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Chapitre : mondialisation et Notions du référentiel : mondialisation,FTN,

internationalisation des échanges ,taux de change,régimes de change,FMI, IDE,


investissement de portefeuille , délocalisation

Fiche 1 – Définition et mesure de la mondialisation

Partie 1 - Présentation du phénomène

I. Un concept complexe

Le FMI définit la mondialisation comme : « l’interdépendance économique croissante


de l’ensemble des pays du monde, provoquée par l’augmentation du volume et de la
variété des transactions transfrontières de biens et de services, ainsi que les flux
internationaux de capitaux, en même temps que par la diffusion accélérée et
généralisée de la technologie ».

D’autres définitions de la mondialisation :

Le terme mondialisation , en anglais globalisation , est un concept protéiforme .


R.Boyer dans « La mondialisation , au-delà des mythes » distingue 4 définitions :

• en 83 , T.Levitt propose le terme globalisation pour désigner la convergence des


marchés dans le monde entier . La société globale constituerait ainsi une
entité unique, en vendant la même chose , de la même manière , partout . Cette
analyse s’oppose à celle du cycle de vie du produit de Vernon qui considérait
que les firmes des pays développés vendaient aux pays les moins avancés les
produits devenus obsolètes dans les pays riches.

• en 90 , cette notion est étendue par K.Ohmae à l’ensemble de la chaîne de la


création de la valeur ( RD , ingénierie , production , marchandisation , services
et finances ) . Désormais , les firmes appartenant à un même groupe
conduiraient leur RD , financeraient leurs investissements et recruteraient leur
personnel à l’échelle mondiale . La globalisation définirait donc une forme de
gestion totalement intégrée à l’échelle mondiale de la grande firme
multinationale

• la montée en puissance des firmes multinationales contraint alors les divers


espaces nationaux à se plier à leurs exigences , du fait de l’extrême mobilité
dont elles bénéficient . Ainsi, la globalisation désignerait alors le processus à
travers lequel les entreprises les plus internationalisés tentent de redéfinir à
leur profit les règles du jeu précédemment imposé par les Etats-nations.
Souvent les tenants de la globalisation insistent sur le caractère irréversible
des tendances à l’œuvre, considérant que les politiques traditionnelles des
gouvernements sont devenues impuissantes face aux stratégies des grandes
firmes

• enfin , la globalisation peut définir une nouvelle configuration qui marque une
rupture par rapport aux précédentes étapes de l’économie internationale
.Auparavant , l’économie était internationale , car son évolution était
déterminée par l’interaction de processus opérant essentiellement au niveau
des états nations . La période contemporaine verrait ainsi l’émergence d’une
économie globalisée , dans laquelle les économies nationales seraient
décomposées puis réarticulées au sein d’un système de transactions et de
processus opérant directement au niveau international . Cette définition est la
plus générale et systémique ; elle entend souligner une rupture qualitative par
rapport à l’ensemble des régimes internationaux qui se sont succédés depuis
l’émergence du capitalisme commercial

II. Indicateurs de la mondialisation

A. Un développement des échanges internationaux : la mesure de ces échanges

On assiste à une augmentation du volume des échanges et à une diversification : des échanges de biens et services,
mais aussi de capitaux et d’hommes

1. la mesure des echanges de biens et de services

a. La Balance Commerciale

- Le solde commercial est la différence entre les exportations ( X : vente de


produits nationaux à l’étranger ) et les importations (M : achat de produits à
l’étranger ) :
X–M
• On dira que la Balance commerciale est excédentaire si X > M
• On dira que la Balance commerciale est déficitaire si X < M

- On peut aussi calculer un taux de couverture :


X x 100
M
Quand le taux de couverture est > 100, la Balance commerciale est excédentaire .

Attention : il ne faut pas confondre le taux de couverture et le taux d’ouverture :


X + M x 100
2 PIB

b. La Balance des transactions courantes regroupe :

• la Balance commerciale qui comptabilise les exportations et les


importations de marchandises
• la Balance des invisibles qui comptabilise :
- les opérations d’exportations et d’importations de services
( transports , tourisme , communication , … ) ainsi que certains revenus du
travail ( les revenus du travailleur frontalier ) et les revenus du capital sous
forme d’intérêts et de dividendes reçus ou versés
- la Balance des transferts courants qui correspondent à des opérations
sans contrepartie : ex : le revenu des travailleurs immigrés envoyé dans leur
pays d’origine ou les dons ( accordés à la France à d’autres Etats )

c. La balance des Paiements ( 1 p 278 )

La balance des paiements est un document comptable retraçant l’ensemble des


opérations entre agents résidents et non résidents, c’est à dire toutes les entrées et
sorties de biens, de services et de capitaux (titres financiers, et créances) et de
monnaie pendant une période donnée (le plus souvent un trimestre ou un an). Ce
document est établi par la banque centrale du pays considéré.
Depuis 2001, la balance des paiements est décomposée de la manière suivante :

• Le C o mp te de s t r a n sa c tio n s co u r a n te s qui regroupe :

o La balance commerciale (qui enregistre les importations et exportations


de biens)

o Les échanges de services, les transferts courants, certains revenus du


travail et les revenus du capital sous forme d’intérêts et dividendes.

• Le co mp te de ca p ita l qui retrace les transferts en capital entre un pays et


l’étranger (pour l’essentiel :acquisition d’actifs non financiers tels qu’achats
/ventes de brevets, et remises de dettes).

• Le co mp te fina n c ie r qui retrace les échanges de capitaux entre un pays et


l’étranger :

o Investissements directs

o Investissements de portefeuille

o Autres investissements.

• Le poste « Avo i r s de r é s e r ve » : ce poste est la contrepartie du solde


global des autres postes. Il reflète la position monétaire du pays. En effet,
tout excédent (courant,financier) se traduit par une augmentation des
réserves de la nation et une baisse des engagements, et inversement.

• Le poste « Er r e u r s e t o m is sio n s » permet l’ajustement des résultats en


cas d’écarts inexpliqués (dus à des difficultés d’enregistrement, à des trafics
illicites, etc.).
Source : http://www.lyc-arsonval-brive.ac-limoges.fr/jp-simonnet/spip.php?article317#nb1
B. Les Firmes Transnationales : un agent essentiel de la mondialisation

1. Définition des FTN

1. Le terme de multinationales ne convient pas ( 4 p 267 )

Le terme le plus fréquemment retenu pour décrire une entreprise qui a implanté des
filiales de production et de distribution dans différents pays est le terme firme
multinationale (FMN) .
Pourtant, celui-ci est discutable. En effet :
- il conduit à penser que les firmes pourraient avoir plusieurs nationalités.
- Or, on constate que quasiment toutes les firmes conservent une nationalité
de référence : celle de leur nation d’origine.

2. Il faut parler de transnationales

Nous retiendrons donc le terme FTN car , selon R.Sandretto : « le préfixe trans est
incontestablement mieux adapté à la situation actuelle de ses firmes . Son double
sens ( celui de traverser et celui de dépasser ) signifie que les FTN sont le
prolongement extraterritorial de leur nation d’origine , qu’elles débordent
( dépassent ) tout en traversant les espaces des pays d’implantation . La firme n’est
donc pas au-dessus des nations ; elle en est au contraire un principe actif.
Inversement, la nation ne se confond pas avec la délimitation des frontières
territoriales , en particulier la nation américaine pourrait s’étendre , via ses FTN
bien au-delà des limites des Etats associés aux 50 étoiles de la bannière » .

3. Le développent des IDE ( Investissements Directs à l’Etranger) ( p 274)

Les FTN s’implantent à l’étranger en développant les investissements directs ( IDE )

dé f in i tio n : On considère généralement qu’un investissement étranger est :


- un investissement direct si l’investisseur étranger possède 10% ou plus des
actions ordinaires ou de droits de vote dans les entreprises . Ce critère a été
retenu , car on estime qu’une telle participation est un investissement à long
terme qui permet à son propriétaire d’exercer une influence sur les
décisions de gestion des entreprises .

Pour voir les relations entre une société et la firme acquéreuse :

Une société A sera alors dite :


- filiale d’une société B si elle possède plus de la moitié des droits de vote de
ses actionnaires
- affiliée si B possède moins de 50% des droits de vote , mais exerce un
pouvoir de décision effectif dans la gestion de la société .
En revanche, un investissement étranger qui est inférieur à 10% du montant des
droits de votes sera considéré comme un investissement de portefeuille, car il ne
permet pas d’exercer une influence sur la gestion de la société. Les investissements
de portefeuille sont généralement spéculatifs, c’est-à-dire qu’ils visent à obtenir une
plus-value dans le court terme, par l’achat et la cession de placements financiers
et/ou monétaires .

Pour voir l ‘historique de la transnationalisation :


Constat : Contrairement à ce que l’on pourrait penser , ce n’est pas un phénomène récent . W.Andreff prend
comme exemple celui des USA ; il constate que le stock d’IDE rapporté au PNB américain était de 5,1% en 1897 ,
atteint 10,8% en 1935 , tombe à 4% en 45 , remonte à 8,5% en 74 . La transnationalisation est donc un phénomène
séculaire . Néanmoins ce phénomène a connu des évolutions très importantes :
Périodisation : on peut-alors distinguer les phases suivantes :
- le stock des IDE passe de 14 milliards de $ en 1914 à 105 milliards en 1967 ,
- atteint 525 en 1980 ,
- 1705milliards en 1990
- pour culminer à 3541 milliards en 2000 .
Conclusion : entre 1990et aujourd’hui le poids des IDE dans le PIB mondial a été multiplié par 4

Typologie des pays éméttant les IDE : la hiérarchie des pays à l’origine de l’IDE a elle aussi évolué :
• en 1914 , 45% du stock total d’IDE était détenu par le RU , 18 par les EU , 12 par la France , 10 par
l’Allemagne .
• en 1960 , le premier rang est détenu par les EU : 52 % , le RU tombe à 17% , la France à 6,5 , la RFA à 1 , le
Japon à 0,8 .
• En 82 , les EU toujours leaders ne détiennent plus que 46% du stock d’IDE , suivis de la RFA à 8 % , du
Japon et du RU à 6 , de la France à 5 .
• En 1997 les EU ne détiennent plus que 25,6% du stock d’IDE, le royaume uni 11,7%, le Japon 8 %, les autres
pays développés 45 %, les NPI 10 % .Les pays en voie de développement bien qu’en progression notable ,
représentent toujours une proportion négligeable de l’IDE .

Typologie des pays recevant les IDE : la hiérarchie des pays recevant l’IDE a été profondément transformée :
• en 1914 , 63% du stock d’IDE était destiné aux PVD ( 37% aux pays développés ) .
• En 60 , 32% aux PVD ; 68% aux PDEM .
• En 1990, 20% aux PVD, 80% aux PDEM.
• En 1997 30% pour les PVD et 70 % aux PDEM.

Typologie en fonction des secteurs : ceci résulte d’une évolution des secteurs dans lesquels est réalisé l’IDE .
Comme l’écrit J.Adda :
• « jusqu’à la seconde guerre mondiale , la majeure partie des IDE était concentrée dans les secteurs agricoles
et miniers , l’IDE était moins animé par une logique de concurrence à l’échelle mondiale que par une logique
de concurrence entre les nations pour l’accès aux ressources du sol et du sous-sol .La prépondérance des flux
d’investissement n’était que le reflet à la course à la constitution d’empires coloniaux ou de zones d’influence
où les nations les plus puissantes pourraient trouver les ressources nécessaires à leur industrie . »
Au contraire aujourd’hui la majeure partie de l’IDE se dirige vers le secteur industriel et, phénomène nouveau et en
forte expansion vers les services.

2. Les explications de la transnationalisation

La transnationalisation peut s’expliquer par 3 grands types de raisons :

• les FMN primaires qui sont essentiellement implantées dans les PVD et qui sont concentrées dans les secteurs
de l’extraction minière du pétrole ou des produits agricoles s’implantent à l’étranger afin de pouvoir exploiter
les ressources naturelles du sol .
• les FMN à stratégie commerciale qui visent à s’implanter sur des marchés porteurs ou de grande taille ( Inde
ou pays riches ) en contournant les barrières protectionnistes mises en place par de nombreux pays (en voie
de développement ( cf. le Brésil dans les années 60 ) ou développés ) en établissant des filiales relais qui
montent une gamme de produits calqués sur ceux de la maison mère .
Pour la relation entre barrières protectionnistes et ce type d’IDE : Ce type d’IDE devrait diminuer avec la réduction
des barrières protectionnistes accélérées par la création de l’OMC . En réalité , il semble que les entreprises
préfèrent s’implanter à l’étranger afin de mieux apprécier les choix des consommateurs . Une entreprise n’a pas
intérêt à céder la licence malgré les redevances que celle-ci lui rapporte qui sont moins aléatoires qu’un
investissement productif sur place , car comme l’écrit J.Adda : « les exemples abondent d’entreprises , souvent
japonaises , ayant acquis des technologies étrangères par achat de licences dans les années 50 et 60 qui ont pu , 20
ans ou 30 ans plus tard racheter leur ancien cessionnaire . Il apparaît ainsi que les entreprises ayant des avantages
spécifiques ont le plus souvent à intérêt à les préserver et donc à assurer elles-mêmes leur exploitation
internationale . A la limite , une entreprise a intérêt à internaliser tout actif lui offrant un avantage compétitif
majeur , autrement dit à bloquer sa diffusion sur le marché . l’internationalisation apparaît ainsi liée à
l’internalisation comme réponse aux imperfections du marché , dans un contexte de concurrence oligopolistique . »
• la transnationalisation répond enfin à une stratégie productive ( docs 3 et 4 p 264-265 °: dans ce cas , la
conquête du marché local d’implantation n’est plus la raison essentielle de l’implantation de la filiale . En
effet , la production de la filiale atelier qui est spécialisée dans la fabrication d’une partie du produit sera
exportée vers le pays qui prendra en charge le montage final . On assiste alors à une véritable Division
Internationale des processus productifs. La firme transnationale va implanter ses filiales dans les pays en
fonction de la capacité de chaque pays à effectuer au moindre coût la pièce ou le sous-ensemble qui lui a été
confié . Ceci conduit à une véritable internalisation de la production , les relations entre les filiales et la
maison-mère donnant lieu à un véritable commerce intra-firme .

pour un bon exemple d’analyse de DIPP(division international des processus productifs , le cas des Pontiac le
mans : http://perso.orange.fr/revision-bac-es/terminale_es/chap13/dipp.htm
M.Porter peut ainsi opposer :
• les stratégies multinationales pratiquées par les firmes multinationales dans les années 60 qui consistaient à
produire sur plusieurs marchés nationaux des biens adaptés à chaque marché . La production des firmes n’est
donc pas spécialisée , chaque filiale est un centre de profit qui entretient des relations avec la maison mère et
non avec les autres filiales .
• aux stratégies globales qui visent à unifier la gamme des produits au niveau mondial et donc à faire de
chaque filiale une unité spécialisée dans la fabrication d’un composant particulier du produit fini en fonction
des avantages comparatifs de chacun .

Conclusion : selon R.Reich,ce phénomène porte en lui les germes de la disparition de la nationalité des firmes ,
puisque la firme devient une structure mondiale en forme de réseaux dans laquelle la propriété du capital
importe moins que la capacité à mobiliser et à combiner les compétences de toute nationalité en vue de réaliser les
objectifs recherchés par la firme . Dès lors la firme se sert du pays dont elle est issue en fonction de ses besoins ,
mais son intérêt n’est pas complémentaire à celui du pays . Par exemple , par le biais des délocalisations , elle peut
accroître sa compétitivité tout en augmentant le chômage dans son pays d’origine .

Relativisation : Il n’en reste pas moins que les firmes transnationales , en particulier américaines , sont largement
soutenues par les autorités des pays dont elles sont issues , ce qui relativise l’analyse de Reich .

Pour les analyses théoriques de la transnationalisation

Elles sont apparues à la fin des années 50 , en rejetant les hypothèses sur lesquelles étaient
bâties les analyses traditionnelles de Ricardo et d’HOS , en particulier celles de :
• concurrence pure et parfaite à laquelle elles substituent celle de concurrence
imparfaite de type oligopolistique
• d’immobolité internationale des facteurs de production , à laquelle elles substituent le
développement des IDE

d1 – concurrence imparfaite des marchés et transnationalisation


La première question est de savoir pourquoi une firme qui s’implante à l’étranger et qui
subit donc des coûts de délocalisation de sa production a intérêt à opérer une stratégie de
transnationalisation .Selon Hymer , c’est parce que les transnationales ont des avantages
spécifiques transférables internationalement :
• image de marque qui peut grâce à la publicité être facilement développée dans les
pays étrangers
• avantage technologique dont dispose la firme
• politique gouvernementale des pays d’accueil qui cherche à attirer sur leur territoire
des firmes pouvant exercer un effet d’entraînement

d2- oligopole et firmes transnationales

La théorie du cycle de vie de Vernon démontre que l’entreprise innovatrice qui dispose au
départ d’un monopole technologique voit progressivement les barrières à l’entrée ( brevets ,
etc ) qui la protégeait tomber au fur et à mesure que le produit arrive à maturité . Elle va
donc délocaliser sa production afin de :
• réduire ses coûts
• et/ou adapter ses produits à la demande locale

La firme leader , en s’implantant à l’étranger , cherche à modifier à son avantage la


structure du marché .Les firmes suiveuses de l’oligopole se sentant agresser se délocalisent
alors pour tenter de rétablir leur part de marché antérieure . Knickerbocker a ainsi remarqué
que les firmes américaines avaient tendance à implanter presque en même temps leur
filiale à l’étranger . Il observe un phénomène de grappes .

En contrepartie , la firme agressée sur son territoire par l’implantation d’une transnationale ,
va répondre en investissant sur le territoire de l’autre afin d’affaiblir la position du leader
chez lui dans son prinipal centre de profit . Ce phénomène peut être interprété comme un
échange de menaces ( exemple : quand Firestone s’est implanté en France , Michelin a
racheté Uniroyal aux Etats Unis afin de mettre en difficultés Firestone sur son propre
territoire et donc d’inciter la firme américaine à réduire ses ambitions en France )

d3 – internationalisation et transnationalisation de la firme

Plus la firme se développe, plus elle cherche à se diversifier (notamment géographiquement


) pour réduire les risques d’augmenter ses profits .Mais alors , plus son organisation interne
change et devient complexe .Dès lors , la firme peut avoir intérêt à développer un marché
interne et à opérer une division internationale des processus productifs qui lui permet de
réduire les risques et les coûts générés par les marchés :
• défauts dans la qualité du produit
• coût du produit
• assurer son approvisionnement extérieur (Michelin possède des plantations d’hevea en
Malaisie pour se fournir en caoutchouc)
• assurer la continuité internationale de son processus de fabrication tout en défendant
sa technologie

R.Coase peut alors en conclure que quand les coûts de transaction sur les marchés sont
plus élevés que ceux de l’organisation de la firme, celle-ci va s’internaliser et créer son
propre marché.

d4- le paradigme OLI : Dunning ( 21 p 295 et 10 p 497)


Dunning développe une analyse qui s’appuye sur les 3 grands types d’avantage à la
transnationalisation :
• l’avantage spécifique de la firme (O comme Ownorship advantages)
• l’avantage à la localisation à l’étranger (L)
• l’avantage à l’internalisation (I)

Pour avoir plus de connaissances sur la stratégie des FTN : un artcile de C.Aubin dans les cahiers français

Stratégies des firmes et échanges internationaux


Sommaire

Division des processus productifs et internationalisation des firmes


Dimension de l'intégration des activités des firmes
L'investissement direct à l'étranger (IDE)
Raisons de l'investissement direct à l'étranger
Le " paradigme OLI "
Logiques de réorganisation
Les effets de l'investissement direct à l'étranger
IDE et échanges internationaux
Une relation plutôt positive
par Christian Aubin.

Les théories traditionnelles du commerce international consacrent le rôle des seules nations au détriment des
stratégies des véritables acteurs des échanges que sont les grandes firmes, les échanges intragroupes des sociétés
multinationales représentant par exemple près d'un tiers du commerce mondial. Après avoir brossé un tableau de la
réorganisation des modes de production et de l'internationalisation de l'activité des entreprises, Christian Aubin
traite la question de l'investissement direct à l'étranger, analysant les facteurs qui le déterminent et ses
conséquences sur le commerce des produits, relation considérée in fine comme plutôt positive.
Dans le prolongement des théories modernes du commerce international, qui mettent l'accent sur les déterminants
technologiques et les imperfections de concurrence, l'analyse est amenée à prendre en compte les stratégies des
firmes. Ce faisant on assiste à un rapprochement entre les analyses relevant de l'économie internationale et de
l'économie industrielle(1). L'intérêt de cette évolution théorique apparaît au regard de l'internationalisation de
l'activité des entreprises. Face à une mondialisation qu'elles contribuent elles-mêmes à promouvoir, les firmes sont
poussées à réviser l'échelle de leurs opérations et leurs modes d'organisation.
On estime aujourd'hui que les échanges intragroupes des sociétés multinationales représentent environ 33 % du
commerce mondial et leurs exportations vers des entreprises non affiliées, 33 %. La part significative des échanges
intragroupes s'explique par la constitution de réseaux de filiales résultant d'une implantation des différents éléments
du processus de production dans les pays différents. Cette réorganisation des modes de production passe par un
développement des investissements directs à l'étranger. Les liens réciproques entre dette activité d'investissement et
le commerce international deviennent un sujet de préoccupation de premier plan(2) et l'importance des enjeux rend
souvent difficiles les négociations multilatérales sur l'investissement direct à l'étranger (négociations de l'AMI,
Accord multilatéral sur l'investissement, dans le cadre de l'OCDE) (voir encadré ci-contre).

L'AMI (Accord multilatéral sur l'investissement)


Les négociations de l'Accord multilatéral sur l'Investissement ont été lancées lors d'une réunion du Conseil des
ministres de l'OCDE en mat 1995 L'AMI ambitionnait d'être le premier accord multilatéral réglementant les trois
aspects fondamentaux de l'investissement étranger : protection, libéralisation et règlement contraignant des
différends. Le choix de l'OCDE, au détriment de l'OMC, comme cadre des négociations signifiait toutefois que les
pays en développement n'étaient pas directement partie prenante. Outre la pertinence de ce choix, de nombreuses
dissensions entre les pays de l'OCDE - notamment sur les législations extraterritoriales américaines et sur la
protection des industries culturelles - ont conduit à un premier report de l'échéance initiale (fixée à mai 1997), puis
à une suspension pour six mois des négociations (décision du Conseil des ministres de l'OCDE, 28-29 avril 1998),
enfin à l'arrêt de celles-ci, fin 1998.
Cet échec doit être attribué non seulement aux divergences entre les pays de l'OCDE, mais aussi au sentiment,
largement partagé, que le processus de négociation faisait la part trop belle aux revendications des multinationales
(celles-ci auraient pu notamment poursuivre un gouvernement devant un organe de règlement des différends), au
détriment de la capacité des gouvernements locaux à légiférer en matière de droit du travail, d'environnement ou de
protection des biens et services culturels. Contrairement à son objectif, le projet a réveillé les tensions entre
communautés locales et multinationales. Divers groupes d'intérêt se sont même organisés en lobbies à l'échelle
internationale, notamment par l'intermédiaire du réseau internet, pour contrer le projet d'accord. Les oppositions,
qu'elles viennent des gouvernements français et canadien, au nom de " l'exception culturelle ", ou de groupes
écologistes, contestaient la philosophie libérale de l'accord ; au-delà de la question des multinationales, il s'agissait
d'endiguer la progression de la mondialisation et sa dynamique de convergence.

Division des processus productifs et internationalisation des firmes

La théorie du cycle international de vie du produit a illustré la possibilité d'un déplacement de l'avantage relatif, et
donc des courants d'échange, en fonction des caractéristiques des différentes étapes de la vie du produit. Si le
processus de production lui-même peut faire l'objet d'une segmentation en étapes, alors la même logique doit
conduire à envisager la délocalisation de ces étapes en fonction de la distribution internationale des avantages
relatifs. Chaque opération élémentaire est effectuée là où elle est la moins coûteuse, en raison d'une meilleure
adaptation des conditions locales (dotations factorielles, compétences...).
La logique sous-jacente à la spécialisation et à l'échange dans le cadre d'une division internationale du processus
productif est semblable à celle qui fonde le commerce des produits dans l'analyse traditionnelle du commerce
international. C'est essentiellement une logique d'exploitation des différences. Toutefois, une spécificité apparaît en
raison du caractère intermédiaire des biens échangés. La réalisation d'une étape de production dans un pays donné
peut impliquer des importations en provenance des pays assurant des étapes en amont du processus et des
exportations vers des pays spécialisés en aval de ce même processus. L'échange peut ainsi être de type intrabranche.
De plus, exportations et importations sont liées : la nature des exportations ne dépend pas seulement de
caractéristiques nationales, mais aussi de la nature des importations. Les avantages relatifs que la spécialisation
internationale cherche à exploiter s'expriment en termes de capacité à s'insérer efficacement dans le processus
global de production. Parce qu'elles sont interdépendantes, les différentes opérations doivent s'inscrire dans un
cadre qui coordonne les activités des unités de production délocalisées. L'analyse est ainsi conduite à prendre en
considération l'organisation des firmes à l'échelle internationale.
Dimension de l'intégration des activités des firmes
Dans une perspective d'économie industrielle, l'évolution des firmes peut être schématiquement représentée en
considérant deux dimensions de l'intégration de leurs activités : l'intégration par la propriété des actifs et
l'intégration par la coordination(3).
Le degré d'intégration le plus faible est associé à une firme adoptant une stratégie d'exportation à partir de bases
nationales. La firme dite " multidomestique " développe des implications dans plusieurs pays pour satisfaire des
demandes locales (création de " filiales relais " dans le cadre d'une stratégie de marché). La coordination des
activités s'accroît avec la multinationalisation pour mettre en oeuvre une division internationale des processus
productifs (création de " filiales ateliers " dans le cadre d'une stratégie de rationalisation de la production). La
globalisation se caractérise par une forte intensité de coordination au sein de réseaux d'entreprises conservant leurs
propres bases nationales. Les stratégies de marché et de rationalisation de la production tendent à se fondre tandis
que s'impose une stratégie techno-financière qui fonde l'internationalisation sur les actifs intangibles de la firme et
permet une diversification sous des modes originaux (sous-traitance, cession de marques, participations
minoritaires...).
Dans une perspective d'économie internationale, le passage d'une stratégie d'exportation à une stratégie de
délocalisation pose la question de l'investissement direct à l'étranger, des facteurs qui le déterminent et de ses
incidences sur le commerce des produits.
L'investissement direct à l'étranger (IDE)
Il peut être défini comme une opération par laquelle un investisseur basé dans un pays (pays d'origine) acquiert un
actif dans un autre pays (pays d'accueil) avec l'intention de le gérer. Cette intention assure la distinction entre IDE
et investissement de portefeuille.

L'investissement direct à l'étranger recouvre trois formes d'opérations :


- la participation au capital (par fusion, acquisition ou création de nouvelles installations) à un niveau suffisant pour
pouvoir exercer un contrôle ;
- le réinvestissement sur place des bénéfices d'une filiale implantée à l'étranger ;
- les prêts à court ou à long terme réalisés entre la société mère et sa filiale.
Bien que les statistiques existantes ne soient pas toujours idéales ni parfaitement comparables entre les pays, on
peut donner une évaluation globale de l'ampleur de l'investissement direct à l'étranger. On estime que, sur la
période 1973-1995, la valeur des taux annuels d'investissements directs à l'étranger est passée de 25 à 315 milliards
de dollars. Cette évolution traduit une progression globale plus rapide que celle du commerce mondial des produits
puisque, sur la même période, la valeur des exportations a augmenté de 575 à 4 900 milliards de dollars. La
croissance de l'investissement direct est particulièrement nette dans le secteur tertiaire des services (plus de 50 %
des taux annuels d'IDE). On notera enfin que, sur la période récente, l'évolution a été marquée par une montée de
l'investissement international croisé an sein de la zone OCDE et par une suprématie des fusions-acquisitions sur les
créations nouvelles.

Raisons de l'investissement direct à l'étranger


Il ne suffit pas de montrer l'intérêt d'une extension de la production (pour bénéficier d'économies d'échelle sur un
marché élargi) ou d'une division internationale des processus productifs (pour exploiter les avantages comparatifs
des pays) pour expliquer l'investissement direct à l'étranger. Il faut encore expliquer pourquoi ce type d'opération est
préféré au développement local de la production pour l'exportation ou à la concession de licences à des entreprises
étrangères pour l'exploitation des technologies.
A l'instar des développements de la nouvelle théorie du commerce international concernant les situations de
concurrence imparfaite, la référence à la théorie des jeux et aux comportements stratégiques peut contribuer à
formaliser l'analyse. Les comportements d'investissement direct à l'étranger et les structures de marché qui en
résultent répondent à des choix pour faire face à des concurrents locaux existants ou potentiels. D'autres
motivations peuvent expliquer l'investissement à l'étranger.

Le " paradigme OLI "


Ainsi, dans une perspective plus générale, l'analyse se réfère au " paradigme OLI " (pour ownership, localisation,
internalisation)(4). Celui-ci fait de la multinationalisation le résultat d'une combinaison de trois éléments
interdépendants :
• le premier (ownership) est la possession par l'entreprise d'actifs susceptibles d'être exploités de manière
rentable à une échelle relativement large ;
• le deuxième (localisation) est l'existence d'un avantage à utiliser ces actifs pour produire dans plusieurs pays
plutôt que d'exporter à partir d'une production dans le seul pays d'origine ;
• le troisième (internalisation) réside dans les avantages potentiels d'une " internalisation " de l'exploitation des
actifs, en raison de certaines formes de défaillance de marché.
Parmi les actifs dont la détention joue un rôle moteur dans l'internationalisation des opérations de sociétés
multinationales, la technologie ou, plus encore, la capacité d'innover régulièrement du point de vue technologique
est reconnue comme un élément de première importance. Plus généralement, on souligne souvent le fait que les
sociétés multinationales possèdent de nombreux actifs incorporels qu'elles peuvent exploiter à l'échelle mondiale
(brevets, droits d'auteur, compétences, noms de marque, réseaux de commercialisation...).

