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L' INCROYABLE BLOB: Étranges disparitions
L' INCROYABLE BLOB: Étranges disparitions
L' INCROYABLE BLOB: Étranges disparitions
Ebook272 pages3 hours

L' INCROYABLE BLOB: Étranges disparitions

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About this ebook

Une étudiante surdouée de seize ans, plutôt réservée, Laëtitia Sarran, disparaît alors qu’elle participe à un concours scientifique. La jeune femme aurait fait des trouvailles étonnantes concernant un organisme unicellulaire qui la passionne : le blob ! Retenue prisonnière avec d’autres jeunes brillants, Laëtitia et ses camarades devront faire face avec courage à de nombreux obstacles, parfois terrifiants, à l’intérieur de leur lieu de réclusion appelé le LAB99. La police mettra tout en œuvre pour les retrouver et débusquer les coupables, mais les recherches aboutiront-elles à temps ? Le blob deviendra-t-il une entrave ou fera-t-il partie de la solution afin d’aider Laëtitia et ses compagnons à sortir de cette prison plongée dans les ténèbres ?
LanguageFrançais
Release dateApr 8, 2023
ISBN9782897757564
L' INCROYABLE BLOB: Étranges disparitions

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    L' INCROYABLE BLOB - Janick Laberge

    1

    25 mai 2018

    « Bonjour ! Comme vous le savez probablement, mes travaux de recherche s’intéressent surtout au comportement des fourmis et des organismes constitués d’une seule cellule et tout particulièrement à notre sujet d’aujourd’hui : Physarum Polycephalum. Cet organisme unicellulaire me passionne depuis de nombreuses années. Il n’a pas de pattes, pas d’estomac, pas de cerveau, mais il se déplace, se nourrit, et il est bel et bien intelligent ! En effet, je vous démontrerai ses capacités extraordinaires d’apprentissage. Apparu sur terre il y a environ un milliard d’années, on le retrouve principalement dans les milieux frais et humides comme sur les feuilles mortes ou sur du bois mort dans la forêt. Il possède des milliers et jusqu’à plusieurs milliards de noyaux. Il peut donc se fragmenter et fusionner de nouveau pratiquement à l’infini. Avec une seule cellule, il est capable d’atteindre plusieurs mètres carrés de diamètre. Il peut se déplacer à une vitesse d’un à quatre centimètres par heure, voire davantage s’il a très faim… Il ne possède pas seulement deux types sexuels comme chez les humains, mais 720 types différents. Ainsi, même s’il ne s’agit pas d’un champignon, par le biais des spores qu’il libère à maturité, deux spores qui se rencontrent ont 719 chances sur 720 de se reproduire. Pas mal, non ? Et ce n’est pas tout, même après des années de dormance, cet organisme n’est jamais réellement mort. Il est potentiellement immortel ! Pour tenter de l’éliminer, il faut… Euh ! Désolée ! »

    Valérie avait senti vibrer son téléphone dans la poche de son veston bleu nuit. Elle interrompit son cours préféré dans le corpus sur la cognition des invertébrés. L’amphithéâtre Le Chatelier de l’Université Toulouse III était bondé. Normalement, elle ne répond jamais durant ses présentations. Cette fois, pour une raison inexpliquée, elle s’excusa auprès de ses étudiants et se retira quelques instants en saisissant son téléphone intelligent. Elle répondit, sur un ton un peu contrarié par cette interruption :

    — Oui, allo ! Valérie Marty à l’appareil !

    — Madame Marty, ici le capitaine Germain Lambert de la police nationale de Toulouse. Votre fille s’appelle bien Laëtitia Sarran ?

    En entendant les mots « Police nationale », le cœur de mère de Valérie se mit à battre à tout rompre. Elle se figea sur place.

    — Oui, c’est exact. Que se passe-t-il ?

    — Un appel a été fait à la police municipale de Toulouse par un des responsables du concours scientifique CGénial qui se tient en ce moment à la Cité de l’Espace. Il semble que votre fille aurait disparu ce matin. Étant donné la nature du signalement, l’affaire nous a été transférée. Elle participe bien à cette compétition, n’est-ce pas ?

