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Le carnet oublié: Anna au fil de l’Art – Tome II
Le carnet oublié: Anna au fil de l’Art – Tome II
Le carnet oublié: Anna au fil de l’Art – Tome II
Ebook425 pages6 hours

Le carnet oublié: Anna au fil de l’Art – Tome II

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Un carnet abandonné grand ouvert sur la table d’Anna, tout juste partie, retient l’attention de Gaël : Elle a dû l’oublier ?
Téléphone en main pour la prévenir, il s’approche du carnet, y jette un coup d’œil, un titre interpellateur : « Mon amour volage » éveille en lui une curiosité soupçonneuse. Troublé, il s’aventure dans une indiscrète lecture.
Les passions de sa bien-aimée : art, nature, mari, enfants, défilent sous son regard incrédule, dans une écriture griffonnée, raturée, difficile à déchiffrer.
Déconcerté, attristé, la vue et le cœur brouillé, il relève la tête et découvre sur le mur au-dessus de la table, une grande toile qu’il n’avait pas remarquée, figurant le paysage romantique où Anna et lui s’étaient aimés, au bord du ruisseau aux éphémères. L’œuvre chantait tout l’amour qu’elle lui vouait.
Lui aveuglé de jalousie, n’avait vu que le carnet, un simple recueil de : notes, récits, listes, destinés, il l’apprit plus tard, à la préparation de son nouveau roman.
LanguageFrançais
Release dateOct 24, 2022
ISBN9782312122564
Le carnet oublié: Anna au fil de l’Art – Tome II

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    Le carnet oublié - Liane Massini

    Avant-propos

    Sur sa table à dessin

    Un carnet abandonné grand ouvert

    Dessus, un titre interpellateur :

    « Mon amour volage »

    Anna avait-elle oublié ce carnet ?

    Que contenait-il ?

    Gaël décida d’y jeter un œil…

    Il allait y découvrir une facette inconnue de celle qu’il aimait, prendre le risque de la décevoir… De la perdre même si elle l’apprenait…

    Cependant, la curiosité l’emporta sur la raison et il s’y plongea… Des histoires familiales… Un époux aimé, très aimé, malgré ses frasques. Qu’était-ce à dire ? Qu’elle aimait ce mari volage plus qu’elle ne l’aimait, lui qui ne voyait que par elle ? Qui ne voyait qu’elle ! Mais où se situait-il dans cette histoire de famille ? Il n’apparaissait nulle part… Découvrant l’enfance, l’adolescence de sa bien-aimée, des morceaux de textes inachevés, des descriptions, des dialogues… Que voulait dire ce carnet ?

    Le téléphone sonna dans sa main, c’était elle, Anna. Elle voulait le voir, lui parler… Ils allaient se retrouver dans une demi-heure…

    Allait-il lui confier sa lecture indiscrète avec tous les risques que cela comportait ?

    Chapitre I. Le carnet oublié

    Téléphone en main, Gaël s’apprêtait à appeler Anna qui venait de partir, pour la prévenir qu’elle avait oublié un carnet sur sa table à dessin. S’approchant du carnet grand ouvert, son regard tomba sur un titre de chapitre interpellateur : « Mon amour volage ». Il posa son mobile désirant lire quelques lignes avant de lui téléphoner. Il connaissait par cœur « sa femme » peintre, mais ignorait tout de l’écrivaine qui se manifestait de plus en plus. Elle écrivait aussi souvent qu’elle peignait, il allait vite devoir se mettre à la page, c’était le cas de le dire, s’il ne voulait pas la décevoir par son manque d’intérêt dans ce domaine, qui visiblement la passionnait autant que la peinture. Mais elle était peintre ! C’était ça son métier ! Qu’avait-elle besoin d’une autre passion ? D’ailleurs, qu’écrivait-elle au juste ? Peu féru de lecture, sa curiosité l’emporta cependant, malgré la petite voix dans sa tête qui lui disait : « Attention, terrain miné ». En lisant ce carnet, il risquait doublement gros, à la fois par ce qu’il pourrait y découvrir, et encore plus par l’indignation d’Anna, si elle s’apercevait de son indiscrétion. Peut-être était-ce son jardin secret, son journal intime ?

