage pour les passeports vaccinaux, est aussi une forme de Bien Commun, puisque le brevet a été mis à disposition de tous par son inventeur, M Masahiro HARA.

    Soyez aussi persuadé que les Biens Communs peuvent et pourront s'incarner dans les formes les plus inattendues, y compris dans des domaines autres que purement économiques et sociaux. Il existe ainsi un Bien Commun d’utilisation d’une des plus grosses vagues de surf dite de la « Banzai Pipeline » situé sur la côte nord d‘Oahu à Hawaï. Il y a une gestion de l’accès assurée par un club d’utilisateurs local pour pouvoir s'emparer, littéralement, de la vague.

    Car si nous avons abordé le domaine des Biens Communs par un peu d’histoire, cela n’est pas, comme vu auparavant, pour les traiter en tant qu’historien et relater dans le moindre détail les évolutions théoriques du concept et les applications diverses et variées qui existèrent au fil de l’ère du règne de l’Homo Sapiens ; d’autres ouvrages le font déjà parfaitement ; mais pour indiquer au lecteur les lignes de force sur une mesure très symbolique de l’échelle du temps que l’on résumera en trois degrés : passé, présent, futur.

    En utilisant de manière très schématique ces trois divisions, on pourra mieux comprendre l’importance fondamentale qu’on eut les Biens Communs, qu’ils ont en ce moment ; ce que l’on a tendance à oublier ou à occulter ; et qu’ils vont avoir dans un futur proche.

    Commençons donc par l’héritage des Biens Communs dans la civilisation humaine.

    LE PIONNER DU PASSÉ

    Ainsi, les Biens Communs, au moment du début de la rédaction de la première version de cet ouvrage (octobre 2021) ne sont ni à la mode, ni en vue, ni même connus. Son appellation n’évoque pas grand-chose chez beaucoup de monde. Et pourtant, si nous nous rappelions des origines de l’humanité, nous comprendrions de suite l’importance fondamentale, passée et à venir des Biens Communs.

    En effet, les Biens Communs ne sont rien de moins que le premier type de Biens qu’a connu l’humanité. Au début, la propriété privée n’existe pas ! Tout ce qui existe, et qui au départ, est représenté uniquement par la Nature et ses fruits, dans tous les sens du terme, appartient à tout le monde.

    En ce moment, la théorie des chasseurs-cueilleurs est à la mode. En l’absence de toute preuve définitive matérielle, ce qui est par essence inaccessible en raison du temps qui a passé, il faut se garder d’avoir des certitudes sur les premiers pas et premières actions des femmes et des hommes sur la planète. Cependant, il est possible de s’approcher de ceux-ci en se basant sur les faits et gestes de tribus qu’on a appelées « primitives » et qui restent sans contact avec l’homme ou avec des contacts très récents ou qui ont fait l’objet d’étude anthropologues et sociologiques de qualité. De quoi s’aperçoit dans ces études ?

    De l’absence absolue de la notion de propriété de terrain voire même d’objets. Et tous les types de récoltes (cueillette ou chasse ou pêche) sont mis dans un pot de communs partagé et distribué équitablement. Alors, oui, si on se base sur ces choix, sur ces pratiques de ces populations, on voit bien que la première organisation de l’humanité pour la gestion de la création et du partage a été les Biens Communs. La validation étant que les tribus fonctionnent encore, en ce moment, sur cette solution. Même s’il y a eu après cette période, l’apparition de la propriété privée ou d’autres concepts juridiques (royaume, état, possession pour un dieu…), il faut intégrer que les Biens Communs aient permis à la civilisation humaine de passer ou d’atteindre différents caps dont notamment l’agriculture. Rien ne dit, pour l’instant, que les premiers travaux agricoles se sont obligatoirement déroulés dans une notion juridique de propriété différente que celle des Biens Communs. Il n’y a aucune obligation, et surtout pas technique, à ne pouvoir cultiver des terrains que si la propriété est réservée à quelques individus formant une cellule familiale typique du XIXe siècle occidental, parents, enfants et grands-parents.

