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La 3e Femme : Traquée (Une enquête de Maya Gray – Tome 3)
La 3e Femme : Traquée (Une enquête de Maya Gray – Tome 3)
La 3e Femme : Traquée (Une enquête de Maya Gray – Tome 3)
Ebook285 pages3 hours

La 3e Femme : Traquée (Une enquête de Maya Gray – Tome 3)

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12 affaires non résolues. 12 otages. Un tueur en série diabolique. Dans ce thriller captivant, une agente du FBI doit relever un défi mortel : résoudre douze crimes un par un pour empêcher l’exécution de douze femmes retenues en otages.

À 39 ans, l’agente spéciale Maya Gray, que les lecteurs ont pu découvrir dans La 1re femme : Homicide, a déjà tout vu. Coqueluche de l’Unité d’analyse comportementale du FBI, elle est chargée d’enquêter sur les affaires non résolues les plus difficiles. Quand elle reçoit une carte postale manuscrite promettant de relâcher douze femmes enlevées si elle parvient à mettre au clair douze affaires classées sans suite, elle pense à un canular.

Jusqu’à ce qu’elle comprenne que sa sœur disparue fait partie des otages.

Secouée, Maya se voit obligée de prendre la menace au sérieux. Les enquêtes qu’elle doit à présent résoudre sont parmi les plus complexes auxquelles le FBI ait été confronté. Mais les règles du jeu sont simples : pour chaque affaire que Maya élucide, le ravisseur relâchera une de ses otages.

Si elle échoue, il les exécutera, une par une.

Dans La 3e femme : Traquée, le compte à rebours est lancé quand Maya reçoit sa troisième affaire à résoudre. Tout porte à croire que le suspect, un copycat du tueur de la pleine lune, se sert d’un équipement audio ultrasophistiqué pour garder en permanence une longueur d’avance sur ses victimes. Et Maya pourrait bien être la prochaine sur la liste.

Consciente que le ravisseur retient toujours sa sœur prisonnière, Maya n’a pas d’autre choix que d’accepter de mener cette enquête. Plus déterminée que jamais, elle retourne au pénitencier où son dernier suspect vient de se donner la mort dans l’espoir d’y découvrir une nouvelle piste. Mais le tueur traque ses moindres mouvements et Maya se rend bientôt compte qu’elle n’est en sécurité nulle part.

Puis, contre toute attente, un des lapins s’échappe.

Thrillers psychologiques complexes pleins de rebondissements et de suspense, les enquêtes de Maya Gray vous rendront accro à cette nouvelle héroïne vive et intelligente et vous garderont en haleine jusque tard dans la nuit. Une série recommandée aux fans de Robert Dugoni, Rachel Caine, Melinda Leigh et Mary Burton.

Les prochains tomes de la série seront bientôt disponibles.
LanguageFrançais
PublisherMolly Black
Release dateJun 16, 2022
ISBN9781094355160
La 3e Femme : Traquée (Une enquête de Maya Gray – Tome 3)

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    La 3e Femme - Molly Black

    cover.jpg

    LA TROISIÈME FEMME :

    TRAQUÉE

    (Les enquêtes de Maya Gray, Tome 3)

    MOLLY BLACK

    Molly Black

    La jeune autrice Molly Black fait son entrée dans le rayon thriller en signant Les enquêtes de Maya Gray, une nouvelle série de romans à suspense qui compte déjà six tomes. Fan invétérée de romans policiers, Molly adore échanger avec ses lecteurs et lectrices. Venez lui rendre visite sur www.mollyblackauthor.com pour découvrir son univers et pour rester en contact.

    Copyright © 2021 by Moly Black. Tous droits réservés. Sauf autorisation selon Copyright Act de 1976 des U.S.A., cette publication ne peut être reproduite, distribuée ou transmise par quelque moyen que ce soit, stockée sur une base de données ou stockage de données sans permission préalable de l'auteur. Cet ebook est destiné à un usage strictement personnel. Cet ebook ne peut être vendu ou cédé à des tiers. Vous souhaitez partager ce livre avec un tiers, nous vous remercions d'en acheter un exemplaire. Vous lisez ce livre sans l'avoir acheté, ce livre n'a pas été acheté pour votre propre utilisation, retournez-le et acheter votre propre exemplaire. Merci de respecter le dur labeur de cet auteur. Il s'agit d'une œuvre de fiction. Les noms, personnages, sociétés, organisations, lieux, évènements ou incidents sont issus de l'imagination de l'auteur et/ou utilisés en tant que fiction. Toute ressemblance avec des personnes actuelles, vivantes ou décédées, serait purement fortuite. Photo de couverture Copyright mpaniti sous licence Shutterstock.com.

