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Mauvaises passes sur la côte girondine
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Ebook225 pages2 hours

Mauvaises passes sur la côte girondine

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About this ebook

On retrouve, dans ce troisième tome, les personnages de Mort et vif sur la côte basque et Dérives sur la côte landaise, sur la côte girondine, entre Arcachon et Soulac-sur-Mer.
Justine et Sacha sont rentrés en France pour assister à un enterrement. Simon vient de sortir de prison. Rosalie est bloquée au Sénégal. Pauline et Kirsten cherchent un logement en Gironde. Un voilier est très attendu à La Testede- Buch, il a du retard.Un assassinat a été commandité.


À PROPOS DE L'AUTEUR


Michel Boisson écrit de la poésie depuis plus de trente-cinq ans. Il s'est mis à écrire des romans plus récemment, à la suite d'une hospitalisation et de quelques rencontres décisives. Son métier d'ingénieur lui a fait passer de nombreuses années à l'étranger, avec sa famille. Aujourd'hui on le croise parfois dans la région paloise, au travail, aux halles, sur son vélo, à pied sur quelque sentier de montagne ou nageant avec volupté dans les eaux de l'océan. Quand passent les chocards, son premier roman noir, est paru en 2017 aux éditions Cairn dans la collection Du Noir au Sud, suivi de L'envol de la chauve-souris albinos, paru en 2019, sous le pseudonyme de Michel Brome-Tonne.
LanguageFrançais
Release dateJan 16, 2023
ISBN9791035320522
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    Mauvaises passes sur la côte girondine - Michel Boisson

    Résumé des deux tomes précédents

    On retrouve, dans ce troisième tome, les personnages de Mort et vif sur la côte basque et Dérives sur la côte landaise.

    Dans le premier tome, Sacha, un Russe traqué par une mafia à laquelle il a extorqué une forte somme, entretient un petit trafic entomologique sous la fausse identité de Monsieur Martin avec Léonard Bernioux, au travers d’un intermédiaire nommé Tony, ainsi qu’une liaison avec l’épouse de Léonard, Anne-Sophie Bernioux. Léonard, de son côté, entretient une relation avec Rosalie, une jeune Sénégalaise, ainsi qu’une liaison avec Pauline, l’épouse de son ami Simon Aulnay, professeur et écrivain. Un quiproquo fait déferler les ennuis sur Simon. Rosalie cherche à l’aider mais est victime d’un accident. Simon se réfugie chez Kirsten, une journaliste rencontrée dans le train, tandis que Léonard décède et que l’étau mafieux se resserre sur Sacha.

    Dans le deuxième tome, on découvre que Sacha a échappé de peu à la mort. Après une collaboration avec les douanes et un séjour en Sibérie, il revient au Pays basque dans l’espoir de récupérer le magot qu’il avait dissimulé dans l’atelier de Tony. Il y fait la connaissance de Rowan, le beau-fils de Tony. Rowan travaille alors avec la jeune Justine dans une ferme communautaire gérée par le charismatique Bertrand Glageot, aussi appelé Bertrand Lezka. Simon Aulnay a quitté son métier de professeur et s’emploie à promouvoir ses livres. Il est en révolte contre le monde de la publicité, source selon lui de tous les maux. Il vit avec son épouse Pauline et leur amie commune Kirsten. Simon cherche à se rapprocher de Justine, dont Bertrand Glageot est épris. Mais Bertrand Glageot semble aussi s’intéresser à Anne-Sophie, veuve de Léonard Bernioux et amie de Simon.

    Rowan et Anne-Sophie trouvent la mort accidentellement, lors d’une activité nocturne de sabotage organisée par Simon. Simon est reconnu coupable et condamné tandis que Sacha quitte la France, tout comme Justine un peu plus tard.

    C’est à l’insu de tous que Rosalie, devenue l’épouse de Bertrand Glageot, a profité du magot.

    Mardi

    Clément Maupas, col du Pourtalet, frontière espagnole.