    Ce qu’il y lut ne manqua pas de faire son effet, de l’attrister. Elle y évoquait le grand amour qui les avait réunis, son mari et elle, tellement peu de temps après que lui, Gaël, l’ait abandonnée. Ce n’était pas possible qu’elle l’eût si vite oublié après cinq ans d’amours passionnées ! Il découvrit que même s’il était revenu vers elle quatre mois plus tard, il ne l’aurait pas récupérée, tellement elle était amoureuse et engagée dans de multiples projets d’avenir avec ce garçon. Ils avaient déjà fixé leur date de mariage. L’autre, son rival, semblait avoir emporté Anna dans un monde qu’elle et lui n’évoquaient jamais : celui d’un jeune couple en route sur le chemin de leur vie d’adultes. Eux en étaient restés au stade d’étudiants, les « jeunes » comme on les qualifiait. Un statut dont elle avait dû se lasser autant que lui-même. Comment pouvait-elle aimer si fort cet homme, juste derrière lui ? Il en faisait une crise de jalousie, quarante ans trop tard. C’était idiot, pourtant, cet amour destiné à un autre homme lui brisait le cœur. C’était lui qui aurait dû connaître ces fabuleux moments avec elle et pas cet autre qu’il détestait non pour le présent ; il s’était fait à la situation et y trouvait même un certain plaisir, mais pour ce passé qui aurait dû lui appartenir. Elle s’était mariée un an avant lui. Son désespoir atteignit des sommets lorsqu’il lut qu’elle s’était lancée sans une hésitation dans l’aventure. Lui au contraire, n’étant pas amoureux, avait tergiversé et au final s’était marié un an après Anna, par amour pour son bébé. Il ne fut pas malheureux tant que les filles étaient petites, les choses se gâtèrent plus tard. La pensée d’Anna revint alors s’insinuer dans son esprit et hanter ses nuits. Dans la journée, un travail acharné l’empêchait de trop l’imaginer. Plus il lisait, plus il se sentait trahi par l’« Anna » de l’époque, allant jusqu’à oublier que c’était lui qui l’avait abandonnée et pas le contraire. Cette lecture indiscrète le faisait déraisonner. Encore quelques lignes et il arrêterait ce décodage toxique pour lui, lisant même ce qui n’y était pas.

    Cela datait de quarante ans, mais ça n’était pas tout, aujourd’hui qu’ils s’étaient retrouvés Anna et lui, elle n’avait pas pour autant cessé d’aimer ce mari volage. Il le lisait là, noir sur blanc dans ce maudit carnet. Malgré ses multiples infidélités, elle l’aimait quand même. On constatait rapidement, page après page que même si elle avait semblé l’oublier, dès qu’il avait rejoué son manège de séduction, elle s’y était laissé prendre. Il avait eu assez peu d’efforts à faire, elle avait si vite succombé aux arguments de ce tentateur qu’il était évident qu’elle l’aimait toujours. Elle l’avait juste mis en sommeil dans son cœur, et n’avait eu qu’à le réveiller à la première occasion. Voilà, c’était chose faite. Et sa place à lui, Gaël, où se trouvait-elle dans cette histoire de famille ? Il n’apparaissait pas dans le carnet, du moins pas encore, apparemment il passait au second plan. Dire que s’il était revenu plus tôt, il l’aurait peut-être reconquise et gardée pour lui seul ! Il poursuivit sa lecture, prenant conscience au fil des pages à quel point le couple Anna-Yvon lui était étranger. Il n’y reconnaissait pas la femme qu’il aimait. Celle-ci était une épouse, une mère, une grand-mère, consciente de la multitude de responsabilités et de charges qui lui incombaient. Lui ne connaissait que l’artiste, la jeune fille qu’elle avait été, l’amoureuse d’hier et celle d’aujourd’hui, « sa femme » rien qu’à lui, extraite d’un contexte familial dans lequel elle devenait à ses yeux une autre personne. Après tout, elle non plus ne savait pas quel homme il était dans son rôle de père, de grand-père, était-ce si important ?

    Ils avaient une vie ensemble et une autre dans leurs familles respectives. Ses réflexions désabusées n’y changeraient rien, il le savait, mais se gargarisait de pensées néfastes chaque fois qu’elle repartait. Anna le comblait de toutes les manières, se donnait à lui corps et âme, alors qu’en attendait-il de plus ? Il se demandait quelle forme d’amour la liait à son mari.

    Elle avait cloisonné ses deux foyers et n’en laissait rien filtrer. Leur vie était si remplie lorsqu’ils se retrouvaient qu’ils n’avaient nul besoin d’étaler leur autre existence familiale. En dehors de quelques anecdotes qui pouvaient apporter un élément important à un fait quelconque, ou d’une contrainte qui allait leur poser problème, ils n’évoquaient jamais leur autre foyer. Le sujet n’était pas tabou, Anna voulait simplement éviter des jalousies, même involontaires, ou des comparaisons dangereuses qui auraient fatalement mené à des conflits. Elle n’abordait pas les questions familiales ou n’y répondait qu’en cas d’absolue nécessité, sinon elle détournait habilement la conversation. Une fois qu’elle savait si tout allait bien du côté familial chez Gaël, elle n’évoquait plus le sujet tout le temps du séjour, idem pour Gaël. Lorsqu’elle retrouvait Yvon, elle lui parlait sans contraintes de tout ce qu’elle avait vu ou fait sans la moindre allusion à son second couple. Elle lui posait toutes les questions qui l’intéressaient sur ses activités et ses distractions, mais n’entrait jamais dans le domaine de l’intime ; lui faisait de même et ils ne s’occupaient plus que de leur vie commune.