    Alors d’où vient cette envie, presque ce fantasme, de vouloir absolument faire coïncider débuts de l’agriculture et propriété privée ? De nombreuses hypothèses sont possibles. Je me risquerai à évoquer celle qui a ma préférence. Les auteurs partisans de cette hypothèse projettent les mentalités actuelles (c’est à moi, c’est le fruit de mon travail, je ne partage pas) sur les relations sociales existantes à l’époque des précurseurs de l’agriculture. Pour les partisans de cette théorie, il paraît inconcevable que des valeurs, voire même les simples concepts, de solidarité, d’empathie, de partage, d’envie de progresser ensemble vers du meilleur, puissent avoir existé au sein de l’humanité ou même que de quelques tribus. Non, cela n’a pas pu exister ! Dès le début, l’agriculteur n’a pas voulu partager avec le cueilleur chasseur. L’idée qu’il y ait même eu un accord de répartition des tâches et des récoltes, tu cueilles, je cultive la terre, on met en commun, et on répartit équitablement, ne semble pas non plus effleurer la pensée de ces théoriciens spécialistes de l’hypothèse rêvée, mais non étayée. Par contre, comme le prouve le fonctionnement des tribus dites « primitives » que l’on a pu observer au XXe, et qu’on peut encore observer dans très peu d’endroits sur la planète, c’est le concept de Biens Communs qui est utilisé. L’idée même de propriété privée, d’objets, de terrains ou d’animaux réservés à quelques-uns ou à une personne semble même complètement incongrue ou risible. Et les récentes découvertes archéologiques et recherches anthropologiques, synthétisées dans le livre « Au commencement était, une nouvelle histoire de l’humanité » paru aux « Éditions Les Liens qui Libèrent » et co-écrit par David GRAEBER et David WENGROW, confirment que cela a bien été le cas dans le temps sur de nombreux continents.

    On trouve de plus en plus, grâce notamment aux équipements LIDAR, cachés dans les forêts ou peu visibles du sol, des traces de construction de villes avec une équité totale des maisons et bâtiments entre les habitants. C’est ainsi le cas notamment dans la célèbre ville méso-américaine de Teotihuacan située dans le Mexique actuel. Toutes les maisons étaient non seulement identiques entre elles. Mais toutes étaient bâties comme des palaces ! Il est certain qu’au fur et à mesure des découvertes archéologiques à venir, nous allons en apprendre de plus en plus sur les vrais fonctionnements des sociétés prémodernes si on peut employer ce mot de moderne pour décrire celle qui est en cours. Et sur leurs visions du collectif et du partage. Et leurs applications dans leurs vies quotidiennes ou pour des célébrations exceptionnelles.

    Les Biens Communs sont donc bien les pionniers de la civilisation Humaine, l’outil de démarrage. Et ils seront l’outil de propulsion à un autre niveau de celle-ci. Car ils ont déjà participé, depuis des siècles, au niveau actuel de notre civilisation. C’est ce que nous allons voir dans le prochain point.

    Note : L’anthropologue sud-africain James SUZMAN. « Travailler. La grande affaire de l’humanité » livre publié chez Flammarion. Et également David WENGROW : qui affirme que la théorie sur l’évolution des sociétés relève du mythe.

    LES BIENS COMMUNS SONT PARTOUT

    Car si les Biens Communs ont été les impulseurs, les ferments, les socles de notre civilisation, on ne les met pas vraiment en valeur. Pourtant c’est grâce à eux que nous avons atteint ces niveaux de capacités techniques et technologiques. Nous ne pourrions vivre sans eux. Vous en doutez ? Vous allez avoir les éclairages nécessaires dans quelques lignes.

