Discover millions of ebooks, audiobooks, and so much more with a free trial

Only $11.99/month after trial. Cancel anytime.

Nous, les écorchées vives: Autobiographie
Nous, les écorchées vives: Autobiographie
Nous, les écorchées vives: Autobiographie
Ebook254 pages3 hours

Nous, les écorchées vives: Autobiographie

Rating: 0 out of 5 stars

()

Read preview

About this ebook

"Enfant, Flo a vécu l'innommable. Pour elle cette autobiographie est l'opportunité de mettre des mots sur une enfance détruite, une adolescence chaotique avec des repères bouleversés. Sa vie d'adulte reste contrastée avec pour dénominateur commun, des rencontres et de l'amour charnel. Après le déni, les dérives, la résilience viendra une partielle mais nécessaire reconstruction. "
Dominique MAUSSERVEY Auteur

"Depuis quelques années, le silence qui entourait les maltraitances que peuvent subir les enfants se déchire. Ce témoignage s'inscrit dans ce mouvement. Grâce à des personnes courageuses, qui ont osé parler, nous comprenons mieux ce qu'il en est de l'emprise que peuvent subir ces enfants, et des conséquences que cela a sur eux."
Edith LOMBARDI, Auteure de "Sortir de la maltraitance"
( L'Harmattan)

Afin de faire la paix avec moi-même, cette délivrance par des mots était devenue primordiale. Un reflux viscéral permettant une sorte d'exutoire d'écorchures encore bien vives.
C'est également un appel à toutes ces personnes qui sont encore prises en étau dans leur silence, honte et culpabilité. Une main tendue à toutes ces âmes noyées dans le déni et le traumatisme. Une assignation à cette justice encore trop fébrile et apathique. Ensemble, nous, les écorchées vives, nous pouvons faire en sorte que ces fléaux ne soient pas niés et banalisés.
Flo LAVIE
LanguageFrançais
Release dateJun 13, 2022
ISBN9782322446810
Nous, les écorchées vives: Autobiographie
Author

Flo Lavie

Flo LAVIE est issue d'une famille rurale du Haut-Doubs, en Franche-Comté. Après une enfance et une vie de femme détruites, l'auteure nous livre ses mots en témoignant son parcours compliqué. Dans ce récit autobiographique, Flo LAVIE raconte le travail psychologique qu'elle a mis en oeuvre afin d'accéder au chemin de la reconstruction et de la résilience en apaisant ses maux. Elle incite également toutes les personnes, victimes de violences sexuelles et conjugales, à ne plus se taire, en dénonçant ces actes odieux et en se dirigeant auprès de nombreux organismes et associations qui proposent des aides et relais. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle l'auteure souhaite reverser une partie des bénéfices des ventes du livre à l'association "Solidarité Femmes".

Related to Nous, les écorchées vives

Related ebooks

Related articles

Reviews for Nous, les écorchées vives

Rating: 0 out of 5 stars
0 ratings

0 ratings0 reviews

What did you think?

Tap to rate

Review must be at least 10 words

    Book preview

    Nous, les écorchées vives - Flo Lavie

    Je dédie ce livre à tous les enfants violés, à toutes ces victimes de violence qui ont souffert, qui souffrent, qui ne sont plus là, et toutes celles qui ne doivent pas et plus s’oublier dans le déni, le silence, la culpabilité et la honte.

    Je souhaite également délivrer un message afin que ces personnes parviennent malgré tout à se projeter vers une certaine sérénité.

    A mes enfants, qui m’ont toujours encouragée sans relâche, afin que je puisse achever ce récit.

    Titre en hommage à mon médecin, Hervé D., qui me nommait ainsi.

    Pour préserver l'anonymat des personnes citées dans

    cette autobiographie, j'ai transformé volontairement leur

    nom et leur prénom, à l’exception de ceux des professionnels

    de santé auxquels je voue un profond respect.

    Sommaire

    PREFACE

    AU COMMENCEMENT

    LE VOISIN

    L’ADOLESCENCE, LE DÉNI

    LA FEMME

    VIOLENCES CONJUGALES

    HARCELEMENT SEXUEL AU TRAVAIL

    LES HOMMES ET MOI

    LES PLONGEONS, LES DÉRIVES ET LES CONSÉQUENCES…

    LES RÉPARATIONS

    LE FONCTIONNEMENT DU CERVEAU ET MON HISTOIRE

    LA JUSTICE

    DEMAIN LE RENOUVEAU

    ÉPILOGUE

    Il m’aura fallu plus de 40 ans pour poser concrètement des mots sur mes maux, restés figés et engloutis à la suite des écorchures d’une enfance souillée. Puis de longues décennies pour me libérer de la honte provoquée par des secousses physiques et morales.

