Conflit

Index

Chapitre 1

Chapitre 2

Chapitre 3

Chapitre 4

Chapitre 5

Chapitre 6

Chapitre 7

Chapitre 8

Chapitre 9

Épilogue

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Chapitre 1

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Les lumières tamisées et le doux murmure du petit restaurant où nous étions allés dîner contrastaient avec la lumière aveuglante, le bruit et l'excitation du stade de football. Une heure seulement s'était écoulée, mais les ambiances semblaient séparées par un monde. Le vendredi soir, après chaque match, je trouvais du réconfort à passer du temps avec Dayton autour d'un hamburger dans un endroit tranquille. J'avais besoin de cette paix. Il était déjà difficile d'être Aspen, la parfaite capitaine de l'équipe de pom-pom girls, mais encore plus d'être Aspen, la parfaite petite amie de Dayton, le quarterback de l'équipe de football du lycée.

—Tu seras superbe à la fête de ce soir — lui assura Dayton avec son merveilleux sourire. Ses parents avaient dépensé une fortune pour lui payer les capuchons qu'il portait par dessus ses vraies dents.

Ils venaient de gagner leur premier match de la saison et leur performance, comme d'habitude, avait été brillante. Comme à l’habitude de Dayton, il avait déjà choisi les vêtements que je devrais porter à la fête après le match. Non pas que j'aimais ce comportement, mais je commençais à m'y habituer puisque nous sortions ensemble depuis des années. Je n'avais pas vraiment hâte d'aller à cette fête : ce serait un récit sans fin des exploits du match jusqu'à ce que toute l'équipe soit ivre, mais c'était le genre de chose que l'on attendait de moi en tant que petite-amie du capitaine.

Pour le moment, mon esprit était concentré sur le présent, sur l'ici et maintenant. Nous avions une heure seuls, une heure de calme avant de partir pour cette foutue fête.

Un jour, Dayton deviendrait un joueur professionnel, signerait dans une grande université avec une bourse complète et finirait par jouer pour une équipe de la NFL. Du moins, c'est ce qu'il m'avait toujours dit, c'est ce qu'on attendait de lui dans notre petite ville, et je n'avais aucune raison d'en douter.

Cela signifie que, pour Dayton, les apparences étaient très importantes. Lorsqu'il se portait volontaire pour ramasser les déchets dans le parc ou sur la plage, il le faisait de manière à ce que tout le monde puisse le voir. Lorsqu'il se levait à six heures du matin pour courir sur la piste du lycée plutôt que sur le tapis roulant de la maison, où il aurait été plus confortable, il le faisait, encore une fois, pour que tout le monde puisse le voir. Et quand la semaine dernière, il m'a apporté une robe vert citron avec des talons assortis pour que je sois jolie à côté de lui à la fête, pareil. Je suppose que, dans un sens, je fais aussi partie de son apparence.

Est-ce que ça m’amuse ? La plupart du temps, non. Mais je sais comment sauver les apparences. Je suis très douée pour sauver les apparences : après tout, je suis une pom-pom girl. La vie au lycée peut être très cruelle pour certaines personnes, mais je m'y suis parfaitement intégrée, correspondant parfaitement aux stéréotypes. Ma vie au lycée était heureuse. Ou du moins, c'est ce que je pensais. 

Est-ce que je préfèrerais être à la maison, blottie devant la télé avec mon petit ami, plutôt que de sortir faire la fête et boire ? Bien sûr que oui. Je suis très câline, casanière. Mais c'est précisément pour cela que Dayton et moi avions appris à faire des compromis dès le début de notre relation. Après chaque match, au lieu de nous précipiter à la fête, nous passions toujours une heure seuls, dans un endroit tranquille, pour dîner. Je sais que Dayton ne pensait qu’à la fête et à la rejoindre le plus vite possible pour boire avec ses amis, mais c'était notre habitude et j'en avais besoin.