    Valérie sentit ses jambes lui manquer. Elle s’appuya sur un mur. Une sensation d’instabilité l’envahit, comme si elle était balayée par une rafale de vent en hiver. Elle enchaîna :

    — Oui, tout à fait ! C’est même moi qui l’ai encouragée à participer à ce concours. Disparue ? Elle ne doit pas être bien loin, capitaine. Ce doit être une erreur.

    — Il semble bien que non, madame.

    Valérie fit une pause une fraction de seconde. Elle rassembla ses idées.

    — Il doit y avoir une explication. Avez-vous joint mon mari ?

    — Nous lui avons téléphoné évidemment, mais pour l’instant, il ne répond pas.

    — Ah ! C’est vrai ! C’est normal. Nous sommes lundi. Il doit être en train de faire ses courses pour se procurer des produits frais pour la semaine. Mon mari est un grand chef, vous savez ?

    — Oui, nous le savons, madame. Pour en revenir à votre fille, les premiers indices nous font croire à une fugue.

    — Non, c’est impossible ! Je suis absolument certaine qu’il doit y avoir une explication logique. Ma fille n’est pas une fugueuse, croyez-moi ! Elle est plutôt réservée, voire timide. Elle est studieuse et très responsable pour son âge. Et je crois qu’elle n’a même pas encore franchi le pas, si vous voyez ce que je veux dire… Bien entendu, elle va se distraire à l’occasion avec quelques amis, pour voir un film par exemple, mais on ne pourrait pas dire que ma fille est une personne très sociable. Elle aime la solitude. Elle ne consomme ni alcool ni drogue.

    Le policier avait incliné la tête légèrement. Il se gratta le menton machinalement.

    — Vous savez, madame Marty, on ne connaît pas toujours les nôtres aussi bien qu’on le pense…

    — Que voulez-vous insinuer, monsieur l’agent ?

    — Capitaine, madame ! Capitaine Lambert. Je souhaite simplement vous éveiller à la possibilité que votre fille ait peut-être voulu s’éclipser pour quelques heures ou quelques jours de liberté, loin du cocon familial.

    Valérie écarquilla ses grands yeux noisette. Elle tenta d’éteindre la lave qui montait en elle et voulait brûler à distance ce « Capitaine Lambert » impertinent.

    — À quel genre de famille croyez-vous avoir affaire, capitaine Lambert ? Vous croyez que ma fille est malheureuse ou maltraitée à la maison ?

    — Ce n’est pas ce que j’ai dit, madame Marty.

    — Notre fille, nous l’adorons. En plus, elle est toujours la première de sa classe. Même si elle hésitait au départ pour ce concours, finalement, elle était très heureuse de participer avec deux de ses amis. D’ailleurs, l’an dernier, elle avait remporté la médaille d’or dans un autre concours scientifique. Elle n’avait alors que quinze ans. Non, monsieur, je ne crois pas une seconde qu’elle ait pu fuguer. Elle a disparu. Enlevée probablement ! Et vous, vous restez là à douter du sérieux de l’affaire et à perdre un temps précieux. Il faut que vous partiez à sa recherche le plus vite possible, avec tous les effectifs nécessaires. Avec les chiens pisteurs, s’il le faut. Mais retrouvez ma Laëtitia. Je vous en prie !

    Valérie avait senti une montée d’adrénaline et une profonde tristesse simultanément. Elle n’avait pas pu retenir un sanglot. Le policier ne s’était pas formalisé de cette effusion émotive.

    — C’est bien ce que nous avons l’intention de faire, madame. Nous prenons les choses en main. Elle sera à la maison ce soir pour dîner, croyez-en mon expérience.

    — Je n’en ai rien à faire de votre expérience à la noix ! Ma fille est peut-être déjà loin de la ville à l’heure qu’il est, et qui sait vers quelle destination horrible et dans quelles conditions !

    — Calmez-vous, madame ! Votre réaction est normale et je vous assure que nous prenons l’affaire très au sérieux. Ne vous en faites pas. Tout ira bien. Avait-elle un petit ami ? Des fréquentations plus ou moins convenables ? Des conflits avec certaines personnes ?

    — À toutes ces questions, la réponse est non ! trancha Valérie sèchement.