Logiques de réorganisation
De multiples facteurs peuvent être associés au deuxième élément du paradigme OLI. Une présence physique sur les
marchés étrangers est parfois nécessaire pour y être compétitif. C'est notamment souvent le cas dans les industries
de services. L'implantation à l'étranger peut aussi s'inscrire dans le cadre d'une division internationale du processus
productif. L'investissement direct à l'étranger répond alors à une logique de réorganisation verticale. Celle-ci peut
aussi être horizontale lorsque des opérations de production similaires sont effectuées dans des pays différents. La
délocalisation peut alors répondre à une volonté de s'affranchir d'entraves au commerce (frais de transport des
produits, protectionnisme commercial du pays d'accueil) ou permettre une meilleure adaptation au marché
(proximité des consommateurs, ajustement aux nonnes locales, meilleure connaissance des concurrents locaux).
L'internalisation de l'exploitation des actifs permet d'éviter les coûts associés aux transactions entre sociétés
indépendantes, coûts liés à la passation des contrats et à la garantie de la qualité. Elle assure un meilleur contrôle
sur l'utilisation des technologies, notamment si l'environnement juridique dans le pays d'accueil n'offre pas des
garanties jugées suffisantes en matière de protection de la propriété intellectuelle en cas d'octroi de licences pour
l'exploitation d'une technologie mise au point par l'entreprise. Par ailleurs, il peut y avoir une sous-évaluation par le
marché d'une telle technologie si, pour l'exploiter pleinement, on doit faire appel à des technologies
complémentaires, à des connaissances et à des compétences qu'il n'est pas facile de trouver en dehors de
l'entreprise.

Les effets de l'investissement direct à l'étranger

L'investissement direct à l'étranger affecte de façons multiples les économies du pays d'origine et du pays d'accueil.
On s'accorde généralement à reconnaître dans l'investissement étranger un important vecteur de transfert
international de technologie. Par les transferts directs aux filiales, mais aussi par les retombées sur leur
environnement (formation de la main-d'oeuvre locale, assistance technique aux fournisseurs et clients locaux...),
l'investissement étranger peut contribuer à une élévation de la productivité dans le pays d'accueil. Même si cette
voie d'amélioration de l'efficacité productive varie selon les secteurs et les pays, elle semble suffisamment
prometteuse pour pousser de nombreux pays à rechercher activement, par des incitations directes (financières ou
fiscales) ou indirectes, des investissements en provenance de l'étranger.
Nous pourrions encore nous attarder sur la question des effets en termes d'emploi, notamment dans le pays
d'origine, de l'investissement direct à l'étranger. L'analyse sur ce point rejoint celle présentée à propos de la
concurrence des NPI et il demeure difficile de fournir une évaluation précise et non controversée des gains ou des
pertes d'emplois engendrés par le développement des investissements à l'étranger. En privilégiant le point de vue de
l'économie internationale, nous laisserons ces questions de côté pour leur préférer une réflexion sur les
conséquences de l'investissement direct à l'étranger sur le commerce des produits.

IDE et échanges internationaux


Si l'on se situe dans la perspective théorique de l'interprétation factorielle de l'échange international des produits,
on doit s'attendre à ce que le développement des flux d'investissement direct s'accompagne d'une diminution des
flux commerciaux. La substituabilité entre échange de facteurs et échange de produits explique cette conclusion. De
fait, la diminution du commerce est hautement probable si l'investissement direct à l'étranger a pour seul objectif la
satisfaction d'un marché initialement desservi par des exportations. Cette configuration peut notamment se
rencontrer dans le cas d'un investissement destiné à contrer une politique protectionniste du pays d'accueil. Mais ce
n'est pas le seul motif pour investir à l'étranger et les incidences sur le commerce peuvent être de natures diverses.
Le remplacement d'exportations de produits finis à destination d'un marché étranger par une production délocalisée
sur ce marché doit, certes, conduire à une diminution de ces exportations, mais cela ne signifie pas nécessairement
la disparition des flux commerciaux entre le pays d'origine et le pays d'accueil. Il peut y avoir un effet de
substitution si la production délocalisée du bien final utilise des biens intermédiaires ou des services importés du
pays d'origine. On peut même concevoir que ces nouveaux flux deviennent supérieurs aux anciens si la
délocalisation permet un gonflement significatif des ventes sur le marché investi. Un effet supplémentaire peut
jouer si le bien final dont la production est délocalisée constitue une variété particulière au sein d'une gamme plus
étendue. Le développement du marché local pour la variété à production délocalisée peut s'accompagner d'une
croissance de la demande pour d'autres variétés du produit.
En restant dans la perspective d'un investissement destiné à remplacer des exportations, on peut concevoir un effet
négatif sur les importations du pays d'origine puisque celui-ci verrait diminuer ses éventuels besoins en biens
intermédiaires importés. Il y aurait alors un effet de détournement de commerce : les biens intermédiaires importés
par le pays d'origine seraient alors importés par le pays d'accueil. Mais, à nouveau, d'autres mécanismes peuvent
jouer puisque, comme cela a été envisagé précédemment, la délocalisation ne se traduit pas nécessairement par une
diminution globale de l'activité productive dans le pays d'origine.
La substituabilité entre investissement direct et commerce ne semble donc pas établie de manière certaine, même
dans le cas le plus favorable d'un investissement de remplacement des exportations. Cette substituabilité est encore
plus fortement remise en cause lorsque l'investissement direct à l'étranger répond à une stratégie de division
internationale des processus productifs. Dans ce cas, la raison d'être de l'investissement est d'améliorer la position
compétitive de l'entreprise dans le secteur par rapport à celle d'autres entreprises, tant dans le pays d'origine qu'à
l'étranger.
Dans cette perspective, l'investissement direct à l'étranger ne constitue pas un facteur d'homogénéisation des
espaces, qui diminuerait l'intérêt de l'échange international. Même si le déplacement du capital entre les pays
conduit à rapprocher les ratios de dotations globales en capital et en travail des pays, cela ne signifie pas une
atténuation des avantages relatifs. Ceux-ci s'expriment à travers d'autres déterminants dans la mesure où l'on assiste
à un renforcement de la dépendance à l'égard de variables technologiques (connaissances, compétences...) qui
demeurent localisées. La réorganisation à l'échelle internationale des activités productives débouche sur une
recomposition des flux commerciaux, sur une évolution de leur nature plus que de leur volume global. Un pays
initialement exportateur d'un produit fini peut devenir importateur de ce même bien. Le croisement d'une logique
d'avantages spécifiques des firmes et d'avantages comparatifs des pays pousse à la hausse de la part des échanges
intrafirmes ou intragroupes dans le commerce mondial. Le partage entre commerce interbranche et commerce
intrabranche peut également être affecté. Quant à l'effet global, la persistance d'une spécialisation internationale,
voire son renforcement à des niveaux de plus en plus fins, et les gains de productivité que l'on peut en attendre,
interdisent de conclure à une influence négative de l'investissement direct à l'étranger sur le commerce.

Une relation plutôt positive


La multiplicité des effets théoriquement envisageables et leur coexistence dans la réalité rendent difficile la
recherche de relations statistiques significatives entre flux d'investissement et flux commerciaux. Le manque de
données fiables sur l'investissement direct à l'étranger limite en outre la portée des études empiriques. Les travaux
sur les sociétés multinationales restent souvent centrés sur quelques pays (États-Unis, Suède et Japon notamment) et
l'on doit se garder de généralisations hâtives.
En tenant compte de ces réserves, les résultats empiriques laissent à penser qu'il existe plutôt une relation positive
entre l'investissement direct à l'étranger et les échanges commerciaux. Cette relation apparaît plus nette lorsque l'on
regarde les exportations du pays d'accueil. Elle est moins marquée pour les exportations du pays d'origine et pour
les importations des deux pays.
Source :Les cahiers français, n° 299 Christian Aubin (Professeur d'économie internationale et de macroéconomie
financière à la Faculté de Poitiers Groupe de recherche sur l'intégration économique et financière) .
.

Conclusion

On assisterait donc aujourd’hui à un développement du phénomène transnational, qui se caractériserait :


• par un développement des implantations à l’étranger, sous forme d’investissements directs,
• par l’existence de différentes filiales entretenant des relations internes qui font que l’on peut désormais parler
d’un réseau interne propre aux FTN , qui dépasseraient ainsi le cadre des frontières ,
• par l’apparition d’un techno-globalisme : les entreprises ne géreraient plus leurs innovations, à partir d’une
base nationale, mais implanteraient des laboratoires de recherche dans leurs filiales implantées à l’étranger ,
signeraient des accords de recherche en particulier dans l’industrie électronique , afin de pouvoir partager les
efforts de mise au point très coûteux , d’établir des standards ou des normes communes au niveau mondial ,
de partager les risques d’échec .

Pour voir l’évolution des IDE : On peut donc en conclure que la mondialisation des économies s’accélère et
qu’elle devient une donnée incontournable . Ainsi , comme le constate F.Chesnais , base 100 en 75 , la FBCF se
situe à 300 en 89 , le PIB à 350 , les échanges mondiaux 375 et l’IDE à 800 , alors qu’il n’était encore qu’à 200 en
85 . Cette accélération de l’investissement direct a été facilitée et s’explique par l’intégration financière
internationale (les 3 D: désintermédiation , dérégulation , décloisonnement ) .

C. L’intégration financière internationale

1. Définition du Système monétaire international

M.BERNARD écrit : « Un SMI est un ensemble de règles et d’institutions qui régissent


comment , en quoi et à quel prix les monnaies s’échangent entre elles . »
Un SMI donne alors les taux de change qui est le prix d’une monnaie exprimé par rapport à
une monnaie étrangère.

Pour les problèmes posés par la fixation des taux de change :

Ainsi 3 questions se posent :


• la première est celle de la convertibilité : pour que l’échange international ait lieu , il est
nécessaire que le vendeur bénéficie d’une garantie , c’est-à-dire que la monnaie dans
laquelle il sera payé , représente un pouvoir d’achat ( la variation de ce pouvoir d’achat
et donc le risque encouru par le vendeur sera fonction du régime de change en vigueur :
fixe ou flottant ).
La deuxième celle des liquidités : c’est-à-dire les moyens de paiement internationalement
acceptés qui vont constituer les réserves de change des Banques Centrales ( dans le système
du Gold Standard , l’or est la liquidité en dernière instance , mais la livre est acceptée ; dans
le système du Gold Exchange Standard issu de Bretton Woods , le dollar devient la principale
réserve de change , car il est considéré équivalent à l’or : as so good as gold )

Pour voir que le SMI est un régime hiérarchisé


M.BERNARD écrit : « que les manifestations de la puissance et de la domination économique
s’opposent souvent » . Il distingue , pour le démontrer 3 critères :
• d’un point de vue commercial : un pays puissant qui dispose d’avantages compétitifs importants
se caractérise par des excédents commerciaux élevés et croissants ( ex : Japon , RFA ). Au
contraire , un pays dominant connaît généralement un déficit de sa Balance Commerciale , car
sa puissance industrielle est contestée . Mais sa puissance hégémonique lui permet de se
dispenser de rétablir l’équilibre de sa Balance Commerciale .( ex : GB fin XIX° , USA depuis 71 )
• d’un point de vue financier : la puissance financière consiste à être le bailleur de fonds du monde
, ( USA dans les années 50 ) , ce qui permet aux pays de vivre de ses rentes et d’exercer ainsi
une domination commerciale . Le déficit de sa Balance Commerciale est compensé par le revenu
des capitaux que ses résidents ont placés dans le reste du monde ( ex : GB à partir des années
1880 ) . La domination financière s’exerce , au contraire , quand l’excédent de la Balance des
capitaux ne permet plus de compenser le déficit de la Balance Commerciale , et donc que la
Balance des Paiements devient déficitaire ( ex : USA dans les années 80 ) . Le pays pompe donc
l’épargne du monde .
• d’un point de vue monétaire : la puissance consiste pour le pays qui émet la monnaie du monde
, la devise-clé à gérer son émission pour le bien de tous et non au service d’objectifs purement
nationaux ( ex : les USA durant les années 50 dans le cadre des accords de Bretton Woods qui
émettait des dollars pour financer le reconstruction des pays européens , tout en garantissant la
couverture or du dollar , ce qui maintenait la confiance ). Au contraire , la domination monétaire
s’exerce quand le pays émetteur de la devise clé se sert de la monnaie mondiale pour poursuivre
des objectifs internes , sans se préoccuper des répercussions que sa gestion monétaire a sur le
reste du monde , le pays dominant n’en supporte pas d’ailleurs les conséquences , car sa
monnaie étant la devise de référence , il peut attire l’épargne mondiale à des coûts plus bas que
ses partenaires ou financer son déficit sans pleurs ( sans plan d’adaptation de rigueur )en
émettant de la monnaie ( ex : les USA à partir des années 60 et surtout après 71 )
• Conclusion : Ainsi , on peut en conclure que le SMI met en relation des partenaires qui ne sont
pas situés sur un pied d’égalité et donc que les différences de puissance vont venir troubler son
fonctionnement , ce que démontre l’historique du SMI depuis 1945 (cf. cours d’histoire).

• La troisième celle de la formation des taux de change : qui joue un rôle essentiel dans la
compétitivité des produits ; le taux de change est le point de contact entre l’économie
nationale et le reste du monde . Le mode de fixation de ce taux de change va donc
exercer une grande influence .

2. Le SMI actuel : un régime de changes flottants : Vers le système financier


international ( SFI)(26-27 p 298 et, 8 p 312)

Pour la présentation et la critique par les libéraux des taux de change fixes :
- dans le cadre du SMI issu de Bretton Woods , la formation des cours de change est déterminée administrativement
par les autorités monétaires ; elles ne reflètent pas toujours le taux de change d’équilibre du marché qui résulte de la
confrontation entre l’offre et la demande de devises
- dans le système de changes fixes mais ajustables , qui est celui issu de Bretton Woods , quand le décalage
entre le cours vrai de la monnaie et le cours administré est trop important les autorités finissent par
décider un réajustement monétaire ( dévaluation ou réévaluation ) . Mais durant la période intermédiaire
, durant laquelle il ne se passe rien , les spéculateurs qui anticipent le réajustement vont se déchaîner , ce
qui va entraînait des coûts pour la Banque Centrale , qui doit défendre sa monnaie

o Définition

Le système de change actuel est basé sur les changes flexibles qui résulteraient de
l’application de la loi de l’offre et de la demande de devises

o Intérêts des changes flexibles

Selon les défenseurs en particulier les théoriciens monétaristes le flottement devait


permettre d’assurer un meilleur fonctionnement du SMI :
• les taux de change flexibles devraient permettre de déterminer les cours vrais du
marché : ceux qui reflétant la santé économique du pays ( on devrait donc se
rapprocher des taux de PPA ) .En effet , la tendance normale pour réaliser un gain étant
de vendre lorsque les cours sont élevés ( demande < offre entraîne une baisse du
cours de la devise ) , d’acheter lorsque les cours sont bas ( offre < demande , d’où une
augmentation du cours de la devise ); le taux de change devrait automatiquement
revenir à son point d’équilibre : celui de PPA .
• dès lors les banques centrales n’ont plus à détenir des réserves de change coûteuses
et souvent insuffisantes pour soutenir le cours de leur monnaie .
• le taux de change devient alors l’instrument principal de l’ajustement de chaque
économie . En effet , quand le pays connaît un déficit extérieur ( excédent ), on
observe une demande excédentaire ( déficitaire ) de monnaie étrangère qui entraîne
une dépréciation ( appréciation ) de la monnaie nationale et améliore ( handicape ) sa
compétitivité-prix . Dès lors , les exportations augmentent alors que les importations
sont handicapées , et la Balance Commerciale excédentaire ( déficitaire ) .
• les changes flottants permettent donc d’assurer l’autonomie des politiques monétaires
, qui n’ont plus désormais à intervenir pour soutenir les taux de change , dans le cadre
de marges préfixées . Le pays peut alors assigner sa politique monétaire aux objectifs
internes , puisqu’il n’a plus à assurer la stabilisation du taux de change .

Pour voir les raisons de la globalisation financière :

Comme l’écrit J.ADDA dans « La mondialisation de l’économie » :


• « la relative stabilité des taux de change observée dans les années 50 et 60 correspond à une
phase très particulière de l’histoire financière :
- celle de la prépondérance d’un système de financement public et de la répression organisée
de la finance privée .
- De façon significative , elle est contemporaine de l’apogée du système de l’Etat-Providence
dans la plupart des nations occidentales , autrement dit d’un système où la logique de
marché est largement encadrée par les interventions publiques au quadruple niveau de la
gestion conjoncturelle , de la concurrence et de la formation des prix , de la distribution des
revenus et de la protection sociale . ( ... )
- Ce keynésianisme à l’échelle internationale souffre cependant d’un défaut constitutif :
l’absence d’instances de régulation mondiale , susceptibles d’arbitrer entre les intérêts
divergents des différentes unités composant l’économie mondiale capitaliste , d’opérer des
redistributions exigées tant par l’équité que le bon fonctionnement de cette économie , de
surveiller l’activité des firmes et des banques multinationales et de promouvoir des
politiques d’intérêt planétaire »
• Tout ceci va être remis en cause à partir des années 60 quand les EU opèrent une gestion
égoïste du dollar , va être aggravé par le développement des firmes multinationales et va
recevoir le coup de grâce quand R.Reagan et M.Thatcher seront élus au début des années 80 et
appliqueront une révolution conservatrice qui sera à l’origine des 3 D :

D éf in i tio n : on doit distinguer :


• la désintermédiation : qui est le recours direct des opérateurs internationaux
au marché financier ( finance directe ) sans passer par les intermédiaires
financiers et bancaires( finance indirecte )
• du décloisonnement des marchés : qui correspond à l’abolition des frontières
entre des marchés qui jusque là étaient séparés : ouverture sur l’extérieur des
marchés nationaux . Mais aussi , on assiste à l’éclatement existant entre les
différents marchés . Désormais les marchés monétaires financiers des changes
, à terme , ... sont interdépendants . Le système financier international est donc
devenu un méga marché de l’argent qui se caractérise par une double unité : de
lieu , grâce à l’interconnexion des places financières , de temps puisqu’il
fonctionne en continu .
• de la déréglementation : qui a été le moteur de la globalisation . En effet , c’est
parce que les autorités monétaires des principaux pays industrialisés ont aboli
les réglementations qu’a pu se constituer un marché mondial du capital .

C o n clu sio n : Le SFI devait selon ses promoteurs assurer :


• une meilleure circulation des capitaux ,
• une meilleure allocation de l’épargne
• et une diminution du coût du crédit ,
• ce qui devait accroître l’efficacité du capital et donc la croissance économique
.

Pour en savoir plus sur les étapes de la mondialisation financière : un article de P.Jacquet dans Problèmes
économiques

Les principales étapes de la mondialisation financière


Sommaire

Libéralisation financière et régime de change


Innovation financière et progrès technique
Le mouvement de déréglementation
Références bibliographiques par Pierre Jacquet.

Si, historiquement, la mondialisation financière n'est pas un phénomène nouveau, sa profondeur et sa diffusion font
d'elle une des évolutions majeures des deux dernières décennies. Trois étapes marquent cette mondialisation :
l'effondrement du système monétaire international de Bretton Woods, les innovations financières et le mouvement
de déréglementation. Ces deux dernières entretiennent une dynamique et des relations complexes. Quelle est la part
de volontarisme des autorités gouvernementales en la matière ?
(...) Un processus comme celui de la mondialisation financière ne peut être vraiment daté. Il se nourrit de la
conjonction d'un certain nombre de facteurs : l'accroissement de l'interdépendance par le commerce et
l'investissement, l'évolution du système monétaire international dans les années soixante-dix, le progrès technique,
la concurrence et la déréglementation, la montée de la dette publique, la réalisation du marché unique européen,
l'ouverture financière dans les pays en développement et les négociations multilatérales sur l'échange des services
financiers.
Libéralisation financière et régime de change
L'effondrement du système monétaire international de Bretton Woods, entre 1971 et 1973, conduit en 1976 au
second amendement des statuts du Fonds monétaire international (FMI), dans le cadre des accords de la Jamaïque
qui entrent en vigueur en 1978 et sanctionnent le flottement entre les grandes monnaies. Dans un tel contexte, les
contrôles des mouvements de capitaux perdent leur intérêt, car le flottement des monnaies introduit une marge de
manoeuvre complémentaire pour gérer les déséquilibres potentiels de la balance des paiements. C'est avec le souci
de préserver la stabilité des taux de change que la mobilité des capitaux ne fait pas bon ménage, selon le fameux
"triangle de Mundell"(1), à savoir l'incompatibilité de la mobilité parfaite des capitaux, de la fixité des taux de
change et de l'autonomie des politiques monétaires au niveau national. L'acceptation du flottement des changes
ouvre donc la voie au démantèlement des barrières réglementaires, à un moment où nombre d'économistes,
notamment ceux de l'école de Chicago, recommandent précisément le flottement des taux de change et la liberté de
mouvement des capitaux susceptible de conduire à une meilleure allocation de l'épargne mondiale(2).

Innovation financière et progrès technique

Parallèlement, le progrès des technologies de l'information et de la communication facilite de plus en plus les
transferts et les montages financiers internationaux. La finance est en effet largement liée à la collecte et au
traitement de l'information(3). Les avancées informatiques sous-tendent également d'importants progrès des
mathématiques financières qui facilitent la tarification des nouveaux instruments. L'innovation financière connaît
dans les années quatre-vingt un développement fulgurant, élargissant considérablement le menu d'instruments
financiers à la disposition des acteurs, investisseurs, spéculateurs ou trésoriers d'entreprise. Les produits dérivés,
déjà utilisés sur les marchés des matières premières, se répandent : futures, swaps, options ou combinaisons de ces
différents éléments, sur les marchés des changes et les marchés des taux. Il s'agit de contrats construits à partir de
("dérivés" de) variables sous-jacentes (titres, taux d'intérêt ou de change, indices boursiers) et qui permettent de
couvrir certains éléments du risque et de transformer quelques-unes des caractéristiques financières de ces variables
sous-jacentes. Ils s'échangent soit sur les marchés organisés, soit de gré à gré. Ainsi, certains produits dérivés
permettent l'échange d'actifs financiers à taux fixes en actifs à taux variables, ou de titres libellés dans une certaine
devise ou dans une autre. D'autres, les options, donnent le droit d'acheter (option call) ou de vendre (option put) un
actif financier à un prix fixé et avant une date déterminée(4).
L'innovation financière permet de décomposer le risque en plusieurs composants et d'échanger ces composants sur
les marchés. Elle contribue à mettre ainsi en correspondance, pour les différents agents, le risque désiré et le risque
effectivement pris. Elle facilite donc l'activité économique et l'allocation des ressources. Elle conduit cependant à
une complexification croissante des transactions financières et des canaux de prise de risque, posant aux autorités
de réglementation et de supervision, qu'elles soient publiques ou privées au sein des grands groupes, des problèmes
considérables de suivi et d'analyse des risques, mais aussi de définition des modalités de réglementation, de contrôle
et d'intervention.
Dès lors, les excès sont difficiles à déceler et peuvent entraîner des ruines spectaculaires : les plus marquantes
furent celles de Metallgesellschaft, perdant 1,3 milliard de dollars sur des futures pétroliers en décembre 1993 ;
d'Orange County aux États-Unis, avec une perte de 1,7 milliard de dollars en décembre 1994 due à une spéculation
malheureuse à la baisse des taux d'intérêt sur des produits dérivés sur taux d'intérêt et sur des titres de dette
publique ; de la banque Barings qui, suite aux agissements incontrôlés de Nicholas Leeson (28 ans), a perdu près
d'un milliard et demi de dollars sur l'indice Nikkei en février 1995 ; ou encore de Sumitomo Corporation qui, en
mars 1995, a perdu 1,8 milliard de dollars sur des futures sur le marché du cuivre après avoir caché les pertes
pendant de nombreuses années(5). Et, bien sûr, la faillite du fonds spéculatif LTCM (Long Term Capital
Management) en octobre 1998, qui montre combien les montages les plus sophistiqués ne protègent pas même des
prix Nobel contre un risque de liquidité résiduel que rien, finalement, ne permet d'évacuer.

Le mouvement de déréglementation

Innovation, concurrence et déréglementation vont de pair. Le terme "déréglementation" n'est en fait pas approprié
pour décrire l'évolution observée. En effet, il s'agit davantage d'une adaptation de la réglementation existante, qui
conduit à éliminer certaines réglementations, que la concurrence et l'innovation rendent coûteuses ou désuètes, et à
les remplacer par d'autres réglementations plus efficaces. Ce terme véhicule donc l'image trompeuse d'un marché
livré à lui-même sans contrôle ni supervision. Cette image provient également du fait que l'évolution de la
réglementation correspond cependant bien à une libéralisation des marchés. Elle laisse davantage de liberté aux
différents intervenants, autorise un vaste menu de transactions et repose sur la notion d'un contrôle moins intrusif.
La dialectique réglementation/innovation, suivant laquelle l'innovation répond à la réglementation existante, la
rend désuète et conduit à la "déréglementation", apparaît comme une constante dans l'évolution historique des
marchés financiers(6). Elle rend difficile tout exercice qui consisterait à juger si les mouvements observés sont dus
aux décisions des gouvernements ou à la dynamique des marchés. Les décisions sont importantes, mais elles
traduisent souvent des réactions aux évolutions, plutôt que des démarches volontaristes pour façonner ces
évolutions.
Il n'en reste pas moins que d'importantes décisions de déréglementation ont été prises dans les vingt dernières
années(7). C'est aux États-Unis que le mouvement commence au début des années quatre-vingt, avec un ensemble
de mesures destinées à encourager la concurrence sur les marchés financiers, la poursuite de l'élimination des
plafonds de taux d'intérêt engagée dès la seconde moitié des années soixante-dix et, pour renforcer l'attrait du
marché américain, l'élimination en 1984 de la retenue à la source de 30 % sur les intérêts d'obligations souscrites
aux États-Unis par des étrangers. La place de Londres embraye en préparant dès 1983 le "Big Bang" d'octobre
1986, qui met fin aux commissions fixes sur les transactions financières et à la distinction entre les courtiers
(brokers) et les contrepartistes (market makers), qui ouvre la Bourse à des participations extérieures et qui met en
place un système informatisé de transactions en continu. Cette réforme bouleverse les conditions de concurrence sur
les places financières et pousse les autres places à s'engager également dans un mouvement de déréglementation.
Ce mouvement a été amplifié par l'Union européenne avec la création du marché unique, qui portait notamment sur
la libre circulation des capitaux et le libre-échange des services financiers. La libéralisation de la finance
européenne a progressé rapidement tout au long des années quatre-vingt. Les derniers verrous ont sauté avec la
directive européenne sur la mobilité des capitaux, adoptée en 1987. En France, le début des années quatre-vingt a
été marqué par l'instauration de contrôles des capitaux visant à permettre au pays de mener des politiques
économiques différentes de celles de ses voisins tout en maintenant le franc au sein du Système monétaire européen
(SME). Dès 1983, cependant, la politique économique a opéré un virage à 180 degrés, et le gouvernement a
délibérément poursuivi la modernisation de la place de Paris et la déréglementation(8). Il s'agissait alors
notamment d'attirer les financements étrangers et de diminuer le coût du service de la dette publique.
Nombre de pays en développement ont également considérablement libéralisé leurs marchés financiers, notamment
dans le but d'attirer les investissements étrangers. La littérature économique s'est également penchée, au début des
années quatre-vingt-dix, sur le rôle du développement de la finance dans le processus de croissance, poursuivant
ainsi les travaux antérieurs sur les défauts des systèmes financiers "réprimés" dans lesquels les transactions sont
pénalisées et les signaux de prix distordus(9). Enfin, les négociations du cycle de l'Uruguay sur les services
financiers, longues et délicates, ont aussi contribué à porter l'attention sur le fonctionnement des marchés
financiers, sur la différence entre libre mobilité des capitaux et non-discrimination sur les marchés, sur l'avantage
de la libre concurrence entre institutions financières nationales et étrangères, dans les pays industrialisés aussi bien
que dans ceux en développement(10). (...)
Source : Problèmes économiques, n° 2669 Pierre Jacquet, directeur adjoint de l'IFRI (Institut français des relations
internationales), rédacteur en chef de Politique étrangère.

D. Vers la disparition de l’Etat-Nation et la remise en cause des politiques économiques

La mondialisation a alors une conséquence : les autorités publiques ne peuvent plus mener de manière
indépendante leur politique économique. Leur seule tâche est alors de rendre leur territoire attractif pour attirer les
FTN ( docs 1 p 266 , 5 p 267)

Pour en savoir plus :

Constat : Comme l’écrit J.ADDA, dans la mondialisation de l’économie :


• « L’intégration croissante des parties constituant le tout de l’économie mondiale donne à celle-ci une
dynamique propre , échappant de plus en plus au contraire des Etats et portant atteinte à certains attributs
essentiels de leur souveraineté , tel le contrôle monétaire et la gestion de la finance publique .
• La mobilité des données, des images et des capitaux devenue extrême , grâce à la révolution des
communications rend désuète , dans nombre de domaines les notions de frontières ou de territoires » .
• Ainsi, la multiplication des innovations financières qui ont conduit les salles de marché à assurer une
optimisation du rendement à l’échelle mondiale ont rendu les mouvements de fonds privés plus importants
que les réserves des Banques Centrales .

Conséquences : Dès lors, les politiques économiques en sont totalement transformées.


• Comme l’écrit R.Boyer : « Les milieux financiers internationaux évaluent et anticipent en permanence les
décisions des pouvoirs publics, au point de constituer un contre-pouvoir, apparemment anonyme mais
puissant ».
• Ainsi, les autorités publiques auraient pour seule mission aujourd’hui d’opérer une gestion des finances
publiques conduisant à un équilibre, afin d’attirer les placements privés, d’appliquer des politiques
économiques visant seulement à rendre attractif le territoire national , afin que celui-ci demeure compétitif
sur la scène mondiale , et que les firmes transnationales cherchent à y développer leurs investissements
directs .l’Etat serait donc moins gros , mais plus efficace .

On assisterait ainsi, selon de nombreux auteurs libéraux , à une mondialisation de l’économie qui signifierait
( selon F.Fukuyama cf chapitre introductif ) la fin de l’histoire et de la géographie , l’économie de marché
traduisant l’état naturel de la société universelle , pour le bien-être de tous(7 p 312) . Néanmoins cette vision
parait trop idyllique et mérite d’être relativisée

Partie 2 – Une relativisation de la mondialisation


I. L’entreprise globale entre mythe et réalité

Il est nécessaire de remettre en cause certaines idées préconçues sur les FTN .