Plus tard, à la fête, je serai celle qui surveille ses arrières. Je serais celle qui s'assurerait qu'il ne fait rien de stupide et je serais celui qui s'assurerait qu'il rentre à la maison sain et sauf, même si cela signifie que je ne pourrais pas boire une seule bière.

Je souris et me perdit dans son regard alors qu'il racontait les détails du match comme si je n'avais pas été là à chaque minute, à l’encourager avec le reste de l'équipe de pom-pom girls. De l'extérieur, nous devions avoir l'air du couple parfait, même si je commençais à en douter de plus en plus.

Une serveuse s'approcha de nous, mais cette fois, ce n'était pas notre serveuse habituelle. L'une des choses que j'appréciais le plus dans ce restaurant, outre sa tranquillité, c'était la façon dont nous étions traités par Mary, la serveuse qui nous servait chaque vendredi. Elle n'était pas très gentille avec les gens, mais pour une raison quelconque, je l'aimais beaucoup. Elle savait toujours ce que nous allions commander avant même de commander.

La fille qui nous servait aujourd'hui avait quelques années de plus que nous. Je me rappelais vaguement l'avoir vue au lycée il y a quelques années, bien que je n'ai jamais eu affaire à elle. Ses cheveux étaient teint en violet et elle avait de beaux yeux.

Je laissais échapper un petit grognement, secouant la tête en réalisant que je fixais trop son corps. Cela se produisait souvent ces derniers temps, sans doute à cause des insécurités qui accompagnent le fait d'essayer d'être la fille parfaite au lycée, mais la vérité était que je remarquais de plus en plus les autres filles.

— Bonjour. Mary n'a pas pu venir ce soir, c'est donc moi qui serai votre serveuse aujourd'hui, — annonça-t-elle avec un beau sourire. Si vous avez déjà décidé, je vais noter vos commandes. On m'a dit que vous aviez tendance à dîner un peu à la hâte et à sortir rapidement d'ici tous les vendredis.

En disant ces mots, elle avait complètement ignoré Dayton, me fixant de ses grands yeux couleur miel, et à ce moment-là, je savais que je devenais rouge comme une tomate.

— Je vais prendre un cheeseburger avec du ketchup, et pour elle, une salade complète, — dit Dayton d'un ton ennuyeux, en commandant pour nous deux les mêmes plats que nous commandions chaque vendredi soir.  

À ce moment-là, je lus une certaine colère dans ses yeux et je me demandai si elle avait remarqué à quel point j'étais devenue nerveuse depuis que j’avais senti son regard sur moi.

— Un cheeseburger avec du ketchup pour le garçon et une salade complète pour sa jolie compagne, — répéta la serveuse en me faisant un clin d'œil séducteur avant de se retourner et de partir.

— Aspen !

La voix grave de Dayton attira mon attention, me ramenant brusquement à la réalité. Son visage était très sérieux, presque en colère, bien qu'il soit une personne contrôlant tellement ses émotions qu'il était parfois très difficile de savoir ce qu'il pensait.

— Dis-moi, chérie, — je prétendis du mieux que je pus, en espérant qu'il n'ait pas remarqué à quel point le sourire de la nouvelle serveuse me mettait mal à l'aise.

— Tu ne peux pas devenir folle chaque fois qu'une jolie fille s'approche de moi, — marmonna-t-il, soulignant le dernier mot par un profond soupir.

Dayton sourit à nouveau, ignorant toute la tension qui s'était accumulé pendant ces quelques minutes. Il passa une main dans ses cheveux bruns bouclés sans remarquer que la serveuse l'avait complètement ignoré, sans remarquer qu'elle m'avait fait un clin d'œil, sans remarquer que j'avais rougis quand elle l'avait fait. Presque sans le vouloir, je m'étais habituée à son attitude égoïste, surtout lorsque la saison de football commençait et que les résultats de l'équipe attiraient davantage l'attention. Après chaque match, quand j'entendais les tribunes scander son nom, ça