    LIVRES PAR MOLLY BLACK

    UNE ENQUÊTE DE MAYA GRAY

    LA 1RE FEMME : HOMICIDE (Livre #1)

    LA 2E FEMME : INCARCÉRÉ (Livre #2)

    LA 3E FEMME : TRAQUÉE (Livre #3)

    SOMMAIRE

    CHAPITRE UN

    CHAPITRE DEUX

    CHAPITRE TROIS

    CHAPITRE QUATRE

    CHAPITRE CINQ

    CHAPITRE SIX

    CHAPITRE SEPT

    CHAPITRE HUIT

    CHAPITRE NEUF

    CHAPITRE DIX

    CHAPITRE ONZE

    CHAPITRE DOUZE

    CHAPITRE TREIZE

    CHAPITRE QUATORZE

    CHAPITRE QUINZE

    CHAPITRE SEIZE

    CHAPITRE DIX-SEPT

    CHAPITRE DIX-HUIT

    CHAPITRE DIX-NEUF

    CHAPITRE VINGT

    CHAPITRE VINGT ET UN

    CHAPITRE VINGT-DEUX

    CHAPITRE VINGT-TROIS

    CHAPITRE VINGT-QUATRE

    CHAPITRE VINGT-CINQ

    CHAPITRE VINGT-SIX

    CHAPITRE VINGT-SEPT

    CHAPITRE VINGT-HUIT

    CHAPITRE VINGT-NEUF

    CHAPITRE TRENTE

    CHAPITRE TRENTE ET UN

    CHAPITRE TRENTE-DEUX

    CHAPITRE UN

    Suivre ses victimes était ce qui lui tenait le plus à cœur dans ses opérations. Il voulait apprendre à les connaître sur le bout des ongles, se familiariser avec chaque facette de leurs vies, avant de frapper.

    C’est ainsi qu’il se trouvait en ce moment même dans la fourgonnette qu’il avait équipée, à cette fin précise, d’une multitude d’appareils audio et vidéo qui lui renvoyaient le flux incessant d’informations que produisait le monde extérieur.

    — …t’assure, Marcy, ça va aller. Alors, on se voit vendredi soir ?

    Cindy insufflait une légère susurration à sa voix, une affectation qu’il avait toujours détestée, dès la première fois qu’il l’avait entendue parler.

    — Je ne peux pas, il faut que je trouve une nouvelle baby-sitter. Kelly ne peut plus venir depuis qu’elle est à la fac.

    Il n’avait pas manqué la légère hésitation, le pieux mensonge pour ne pas blesser son amie. Toutes ces choses que l’on ne pouvait entendre qu’en écoutant avec suffisamment d’attention.

    — Ce n’est pas compliqué de trouver une baby-sitter, ma belle.

    Il avait mis le téléphone portable de sa cible sur écoute, naturellement. C’était le minimum, même si cela signifiait devoir écouter les conversations les plus banales au sujet des problèmes de garde d’enfants de ses amis.

    Il y avait d’autres micros dans le sac à main de Cindy, chez elle, et même dissimulés soigneusement dans l’une de ses chaussures, afin que, où qu’elle soit, il ne manquât jamais une miette de ce qu’elle disait. La vie entière de la jeune femme retransmise dans ses écouteurs, amplifiée en stéréo jusque dans ses moindres nuances. Le craquement discret des céréales qu’elle était en train de manger, le léger soupir d’agacement lorsqu’elle raccrocha, qui traduisait sans qu’il ne fût besoin de mots ce qu’elle pensait du désistement de dernière minute de son amie. Depuis qu’il avait commencé son opération de surveillance, il avait appris à interpréter les plus infimes sons de sa vie et il la connaissait aujourd’hui avec l’intimité d’un amant.