A. Les FTN conservent toujours une base nationale

Excepté les FTN issues des petites économies ouvertes, pour lesquelles une division du travail à l’échelle
internationale s’impose (Nestlé Suisse, Electrolux Suède emploient respectivement 96 et 82 % de leurs salariés hors
de leur pays d’origine. On ne constate pas réellement d’entreprises véritablement globales

Pour en voir les raisons :

• les grandes FTN, en particulier américaines, pourtant engagées de longue date dans un processus
d’internationalisation, n’ont que très partiellement multinationalisé leur production.
• l’incorporation de dirigeants étrangers dans la haute hiérarchie des entreprises multinationales reste tout à
fait exceptionnelle
• la transnationalisation des marchés financiers ne semblent pas avoir entraîné une diversification
géographique des sources de financement des FTN. Elles continuent à financer leurs investissements sur les
marchés financiers locaux
• bien que la demande se globalise, que quelques produits emblématiques se diffusent dans le monde entier
( coca-cola, Windows,... ), cela ne signifie pas, qu’à terme les modes de vie s’homogénéisent. La majeure
partie de la consommation reste conditionnée par des déterminants spécifiques à chaque société. De ce fait,
les FTN, en dépit de leurs efforts, ne peuvent transformer en profondeur des comportements inscrits dans
l’histoire. Elles doivent donc, plutôt que des biens destinés au marché mondial, répondre à des demandes
différenciées selon les pays.
• l’idée de techno globalisme est encore plus profondément démentie. Comme l’écrit R.Boyer : « Non
seulement les pays protègent différemment les droits de la propriété intellectuelle, mais encore les grandes
firmes continuent à considérer que l’innovation constitue la source de leur compétitivité, et qu’à cet égard,
elle ne doit pas être disséminée sur des espaces géographiques qui seraient hors de son contrôle direct ou
indirect, via l’Etat de leur nation d’origine. »

Conclusion : Ainsi, on peut en conclure avec R.Boyer que « la firme globale relève plus du projet, voire du mythe
que de la pratique des grandes FTN. La trajectoire de celle-ci reste marquée par l’histoire longue de leur
constitution et de leur évolution sur un espace national particulier. »
B . Les FTN , un bilan contrasté

Le postulat libéral : Comme l’indique CA Michalet : « dans l’optique de la conception ultra-libérale (... ),
l’implantation des FMN doit jouer un rôle d’entraînement automatique sur les structures productives locales.
L’investissement étranger joue le même rôle que la création de pôles de croissance. »

Les limites : Mais, en réalité, les effets d’entraînement sur les économies en voie de développement sont
relativement réduits, pour 3 raisons essentiellement selon Michalet :
• les entreprises des PVD ne sont généralement pas capables de livrer des produits dont les qualités
correspondent aux attentes des FMN.
• elles ne sont pas compétitives, car elles utilisent généralement des technologies dépassées et parce qu’elles
sont mal gérées.
• elles n’arrivent pas à produire dans les délais qui sont impartis par la firme.

Pour voir l’évolution des relations entre PVD et FTN :

Conséquences : Dès lors :la multinationale préfère internaliser sa production en assurant une décomposition
internationale des processus productifs. Comme le conclue Michalet : « l’intérêt des FMN et la préoccupation
industrialisante des pays membres ne coïncident donc pas » On comprend alors
• pourquoi, en particulier dans les années 60 et 70, les PVD ont été très méfiants à l’égard des FMN et : « ont
opéré une discrimination entre les investissements nationaux et les investissements étrangers.
• Néanmoins, à partir des années 1980, les PVD ont été obligés de changer d’attitude par rapport aux FMN. :
- Comme l’indique B Coriat Et D Taddei : « avec la globalisation l’objectif principal des Etats n’est plus
de contrôler les activités des firmes étrangères ; il est de les attirer. »
- En effet, avec l’abandon de la stratégie d’ISI remplacée par la SPE ( voire supra), les PVD ont essayé
d’attirer les FMN qui, selon eux, sont à l’origine du succès des NPI ( cette opinion est à relativiser,
puisque dans un pays comme la Corée du Sud, l’Etat s’est efforcé de freiner l’implantation des FMN afin
de maintenir son indépendance ).
- La concurrence que se livre aujourd’hui les pays pour attirer les multinationales ne signifie pas que
ceux-ci se développeront ; par contre, ils considèrent que sans apport du capital étranger, ils ne se
développeront pas ; c’est donc une condition nécessaire mais non suffisante.

Conclusion : Comme nous l’avons vu précédemment, la stratégie des FMN n’est pas sans inconvénient pour les
pays riches ; les délocalisations qui sont opérés par les FMN conduisent à des résultats ambigus :
• Selon certains, elles ne feraient que reprendre, en l’adaptant au nouveau contexte, la logique ricardienne,
chaque pays se spécialisant dans la production pour laquelle il a un avantage comparatif ; les FMN, en
s’implantant dans les PVD, détruisent certes des emplois peu qualifiés dans les PDEM, mais vont contribuer
à leur développement et donc à fournir des débouchés aux industries de haute technologie des PDEM.
• Pour d’autres au contraire dont Reich, les délocalisations ne font que traduire l’intérêt égoïste des firmes qui
ne recoupe pas l’intérêt des nations dont elles sont issues. De même les 3 D n’ont pas eu les effets vertueux
qu’ils devaient engendrer.

II – Les mécomptes du SFI

Contrairement à ce qu’affirmaient les libéraux, la volatilité des taux de change est beaucoup plus forte depuis
l’instauration des taux de change flexibles, ce qui a généré plus de spéculation

Pour en savoir plus sur les critiques des changes flottants :

Un constat critique : Comme l’indique J.Adda :


• « le moins que l’on puisse dire au vu des variations considérables des principaux taux de change bilatéraux
depuis 73 ( exemple : la volatilité du DM par rapport au $ ) est que les vertus stabilisantes attendues des
changes flottants sont demeurées jusqu’ici fort discrètes.
• Loin d’avoir modéré l’instabilité intrinsèque du régime des changes flexibles, la spéculation rendue plus
facile et plus puissante que jamais par la globalisation financière l’a porté à son paroxysme,
• amenant les Banques Centrales les plus résolument monétaristes ( les plus favorables au nouveau système ) à
intervenir sur les marchés des changes pour tenter, de temps à autre, de ramener la parité des monnaies vers
des niveaux plus conformes aux données économiques fondamentales ( cf. PPA ).

Les explications : elles sont multiples :


• En pratique, 95% de la valeur des transactions réalisées sur les marchés des changes correspondent à des
mouvements financiers indépendants des opérations sur les biens et services ( le volume des opérations de
change est 50 fois plus importants que la valeur du commerce des biens et services, d’où selon D.Plihon : «
un découplage croissant entre les activités financières et l’économie réelle » ).
• Les phénomènes de surréaction des taux de change ( c’est-à-dire d’une réaction de taux de change excessive
par rapport aux facteurs qui l’ont suscité ou par rapport au taux de change d’équilibre de long terme ) et de
bulles spéculatives ( la valeur des titres et des monnaies augmente sans que la situation économique des pays
concernés justifie cette envolée, puis s’effondre lorsque se dégonfle la bulle, de façon disproportionnée : ex la
crise mexicaine ) ont ainsi pu être expliqués par la déconnexion croissante entre la sphère financière et
l’économie réelle ( entre 80 et 88, le PIB des pays de l’OCDE a été multiplié par 1,95 ; les flux commerciaux
par 2, les flux d’investissements directs par 3,5 ; les flux financiers par le marché des changes par 8,5 ; en 80,
le rapport flux financiers / réserves de change des Banques Centrales était de 0,58 ; en 89, il est passé à
1,35 ). »
• J.Adda poursuit : « l’autonomie théoriquement restituée aux politiques monétaires par le flottement des
monnaies suppose que celle-ci puisse se désintéresser, à l’heure de la mondialisation d’une variable aussi
stratégique que le taux de change. Or, les fluctuations des taux de change affectent de multiple façon
l’évolution économique :
- elles créent tout d’abord une incertitude majeure sur l’évolution des prix, des biens et des services en
devises qui est préjudiciable aux échanges avec l’extérieur
- elles affectent ensuite la compétitivité de l’offre nationale et donc l’activité et l’emploi
- elles se répercutent sur le niveau général des prix et peuvent ainsi contrarier la politique économique du
gouvernement
- elles encouragent enfin les comportements spéculatifs qui se nourrissent de cette incertitude, concernant
l’avenir en même temps qu’ils l’entretiennent.
Conclusion : Pour toutes raisons, il est rare que le flottement des monnaies soit pur, autrement dit que l’autonomie
de la politique monétaire soit parfaite ».Mais :
• comme le constate D.Plihon, « le nouveau SFI est intrinsèquement instable, car il consacre la suprématie des
forces du marché sur les politiques économiques, désormais ce sont les marchés qui décident si les politiques
économiques nationales sont bonnes, les autorités monétaires ne peuvent plus grand chose pour défendre leur
taux de change face à la spéculation » .
Néanmoins, il ne faut pas en conclure que les autorités publiques sont totalement désarmées et sont condamnées à
une stratégie de laissez-faire laissez-passer . Elle dispose, en effet de marges de manœuvre non négligeables :
l’impuissance sur laquelle elles mettent l’accent, qui résulterait de la mondialisation, a pour objectif de se défausser
de leurs erreurs ou leur incapacité sur un deus ex machina « Autrement dit la mondialisation. »

III – Le temps des nations n’est pas fini

Constat : Comme le constate R.Boyer : « en dépit de la multiplicité des facteurs de déstabilisation, les espaces
nationaux sont loin de s’être fondus dans un nouvel ensemble complètement mondialisé. En effet, paradoxalement,
la mise en concurrence des différents capitalises semble avoir stimulé leur différenciation. » Ainsi, on pourrait
opposer :
• à une logique anglo-saxonne préférant le court terme,
• un modèle rhénan et japonais misant sur la stimulation de l’innovation productive et la compétitivité de long
terme.

Remarque : Il ne faut pas en outre surévaluer l'influence des marchés financiers internationaux sur les politiques
économiques. Certes :
• le keynésianisme à l’échelle nationale semble mis à mal, cédant la place à une nouvelle orthodoxie ( une
pensée unique ? ) privilégiant stabilité monétaire et compétitivité extérieure.
• Néanmoins, le style des politiques économiques demeure imprégné de fortes spécificités nationales.:
- la nature et l’ampleur des interventions publiques,
- le degré de coopération capital - travail permis par les relations industrielles,
- la qualité de la spécialisation industrielle,
- la politique de formation,
- la mise en place d’infrastructures
- Ces éléments définissent autant de contraintes ou d’opportunités pour la politique économique et
façonnent par la même des stratégies nationales fortement contrastées.

Conclusion : Il ne faut pas oublier que :


• si les Etats sont de plus en plus dépendants des marchés financiers internationaux, la contribution des
capitaux à court terme (spéculatif) au taux d’investissement national demeure faible : on ne finance pas par
des capitaux à court terme un ambitieux programme d’investissement, excédant largement les capacités
d’épargne nationale, comme l’a montré la crise mexicaine de 94-95.
• L’accès à la finance internationale est tout à la fois une opportunité et un risque, qui n’altèrent pas
fondamentalement les conditions du développement :aide toi et le ciel t’aidera. Ainsi, si les pays du sud-est
asiatique connaissent des rythmes de croissance très élevés, c’est parce qu’ils ont mené des politiques
économiques efficaces, ils épargnent beaucoup, les financements extérieurs ne représentant qu’un
complément à un processus de développement largement internalisé (même si celui-ci semble mis à mal
aujourd’hui par la crise qu’ils ont connu en 1998 ).
• Dès lors, il semble irréaliste de laisser les marchés imposer leur loi aux Etats et aujourd’hui de nombreux
auteurs préconisent des mesures, visant à limiter les inconvénients générés par les 3 D .

Pour voir les solutions préconisées :


D.Plihon écrit :
• « il n’est ni possible ni souhaitable de modifier tous les aspects de la globalisation financière. La
mondialisation des échanges mondiaux et financiers est une tendance lourde aux effets globalement positifs.
• Mais, contrairement à ce qu’affirme le credo libéral, le SFI est intrinsèquement instable. Il ne peut
s’autoréguler, d’où la nécessité d’une régulation publique supranationale qui redonnerait une certaine
efficacité aux politiques de stabilisation. Selon l’image de J. Tobin , il faut « mettre des grains de sables dans
les rouages » trop bien huilés du SFI. En clair, introduire des limites à la libre circulation des capitaux.

Les solutions : Deux types de solutions ont été envisagés :


• Reréglementer ou taxer les opérations financières pour en réduire leur rentabilité et décourager ainsi les
transactions purement spéculatives( 30 p 327). La communauté financière internationale qui vient de se livrer
à une surenchère à la baisse de la fiscalité financière n’est certainement pas prête à accepter le principe de la
taxation (cf.la difficulté à faire accepter le principe de la taxe Tobin)
• en revanche, il apparaît possible d’atteindre un résultat voisin en instaurant de nouvelles règles prudentielles
pour limiter les risques pris par les opérateurs à la recherche des plus-values. Mais prendra-t-on de telles
mesures sans attendre que surviennent de nouvelles crises sur les marchés financiers et sur le marché des
changes, crises toujours coûteuses pour l’activité et donc pour l’emploi. »
Une autre possibilité envisageable si les pays n’arrivent pas à s’attendre au niveau international est de développer
des règles au niveau régional, c’est en particulier la stratégie développée par l’Europe quand elle a décidé de mettre
en place le SME
Chapitre : mondialisation et Notions du référentiel : avantages comparatifs,division
internationale du travail,libre-échange
internationalisation des échanges

Fiche 2 – Les raisons de l’échange international


Les analyses traditionnelles du commerce international

Pour voir l’évolution des idées «économiques depuis le XVII° siècle ne ce qui concerne les échanges
internationaux :

Ha-Joon Chang.écrit que :

Selon ce que j'appelle " l'histoire officielle du capitalisme ", et qui nourrit le débat sur le développement et la
mondialisation, le monde s'est développé au cours des derniers siècles de la façon suivante.

• A partir du XVIIIe siècle, on assiste à la réussite industrielle du " laisser-faire ". La Grande-Bretagne
prouve la supériorité de l'économie de marché et du libre-échange en devançant la France, dirigiste, son
principal concurrent à l'époque, et en s'instituant comme le pouvoir économique mondial suprême. Une
fois qu'elle eut abandonné la déplorable protection de son agriculture (la loi sur les blés) et les autres
reliquats de mesures protectionnistes mercantilistes en 1846, elle fut en mesure de jouer le rôle d'architecte
et de puissance tutélaire d'un nouvel ordre économique mondial " libéral ". Cet ordre mondial, mis au
point vers 1870, était fondé sur une politique industrielle interne de " laisser-faire ", de faibles barrières
pour les flux de marchandises, de capitaux et de main-d'oeuvre, et sur la stabilité macroéconomique, à la
fois nationale et internationale, garantie par l'étalon-or et par le principe de l'équilibre budgétaire. Il
s'ensuivit une période de prospérité sans précédent.

• Malheureusement, si l'on en croit cette histoire, les choses se sont gâtées avec la Première Guerre
mondiale. En réaction à l'instabilité qu'elle a provoquée dans le système politique et économique mondial,
les pays ont recommencé à ériger des bar rières douanières. En 1930, les Etats-Unis abandonnent eux aussi
le libre-échange et augmentent leurs droits de douane avec la loi scélérate Smoot-Hawley (2), que le
célèbre économiste libéral Jagdish Bhagwati désigna comme " l'acte le plus éclatant et le plus dramatique
de la sottise antilibérale " (Bhagwati, 1985, p. 22, note 10). Le système mondial de libre-échang+ prit fin
en 1932, quand les Britanniques, jusque-là champions du libéralisme, succombèrent à la tentation et
réintroduisirent des droits de douane. La contraction et l'instabilité de l'économie mondiale qui en
résultèrent, puis la Seconde Guerre mondiale, détruisirent les derniers vestiges du premier ordre mondial
libéral.

• Après la Seconde Guerre mondiale, quelques progrès significatifs furent faits en matière de libéralisation+
des échanges par le biais des premières discussions du Gatt (l'Accord général sur les tarifs douaniers et le
commerce). Toutefois, les approches dirigistes du management de l'économie dominèrent
malheureusement la scène politique jusque dans les années 70 dans le monde développé et jusqu'au début
des années 80 dans les pays en développement+ (ainsi que dans les pays communistes jusqu'à leur
effondrement en 1989). Selon Sachs et Warner (1995), de nombreux facteurs contribuèrent à la poursuite
du protectionnisme+ et de l'interventionnisme dans les pays en développement (p. 11-21). Il y avait les
" mauvaises " théories, comme celle des " industries naissantes ", celle de la " grande poussée " (the Big
Push) et le structuralisme latino-américain, sans parler de diverses théories marxiennes. Il y avait aussi les
dividendes politiques du protectionnisme, tels que le besoin de construire une nation et celui d'" acheter "
certains groupes d'intérêt. Enfin, il y avait les héritages du contrôle du temps de guerre, qui persistaient en
temps de paix.

• Par bonheur, dit-on, les politiques interventionnistes ont été largement abandonnées dans le monde depuis
les années 80 avec l'essor du néolibéralisme, qui a mis l'accent sur les vertus du gouvernement modeste,
des politiques de " laisser-faire " et de l'ouverture internationale. A la fin des années 70, notamment dans
les pays en développement, la croissance économique a commencé à chanceler dans tous les pays, en
dehors de l'Asie de l'Est et du Sud-Est, où l'on pratiquait déjà les " bonnes " politiques économiques
(économie de marché et libre-échange). Cet échec de la croissance, qui s'est fréquemment manifesté par
des crises économiques au début des années 80, montrait les limites de l'interventionnisme et du
dirigisme+ à l'ancienne. En conséquence, de nombreux pays en développement ont choisi de réorienter
leur politique dans un sens néolibéral.

• Lorsqu'ils se combinent avec la mise en place de nouvelles institutions de gouvernance+ comme l'OMC,
ces changements de politique au niveau national forment un nouveau système économique mondial,
comparable par sa prospérité - potentielle, du moins - au premier " âge d'or " du libéralisme (1870-1914).
Renato Ruggiero, le premier directeur général de l'OMC, soutient que, grâce à ce nouvel ordre mondial,
nous pouvons désormais " éradiquer la pauvreté dans le monde dès les débuts du siècle prochain (le XXIe)
- une utopie il y a seulement quelques décennies, mais une réelle possibilité aujourd'hui " (1998, p. 131).

Partie 1- La vision mercantiliste de l’échange : un jeu à somme nulle

I. Le contexte économique et social

Constat : Les mercantilistes vivent dans un monde économique qui ne connaît pas de
croissance économique durable.

Conséquences : Ils en sont donc conduits à conclure que le stock de richesses dans le
monde est constant, c’est-à-dire qu’il a été déterminé une fois pour toutes par Dieu et qu’il
ne pourra évoluer.

II. L’échange international , un jeu à somme nulle

répercussions théoriques : Dès lors, cela va influencer la vision que les mercantilistes
ont du commerce international. Ils en sont amenés à conclure que l’échange
international est un jeu à somme nulle, que ce que gagnent les uns est forcément
perdu par les autres. Les pays se livrent donc une guerre économique.

III. L’économique inféodée au politique

Mesures de politique économique pronées : Chaque pays va alors chercher à :


• développer ses exportations en favorisant son industrie nationale ( exemple : les
manufactures royales de Colbert ) tout en essayant d’importer le moins possible afin
d’obtenir un excédent commercial.
• Le pays connaîtra alors une entrée d’or qui épuisera le stock d’or de ses partenaires,
• le pays gagnera alors en puissance politique, le roi pourra alors financer son armée et
conquérir de nouveaux territoires.

Conclusion : On se rend donc bien compte que l’objectif du mercantilisme n’a pas une
finalité économique mais politique, ce qui démontre qu’à cette époque l’économie n’occupe
pas la place qu’elle occupera à partir de Smith.
Partie 2 – Les théories classiques de l’échange
I. Une remise en cause de l’analyse mercantiliste

La théorie classique de l’échange introduite par Smith rompt avec la théorie mercantiliste.

A. le contexte économique et social.

Constat : En effet, elle se situe dans un autre cadre économique : c’est une période de
bouleversements économiques (cf la révolution industrielles)
Répercussions : Smith envisage pour la première fois la possibilité d’une croissance
économique durable et auto entretenue.

B. L’échange international , un jeu à somme positive

Conséquences : Dès lors, l’échange international devient un jeu à somme positive, non
plus nulle. En effet, chacun des 2 partenaires, en se spécialisant, va bénéficier d’une
amélioration de son bien-être.

Conclusion : On voit bien ici que s’impose la logique libérale chère à Smith : chacun des
deux partenaires n’échange que s’il y trouve son intérêt. C’est l’extension au niveau
international de la vision contractualiste et individualiste que Smith a développé au niveau
individuel, puis national.

C. la suppression des politiques mercantilistes :

Mesures de politiques économiques pronées : Il faut alors tout faire pour que les
échanges puissent être réalisés le plus facilement possible, en particulier Smith est
favorable à la suppression des barrières douanières et des protections que les
mercantilistes avaient accumulées ( suppression des privilèges des différentes compagnies
des Indes )

II. La théorie des avantages absolus d’A.Smith ( 1p 256 , 1 et 2 p 399)

A. une analyse individualiste

Smith s’inscrit dans le cadre d’un homo oeconomicus égoiste et rationnel qui ne
recherche que son intérêt matériel

Pour voir l’exemple de Smith :


l’exemple de référence : Smith part de l’exemple d’un chef de famille : « la maxime de
tout chef de famille prudent est de ne jamais essayer de faire chez soi ce qu’il lui coûtera
moins cher à acheter qu’à faire (... ) Il n’y en a pas un qui ne voit qu’il y va de son intérêt
d’employer son industrie toute entière dans le genre de travail dans lequel il a quelque
avantage sur ses voisins et d’acheter toutes les autres choses dont il peut avoir besoin avec
une partie du produit de cette industrie » .

B. la société résulte de l’agrégation des comportements individuels :

le principe : Smith va alors passer du niveau micro-économique au niveau macro-


économique en agrégeant les comportements individuels ( cf. le raisonnement de la main
invisible ) : « ce qui est prudence dans la conduite de chaque famille en particulier, ne
peur être folie dans celle d’un grand empire. Si un pays étranger peut nous fournir une
marchandise à meilleur marché que nous ne sommes en l’état de l’établir nous-mêmes il
vaut mieux que nous la lui achetions avec quelque partie du produit de notre propre
industrie employée dans le genre dans lequel nous avons quelque avantage. »

Pour un exemple de compréhension : Smith prend alors l’exemple de la production de vin de


Bordeaux en Ecosse afin de démontrer que la protection serait peut-être possible mais non
rentable, car :
• la France dispose d’un climat, de terrains propices à la production de vin qui lui
confère un avantage absolu dans le vin.
• Dès lors l’Ecosse a intérêt à se spécialiser dans la production de biens dont elle dispose
d’avantages absolus ( ex : le saumon ), à ouvrir ses frontières, à importer du vin et à
exporter du saumon,
• ce qui améliorera le bien-être des français et des écossais(jeu à somme positive).

C. les limites de la théorie de Smith :

Mais la théorie de Smith, pour moderne qu’elle soit, n’est pas sans inconvénient. En effet :
- elle est très limitée puisqu’elle ne concerne que les productions pour lequel les
pays disposent d’un avantage absolu d’origine naturelle. Dès lors, le pays ne
disposant d’aucun avantage ne peut échanger, ce qui limite le développement du
commerce.
- Smith est peu clair sur l’origine des avantages absolus

Pour en savoir plus :Smith lui-même se contredit quand il écrit : « l’avantage qu’a un artisan
sur son voisin qui exerce un autre métier n’est qu’un avantage acquis et cependant tous les
deux trouvent plus de bénéfice à acheter l’un de l’autre que de faire eux-mêmes ce qui ne
concerne pas leur aptitude particulière. » Dans l’exemple de l’Ecosse, l’avantage absolu est
d’origine naturelle ; dans celui de l’artisan, il est acquis ; la différence est essentielle. En
effet, le pays ne dispose alors d’un avantage absolu que parce qu’il s’est spécialisé ; un
autre pays pourrait très bien faire la même chose en protégeant son industrie.

Conclusion : la théorie de Smith est très moderne car elle est la première à rompre avec la
conception mercantiliste de l’échange à somme nulle, mais elle reste très frustre et peu
approfondie.

III. La théorie des coûts comparatifs de Ricardo ( 1p 256)

A. les hypothèses de base du modèle de Ricardo

Cette théorie est basée sur 6 hypothèses qui doivent toutes être vérifiées simultanément
pour que l’analyse de Ricardo demeure valable
• Hypothèse n° 1:Principe de la libre circulation à l’intérieur de chaque pays : il
n’existe aucune entrave au libre déplacement des marchandises et des facteurs de
production (capital et travail) ( 5 p 400 )
• Hypothèse n°2 : à l’échelle internationale, les marchandises se déplacent
librement. Par contre, les facteurs de production sont immobiles.(3 p 494)

Pour voir l’importance de ces 2 hypothèses : Comme l’écrit R.Sandretto, « ces 2 hypothèses
reprises également par les théoriciens néo-classiques sont très importantes ; elles fondent
la spécificité du commerce international, ce sont elles qui expliquent en quoi les échanges
internationaux diffèrent des échanges intérieurs. » En particulier, dès lors que les facteurs
de production sont mobiles de pays à pays, toutes l’analyse de Ricardo( mais aussi celle
d’HOS ) est remise en cause.

• Hypothèse n°3 : dans chaque pays, les marchés de biens et de facteurs sont
soumis à la concurrence pure et parfaite.
• Hypothèse n°4 : Ricardo retient la loi de la valeur travail, ce qui signifie que bien
que les entreprises utilisent du travail et du capital simultanément, les marchandises
s’échangent en proportion des quantités de travail nécessaires à leur fabrication ( le
capital étant du travail accumulé ).
• Hypothèse n°5 : quel que soit le bien considéré, sa production est supposée
exiger la mise en oeuvre de facteurs (travail, capital, ressources naturelles )
dans des proportions fixes. Pour produire un bien, une seule technique est
disponible à un moment donné et dans un pays donné (il n'y a pas de possibilité de
substitution entre facteurs : exemple on ne peut remplacer du travail par du capital).
• Hypothèse n°6 : la production s’effectue à coût ou à rendements d’échelle
constants, c’est-à-dire que le pays ne dispose d’aucun avantage à produire à grande
série plutôt qu’en petite.

B. l’exemple de la GB et du Portugal (4 p 400)

Ricardo prend l’exemple du Portugal et de la Grande-Bretagne qui ne produisent que 2


biens : du vin et du drap. Ricardo va s’efforcer de démontrer que les deux pays vont
échanger et qu’ils vont tous les 2 y trouver un avantage, même si le Portugal a des
avantages absolus dans les deux productions.
Quantité de travail nécessaire à la fabrication d’une unité (mesurée en GB Portug
nombre d’hommes) al
Vin 120 80
Drap 100 90

Pour voir la logique smithienne de cet échange : Si l’on prend la logique smithienne :
• le Portugal dispose par rapport à la Grande-Bretagne d’un avantage absolu dans les 2
productions puisqu’il lui faut moins d’heures de travail pour produire du vin (80 contre
120) et du drap (90 contre 100). Smith en conclurait que les 2 pays n’échangeraient
pas puisque le Portugal dispose d’un avantage absolu dans les 2 cas.

• Si chaque pays désire produire une unité de chaque bien, les coûts de production
mondiaux en situation autarcique sont de:120 + 100 +80 +90 = 390 heures de
travail. Si le Portugal consacrait sur son territoire toute la production mondiale, les
coûts de production deviendraient : (2x 80) + (2 x 90) = 340 heures. On observe donc
une nette amélioration, mais cette solution est impossible pour 2 raisons :
- le Portugal n’aurait aucun intérêt à échanger avec l’Angleterre qui ne lui apporterait
rien, puisqu’elle n’a aucun avantage absolu
- les facteurs de production étant immobiles, le Portugal ne peut importer la main
d’œuvre anglaise ( 5 p 400)
- Ricardo va alors démontrer tout l’intérêt d’une spécialisation

• En effet, en Grande-Bretagne le rapport d’échange interne qD / qV = 120 / 100 = 1,2,


ce qui signifie que pour obtenir une unité de vin, le marchand de drap anglais doit
offrir 1,2 unités de drap (puisqu’il faut plus de temps pour produire du vin que du drap
et que derrière les biens ce sont les quantités de travail que l’on échange).
• au Portugal, le rapport d’échange interne qD/ qV = 80/90= 0,89. Dès lors, le marchand
de drap portugais pour obtenir une unité de vin est obligé de donner 0,89 unités de
drap.

Conséquences : les coûts comparatifs entre les deux pays sont donc différents , si l’on
compare pour chaque production , les coûts des 2 pays , on constate que :
• l’Angleterre est moins désavantagée dans la production de draps : 90 / 100 = 90 %
• que dans la production de vin : 80 / 120 = 66 %
• l’Angleterre possède donc un avantage comparatif dans le drap, le Portugal dans le vin
et c’est de cette différence des avantages comparatifs que va résulter l’échange entre
les deux pays.
• En effet, le marchand de drap anglais a intérêt à exporter sa production vers le
Portugal puisque au lieu d’obtenir une unité de vin contre 1,2 unités de drap, il obtient
1 unité de vin contre 0,89 unités de drap. Les Anglais vont donc se spécialiser dans la
production de drap et abandonner la production de vin.
• Au contraire, les marchands de vin portugais se rendent compte que, si, au Portugal, il
faut donner 1 unité de vin pour obtenir 0,89 unités de drap, s’ils exportent leur
production de vin vers la Grande-Bretagne, ils obtiendront 1,2 unités de drap contre 1
unité de vin. Ils améliorent donc leur bien-être. Les Portugais vont donc se spécialiser
dans la production de vin et abandonner la production de drap.
• Chaque pays a donc intérêt à se spécialiser dans la production pour laquelle son coût
comparatif est le plus faible : les deux pays seront gagnants à l’échange tant que le
rapport d’échange international qDi /qVi sera compris entre les 2 rapports d’échange
internes : 0,89 < qDi /qVi < 1,2.

• Si le rapport d’échange est de 0,89, les marchands portugais n’y gagnent rien mais ne
sont pas perdants. Par contre, les marchands anglais améliorent leur bien-être. La
situation est inversée si le rapport d’échange est de 1,2.
• Par rapport à la situation d’autarcie étudiée au début, on constate que si l’Angleterre et
le Portugal se spécialisent en fonction de leurs avantages comparatifs respectifs , les
coûts de production mondiaux deviennent : (80 x 2 ) + ( 100 x 2 ) = 360 heures , soit
un gain de 30 heures par rapport à la situation autarcique .

Limites de l’analyse de Ricardo : En réalité, dans la plupart des cas, le rapport


d’échange international sera compris entre les 2 bornes. Mais Ricardo est incapable de le
déterminer avec précision.