    Le capitaine nota quelques éléments sur un petit carnet qu’il avait pris dans la poche de son uniforme et poursuivit :

    — Dans le cadre de ce concours scientifique, sur quel sujet portaient ses expériences ?

    — Elle est passionnée, comme moi, par un organisme unicellulaire très particulier et extrêmement intéressant. Il possède des propriétés uniques. Vous croyez que son projet scientifique pourrait être relié à sa disparition ?

    Il regarda sa montre et accéléra son débit verbal :

    — Nous n’écartons aucune hypothèse pour le moment, madame Marty. Comme vous le savez probablement, le plus souvent dans le cas d’une disparition d’enfants, c’est un proche de la famille qui est impliqué. Il y a aussi passablement de prédateurs dans ce monde. Par contre, peut-être une équipe rivale aurait-elle voulu l’écarter de la compétition en lui proposant une distraction qu’elle aurait eu du mal à refuser ? Et quel est le nom de cet organisme aussi passionnant ? ajouta-t-il d’une voix légèrement sarcastique.

    Un rictus interrogateur se façonna sur le visage de Valérie. Elle essuya de sa main gauche les larmes qui avaient légèrement délavé son maquillage et articula sa réponse dans un mélange de colère et de désarroi :

    — Pour simplifier, appelez-le, le Blob !

    2

    Avant même d’ouvrir les yeux, Laëtitia sentit une odeur rance lui chatouiller les narines. Un mélange de suie, d’argile et de terre humide, comme lorsqu’il pleut à verse après une longue période de sécheresse. Une odeur de pétrichor, pensa-t-elle. « Liquide huileux produit par certaines plantes puis absorbé par les sols argileux », se récita-t-elle mentalement, puisant les mots dans sa mémoire pour se rassurer. Elle était donc encore parfaitement capable de penser.

    Elle ouvrit les yeux. Le noir total. Elle s’était mise à grelotter. Elle avait mal à la tête et se sentait nauséeuse. Probablement la substance que ses ravisseurs avaient appliquée sur sa bouche pour l’anesthésier avant de l’emmener ici. Mais où était-elle donc ? Elle n’avait aucune idée du laps de temps qu’avait duré son inconscience. Quelques minutes ou quelques heures ? Chose certaine, elle ressentait le besoin urgent d’uriner. Il faisait une noirceur de cendre. D’une opacité terrifiante. Laëtitia était frigorifiée jusqu’à la moelle. Pourtant, elle se souvenait comment le temps était bon ce matin, en cette fin du mois de mai. Au moins vingt degrés à l’extérieur. Elle se rappelait avoir regardé négligemment les arbres majestueux du jardin du Grand Rond. Elle passe à côté si souvent, au rond-point Boulingrin dans le centre de Toulouse lorsque ses parents la conduisent au lycée. C’est fou à quel point on s’habitue à la splendeur des choses ! Maintenant, elle donnerait cher pour rembobiner le film de cette journée et se retrouver à nouveau assise dans la berline de ses parents pour se rendre au site des expositions de La Cité de l’espace. Elle était bien trop occupée à penser à ses expériences et à ce qu’elle dirait aux visiteurs, oubliant de ressentir l’air embaumé et chaud du printemps s’engouffrer dans la voiture et venir lui caresser le visage. Elle n’avait pas davantage remarqué les fleurs qui commençaient à éclore et les jets d’eau faisant gicler une pluie de gouttelettes fines se déposant sur les feuilles. 

    Assise à même le sol mouillé et fétide, seule et aveugle dans les ténèbres, Laëtitia ressentit une grande peine et une immense détresse l’envahir. Non, elle n’aurait jamais dû accepter de participer à ces foutus concours de science. C’était sa mère qui en avait eu l’idée. L’année précédente, elle avait pratiquement obligé Laëtitia à sortir de sa torpeur et à joindre un petit groupe d’élèves de sa classe, « presque » de son calibre, comme lui disait Valérie, afin de montrer au monde ce que son « animal » de compagnie était capable de faire. Sa mère l’avait prise par les sentiments. Mais Laëtitia n’avait jamais été très à l’aise en public. Par contre, l’effort en valait la peine ; son équipe avait remporté la première place. Cette année, si Laëtitia avait pu résister et tenir tête à sa mère, elle n’en serait probablement pas là aujourd’hui, jonchant le sol comme un déchet. « J’espère qu’elle est contente maintenant ! » pensa-t-elle, dans un élan de colère qu’elle avait dirigé vers Valérie au lieu de ses ravisseurs.

