Des roses pour un macchabée: Polar, #2
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About this ebook
Six membres d'une même famille sont retrouvés morts égorgés dans leur maison. Aucun témoin. Aucun signe d'effraction. Aucun mobile. C'est le deuxième meurtre d'une longue série et les enquêteurs n'ont pas la moindre piste. Mais le tueur est une ombre invisible qui fait basculer la ville dans la psychose. Le commissaire Mulalyva alors faire appel à Kasongo, un ex policier aux méthodes peu orthodoxes mais dont le doigté est salué par toute la corporation.
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Des roses pour un macchabée - Yannick Ethan Kaumbo
Des roses pour un macchabée
Autres publications de l’auteur
Requiem pour Bahati, autoédition, 2021.
Proposition indécente, recueil de nouvelles Dévoilement, Editions du pangolin, 2020.
Manu militari, recueil de nouvelles Ce jour-là, Editons du Pangolin, 2018.
Le gout du sel, recueil de nouvelles, publication électronique, 2019.
Une goutte d’eau dans l’océan, recueil de nouvelles, publication électronique, 2018.
Yannick Ethan Kaumbo
Des roses pour un macchabé
Thriller
2022
A tous ceux que j’aime :
Pétale après pétale, caressez et embrassez la fleur de la vie.
Préface
Que puis-je dire qui ajoute quelque chose à cette histoire riche, amusante, bluffante et intrigante ?
Yannick Ethan KAUMBO fait partie selon moi de ces vignerons aux vins qui n’ont point besoin d’enseigne.
Cela dit, vous feriez peut-être mieux d’aller tout de suite sur la première page du récit et commencer cette histoire passionnante qui vous attend, puisque les préfaces, en réalité, n’ajoutent rien aux bons livres et n'enlèvent rien aux mauvais.
Si vous insistez,... Je vais vous le spoiler un peu. A cœur joie.
La première fois que j’ai lu Yannick Ethan KAUMBO, j’ai réalisé qu'à chaque fois que je le lirais, ce gars me dessinerait un sourire heureux sur mes lèvres. Et c’est vrai qu’après Manu militari paru dans Ce jour-là, au bout de ma deuxième lecture d’Ethan KAUMBO, j’ai eu cette impression que vous avez à chaque fois que vous descendez de cheval ... si vous voyez ce que je veux dire.
Requiem pour BAHATI était très fun. C’était la première fois que lisais un polar congolais tout à fait réussi, malgré toutes les difficultés qu’on peut prévoir qu’il y a à raconter une vraie enquête policière se déroulant au Congo-Kinshasa. Le mérite de Yannick Ethan KAUMBO était alors, et il l’est encore avec cette suite, celui de faire rêver les congolais et ceux qui connaissent un tant soit peu ce pays. Je trouvai que c’était une belle expérience offerte aux jeunes qui n’ont plus pour exemple que les POIROT de chère Agatha Christie, Sherlock HOLMES, son WATSON et les experts de MIAMI, et qui n'imaginent pas faire ce travail par eux-mêmes sur leur propre sol. Ainsi, avec cette duologie déjà en leurs mains, ils peuvent fantasmer d’être à la place de KASONGO.
Alors, au bout de ma lecture de Requiem pour Bahati, je lui dis que j'en avais encore envie, que j’en étais resté sur ma soif. C’était insoutenable que l’auteur nous laissât tant sur ce meurtre abrupt de la sénatrice sans savoir ce qu’il adviendrait à KAS l’impulsif et à sa famille. Bon Dieu, il nous fallait une suite !
C’est alors que plouf, tombe : Des roses pour un macchabée.... Où Lubumbashi, seconde ville du pays, est restée inchangée. Hormis une sérié de décès mystérieux qui ébranlent la ville cuprifère, les politiciens médiocres et véreux, parmi lequel se trouve maintenant MUKALAYI, continuent leur bonhomme de chemin. Les péripatéticiennes et les dealers aussi.
On y retrouve la plume de Yannick Ethan KAUMBO comme on aime que toutes les plumes soient, agréables à lire. Il aborde des sujets sérieux de front avec un ton léger à chaque tour de phrase. Si bien que le vocabulaire riche du récit ne paralyse en rien le plaisir qu’éprouve le lecteur à parcourir le fil de l’intrigue.
Cette fois-ci, malgré le fait que l'histoire ne se termine pas comme on pourrait s'y attendre, l'enquête combine un coupable dont vous serez surpris d'apprendre l’existence. C'est... hallucinant.