IV. L’apport de J.S.Mill

- détermination du rapport d’échange international : Il sera déterminé comme l’a


démontré John-Stuart Mill par la loi de l’offre et de la demande:si la Grande-Bretagne est
plus demandeuse de vin que le Portugal de drap, le Portugal pourra imposer ses conditions
et donc fixer un rapport d’échange international qui se rapprochera de 1,2.

-Conclusion : La théorie traditionnelle de l’échange explique qu’


• à l’origine de la spécialisation se trouvent des différences entre les pays de coûts et de
prix ».
• Si les pays échangent, c’est donc qu’ils sont complémentaires et que l’échange va
apporter à chacun d’eux une amélioration de son bien-être.
• La théorie de Ricardo justifie donc une division internationale du travail ( par exemple
entre pays du nord et du sud ) reposant sur la différence des avantages comparatifs .

Pour les critiques sur la neutralité de l’analyse de Ricardo :


Mais, la théorie de Ricardo n’est pas aussi neutre scientifiquement que l’on pourrait le
penser . En effet , Ricardo n’est pas seulement un économiste , c’est aussi un
bourgeois qui défend les intérêts de la bourgeoisie industrielle contre ceux de
l’aristocratie terrienne :
• A l’époque où Ricardo explicite sa thèse , l’Angleterre vit sous la protection des corn
laws qui ont pour objectif de défendre l’agriculture anglaise dominée par les
aristocrates de la concurrence que leur imposent les pays européens . Ceci a pour
résultat d’augmenter le prix des céréales anglaises , ce qui oblige les industriels
anglais à accroître les salaires .
• Si au contraire les corn laws sont supprimés , les prix des céréales vont chuter grâce
aux importations , ce qui diminuera le bien-être des producteurs agricoles , en
particulier de l’aristocratie et au contraire améliorera celui des industriels qui auront pu
baisser les salaires sans détériorer le pouvoir d’achat de leurs ouvriers .

Les véritables objectifs de la démonstration ricardienne :On voit donc que l’analyse
de Ricardo a pour objectif de :
• justifier la suppression des corn laws qui interviendra après 1830 mais qu’elle n’est pas
neutre politiquement et socialement : elle traduit la montée en puissance de la
bourgeoisie industrielle au détriment de l’aristocratie agricole .
• De plus , l’analyse de Ricardo a pour objectif de justifier l’ouverture des frontières des
partenaires de l ’Angleterre qui dispose à cette époque d’une avance technologique ,
donc de faire de la Grande-Bretagne l’atelier du monde , alors que les autres pays
seraient quant à eux cantonnés à la production de biens agricoles , ce qui correspond à
une spécialisation nettement moins porteuse .

Les répercussions négatives de l’analyse ricardienne : « l’idée selon laquelle le


commerce est en tous temps et en tous lieux un facteur d’épanouissement est naïve
théoriquement et fausse historiquement «(13 p 291) . En effet l’Angleterre a volontairement
spécialisé sa colonie indienne dans la production de coton utile à l’industrie anglaise . Ceci
a généré deux effets très négatifs d’après D.Cohen :
- « l’Inde qui était exportateur net de produits textiles au début du 18ème siècle voit sa
base industrielle totalement détruite. (…)Conformément à la théorie Ricardienne,
l’Inde se désindustrialise en contrepartie de l’industrialisation anglaise »
- « l’Inde qui était le grenier de l’Asie au début du 19 ème siècle, se spécialise dans la
culture de produits qui ne garantissent plus son alimentation, et doit par
conséquent importer son alimentation de base. Il ne faut pas attendre longtemps
pour que les famines viennent sanctionner cette spécialisation ».

Partie III – La théorie néo-classique : la théorie des dotations factorielles d’Heckser-Ohlin-


Samuelson (HOS , 1 p 256)

I. Les hypothèses fondamentales (1p 402)

Le modèle d’HOS repose sur 2 hypothèses essentielles :


• Hypothèse n°1 : les facteurs de production n’ont aucune mobilité à l’échelon
international, alors que les biens sont eux parfaitement mobiles (cette
hypothèse est reprise de Ricardo ) .

• Hypothèse n°2 : les technologies de production sont identiques d’un pays à


l’autre , mais diffèrent selon les branches d’activité , c’est-à-dire que , quel que
soit le pays , pour produire du blé il faut utiliser une proportion identique de travail ,
de capital et de ressources naturelles , mais que la production d’automobiles
nécessite, elle , une utilisation de facteurs différente .

II. Une spécialisation en fonction des dotations factorielles (2 p 402)

Sur la base de ces 2 hypothèses, HOS vont démontrer que « chaque pays doit se
spécialiser dans la production et l’exportation de biens qui utilisent intensément le facteur
de production le plus abondant » .En effet :
• conformément à la loi de l’offre et de la demande , si un pays dispose abondamment
de facteur travail et manque de capital , le coût du travail sera réduit alors que le coût
du capital sera élevé ,
• le pays a donc intérêt à se spécialiser dans les productions nécessitant un usage
intensif de travail qualifié de saving capital (c’est-à-dire économisant du capital )
• l’échange international de marchandises se révèle donc être un échange de
facteur abondant contre des facteurs rares

Pour voir les limites de la théorie : La théorie d’HOS est une théorie statique, c’est-à-dire
que :
• « la dotation en facteurs d’un pays va donc décider à tout jamais de sa place dans la
Division Internationale du Travail »
• Ainsi, chaque pays doit s’adapter passivement aux dotations factorielles dont il est
muni.
• Les pays ayant des dotations factorielles identiques n’ont aucun intérêt à échanger.
Comme chez Ricardo, c’est de la différence que naît l’échange puisque les disparités
des coûts de production s’expliquent par les différences de dotations en facteurs de
production.

Pour la vérification empirique de l’analyse d’HOS : le paradoxe de Leontieff

Léontieff (ou Léontiev) a cherché , à partir de l’exemple américain , à vérifier la validité de


la thèse de HOS .

Hypothèses :Il s’attendait à ce que :


• les Etats-Unis , qui sont un pays développé et qui disposent donc de quantités
importantes de capital , se spécialisent dans les productions utilisant intensément le
capital et économisant le travail qui est un facteur rare et coûteux .
• Au contraire , les EU devraient importer des biens utilisant intensément le travail .

Constat : or dans l’étude qu’il a mené en 1947 , Léontieff constate que les EU exportent
des produits qui en moyenne incorporent beaucoup moins de capital et plus de travail que
n’en requièrent leurs importations .

Paradoxe : ce paradoxe de Léontieff semble donc contredire la loi d’HOS puisque


l’économie américaine , notablement mieux pourvu en capital qu’en travail devrait en
principe exporter des biens intensifs en capital .

Explications : Léontieff va alors s’efforcer de donner une interprétation qui a pour objectif
de sauvegarder la théorie d’HOS . Ainsi les EU seraient en réalité relativement riches en
travail parce qu’à équipement égal le travailleur américain du fait d’une meilleure
organisation du travail , d’une meilleure qualification , ... serait trois fois plus productif que
le travailleur étranger . Les EU compteraient donc en 57 , non pas 65 millions de travailleurs
mais 195 millions ( 65x3 ) de travailleurs équivalents étrangers .

Critiques de l’analyse : L’analyse de Léontieff est plus que surprenante. En effet, il est
étonnant d’appeler paradoxe un exemple qui montre que la théorie est fausse.

Chapitre : mondialisation et Notions du référentiel:échange intrabranche, échange


internationalisation des échanges interbranche, différenciation des produits

Fiche 3 – Les raisons de l’échange international


Les analyses contemporaines du commerce international

Introduction: la critique des analyses traditionnelles du commerce international ( 1 p 256)

• Les théories de Ricardo et d’HOS conduisent à considérer que plus les pays ont des
dotations factorielles différentes, plus leurs spécialisations seront complémentaires et
donc plus les échanges croisés seront élevés. Le commerce attendu est donc un
commerce de type Nord-Sud.
• Or, à partir des années 60, les économistes ont constaté que de forts courants
d’échange croisés de produits similaires entre pays présentant des caractéristiques
proches du point de vue des dotations factorielles se développaient.

Pour l’exemple du marché commun :

L’exemple le plus représentatif est celui du marché commun : « il est devenu rapidement
évident que la première phase d’intégration européenne , le marché commun se faisait sur
le mode de l’intrabranche plutôt que sur celui de l’interbranche . L’intégration
économique n’avait pas pour corollaire la spécialisation .L’enjeu théorique de ce problème
empirique est important puisque les théories traditionnelles de la spécialisation visent à
expliquer l’interbranche. » Il semble donc qu’une part croissante des échanges ne puisse
être expliquée par les théories s’appuyant sur les dotations factorielles.

• On en vient alors à distinguer 2 types de commerce :


- un commerce de type Nord-Sud entre pays économiquement éloignés basé
sur l’interbranche qui s’explique par les différences de dotations
factorielles .(14 p 291)
- un commerce entre pays développés basé sur l’intrabranche qui
s’explique par la similarité

Conclusion : On peut considérer que :


• le commerce bilatéral (entre 2 pays) sera dominé par l’interbranche si les 2 pays ont
des dotations factorielles différentes et donc des spécialisations complémentaires.
• Au contraire, plus les dotations factorielles seront proches, plus la part de l’échange
intrabranche sera élevée.

Partie 1 – La théorie de la demande représentative de Linder


Linder part d’un constat : le commerce se développe entre des pays qui n’ont pas de
différences significatives dans leurs dotations factorielles.

I. L’origine de l’avantage comparatif : une logique de la demande

l’opposition de deux logiques : Ceci ne conduit pourtant pas Linder à rejeter la notion
d’avantage comparatif mais plutôt à fonder les avantages comparatifs sur de nouvelles
bases .
- Ricardo et HOS ont développé une logique de l’offre
- contrairement à Linder qui, étant un économiste keynésien, va partir de la
demande

Conséquences : Ainsi pour expliquer le développement de l’échange présentant des


caractéristiques similaires du point de vue des dotations factorielles, il va démontrer que
l’avantage comparatif trouve son origine dans l’importance de la demande interne du
produit exporté.
- En effet, un bien est susceptible d’être exporté que s’il est d’abord l’objet d’une
forte demande interne. Le grand marché intérieur (USA, Japon, EEE) produit
l’avantage comparatif parce que l’incitation à l’innovation y est plus forte, parce
que les débouchés y sont assurés (cf. modèle de l’accélérateur).
- De plus, grâce au développement de la production résultant de la taille du marché,
le pays bénéficiera d’économies d’échelle qui lui permettront de diminuer ses coûts
de production et donc ses prix

La stratégie à appliquer selon Linder : elle est alors la suivante :


• lancer le produit nouveau sur un marché intérieur, dynamique, innovateur à revenu
élevé.
• puis, dans un deuxième temps, quand le pays détient un avantage comparatif
résultant de l’expérience qu’il a acquise , de son image de marque , de ses prix plus
bas , ...il peut alors se lancer dans la conquête des marchés étrangers .

II. Qui échange ?

On arrive alors au second grand apport de Linder : vers qui le pays va-t-il pouvoir exporter ?

- Les motifs de l’exportation : Comme l’indique M.Byé « il ne l’exportera cependant que


dans un pays susceptible de le consommer.
- Les répercussions : Or la qualité et la nature des produits consommés dépendent du
niveau de vie et donc très largement du niveau des salaires. Le produit (qui correspond
au niveau de vie interne du pays exportateur) ne pourra donc être exporté que
dans des pays à niveau de salaire comparable, donc à facteurs de production
comparables.

Conclusion : elle est alors aux antipodes de celle expliquant l’échange international dans
les théories de dotations factorielles :
- « l’identité des dotations en facteurs facilite donc le commerce qu’entrave au
contraire leurs différences »
- -le développement des échanges Nord-Nord comparativement à l’atonie relative
des échanges Nord-Sud conduit à penser que la théorie de Linder est plus à même
d’expliquer le commerce international contemporain que celles de Ricardo et d’HOS
.

Partie 2 – La demande de différence de B.Lassudrie-Duchene (1 p 256)


Problème soulevé : B.. Lassudrie-Duchêne cherche à établir une synthèse des logiques de
la similarité et de la disparité. En effet : « là où tout est semblable, il est inutile de rien
échanger ; l’échange ne peut donc s’expliquer que par une différence quelconque »
( B.Lassudrie-Duchêne)

Constat: ainsi si les échanges intrabranches se développent entre pays présentant des
dotations factorielles proches (cf. Linder) il n’en reste pas moins que les produits ne sont
pas rigoureusement identiques. Il présente un potentiel de différentiation résultant de leur
image de marque, de leurs qualités spécifiques.

Explication :B .Lassudrie-Duchêne va alors expliquer le développement des échanges en


disant :
• « qu’un bien exportable (qui est donc largement banalisé dans le pays d’origine : cf
Linder ) provoque une demande d’importation d’un bien différencié .Il est donc
nécessaire qu’entre deux pays ayant tous deux des biens exportables , les produits
similaires se croisent et les différences s’échangent » .
• En effet, le goût du consommateur pour la variété offre une part de marché à tout
exportateur qui propose une spécification différenciée d’un même produit générique.
Ceci résulte de la volonté du consommateur de se différencier en acquérant des
produits ayant une image de marque valorisante.
• Ainsi même si la voiture est un produit générique, le consommateur qui recherche une
image de marque sportive achètera une voiture italienne, celui qui désire obtenir une
image british, achètera une voiture anglaise ( cf. les pubs Rover ) , celui qui veut
imposer une image de respectabilité achètera une voiture allemande , ....

Conclusion : Lassudrie-Duchêne explique que le « commerce international répond à une


logique d’exotisme ».

Limites : Néanmoins la logique de différenciation ne peut s’exprimer que dans les pays
ayant un niveau de vie élevé : ce qui explique que l’échange intra-branche se fasse
principalement entre les PDEM.
Partie 3 – Les théories du cycle de vie du produit

I. Les théories de l’écart technologique

A. L’analyse de M.Posner

Selon Posner, c’est donc l’avance technologique caractérisant un pays qui conduit à
déterminer les avantages comparatifs du pays.
Le déterminant du commerce international, selon Posner, réside alors dans l’écart
technologique entre les pays :
• les pays en avance exportent des produits intensifs en nouvelles technologies
• les pays en retard sont spécialisés et exportent essentiellement voire uniquement des
produits banalisés

Pour en savoir plus

Posner part du principe ( déjà développé par Ricardo ) qu’une firme qui introduit un
nouveau produit peut profiter d’un monopole provisoire à l’exportation jusqu’à ce que les
brevets tombent et que des firmes imitatrices lancent un produit comparable à un prix plus
faible . L’analyse de Posner est intéressante car elle permet de dynamiser le modèle de
Ricardo dans la mesure où les différences d’avantages comparatifs peuvent être expliqués
par des écarts technologiques entre les partenaires participant à l’échange. Dès lors les
avantages comparatifs ne tombent plus du ciel ; en contrepartie, les hypothèses de
concurrence ne peuvent plus être appliquées.

B. L’approfondissement par Krugman

Krugman va approfondir les intuitions de Posner. Il va différencier deux types de zones :


• les pays du Nord innovent, ce qui permet de développer de nouveaux produits pour
lesquels le Nord dispose d’une situation de monopole et peut donc produire sur son
territoire des biens de haute technologie à un prix élevé
• inversement, les pays du Sud ont des capacités d’innovation réduites. Dès lors, ils ne
peuvent que copier les innovations réalisées au Nord, mais avec un décalage plus ou
moins long .Ils fabriquent et exportent des produits banalisés à un prix réduit en raison
de la concurrence.

Conclusion : Krugman en conclut que des innovations générant de nouvelles industries


doivent émerger en permanence au Nord afin de maintenir le niveau de revenu de la zone,
les hauts salaires du Nord reflétant la rente de monopole pour les nouvelles technologies.
Le monopole technique du Nord étant continuellement errodé par les transferts
technologiques vers le Sud ne peut être maintenu que par des innovations constantes sur
de nouveaux produits ou procédés .Les capacités d’innovation et donc les efforts de
recherche-développement jouent alors un rôle essentiel.

II. La théorie de Vernon

A. Une analyse au niveau interne

A partir de l’examen des firmes américaines des années 50-60, R.Vernon montre qu’ « une
production traverse généralement une série de phases :
• Démarrage : le produit apparaît, la production se fait en petites séries et le prix est
élevé
• croissance exponentielle: le produit est au point, les économies d’échelle
permettent une baisse des prix ce qui assure une augmentation de la demande
• ralentissement : le bien est largement diffusé, c’est surtout un achat de
renouvellement
• déclin : le produit devient obsolète

Pour en savoir plus :

Dans un premier temps, il se situe dans le cadre d’un pays ( les USA ) et regarde comment
évolue le produit au cours des différentes phases de sa vie :

NAISSANCE DU PRODUIT EN PRODUIT A MATURITE DECLIN DU PRODUIT


PRODUIT CROISSANCE
Caractéristiques de -innovations élevées -le produit est mis au -banalisation de la -l’obsolescence du
production -techniques de point , la technologie technologie produit se confirme
production instables se stabilise , sauf - proportion de -l’intensité en travai
-production intensive quelques innovations travailleurs non non qualifié augmente
en travailleurs mineures visant à le qualifiés s’accroît -pas
qualifiés pour élaborer différencier -taille des unités de d’investissements
le produit -intensité en capital production augmente
- production à petite devient forte pour afin de bénéficier
échelle, d’où coût répondre à d’économies d’échelle
unitaire de production l’augmentation de la pour réduire les prix
important , prix de demande
vente élevé -production
standardisée à grande
échelle d’où réduction
des coûts de
production et baisse
des prix
Caractéristiques de la - seule une élite -à mesure que le prix -les leaders d’opinion -du fait de l’apparition
consommation disposant de revenus diminue , il touche se détournent du de nouveaux produits
élevés consomment le une partie croissante produit qui touche qui commence à se
produit de la population qui désormais généraliser , les
-l’élasticité-prix de la cherche à imiter les essentiellement les quantités
demande est faible leaders d’opinion qui populations à bas consommées
car pas de produits ont lancé le produit revenu diminuent
substituables - les consommateurs - la consommation
deviennent plus arrive à saturation
exigeants sur la -le produit se banalise
qualité , les , la demande est de
performances du plus en plus élastique
produit par rapport au prix
-l’élasticité-prix
augmente par
l’apparition de
substituts
Structure du marché -monopole temporaire -structure - l’oligopole se - la structure de la
pour la firme oligopolistique se met stabilise branche se déstabilise
innovatrice en place car de - le produit se -sortie des grandes
-nombre de firmes nombreuses firmes banalise , la entreprises
restreintes sont attirées par des concurrence se porte apparition des petites
-taille des entreprises perspectives de profit de plus en plus sur les entreprises
dans la branche élevé et imitent prix -le marché se trouve
élevée l’innovateur -la taille des en surcapacité , suite
- la concurrence entreprises s’accroît à la baisse de la
s’effectue par la donc afin de demande , le prix et la
différenciation des rechercher les qualité des produits
produits , ce qui économies d’échelle diminuent
n’empêche pas une - des efforts sont
standardisation et une tentés pour prolonger
baisse des prix le cycle de vie
( innovations
mineures , publicité )
B. L’analyse des échanges internationaux
A ces différentes phases de cycle de vie du produit vont correspondre des flux d’échange
internationaux entre le pays innovateur et ses partenaires. Vernon est alors amené à distinguer 3
catégories de pays :
- le pays leader: les EU (années 50) se situe au sommet de la hiérarchie technologique ; les
principales innovations émanent de lui
- les pays suiveurs précoces : les pays européens (années 50 -60)
- les pays imitateurs tardifs : les PVD
Vernon va alors distinguer 3 phases:
- phase 1 : le pays leader le produit
- phase 2 : le pays leader exporte vers le pays imitateur
- phase 3 : délocalisation dans les pays imitateurs et suiveur
Pour en savoir plus :
PHASE 1 PHASE 2 PHASE 3
Pays leader Vernon utilise le principe Le produit étant stabilisé -le pays leader qui supporte des coûts de
de la demande et le prix diminuant , le production élevés va alors délocaliser la
représentative de Linder : producteur va chercher à production en implantant des filiales dans les
-l’apparition du nouveau étendre son marché en pays imitateurs précoces afin de bénéficie
produit répond à une exportant vers les de coûts de production plus réduits et de
attente exprimée par les marchés des pays mieux satisfaire la demande des pays
consommateurs du pays développés dont les suiveurs
d’origine niveaux de revenu sont - la balance commerciale voit son excéden
-le marché intérieur sert les plus proches ( cf. diminuer , puis se transformer en déficit su
de marché test afin Linder ) ce produit
d’améliorer le produit -la firme innovatrice qui
- seul le pays innovateur est concurrencée sur son
connaît une population marché intérieur va
assez élevée pour acheter essayer de profiter de son
le nouveau produit avance technologique
Conclusion :durant cette pour prolonger son
phase , pas d’échange monopole temporaire sur
international , le bien est les marchés étrangers
fabriqué et consommé -le pays innovateur
dans le pays d’origine de connaît donc un excédent
l’innovation de sa balance
commerciale sur ce
produit
Pays suiveur -les consommateurs des - les filiales du pays leader qui se son
précoce PDEM commencent à implantées permettent de mieux répondre
demander le produit , tout aux goûts des consommateurs à des prix
d’abord les leaders plus bas , développent la demande
bénéficiant d’un revenu -le pays devient peu à peu exportateur , non
élevé , puis une partie seulement vers le pays leader mais auss
croissante de la vers les PVD , dont les classes les plus aisées
population commencent à consommer
- la balance commerciale
des pays est donc de plus
en plus déficitaire sur ce
produit
Pays imitateur -la balance commerciale du pays devient de
tardif plus en plus déficitaire à mesure que les
classes aisées se convertissent au produit
Remarque : Dans un dernier temps , les pays imitateurs rapides vont eux aussi éprouver des
difficultés à écouler leur production , car le produit étant devenu banal , les consommateurs se
tournent vers de nouveaux biens , plus innovants .Les pays vont alors délocaliser leur production vers
des PVD qui bénéficient de coûts de main-d’œuvre plus réduits et qui vont donc pouvoir rentabiliser la
production , tout en baissant le prix de vente .

Conséquences : Dès lors, le pays innovateur et le pays imitateur précoce vont tous deux connaître
un déficit de leur balance commerciale sur ce bien,les PVD connaissant un excédent . Les entreprises
qui produisent le bien dans les PVD peuvent être des filiales des grandes entreprises qui ont
délocalisé leur production afin de réduire leurs coûts et/ou de se rapprocher des marchés de
consommation.

Conclusion : La théorie de Vernon permet donc d’expliquer certaines formes du processus de


multinationalisation.

III. Le développement en vol d’oies sauvages de Kaname AKamatsu


Cette théorie apparaît dans une certaine mesure comme une théorie du cycle de vie du
produit adaptée aux PVD. K Akamatsu l’a forgé en s’appuyant sur le modèle suivi par le
Japon. Il distingue 4 temps :
• dans un premier temps, le PVD n’exporte que des matières premières ;
- les importations en provenance des PDEM peuvent seules satisfaire sa demande
intérieure de produits manufacturés.
- durant cette phase, le pays développe ses échanges avec des pays qui ont des
structures économiques complémentaires de la sienne (cf. HOS).
- On se situe donc dans le cadre de la DIT traditionnelle.

• dans un deuxième temps, la croissance de la demande domestique permet de


rentabiliser la fabrication sur place de produits de consommation manufacturés qui
sont, à l’origine, en fin de cycle de vie du produit.
- Pour ces biens, la production nationale se substitue aux importations
- Mais, en contrepartie, les importations de biens d’équipement rendus nécessaires
par le développement des industries de consommation se développent.

• dans un troisième temps, les producteurs locaux s’attaquent aux marchés des pays
voisins.
- Les importations de matières premières en provenant de pays moins développés
s’accroissent. On assiste donc à une expansion des échanges entre PVD.
- Durant cette phase le pays considéré entreprend une production de biens
d’équipements qui se substitue aux importations en provenance des PDEM

• durant une quatrième phase, le pays va exporter une partie de sa production de biens
d’équipement vers les PVD qui, pour répondre à leur demande intérieure ou pour
produire à moindre coût et réexporter des biens de consommation, ont besoin de
machines

Le développement en vol d’oies sauvages


« Cours d’économie générale », H. Bourachot.

Pour voir une animation flash : http://hgsoulage.aliceblogs.fr/_attachments/3614245/Oies2.swf


Pour l’exemple du Japon :

Cette théorie a connu un vif succès, car elle permet de mieux comprendre le
développement de la zone asiatique :
- dans un premier temps, le Japon a produit puis exporté des biens de consommation
bas de gamme (le textile ) puis il s’est spécialisé sur des productions apportant une
plus forte valeur ajoutée ( électronique grand public ) qu’il a exportées non
seulement vers sa zone mais vers les PDEM .
- le Japon, au fur et à mesure de sons développement, a alors développé une
industrie de biens d’équipement pour répondre à ses besoins domestiques. Il a par
la suite exporté une partie de sa production vers des pays moins développés (les 4
dragons du Sud-est) vers lesquels il délocalisait la production de biens de
consommation pour lesquels il n’était plus compétitif, suite à l’augmentation de ses
coûts de main-d’œuvre.
- le schéma est en train de se reproduire avec les tigres vers lesquels le Japon, mais
aussi les dragons délocalisent des productions nécessitant une main-d’œuvre
faiblement rémunérée

Chapitre : mondialisation et Notions du référentiel : compétitivité: prix/produit,


internationalisation des échanges spécialisation

Fiche 4 – L’insertion dans les échanges internationaux


Partie 1 – Définition de la compétitivité

D éf in i tio n : « la compétitivité est la capacité à maintenir et à accroître ses parts


de marché »

I. La compétitivité-prix

Pendant très longtemps on a considéré que la seule source de compétitivité pour


une entreprise ou un pays était la compétitivité-prix qui vise à produire à moindre
coût afin de réduire les prix pour dépasser la concurrence et s’attirer les faveurs
des consommateurs.

Le s limi te s : Mais cette forme de compétitivité ne semble pas aujourd’hui être la


forme dominante par laquelle luttent les entreprises les plus innovantes.

II. la compétitivité-qualité ou compétitivité hors-prix ou structurelle:

Il nous faut alors définir la compétitivité hors-prix ou structurelle qui est la capacité
à imposer ses produits sur le marché indépendamment de leur prix .L’entreprise
grâce à l’innovation , à l’amélioration de la qualité de ses produits , à son adaptation
à la demande , à la qualité de ses services , ... peut gagner des parts de marché tout
en maintenant des prix plus élevés que ceux de ses concurrents .Les entreprises
bénéficient ainsi d’une meilleure rentabilité qui peut être à l’origine d’un cercle
vertueux .

III. Conclusion :

Néanmoins, compétitivité-prix et hors-prix ne s’opposent pas nécessairement pour 2 raisons :


• le consommateur opère son choix en se basant sur plusieurs critères : la qualité, l’innovation certes mais aussi
le prix. Dans un contexte de concurrence très forte (marché offreur), les entreprises se doivent non seulement
d’offrir des produits de qualité, mais aux prix les plus compétitifs possibles.
• l’entreprise qui désire rentabiliser son innovation peut diminuer le prix de vente afin d’accroître la demande
donc la production. Elle bénéficiera ainsi d’économies d’échelle qui lui permettront de diminuer son coût,
d’améliorer sa rentabilité , donc de financer des efforts de recherche lui permettant de réaliser des
innovations incrémentales ( différenciation des produits , ... ) ou majeures .

Pour des informations supplémentaires sur le pôle de compétitivité :

Critique de la conception libérale: Comme l’indique C.Stoffaes, la conception


libérale du commerce international est trop limitée. En effet, elle considère
seulement que : « la compétitivité d’une nation repose sur la capacité de ses
entreprises prises individuellement à être plus compétitives. Mais ces entreprises
sont plongées dans un environnement national. La compétitivité n’est pas seulement
l’affaire des entreprises ; elle comporte des éléments compétitifs, ce qui font un
tissu industriel compétitif . »

Définition : dans cette perspective, les pôles de compétitivité jouent un rôle de


structuration de l’appareil productif. En effet, ce sont « des ensembles
d’entreprises qui ont acquis des positions dominantes dans la concurrence
internationale et qui exercent des effets d’entraînement pour une grande variété
d’activités productives » (Aglietta) .

Répercussions : elles peuvent s’exercer aussi bien vers l’aval que vers l’amont que
latéralement entre les firmes :
• vers l’aval : les clients peuvent bénéficier :
- des gains de productivité acquis par les pôles grâce aux rendements
d’échelle et surtout à l’apprentissage des facteurs qui influencent l’évolution
de la demande.
- Ils bénéficient aussi de produits intermédiaires plus innovants, de meilleure
qualité qui leur permettront de mieux satisfaire leurs clients.
• vers l’amont : en direction des fournisseurs et des sous-traitants car les pôles
offrent :
- des débouchés réguliers et généralement croissants (d’où économies
d’échelle)
- et des incitations à innover.
• latéralement : entre les firmes composant le pôle par la diversification des
produits, l’incitation à l’innovation, ils permettent de dynamiser la concurrence
oligopolistique et donc la compétitivité du pôle.

C o n clu sio n : Le pôle permet ainsi de constituer des filières de production qui
améliorent la cohésion du tissu productif (en développant les synergies ) et
permettent ainsi de réduire la contrainte extérieure que subissent les pays .

Partie 2 – Comment gagner en compétitivité ? La spécialisation, une stratégie dynamique

L’approche des analyses traditionnelles néglige les deux dynamiques essentielles de


l’échange :
- celle des entreprises à l’échelle multinationale,
- comme celle des nations ans l’espace économique mondial

Pour les limites des analyses traditionnelles de la spécialisation :

Critiques des analyses traditionnelles du commerce international : Comme l’indique


Lafay , la théorie néo-classique de l’échange international basée sur les dotations
factorielles présente 2 inconvénients majeurs :
• elle est déterministe , c’est-à-dire que chaque pays doit se spécialiser dans la
production pour laquelle il a reçu des dotations factorielles ; par contre elle n’explique
pas comment elles ont été constituées .
• elle est statique , c’est-à-dire que le pays , une fois qu’il a adopté une spécialisation
en fonction de ses dotations factorielles doit s’y maintenir , quelle que soit l’évolution
du commerce mondial .

Conclusion : Lafay peut alors en conclure : « on a l’impression que les avantages


comparatifs tombent du ciel ; chaque nation doit se soumettre passivement aux exigences
de la DIT et aucune stratégie active de spécialisation n’est concevable .