    Il y avait également des caméras, bien sûr. Il était parvenu à en installer dans chaque pièce de son appartement et observait ses gestes en même temps qu’il l’écoutait. À cet instant précis, Cindy était attablée en pyjama devant un bol de céréales, tournant d’une main distraite les pages d’un livre de cours usagé, dont le faible bruissement lui parvenait à travers ses écouteurs.

    Cindy était plutôt jolie, supposait-il, même si sa jeunesse restait son meilleur atout. Elle avait les traits délicats, une silhouette menue, presque fragile, et ses cheveux, malgré une visite chez le coiffeur quelques jours plus tôt, étaient plus indisciplinés que jamais. Il se rappelait le son feutré des ciseaux qui se refermaient sur les mèches humides, le vacarme étouffé du sèche-cheveux, et la musique de fond dans le salon de coiffure.

    Cindy se leva pour s’habiller, et il détourna le regard de l’écran par pudeur. Ce n’était pas un voyeur. Son ouïe lui suffisait ici.

    Elle se préparait à sortir. Il s’assit derrière le volant de la fourgonnette, ses écouteurs toujours sur ses oreilles. Il aurait aisément pu la suivre à l’aide de son GPS, mais il préférait parfois s’en tenir aux méthodes traditionnelles. Filer une cible à pied depuis un véhicule demandait un certain degré d’expertise. Il ne pouvait pas se contenter de suivre Cindy en roulant au pas derrière elle. La jeune femme ne manquerait pas de repérer une fourgonnette qui avançait au ralenti aussi près d’elle. Elle noterait probablement son numéro de plaque, réussirait peut-être même à distinguer son visage malgré les vitres teintées. Et il se verrait alors obligé de la tuer ici même, en pleine rue, et ce n’était pas son intention. Ça ne faisait pas partie de son plan. Loin de là.

    Et il devait s’en tenir au plan. C’était ce qui lui avait permis de mener ses opérations à la perfection sans être inquiété jusqu’ici.

    Au lieu de la suivre, il dépassait Cindy, s’arrêtait un peu plus loin, redémarrait, faisait mine de se garer pour effectuer une livraison. Il avait falsifié un badge appartenant à une entreprise de transport, au cas où quelqu’un décidait de lui demander des comptes. Il n’avait jamais eu à le présenter jusqu’ici. Ce n’était pas dans la nature du commun des mortels de poser des questions. Les gens avaient plutôt tendance à fermer les yeux sur ce qui ne les regardait pas.

    Il en faisait un jeu, parcourant quelques mètres, s’arrêtant de nouveau, épiant le bruit des pas de Cindy qui se rapprochaient. Il l’observait tandis qu’elle le dépassait, la laissant prendre un peu d’avance comme un pêcheur laissant filer sa ligne, puis il la devançait de nouveau, sans jamais la laisser quitter son champ de vision et d’écoute depuis la fourgonnette.

    Ce n’était pas facile de s’en tenir au programme un jour comme aujourd’hui, quand les opportunités de s’emparer d’elle foisonnaient. Elle ne prêtait aucune attention au monde qui l’entourait. Elle n’avait certainement pas remarqué l’homme qui la suivait, ni le véhicule qu’il conduisait. Ce n’était rien de plus pour elle qu’un détail anodin du paysage urbain. Il vit une douzaine d’endroits tout au long du trajet où il aurait pu s’arrêter, attendre qu’elle arrive à son niveau, et ensuite, sans aucune difficulté…

    Mais non, il devait maîtriser ses pulsions. Les chances de se faire repérer étaient bien trop importantes, ici au grand jour. N’importe qui pouvait s’approcher sans prévenir, le surprendre sur le fait, démolissant en un clin d’œil tout le soin qu’il avait mis à rester discret. Il n’aurait pas d’autre choix que d’éliminer l’importun. À condition qu’il en fût physiquement capable, et que la lutte n’attirât pas d’autres témoins. La scène risquerait de bien vite échapper à son contrôle et il serait démasqué, lui qui parvenait à rester invisible depuis si longtemps.

    Mais ce n’était pas là son unique scrupule. Ce n’était pas seulement le risque d’être découvert qui le retenait, il y avait autre chose, peut-être plus important encore. C’était presque un rituel pour lui désormais, cette façon de faire qui lui avait réussi à la perfection jusqu’ici et lui avait permis d’échapper à tout soupçon. Ce n’était pas qu’une question de bon sens. Il y avait un degré de nécessité dans sa manière d’opérer que même lui ne parvenait pas tout à fait à exprimer.