Enfin, pour continuer dans mon rôle de spoiler, sachez que Des roses pour un macchabée, prix... -prix quelque chose dans un futur proche, inch’Allah - plante le décor pour un joli Tome 3, centré sur une rencontre d'outre-tombe qui, à coup sûr, promettra un tome 4, car vraisemblablement Yannick est du genre à faire durer les bonnes choses.
Sur ce, admirables lectrices et lecteurs, je vous souhaite une agréable escapade.
Peniel Katombe
Ecrivain
Prologue
Je m'appelle Kasongo. Je vis dans le pavillon 4 de la prison centrale de Lubumbashi. On doit être à cent ou cent trente prisonniers. Ou peut-être plus. Mais c’est largement mieux que dans les autres pavillons dans lesquels on peut compter jusqu’à cinq cents détenus par pavillon. La surpopulation y est terrible ; certains prisonniers dorment dans les couloirs à même le sol et à tour de rôle, d’autres dans les toilettes. L’eau n’y coule qu’une heure par jour. Et la nourriture y est rationnée : ceux qui sont en bonne santé ont un repas par jour, des légumes ; cultivés sur place et du foufou. Les malnutris, et ils sont tellement nombreux, eux, grâce au CICR[1] ont une bouillie de soja en plus.
Malgré ces conditions carcérales dignes d’un goulag, chacun essaie de mener sa vie. De tirer sa peine. Moi aussi j’essaie de mener la mienne nonobstant les menaces que font peser sur ma tête certains détenus que j’avais contribué à jeter dans ce biribi du temps où j’étais encore flic. Je suis en prison pour avoir tué ma sœur, la sénatrice Bijoux, l’une des sénatrices du pays les plus en vue et qui avait un avenir politique tout tracé.
Et malgré la chaleur qu'il faisait dans la cellule, une petite cellule d'à peine treize mètres carrés que je partageais avec cinq autres détenus, je m'échinais à finir la lecture d'un livre entamé deux jours plus tôt. Puis soudainement, une voix menue, efféminée, qu'on voulait rendre virile à tout prix mais sans vraiment y parvenir se fit entendre.
—... Kasongo !
Elle me propulsa de ma lecture, je sursautai. Le livre dans lequel Ahmadou Kourouma parle du soleil des indépendances africaines m’échappa des mains. Mon cœur s'emballa. En me retournant vers la porte d’où était venue la voix, mes appréhensions se confirmèrent. Je vis le Kapit[2] dans l'embrasure de la porte, flanqué de ses comparses, de la vermine et du gredin, arborant un petit sourire qu'il s'empressa de masquer. Je ne m'attendais pas à le voir. D'ailleurs, cette lecture acharnée sous cette touffeur accablante, affligeante, c'était justement pour éviter de le croiser dans les travers du pavillon pénitencier.
—...Qu’est-ce que tu me veux encore... Hein !
—Mon petit... Tu es demandé à l’hôtel Paradis. Cette fois-ci, sa bouche sourit, un large sourire, mais son regard ne trahit aucune émotion. Un regard stéréotypé d’un tolard qui s’efforce de jouer au caïd. De paraître caïd.
Si les simagrées du Kapita, pratiquement dieu dans la prison, avaient le chic de me taper sur le système, son annonce par contre, me rendit un chouïa inquiet. Qui peut bien me chercher à l’hôtel Paradis ? Ma femme ? Impossible ! Elle était là deux jours auparavant. Et la prochaine visite était prévue pas avant deux semaines. Et pourquoi c'est le Kapita en personne qui vient me l'annoncer ? Il pouvait déléguer. Bizarre !
Puis :
—... Tu sais... les visites à l’hôtel coutent 25.000fc maintenant... Tu sais ça ? Son attitude devînt presque un défi, avec une haleine qui empestait l’air. De l’Agene à coup sûr ! Une boisson alcoolisée à forte dose dont le trafic fait florès au sein de la prison.
—Tu as pigé ?... Gonzesse... Lança-t-il en me bousculant avec ses mains.
—25.000fc...
De par ses yeux torves et son torse gondolé, je compris que cette fois-ci, ce garçon flirtant avec la trentaine et à peine plus grand que Nicolas Sarkozy, ne taillait pas bavette pour faire causette. Et sa meute de scélérats me scrutait, en chiens de faïence, prête à bondir sur un os.