I. Les limites de la compétitivité salariale


Comme l’indiquent D.Taddei et B.Coriat , les tenants de la théorie de la compétitivité
salariale qui considéraient que les pays devaient se spécialiser en fonction de leurs coûts
de main-d’œuvre résultant des dotations factorielles se sont trompés : « il n’y a pas de
corrélation significative entre les coûts salariaux et les parts de marché » .
Ceci résulte en particulier du fait que les consommateurs ne s’intéressent pas seulement au
prix mais aussi à la qualité du produit , que le coût du produit n’est pas seulement
déterminé par le coût salarial , mais connaît d’amples variations en fonction du coût du
capital et des consommations intermédiaires .

II. Se spécialiser , une stratégie dynamique

Selon Lafay :
• « la spécialisation d’une nation n’est pas le fruit d’une adaptation passive à des
tendances spontanées, elle doit découler d’un effort permanent pour utiliser au mieux
ses atouts dans un environnement en perpétuel mouvement.
• Seule l’innovation peut permettre à l’industrie française de créer des avantages
comparatifs et de les renouveler continuellement , soit par le lancement de nouveaux
produits , soit par l’adoption de processus de production plus efficaces .
• Et pour innover efficacement, il ne suffit pas de faire des efforts de R-D, il faut que les
entreprises choisissent leurs cibles, en fonction de l’étude prospective du marché
mondial, tant sur la demande que sur l’offre concurrente.
• Au lieu d’effectuer des efforts uniformes dans tous les domaines, les entrepreneurs ont
pour mission de prendre des risques, de dépasser la concurrence sur certains créneaux
et sur certaines filières plutôt que sur d’autres, bref de mettre au premier rang
l’impératif de la spécialisation.
• Cela implique évidemment que l’on renonce à être présent dans certaines activités et
donc que l’on abandonne les visions mythiques telle que la reconquête du marché
intérieur :celles-ci n’ont de sens que dans une économie vouée à l’autarcie . Dans tous
les pays qui ont choisi de s’ouvrir à la concurrence internationale , plus personne ne se
pose la question de savoir s’il faut se spécialiser ; à partir du moment où l’on a préféré
l’économie ouverte à l’autarcie , l’impératif de spécialisation l’emporte inéluctablement

Pour en savoir plus


La dynamique des entreprises résulte de l’innovation : nouveaux produits, nouvelles
méthodes de production qui permet à chacune d’entre elles de créer des avantages
comparatifs micro-économiques en surclassant ses concurrents (...). Les avantages
comparatifs sont perpétuellement créés et renouvelés. La possibilité d’extension
multinationale permet de choisir la localisation de ces activités, sous la contrainte des coûts
nationaux de production » (cf. Vernon) .

Il en est de même pour les nations : chaque nation peut faire évoluer sa dotation relative
en facteurs de productions en fonction des innovations qu’elle réalise pour s’adapter ou
devancer l’évolution de la demande mondiale. Les nations vont , en fonction de cette
capacité d’adaptation , développer ou non leurs exportations et donc connaître des
rythmes de croissance plus ou moins forts .

Partie 3 – Pourquoi gagner en compétitivité ? Le rôle de la contrainte extérieure

I. Définition de la contrainte extérieure


L a notion de contrainte extérieure traduit la dépendance d’une économie à l’égard
des autres économies et peut se définir par l’impossibilité pour certains pays de
concilier une croissance forte et l’équilibre des échanges extérieurs ». Ainsi le pays
ne pourrait pas connaître de décalage conjoncturel par rapport à ses concurrents
(c’est-à-dire un rythme de croissance plus fort que celui des autres pays avec
lesquels il commerce), sous peine de voir ses importations progresser plus vite que
ses exportations et voir son déficit commercial se creuser.

Pour l’exemple de l’échec de la relance de 1981 :L’exemple typique est celui de la relance keynésienne menée en
1981 par la France qui , à propension à importer constante ( m = M / PIB ) s’est traduite mécaniquement par une
poussée des importations alors que dans le même temps nos partenaires appliquaient des politiques de rigueur qui
diminuaient leur propension à importer et donc nos exportations .

II. Une contrainte extérieure forte si le pays dispose d’une compétitivité-prix

• la contrainte extérieure n’est pas seulement déterminée par le rythme de croissance du PIB ; elle est aussi
fonction des coûts de production d’un pays . Celui-ci ne peut se permettre sous peine de voir sa compétitivité-
prix diminuer et donc sa balance commerciale devenir déficitaire de voir son coût salarial (et plus largement
ses coûts de production) progresser plus vite que celui de ses partenaires . Cela semble condamner une
politique keynésienne par augmentation des salaires

• A plus long terme , l’accumulation des déficits par un pays qui rend sa balance commerciale structurellement
déficitaire nécessitera des importations de capitaux croissantes qui aggraveront le déficit de la balance des
capitaux et qui , à terme , entraîneront une méfiance des prêteurs qui exigeront du pays des taux d’intérêt
plus élevés ou qui même refuseront tout nouveau emprunt , dès lors que le pays a buté sur sa contrainte de
solvabilité .

III. La compétitivité-qualité permet de desserrer la contrainte extérieure

• l’effet de structuration par la constitution de filières cohérentes rend le contenu en importation de la


croissance moins élevé , permet de tirer les exportations , donc réduit le déficit commercial malgré l’existence
d’un décalage conjoncturel . Durant les années 80 , un pays comme le Japon ou l’Allemagne pouvait se
permettre de connaître une croissance économique plus forte qu’un pays comme la France .
• le pôle de compétitivité proposant des produits innovants , de qualité recherche une compétitivité hors-prix
qui lui permet d’offrir à ses employés des revenus plus élevés que ceux de ses concurrents sans subir de perte
de compétitivité remettant en cause sa viabilité . Ceci peut permettre d’engager un cercle vertueux : les
salaires étant plus élevés , les individus sont plus motivés , plus qualifiés donc plus incités à innover ( théorie
du salaire d’efficience ) , ce qui accroît encore la compétitivité hors-prix .
Pour voir les exemples français , allemand , américain , japonais

a ) L’exemple français

Constat : La France , malgré une amélioration notable depuis le milieu des années 80 , se caractérise par un certain
nombre de faiblesses du point de vue de sa compétitivité :
• la France est peu spécialisée , c’est-à-dire qu’elle est présente sur beaucoup de marchés ( le slogan au début
des années 80 était : il n’y a pas d’ industries condamnées , il ya seulement des technologies dépassées ) , sans
bénéficier d’aucune avantage comparatif réel
• la France est mal spécialisée : n’ayant pas su opérer suffisamment tôt des choix sur des créneaux porteurs , la
France ne dispose d’aucune position forte sur les marchés connaissant une demande mondiale dynamique
( cf. l’exemple de l’informatique l’échec de Bull lancé dans les années 60 par la politique gaullienne de
champions nationaux)
• la France ne dispose pas véritablement de pôles de compétitivité structurés lui assurant une compétitivité
hors-prix , les entreprises françaises étant concentrées sur des produits relativement banalisés sont très
sensibles à la variation de leurs coûts de production et donc à leur compétitivité-prix

Conclusion : Le résultat de tout ceci est que l’économie française est très sensible à la contrainte extérieure.
L’analyse que fait F.Milewski de l’amélioration du solde de la balance commerciale est à cet égard moins optimiste
que ne le laisseraient penser les chiffres :
• Certes après 12 ans de déficit commercial( sauf 1986 ) la France a connu depuis 1992 un excédent croissant
jusqu’au début des années 2000,
• mais celui-ci résultait au moins autant de l’atonie (faiblesse) de la croissance que l’on a pu observer durant
les années 90 que de l’amélioration de la spécialisation .
• En effet , depuis 1982 , la France applique une politique de désinflation compétitive qui a permis de diminuer
les coûts salariaux et donc d’améliorer la compétitivité-prix .
• Aujourd’hui , cette politique trouve ses limites , tous les pays européens l’appliquant simultanément elle n’a
plus rien de compétitive , ce qui explique la dégradation de la balance commerciale depuis les années 2000 :
l’économie française ayant mal résisté à la valorisation de l’euro, ses produits étant moins compétitifs du
point de vue des prix. La forte dégradation de l’année 2005 est d’autant plus inquiétante qu’elle se situe dans
un contexte de forte croissance du commerce mondial, les parts de marché détenues par l’économie française
ont donc régressé.
• Par contre , elle freine la croissance économique potentielle , donc l’augmentation de la demande , donc la
progression des importations ( à propension à importer constante ) .
• Une lecture attentive de l’amélioration de la balance commerciale conduit donc à penser que celui-ci résulte
au moins en partie d’un décalage conjoncturel favorable à la France ( qui croît moins vite que ses
partenaires, surtout que les USA ou le royaume uni ) plutôt que d’une amélioration sensible de sa
compétitivité hors-prix ( même si celle réelle ne doit pas être sous-estimée ) .

Les conséquences : Dès lors « en 95 et 96 , on ne peut s’empêcher de mettre en parallèle le ralentissement


économique et l’amplification de l’excédent ( ...) . Certes , se créent des capacités de financement extérieur qui
pourront être autant de réserves pour le développement futur . Mais en attendant , l’économie française s’est
installée en deçà de son potentiel d’activité . Le chômage élevé en découle . » ( F.Milewski ) . Cette conclusion reste
malheureusement valable pour le debut des années 2000.

b ) L’Allemagne

Constat : Contrairement en France , l’Allemagne est un pays spécialisé depuis fort longtemps qui dispose donc de
pôles de compétitivité très performants ( en particulier dans la machine-outil ) qui lui ont permis de structurer des
filières cohérentes ( principalement la chimie et la mécanique ) .

Les limites de la spécialisation allemande : La situation de l’Allemagne paraît donc très enviable aux français , il
n’en reste pas moins qu’aujourd’hui un certain nombre d’observateurs se demande dans quelle mesure l’Allemagne
n’est pas un géant aux pieds d’argile . En effet :
• sa spécialisation manque de dynamisme ; elle n’a pas su s’adapter à l’évolution de la demande mondiale ; les
points forts de l’Allemagne ont été constitués durant la seconde révolution industrielle basée sur la mécanique
et la chimie . Il est donc normal que l’Allemagne excelle dans ses productions qui portent plus souvent sur
des petites séries de produits spécialisés en faisant appel à une main-d’œuvre ouvrière très qualifiée .
• Mais l’Allemagne n’a pas su prendre le train de la troisième Révolution industrielle basée sur les
technologies électroniques . Dès lors , sa spécialisation se révèle de plus en plus inadaptée à l’évolution du
commerce mondial et les hauts salaires qu’elle verse à sa population ne sont plus compensés par la
compétitivité hors-prix qui se dégrade .

c ) Les Etats-Unis

Constat : On peut distinguer plusieurs phases :


• Entre 1945 et 1960 , les EU occupaient une position de leader qui résultait de leur avance technologique très
importante par rapport à leurs concurrents européens et japonais ( cf. Vernon ) .
• A partir des années 60 , japonais et européens ont rattrapé leur retard et ont même sur certains domaines
dépassé le maître américain .
• On s’est même demandé , à partir des années 70 , suite à la non-convertibilité or du dollar , puis dans les
années 80 avec l’accroissement du déficit commercial dans quelle mesure les américains ne seraient pas en
train d’abandonner leur leadership , ne connaîtraient pas une désindustrialisation qui les conduirait à une
évolution telle que celle qu’a connu la GB depuis le XIX° siècle
• Or il semble depuis la fin des années 80 , que les américains confrontés au défi japonais ont su réagir , ont
restructuré leurs industries , ont relancé leurs formidables capacités d’innovation et ont donc conforté leur
leadership en particulier dans le domaine des industries en tique et plus largement ont réorienté leur
processus productif vers le secteur quaternaire

d ) Le Japon

Présentation de La stratégie japonaise : elle est particulièrement intéressante : elle peut être assimilée à une
stratégie de remontée des filières :
• dans un premier temps , les entreprises japonaises ont concentré leurs efforts sur des produits de
consommation grand public pour lesquels elles pouvaient bénéficier d’économies d’échelle . Elles ont donc
développé en particulier la photo , la hi-fi des produits moyens de gamme , bourrés d’électronique qui ont
mis à mal les produits hauts de gamme mécaniques allemands .
• les entreprises japonaises ont pu alors constitué des pôles de compétitivité cohérents , caractérisés par une
forte concurrence , une capacité d’innovation élevée qui leur ont permis de passer des produits moyens de
gamme à des produits hauts de gamme et d’occuper une position dominante sur le marché .
• ces pôles de compétitivité ont ainsi servi de base pour investir les autres postes de la filière et , en particulier ,
forts de l’expérience acquis dans l’électronique de consommation , les entreprises japonaises ont développé
des biens d’équipement basés non plus sur la mécanique ( Allemagne ) mais sur l’électronique .

Conclusion :Elles ont opéré ainsi une stratégie de remontée de filière qui est conforme à la logique du modèle de
K..Akamatsu .
Néanmoins aujourd’hui la stratégie japonaise semble mise à mal sur les créneaux les plus porteurs par le retour de
l’économie américaine

Chapitre : mondialisation et Notions du référentiel : libre-échange, protectionnisme,


barrières tarifaires/non tarifaires,normes
internationalisation des échanges sociales,normes environnementales

Fiche 5 – Le libre-échange assure croissance et développement


L’analyse libérale

Partie 1 – Les limites du protectionnisme

I. Le protectionnisme freine la croissance

Les auteurs libéraux considérant que le protectionnisme débouche sur une situation sous-
optimale
Pour voir les effets pervers du protectionnisme dans les années 30 :
l’expérience es années 30 a montré que le pays qui met sur pied une politique
protectionniste afin de protéger son industrie nationale va subir à son tour des mesures de
rétorsion de la part de ses partenaires étrangers, ce qui risque de déboucher sur une
généralisation du protectionniste, qui ne peut que freiner la croissance et détruire des
emplois

A. Les effets négatifs du protectionnisme sur la demande

1. Des PDEM

Le protectionnisme a un coût pour le consommateur, puisque cela augmente le prix du produit. Cette mesure a donc
détérioré le pouvoir d’achat des consommateurs les plus défavorisés qui ont du payer plus cher des produits bas de
gamme que les PVD leur auraient procuré à un prix beaucoup plus réduit.

Pour un exemple sur le protectionnisme du textile au Canada


Une étude de JENKINS concernant le coût de la protection de l’industrie textile canadienne
démontre que l’imposition des auto-limitations a permis de maintenir ou de créer 6000
emplois mais que chaque poste de travail a coûté 14 000 dollars alors que le salaire moyen
dans cette industrie n’était que de 10 000 dollars ( il aurait mieux valu payer 10 000 dollars
des chômeurs ) . Cette mesure a coûté aux consommateurs canadiens 467 millions de
dollars en 79 ; les industriels canadiens profitant des mesures protectionnistes pour
augmenter leur prix jusqu’à 30 %.

2. Des pays émergents

Les pays d’Asie du Sud-Est ne sont pas aujourd’hui seulement source de destruction d’emplois ; ils représentent la
zone qui connaît la plus forte croissance économique et qui fournit donc des débouchés à nos entreprises, en
particulier dans les secteurs à forte valeur ajoutée dans lesquels l’industrie française est en train de se spécialiser
(ex : T.G.V. en Corée du Sud ) . Fermer nos frontières c’est se priver des débouchés dans cette zone et donc se
priver d’emplois.

B. Les effets négatifs du protectionnisme sur l’offre

1. Des PDEM

L’application de mesures protectionnistes en maintenant artificiellement des emplois dans des secteurs où elle n’est
plus compétitive ( ex : textile ) retarderait une spécialisation sur les secteurs les plus dynamiques , qui (comme l’ a
montré Lafay) nécessite d’opérer des choix . La France ne pouvant être présente sur tous les marchés, il faut qu’elle
opère une stratégie de spécialisation qui dynamisera sa croissance économique Sauvegarder des emplois dans les
secteurs traditionnels, c’est au contraire perpétuer une spécialisation sur les produits où l’on se concurrence par la
compétitivité-prix ; c’est donc à terme détériorer la compétitivité structurelle de l’industrie française qui rejoindrait
le rang des pays intermédiaires en quittant celui des PDEM

2. Des pays émergents

La politique protectionniste est donc néfaste pour le pays qui l’applique, mais elle risque en outre de freiner le
développement des PVD En effet, les PVD n’ayant pas de marché intérieur suffisamment solvable pour assurer un
décollage économique (cf. cercle vicieux de Nurske et échec de la stratégie de l’industrialisation par substitution
d’importations ) sont obligés d’appliquer une stratégie de promotion des exportations leur permettant , en
particulier , de rembourser les dettes qui ont été nécessaires pour financer les investissements assurant le take off .
Les PDEM ne peuvent avoir un double langage : souhaiter le décollage des PVD et en même temps par des
mesures protectionnistes leur interdire d’y accéder
Conclusion :Le protectionnisme un jeu à somme négative

Une politique protectionniste n’est donc pas neutre économiquement, elle engendre une redistribution des revenus
des consommateurs qui perdent du pouvoir d’achat suite à la hausse des prix vers les producteurs qui maintiennent
artificiellement des prix élevés. Elle représente donc un jeu à somme nulle. Le jeu est même à somme négative, si
comme le montre l’exemple de l’industrie textile canadienne , les barrières douanières incitent les producteurs à se
spécialiser vers les produits les moins porteurs , laissant ainsi à leurs concurrents étrangers les spécialisations les
plus dynamiques

II. Le protectionnisme empêche le développement

Dans les années 60, les pays décolonisés mettent en place des stratégies de développement basées sur le
protectionnisme . Ces stratégies se révèleront un échec

A. L’industrialisation par substitution d’importations ( ISI)

1. Présentation de la stratégie

- Comme le pays est en retard par rapport aux PDEM, il n’est pas compétitif au niveau des
produits industriels
- Pour permettre à l’industrie de se développer,il faut mettre en place une protection
douanière
- Les produits du pays remplacent alors les produits importés

Pour en savoir plus :


Causes du sous-Développement : « Un certain nombre de pays du Tiers-Monde ont tenté
de sortir du sous-développement ,en brisant ce qu’ils pensaient être les causes de leur
situation : la dépendance , les blocages , l’extraversion .

Solutions préconisées : Le modèle de développement autocentré fondé sur la création


d’industries de base susceptibles d’engendrer un tissu industriel complet par ses effets
industrialisants devrait , en théorie , déboucher sur la constitution d’un véritable marché
intérieur dynamique » . La stratégie d’ISI qui visait à remplacer les importations de biens de
consommation , puis de biens d’équipement par des productions nationales devait , selon
ses promoteurs , permettre d’assurer un développement économique cohérent ( de mettre
un terme au dualisme ) , autonome , répondant aux besoins de la population .Pour cela , un
certain nombre de mesures doivent être prise :
• il faut mettre en place une protection douanière , qui vise à
- permettre à une industrie naissante de croître , à l’abri de barrières protectrices lui
permettant , alors qu’elle n’est pas encore compétitive , de ne pas avoir à subir les
effets dévastateurs de la concurrence des PDEM ( ceci répond à la théorie du
protectionnisme éducateur de List , cf section sur le protectionnisme).
- Au fur et à mesure du développement de ces industries , les barrières douanières
devraient être réduites pour inciter les entreprises à devenir compétitives .
• il faut appliquer une politique de surévaluation de la monnaie permettant à la fois de
- rendre les importations de biens d’équipement moins coûteuses ( afin de faciliter
l’acquisition de capital importé , nécessaire durant une première phase , pour
équiper les industries ) ,
- d’augmenter le prix des exportations agricoles ( ce qui rend la spécialisation dans
les productions agricoles d’exportation moins rentable pour le capital national ) ,
- de rendre les produits industriels plus coûteux à l’exportation ( afin de bien faire
comprendre aux entrepreneurs qu’ils produisent avant tout pour le marché national
).
• il faut appliquer une politique de redistribution de la richesse nationale :
l’ industrialisation est financée par un prélèvement opéré à la fois sur les agriculteurs
( par la hausse des prix et des prélèvements fiscaux ) et sur les consommateurs ( qui
doivent accepter d’acquérir aujourd’hui des biens plus coûteux de qualité médiocre ,
afin d’assurer demain un développement économique et un mieux-être de la
population) .

2. Les résultats

La stratégie d’ISI qui recherchait un développement autocentré a paradoxalement rendu les


pays plus dépendants des PDEM. En effet, pour lancer l’industrialisation il faut faire appel
aux technologies des pays du Nord, donc s’endetter (puisque les capacités d’épargne sont
limitées). . Mais la surévaluation des monnaies rend les produits moins compétitifs, donc
réduit les capacités exportatrices des pays , donc les entrées de devises qui leur
permettraient de rembourser la dette .

B. Les industries industrialisantes

Remarque : Cette stratégie présente de nombreux points communs avec celle de l’ISI,
dont elle est fréquemment complémentaire.

1. Présentation

- On considère que la spécialisation dans les produits agricoles ou miniers n’assure


pas le développement: l’insertion des PVD dans la DIT traditionnelle ne permet ni
la croissance ni le développement
- Il faut alors développer les seules industries qui assurent le développement : les
industries industrialisantes, c’est-à-dire celles des biens d’équipement
- Pour cela, il faut développer une protection douanière

Pour en savoir plus :

Présentation des causes du sous-développement : Elle dénonce selon A Lipietz :


• « la spécialisation de la périphérie dans l’exportation de biens primaires qui soumet
son économie aux fluctuations de la demande externe et traduit les gains de
productivité de ce secteur en baissant les termes de l’échange et en créant du
chômage »
• Dés lors on ne peut espérer de l’insertion des PVD dans la DIT traditionnelle du dans
le secteur des matières premières qu’elle assure une réelle croissance économique
tirant l’ensemble du tissu productif .

Solutions préconisées : Il faut donc appliquer une stratégie alternative visant à favoriser
le développement de secteurs moteurs :
• Partant de l’expérience de l’Allemagne, à la fin du XIX° siècle, ou de l’URSS de Staline,
les partisans de cette stratégie ont préconisé l’investissement dans les industries de
biens d’équipement qui sont considérés comme des industries industrialisantes,
permettant d’assurer la propagation du processus d’industrialisation à l’ensemble de la
structure productive de l’économie .
• Ces industries présentent de surcroît l’avantage d’assurer un développement
autonome puisque le pays n’est plus à terme dépendant des importations de biens
d’équipement en provenance des PDEM
Comme la stratégie précédente, celle-ci nécessite un prélèvement opéré sur les
consommateurs et le secteur agricole, afin de financer l’effort d’investissement qui est
extrêmement coûteux.

2. Les résultats

Ces stratégies se sont aussi souvent révélées inadaptées aux besoins de pays :
- La production effectuée est de mauvaise qualité et est excessive par rapport à la
demande

Pour en savoir plus :


en effet , les stratégies d’industries industrialisantes ont supposé qu’un développement
des capacités de production résultant d’un effort d’investissement très élevé engendrerait
un cercle vertueux ( une croissance économique tirant l’ensemble du tissu productif ) . Or ,
les capacités d’absorption des PVD sont limitées , et les projets souvent pharaoniques qui
ont été lancés sous-utilisés , ce qui engendre des déséconomies d’échelle , une hausse
des coûts et donc des prix . Une solution envisageable aurait pu être de réorienter les
capacités de production vers l’exportation. Mais ceci n’est guère réaliste , non seulement
car ces stratégies voulaient rompre avec l’extraversion , mais aussi parce qu’elles étaient
implantées dans des secteurs dits industrialisants ( sidérurgie , métallurgie , ... ) qui se
caractérisent par une surproduction au niveau mondial , résultant d’une stagnation de la
demande
- les industries industrialisantes se caractérisent par un investissement massif dans
les secteurs hautement capitalistiques, qui ne permettent pas d’absorber
l’excédent de main-d’oeuvre et génèrent donc du chômage .

Pour d’autres analyses tiers-mondistes :

- la thèse des technologies appropriées


• présentation
Postulat libéral : Les économistes libéraux considèrent que les pays pauvres bénéficient
du privilège du retard au développement ( Gerschenkron ) :
• ils peuvent utiliser une technologie déjà fiable et à moindre coût car ils n’ont pas à
l’inventer .
• Ils ont donc tout intérêt à opérer des transferts de technologies qui leur permettront ,
grâce aux techniques des pays du Nord de réaliser un bond en avant .

Critique de la thèse libérale :Mais d’autres considèrent que l’utilisation de la technologie


importée des pays industrialisés n’est pas efficace car elle n’est pas adaptée aux besoins
des PVD :
• une technologie n’est réellement efficace que si les structures culturelles sont prêtes à
la recevoir et à l’accepter, c’est-à-dire si elle répond à une demande de la population.
Dans le cas inverse, la greffe risque de ne pas prendre.
• les technologies des PDEM sont dites labour saving , c’est-à-dire qu’elles ont pour
objectif , le coût du travail étant élevé dans les pays industrialisés , de substituer du
capital au travail ( hausse de l’intensité capitalistique ) . Mais les PVD sont dans une
situation radicalement différente : en raison de leur forte fécondité (cf chap croissance
démographique et développement) ils disposent d’une main d’oeuvre nombreuse et
peu coûteuse. L’importation des technologies du Nord va donc augmenter le chômage,
sans améliorer la rentabilité des entreprises.
• la population ne dispose pas d’un niveau de qualification suffisant pour utiliser ou
réparer des technologies performantes
• le transfert de technologies nécessite, pour être efficace, des débouchés très
importants, afin de bénéficier d’économies d’échelle, générant des gains de
productivité. Or, nombre de pays du Sud disposent d’une population réduite et la
majorité ne peut compter sur une demande solvable générant des débouchés
croissants en raison de la faiblesse des revenus. Dès lors, les usines clés en mains
achetées aux PDEM ont un taux d’utilisation des capacités de production très réduit,
donc des coûts de production et des prix élevés.
• le transfert de technologie renforce la dépendance des pays du Sud envers ceux du
Nord : ils doivent s’endetter pour acquérir des machines qui généralement ne sont pas
à la pointe du progrès, pour ne pas concurrencer les industries du Nord. Dès lors, les
exportations sont peu compétitives, les rentrées de devises faibles, d’où des difficultés
de remboursement .

Solutions préconisées : Aussi, de nombreux pays ont-ils :


• préféré utiliser des technologies qui présentent l’avantage d’être appropriées aux
conditions spécifiques du pays (culturelle, économique et sociale)
• tout en leur permettant de rompre avec le modèle de développement des pays
industrialisés.

Exemple : Un exemple de programme pris souvent comme référence est celui dit : basic
industry strategy, appliqué par la Tanzanie à partir de 1974, qui cherchait à établir des
synergies entre secteur agricole et industrie : l’agriculture étant le principal débouché des
produits industriels (engrais, houes), et la principale source d’approvisionnement

• résultats
les partisans des technologies appropriées considéraient que les pays pouvaient choisir ,
en toute liberté ,des technologies qui leur semblaient les plus adaptées à leurs besoins . Or
, comme l’écrit M.Ikonicoff: « ce choix n’existe pas . En effet , quels que soient les facteurs
qui provoquent le démarrage de l’industrialisation , le processus s’oriente en fonction de la
demande d’un certain type de biens ( produits dans les pays industrialisés ) et qui
correspond aux attentes des minorités locales ( ...) L’élection de la technologie utilisée au
même moment dans les pays industrialisés pour la production d’un même type de biens
est la seule démarche rationnelle pour l’entrepreneur . » L’erreur commise par les PVD a
été de considérer que la technologie était un stock de connaissances définies une fois pour
toutes , alors que c’est un flux qui se renouvelle perpétuellement . Ainsi , en choisissant
des technologies qui auraient été compétitives à des époques passées , les pays ont
accumulé un retard qui a freiné d’autant plus leurs capacités à innover et a accru leur
retard par rapport aux PDEM

- le rôle important de l’Etat :


• présentation
- une analyse historique démontre que , si la Révolution industrielle anglaise a laissé au
second plan l’Etat ( qui n’était pourtant pas un Etat-Gendarme au sens libéral ) , les
modèles de développement de la fin du XIX°siècle ( Allemagne , Japon ) ont été
impulsés par l’Etat qui était le seul à pouvoir assurer un investissement suffisamment
massif pour assurer un décollage .
- contrairement à la vision libérale , le marché et l’homo oeconomicus ne sont pas des
données naturelles , présentes dans toutes les sociétés ( cf chap croissance et
développement + changement et valeurs ) . Dans la majeure partie des PVD , il n’existe
pas de classe d’entrepreneurs ayant réalisé une accumulation permettant de financer
l’investissement . L’Etat est donc obligé de se substituer aux entrepreneurs pour
compenser la défaillance du secteur privé .
- dans les PVD , les infrastructures ( écoles , hôpitaux , routes ) sont inexistants ou
insuffisants . Or elles représentent un préalable au développement (cf l’IDH et l’IPH).
L’Etat est donc obligé de les financer .
- contrairement à ce qu’énoncent les théoriciens libéraux , il n’est pas du tout certain
que le marché soit le plus apte à allouer les ressources rares ( d’autant plus que le pays
est plus pauvre ) vers les secteurs répondant le mieux aux besoins du développement .
Conséquences : L’Etat doit alors élaborer une stratégie globale , mobilisant si cela est
nécessaire un organe de planification : de nombreux pays du Sud qui avaient choisi de
rompre avec le modèle capitaliste , ont été influencés par l’exemple soviétique et ont dès
lors conféré à l’Etat et au Plan un rôle central

• résultats

Ces stratégies ont surestimé les capacités des Etats des PVD à gérer et à
organiser le développement. En effet :
- comme l’indique G.Myrdal : « les pays sous-développés sont tous à des degrés
variables des Etats mous (soft states) » .Ainsi, on constate que les PVD se
caractérisent généralement par un manque d’autorité de l’Etat, une législation
déficiente, un non respect des lois qui peuvent s’accompagner de phénomènes de
collusion et de corruption qui sont inconnus à ce degré en Occident.
- Par exemple, parlant de la Tunisie, H.BEJI écrit : « les moeurs du pouvoir sont celles
des pressions engagées par la masse contradictoire d’intérêts particuliers de ceux
qui détiennent une responsabilité. Tout le reste de la vie sociale est ignorée. Ainsi
un droit légitime ne sera jamais octroyé en tant que tel à cause de son inviolabilité :
le droit d’être soigné, d’être défendu, ... Mais il sera presque toujours octroyé
comme une faveur ... La privatisation de la vie politique est à la base de la
déchéance du droit. Les groupes dominants y sont tellement accoutumés que la
notion de vie publique a perdu toute signification pour eux. »
- Dès lors, on ne peut pas considérer que les Etats des PVD soient aptes à lancer des
stratégies de développement cohérentes, et l’on comprend mieux l’échec des
politiques menées dans la plupart des PVD. Constat : Le paradigme du « trop
d’Etat » a remplacé celui du « pas assez d’Etat » , selon G.GRELLET .En effet ,
même si , excepté les auteurs ultralibéraux , personne ne conteste la nécessité
d’une intervention de l’Etat , celle-ci doit être mesurée à l’aune de son efficacité :
l’expérience montre que , dans de nombreux PVD , l’intervention de l’Etat a généré
des effets contre-productifs .