    Il laissa donc Cindy continuer son chemin vers son lieu de travail, saine et sauve pour le moment, probablement plus en sécurité qu’elle ne l’avait jamais été. Il n’allait pas laisser quoi que ce soit lui arriver maintenant, quand ce serait bientôt son tour de passer à l’acte. Il attendrait, continuerait d’observer et d’écouter, d’apprendre tout ce qu’il y avait à savoir d’elle.

    La pleine lune ne tarderait plus à arriver.

    CHAPITRE DEUX

    Maya s’était pourtant juré qu’on ne la reverrait pas à Pollock de sitôt. Quelques jours à peine après avoir quitté la ville, elle était déjà de retour en Louisiane, devant les portes de la prison fédérale.

    Elle hésita avant d’entrer, baissa les yeux sur son tailleur noir et pris le temps de relever ses cheveux. Elle voulait avoir l’air impeccablement professionnelle pour ce qui allait suivre. Il n’était pas rare que ses interlocuteurs, ne lui accordant qu’un rapide regard, ne voient en elle qu’une femme dans la trentaine, un peu plus grande que la moyenne, d’accord, mais dont les traits fins et le visage en cœur ne suscitaient pas le plus grand respect. Aujourd’hui, elle voulait qu’ils ne voient que l’agente fédérale qu’elle était. L’effort exigé par le maintien de cette façade de professionnalisme l’aidait à oublier le tumulte d’émotions qui faisait rage juste sous la surface.

    Elle avait réellement cru que rien au monde ne pourrait la pousser à remettre les pieds dans cette ville. Mais la mort d’Ade Matheson, le tueur dont elle était parvenue à prouver la culpabilité dans l’assassinat de l’agente correctionnelle Samantha Neele, s’était avéré une raison suffisamment convaincante. L’annonce de son suicide avait immédiatement paru suspecte à Maya, et elle était de retour au pénitencier de Pollock bien décidée à tirer les choses au clair.

    Maya entra dans le hall d’accueil, une pièce délibérément dénuée d’ornements, à l’exception de l’immense logo des services correctionnels fédéraux et d’une poignée de chaises en plastique alignées d’un côté de la salle. Un jeune agent se tenait au bureau de réception, derrière une vitre blindée. C’était un de ceux que Maya avait rencontrés lors de sa dernière visite.

    Il leva la tête vers elle et lui sourit. C’était à des années-lumière de l’accueil qu’elle avait reçu lors de sa première visite à Pollock, quand on lui avait fait comprendre sans ambiguïté qu’elle n’était pas la bienvenue dans cette ville.

    — Agente Gray, nous avons été prévenus de votre arrivée, bien que je ne comprenne pas tout à fait la raison de votre visite.

    — Je voulais simplement clarifier moi-même les circonstances entourant la mort de Matheson, expliqua Maya. Je suis navrée, je ne crois pas avoir saisi votre nom la dernière fois.

    — Archer, madame.

    — Je ne vais pas vous ennuyer très longtemps, Archer. Je voudrais juste inspecter la cellule de Matheson et m’entretenir avec tous ceux qui ont pu interagir avec lui entre ma dernière visite et le moment de sa mort.

    Le gardien hocha la tête.

    — Bien sûr. Le commandant nous a demandé d’accéder à toutes vos demandes. Je tenais également à vous remercier.

    — Me remercier ? répéta Maya, un peu perplexe.

    — De nous avoir débarrassés de Jeremiah. Personne ne voulait de lui comme chef, mais ce n’était pas vraiment de notre ressort.

    Jeremiah Wood était premier surveillant de la prison jusqu’à l’arrivée de Maya. Elle avait brièvement cru, à tort, que c’était le tueur qu’elle recherchait. Son enquête avait néanmoins révélé suffisamment d’horreurs sur son compte pour lui faire perdre son poste sur-le-champ, et il devrait certainement faire face à un procès dans les mois à venir.

    — Ravie d’avoir pu vous aider, répondit Maya.