    Au lieu de gamberger ainsi, il aurait mieux fait d’aller jardiner, il faisait beau, c’était le moment idéal pour une dernière tonte avant son départ. Pourtant, sa curiosité l’entraîna plus avant dans sa lecture…

    Yvon semblait satisfaire les attentes d’Anna dans bien des domaines, particulièrement amoureux. Pourtant, entre les lignes, il devinait les doutes qu’elle entretenait sur la fidélité de son époux. Bien qu’attentif aux besoins de sa femme, il multipliait les absences. Yvon apparaissait à Gaël comme un grand séducteur auquel Anna ne savait résister. Elle semblait l’adorer malgré tout. Elle devait encore le voir comme le sauveur qu’elle avait rencontré au fond de sa détresse. Il lui avait offert un nouveau bonheur, ils avaient créé une famille et construit un patrimoine. Évidemment que leurs liens étaient forts et qu’une grande complicité les unissait.

    Gaël cessa ses divagations et reprit sa lecture, de plus en plus difficile à déchiffrer, mais il en était si curieux qu’il ne pouvait s’en détacher. Par endroits, ça ressemblait à un plan pour un futur roman, et dans d’autres, des pages entières de textes qui correspondaient à des thèmes à exploiter, peut-être ? Les idées semblaient jetées sans suite, plus ou moins développées. Maintenant, Anna parlait peinture ; dans ce domaine, elle était intarissable et plus on suivait sa pensée artistique, plus on réalisait que lorsqu’elle abordait ce domaine, le reste du monde disparaissait à ses yeux. Il y avait de quoi en être jaloux. Lorsque Gaël comprit, bien qu’il le sût depuis toujours, à quel point l’art avait d’importance dans l’existence d’Anna, il en conclut que si elle devait faire un choix entre ses hommes et la peinture ou l’écriture, le cœur certainement déchiré, elle opterait quand même pour la solution artistique. L’art avait été tout au long de sa vie son plus grand réconfort, sa solution de repli face aux difficultés de l’existence, sa réserve de bonheur, de réussite aussi, son refuge et son cocon douillet dans les durs moments de solitude qu’elle avait dû affronter à cause de l’inconscience de Gaël et de son mari. Elle y faisait allusion. Un peu plus loin, elle évoquait la déchirure irréparable que lui avait provoquée son abandon par Gaël, qui en ne lui donnant aucune explication l’avait plongée dans le désarroi et la douleur. Elle avait vécu ce moment comme un horrible cauchemar à tel point qu’il le revécut lui-même en lisant les mots d’Anna. Son propre cœur se déchira de la souffrance qu’il lui avait infligée alors, et qu’il avait lui aussi endurée en la laissant. Il culpabilisait de lui avoir fait subir une telle torture. Que ne lui avait-il exposé la situation ? Au moins, elle aurait compris qu’il ne la laissait pas par manque d’amour, c’eût été plus intelligible et moins cruel pour elle. Elle avait raison, lorsqu’elle lui avait dit durant leur nuit de « confessions » comme elle l’appelait, qu’ils auraient peut-être trouvé une solution moins radicale, en tout cas moins violente.

    On pouvait comprendre après cela qu’elle se sentît plus en sécurité dans l’art que dans l’amour et, qu’après Gaël, comme après Yvon, elle s’y soit réfugiée pour y puiser l’énergie et le bonheur nécessaires à son existence. Dommage qu’on ne puisse retourner en arrière et se servir de l’expérience pour agir avec plus de discernement. Comment pouvait-il à présent reprocher en pensée à son mari de l’avoir délaissée, après tout le mal qu’il lui avait fait lui-même ? Elle avait eu raison de ne pas choisir entre eux. Tous deux l’avaient si profondément blessée qu’ils pouvaient s’estimer heureux qu’elle acceptât de poursuivre de nouvelles relations avec eux. À jamais marquée dans l’âme, elle avait cependant réagi, ne s’était pas laissé aller, profitant de ce que la vie pouvait lui apporter de bon.