- Les explications : pour trois raisons essentielles :


• l’Etat a été à l’origine de distorsions qui entravent l’allocation
optimale des facteurs de production :
o Ainsi , les PVD bénéficient d’une main d’oeuvre abondante , ce qui
devrait , conformément à la loi de l’offre et de la demande , engendrait
une réduction des salaires permettant de diminuer le chômage et de
développer la production dans les secteurs exportateurs utilisant
intensément la main d’oeuvre ( ex : le textile ) .
o Mais , certains pays ont voulu mettre en oeuvre des législations
sociales inadaptées à leur stade de développement ( salaire minimum
, protection sociale ) qui ont augmenté le coût du travail et incité les
entreprises à substituer du capital au travail ( d’où augmentation du
chômage ) .
o Les pays doivent donc, pour diminuer le chômage et améliorer la
compétitivité, supprimer les législations handicapantes, comme l’ont
fait, selon Kuznets les NPI dont la forte croissance s’explique par la
flexibilité du marché du travail
• la multiplication des mesures, leur incohérence et leurs aspects
contradictoires font que les réglementations administratives sont
souvent mal connues ou détournées de leur objectif :
o ainsi, en Inde les licences d’importation étant délivrées proportionnellement à la part
détenue par l’entreprise dans la production totale,chaque entreprise avait intérêt à
accroître sa production même si celle-ci était invendue .
o Les mesures risquent donc de favoriser des rentes de situation qui nuisent à
l’innovation et à la compétitivité

• dans les pays où l’Etat est omniprésent mais n’a pas la capacité d’imposer
des mesures qu’il instaure :
o les entreprises développent des marchés parallèles qui leur permettent
d’échapper aux prélèvements publics. En contrepartie, elles doivent verser
aux fonctionnaires et au pouvoir des pots de vin leur évitant des sanctions
o Ceci permet de rompre avec une vision idéaliste ( selon les libéraux ) qui fait
des agents de l’Etat des individus altruistes , cherchant à maximiser le bien-
être général , alors qu’en réalité , ils veulent améliorer leur bien-être
personnel.

Conclusion : Les résultats très décevants obtenus par ces stratégies expliquent le
désintérêt croissant pour les analyses tiers-mondistes et le recours aux idées libérales qui
ont d’autant plus le vent en poupe, qu’elles semblent à première vue à l’origine des
stratégies de développement des pays d’Asie (cf chapitre mondialisation)

Partie 2 – Le libre-échange assure croissance et développement

I. Les explications théoriques

A. Les analyses traditionnelles

1. Le libre-échange assure la croissance :l’analyse de Ricardo

- les pays se spécialisent dans la production où ils ont un avantage comparatif


- c’est-à-dire là où la productivité est la plus forte
- les facteurs de production sont alors utilisés dans les activités où la productivité est
la plus élevée
- la production augmente don

2. Le libre-échange assure le développement et la réduction des inégalités entre pays

a. L’analyse de J.S.Mill

Selon J.S.Mill,les pays pauvres sont les grands gagnants de l’échange international. En effet,
ils se caractérisent :
- par des capacités de production généralement plus réduites que celles des pays
riches, en raison de la faiblesse de leurs capacités d’investissement
- par une demande plus faible en raison de la faiblesse du revenu des ménages.
- Ainsi, les marchés dans lesquels sont spécialisés les pays pauvres se caractérisent
par une sous-production déterminant une hausse des prix alors que ceux des pays
riches connaissent une surproduction (résultant de la forte capacité de production
du pays riche et de la faible capacité d’absorption du pays pauvre) engendrant une
baisse des prix.
Dans l’optique libérale qui va de Smith à HOS, le libre-échange est optimal et conduit à une
amélioration du bien-être de tous les échangistes .En effet, les pays ayant basé leur
spécialisation sur des dotations factorielles complémentaires ont intérêt à laisser librement
entrer les produits, car il bénéficie ainsi de biens de meilleure qualité à des prix plus réduits,
ce qui améliore la satisfaction des consommateurs

b. L’analyse d’Hecksher-Ohlin-Samuelson :Une égalisation de la


rémunération des facteurs

le principe :HOS vont chercher à montrer comme l’écrit Sandretto que : « En dépit de
l’immobilité internationale des facteurs de production , leur rémunération tendrait
néanmoins à s’égaliser dans tous les pays sous l’influence du commerce international des
marchandises »

explication du modèle :
- à l’origine le pays s’est spécialisé dans la production qui utilisait intensément le
facteur le plus abondant donc le moins cher ; mais, suite à cette spécialisation ,
l’utilisation du facteur abondant va s’intensifier , ce qui à terme va augmenter son
coût : le facteur devenant plus rare .
- Au contraire le facteur rare voit son utilisation diminuer puisque le pays importe les
biens nécessitant son utilisation, le facteur rare devient alors plus abondant et donc
moins coûteux.

Répercussions positives : Le développement des échanges internationaux réduit donc


les différences de rareté relative ; il rend moins abondant le facteur pléthorique, atténue la
rareté relative du facteur rare, de ce fait le libre-échange tend à réduire les disparités, de
pays à pays, des rémunérations des facteurs. Sandretto peut en conclure : « ce théorème
d’HOS implique que, sous l’effet du commerce international, les taux de profit deviennent
égaux partout et que le pouvoir d’achat des travailleurs s’égalise dans tous les pays, aux
Etats-Unis comme au Bangladesh ou en Ethiopie », ce qui conduirait progressivement à un
phénomène de convergence des économies.

Pour le théorème de Stolper-Samuelson qui complète la théorie d’HOS

Stolper avec Samuelson a complété la théorie d’HOS par le théorème suivant : si un pays
instaure un tarif douanier sur l’importation des biens incorporant un facteur rare
, cela conduit à augmenter le revenu relatif de ce facteur rare au détriment des
facteurs abondants
Exemple de compréhension : en Angleterre au XVIII° siècle, la terre est un facteur rare ,
les propriétaires terriens sont alors protectionnistes , car le libre-échange abaisserait la
rente foncière dont ils bénéficient ( la terre étant rare , sa rémunération est élevée ) . La
protection du marché du blé va augmenter le revenu des propriétaires terriens au détriment
des consommateurs et des industriels qui paient les produits agricoles à un prix plus élevé
que s’ils étaient importés
Conséquences : le protectionnisme conduit à privilégier des intérêts particuliers de ceux
qui bénéficient de la protection au détriment de l’intérêt général.

CONCLUSION :

Dès lors , la théorie d’HOS qui justifie la DIT traditionnelle ( les PVD du Sud sont spécialisés
dans la production de biens utilisant beaucoup de main-d’œuvre ou des ressources
naturelles abondantes alors que les pays du Nord se spécialisent dans les productions qui
utilisent intensément le capital ) va montrer que contrairement aux affirmations des
théoriciens de la dépendance ( cf. chapitre Tiers-Monde ) tous les pays et surtout les pays
les plus pauvres sont gagnants à l’échange international .

B. L’apport des nouvelles théories de la croissance

Les nouvelles théories de la croissance semblent rendre le libre-échange plus nécessaire


que jamais :
- la théorie de la croissance endogène montre que, plus l’accumulation du progrès
technique et des connaissances est élevée, plus forte sera la croissance potentielle,
le resserrement des liens économiques entre les pays accroît la propagation des
techniques, réduit le risque de duplication d’activités de R-D et génère donc une
croissance économique plus forte.
- afin de réduire leurs coûts de production, les entreprises cherchent à bénéficier de
rendements d’échelle qui nécessitent une augmentation des débouchés qui n’est
réalisable que par le développement du libre-échange et l’instauration du marché
mondial.
- le libre-échange réduit les distorsions de prix en homogénéisant les prix des
entreprises fabriquant les mêmes produits. Dès lors, les entreprises vont être
incitées à investir sur les marchés les plus porteurs, ce qui conduira à une
amélioration de l’efficience économique et donc à terme de la croissance
économique

Le rapport de l’OMC de 1998 explicitant la relation entre libéralisation des échanges et croissance
économique dans les analyses traditionnelles et modernes

Commerce international et croissance


Sommaire

Commerce extérieur et croissance dans les modèles traditionnels de la croissance


Le commerce international et la croissance dans les nouveaux modèles de la croissance
Commerce international et croissance : données empiriques
Bibliographie

La relation entre libéralisation du commerce international et la croissance économique fait l'objet de recherches
théoriques et empiriques et conduisent à de nombreuses interrogations. L'ouverture au commerce international agit-
elle directement ou indirectement sur la croissance ? Agit-elle positivement ou négativement ? Quels sont les autres
facteurs qui interviennent dans la relation ? Comment évalue-t-on le degré d'ouverture de la politique commerciale
lorsqu'on procède à une étude empirique ? Une revue de la littérature théorique et empirique.
(...) Des observations de plus en plus nombreuses donnent à penser que le principal avantage de la libéralisation du
commerce ne se manifeste pas immédiatement mais sur une longue période, en stimulant l'investissement et la
croissance. Une variation même modeste du taux de croissance peut entraîner des gains beaucoup plus importants
que les gains statiques que nous avons analysés jusqu'à présent. Pour apprécier l'importance des politiques qui sont
favorables à la croissance économique, il peut être utile d'examiner combien de temps il faut pour doubler le revenu
national avec divers taux de croissance. Par exemple, avec une croissance annuelle de 1 %, il faut près de soixante-
dix ans. Si des réformes économiques peuvent faire passer le taux de croissance de 1 à 2 %, les revenus doublent en
trente-cinq ans seulement(1). Et 2 % est encore un taux de croissance très modeste, du moins pour des pays en
développement ayant un grand potentiel de rattrapage. D'ailleurs, avant la récente crise financière, les "tigres"
d'Asie orientale avaient enregistré des taux de croissance de 6 à 7 % pendant plusieurs décennies à la suite de la
déréglementation de leur économie et de leur intégration dans l'économie mondiale. Avec de tels taux de croissance,
le revenu double environ tous les dix ans. Le succès des pays en développement dynamiques dépendant de
nombreux facteurs, notamment d'importants investissements dans le capital physique et humain(2), il ne fait guère
de doute que l'ouverture sur l'extérieur a joué un rôle essentiel. En fait, la plupart des études empiriques constatent
l'existence d'une rétroaction positive entre l'ouverture du régime commercial et la croissance économique. La
Banque mondiale (1987) a classé quarante et un pays en développement en quatre catégories selon leur degré
d'ouverture commerciale : 1) pays très tournés vers l'intérieur, 2) pays modérément tournés vers l'intérieur, 3) pays
modérément tournés vers l'extérieur et 4) pays très tournés vers l'extérieur. On a ensuite comparé le degré
d'ouverture avec le taux de croissance par habitant moyen sur trois périodes, 1963-1973, 1974-1985 et 1986-1992.
(La dernière période a été ajoutée par le FMI, 1993). On constate que les pays tournés vers l'extérieur croissent en
moyenne plus rapidement que les pays tournés vers l'intérieur.
Toutefois, le gain de croissance est moins élevé. En effet, l'étude ne tient pas compte d'autres facteurs et l'indicateur
d'ouverture peut saisir l'influence conjointe du régime commercial et d'autres variables omises qui sont corrélées
avec le régime commercial. Par exemple, il y a probablement une corrélation entre un bon régime de commerce
extérieur et la qualité globale de la politique économique, qui a aussi une influence sur la croissance. D'ailleurs, les
études qui tiennent compte d'autres variables constatent que le régime de commerce extérieur a une influence moins
prononcée, mais quand même importante. Nous passerons en revue les données empiriques plus loin mais il peut
être utile de commencer par la théorie de base : quel est le moteur de la croissance économique et quel est le rôle du
commerce extérieur ?

Commerce extérieur et croissance dans les modèles traditionnels de la croissance


Les modèles traditionnels (néo-classiques) de la croissance économique considèrent l'accumulation de capital
comme le moteur de la croissance(3). On postule que les investissements sont intégralement financés par l'épargne
intérieure(4). Le taux d'épargne intérieure joue donc un rôle essentiel pour la croissance. Les pays qui épargnent
davantage pourront plus investir et donc croître plus vite. Dans un premier temps, le rendement des investissements
est élevé, puis il diminue à mesure que le stock de l'économie augmente. En effet, l'investissement a un rendement
décroissant. Par conséquent, le taux de croissance diminue à mesure que le pays s'enrichit.
Ce modèle identifie deux raisons fondamentales pour lesquelles différents pays peuvent ne pas parvenir au même
revenu par habitant, même à long terme. Premièrement, la productivité des facteurs peut différer pour diverses
raisons, la plus évidente étant les différences en capital humain. Il existe une forte corrélation entre le capital
humain et le revenu par habitant(5). Les autres variables qui ont une influence sur la productivité et la croissance
sont notamment les dépenses publiques (corrélation négative avec la croissance globalement mais positive pour
certaines catégories de dépenses comme les dépenses d'éducation et d'infrastructure), l'inflation (corrélation
négative en cas de taux d'inflation élevé), le primauté du droit (corrélation positive), les rigidités du marché du
travail (corrélation négative), le développement du secteur financier (corrélation positive), et l'ouverture du régime
de commerce extérieur (corrélation positive)(6). Deuxièmement, le revenu par habitant augmente avec l'intensité de
capital de l'économie et donc indirectement avec le taux d'épargne. Les énormes différences de taux d'épargne, qui
vont de moins de 5 % du PIB dans certains des pays les plus pauvres du monde, à plus de 45 % dans certains pays
d'Asie de l'Est, sont un facteur essentiel pour expliquer les écarts de taux de croissance et de revenu par habitant
entre les différents pays. Tant que ces différences subsistent, il est peu probable que les revenus convergeront à
l'échelle mondiale. En fait, jusqu'à présent les revenus ne convergent qu'entre des pays ayant une situation socio-
économique similaire (capital humain, politiques publiques, taux d'épargne, etc.), comme le prédit la théorie.

Dans ces modèles, la libéralisation du commerce extérieur peut influencer indirectement la croissance économique.
Toute politique qui augmente l'efficience de l'économie, y compris de la libéralisation du commerce, entraînera une
croissance plus rapide temporairement, le revenu additionnel se traduisant par une augmentation de l'épargne et de
l'investissement(7). Ce processus correspond à une version dynamique du célèbre multiplicateur keynésien, c'est-à-
dire le mécanisme par lequel une injection d'argent public peut accroître le PIB d'un montant supérieur à l'injection
initiale en stimulant l'économie, particulièrement en période de chômage généralisé. Toutefois, l'effet de
multiplication des investissements n'est pas suffisant pour expliquer les différences de croissance entre économies
ouvertes et économies fermées. Les versions multisectorielles du modèle font apparaître un autre lien entre la
croissance et le commerce extérieur(8). Dans ce cadre, l'ouverture au commerce extérieur et la restructuration de
l'économie qu'elle accompagne peuvent stimuler la croissance pendant plusieurs décennies, comme cela a été le cas
en Asie de l'Est. Les limites de la croissance sont déterminées par la disponibilité de l'épargne intérieure et de
l'investissement étranger pour financer les secteurs en expansion et par la saturation du marché mondial.
Cependant, une fois l'économie restructurée, les taux de croissance retomberont inévitablement à un niveau plus
normal. Il n'en reste pas moins que le pays ne sera peut-être plus pauvre ou du moins plus aussi pauvre qu'avant les
réformes commerciales(9).
Il convient de souligner que rien dans cette catégorie de modèles ne laisse penser que la libéralisation du commerce
extérieur stimulera la croissance de façon permanente. L'impulsion donnée à la croissance finira par s'épuiser une
fois l'économie restructurée et intégrée dans l'économie mondiale. Néanmoins, les analyses empiriques montrent
que les économies ouvertes croissent plus rapidement que les économies fermées pendant de longues périodes, peut-
être plus longues que ne peut l'expliquer la dynamique du modèle de croissance traditionnel. Cela peut être dû au
fait que la concurrence internationale force les entreprises à être plus novatrices et ouvertes à des idées et
technologies étrangères, alors que la protection peut encourager la complaisance et la stagnation technologique. Les
modèles de croissance traditionnels, qui traitent le changement technologique comme un processus exogène ou
indépendant qui ne réagit pas aux forces du marché et aux politiques publiques, ne comportent pas de lien de ce
genre. Il y a là évidemment une abstraction, comme le montre la littérature visant à expliquer la croissance qui
attribue une large part de celle-ci au progrès technique, en particulier dans les pays développés où l'accumulation de
capital traditionnel n'est plus le moteur de la croissance(10). Ainsi, les modèles de la croissance plus anciens
peuvent expliquer certaines observations empiriques, comme la convergence des revenus entre pays similaires, mais
ils n'expliquent guère des différences persistantes de taux de croissance ou la façon dont ces diffèrences sont liées à
la politique commerciale. Nous allons maintenant passer en revue des modèles plus récents qui apportent un nouvel
éclairage à cette question.

Le commerce international et la croissance dans les nouveaux modèles de la croissance


Au cours des deux dernières décennies, il y a eu d'importants progrès dans la théorie de la croissance. L'évolution a
consisté essentiellement à remplacer le postulat traditionnel d'une progression exogène (indépendante) de la
productivité (déterminée par une évolution technique inexpliquée) par un processus endogène (dépendant),
déterminé par les forces du marché. Ces modèles sont donc appelés "modèles de croissance endogènes". Ils ont été
employés pour étudier les répercussions sur la croissance d'un large éventail de politiques, notamment les politiques
fiscales, les politiques de dépenses publiques, les politiques de l'éducation et les politiques commerciales(11). Dans
la présente sous-section, nous passerons en revue la littérature qui est directement applicable aux relations entre
commerce et croissance. Il convient de souligner toutefois que le commerce extérieur n'est qu'un élément de
l'équation de la croissance. Comme on l'a déjà signalé, le grand nombre des variables qui sont corrélées avec la
croissance donne à penser que les résultats obtenus par un pays dépendent de la qualité globale de sa politique
économique et sociale et notamment de la qualité de son enseignement, de sa stabilité macroéconomique, de son
ouverture à l'investissement étranger direct, de la primauté du droit, de la flexibilité du marché du travail, de la
qualité des infrastructures, etc. Une politique de libre-échange ne peut certainement pas compenser des défaillances
dans d'autres domaines.
On peut établir un lien entre les gains de productivité et les forces du marché en postulant un simple processus
d'apprentissage par l'expérience : plus un pays fabrique un certain produit, mieux il le fabrique. On connaît bien les
exemples de l'assemblage d'avions ou de la fabrication de microprocesseurs, secteurs dans lesquels il est connu que
les coûts baissent de façon spectaculaire à mesure que les producteurs acquièrent de l'expérience. Le commerce
intervient de deux manières directes. Premièrement, un pays apprendra plus rapidement dans les secteurs en
expansion et plus lentement dans les secteurs qui se contractent. L'effet net sur la croissance dépend de la marge
d'apprentissage dans les secteurs en expansion comparée à celle qui existe dans les secteurs en déclin.
Deuxièmement, si le commerce facilite la diffusion de la technologie, et cela semble de plus en plus probable, les
pays apprendront non seulement grâce à l'expérience qu'ils acquièrent en produisant, mais aussi grâce à celle de
leurs partenaires commerciaux.
Dans un premier temps, les pays qui ont de l'avance dans des industries dynamiques profiteront davantage de la
libéralisation du commerce en accroissant leur part de marché dans ces secteurs. Toutefois, les autres pays qui se
spécialisent dans des industries traditionnelles et mûres profiteront indirectement de la libéralisation grâce à la
baisse des prix d'importation de produits pour lesquels la productivité augmente rapidement. Par exemple, la chute
du prix des ordinateurs et autres produits de haute technologie réduit la facture d'importation des pays qui se
spécialisent dans les industries mûres et traditionnelles. Ce modèle amène à conclure que tous les pays bénéficient à
long terme d'une intensification de la spécialisation internationale car celle-ci accélère l'apprentissage et le progrès
de la productivité. Cela est particulièrement vrai si le commerce facilite la diffusion de technologies et de savoir
entre les pays.
Les modèles fondés sur l'apprentissage par l'expérience sont un peu particuliers car ils considèrent que
l'apprentissage n'est qu'un sous-produit de la production. En fait, l'apprentissage n'est pas seulement un effet
secondaire, car les entreprises consacrent aussi des ressources importantes à la recherche-développement (R & D)
pour trouver de nouvelles manières de produire (innovation concernant les processus) et de nouveaux objets à
produire (innovation concernant les produits). Les dépenses de R & D peuvent dépasser 2 % de la valeur ajoutée
industrielle dans les pays avancés, parfois beaucoup plus, et de façon générale elles ont tendance à augmenter(12).
Plusieurs modèles récents considèrent la R & D comme le moteur de la croissance(13). Un des postulats
fondamentaux de ces modèles est que la R & D produit deux types de résultats connexes. Le premier est le nouveau
procédé ou produit. Il est admis que l'innovateur reçoit un droit exclusif de commercialisation, par exemple au
moyen d'un système de protection par brevet. La protection juridique des droits de propriété intellectuelle est
nécessaire pour permettre aux entreprises novatrices de récupérer leurs dépenses de R & D et donc pour les inciter à
faire de la R & D. Le second type de résultat consiste en l'information technique qui est incorporée dans les produits
et qu'il peut être beaucoup plus difficile de s'approprier. Par exemple, même si un médicament est protégé par un
brevet, l'inventeur ne peut pas nécessairement empêcher les compagnies pharmaceutiques rivales d'en apprendre les
principes fondamentaux. Une analyse de la composition chimique et un examen de la demande de brevet et des
documents qui l'étayent peuvent permettre d'apprendre à peu près tout ce qu'on peut savoir de ce médicament.
Grâce à cette information, les entreprises rivales peuvent mettre au point des médicaments concurrents mais assez
différents pour ne pas être visés par le brevet. Dans cette catégorie de modèles, c'est cette interaction entre
l'innovation, la diffusion de la technologie incorporée et les nouvelles innovations qui constitue le moteur de la
croissance.
Toute mesure ayant une incidence sur l'incitation à investir dans la R & D aura aussi des effets sur la croissance
économique. L'exemple classique est celui de la protection par brevet qui vise à empêcher les contrefaçons,
lesquelles découragent la recherche originale(14). On peut mentionner d'autres exemples, comme les aides
publiques visant à favoriser l'enseignement des sciences de la nature, la recherche fondamentale et la diffusion des
résultats de la recherche. Les autres instruments couramment employés sont les subventions ou allègements fiscaux
accordés aux entreprises privées pour la recherche appliquée. Tous ces instruments agissent plus ou moins
directement soit sur le coût soit sur la rentabilité des activités de R & D. En outre, il existe un certain nombre
d'instruments indirects qui, d'une façon ou d'une autre, influencent l'incitation à investir dans la R & D, l'un d'entre
eux étant la politique commerciale.
Comme l'expliquent succinctement Grossman et Helpman (1995), on peut présumer que l'intégration mondiale a
une influence tant sur les incitations privées à investir dans la technologie que sur ses retombées sociales. Du côté
positif, l'intégration élargit le marché et accroît donc le bénéfice potentiel d'une entreprise qui réussit à inventer un
nouveau produit ou procédé. En outre, un pays qui s'intègre dans l'économie mondiale peut souvent tirer avantage
d'un apprentissage qui s'est fait en dehors de ses frontières. Du côté négatif, les entreprises mentionnent souvent la
concurrence internationale comme étant l'un des grands risques associés à l'investissement dans les technologies
avancées et comme un des arguments en faveur d'une intervention accrue des pouvoirs publics dans la mise au point
de nouvelles technologies.
Dans cette catégorie de modèles, la libéralisation du commerce international peut stimuler l'innovation et la
croissance dans une série de pays et les retarder dans d'autres pays. Il est plus probable que l'effet sur la croissance
sera positif pour tous les pays participants si le commerce international facilite la diffusion de la technologie et du
savoir. Sinon, il y a très peu de résultats qui restent valables lorsqu'on modifie les postulats. Grossman et Helpman
(1995) résument l'ambiguïté théorique actuelle en disant que, lorsque les retombées du savoir - qu'il s'agisse de
l'apprentissage par l'expérience ou des résultats de la recherche - sont localisées, le commerce international peut
freiner le progrès technique dans un petit pays ou un pays qui commence avec un handicap technologique, car les
forces de la concurrence font qu'il consacrera ses ressources à des activités plus traditionnelles à faible taux de
croissance. En revanche, lorsque le processus d'apprentissage se caractérise par des économies d'échelle
dynamiques, les possibilités de gains résultant de l'intégration et du commerce internationaux peuvent être plusieurs
fois plus élevés que ne le laissent entendre les modèles statiques du commerce international. Le résultat dépend de
la nature et de l'ampleur des retombées technologiques, au sujet desquelles on commence seulement à accumuler
des données empiriques.

Commerce international et croissance : données empiriques


Comme la théorie ne peut pas dire sans ambiguïté si la libéralisation du commerce, ou l'intégration économique
plus généralement, stimule la croissance pour tous les pays, nous allons passer en revue la littérature empirique
pour essayer d'y voir plus clair. Il convient de noter d'emblée que la littérature empirique sur le commerce
international et la croissance se heurte à plusieurs problèmes conceptuels ainsi qu'à des problèmes de données. Le
problème essentiel est l'étalonnage de la politique commerciale, pour lequel il faut traduire les innombrables
obstacles au commerce visant des milliers de lignes tarifaires en un indice global d'ouverture du régime de
commerce extérieur. Les conclusions de diverses études sont récapitulées dans le tableau ci-contre.
La méthode la plus simple pour déterminer le degré d'ouverture d'un pays consiste à utiliser comme indicateur de
substitution ses flux commerciaux effectifs, l'idée étant que les économies libéralisées croissent plus vite que celles
qui le sont peu. L'existence d'une corrélation positive entre la croissance des exportations et celle du PIB est alors
considérée comme une preuve que la libéralisation du commerce stimule la croissance. Plusieurs études ont abouti à
des résultats de ce type(15). Le défaut évident de cette méthode est que les flux d'échanges sont au mieux un
indicateur imparfait du degré d'ouverture de la politique commerciale. Par exemple, en général, les petits pays
exportent et importent davantage que les grands pays, tant pour des raisons d'économies d'échelle que par manque
de ressources. Toutefois, les études qui comportent des ajustements pour tenir compte des différences naturelles de
la propension à commercer trouvent toujours une corrélation positive entre la croissance et le commerce extérieur,
la prime de croissance liée à l'ouverture vers l'extérieur allant de 0,2 point de pourcentage pour les grands
exportateurs de produits manufacturés à 1,4 point de pourcentage pour les petits exportateurs de produits
primaires(16). Une autre méthode consiste à déduire le degré d'ouverture en comparant l'écart entre les exportations
effectives et celles que prédirait un modèle théorique du commerce extérieur. Si l'écart est positif, on considère que
le pays est particulièrement ouvert et vice versa. Les études fondées sur cette méthode ont aussi confirmé l'existence
d'une corrélation positive entre l'ouverture du régime de commerce extérieur et la croissance(17). Une autre
méthode encore consiste à élaborer un indice d'ouverture sur la base de critères multiples, comme l'importance des
obstacles non tarifaires, les taux moyens de droits, l'écart entre le taux de change du marché noir et le taux de
change officiel et l'importance des entreprises commerciales d'État. Une étude employant cette méthode a montré
que les économies ouvertes croissent de 2 à 2,5 points de pourcentage par an plus vite que les économies fermées,
après ajustement pour tenir compte des autres facteurs(18). Une étude similaire a montré que les économies
ouvertes convergent progressivement vers un niveau de revenu plus élevé que les économies fermées(19). Enfin, il
existe encore une autre méthode consistant à mesurer l'ouverture en comparant les prix intérieurs et les prix
internationaux. Les pays dans lesquels les prix relatifs sont les plus proches des prix mondiaux enregistrent une
croissance nettement plus rapide(20). En particulier, les petits pays pauvres en ressources semblent souffrir des
restrictions à l'importation, probablement parce que leur production est davantage tributaire des intrants étrangers.
La robustesse (sensibilité) de ces résultats a été vérifiée dans plusieurs études employant des indices multiples
d'ouverture au commerce extérieur. Quel que soit l'indice, la méthode d'estimation et la période, la corrélation entre
le degré d'ouverture et la croissance est dans la plupart des cas positive et, lorsqu'elle est négative, c'est dans des
proportions statistiquement insignifiantes(21). En outre, il semble y avoir un cercle vertueux de libéralisation et de
croissance : les périodes de forte croissance semblent encourager l'ouverture des marchés (probablement parce que
la croissance atténue les problèmes d'ajustement et réduit la résistance aux changements) et l'ouverture des marchés
elle-même favorise la croissance(22).
Certains auteurs se sont demandés si la corrélation entre commerce et croissance était valable pour les pays les
moins avancés, soutenant qu'il faut avoir atteint un certain niveau de développement pour pouvoir pleinement tirer
parti des avantages du commerce international(23). Il existe en effet quelques études relativement anciennes qui
donnent à penser que la corrélation est plus forte pour les pays à revenus moyens que pour les pays à bas
revenus(24). Toutefois, il s'agit probablement d'une constatation non valide liée au fait que les politiques
économiques pratiquées dans les pays à revenus moyens sont plus cohérentes et sont poursuivies plus longtemps, ce
qui laisse aux effets sur la croissance le temps de se manifester. En effet, des études plus récentes tenant compte
d'un ensemble plus large de variables affectant la croissance ne constatent aucun affaiblissement de la corrélation
entre commerce et croissance même pour les pays les plus pauvres d'Afrique subsaharienne(25).