    PREFACE

    De tout temps, il a toujours été question de disparités dans divers domaines, différences, injustices, révoltes, tout comme l’inégalité de genre, de statuts et classes sociales confondus.

    Néanmoins, on s’aperçoit qu’il y a certains faits, certaines actions, des abus, qui se retrouvent au même niveau, dans toutes les couches de la société. Tels que les viols et les violences conjugales, par exemple.

    L’être humain et en particulier l’homme, qu’il soit fortuné ou non, puissant ou faible, charmant ou repoussant, peut, à tout moment, se convertir en pervers, manipulateur, agresseur, devenir violent à différents degrés.

    Tout comme certaines personnes médiatisées, j’ai souhaité également parler de mon histoire qui démarre dans un milieu, que je définirais et ce, sans préjugé dégradant, de modeste.

    Le but étant de démontrer que, quoi que soit la source, l’environnement, l’origine, l’étendue, les degrés des violences subies, il est possible de libérer la parole. De prévenir, d’écouter, d’accompagner et pourquoi pas, de guérir.

    Si mon récit peut enfin délivrer, libérer, alerter, apaiser voire sauver, ne serait-ce, qu’une personne, alors ce sera pour moi une magnifique récompense.

    On m’a proposé gentiment de m’aider pour la rédaction de cet ouvrage qui retrace exactement ce que j’ai vécu, mon histoire. Seulement, j’avais à cœur de communiquer au plus près les étapes de ma vie. C’est pour cela que j’ai souhaité livrer moi-même, les épisodes de mon existence.

    En déversant le trop plein si longtemps accumulé, en ouvrant les vannes avec des mots. Mais également afin de donner de l’espoir, de tendre la main, de montrer les portes ouvertes et si tant est, de soutenir, d’aider.

    Et c’est en soutien à ces causes, qu’une partie des fonds de cet ouvrage, sera reversée à : SOLIDARITÉ FEMMES

    AU COMMENCEMENT

    2021, Frappée d'un arrêt total, malaise, mal être…

    Un diagnostic qui tardera à être établi.

    Mon corps se met en repos complet, je ne peux quasiment plus me déplacer. En à peine une journée, active et énergique d'ordinaire, je deviens paralysée, freinée. Telle une personne âgée. Plus de ressource, plus d'énergie, je me retrouve atone et vide. Et comme d'habitude, cela ne me plait pas du tout.

    Il faut vite que je reprenne du poil de la bête. Entre mon travail à l’extérieur, ma petite entreprise créée juste avant le premier confinement, les travaux domestiques et l'éducation de mon enfant adolescent, c'est que j'ai du pain sur la planche, moi.

    Seulement voilà, mon cerveau veut, mais mon corps refuse.

    Stoppée net, tel un marathonien qui reste sur la ligne du départ, après s'être pourtant entraîné comme il le fallait.

    C'est donc avec contrainte et amertume, que je me retrouve ligotée sur mon lit. Prisonnière de mon inertie, je suis rapidement obligée de constater que je ne peux même pas vaquer à mon loisir préféré, à savoir la lecture.

    Par conséquent, c'est sans attendre, seul le temps se dépliant au ralenti, que vont s'inviter dans ma cellule, néanmoins charmante, des moments de brouillard intense. Un voile sur mon moral, additionné à des pensées moroses, soutenues par un entourage, pas toujours compréhensif, qui souhaite, lui aussi, des explications sur mon état.

    Immobilisation léthargique, que je ne comprends pas moi-même, tout comme mon médecin.

    Cela suffit à déclencher une pluie abondante de négatif, suivie d'inondations de larmes répétées, d'interrogations sournoises.

    Le tourbillon acariâtre persiste et bat son plein, telle une machine à laver activée sur programme long. Je m'installe facilement au chaud, dans cette couverture ornée d'un patchwork avec les principaux morceaux tissés représentant : mélancolie, abattement, tristesse, pessimisme, lamentation. Et bien entendu où je ressasse sans cesse le négatif.

    Hé oui, c'est tellement plus commode de s'enfoncer, plutôt que de trouver des lumières.

    Je ne respire pas normalement. Je peine à me déplacer. Je dois tout réapprendre, tel un bébé qui découvre chaque sens, mais cela mettra de longs mois avant de retrouver difficilement l'équilibre que j'ai perdu à tous les niveaux.

    De surcroît, outre un corps amorphe, je n'ai plus de goût, alimentaire certes, et peut-être plus de goût à rien...