    Mais d’abord, il faut faire un constat et une remarque. Les Biens Communs sont partout autour de nous. Et parce qu’ils sont partout, ils en sont devenus invisibles. Ou on ne fait pas attention à eux. Pourtant tout, absolument tout de qui nous entoure ou de ce que nous utilisons est un Bien Commun. Soit il s’agit de Bien Commun pur qui n’ont aucune part en eux de protection intellectuelle ou industrielle. Soit, comme évoqué précédemment, ce sont des des objets qui utilisent en partie des Biens Communs. Mais tout dans notre vie au quotidien n’est que Bien Commun et utilisation de Bien Commun.

    Le premier des Biens Communs pur que nous utilisons sans nous apercevoir que c’est un Bien Commun tellement il est de partout, c’est l’électricité. Si les savants de la fin du XVIIe et du début du XVIIe, les VOLTA, AMPÈRE, FARADAY, et tant d’autres n’avaient pas voulu partager leurs découvertes et en faire profiter l'humanité, celle-ci n'aurait pas connu l'amélioration des qualités de vie pour un très grand nombre.

    Certes, pour la plupart d’entre nous, nous payons une facture d’électricité, qui est toujours trop chère à notre goût, mais qu’en serait-il s’il fallait en plus payer des royalties à des sociétés détenteurs de brevets ? La note serait encore plus salée. Or c’est grâce à la volonté des découvreurs de l’électricité que l’invention est devenue un Bien commun de l’humanité. On comprend mieux l’importance fondamentale de celle-ci lorsque l’on regarde autour de soi dans sa maison. Si le moteur à explosion qui a permis le développement de la voiture individuelle au XXe siècle apparaît pour certains comme très structurant, qu’utilisons-nous comme moteur de ce type chez nous ? Un lave-vaisselle ? Un réfrigérateur, un téléviseur, une brosse à dents ? Tout ce qui nous entoure dans une maison, à l’exception des cuisinières à gaz, est basé sur l’électricité. Sans elle, pas de salut.

    Mais vous pourriez dire que même si l’électricité avait été brevetée par une ou plusieurs sociétés, la protection juridique des brevets ayant un terme (ce qui crée ipso facto de nouveaux Biens Communs) dans le temps, cette invention serait devenue à son tour un Bien commun. Ce serait méconnaître deux mécanismes profonds.

    Le premier c’est la nécessité de l’interopérabilité dès le départ des équipements. On voit le peu de praticité qu’il y aurait eu s’il eut fallu acheter des équipements spécifiques au courant alternatif, mais aussi au courant direct. Mais il y aurait eu pire, avec le même mode de phasage électrique (direct ou alternatif), en fonction de votre abonnement à une société de production, vous auriez dû acheter des équipements à 200 volts, mais votre voisin aurait eu du 190.

    Car c’est là le deuxième mécanisme, si l'électricité avait été d’abord protégée sous forme de brevet par une ou plusieurs compagnies différentes, devant une telle importance stratégique, plus qu’une vache à lait, l’électricité (tout comme la radioactivité que Pierre et Marie CURIE ont refusé de déposer en 1903) aurait été un élevage de gargantuesques poules aux œufs d’or. Tous les moyens auraient été utilisés pour que les protections juridiques soient continuées d’une manière ou d’une autre. Après le 110 volts, on aurait eu l’invention du 113 volts avec une fin de production de courant de 110 volts plusieurs années avant l’extinction du brevet pour forcer les ménages et industries à s’équiper en nouveaux équipements et à interdire à d’autres sociétés la production de 110 volts qui serait toujours restée protégée par un dépôt intellectuel encore valable. Puis après le 113 volts, on aurait eu le 117, voire même le 123,75 volts. L’avidité financière a toujours favorisé l’imagination commerciale. Cela a malheureusement été démontré pour un médicament opiacé, l’OxyContin dont la formule a été modifiée 13 fois depuis 2013, date prévue de l’extinction du brevet.