Corrélation entre commerce et croissance sur la base de comparaisons entre différents pays Source et pays couverts
Indice d'ouverture au commerce Résultats
Michaely (1977),pays Taux de croissance de la part des Corrélation positive (rang) entre les
en développement. exportations. exportations et la croissance. Á La
corrélation est plus marquée dans un sous-
échantillon de pays à revenus moyens.
Feder (1983),pays Croissance des exportations pondérées Liens positifs entre la croissance du PIB et
semi-industriels. par la part des exportations. la croissance des exportations.
Syrquin et Chenery Part des exportations dans le PIB après Le taux de croissance est plus élevé pour les
(1989),pays divers. ajustement pour tenir compte de la taille pays ouverts sur l'extérieur dans tous les
du pays et de la spécialisation des sous-groupes : petits exportateurs de produits
exportations. primaires, grands exportateurs de produits
primaires, petits exportateurs de produits
manufacturés, grands exportateurs de
produits manufacturés. Á Le gain de
croissance dû à l'ouverture vers l'extérieur est
compris entre 0,2 et 1,4 point de
pourcentage.
Balassa (1985),pays Indice d'ouverture sur le commerce Les pays tournés ves l'extérieur croissent
en développement. extérieur défini sur la base de la plus rapidement.
différence entre les exportations effectives
et prédites.
Edwards (1992),pays Indice d'ouverture de Leamer (1988) Les pays plus ouverts (moins
en développement. fondé sur l'écart entre le commerce prédit interventionnistes) ont tendance à croître
et le commerce effectif. plus rapidement. Á Ce résultat est confirmé
par huit autres indicateurs de politique
commerciale sur neuf.
Banque mondiale Les pays sont classés en quatre groupes : Les pays tournés vers l'extérieur ont
(1987),pays en fortement tournés vers l'intérieur, tendance à croître plus rapidement.
développement. modérément tournés vers l'intérieur,
modérément tournés vers l'extérieur,
fortement tournés vers l'extérieur.
Sachs et Warner Indice ouvert/fermé sur la base de cinq Les pays ouverts croissent plus rapidement
(1995),pays divers. critères (voir texte). que les pays fermés, avec un écart de 2 à 2,5
points de pourcentage. Á Dans les pays
ouverts, le ration d'investissement est plus
élevé, la situation macroéconomique est plus
équilibrée et le secteur privé joue un plus
grand rôle en tant que moteur de la
croissance.
Proudman, Redding et Indice ouvert/fermé sur la base de Les pays ouverts convergent vers un niveau
Bianchi(1997), pays plusieurs mesures de l'orientation de la de revenus plus élevé. Á Ces différences
divers. politique de commerce extérieur. subsistent même lorsqu'on tient compte des
différences dans le niveau relatif de
l'investissement.
Barro (1991), pays Indice de distorsion des prix des biens La distorsion des prix des biens
divers. d'équipement (écart à parité de pouvoir d'équipement réduit la croissance. Á Les
d'achat par rapport à la moyenne de coefficients calculés indiquent que lorsque
l'échantillon pour les biens d'équipement). l'écart à parité de pouvoir d'achat par rapport
à la moyenne de l'échantillon augmente d'un
écart type, le taux de croissance diminue de
0,4 point de pourcentage.
Dollar (1992),pays en Distorsion du taux de change. Le taux de croissance par habitant moyen
développement. dans le quartile des pays (principalement
asiatiques) dans lesquels la distorsion était la
plus faible était de 2,9 % ; dans le deuxième
quartile, le taux de croissance était de 0,9 %,
dans le troisième il était de - 0,2 % et dans le
quatrième de - 1,3 %. Á Si la distorsion du
taux de change réel était ramenée au niveau
observé en Asie, le taux de croissance
augmenterait de 0,7 point de pourcentage en
Amérique latine et de 1,8 point de
pourcentage en Afrique.
Easterly (1993), pays Indice mesurant la distorsion entre les Plus la distorsion est grande, plus la
divers. prix relatifs du marché mondial et les prix croissance diminue. Lorsque la distorsion
relatifs intérieurs. augmente d'un écart type, le taux de
croissance diminue de 1,2 point de
pourcentage.
Lee (1993), pays Indice mesurant à quel degré le Le taux de croissance augmente lorsque la
divers. commerce est faussé par rapport au distorsion diminue. Á Les distorsions du
niveau qu'il atteindrait en régime de libre- commerce extérieur réduisent davantage la
échange du fait des distorsions introduites croissance dans les petits pays pauvres en
par le taux de change réel et les droits de ressources que dans les grands pays riches en
douane ressources.
Source et pays Indice d'ouverture au commerce Résultats
couverts
Harrison (1995), pays Sept indices : libéralisation du commerce Tous les indices statistiquement signifiants
en développement. extérieur (1960-1984), (1978-1988), font apparaître une corrélation entre un
prime du marché noir, part du commerce, régime de commerce extérieur libéral et la
distorsion du taux de change réel, croissance du PIB. Le lien de causalité entre
évolution vers les prix internationaux, le libéralisme commercial et la croissance
distorsions au détriment de l'agriculture. existe dans les deux sens. Avec un décalage
dans le temps, le niveau de la croissance
explique de façon significative le degré
d'ouverture de l'économie et réciproquement.
Edwards (1997), pays Neuf indices : indice d'ouverture de Il y a une corrélation positive entre les
divers. Sachs-Warner (1995), indice d'ouverture indices d'ouverture et la croissance de la
vers l'extérieur de la Banque mondiale productivité totale des facteurs, et une
(1987), indice d'ouverture de Leamer corrélation négative avc l'image symétrique
(1988), prime du marché noir, droit des indices de distorsion du commerce. Le
d'importation moyen sur les produits commerce n'est pas la variable la plus
manufacturés, champ d'applica tion des importante pour expliquer les différences de
obstacles non tarifaires, indice des croissance entre pays ; le PIB initial et le
distorsions du commerce de la Heritage capital humain jouent un rôle plus important.
Foundation, ratio du produit des impôts Á Les données font apparaître une
sur le commerce, indice de Wolf (1993) de convergence conditionnelle.
la distorsion des importations
Matin (1992), Afrique Quatre indices : part du commerce Tous les indices qui sont statistiquement
subsaharienne. extérieur, prime du marché noir, indice de significatifs font apparaître une relation
libéralisation du commerce extérieur, positive entre un régime de commerce
distorsion du taux de change réel. extérieur libéral (faible distorsion) et la
croissance. Á Le lien entre le degré
d'ouverture et la croissance est aussi fort pour
les pays d'Afrique subsaharienne que dans
l'échantillon témoin d'autres pays africains.
Levine et Renelt Analyse de sensibilité pour des indices Nette corrélation positive entre la
(1992), pays divers. multiples avec régression interpays. croissance et la part de l'investissement dans
le PIB. Á Nette corrélation positive entre la
part de l'investissement dans le PIB et la part
du commerce dans le PIB. Á Lien à deux
maillons reliant le commerce à la croissance
par le biais de l'investissement.
Gallup et Sachs Indice de Sachs-Warner (1995). Il y a une corrélation positive entre l'indice
(1998), pays divers. d'ouverture et la croissance, après ajustement
pour tenir compte des autres facteurs. Á En
outre, les facteurs géographiques qui rendent
le commerce plus coûteux réduisent la
croissance. La croissance des pays sans
littoral est inférieure de 0,9 point de
pourcentage à celle des pays côtiers.
Coe et Helpman s.o. La productivité intérieure est influencée
(1995),OCDE. positivement par la somme, pondérée par les
importations, du stock de R & D des
partenaires commerciaux.
Keller (1997), OCDE. s.o. Le commerce extérieur facilite la
transmission intersectorielle et
intrasectorielle de la productivité.
Balasubramanyam, Indicateur d'ouverture de la Banque La réduction des obstacles au commerce
Salisu et Sapsfort mondiale. renforce l'efficience de l'IED et,
(1996), pays en indirectement, la croissance.
développement.

Il y a aussi quelques études qui cherchent à déterminer exactement pourquoi les économies ouvertes croissent plus
vite que les économies fermées. L'une des conclusions, conforme aux modèles traditionnels de la croissance, est que
la libéralisation du commerce extérieur stimule l'investissement et donc indirectement la croissance
économique(26). En outre, il semble qu'un régime de commerce extérieur ouvert améliore la qualité des
investissements. Une étude portant sur trente-quatre pays en développement a montré que les investissements
étrangers directs avaient un impact positif sur la croissance pour les pays tournés vers l'extérieur et n'en avaient pas
pour les pays tournés vers l'intérieur(27). En outre, on a de plus en plus d'indices montrant que le commerce induit
des transferts de technologie, ingrédient important dans les modèles de croissance endogène. Une étude a montré
que la productivité des facteurs intérieurs était positivement influencée par la somme des dépenses de R & D des
partenaires commerciaux pondérée par les importations(28). Une autre étude a montré que les dépenses étrangères
de R & D dans une branche de production améliorent la productivité nationale dans la même branche, mais aussi
dans d'autres branches de production connexes en amont ou en aval(29). Cette constatation confirme l'idée que le
commerce facilite la diffusion de la technologie dans le monde et renforce la conclusion selon laquelle il a des effets
positifs sur la croissance des pays qui s'intègrent dans l'économie mondiale.
En résumé, un large éventail d'études très différentes les unes des autres arrivent toutes à la même conclusion
fondamentale, à savoir qu'un régime de commerce extérieur ouvert stimule la croissance. En outre, la littérature
empirique infirme le point de vue pessimiste selon lequel la libéralisation du commerce compromet les perspectives
de croissance des pays en développement. Au contraire, les pays en développement ouverts ont des résultats
nettement meilleurs que les pays en développement fermés. Enfin, il ne faut pas oublier qu'un régime de commerce
extérieur ouvert n'est pas une panacée ; pour que les forces productives de l'économie puissent se déployer sans
entrave, il faut que les autres éléments de la politique économique s'y prêtent. (...)

Source : Rapport annuel 1998 de l'OMC

II. L’exemple des pays d’Asie du sud-est : la stratégie de promotion des exportations

A la fin des années 50, les meilleurs experts de l’ONU prévoyaient un avenir brillant au Congo belge riche en
matières premières et était très pessimiste pour la Corée du Sud. Or, depuis 60, le revenu par tête du Zaïre, ex
Congo belge, a régressé de plus de 2 % par an , alors que celui de la Corée du Sud a progressé de plus de 7% par an
.Cela s’explique par l’adoption par la Corée d’une stratégie cde promotions d’exportations .

Pour une analyse plus développée par G.Grellet :


G.Grellet écrit : « à l’encontre de l’ancienne orthodoxie des années 50 et 60 (dominée par le
Tiers-Mondisme structuraliste ou marxiste), les années 80 auront vu apparaître ce que nous
pouvons appeler une nouvelle orthodoxie. (... ) Selon celle-ci, la compréhension des
phénomènes de croissance est fondée sur les 3 postulats suivants :
• la croissance des nations est fortement dépendante de leur ouverture vers l’extérieur
• l’offre globale dépend de l’allocation des ressources rares ; celle-ci est optimale dans
un marché concurrentiel, soumis aux impulsions du marché mondial
• le développement est d’autant plus rapide que les incitations des agents sont
socialement compatibles

Remarque :On notera que ces postulats contredisent point par point l’ancienne orthodoxie
, le marché mondial devient source de croissance , et l’Etat source de mauvaise allocation
des ressources . »

A. Constat

Une étude de la Banque mondiale comparant les résultats de 41 pays orientés vers l’intérieur et vers l’extérieur
constate que les résultats en terme de taux de croissance, de taux d’épargne, d’inflation et de création d’emplois
sont d’autant plus satisfaisants que
le taux d’ouverture ( X+M / 2 PIB ) x 100 est élevé .

Pour la comparaison des résultats des deux stratégies : ISI et SPE


Comme l’indique G.GRELET , le passage du paradigme de l’introversion ( stratégie d’ISI ) à celui d’extraversion
( stratégie de SPE ) s’explique par l’analyse des résultats comparés des 2 modèles :
• « les grands pays introvertis comme l’Inde ou la Chine ne connurent (dans les années 70) que des résultats
médiocres .
• A l’opposé, quelques pays très extravertis comme Taiwan , Hong Kong ou Singapour réussirent des percées
fulgurantes dans un contexte international par ailleurs difficile » .

B. Explications

1. Une stratégie basée sur l’analyse libérale

La stratégie de SPE prend le contre-pied systématique de celle d’ISI. Gillis écrit ainsi : « une
prescription utile pour les politiques de SPE est de faire tout ce qui est évité par le régime
de substitution d’importations. » Les gouvernements vont ainsi appliquer :

a. des politiques de dévaluation compétitive

Elles vont, à la fois leur permettre d’améliorer :


• la compétitivité-prix de leurs produits donc d’augmenter les exportations
• mais aussi, selon Balassa, permettre une substitution d’importations (plus forte
paradoxalement que dans la stratégie d’ISI). Car, les produits nationaux sont
moins chers que les produits importés (grâce à la dévaluation et aux économies
d’échelle permises par le développement des exportations).

b. une réduction des tarifs douaniers

Celle-ci incite les entrepreneurs nationaux à se spécialiser en fonction de leurs avantages


comparatifs, c’est-à-dire principalement dans le cas des NPI d’Asie dans les industries
utilisant intensément la main-d’oeuvre nombreuse et qualifiée dont ils disposent à faible
coût. L’allocation des ressources est donc beaucoup plus optimale qu’elle ne l’est dans la
stratégie d’ISI

c. des prix reflétant les raretés relatives

Ce dernier point est d’autant plus renforcé que les gouvernements s’efforcent de mettre en
place des prix ( des biens , des services et des facteurs de production ) qui reflètent les
raretés relatives . On a en effet, constaté, selon J.Brasseul , que s’il ne s’agit pas d’une
condition suffisante au développement , remettre de l’ordre dans les prix constitue un point
de départ indispensable , une condition nécessaire .

Cette stratégie semble donc reposer sur une logique libérale, puisqu’elle repose
apparemment sur la théorie des avantages comparatifs de Ricardo, qui énonce que chaque
pays a intérêt à se spécialiser dans la production du bien pour lequel il dispose d’un
avantage par rapport à ses concurrents.

2. mais adaptée au cas des pays d’Asie du sud-est

Or, les NPI d’Asie :


- ne disposaient pas de ressources naturelles leur permettant de développer une spécialisation dans
l’exportation de matières premières. Comme ils disposent, de plus , d’une population relativement
restreinte ( en particulier Hong Kong et Singapour qui sont des pays villes ) , la production pour le
marché intérieur et les stratégies d’ISI qui furent appliquées à la fin des années 50 montrèrent
rapidement leurs limites .
- La seule solution qui s’imposait à eux (la notion de volontarisme est donc à relativiser) est d’utiliser leur
seule richesse, c’est-à-dire leur main d’oeuvre pour produire des biens nécessitant une utilisation
intensive du travail à destination des PDEM (le textile, l’électronique, ...)

Ces pays suivaient, avec 20 ans de retard, la stratégie développée par le Japon. Comme celui-ci , la réussite du
modèle ( basé contrairement au modèle allemand du XIX° siècle et soviétique du XX° sur les industries de
consommation , comme l’Angleterre au XVIII° ) a engendré une augmentation du coût du travail , au fur et à
mesure du développement ( les NPIA appartiennent aujourd’hui à l’OCDE et sont donc des pays développés ) ,
donc a nécessité une adaptation . Conformément au modèle japonais , les NPIA ont donc délocalisé les productions
nécessitant beaucoup de main d’oeuvre vers les tigres d’Asie ( Thaïlande , Indonésie , ... ) et ont opéré une stratégie
de remontée de filières qui permet à la fois de s’implanter sur des marchés à plus forte valeur ajoutée et d’opérer
une industrialisation plus complète de leur tissu productif ( la spécialisation passant des biens de consommation
courants aux biens de consommation élaborés et aux biens d’équipement ).

Pour voir les stratégies traditionnelles du développement :

- le rôle central de l’investissement


l’analyse libérale du développement : Un rapport de l’ONU explicite parfaitement quel
rôle les théoriciens libéraux accordent à l’investissement :
• « l’accumulation du capital peut être considérée comme un processus central , par
lequel tous les autres aspects du développement deviennent possibles » .
• Une forte augmentation du taux de l’investissement est ainsi considérée comme une
condition impérative pour que les PVD puissent décoller et engager un processus de
croissance ( selon Rostow , le taux doit passer de 5 à 10 % ) .
• Les théoriciens du big push , en particulier Rosenstein-Rodan, considèrent que la
brusque élévation de l’investissement engendrera un cercle vertueux :

hausse de l’investissement → augmentation de l’efficacité des entreprises → gains de


productivité→ hausse du revenu → hausse de l’épargne → hausse de l’investissement

Constat :L’effort d’investissement réclamé dans les premières phases du processus est
plus prononcé que dans les suivantes . Il existe un seuil minimal d’investissement en déca
duquel les espoirs de démarrage sont illusoires .Selon C. Albagli , le taux d’investissement
nécessaire pour connaître un rythme de croissance annuel de 2 % est au minimum de 21 %.

Problèmes : Mais on retrouve alors la théorie de Nurske ( les cercles vicieux ) qui pose le
problème du financement de ces investissements . Comment le pays peut-il par ses propres
capacités générer une épargne suffisante pour assurer le décollage ?
D’autant plus que l’on sait , que :
• dans les sociétés agraires , l’épargne est faible et dépensée ostentatoirement ,
• que le travail n’occupe pas une place centrale ( la valeur relative du travail , dans le
système de valeurs , n’incite guère à dégager une épargne motivée par
l’investissement productif ).

Solutions : 2 courants s’opposent alors pour trouver les fonds finançant les taux
d’investissement :
• selon certains auteurs , une révolution agricole devrait permettre d’assurer un
financement interne . Ils reprennent l’exemple anglais , selon lequel celle-ci est un
préalable au décollage économique .
• d’autres auteurs rétorquent que le pays étant pauvre , il ne peut assurer un taux
d’épargne suffisamment élevé et donc , il doit , au préalable , compter sur l’apport de
capitaux extérieurs

- le rôle des progrès agricoles

Les PVD se caractérisent par le poids très important de la population travaillant dans l’agriculture . Il est donc bien
évident qu’un processus de croissance et de développement ne peut être engagé s’il laisse de côté la majeure partie
de la population . P.Bairoch écrit ainsi : « il est impossible de concevoir un développement économique rapide sans
une industrialisation accélérée , mais celle-ci n’est possible que grâce à la progression rapide de la demande
intérieure dans laquelle la demande rurale joue un rôle
prépondérant . »

Ce schéma peut être actualisé en tenant compte des éléments suivants :


• l’accroissement de la production agricole permet de développer les exportations qui accroissent les entrées de
devises nécessaires pour importer les technologies en provenance des PDEM . On comprend mieux pourquoi
les pays qui , suivant le modèle soviétique , ont sacrifié l’agriculture au bénéfice de l’industrie , en appliquant
un schéma de croissance déséquilibrée
( l’augmentation des taux d’investissement dans le secteur des biens d’équipement est financée par la confiscation
des recettes issues de l’agriculture ) n’ont pas pu engager un véritable processus de croissance .
• l’augmentation très rapide de la population ( cf chap croissance démographique et développement ) rend
d’autant plus impérieuse la modernisation de l’agriculture , permettant de dégager des surplus ( cf révolution
verte ) .

Problèmes : Néanmoins , considérant le niveau élevé des investissements nécessaires pour engager le décollage
économique , de nombreux auteurs considèrent que les capacités internes du pays à dégager un surplus et une
épargne ne sont pas suffisantes .

Solutions : Il faut alors faire appel aux capitaux extérieurs , qui peuvent prendre 2 formes :
• une aide , réalisée sous formes de dons ou de prêts réalisés à faible taux d’intérêt .
• un endettement extérieur .

- l’appel au financement extérieur

1°) L’AIDE EXTERIEURE .(27 p 325)

a – DEFINITION DE L’AIDE

Constat : Paradoxalement , « l’aide au développement apportée par les pays industrialisés à ceux qui ne le sont pas
, est une idée relativement neuve . :
• Jusqu’à la seconde guerre mondiale , la doctrine des puissances coloniales est que les colonies doivent se
suffire à elles-mêmes sans subsides de la métropole . »
• Par contre , après 1945 , un accord se fait sur une idée simple : les économies sous-développées ne disposant
que de faibles revenus , la production augmentant avec la capacité de production il fallait investir et l’aide des
PDEM s’avère alors absolument nécessaire comme l’écrit H.B.Chènery: « l’assistance de l’étranger favorise
le développement » .

L’aide publique peut prendre diverses formes :


• On distingue l’aide bilatérale versée directement de pays à pays de l’aide
multilatérale qui passe par les organisations internationales comme la Banque
mondiale ou le FED (fonds européen de développement)
• L’aide peut être liée ( sujette à être dépensée dans le pays donateur ) ou libre
(cas beaucoup moins fréquent)
• elle peut être spécifique ( destinée à un projet précis ) ou générale
• en nature (ex apport de technologie ou de produits agricoles (en cas de famine)
ou financière .

Constat : L’effort des pays riches est très variable :

L’aide publique au développement a, pour la première fois, dépassé la barre des 100 milliards de dollars en 2005
(81,7 milliards d'euros), pour s'établir à 106,5 milliards de dollars, selon les chiffres publiés, mardi 4 avril, par
l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).
Ce record est en partie dû à l'allégement de la dette de l'Irak et du Nigeria (19 milliards de dollars) et à l'aide versée
aux victimes du tsunami en Asie du Sud-Est (2,2 milliards de dollars).

Parmi les pays riches, les Etats-Unis se sont montrés les plus généreux, avec 27,5 milliards de dollars distribués,
une hausse de 35,6 % en termes réels. "Abstraction faite de l'allégement de la dette de l'Irak, cette augmentation
s'explique principalement par l'aide à la reconstruction consentie à l'Irak (3,5 milliards de dollars), l'aide à la
reconstruction et aux programmes de lutte contre les drogues accordée à l'Afghanistan (1,5 milliard de dollars) et
l'aide à l'Afrique subsaharienne", détaille l'OCDE.

Le Japon est ainsi le deuxième donateur (13,1 milliards de dollars). Il devance le Royaume-Uni (10,8 milliards de
dollars) et la France (10,1 milliards). Viennent ensuite l'Allemagne (9,9 milliards), les Pays-Bas (5,1 milliards) et
l'Italie (5,05 milliards).

Ce classement de la générosité des pays riches est différent si l'on prend en compte un autre critère, celui du
pourcentage que représentent les dons par rapport au produit intérieur brut (PIB).

LA NORVÈGE, LA PLUS PRODIGUE

Les pays scandinaves sont des modèles en la matière. La Norvège est la plus prodigue, avec un ratio aide/PIB de
0,93 %, devant la Suède (0,92 %), le Luxembourg (0,87 %), les Pays-Bas (0,82 %) et le Danemark (0,81 %). La
France est au neuvième rang (0,47 %), derrière le Royaume-Uni (0,48 %), mais devant la Suisse (0,44 %) et
l'Allemagne (0,35 %).

"L'aide publique au développement globale des quinze pays européens a augmenté de 27,9 % en termes réels,
s'établissant à 55,7 milliards de dollars, équivalant à 0,44 % du PIB cumulé", note l'OCDE, qui rappelle que ces
pays se sont engagés, en 2002, à respecter un objectif minimal de 0,33 %.
"L'Espagne, la Grèce, l'Italie et le Portugal doivent augmenter leur aide s'ils veulent atteindre cet objectif",
observe l'Organisation. L'Italie a un ratio de 0,29 %, ce qui la place devant le Japon (0,28 %) et les Etats-Unis.
Avec 0,22 % en 2005, ces derniers n'ont jamais été aussi généreux depuis 1986.
Source : P Delhommais, , p^lus de 100 milliards de dollars pour les pays pauvres in Le Monde, 05-04-06.

b – LES EFFETS DE L’AIDE

Un espoir : Dans les années 60 , des organisations comme le FED ou la Banque Mondiale pensaient que l’aide
allait quasi automatiquement assurer un décollage économique .

Une déception : Mais , comme l’indique J.J.Giri : « manifestement l’aide n’a engendré en Afrique , ni décollage ,
ni développement autoentretenu. Dans certains cas , elle n’a même jamais engendré aucun développement du tout ,
et certains pays d’Afrique se retrouvent plus pauvres , dans les années 80 que dans les années 60 » .

Conséquences : Ceci a conduit certains auteurs à affirmer que l’aide ne sert à rien et peut même engendrer des
effets pervers ( doc 6 p 89 ) :
• Pour S.Brunel , l’aide ne sert pas à accroître la capacité productive du pays ; elle est utilisée
- soit pour construire des ouvrages de prestige sans but économique ( le Transgabonais ) , soit à acheter des
usines clés en main trop élaborées qui ne peuvent s’adapter aux conditions du pays .
- la maintenance est alors très difficile à assurer , car la main-d’œuvre est insuffisamment qualifiée ,la
capacité de production est très largement supérieure aux capacités d’absorption du marché .
- Ainsi la production qui subit la concurrence des produits des pays riches est de mauvaise qualité , à un
prix plus élevé ( déseconomies d’échelles , en raison du faible taux d’utilisation des capacités de
production ) .
- Les usines sont donc à terme condamnées : l’aide ne s’est donc pas traduite par une création de richesses
supplémentaires .
• l’aide n’a pas transformé en profondeur les mentalités , elle a seulement servi à greffer artificiellement une
façade moderne sur une société demeurée traditionnelle ; elle a donc , par là , contribuer au dualisme ,
opposant la majeure partie de la population perpétuant ses méthodes ancestrales à une minorité qui survit
grâce à une injection continue de fonds en provenance des PDEM

• les auteurs libéraux sont les plus critiques : ils considèrent , reprenant les thèses de Ricardo et de Malthus
( cf chap croissance démographique et développement ) que l’aide maintient les assistés dans la pauvreté en
désincitant au travail et à l’épargne ( les dons de produits agricoles concurrencent la production nationale et
ruinent les petits producteurs ). Comme l’écrit Bauer : « à la vérité , aider les responsables politiques sur la
base de la pauvreté de la population a plus de chances d’encourager les politiques d’appauvrissement que d’y
faire obstacle » (d’autant plus que les sociétés n’étant pas démocratiques , l’aide est détournée par des
dirigeants corrompus).

• les auteurs marxistes , quant à eux , pensent que l’aide n’est qu’un moyen de maintenir la domination
impérialiste dans le tiers-monde. L’étude des donateurs montre que ceux-ci orientent et concentrent leur aide
sur les pays qu’ils veulent influencer ( la France aide surtout ses anciennes colonies).

Relativisation : Pourtant , comme l’écrit J.Brasseul: « ces critiques en forme de brillants paradoxes peuvent bien
contenir une part de vérité , mais elles oublient que l’aide a quand même des effets positifs , et surtout qu’en son
absence , de nombreux pays ne pourraient simplement plus fonctionner » .

Conclusion : Ce n’est donc pas le principe de l’aide qui ne doit pas être remis en cause , mais les arrière-pensées
qui en sont à l’origine de la part des PDEM et la façon dont elle est utilisée par les PVD :
• Si l’aide sert à financer des projets clairement définis et dont la rentabilité ou l’utilité est clairement
démontrée ( construction d’infrastructures , éducation de la population ) elle s’avérera favorable .
• D’autant plus que son versement peut être soumis à conditions : le PDEM peut ainsi inciter le PVD à assurer
un passage à un régime démocratique ou à appliquer des réformes économiques

- le recours à l’endettement extérieur

a ) LE DEVELOPPEMENT PAR L’ENDETTEMENT

Constat : on peut établir la périodisation suivante :


• Jusqu’au début des années 70 , la principale source de financement extérieur des PVD est l’aide publique
versée par les Etats ou les organisations internationales .
• Mais des déterminants conjoncturels vont amener un tarissement de l’aide publique et un développement du
financement par l’endettement . En effet , les chocs pétroliers de 73 et de 79 vont :
- être à l’origine d’une réduction de la croissance des PDEM , d’une explosion de leurs déficits
commercial et public qui vont conduire leurs dirigeants à réduire leur effort d’aide aux PVD
- or , dans le même temps , les pays exportateurs de pétrole bénéficient , à la suite du quadruplement de
son prix , d’une forte augmentation de leurs recettes qu’ils ne peuvent absorber et qu’ils vont donc placer
, contre rémunération , dans les banques des PDEM .On assistera alors au développement des
pétrodollars qui succéderont aux eurodollars résultant de la crise du Système Monétaire International .

Analyse libérale du financement du développement : Ces raisons conjoncturelles vont


bénéficier du renouveau des théories libérales durant les années 70 - 80 . En effet , pour la
théorie économique classique : l’endettement est un phénomène normal pour les PVD : on
peut , en fonction du stade de développement auquel se situe le pays caractériser son
besoin de financement ( son degré d’endettement ) ou sa capacité de financement :
• première phase : emprunteur jeune :
- les PVD , pour connaître une croissance économique doivent importer des biens
d’équipement alors que leurs capacités d’exportation sont réduites . Leur Balance
Commerciale est donc déficitaire .
- Pour financer ce déficit , ils ne peuvent faire appel à l’épargne intérieure ( cf
Nurske ) , ils doivent s’endetter .
- Un pays se situant au stade de l’emprunteur jeune se caractérise donc par une
Balance Commerciale déficitaire et une Balance des Capitaux et des Paiements
excédentaires .
• deuxième phase : emprunteur évolué :
- grâce à l’endettement et aux importations de biens d’équipement , le pays peut
assurer un décollage économique , lui permettant de développer ses capacités de
production , donc de réduire ses importations et d’accroître ses exportations de
biens .
- A ce stade , sa Balance Commerciale devient donc excédentaire , ce qui lui permet
de rembourser ses dettes , sa Balance des capitaux et des Paiements devient donc
déficitaire .
• troisième phase : prêteur jeune :
- le pays développe ses exportations , connaît une croissance économique forte ,
- sa Balance Commerciale voit donc son excédent augmenter , le pays peut donc
désormais prêter des capitaux , sa Balance des Capitaux et des Paiements continue
à être déficitaire , mais pour des raisons différentes ( prêts et non plus
remboursement d’emprunts ).
• quatrième phase : prêteur évolué :
- le pays est désormais un PDEM : sa Balance Commerciale devient , à terme ,
déficitaire .
- Mais grâce aux entrées de devises issues de ses placements à l’étranger , le pays
connaît un excédent de sa Balance des Capitaux et des Paiements .

Constat : Ce découpage correspond au modèle américain :


- emprunteur jeune au XIX° ,
- emprunteur évolué fin XIX ° début XX° ,
- prêteur jeune de 1918 à 1950 ,
- prêteur évolué jusqu’en 1971 .
- A partir de cette date , les EU connaissent à la fois un déficit de leur Balance Commerciale et un
excédent de leur Balance des capitaux , puisqu’ils font appel aux capitaux étrangers : la boucle semble
bouclée .

Conclusion : La vision libérale montre donc bien que l’endettement est source de développement économique , et
donc , que contrairement à l’adage populaire , l’endettement n’est pas mauvais en soi pourvu qu’il contribue à créer
des richesses : le taux de croissance de l’économie ( qui détermine sa capacité de remboursement ) doit être
supérieure au taux d’intérêt réel ( qui détermine le prélèvement opéré sur l’économie ) .