    Laëtitia repensa aux moments où elle se sentait si bien, toute seule dans sa chambre, à prendre soin de son spécimen juste à elle. Elle l’avait baptisé Moustache. Elle pouvait passer des heures à lire et tenter d’assimiler tous les articles de sa mère sur le sujet. Elle feuilletait également tous ceux qu’elle pouvait trouver sur internet, afin de perfectionner ses techniques d’élevage… Qui prendra soin de lui maintenant ? se demandait-elle. Il devra probablement retourner à son ancienne diète ? J’espère que personne ne va le laisser se déshydrater. Sinon, il va rétrécir et entrer en dormance, au stade de sclérote, Dieu sait combien de temps. Valérie en a bien assez sur les bras, avec son laboratoire. Elle ne s’occupera pas de Moustache en plus. Surtout avec la taille qu’il a maintenant…

    Un bruit interrompit ses pensées. Comme des pas de géants dans une caverne. Puis une porte épaisse grinça et un jet de lumière s’infiltra à l’intérieur de sa prison. Laëtitia fut éblouie par le contraste entre l’obscurité et une lumière blanche, éclatante. Un homme se tenait devant elle. Un peu plus jeune que son père probablement. Une trentaine d’années peut-être, mais d’une taille imposante, près de deux mètres. Ce sont ses yeux, aussi noirs qu’une nuit sans lune, qui lui firent une peur atroce. Dès son arrivée, le mastodonte se racla la gorge et s’adressa à Laëtitia en se penchant vers l’avant. Il était presque plié en deux, si proche de son visage qu’elle pouvait sentir son haleine. Une odeur d’ail et d’œuf pourri. Elle avait eu un haut-le-cœur.

    — Bonjour, Laëtitia, tu as bien dormi ? lui demanda-t-il d’une voix lugubre, aussi profonde qu’un coffre-fort. On me surnomme Loki. Si tu fais ce que l’on te demande, il ne t’arrivera rien.

    Laëtitia avait du mal à mesurer ce qui était en train de se produire. Loki, ça lui disait vaguement quelque chose. Elle avait été enlevée, elle ? Celle qui n’avait rien de vraiment spécial. Elle n’était pas la plus séduisante des jeunes filles. Elle le savait mieux que personne. De taille moyenne, avec ses cent cinquante-huit centimètres. Ses yeux pers, presque jaunes, un peu tombants. Elle avait le teint pâle, avec une acné résiduelle par endroit. Très gênante. Des lèvres fines, d’un rose plutôt discret. Rien à voir avec ce qu’elle pouvait observer sur Instagram, où des centaines, voire des milliers de femmes, certaines encore plus jeunes qu’elle, se font gonfler les lèvres, qui sait avec quelle substance toxique, juste pour correspondre à des modèles futiles qui, en plus, leur donne l’air de goujons. Elle reprit ses esprits, fixa le sol gluant et froid de ce lieu de réclusion sinistre, prit son courage à deux mains et demanda à son ravisseur en se tortillant :

    — Euh ! Je ne sais pas ce que vous me voulez, et pourquoi vous m’avez choisie moi, mais pourriez-vous me conduire au plus tôt aux toilettes ? Je n’en peux plus de me retenir. Je ne sais pas ce que vous cherchez. Mes parents ne sont pas riches, vous savez… S’il vous plait les toilettes !

    — OK. C’est par là. On y va ! Et après je te ferai faire le tour du propriétaire. C’est parti !