    Grâce à l’art, elle avait rapidement repris le dessus, n’avait pas perdu son temps en les espérant inutilement. Elle travailla, participa à des concours, des expositions, éduquant ses enfants, cherchant à mener sa barque à bon port… Il était certain qu’elle n’avait pas dû avoir beaucoup de temps pour se lamenter sur son sort ni s’étendre sur la conduite des hommes de sa vie. Tout cela appartenait au passé et elle avait toujours eu tendance à vivre pleinement son présent plutôt qu’à cogiter sur ce qui n’était plus, ou se projeter dans l’avenir. Elle n’utilisait le futur que pour des raisons artistiques ou les besoins scolaires de ses enfants. Trop occupée à vivre, elle n’avait pas gardé rancune contre les « infidèles ». Par contre, lorsque le moment était venu de choisir entre les deux, elle avait opté pour une alternance, décidant cette fois en fonction de ses désirs à elle, et pas des leurs. Ce fut ainsi qu’elle leur « infligea » sa nouvelle solution : vivre en alternance entre les deux. À contrecœur, ils acceptèrent, préférant cette solution à une séparation définitive d’avec Yvon, et en ce qui concernait Gaël, il devrait de toute manière la partager avec sa famille, qu’elle n’abandonnerait pour rien au monde. Curieusement, cet étrange mode de vie, s’il s’avéra vexant pour les deux hommes au début, devint ensuite étonnant, puis intéressant, et séduisant au bout du compte. Chacun découvrit ses attentes, ses priorités. On s’aperçut bientôt que cette situation insolite avait bien sûr certains inconvénients, mais qu’ils étaient largement compensés, par d’enivrants sentiments. En effet, les départs d’Anna, ses retours, le changement de foyer pour elle provoquèrent au fil du temps, de part et d’autre, une sorte d’excitation qui entretenait le désir et la flamme de chacun. Tous trois eurent vite fait de penser que de vivre ainsi était une aubaine pour la sauvegarde de l’amour. Après une année, les résultats positifs de l’expérience les engagèrent à pérenniser. Avec les vacances d’été qui se terminaient, ils s’apprêtaient à entamer leur second cycle.

    Gaël en était là de ses réflexions qui faisaient écho à sa lecture, lorsque relevant la tête dans l’intention d’arrêter, les yeux fatigués de déchiffrer les graffitis, son regard tomba sur une toile fixée au mur de l’atelier. Mais où avait-il la tête ? Il ne l’avait pas remarquée, quand Anna l’avait-elle installée ? Elle devait être déçue qu’il n’en ait pas dit mot ! Ou alors elle l’avait accrochée le matin même, comme on accroche un mot d’amour, c’était tout à fait son style. La toile évoquait le paysage qui les avait enchantés au bord du ruisseau aux éphémères, lors de leur tout premier « voyage d’amour » quand il était venu la rejoindre au décès de sa mère. Il se rendait malade de jalousie en lisant péniblement un carnet qui ne lui était pas adressé, alors qu’une immense « lettre » lui déclarait tout l’amour qu’elle lui vouait. Comment avait-il fait pour remarquer immédiatement ce petit carnet et pas la grande toile juste en face de lui ?

    Il savait qu’Anna l’aimait autant que son mari, alors pourquoi se déprimait-il dans une lecture dont le contenu ne le concernait pas, au lieu de lire tout l’amour qui s’étalait à son intention dans chacune des couleurs et des formes qu’Anna avait peintes pour lui, en souvenir du merveilleux moment qu’ils avaient vécu à cet endroit ? L’exceptionnel passé, l’histoire magique qui les avaient unis pour la vie dans une époque excluant d’office, celui qui n’était arrivé que plus tard aurait dû lui suffire pour ne pas le jalouser.

    Hélas, lui, comme l’idiot qu’il était, à force d’imaginer Anna dans les bras de l’autre, avait oublié de voir celle qui se lovait passionnément dans les siens. Ils avaient repris leur liaison où ils en étaient restés en soixante-treize, nonobstant quarante années de séparation, comme si rien ne s’était passé tout ce temps. Gaël pensait profondément que la puissante attirance qui les aimantait était une sorte d’alchimie des sens. Un regard, un frôlement de peau, une expression, un sourire et ils ne résistaient pas, comme envoûtés par l’autre ou propulsés par une force invisible dans les bras l’un de l’autre. Ce fut ainsi dès leur premier regard à l’atelier de madame C. comme lorsqu’ils s’étaient retrouvés l’été précédent. Dans les deux cas, Gaël s’était senti immédiatement sous emprise, il avait tenté de lutter autrefois. Cette fois-ci, au contraire, il s’était volontairement laissé prendre au regard irrésistible d’Anna. Elle était redevenue sa désirable obsession nouvelle formule, par rapport à leur jeunesse. La lumière, l’intensité, la passion qui émanaient de son regard, de ses expressions, de ses mouvements la sublimaient, irradiaient autour d’elle, lui donnaient un charme fou. Sans être belle dans le sens où on l’entend généralement, elle possédait ce petit plus qui rayonnait sur son entourage, faisant d’elle un être rare, attachant, avec une sensibilité et une sensualité qui rendaient Gaël si fou qu’il en perdait toute objectivité. Anna était son trésor, nulle autre n’avait réussi à l’éclipser ne serait-ce que le temps d’une relation.