    C’est parce que nous sommes totalement habitués, et immergés, dans le Bien commun qu’est l’électricité que nous ne voyions pas à quel point nous sommes passés près d’un désastre ou d’un gâchis civilisationnel très fort. Il faut donc répéter à l’envie que c’est parce que l’électricité a été vue et donc conçue comme un Bien commun, que nos équipements de tous les jours, même si nous les payons à des sociétés privées qui les fabriquent, nous apportent ce niveau de vie global.

    Car l’électricité, indépendamment de ses modes de production dont certains peuvent être polluants, est le réseau sanguin de notre vie au quotidien. Sans elle, rien ne peut se faire. Notre civilisation actuelle doit donc beaucoup aux Biens Communs. Ils peuvent prendre différentes formes. Avant de voir plus loin, dans le chapitre consacré à leurs définitions, la première qu’ont prise les Biens Communs, les Biens naturels, nous allons voir les autres formes d’existence de Biens Communs à notre époque. Et nous terminerons ce point consacré au présent par le Bien commun le plus emblématique du début du XXIe.

    Car comme vu précédemment, un des problèmes, temporaires, des Biens Communs, ce sont leurs présences partout et depuis longtemps, qui entraîne une cécité ou une indifférence. Pour contrer ce phénomène, livrons-nous à un jeu. Fermons les yeux et imaginons-nous nous réveiller un matin dans notre habitation, mais dans un monde où tous les Biens Communs auraient été enlevés. Quel serait-il ?

    Tout d’abord, nous devrions utiliser des réveils mécaniques pour être sûrs de nous lever à la bonne heure ! Car sans électricité, pas de réveils sous forme de téléphones portables ou autres équipements fonctionnant avec du courant. Une fois rassasié d’aliments n’ayant pas besoin d’être gardés au frais ou au chaud, car sans réfrigérateur, nous devrions descendre les escaliers, avec une bougie. Car plus d’ascenseur et d’éclairages. Une fois dehors, nous emprunterions par des véhicules à force humaine ou explosives, car plus de trottinette électrique ou de tram ou trolleybus, des chemins de terre parsemés de péages tous les kilomètres. Car l’équipement en routes bitumées et goudronnées est aussi un Bien commun. On voit fondamentalement ce type d’équipement comme un Bien Public. Mais les nouveaux Biens Communs englobent aussi les Biens Publics. Ces derniers ne sont fondamentalement que des Biens communs, car ils ont le même esprit et même type d’objectif, servir du mieux possible la communauté. La présence de routes et de rues est donc bel et bien aussi un Bien commun. Poursuivons notre journée.

    Si nous avons des enfants, nous arrivions ; après combien d’écus payés aux gardes des péages comme au moyen-âge ? ; auprès de leurs écoles. Mais que vont-ils pouvoir apprendre ? On doit ici exclure la notion de rémunération des professeurs. Qu’ils soient dans le public ou le privé, ils sont payés par les impôts (c’est aussi un Bien commun, dans l’usage de ceux-ci) ou les cotisations des parents. Ce n’est pas le point principal, car même si l’école est privée, rappelons que la diffusion des savoirs est gratuite en ce qui concerne les contenus. Pas pour les transporteurs de ces contenus que sont les Professeurs. Mais on ne paye pas un Euro à une société privée pour pouvoir savoir que Marignan c’est 1515. Cela nous paraît tout à fait normal. Or cela ne l’est pas ! S’il n’y avait pas eu ce choix de protéger le partage des savoirs, l’accès à ceux-ci serait payant. On le voit bien par l’existence de bases de données d’informations ou de journaux et magazines scientifiques dont l’accès est conditionné à un abonnement. Mais qui utilisent des savoirs qui ont été créés gratuitement par des chercheurs et professeurs qui sont rémunérés pour ceci par leurs états ou structures éducatives. Ils sont payés pour produire du savoir accessible à tous, mais le fonctionnement actuel de l’édition scientifique est tel que les collègues des chercheurs doivent s’acquitter d’un impôt sur les savoirs générés par le collectif pour pouvoir y accéder. Ainsi sans Biens Communs, pas d’éducation possible au plus grand nombre. Même si on voit bien, malheureusement, qu’y compris avec les Biens Communs, l’enseignement ne donne pas tous les fruits possibles en matière de formation des citoyens.