    Au bout de quinze jours, les symptômes toujours aussi présents, la détresse installée, seuls quelques kilos disparaissent.

    Ne serait-ce donc pas le moment d'accepter les choses, de laisser venir la résilience, et pourquoi pas d'opter pour un lâcher-prise. Souffler, relâcher, évacuer ce trop-plein.

    Qui permettrait de faire un check-up interne. Un combat contre l’ego.

    Ah, c’est sûr, ça risque de ne pas être facile. Un exercice périlleux, que j'ai toujours repoussé, évité, mis de côté. Mais les combats contre moi même, ça me connait. Cela fait plus de quarante ans que je les enchaîne. Qui plus est, j'ai décroché avec honneur toutes les médailles.

    Cette vie, ma vie, que j'ai souhaité quitter à sept reprises.

    Et si, ne pouvant rien faire d'autre, j'en profiterais pour la faire défiler.

    Et si je visionnais les images de mon cerveau. Même celles enfouies. Celles dont j'ai évité de regarder.

    Notamment, en cassant le miroir. En oubliant volontairement le passé. En me mutilant. En me faisant du mal, encore et encore. En me dégoûtant et en me punissant. En ayant honte, en ayant peur.

    Hé bien Madame ! Prends-le ce miroir, regarde-les ces images, fais-le ce retour en arrière qui t'a tant mutilé, affronte-le ce passé qui t’a tant dégoûté...

    Et cette parenthèse de vie, ce frein à main déclenché à une vitesse trop rapide, trop mouvementée, saccadée, m'a permise, je crois, de me regarder enfin. D'aller à l'encontre de cette petite fille que j'étais.

    Celle-là même, que j'ai accusée, délaissée, pas comprise, jugée et même punie.

    Cette histoire que vous allez découvrir, ce sont mes échos. Cette vie, c'est la mienne. Et puisque je ne peux pas la réécrire, alors je vais l'écrire et la poser.

    Une histoire réelle, vécue et aussi remplie de paradoxes. Une instabilité régulière, dans mes amours, dans mon travail, dans mon humeur.

    Avec cette vision intrusive, je serai sans doute jugée, peut-être délaissée, je vais sûrement surprendre, étonner, secouer, notamment mes proches, sans doute mes amis qui ne connaissent pas mon histoire.

    Mais pour une fois, je dois déverser ce trop-plein, vomir ces mots trop longtemps restés fixés en moi. Evacuer ce surplus, ce poison injecté dans mes veines, au fil des années, qui m'empêche d'avancer. Déverser mes tripes trop souvent nouées. Crier ma colère, laisser couler mes larmes de souffrance et de désespoir. Extraire les saignements dans mon cœur. Me libérer tout simplement.

    Par déni, par traumatismes, par honte, par dégoût, par peur aussi. Je me suis moi-même fabriqué mon cocktail d'une drogue dévastatrice et sournoise.

    J’avais déjà tenté cet exercice, il y a quelques années en arrière. Mais, force est de constater, que ce n’était sans doute pas le moment. Avec des mots qui saignaient encore. Trop fragilisée, toujours installée dans l’émotif.

    Maintenant, je sens comme un appel à cette délivrance, un besoin.

    Alors allons-y, pour le visionnage du film, qui retrace les cinquante-trois années de ma vie. Et en particulier, depuis mes huit ans, là où mon calvaire a débuté…

    Un film dont j'ai volontairement, par la suite, coupé des passages. Du moins, c'est mon cerveau, comme je l'expliquerai plus en détail, qui a su me protéger de différentes manières. Jusqu'à ce que des scènes jaillissent dans mon champs visuel…

    Je vous invite donc à prendre place, à mes côtés, afin de suivre le cheminement de mon existence.

    Par protection, par pudeur, par respect et pour garder un peu de maîtrise sur mon histoire, les prénoms seront modifiés et certaines périodes, au-delà de mes vingt ans pourront être déplacées.

    Malgré tout, cela reste des faits réels.

    Des violences que j'ai bel et bien subies. Des retranchements, via des traumatismes qui m'auront collé tout au long de mes jours. Des automutilations, qui n'auront pas eu ma peau, quoi que...

    Des blessures dont je ne me serai pas épargnées et dignes des scénarios d’autodestructions les plus étudiés et pittoresques.

    Des événements, fruits de blessures internes, que j’aurais souhaité éviter, mais que j'ai cependant moi-même attisé et attiré, en quelque sorte. Des personnes qui m’ont manipulée, violentée, humiliée, trahie, rabaissée, salie et abusée.

    Mais aussi des moments ensoleillés, des rencontres éblouissantes, des histoires pétillantes, des liens forts et puissants, que je vais vous faire découvrir.