    S’il désirait la garder, qu’elle lui conserve son amour, il allait devoir se concentrer sur leur duo et chasser de son imagination le couple Anna-Yvon. Première chose, il devait refermer ce carnet dont les histoires n’avaient aucun rapport avec la leur et appeler Anna ; le téléphone sonna en même temps qu’il le saisissait, c’était Elle.

    – Tu appelles pour ton carnet ?

    – Non, quel carnet ?

    – Celui que tu as oublié sur la table à dessin.

    – Ha ! Non ! Je ne l’ai pas oublié, je l’ai volontairement laissé, ce que j’ai oublié par contre c’est de le ranger, tu m’as appelée pour venir petit déjeuner et je l’ai abandonné, pensant revenir à l’atelier avant mon départ, voilà tout. Je t’appelle pour voir si tu as le temps pour aller prendre un verre en début d’après-midi, Yvon n’a pas encore quitté Paris, il n’arrivera pas avant vingt heures, alors, je voudrais bien encore un petit moment avec toi avant de ne plus nous revoir jusqu’aux vacances de la Toussaint.

    Le regard errant sur le carnet culpabilisateur, Gaël garda quelques secondes de silence qu’Anna rompit aussitôt :

    – Tu ne réponds pas ? N’en aurais-tu pas envie ?

    – Si, bien sûr que si, j’arrive d’ici une demi-heure, je passe te prendre. On va faire un tour et on déjeune ensemble, ça te va ?

    – Yes ! J’adore ! Ma maison est propre, je n’ai rien à y faire et je n’arrête pas de penser à toi, ça m’empêche de faire quoi que ce soit, alors autant que je sois avec toi, ainsi j’aurai une bonne raison de t’imaginer.

    Toujours ennuyé par son indiscrétion au sujet du carnet, Gaël ne savait pas encore s’il allait oser lui avouer qu’il en avait lu quelques pages. Anna devinait lorsqu’il lui cachait quelque chose, elle ne posait pas de questions, mais son regard interrogateur le faisait craquer et il finissait toujours par répandre la vérité aussi maladroitement qu’un verre qu’on renverse. Parfois elle était si loin de tout soupçon à l’égard de cette « vérité cachée » qu’il lui fallait un temps de réflexion pour comprendre de quoi il parlait. Il en était tout penaud, tandis qu’elle ne voyait aucun mal dans ce qu’il avait tenté de dissimuler, qu’elle considérait comme une simple pensée, une réflexion, une opinion, qu’il avait le droit de ne pas révéler à autrui, fût-ce elle. Par moments, elle avait l’impression que, traumatisé par ses mensonges et surtout ses non-dits d’autrefois au sujet de leur liaison, il ne distinguait plus la différence entre une chose que l’on peut garder pour soi, ses secrets, et les mensonges délibérés, qu’Anna détestait, car ils détruisaient la confiance. Ça n’était pas la même chose de préserver sa vie intérieure, ne la partager que si on en éprouvait le besoin avec les personnes dignes de la recevoir. Anna revendiquait ce droit de ne pas exposer toutes ses pensées. Ce qu’elle ne supportait pas, pour ne l’avoir que trop subie, c’était la tromperie. Dissimuler quelque chose qui peut avoir des conséquences graves parfois, ils en étaient témoins. Au volant pour se rendre chez Anna, Gaël se souvenait des remarques qu’elle lui avait souvent faites à ce sujet et pensa que de ne pas lui en parler dissimulerait certes son indiscrétion, mais pourrait la blesser et la fâcher, si plus tard, elle l’apprenait par hasard. S’il lui en parlait tout de suite, en revanche, elle pourrait le prendre pour de l’intérêt à son égard.

    Comme souvent, les choses se passèrent différemment de ce qu’il avait imaginé. Lorsqu’Anna le rejoignit dans la voiture et qu’ils se furent embrassés comme s’ils ne s’étaient pas vus depuis une éternité alors qu’ils s’étaient quittés le matin même, le regardant droit dans les yeux, les joues légèrement rosies d’émotion, elle déclara :

    – Je m’en veux d’avoir oublié de ranger mon carnet, j’espère que tu ne l’as pas lu ? Ce n’est qu’une étude, un tas d’idées pêle-mêle, un début de plan, le démarrage peut-être ou pas d’un nouveau roman ? C’est bourré de fautes, de ratures, de morceaux de récits que j’ai notés pour ne pas les oublier, j’aurais honte que tu aies lu des choses que tu pourrais mal interpréter. Elles sont hors du contexte d’un récit. Un roman, c’est une sorte de puzzle constitué de nombreuses pièces, qui ne prend de sens qu’une fois que l’on a réuni dans le bon ordre tous les éléments. Ne m’en veux pas si tu as lu des choses qui t’auraient choqué.