Je décidai d’enfoncer mes yeux dans le sol pour ne pas avoir à affronter les siens et, à hue et dia je me dirigeai calmement vers la sortie sans faire des vagues. Faire profil bas, voilà l’exercice auquel je m’adonne tous les jours dans ce biribi. Cela me démange. Me sidère.
—Fais le malin... On va voir, cria-t-il.
2
Hôtel Paradis ! C’est ainsi que les détenus ont surnommé le taudis où nous recevons en toute intimité et sans surveillance, épouses, partenaires, concubines et, avec la bénédiction du tout puissant Kapita, certaines femmes détenues dans le pavillon réservé aux femmes. Une chaise en bois en proie aux xylophages, un matelas en paille fait prison, tout pourri et assiégé par des bestioles de tout genre. Une pièce est éclairée que par une unique ampoule qui pend du plafond, clignotant à tout va, avant sans doute de rendre son dernier souffle. Les murs sales, suintent d'humidité et des plaques de moisissures rongent la peinture qui s'écaille par endroits. Un relent de sueur, de sperme et des autres fluides corporels. Le luxe de ce cloaque me glace toujours le sang chaque fois que j’y fais un tour. Ça sentait vraiment la sueur. On eût dit qu'un combat de boxe venait d'y être livré. Ce cloaque infect tourne vraiment à plein régime, de jour comme de nuit.
A peine à l’intérieur, deux bras m’arquepincèrent au niveau des épaules. Avec mes yeux qui ne s’habituèrent pas de suite à la pénombre, je ne pus bien voir la personne. Mais je compris tout de go que ce n’était pas à Jaëlle, ma femme, que j’avais à faire. Déception et inquiétude montèrent crescendo.
L’étreinte finie, la personne se retira.
—Mu...Ka...La...yi... !
Je sentis une bouffée d'air glacée cavaler le long de ma colonne vertébrale. De la sueur froide.
—Qu’est-ce que tu fous ici ? Envoyai-je rageusement tout en me demandant si je n’étais pas victime d'une hallucination. Non ! Je ne rêvais pas. Il était bien là devant moi. Sous ses paupières bombées, ses yeux s’étaient fixés sur moi et ne me quittaient plus. Il souriait.
—Toujours si chiant... Grogna-t-il de sa voix gutturale, avec un calme mortifère. Derechef, les muscles de ses mâchoires saillirent légèrement. Je sentis une odeur d’eau de Cologne et de tabac se mélangeait aux relents que distillait déjà l’hôtel Paradis.
Silence.
Puis : —Je croyais que la prison allait avoir raison de ton sale caractère.
Il avait haussé le ton d'un cran.
—Tu devrais au moins être content de me voir te rendre visite... Bon sang !
—Sérieusement, tu fais quoi ici ? Tu ne manques pas de culot...
Son ton badin amplifia mon humeur acariâtre. La tronche de ce traître, jadis un ami et l’une des rares personnes en qui j’avais foi, à défaut de croire en Dieu, était devenue la dernière chose que je souhaitais voir ici-bas.
—Que fais-tu ici ? Répétai-je. Je fis en pas de plus en sa direction, le torse gonflé à bloc.
—Calme-toi Kas...
Puis : —Tu es plutôt bien conservé dis-donc ! Je croyais que j’allais te trouver, la peau accolée aux os.
Il n’a pas tort. J’ai même ajouté trois à cinq kilos sur mon poids depuis mon incarcération. Ceux qui m’ont jeté dans ce biribi tiennent à ce que je reste en vie, quitte à me rendre obèse en me gavant de poulets que les autres détenus dans les autres pavillons ne voient jamais.
—Ne te fiche pas de ma gueule... Sale traître.
Même plus d'une année après, sa félonie est encore vive et subsiste toujours en travers la gorge. Je le haïssais ad nauseam. De tout mon cœur. Par tous les pores, je transpirais de la haine contre lui.
—Je ne suis pas venu pour ça... Pour chercher querelle...
—Tu veux quoi...
Sous la lueur indirecte de l'ampoule, son visage avait pris un masque d'angoisse.
—Je veux... Sa phrase se finit en un murmure.
Sur le coup j’eus du mal à comprendre ce qu’il voulait dire. Ce qu'il avait dit.
—Mukalayi... Pas à ce jeu avec moi.
J’étais décontenancé. Je n'avais rien d'autre d'intelligent à dire.
—Je sais que tu t'attendais à une visite olé-olé... Jaëlle peut-être. Ou une autre... Hum ! Le coquin...
—... Quoi ? Ma voix se fit