    Mardi matin

    Quelqu’un tapote nerveusement contre la vitre de ma voiture. Je m’étais endormi ? Je somnolais ? Qu’est-ce qu’il me veut, ce type ? Je vois mal son visage au travers de la fenêtre embuée. Il n’a rien dans les mains, ne montre aucun signe d’agressivité. Taille moyenne, à peu près mon âge, athlétique. Il courbe un peu le dos pour que je le voie mais son visage reste flou. Je baisse légèrement la vitre ; les portières sont verrouillées de toute façon. Au travers du pare-brise, je reconnais les ventas du col du Pourtalet : je suis du côté espagnol. Il me parle en français, me demande si je peux le descendre… il me parle de casse-tête. Casse-tête ? Ah, Castet, le village en contre-bas, à l’entrée de la vallée d’Ossau !

    Il est assis à côté de moi maintenant. Comment est-il monté ? Il me ressemble, on dirait. Je ne le vois pas mais je sens qu’il me ressemble. Je dois en savoir davantage, il faut que je le sonde, qu’est-ce qu’il fait là ? J’engage la conversation…

    « Castet, je connais : mes parents vivaient dans la région, on faisait des balades en montagne…

    — Vous vivez loin, maintenant ?

    — Rien n’est loin, en Europe. Vous vous appelez comment ?

    — Aguirre.

    — Origine espagnole ?

    — Je suis qui je suis.

    — Vous avez de la chance ! »

    Pourquoi j’ai laissé monter ce type dans ma voiture ? On roule, maintenant. Les virages s’enchaînent. Je ne conduis pas comme ça, d’habitude. Ça glisse.

    « Ce qui se vend. Tout ce que l’argent permet.

    — Pardon ? »

    Qu’est-ce qu’il me raconte ? Il s’excite :

    « Double, Maupas, double !

    — Ça va pas, non ! Doubler, dans ce virage ? Et puis, comment vous connaissez mon nom ?

    — On se connaît depuis toujours. Depuis les drones au moins, Niamey, le pâtre et ses deux chèvres, la femme dans le pick-up…

    — Mais vous êtes qui ?

    — Je suis la colère de Dieu. »

    Je dois freiner, je dois me débarrasser de ce type, il se tient parfaitement immobile mais il est dangereux ; maintenant il me bloque les freins, ce con ! Pourquoi j’ai laissé ce type monter ? Je ne l’ai pas laissé monter ! Merde, ça glisse ! Des coups de klaxon devant moi… le camion !

    L’orage gronde. Mon dos est tout humide, j’ai froid dans ma chemise en lin, elle me colle à la peau, et je sens de la sueur perler sur mon front. Oui, j’ai froid, je frissonne. La température a chuté. Mon cœur bat fortement, je le sens qui s’emballe dans ma poitrine, il cogne avec force, il résonne dans ma cage thoracique. Est-ce que j’ai crié ? Je suis toujours garé sur le parking des ventas du col du Pourtalet. Le ciel est chargé, les roulements du tonnerre résonnent au loin et la pluie frappe furieusement sur le pare-brise et sur la carrosserie de mon Opel Corsa. Putain de cauchemar… Je m’étais endormi, alors ? Oh, ça n’a pas dû être très long. L’horloge indique neuf heures dix-sept : j’aurais donc fait une petite sieste, comme ça, de bon matin ? La route est longue depuis Cadix… Ça y est, je grelotte ! Qu’est-ce qui m’arrive ? C’est ce cauchemar qui m’a secoué ? Pourtant, ce n’est pas le premier ! C’est un cauchemar, c’est tout. Le soleil qui tape depuis Cadix, une très mauvaise nuit à Huesca, la chaleur de sa plaine, les moustiques dans la chambre. La fatigue. Je veux être à Carcans dans l’après-midi, peut-être même pousser jusque là où j’ai affaire ; ça va, j’ai le temps, j’ai la journée devant moi. Il faut garder la maîtrise du temps. Mille cinq cents kilomètres, une quinzaine d’heures de route au total… C’est long. Cependant je ne me déplace pas pour rien. C’est tellement juteux que ça pourrait même être un de mes derniers coups, voire le dernier ; de toute façon je ne pourrai pas faire ça toute ma vie, il faut savoir s’arrêter à temps, avant qu’il ne soit trop tard. Alors, si c’est le dernier, il faut que ce soit un coup de maître. Je prendrai une nouvelle retraite, ou je me lancerai dans de nouvelles activités, moins risquées. Oui, le problème, c’est le risque. Le côté éthique, moral… je suis au-dessus de ça, en tout cas ça ne me touche pas, ça ne m’atteint pas, c’est neutre, c’est quelque chose qui doit être fait, qui sera fait de toute façon : autant que ce soit bien fait et que ça me rapporte. Non, le problème c’est vraiment le risque, mais, ça aussi, je l’aborde froidement, de manière lucide. J’ai bien préparé mes échappatoires, c’est important. J’agis à l’instinct mais ce n’est pas sans une préparation complète, sans une vue d’ensemble, holistique comme disent mes voisins anglais. Il me faut cette vue globale. Le tigre parcourt et marque son territoire avant d’y chasser, il sait ainsi sur quel arbre il pourra se percher, derrière quelle roche ou au travers de quelle rivière il pourra disparaître en effaçant ses traces ; s’il s’aventure en ville, si on le pousse à sortir de son domaine, il finit par être repéré et abattu. Je suis un tigre dans la jungle. Ma proie aussi est dans la jungle, maladroitement inquiétée, alarmée… mais elle n’a pas encore senti l’odeur du tigre !