    Il se gara sur une place de parking derrière l’hôtel de leur « voyage d’amour » et lui coupa la parole en l’embrassant, puis déclara sans préambule :

    – Oui, j’ai lu pas mal de pages, mais tu n’as pas à te désoler ! C’est à moi de te demander des excuses pour avoir commis cette indiscrétion. Je n’avais pas à faire ça et j’en ai été puni. Elle l’observa, surprise :

    – Puni, dis-tu, mais de quoi ?

    – À cause de cette lecture importune, j’ai pensé que tu n’aimais que ton mari que tu m’avais bien vite oublié lorsque je suis parti sans explications, et j’en passe… Heureusement, après bien du chagrin, je me suis reporté aux moments que nous passions ensemble, à notre intimité, à toutes les joies que tu m’apportes et à l’amour que je lis dans tes yeux, j’ai réalisé que je n’étais qu’un idiot jaloux de ta vie conjugale. J’ai le devoir d’être heureux de ta bonne fortune que tu aies connu le bonheur sans moi, sinon ta vie entière aurait été gâchée par ma faute, tu ne t’en serais jamais remise et je ne t’aurais pas retrouvée. Tu m’en aurais trop voulu. C’est quand j’ai remarqué la toile peinte à mon intention que j’ai réalisé combien tu m’aimais indépendamment de ton mari. Tu m’avais mis la preuve en géant sur le mur et je n’y avais pas prêté attention. Voilà le résultat de ma jalousie. Si j’ai la chance de pouvoir t’embrasser, te serrer dans mes bras, en ce moment pendant encore quelques précieuses heures, c’est grâce à ton amour. Bon, maintenant on y va, allons marcher dans le bois à Kerver, ensuite nous irons dans un snack crêperie non loin de là, pour nous restaurer. Je voudrais que tu me parles de l’écriture en général et plus spécialement de ton futur roman.

    Anna aimait particulièrement cheminer dans ce bois, elle y ressentait un bien-être infini, accentué par la tendre compagnie de son bien-aimé, auquel elle fit remarquer ses sources de plaisir. L’odeur des pins, agitée par la brise marine, était un pur délice. Anna venait souvent ici, et traversait le bois pour se rendre à la plage derrière les dunes. Chaque fois elle s’enivrait de ce parfum entêtant qui s’introduisait dans le corps et l’esprit par tous les sens. Le chant des oiseaux dans les hautes branches, le sable et les aiguilles de pin sous les pieds contribuaient à ressentir ce morceau de nature jusqu’au plus profond de soi. Parfois lorsqu’il était assez tôt le matin, qu’il n’y avait que peu de passage, on pouvait apercevoir un ou deux écureuils qui grimpaient à toute allure faisant tomber quelques pommes de pin. Ce petit bois tout près de l’océan grouillait de vie et protégeait la dune en retenant le sable.

    – Tout à l’heure tu m’as demandé pourquoi j’éprouvais le besoin d’écrire parce que j’avais déjà la peinture pour m’exprimer. Eh bien, ce bois et la nature en général font partie des raisons qui m’ont poussée à l’écriture. En réalité, mon cœur a, depuis mon plus jeune âge, oscillé entre le désir de peindre pour partager mes émotions et celui de les écrire. J’éprouve un puissant besoin de m’assurer que l’on comprend mon message d’amour pour la vie, l’univers et tout ce qui le compose, les humains y compris bien sûr. J’ai commencé à écrire des poèmes en sixième. Pour tout dire, jusqu’à mon premier roman que personne n’a encore lu pour le moment, l’écriture est restée mon jardin secret. J’ai commencé à le partager un peu dans l’atelier peinture-écriture que j’ai créé il y a une quinzaine d’années et dont le but était de mêler les deux, d’où le nom de cet atelier : « Entre plume et pinceaux ». C’était une sorte de laboratoire expérimental dans lequel on essayait de marier de toutes les façons possibles la peinture, l’écriture ainsi que d’autres matières… Il me semble au fond de moi qu’écrire m’est aussi indispensable que peindre ou lire. Seulement, comme ça n’était pas ce que j’avais étudié, je craignais de ne pas être à la hauteur, ce qui est sans doute le cas, excepté que j’ai enfin compris que l’important n’était pas d’être ou pas à la hauteur, mais de dire ce qu’on avait à dire, si toutefois on avait des choses à dire, et il me semble que c’est mon cas. Tu vois, l’écriture est loin d’être un passe-temps, c’est une passion que je nourris depuis aussi longtemps que la peinture, mais que je ne me suis autorisée à pratiquer que clandestinement jusqu’à présent. C’est avant tout la nature qui m’a donné envie d’écrire comme elle l’avait fait avec la peinture, c’est comme si elle me demandait de la chanter, la faire aimer, admirer, peut-être aussi de la protéger. Elle me déclenche plus qu’un désir, une sorte de devoir. C’est difficile à expliquer, j’ai les yeux si grands ouverts sur la misère du monde que j’ai l’impression, puisque j’ai la chance de détecter et ressentir la beauté partout où elle se trouve que « ma mission », c’est de la faire remarquer et ressentir à tous ceux qui en ont besoin. Ce désir de peindre et d’écrire remonte si loin que j’ai le sentiment d’être née avec. Je le fais par envie personnelle d’abord, mais convaincue aussi d’apporter ma pierre à l’édifice « art » et par ce biais, aux attentes artistiques de ceux qui aiment la peinture. La beauté et le rêve peuvent panser les blessures de l’âme, bercer l’imaginaire de ceux qui n’ont ni le temps ni la chance d’arpenter la nature en rêvant. D’autres aiment voir le monde à travers une interprétation artistique, considérant que ça leur apporte un enrichissement supplémentaire par rapport à leur vision personnelle. Je crois que la fonction de l’art, c’est un peu toutes ces raisons réunies. Depuis les balbutiements de l’humanité, il y a eu cette catégorie d’humains parmi d’autres, les artistes, dont nous faisons partie toi et moi, qui ont reçu un don qu’ils ont la charge de partager. Nous devons répondre à une telle vocation, c’est notre rôle. J’ai souvent entendu dire que tous ceux qui avaient une capacité particulière dans quelque domaine que ce soit avaient le devoir de la partager, sinon c’était un manquement à l’appel, du gâchis en quelque sorte. Sans aller jusqu’à penser cela, ce qui m’attire vers l’art est aussi puissant que ce qui m’attire vers toi, alors comment pourrais-je résister ? En fait rien ne me semble suffisant pour mettre en évidence tout ce que je voudrais dire ou montrer. Les sentiments qui m’envahissent sont si forts que je dois les évacuer de toutes les manières possibles, peindre et écrire en sont des vecteurs.