    Les répercussions de l’arrestation de Wood sur le pénitencier et ses employés ne lui avaient à vrai dire jamais traversé l’esprit. Tout ce qui lui avait importé à ce moment-là était de trouver le tueur de Samantha Neele à temps pour satisfaire l’homme qui retenait sa sœur et dix autres femmes en otages. Le tueur de la pleine lune.

    Maya fut traversée d’un frisson. L’idée que sa sœur se trouvait toujours entre les mains du tueur en série l’emplissait de l’envie presque irrépressible de tourner les talons pour aller la retrouver. Mais sans la moindre information, ce n’était pas une option.

    C’était la raison de sa présence ici. Maya était convaincue que le tueur de la pleine lune était parvenu, elle ne savait encore comment, à s’en prendre à Ade Matheson de l’intérieur de la prison.

    — Suivez-moi, je vais vous montrer sa cellule, offrit Archer.

    Il la guida à travers les couloirs gris des ailes de la prison où flottait l’odeur âcre de la sueur des hommes entassés en trop grand nombre — et trop longtemps — dans un espace exigu. Maya suivit Archer le long d’une rangée de cellules d’où l’observaient les détenus, dans leurs combinaisons orange. Elle sentit le poids de leurs regards lorsqu’elle les dépassa.

    — Qu’est-ce que tu fous là, beauté ?

    — Un peu de chair fraîche, enfin !

    Maya ignora leurs tentatives d’intimidation. Elle savait que toute réaction de sa part, du plus petit tressaillement à une main tendue vers son arme, serait perçue par ces détenus comme une victoire. Elle longea les cellules sans leur prêter attention, décidant plutôt d’étudier les systèmes de sécurité en place dans la prison. Elle repéra les caméras de surveillance à intervalles réguliers, les rondes de routine des gardiens qui parcouraient les couloirs à l’affût du moindre signe d’ennuis.

    — Les rondes des surveillants suivent-elles un horaire fixe ? s’enquit-elle.

    Archer acquiesça.

    — Oui, madame. Nous suivons deux ou trois roulements qui varient tous les jours, afin que les prisonniers ne s’habituent pas à nos horaires.

    Maya supposa que ça leur rendait en effet la tâche plus difficile, mais pas impossible. Tout ce dont les détenus avaient besoin pour établir l’emploi du temps des rondes était d’un peu de temps, et le temps était bien la seule chose qu’ils avaient à revendre ici.

    — Matheson était incarcéré dans le quartier de haute sécurité, expliqua Archer en tournant au bout d’un couloir, avant de s’arrêter devant une porte gardée par deux surveillants. Le quartier est sécurisé et les détenus seront confinés à leurs cellules pendant la durée de votre visite.

    Sa voix était teintée d’inquiétude et Maya se demanda un instant quel genre de prisonniers pouvaient susciter une telle crainte chez leurs gardiens. Mais elle connaissait déjà la réponse pour l’avoir vu de ses propres yeux. Ade Matheson avait bien failli la tuer, et il n’avait pas hésité une fraction de seconde avant d’en saisir l’opportunité dès qu’elle s’était présentée.

    En cet instant, le danger de la situation lui était complètement égal. Elle s’en réjouissait presque. Les nerfs de Maya étaient à vif depuis que les experts scientifiques du FBI avaient rendu leurs analyses sur la mèche de cheveux envoyée par le tueur de la pleine lune. La mèche appartenait à sa sœur. Maya l’avait reçue dans une enveloppe accompagnée de clichés détaillés des blessures qu’il avait infligées à l’un de ses « lapins ». L’idée que Megan était peut-être celle qui avait ainsi subi les coups du ravisseur lui était insupportable.

    — Je ne comprends toujours pas ce que vous espérez trouver, reprit Archer. Je veux dire… Matheson s’est pendu.

    — Non, répondit Maya. Il ne s’est pas suicidé.

    L’hypothèse du suicide n’avait aucun sens ici. Matheson était déjà condamné à passer le restant de ses jours derrière les barreaux. Il se réjouissait d’avoir été démasqué, il jubilait en expliquant à Maya que ces nouvelles accusations auraient pour seul effet de redorer son statut entre les murs de la prison. Et il avait été retrouvé mort dans sa cellule ?

    Le tueur de la pleine lune avait trouvé un moyen de l’atteindre ici. Il ne restait à Maya qu’à le prouver.