    La pluie s’estompe. Je vais retourner pisser dans les servicios du supermarché. Je leur reprendrai des torreznos¹, on n’en trouve pas facilement en France. Ce n’est vraiment pas le genre de truc recommandé par les diététiciens… mais j’aime ça !

    Aguirre, Aguirre… j’en connais un à Cadix, mais ça n’a aucun rapport avec mes activités… un militaire à la retraite – comme moi ! – mais vieux, chauve, gras du bide, qui fait du bateau et peint des croûtes. Non, aucun rapport. L’Aguirre de mon cauchemar était jeune, assez costaud, rasé, ma taille… La colère de Dieu… ha, ha, quelle arrogance ! Un auto-stoppeur… je n’en prends jamais ! En rêve… Pourtant j’en ai pris un entre Cadix et Madrid, c’est ça le rapport ? Ha, je l’avais confondu avec une fille : il portait une tunique cintrée à la taille, colorée. Sa silhouette avait capté mon attention… De beaux cheveux, longs et bruns… Un gigolo. Un mec doux, sympa, un caractère intéressant, un rôle à ajouter à ma panoplie de personnalités. Inspirant. Je peux tout jouer. Je suis un caméléon. Il faut que je prenne la peau des autres, au sens propre comme au figuré… pour habiter le monde. Comme un être sans odeur aurait besoin de se parfumer. Prendre un peu au monde, pour y habiter… Je n’éprouve pas grand-chose… En fait, je n’ai jamais éprouvé grand-chose mais ce n’est pas forcément regrettable, ni désagréable …

    J’ai changé les plaques à Huesca, j’ai la carte grise associée, l’autocollant du contrôle technique et la vignette de l’assurance, le permis de conduire et la carte d’identité, la coupe de cheveux qui va avec, rasé de frais. Je suis… un autre. Pour un contrat difficile. Bien rémunéré, donc. J’aime être considéré comme l’ultime recours. J’ai une réputation, ça se paye. Ça paye davantage ! Et mes clients ont les moyens.

    Voilà les torreznos… Hum, allez, trois sachets. Je n’en trouverai pas en Gironde, pas sur la côte en tout cas, à Bordeaux peut-être, mais le tigre va éviter d’aller en ville.

    Quelle bande de cons, ils ont raté leur cible, ils ont alarmé le gibier. Eh oui, pauvres nazes, ça coûte cher l’amateurisme. On se tourne alors vers un pro, et mes tarifs sont bien plus élevés pour une bête effarouchée. S’ils font appel à moi, c’est que le gibier en vaut le prix. Un gros contrat, des gens qui ont des intérêts et une réputation à défendre, et les moyens qui vont avec. Avec moi, le gibier n’a pas sa chance. C’est triste d’une certaine façon, mais c’est efficace, c’est ce qu’on me demande. Je ne m’encombre pas de sensiblerie et c’est pour cela qu’on me paye, grassement. Une transaction… une façon d’oublier le côté sordide, la face sombre. Comme on paye une pute… un service payant, un acte d’achat…

    Le caissier me rend la monnaie sur dix euros. Assez traîné, en route.