    De plus la notion de Biens Communs nous permet d’avoir, très globalement, un consensus sur le contenu sur les savoirs reconnus comme valables et intéressants à transmettre. Là aussi cela n’a rien d’évident. On pourrait tout à fait avoir des contenus éducatifs qui nous expliqueraient le Français d’après l’entreprise « X », mais avec une autre version pour certaines orthographes et règles de grammaire par l’entreprise « Y ». Idem pour les savoirs en histoire ou chimie. Cela nous paraît impossible. Mais cela l’est tout à fait. Et si cela n’est pas arrivé, c’est parce que la notion de Biens Communs a été chevillée au corps de ce concept d’éducation pour tous. On est tellement habitué à cet état de fait qu’on a de la peine s’imaginer vivre sans. Malheureusement cela serait tout à fait possible.

    Continuons notre journée où après avoir déposé les enfants, nous allons maintenant à notre travail proprement dit. Toujours sans route bien goudronnée. Nous arrivons à l’entreprise où nous travaillons en espérant toujours travailler au rez-de-chaussée ou au premier étage, car il n’y a toujours pas d’ascenseur disponible. Si nous travaillons en atelier, nous n’avons pas d’équipement utilisant l’électricité. Ce qui limite beaucoup les actions. Et impose la présence de machines à vapeur ou à explosion comme outils de production. Outre les bruits et contraintes d’approvisionnement, la question de la pollution se pose immédiatement devant une telle contrainte. Si vous travaillez dans un bureau, là non plus vous n’aurez plus d’électricité. Et vous n’aurez rien de ce qui fait actuellement l’outillage de base de tout poste se situant dans ces lieux, à savoir l’informatique et Internet. Car sans Biens Communs, aucun de de ces deux éléments qui structurent maintenant, et ô combien, notre quotidien, ne pourrait exister. Bien évidemment l’informatique doit venir structurellement avant l’Internet, mais les deux sont fondés et basés sur des centaines de Biens Communs différents qui sont des concepts, des normes, des protocoles, des langages, des inventions libres qui ont permis l’émergence de ce qui nous est maintenant indispensable pour produire, diffuser et communiquer.

    Car sans ces deux éléments, informatiques et Internet, vous n’auriez que du papier, du crayon et de la machine à écrire. Remarquez, vu qu’il n'y a pas d’électricité, au moins, cela vous évitera la corvée d’aller à l’imprimante ou à la photocopieuse récupérer vos travaux ou ceux des autres. Quant à la cantine de midi, il vaut mieux travailler dans une entreprise qui a la sienne pour pouvoir manger des plats chauds cuisinés avec le gaz. Mais pas froid. Car là aussi il n’y a pas de réfrigérateur. L’après-midi sera une copie inverse du matin où vous partirez de votre entreprise, toujours sans route, pour récupérer vos enfants et revenir chez vous. Si vous passiez d’un monde à l’autre, le notre celui dans lequel les Biens Communs existent, mais ne sont pas reconnus, à un monde sans Biens Communs que du coup toute la population rêverait d’avoir, vous auriez bien compris l’importance décisive et vitale de ceux-ci pour avoir un niveau de vie évolué.

    Pourtant il y a encore plein de Biens Communs qui font partie de notre vie de tous les jours et qui sont invisibles à nos yeux. On a vu leurs présences cruciales dans le domaine des inventions, électricité, informatique, Internet, dans le domaine des équipements, de l’éducation. Mais il y en a encore beaucoup et dans tous les champs de notre civilisation.