    Elle suivit Archer dans le quartier de haute sécurité, où s’alignait une rangée de cellules dont les portes à barreaux permettaient aux gardiens d’observer les mouvements des détenus à tout moment du jour et de la nuit. Maya nota la présence d’une caméra de surveillance à l’autre bout du couloir, qui surplombait l’aile entière.

    — Avez-vous les images du moment où Matheson s’est donné la mort ? interrogea Maya.

    Ce n’était pas le véritable sens de sa question. Elle espérait surtout qu’il y avait dans les vidéos de surveillance un enregistrement que personne n’avait encore visionné, qui montrerait le tueur de la pleine lune en train de s’immiscer, tel un spectre, entre les barreaux de la cellule. Elle voulait par-dessus tout voir son visage. Mais Archer secoua la tête d’un air contrit.

    — Non, madame. La caméra ne fonctionne plus depuis quelques jours. Défaillance technique.

    — Ou bien quelqu’un l’aura trafiquée, observa Maya.

    — Ce genre de problème n’a rien d’exceptionnel, répondit Archer en lui lançant un regard dubitatif.

    C’était une explication plus facile à avaler que de se dire qu’un individu aurait pu mettre la caméra hors d’usage avant de s’introduire dans la prison pour éliminer Matheson. Une théorie qui venait également avec son lot de questions, notamment la faisabilité d’une telle manœuvre sans aide de l’intérieur. Était-il seulement possible de pénétrer dans cette aile sans y être accompagné ? Maya avait vu de ses yeux les portes blindées et les gardiens qui les surveillaient. Il lui semblait difficile d’imaginer que quiconque pût entrer ici sans assistance.

    La seule explication possible était donc que le tueur avait agi de l’intérieur. Il devait avoir reçu l’aide d’au moins l’un des surveillants pour parvenir à ses fins.

    Maya scruta Archer un instant. Elle ne pensait pas qu’il pût en être capable. De tous les employés de la prison, il était de ceux qui avaient fait preuve du plus de bienveillance envers elle, et il était évident qu’il n’avait pas de temps à perdre avec le genre de comportement auquel s’était prêté son ancien collègue Jeremiah Wood. Elle résolut tout de même de faire attention à ce qu’elle disait en sa présence, savait-on jamais.

    — Nous y sommes, annonça Archer.

    Il indiquait une cellule, désormais inoccupée, de deux mètres cinquante par trois cinquante, équipée d’un lit fixé au mur et d’une cuvette de toilette dans le coin opposé.

    — On l’a retrouvé attaché aux barreaux, continua-t-il. Il s’est pendu debout, en s’étranglant avec ses draps.

    — Et c’est comme ça que les détenus se suicident en prison ?

    Archer hocha la tête.

    — C’est… On essaie de faire en sorte que ça n’arrive pas. Si les détenus présentent un risque de suicide élevé, on leur retire tout ce qui pourrait leur servir à se donner la mort. Mais… Oui, j’ai déjà vu ça avant.

    Cela renforçait la conviction de Maya que le métier de surveillant pénitentiaire n’avait rien d’une partie de plaisir, mais ça ne lui apprenait rien d’utile sur ce qui avait pu se passer ici.

    — Je ne suis pas certain de ce que vous cherchez exactement, reprit Archer. Matheson allait être inculpé pour une nouvelle série de meurtres, il allait passer le reste de sa vie en prison, alors il s’est pendu dans sa cellule. Ça ne me semble pas bien compliqué.

    Peut-être pas, seulement Maya ne croyait pas une seconde qu’Ade Matheson se fût trouvé dans un état d’esprit propice au suicide. Matheson était bien des choses — arrogant, dangereux, convaincu de sa propre supériorité, mais suicidaire, certainement pas. Maya était prête à parier sa vie là-dessus.

    Rien qu’en venant sur place, elle pariait gros. Le tueur de la pleine lune avait été on ne peut plus clair sur ce qui arriverait si elle et ses collègues essayaient de le retrouver.

    Maya balaya du regard les deux rangées de cellules. Quelques-uns des détenus étaient absents, probablement au préau ou à leur quart de travail, mais la plupart étaient là, enfermés derrière leurs barreaux. Tous avaient les yeux rivés sur elle, et Maya soupçonnait que ce n’était pas uniquement parce qu’elle était la première femme qu’ils voyaient en chair et en os depuis

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