    La projection durera un certain temps. À vous de trouver votre rythme pour le visionnage des étapes qui ont construits ma vie ou brisées mon existence par moments.

    Je ferai en sorte de vous le rappeler à la fin de mon récit. Mais soyez attentifs, et si vous aussi, vous reconnaissez des signes auprès de quelqu'un, dans votre entourage, similaires aux miens. Alors, n'attendez pas.

    Allez à sa rencontre. Elle ne se libèrera pas forcément de suite mais montrez lui que vous êtes là, que vous la soutenez. Et tendez-lui votre main, d’une manière ou d’une autre.

    Un geste, un signe, une parole, ça peut sembler peu et pourtant c’est déjà beaucoup.

    C'est le but de cet ouvrage. Faire avancer les choses. Aider, soutenir, libérer et même si cela est sans doute prétentieux, pourquoi pas, sauver.

    C'est mon grand désir. Car toutes les classes sociales peuvent être touchées. Tous les individus peuvent être atteins.

    De plus, on n’en parle pas suffisamment à mon sens, mais le fait est, qu'il n'est jamais trop tard, pour que ça cesse. En stoppant le mal à la source, directement avec les bourreaux.

    Eux aussi doivent avoir le courage de se faire aider, à défaut d'être punis par la justice...Afin que ça ne se reproduise plus.

    Il faut aussi prévenir, avertir, informer cette jeunesse qui est dorénavant éduquée à coups d’informations diverses, avec les réseaux sociaux notamment. Des informations pas toujours correctes, sérieuses, légitimes et pouvant même, être inadaptées, violentes, malsaines.

    Même si je ne fais partie à ce jour d’aucun mouvement féministe, je considère toutefois que la femme doit pouvoir user de ses droits à tout moment.

    Au-delà de ça, j’estime que la femme, ne doit, en aucun cas se soumettre, être rabaissée, démunie, à l’égard de l’homme.

    Et si je déploie le résonnement à la base, l’enfant, peu importe le sexe, doit être traité en tant que tel. On se doit de lui donner une éducation, des valeurs, une ouverture aux autres, à la différence.

    Il doit également être respecté comme ENFANT à part entière. Il ne peut pas être l’objet d’une chaîne humaine perverse, sadique et sans scrupule.

    Tout comme, je ne m’aligne dans aucun mouvement politique.

    Néanmoins, à mon sens, je trouve une lenteur équivoque, en matière d’avancement sur la lutte des violences faites aux enfants et aux femmes.

    Ce n’est pas politique me direz-vous, mais la lignée de la justice se conduit et se repose forcément sur des principes gouvernementaux.

    * * * *

    Le thème du film, celui qui allait me poursuivre consciemment et non, débute il y a plus de quarante ans.

    À cette période, il n'y avait pas de technologies comme actuellement. Peu d'informations, peu de connaissances, beaucoup de tabous, des secrets et des non-dits. D'autant plus, que j'habitais un hameau retiré, paumé, comme on dirait maintenant.

    Aînée d'une famille de trois enfants, l’épilogue de ma vie s'est déroulé légèrement à l'écart du village, et à une dizaine de kilomètres de la ville adjacente.

    Mes parents n'étaient pas fortunés. Néanmoins, nous ne manquions de rien, mes frères et moi-même, matériellement, du moins.

    Dans la famille, les sentiments ne se montraient pas, ça ne se faisait pas.

    Force est de constater, que quarante ans plus tard, il en est toujours de même, sans guère d’évolution. Jamais ou peu de compliments, pas de câlins, des dialogues essentiellement dirigés sur la vie en général.

    L'harmonie familiale était simple et fluide.

    Noël était synonyme des derniers « Playmobil » et « Tintin » pour mes frères et je bénéficiais, entre autres, de joyaux en plastique que j'appréciais. Nous avons eu une éducation sobre, nous inculquant des valeurs sûres, comme le respect, la politesse, le travail, entre autres.

    Mes parents se sont mariés en 1967. Tout de suite, comme voyage de Noce original, Maman s'est retrouvée bloquée dans la ferme paternelle. Après un incident climatique, provoqué par un déversement de fortes tombées de neige, qui allaient les contraindre à être retirés du monde pendant trois semaines.

    Restant repliés sur eux-mêmes, leur couple se construisant, plus ou moins dans une sorte de microcosme à huis clos. Désirée ou non, c'est quelques neuf mois plus tard, que je faisais mon apparition. Et je prenais place dans ce décor de petite maison, ou plutôt de grande ferme dans la prairie.