    Je suis un tueur 4.0, peut-être même 5.1… Je localise d’abord le gibier. Il a été inquiété, il risque de changer ses plans. J’ai des adresses en Gironde, à étudier. J’ai le matériel dans le coffre : mes yeux, mes serres, mes griffes, mon flair, mes crocs, mon bec. Drone, balises GPS : des moyens modernes pour un prédateur qui tue à l’ancienne. Une fois identifiée, la cible est pistée comme un animal portant un collier émetteur. Je sonde le terrain, j’étudie les mœurs, le biotope. Je m’imprègne. Puis je frappe à l’occasion. Ce qui importe, c’est d’être prêt. Prêt à saisir ce qui advient naturellement. Pas de plan, juste l’occasion, s’abattre comme la foudre, tel un faucon pèlerin crevant le ciel. Un aigle. J’utilise des techniques modernes pour préparer le terrain mais pour l’hallali je choisis toujours l’arme blanche, comme un Grec ou un Romain de l’Antiquité, afin de sentir ma proie, vibrante, à ma merci. Pas de flèche, pas de balle, pas de bombe, pas de missile : c’est fini tout ça. J’ai juré. C’est fini, le meurtre à distance : donner la mort ne devrait jamais ressembler à un jeu vidéo.

    Comme le tigre, comme le faucon, comme un héros antique : je suis le glaive, je suis la foudre. C’est moi, la colère de Dieu.

    1. Morceaux de couenne de porc, frits.

    Sacha, La Teste-de-Buch.

    Mardi matin

    Si ce n’était pour Justine, je ne serais jamais revenu en France. J’avais fait un trait dessus, j’avais tourné cette page de ma vie, clos un chapitre, refermé le livre. Ce n’était pas sans regret, mais ça ne s’était finalement pas bien terminé les deux dernières fois. Chaque arrivée en France m’était apparue comme une promesse mais à chaque fois le malheur s’était abattu sur moi, me forçant à en repartir, avec des blessures au corps, et des blessures au cœur.

    Quelle ironie… on va loger chez cet imbécile de Tony ! Son épouse Émilia est adorable, un peu plus âgée que lui ; elle le domine, ça se sent. Il est docile, elle a su lui passer la bride. Heureux homme, il semble avoir trouvé un équilibre ! Moi, je l’ai toujours pris pour un minable. Puisqu’on reste quelques jours, j’aurai le temps de voir comment il a évolué ; son apparente stabilité n’est peut-être qu’un vernis, qui se craquelle quand il est exposé à la lumière !

    À ce sujet, de la lumière, ici, il n’en manque pas. C’est le plein été, les touristes sont là et les embouteillages aussi !

    Belle baraque, bien rénovée, à deux pas du bassin d’Arcachon : un héritage apparemment, du côté d’Émilia. Justine y avait habité avant son voyage en Russie, elle y avait travaillé avant nos retrouvailles en Sibérie. La vie est surprenante… Quand j’ai vu Justine entrer dans la ferme à Oulan-Oudé², je n’en ai pas cru mes yeux. Je m’étais même inquiété de la découvrir là, persuadé que des forces hostiles étaient à ma poursuite et avaient fini par me retrouver ! C’était pourtant elle la plus surprise. Puis tout était allé très vite : après quelques jours, la solution du mariage s’était révélée évidente ! Un alibi pour moi, une solution pour elle afin de rester en Russie, loin de sa famille française, auprès d’un homme respecté et d’autant plus respectable qu’il avait enfin trouvé une épouse, ce qui mettait fin à certaines rumeurs qui commençaient à enfler. Cette connivence, cette complicité qui me lie à Justine est miraculeuse. Miraculeuse comme l’était Rowan, cet être qui m’était devenu si cher et avec lequel Justine était si proche. Elle et moi faisons chambre commune, avec plaisir, copain-copine, dans des lits jumeaux. J’ai quelques amants, que je rejoins de temps en temps dans

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