    Loki l’avait saisie par le bras, plus brusquement que nécessaire. Il ouvrit la lourde porte de son cachot. À ce moment précis, Laëtitia perçut quelques bruits sourds. Elle comprit qu’elle n’était pas la seule dans cette galère. Son calvaire ne venait probablement que de commencer…

    3

    La famille Sarran habitait un très joli appartement rue des Potiers dans le centre de Toulouse, entre les quartiers Monplaisir et Saint-Aubin. Au nord du jardin des Plantes, du jardin Royal et du jardin du Grand Rond. La Halle aux Grains se trouve juste au bout de la rue. Une magnifique salle de spectacles qu’ils fréquentent à l’occasion, soit en couple, soit en famille. Très rarement, Laëtitia s’y rendait toute seule. Une fois, elle y était allée pour entendre une chanteuse qu’elle aime bien, Coeur de pirate, une Canadienne devenue une habituée de la France. Voir sa fille partir toute seule à un spectacle faisait vraiment de la peine à Valérie. Mais c’est comme ça. Laëtitia préfère souvent la solitude. Elle répète sans cesse à ses parents qu’elle déteste devoir parler pour ne rien dire. « Au moins maintenant, je suis capable de sortir toute seule lorsque ça en vaut la peine », avait-elle rétorqué un jour à Valérie.

    Valérie voulait que sa fille s’émancipe de ses démons. La fin des inscriptions arrivait à grands pas pour le concours CGénial de la fin mai, et Valérie souhaitait que sa fille y participe. Pour montrer ce qu’elle était capable de faire et lui permettre d’augmenter son estime d’elle-même. Avec beaucoup de diplomatie, Valérie s’était approchée de sa fille, en déposant doucement sa main sur son épaule gauche. Elle la regarda droit dans les yeux.

    — Tu devrais t’inscrire au concours, ma chérie, tu as toutes les qualités requises et encore bien plus de choses à présenter que l’an dernier, je pense.

    — Maman, je suis la dernière personne au monde qui devrait s’inscrire à ces compétitions ridicules. J’y perds mon temps. En plus, je ne sais pas m’exprimer en public. Arrête de m’agacer avec ça !

    Valérie avait usé du ton le plus chaleureux et le plus rassurant qu’elle connaissait.

    — Oui, c’est vrai que je t’ai un peu poussée l’an dernier, mais tu vois ce que tu as récolté ? La première place. Et c’est vraiment ce que vous méritiez, tes copains et toi. Surtout toi, disons, parce que c’était ton idée et le fruit de ton travail.

    — Je ne travaille pas, maman. Je m’amuse. Je ne suis pas comme toi, une grande éthologue qui gagne sa vie à étudier le comportement des animaux. Mais je te remercie de m’avoir offert ce petit morceau de Physarum Polycephalum. Cette bête me plaît bien…

    — Comme tu sais, ce n’est pas vraiment une bête, ma puce.

    Frédéric, le papa de Laëtitia, avait lâché ses recherches sur son ordinateur. Il voulait trouver des ingrédients disponibles pour une recette de filet de porc aux morilles. Il se sentait interpellé par la discussion.

    — Mes amours, d’après ce que j’ai compris, votre petit ami n’est ni un animal, ni une plante, ni un champignon, mais peut-être qu’il serait intéressant de le cuisiner ? avait-il dit sur un ton de plaisanterie, propice au dimanche matin.

    Les deux femmes avaient échangé des regards offusqués et répondu de concert, en haussant les épaules presque de la même manière :

    — NON !

    La mère de famille scruta le visage de son mari. Visiblement, il s’amusait bien. Tous les trois éclatèrent de rire, et Valérie ajouta pour faire durer le plaisir :

    — Ne t’avise pas de faire bouillir notre Blob, car tu auras affaire à moi et tu seras privé de « dessert ». Tu comprends ce que je veux dire ?

    Elle lui adressa un petit clin d’œil. Bien sûr qu’il comprenait et Laëtitia aussi évidemment. Elle n’était plus une enfant. Sa timidité l’avait toujours empêchée de s’intéresser de trop près aux garçons, même si elle ressentait quelque chose de spécial pour Gratien. Un jeune homme brillant, de la classe de terminale, à son lycée. Il se dirigeait vers un métier de développeur informatique ou quelque chose du genre. Par contre, les parents de Laëtitia ne se plaignaient pas de ce petit retard apparent dans ses fréquentations amoureuses. « Tu auras tout le temps d’avoir le cœur brisé »,

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