    Une pomme de pin tomba devant eux ; levant la tête, ils eurent juste le temps d’entrevoir l’écureuil s’engouffrer dans le trou d’un tronc.

    – Tu vois, l’écureuil me comprend, il a fait tomber la pomme pour me demander de parler de lui, en mots ou en couleurs, il s’en fiche du moment qu’on peut l’admirer. Et toi ? Vois-tu où je veux en venir, même si mes explications te semblent peu objectives ? L’art fait appel à tous nos sens, nos connaissances, et implique notre cœur autant que notre esprit, on ne peut parler d’art sans évoquer ce qui nous y mène et nous motive.

    – J’ai aussi entendu la demande de l’écureuil, plaisanta Gaël, je vais le mettre en scène dans une BD. Oui, je pense avoir saisi ce qui t’a conduite à l’écriture, voilà une des facettes de ta personnalité qui m’intriguait parce qu’autrefois, tu n’en parlais pas. Je n’ai jamais su que tu écrivais, le peu que tu m’en avais dit récemment ne m’avait pas tellement éclairé, là j’en ai beaucoup appris d’un coup. Dans cet endroit idyllique, tout est plus marquant, je ne suis pas près d’oublier chaque phrase qui n’aurait peut-être pas retenu mon attention à l’intérieur. Après réflexion, ça ressemble tellement à ta passion picturale qu’au final si on a compris l’un, et qu’on te connaît aussi bien que moi, on a vite fait de repérer les similitudes. Tes raisons comme tes motivations sont identiques. Tu cherches à étayer la peinture par l’écriture et à écrire afin d’augmenter tes possibilités d’évacuer tes émotions. Tu me parleras de ton roman au restaurant, il est temps que nous nous y rendions. C’est un petit truc sympa sans plus, mais c’est juste à côté, et la balade m’a donné faim, pas toi ?

    – Moi aussi.

    Alors qu’ils marchaient et que Gaël tenait Anna par la taille l’entourant de son bras, elle stoppa net, pivota et l’embrassa éperdument. Longuement leurs langues enlacées avaient virevolté entre leurs lèvres unies, avant qu’ils ne reprennent haleine et regagnent, en silence, la voiture.

    Durant le repas, Gaël reprit le cours de ses interrogations au sujet du carnet et du prochain roman d’Anna.

    – D’une certaine manière, l’affaire du carnet m’a ouvert les yeux, reprit-il. J’ai constaté avec regret que j’avais délaissé l’écrivaine, au profit du peintre que j’aimais. Je pense qu’inconsciemment je voulais te garder inchangée, exactement comme par le passé. Je n’ai donc accordé que peu d’attention à ton travail d’écriture que j’ai plus ou moins pris pour une lubie passagère. J’ai fermé les yeux sur le fait que tu n’étais plus la jeune étudiante qui terminait à peine ses études, accumulant quarante ans de retard sur l’évolution de ta carrière et de ta personnalité. Je vais devoir faire des efforts pour me mettre au diapason. Je sais aussi que nous ne réglerons pas en un jour toutes ces choses que nous ignorons l’un de l’autre. Il va falloir laisser du temps au temps. Nous n’apprendrons qu’au fil des circonstances, ne sachant pas ce que chacun ignore de l’autre, nous ne pouvons évoquer sans raison ce qui nous est inconnu.