    Suivirent ultérieurement mes petits frères, Thomas, trois années plus tard, puis ce fût au tour de Mathieu, mon cadet de cinq ans. Petit dernier et pénalisé d'un membre en moins, il aura redoublé d'attention à son égard, ô combien normale et légitime.

    Maman tenait des mains de maître sa baguette, en l'occurrence sa fourche d'agricultrice, seule. Elle ne se plaignait pas, et accomplissait des travaux pénibles et difficiles avec bravoure. Un exemple royal et digne, qui laissait sans voix la gent masculine. Elle exécutait de lourdes besognes fatigantes, tous les jours, sans répit. D'autant plus qu'elle devait s'accomplir également des tâches ménagères, et élever ses trois enfants encore en bas âge.

    Papa n'a jamais vraiment apprécié le monde agricole. De ce fait, il s'activait à l'extérieur pour rapporter un salaire complémentaire.

    Prenant toutefois des vacances pour effectuer les foins l'été, il aidait aussi un peu le soir en rentrant, et le rythme était posé.

    Loin de moi l’idée de le qualifier de machiste, il s'est quand même tout au long de sa vie laissé bercer par les services de Maman. En se délectant des plats préparés uniquement par son épouse et en la laissant gérer notre éducation.

    Il faut dire, que depuis le départ, elle l'a toujours naturellement habitué ainsi, donc...

    Le cliché est resté figé et identique encore aujourd'hui.

    Par conséquent, Maman était, la plupart du temps, seule à devoir accomplir son rôle de mère, d'épouse, d'agricultrice, en plus de la cuisine, du ménage, et des nombreuses occupations au sein de la grande ferme où nous habitions.

    Etant la dernière d'une famille de cinq enfants, elle a eu une jeunesse très rude. À la suite de la perte de ses parents, alors qu'elle était à peine adolescente. Elle a été élevée à la dure par sa grande sœur, qui, elle aussi a dû se saisir d'un rôle beaucoup trop tôt.

    De ce fait, Maman ne possédait pas tous les codes, les repères, pour elle-même, et pour ainsi les transmettre à ses enfants.

    Quoi qu'il en soit, à son époque les rapports parents/enfants étaient tenus, mais sans être affectueux, souvent avec le minimum de dialogue.

    Pour autant, par la suite, les choses ont toujours été plus simples pour mes frères que pour moi.

    Nombreuses sont les fois où, lorsque maman était à la traite, nous restions coincés sur le canapé en attendant, souvent avec des biberons de cacao dans la bouche.

    Mais c'était comme ça, on faisait avec, ou sans...Nous nous y accommodions tout simplement.

    Maman multipliait les tâches diverses. À la ferme, ses vaches représentaient tout pour elle. Elle s’employait à leur donner les doses nécessaires à leur croissance. Et, elle se retrouvait souvent le cœur déchiré lorsque l’une de ses bêtes, était vendue à un maquignon, afin de terminer sa vie dans les assiettes de tout un chacun. Coriace, elle ne se laissait pas manipuler, lorsqu’il s’agissait de déterminer un tarif équitable.

    Rien ne la rebutait dans ses travaux agricoles, souvent réalisés par la gent masculine. Elle pouvait très bien tuer un lapin, un coq, parfois je regardais, je la secondais même pour tenir l’animal. En revanche, je me souviens que je tournais la tête lorsque la bête était décapitée.

    À la fois dégoûtée et tétanisée, à tirer les plumes résistantes des volailles, je m’éclipsais pourtant lorsqu’il fallait extraire et décortiquer les abats de l’animal.

    L’hiver, c’était au tour des cochons, moment qui se voulait convivial, puisque beaucoup de personnes étaient réunies autour de ces mammifères, qui allaient eux aussi, leur offrir des plats de viande et de boudins. Les cris perçants des cochons résonnent encore dans mes oreilles.

    Un liquide chaud et rouge coulé dans de longs boyaux, qui allait faire le bonheur de plusieurs papilles. Agrémenté par une compote de pommes maison, c’était pour ma part, déjà loin de me rendre joyeuse à cette période, et encore moins aujourd’hui.

    Les diverses et nombreuses besognes de Maman se poursuivaient avec la réalisation de confitures, conserves, gâteaux en tout genre, congélation de viande, etc…

    En parallèle, elle réalisait des pulls, des écharpes avec une machine spécifique, ou bien alors avec des aiguilles pour des réalisations plus pointues.

    Couture, jardin, tracteur, maniement de la fourche, veille d’une vache qui allait donner naissance à un petit veau, rien n’avait de secret pour Maman.

    Bottes, blouse et un petit

    Enjoying the preview?
    Page 1 of 1