    D‘autres formes de Biens Communs

    Ils sont parfois dans des domaines auxquels on ne pense pas. Aussi surprenant que cela paraisse, les règles du jeu d’échecs sont aussi un Bien commun. Sous la formation de conventions formalisées rédigées sous forme des règles du jeu. Mais les normes sont pleinement des Biens Communs. Imagine-t-on deux joueurs s’affrontant avec des règles différentes. La dame de l’un pourrait se déplacer de plusieurs cases, en vertical ou diagonal. Et la dame de l’autre ne pourrait en faire de même, mais qu’en diagonal et que sur une seule case. Comme cela était en vigueur pour la pièce de la Dame en Perse et Inde aux débuts du jeu. On voit que le jeu n’aurait pas la même saveur. Imagine-t-on aussi que ces deux joueurs, même avec des règles communes, doivent payer un écot à un quelconque inventeur ou autrice ? Là non plus ce n’est pas pareil. Ce qui nous permet de définir une des grandes qualités des Biens Communs, même si ce n’est pas tout le temps le cas, c’est la gratuité d’usage. Quel contraste avec d’autres formes juridiques de propriété intellectuelle. Mais on a tendance à ne plus penser que ces différences puissent exister.

    C’est parce que l’on ne rappelle pas ce que sont les Biens Communs, voire qu’on n’en parle pas du tout, volontairement, pour ne faire croire que sans l’initiative privée, il n’y a point de salut, que l’on a tendance à penser, à nous faire penser qu’il n’y a qu’une seule voie économique et sociale possible. Et que rien n’existe en dehors de cette approche. Mais dès qu’on apprend à reconnaître les Biens Communs, on voit non seulement qu’ils sont présents, dans tous les domaines, leurs importances, mais aussi leurs apports à la civilisation. Tous les Biens Communs, sans exception, à ma connaissance actuelle, élèvent le niveau de la civilisation humaine. Regardons le jeu d’échecs sous l’angle des Biens Communs et que voyons-nous ? Une activité intellectuelle pure. Une récréation. Un jeu faisant évoluer nos capacités de réflexion. Et qui a permis, à partir du XIXe siècle d’avoir quelques professionnels qui pouvaient commencer à vivre de leurs passions. Ne serait-ce que par la possibilité de devenir professeur du jeu. On est bien loin dans cette avancée civilisationnelle, être rémunéré pour jouer à ce que nous aimons, des comportements meurtriers qui ont eu et ont encore lieu dans le monde. Pour rester dans la même période, le XIXe, quelle différence entre pouvoir vivre de son engouement et déclencher une guerre sous prétexte d’un télégramme remis par une personne insuffisamment gradée (la dépêche d’EMS en 1870 et la guerre Franco-Prussienne) ! Ce qui a entraîné la mort de dizaines de milliers de personnes et la perte de deux régions, Alsace et Lorraine, pour la France. Et les ferments des deux guerres mondiales… Les Biens Communs se situent dans une autre dimension. Ils sont au service de tous et élèvent ceux qui les créent, les pratiquent et les distribuent. Nous verrons ceci plus en détail dans les chapitres suivants.

    Ajoutons, pour conclure sur le plan du jeu d’échecs, que sa pratique a servi à réaliser de nombreuses allégories économiques, financières, sociales et aussi militaires. En prenant les règles du jeu, la notion de territoire, de pièces, des personnes ont pu imaginer des plans d’actions pour leur entreprise, institution, ville, région, pays. L’analogie quelque fois possible entre le jeu et le réel leur a permis de planifier des stratégies. Et c’est là aussi un des apports des Biens Communs. Non pas que leurs usages puissent parfois déboucher sur des créations de conduites opérationnelles, mais qu’ils apportent des fruits imprévus et nourrissants potentiellement à la disposition de tous. Les récoltes des Biens Communs et de leurs usages sont doublement bénéfiques, par ce qu’ils apportent dans leurs objectifs initiaux de mise en place. Et parce qu’ils

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