    – C’est exactement ce que je t’ai dit dès le début, nous ne nous connaissons plus, même si ça te choque. Voilà pourquoi je t’avais dit : oui pour l’amour, mais non pour vivre ensemble. Là-dessus nous avons progressé, trouvé une solution adaptée à notre situation, mais c’est évident que nous ne comblerons pas quarante années d’absence d’un claquement de doigts, probablement ne le ferons-nous jamais, personnellement je l’ai accepté. Dès lors que j’ai connu la vraie raison pour laquelle tu m’avais laissée, tout le reste m’importait peu. Ce qui me tient à cœur aujourd’hui, vois-tu, c’est la nouvelle histoire que nous écrivons ensemble. Tout ce qui, passé ou présent, se rapporte directement à toi m’intéresse parce que je t’aime. Cependant, je vis pleinement et allègrement le présent que nous construisons tous les deux, alors, quels que soient les évènements de ton passé sans moi, ils n’altèrent pas mes pensées à ton égard. Nous avons évidemment changé et évolué, heureusement pour nous. Cesse donc de te prendre la tête, chaque fois que tu découvres quelque chose en moi que tu ne me connaissais pas. Pourquoi t’en voudrais-je d’ignorer certaines de mes activités ou de mes intentions ? Bien sûr, tu as raison. Mais, j’ai tellement culpabilisé de lire dans ce carnet que j’ai vraiment pensé que tu en serais scandalisée, surtout s’il s’agissait d’un carnet intime, de ton jardin secret…

    – Je n’ai pas de carnet intime, je n’en ai jamais eu, dessins, peintures, poèmes suffisaient amplement à m’exprimer.

    – D’accord, mais pourquoi as-tu laissé ce carnet chez nous, si comme tu me l’as dit il s’agissait d’un travail de préparation pour ton prochain roman ?

    – Tout à fait, mais je dois laisser décanter mes idées, ce n’est qu’un premier jet, à peine une ébauche, si je le garde vers moi, je serais tentée de lire et relire pour démarrer au plus vite. Ça n’est pas bon du tout, en l’oubliant un peu, lorsque je le retrouverai à la Toussaint, je saurai en relisant si je pars vraiment là-dessus. Si j’ai d’autres idées entre-temps, au contraire, j’établirai un nouveau plan et ferai un choix selon ce qui m’attire le plus.

    Je procède comme avec la peinture, je jette mes idées, j’en élargis le champ pour ouvrir un éventail de possibilités aussi vaste que possible. J’évite de me laisser avoir par un désir spontané qui me laisserait en rade après deux ou trois œuvres en m’apercevant que je n’avais pas grand-chose à exploiter sur le sujet. Ça arrive souvent quand on débute et qu’on ne sait pas maîtriser son impatience ni son désir. Parfois cela donne quelques belles œuvres, mais sans cohérence avec l’ensemble de ton travail. Il vaut mieux éviter cela. Comme pour un cheveu sur la soupe, les gens se demandent ce que ça fait là, les admirateurs, les juges, ou les organisateurs d’expositions apprécient peu. J’en ai fait la décevante expérience à mes débuts. J’avais présenté une vingtaine de toiles abstraites sur le thème de l’arbre et trois autres sur le même thème, mais figuratives que je trouvais superbes. Elles ont été refusées sous le prétexte évident qu’elles n’allaient pas avec les autres. Elles n’avaient rien à faire dans le cadre de l’exposition. L’ensemble d’une œuvre doit d’une manière générale garder un fil conducteur. C’était maladroit de ma part. Je savais parfaitement que ça dénotait sur le reste, mais puisque je les trouvais belles, j’ai bêtement pensé que je pouvais tenter le coup. En quelque sorte, j’ai pris les responsables pour des ignorants, qui n’hésiteraient pas à mettre en péril la qualité de leur présentation, pour exhiber mon incomparable talent multi faces. Ils ne se sont pas fait avoir, et l’imbécile ce fut moi. C’était de l’inconscience de ma part. On nous avait suffisamment appris aux Beaux-Arts à toujours suivre un fil conducteur et garder une logique dans l’enchaînement de nos œuvres d’une même période. Ne me regarde pas comme ça, je devine ta question, bien sûr qu’il m’arrive de dévier et prendre des chemins de traverse, c’est normal. Par contre on évite de présenter les toiles tant qu’elles ne forment pas, elles aussi, un autre ensemble cohérent bien que parallèle à la trajectoire habituelle. Du reste c’est souvent ce genre de travail qui, au fil du temps, et sans qu’on s’en aperçoive, fait évoluer l’œuvre d’origine. À un moment leurs

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