Relativisation : Mais cette vision très optimiste montrera ses limites , quand elle sera confrontée à la réalité . Elle
conduira , au début des années 80 , de nombreux PVD à se déclarer en cessation de paiements .

3°) LA CRISE DE L’ENDETTEMENT .

a ) LES CAUSES CONJONCTURELLES .

Principe de base : Comme nous l’avons vu plus haut , l’endettement est viable tant que les richesses créées sont
supérieures aux montants à rembourser (c’est-à-dire si le taux de croissance économique est supérieur au taux
d’intérêt réel ) .

Constat : On peut opérer la périodisation suivante :


• Or , si dans les années 70 , les taux d’intérêt réels étaient faibles voire négatifs et la croissance espérée par les
PVD forte ;
• un retournement de conjoncture s’opéra dans les années 80 : les taux d’intérêt réels ( taux d’intérêt réel =
taux d’intérêt nominal - taux d’inflation ) augmentèrent , les taux de croissance chutèrent . Plusieurs
déterminants se cumulèrent pour plonger les PVD dans la crise :
- à partir des années 80 , les EU suivis par l’ensemble des PDEM décidèrent de lutter contre l’inflation ;
ils mirent alors en oeuvre des politiques de restriction monétaire inspirées des préceptes monétaristes .
L’offre de monnaie fut réduite par les autorités , ce qui entraîna une hausse des taux d’intérêt nominaux ;
simultanément ,l’inflation baissa , ce qui détermina une forte hausse des taux d’intérêt réels .
- or , la dette , dans la majorité des cas ,était rémunérée à taux variable ou flottant ( 70 % de la dette était
contractée à taux flottants et 80 % libellée en dollars) . Les banques limitaient ainsi , en théorie , le
risque qu’elles couraient en prêtant à long terme des capitaux qui étaient placés à court terme par les
pays de l’OPEP .La hausse des taux d’intérêt réels s’appliqua donc aux dettes émises durant les années
70 , période durant laquelle on n’anticipait pas de remontée des taux d’intérêt .Les PVD furent donc
incapables de supporter la charge de la dette venant à échéance .
- D’autant plus que les politiques de rigueur appliquées dans les PDEM , contrairement aux attentes des
économistes libéraux plongèrent les pays industrialisés dans la récession : leurs capacités d’importation
diminuèrent , et par là même , les exportations des PVD .

Conclusion : Cet effet de ciseaux ( de nature conjoncturelle ) a révélé les choix souvent irrationnels des
investissements opérés par les PVD dans une période d’euphorie et acceptés par les banques prêteuses ( qui sont
donc en partie responsables ). Ces erreurs qui étaient sans conséquence dans les années 70 eurent , dans les années
80 , des conséquences dramatiques .

b ) LES CAUSES STRUCTURELLES .

Constat : Contrairement aux prévisions des théoriciens qui attendaient de l’augmentation des taux
d’investissement et d’endettement une hausse quasi automatique de la croissance , on a pu constater qu’entre 1973
et 1982 l’élévation des taux d’endettement ne s’est pas traduite par une hausse comparable ni des taux
d’investissement , ni des taux de croissance.

Explications : Ceci s’explique par les raisons suivantes :


• la dette a servi à financer le déficit commercial ; pour les PVD ce déficit ne provient pas essentiellement de
l’achat de biens d’équipement mais résulte de l’évolution des relations commerciales et financières . La
moitié de l’augmentation de la dette provient de l’accroissement du prix du pétrole , un quart de la
détérioration des termes de l’échange .
• la plus grande partie de la dette n’est pas placée dans le pays mais détournée par les dirigeants pour être
placée sur des comptes bancaires privés , notamment aux Etats Unis car la rémunération y est plus forte
.Ainsi la population va devoir contribuer au remboursement d’une dette,, accepter des plans d’ajustement
structurel alors que les emprunts ont été confisqués par les élites dirigeantes . Ainsi , au Venezuela , entre 72
et 82 , la fuite des capitaux a représenté 136,6 % des importations brutes de capitaux .

Conclusion : Donc , la dette n’a pas servi à créer des richesses supplémentaires (contrairement aux prévisions) .
Tant que les taux d’intérêt réels étaient faibles , les problèmes étaient masqués . Avec la hausse des taux , les
difficultés , les erreurs et les détournements de fonds apparaissent .

4° ) LES SOLUTIONS A LA CRISE : l’AJUSTEMENT STRUCTUREL


PRECONISE PAR LE FMI .

Constat : Comme l’indique H.Bourguinat, les PVD dans un contexte d’unification de la finance mondiale ont
• dans , un premier temps , cru : « constituer un groupe d’emprunteurs susceptibles de trouver sur ce marché
financier international tous les crédits consortiaux dont ils pouvaient avoir besoin . »
• Mais , à partir du mois d’Aout 82 , « ils ont dû très vite subir la loi du groupe des pays créanciers et accepter
de passer sous les fourches caudines des programmes de rééchelonnement » . En effet , même si les
responsabilités de la crise auraient dû être également partagées entre :
- les PVD qui ont gaspillé les crédits ,
- les banques qui ont accordé des prêts sans respecter les règles prudentielles ( ratio de solvabilité ) ,
- les PDEM qui ont fermé leurs frontières aux produits des PVD et les ont donc empêché de rembourser
leurs dettes ;
- Les organisations internationales (FMI,Banque Mondiale) qui ont mal conseillé les PVD.

Explications : On peut constater que l’ajustement a été supporté quasiment uniquement par les pays emprunteurs
( doc 8 p 290 ) . En effet :le F.M.I. ( Fonds Monétaire International ) a considéré que la responsabilité de la crise
s’expliquait par l’échec des stratégies de développement ( particulièrement les stratégies autocentrées )
Répercussions : « les prêts conditionnels du FMI vont alors généralement de pair avec une action de stabilisation
destinée à corriger les déséquilibres macro-économiques » .
• Les pays doivent donc appliquer des politiques visant à assainir l’économie , ils doivent dévaluer leur
monnaie , appliquer des politiques de rigueur désinflationnistes ( en diminuant la masse monétaire en
circulation ) , diminuer les déficits budgétaires par la baisse des dépenses publiques , les privatisations et
l’augmentation de la fiscalité , diminuer les salaires afin d’améliorer la compétitivité des entreprises . « Le
FMI subordonne le versement de ses crédits à l’application , avec succès , de ces mesures » .
• Ces programmes d’ajustement ont des visées conjoncturelles , mais surtout structurelles : ils « peuvent
apparaître comme une première étape essentielle du remodelage d’une économie , vers un état d’ouverture » .

Conclusion : On ne peut contester la nécessité de ces plans d’ajustement , il n’en demeure pas moins qu’ils
traduisent une nette orientation idéologique : le Tiers-mondisme marxisant des années 70 s’est vu remplacer par un
ultra-libéralisme conquérant dans les années 80 - 90 . Or :
• on a pu qualifier les années 80 d’années perdues pour le développement : « les programmes préconisés par le
Fonds se sont vus ainsi accuser d’être néfastes à la croissance et au développement , de toujours recourir à
une cure d’austérité , d’accroître la pauvreté » . On a assisté à une véritable mise sous tutelle des pays à
monnaie faible qui « n’ont guère le choix , sans le sceau d’approbation de la Banque Mondiale et du FMI ,
ils ne trouveront ailleurs aucun financement , ni public , ni privé » .
• On en est ainsi arrivé , au début des années 90 , à la situation paradoxale suivante : on observe un transfert
net des ressources des PVD vers les pays riches : les PVD financent les pays riches , en particulier les EU :
« alors que tout semble indiquer que le capital devrait aller des pays industrialisés à Balance courante
excédentaire vers les pays à haut taux de rendement de l’investissement , mais à ressources d’épargne
domestique faibles , c’est le schéma inverse qui paraît devoir prévaloir » .

D ) LES FTN : UNE SOLUTION ALTERNATIVE A L’ENDETTEMENT

Constat : on peut opposer deux périodes :


• Dans les années 60-70 , les PVD étaient dans l’ensemble méfiants vis-à-vis des FTN . Ils avaient donc :
- mis en place des législations spécifiques dont la finalité : « était dominée par la sauvegarde de
l’indépendance nationale face aux empiétements des investisseurs étrangers » .
- Un certain nombre de pays ont même été jusqu’à appliquer des politiques de nationalisation des filiales
des FTN .
• Mais , « les années 80 ont été marquées par un mouvement général de révision des codes d’investissement
dans les pays du Sud ( ... ) . Avec la globalisation , l’objectif principal des Etats n’est plus de contrôler les
activités des firmes étrangères , il est d’abord de les attirer » .

Les explications : Ceci s’explique par un certain nombre de raisons d’ordre à la fois conjoncturelle et structurelle :
• les raisons conjoncturelles sont dominées par les retombées de la crise de l’endettement :
- suite aux difficultés des années 80 , les banques privées sont devenues très réticentes à développer le
financement des PVD . Elles ont même cherché à se débarrasser , en les bradant plus ou moins , des
créances dont elles disposaient sur des pays qu’elles considéraient maintenant comme non solvables .
- Dans le même temps , les PVD qui appliquaient les politiques d’ajustement du FMI s’efforçaient de
privatiser leurs entreprises publiques , en échangeant les actions de celles-ci contre des titres de la dette .
- Les FTN qui avaient racheté des créances pouvaient donc , à faible coût , prendre le contrôle
d’entreprises dans les PVD .
- L’investissement direct des FTN est donc considéré désormais par les PVD comme une alternative à
l’endettement , ils entrent donc en concurrence afin de les attirer ( « surenchère aux incitations fiscales,
aux aides et à la prise en charge des coûts externes ») .
• les raisons structurelles : « le mouvement de libéralisation a été intensifié par le grand retournement dans
les stratégies de développement , qui s’ébauche dès le début des années 80 , et qui tourne le dos au modèle de
substitution aux importations appliquées durant les 20 dernières années . La nouvelle orientation prône la
croissance tirée par les exportations » :
- A la croyance en un développement autocentré basé sur des théories marxistes ou structuralistess’est
substitué la foi en des théories libérales , qui risquent comme les précédentes d’engendrer de nouvelles
désillusions .
- En effet , « dans l’optique des conceptions ultra-libérales , l’implantation des FTN doit jouer un rôle
d’entraînement automatique sur les structures productives locales . L’investissement étranger joue le
même rôle que la création de pôles de croissance ( ... ) .
- Mais en ce qui concerne les économies en voie de développement , les arguments des FTN sont
nombreux qui visent à montrer les limites , sinon l’impossibilité de l’intégration locale . Ceux qui sont
les plus souvent avancés constituent une trilogie qualité , coût , délai ( ... ) .L’intérêt des FTN et la
préoccupation industrialisante des pays ne coïncident donc pas . »
- On constate , en effet , que , « les choix des multinationales revêtent une très grande constance ,
caractérisés par une attitude extrêmement sélective , vis à vis de l’investissement au Sud ( doc 16 p 295 )
. Vers 1980 , 40 % du total des investissements directs étaient dirigés vers 10 pays du Sud » . La
polarisation des investissements directs des FTN sur les pays les plus rentables économiquement ( en
particulier les NPI ) est donc très forte ( 10 et 11 p 313).

Conclusion : On ne peut , dès lors , considérer que l’implantation des FTN puisse constituer une véritable
alternative à l’aide ou au crédit , en direction des pays les moins développés . Ceux-ci sont en effet complètement
délaissés ( sauf s’ils disposent de ressources en matières premières : et intéressent ainsi les FTN dites primaires ) ,
dès lors , qu’ils apparaissent comme présentant un risque politique ( continent africain ) ou insuffisamment
compétitifs au niveau économique ( « derrière cette concentration sur un nombre limité de pays du Sud , il existe
une rationalité économique » ) .

III. La libéralisation des échanges internationaux par le GATT et l’OMC

Constat : il y a eu un cercle vicieux dépressionniste engendré en particulier par la multiplication des barrières
protectionnistes durant l’entre-deux guerres qui a freiné l’expansion du commerce mondial et donc la croissance
économique ,

Solution : les grands pays développés ont, dès la fin de la guerre, signé un accord ( le GATT en 47 ) qui avait pour
objectif affirmé de favoriser le plein emploi et la croissance économique par le développement des échanges
internationaux assurés par une diminution des barrières protectionnistes .

Résultat : l ‘objectif a été atteint puisque les tarifs douaniers moyens des produits industriels dans les PDEM sont
passés de 40 % à 5 % en 90

Nouveau débat : mais, suite à l’entrée en crise, la tentation protectionniste est réapparue dès les années 70 par
l’imposition de barrières non tarifaires . Les pays signataires de l’accord du GATT devaient alors décider :
• s’ils voulaient comme dans les années 30 engager une guerre protectionniste qui bloquerait la croissance
économique
• ou au contraire s’ils désiraient, par une libéralisation accrue des échanges internationaux (portant non plus
seulement sur des barrières tarifaires mais aussi sur des barrières non tarifaires , portant non plus seulement
sur l’industrie mais aussi sur les services et l’agriculture ) dynamiser le commerce mondial et assurer ainsi
une sortie de crise

Solution : c’est dans cette perspective qu’ont été menées les discussions de l’Uruguay Round qui ont débouché sur
la création de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) en 1995

Pour en savoir plus un sur le GATT et l’OMC, un article de E .Combe dans les cahiers français
Sommaire

L'avènement du multilatéralisme
Les fondements du GATT
Le fonctionnement du GATT
Du GATT à l'OMC
La naissance de l'OMC
Les premiers pas de l'OMC
par Emmanuel Combe.
Comment le commerce mondial s'est-il organisé depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale ? Né en 1947 du refus
du Congrès américain de ratifier la Charte de La Havane prévoyant la création d'une véritable organisation
internationale du commerce, le GATT a néanmoins posé les grands principes qui structurent le commerce mondial
depuis plus d'un demi-siècle. Emmanuel Combe en rappelle les fondements, avant d'analyser le fonctionnement et
l'évolution du GATT à travers les différents cycles de négociation qui, par l'Accord de Marrakech (avril 1994)
clôturant l' Uruguay Round, ont abouti à la naissance, le 1er janvier 1995, de l'Organisation mondiale du commerce
(OMC). Une nouvelle organisation internationale au champ de compétences considérablement élargi, dont les
structures et les premiers pas sont ici décrits.

L'avènement du multilatéralisme
Les fondements du GATT

La naissance du GATT
En 1945, les États-Unis sont à la poursuite d'un objectif politique majeur : ériger un nouvel ordre mondial sur une
base négociée, au moyen d'organisations internationales. Cette volonté américaine donne naissance dès 1945 à des
institutions telles que l'ONU, le FMI ou la BIRD. En matière de commerce international, les Américains, soutenus
par des économistes de renom (au rang desquels figure Keynes), veulent éviter à tout prix la répétition de la
solution protectionniste qui a prévalu dans les années 30, en instaurant une structure qui permette de négocier
multilatéralement l'élimination progressive des obstacles aux échanges.
A cet effet, deux négociations sont entamées dès 1946, l'une au sein de l'ONU portant sur la création d'une
organisation internationale du commerce, l'autre à Genève sur la réduction des barrières douanières. Les débats au
sein des Nations unies se concluent en mars 1948 par la Charte de La Havane, qui reste cependant lettre morte, le
Congrès américain refusant de la ratifier : il y voyait en effet une trop grande perte de souveraineté dans la
formulation de la politique commerciale américaine. Sur le plan institutionnel, aucune organisation internationale
du commerce ne voit le jour. De leur côté, les négociations de Genève débouchent en octobre 1947 sur un accord
général de réduction des tarifs douaniers, qui s'institutionnalise sous le nom de GATT (Général Agreement on
Tariffs and Trade) : le GATT ne constitue donc pas une organisation internationale au sens juridique du terme. Lors
de la signature de l'accord à Genève, le GATT comprenait vingt-trois " parties contractantes " : en décembre 1993,
à l'issue des négociations sur l'Uruguay Round, on dénombre pas moins de cent-vingt membres permanents,
auxquels il faut ajouter les pays disposant du statut d'observateur et les pays admis à titre provisoire.

Les principes du GATT

Les cinq principes


Composé à l'origine de trente-huit articles, la Charte du GATT repose sur cinq grands principes, qui structurent le
commerce international depuis maintenant plus d'un demi-siècle.
• L'article 1 de la Charte établit la clause inconditionnelle de la nation la plus favorisée, qui assure un
traitement identique à tous les partenaires. Si deux pays A et B réduisent bilatéralement leurs barrières
douanières, cette concession doit être automatiquement étendue aux autres pays signataires de la Charte.
• Le deuxième principe fondamental porte sur la consolidation des droits de douane (article II). Chaque
signataire doit déclarer le taux de droit de douane maxima qu'il compte appliquer sur chaque catégorie de
produit. Un pays ne peut donc appliquer effectivement un taux plus élevé que celui annoncé. Les
engagements de consolidation sont pris pour une période de trois ans, avec reconduction automatique si le
pays ne manifeste pas son intention de modifier ses taux maxima.
• Le troisième principe fondamental est celui du traitement national (article III) : dès lors que les produits
importés se sont acquittés des droits de douane, ils doivent être traités de la même manière que les produits
domestiques.
• Le quatrième principe établit la transparence des politiques commerciales : les signataires doivent éliminer
toutes les barrières à l'importation autres que les droits de douane. En particulier, les restrictions quantitatives
sont interdites (article XI).
• Le dernier principe porte sur la réciprocité des concessions tarifaires (article XXVIII) : il stituple que tout
pays acceptant une concession tarifaire doit également en offrir une en retour.
Les exceptions aux principes
La Charte du GATT apparaît très pragmatique dans ses modalités d'application : en effet, les cinq principes du
GATT connaissent de nombreuses exceptions. L'article XXIV relatif aux unions régionales (zone de libre-échange
ou union douanière) constitue sans doute l'exception la plus importante à la clause de la nation favorisée. En effet,
l'union régionale consiste à renforcer l'intensité des relations commerciales entre les membres, au détriment des
pays tiers : à ce titre, elle constitue une remise en cause du principe de non-discrimination. Pourtant le GATT
autorise la conclusion d'accords de régionalisation, tout en fixant un certain nombre de conditions : en particulier,
les tarifs vis-à-vis des pays tiers ne doivent pas être globalement supérieurs à leur niveau antérieur.
Le principe de réciprocité a été remis en cause par le statut spécial accordé aux pays en voie de développement à
partir de 1964 : ce statut leur permet de bénéficier de la clause de la nation la plus favorisée, sans être soumis au
principe de réciprocité.
Le principe de transparence des politiques commerciales comprend plusieurs exceptions :
• les restrictions quantitatives sont autorisées dans certains secteurs, tels que l'agriculture et la pêche ;
• l'article XII autorise les restrictions quantitatives dans certaines situations, en particulier si le pays connaît
une grave crise de sa balance des paiements ;
• l'article XIX permet à un pays de se protéger si les importations affectent gravement la production locale : ces
mesures de sauvegarde ne doivent toutefois être utilisées qu'à titre temporaire et les pays qui y recourent
doivent s'engager à compenser les pays exportateurs.

Les structures du GATT

L'accord du GATT est géré par une structure de fait, dont le siège se situe à Genève.
La session des parties contractantes constitue l'organe suprême du GATT ; elle se déroule une à deux fois par an et
entérine les décisions sur la base du principe : un État = une voix.
Le Conseil du GATT fonctionne entre deux sessions ; il réunit chaque mois les représentants des parties
contractantes et prépare les grands dossiers qui seront adoptés lors des sessions.
A la tête de l'administration du GATT se trouve un secrétariat, comprenant un directeur général, un directeur
général adjoint, deux sous-directeurs généraux et les directeurs de division.

Le fonctionnement du GATT

Les cycles de négociation


L'activité principale du GATT a consisté à organiser régulièrement des Négociations Commerciales Multilatérales
(NCM) entre les parties contractantes. Depuis 1947, près d'une dizaine de cycles de négociation (round) peuvent
être identifiés (voir encadré ci-contre).
Les sessions de Genève au Kennedy round ont porté pour l'essentiel sur l'abaissement des barrières tarifaires. A
partir du round de Tokyo sont entamées des discussions sur les barrières non tarifaires, et tout particulièrement à
l'occasion de l'Uruguay Round. On notera que la durée des sessions a tendance à croître au cours du temps, ce qui
s'explique par deux facteurs ;
• la croissance du nombre de participants : de vingt-trois signataires en 1947, le GATT est passé à cent-vingt
en 1994, lors de la signature de l'Accord final à Marrakech ;
• la complexité des dossiers, avec les discussions relatives au protectionnisme non tarifaire et aux nouveaux
domaines de négociation (agriculture, textile, etc.). (...)
Parmi les différentes négociations du GATT, celle de l'Uruguay marque un véritable tournant. En effet, outre les
négociations tarifaires, le cycle de l'Uruguay comprend plusieurs accords et mesures novateurs :
• un accord sur le commerce des services (GATS) ;
• un accord sur la propriété intellectuelle (TRIPS : Trade Related aspects of Intellectual Property Rights) ;
• un accord sur le commerce des textiles et vêtements, qui démantèle le système de l'AMF (Accord
Multifibres), mis en place à partir de 1974 ;
• un accord sur l'agriculture, qui vise à diminuer la protection dont a toujours bénéficié ce secteur ;
• un accord sur les obstacles à l'investissement direct étranger (TRIMs : Trade Related Investment Measures).
En particulier, les normes de contenu local, imposant à une firme étrangère de s'approvisionner localement ou
d'exporter une partie de sa production, sont interdites ;
• le GATT est transformé en une Organisation mondiale du commerce (OMC).
Le règlement des différends
Tout membre du GATT peut déposer une plainte contre un autre signataire s'il estime que ce dernier viole les
obligations de l'accord et que cette violation entraîne l'annulation (ou la réduction) d'un avantage résultait
directement ou indirectement de l'accord. Le mécanisme de règlement des différends est décrit dans les articles
XXII et XXIII et s'agence en deux phases :
• dans un premier temps, les pays en conflit entament une " procédure de consultation " et tentent de trouver
une solution bilatérale ;
• en cas d'échec de la première phase, la " procédure du panel " est mise en oeuvre. Le conflit est soumis à
l'ensemble des parties contractantes, qui sont alors investies de deux missions : dans un premier temps, une
enquête est confiée à des experts indépendants, qui remettent un rapport proposant une solution au différend.
Le rapport des panels est ensuite adopté par consensus par les parties contractantes, qui proposent aux pays
en conflit de suivre les recommandations des experts.

Le système de règlement des différends a été particulièrement mis à contribution depuis les années 70, comme le
soulignent les rapports successifs du GATT. En particulier, les dépôts de plainte initiés ou visant les États-Unis se
sont multipliés, mettant aux prises les membres de la Triade (États-Unis, Japon, CEE). Nous allons montrer que le
quota constitue un instrument plus dommageable que le droit de douane. Le système de règlement des différends
n'échappe pas à la critique :
• il est soumis à la règle du consensus : les parties au différend, et tout particulièrement la partie incriminée,
peuvent utiliser leur droit de veto lors du vote du rapport. Dans la pratique néanmoins, il apparaît que la
plupart des rapports sont adoptés ;
• le GATT ne prévoit aucun délai spécifique dans le déroulement de la procédure ;
• les parties contractantes proposent de simples recommandations, qui n'ont pas de véritable valeur coercitive.
Il est vrai néanmoins que dans la plupart des cas les pays en conflit suivent les recommandations des experts.
[...]

Les cycles de négociations multilatérales : du GATT à l'OMC par Pierre Jacquet, Patrick Messerlin,
Laurence Tubiana.

GATT : octobre 1947 (25 pays)(1)


Accord général sur le commerce et les tarifs

La Havane : mars 1948 (53 pays)


Charte relative à la création d'une Organisation internationale du commerce non ratifiée par le Congrès américain

Genève : 1947 (23 pays)


Réduction des droits de douane

Annecy : 1949 (33 pays)


Réduction des droits de douane

Torquey : 1951 (34 pays)


Réduction des droits de douane

Dillon : 1960-1961 (35 pays)


Réduction des droits de douane

Kennedy : 1964-1967 (48 pays)


Réduction des droits de douane et mesures anti-dumping

Tokyo : 1973-1979 (99 pays)


Réduction des droits de douane, mesures non tarifaires et " accords cadres " (subventions, obstacles techniques,
marchés publics et aéronautique civile)

Uruguay : 1986-1993 (120 pays)


Réduction des droits de douane, mesures non tarifaires, agriculture, services, propriété intellectuelle, règles,
préférences commerciales pour le développement, règlement des différends et création de l'OMC

Singapour(1ère conférence de l'OMC)(2) : décembre 1996 (130 pays)


Programme de travail élargi de l'OMC : investissement, concurrence, transparence, (marchés publics)
environnement et pays les moins avancés

Genève(2e conférence de l'OMC) : mai 1998 (134 pays)


Préparation du prochain cycle, transparence et participation des ONG à l'OMC

Seattle(3e conférence de l'OMC) : novembre 1999 (136 pays)


Lancement du prochain cycle

Du GATT à l'OMC

La naissance de l'OMC

Une nouvelle organisation internationale


Les accords de l'Uruguay Round, signés en avril 1994, entérinent la naissance, à partir du 1er janvier 1995, d'une
nouvelle organisation internationale, dénommée OMC (Organisation mondiale du commerce), au même titre que la
Banque mondiale ou le FMI. L'adhésion à l'OMC implique pour un membre de souscrire en bloc à tous les accords
couverts par cette organisation. Cette nouvelle institution se voit confier quatre missions principales :
• veiller à la mise en place des accords de l'Uruguay Round ainsi que des accords plurilatéraux, signés par un
nombre plus restreint de pays ;
• constituer le nouveau cadre pour les négociations multilatérales en cours et à venir ;
• établir régulièrement le bilan des politiques commerciales suivies par les pays membres ;
• proposer un règlement aux différends qui peuvent surgir entre plusieurs pays membres ;
En 1996, l'OMC compte pas moins de cent-vingt-sept pays membres, ce qui représente près de 90 % du commerce
mondial(1). Trente pays possèdent le statut d'observateurs et vingt-huit négociations d'adhésion sont en cours, dont
celles de l'Ukraine, de la Chine et de la Russie.
La structure de l'OMC
L'OMC est composée d'une conférence ministérielle, d'un conseil général, d'un secrétariat général et de conseils
spécialisés.
La conférence ministérielle constitue l'organe étatique et plénier de l'OMC : elle correspond à l'ancienne assemblée
des parties contractantes du GATT. Composée des représentants de tous les pays membres, elle doit se réunir au
moins tous les deux ans, pour faire le bilan des négociations en cours et fixer le programme de travail. Entre deux
sessions, la direction de l'OMC est gérée par le conseil général, qui reprend les fonctions assurées précédemment
par le Conseil du GATT. Ce conseil général est assisté par trois conseils spécialisés. Le conseil général remplit les
fonctions de l'Organe de Règlement des Différends (ORD) et celles de l'Organe d'examen des politiques
commerciales.
Trois conseils spécialisés ont été créés, sous la direction du conseil général : il s'agit du conseil du commerce des
marchandises, du conseil du commerce des services et du conseil des ADPIC (portant sur la propriété
intellectuelle).
L'OMC, dont le siège se trouve à Genève, dispose d'un secrétariat, placé sous l'autorité d'un directeur

Le règlement des différends

La procédure de règlement des différends a été renforcée, en particulier pour remédier à la lenteur des procédures
du GATT et aux difficultés de mise en application des recommandations. En effet, certains pays comme les États-
Unis ont justifié leur approche unilatérale, avec l'adoption du Trade Act en 1988, en arguant que la procédure de
résolution des différends du GATT était trop lente et trop sujette au pouvoir de veto d'un membre.
La nouvelle procédure modifie l'étape du panel : l'ORD désigne un panel de trois experts, qui doivent fournir un
rapport dans un délai de six mois. Le conseil général de l'OMC adopte automatiquement le rapport sauf s'il est
rejeté à l'unanimité ; ce principe d'automaticité conditionnelle permet une prise de décision plus rapide. Une des
parties peut faire appel devant l'organe d'appel de l'ORD ; dans ce cas, l'ORD suit la décision de l'organe d'appel,
sauf s'il la rejette à l'unanimité. L'ORD est alors chargée de la mise en application de la décision (du panel ou de
l'organe d'appel) ; si l'une des parties refuse de s'y plier, l'ORD peut autoriser les pays lésés à prendre
automatiquement des mesures compensatoires.
Cette procédure de règlement des différends parviendra-t-elle vraiment à s'imposer aux signataires ? La question
demeure pour l'heure ouverte : comme le souligne B. Guillochon, " reste à savoir si tous les membres, en particulier
les grandes puissances commerciales vont accepter de se plier à cette discipline. Il est possible, en effet, de se
soustraire aux règles de l'OMC en préférant négocier un accord hors de son cadre, en pratiquant le bilatéralisme.
Dans ce cas, les pays finissent par s'entendre, certes, mais en excluant les autres partenaires, ce qui n'est pas
conforme à l'esprit de l'OMC "(2)
Toujours est-il que les pays membres recourant plus fréquemment qu'auparavant à la procédure de règlement des
différends, ce qui semble témoigner d'une certaine crédibilité de l'institution : entre janvier 1995 et juin 1997, une
soixantaine d'affaires ont été soumises à l'ORD.

Les premiers pas de l'OMC

La conférence de Singapour
La conférence de Singapour, qui a eu lieu en décembre 1996, constitue la première conférence interministérielle de
l'OMC. Elle visait à évaluer la mise en oeuvre de l'accord de Marrakech, à faire le point sur les négociations en
cours et à préciser le programme de travail de l'OMC pour les deux ans à venir. Sur ce dernier aspect, cinq thèmes
principaux ont été abordés, qui ont donné lieu à la création de groupes de travail :
• les relations entre commerce international et environnement : dans quelle mesure les impératifs de
compétitivité peuvent-ils conduire à une dégradation de l'environnement ? A l'inverse, le thème de la
protection de l'environnement ne risque-t-il pas de servir d'alibi à des pratiques protectionnistes ("
protectionnisme vert ") ? Ce thème de réflexion a été confié au comité du commerce et de l'environnement de
l'OMC, créé en 1995 ;
• le rôle de l'IDE (Investissement Direct Étranger) et des relations qu'il entretient avec le commerce : dans
quelle mesure les restrictions à l'IDE affectent-elles les flux de commerce ?
• la question de l'introduction d'une clause sociale dans les accords commerciaux : l'absence de protection
sociale et de règles minimales sur les conditions de travail dans les pays pauvres ne conduit-elle pas à une
forme de concurrence déloyale, comme le soutient la France ? A l'inverse, l'imposition de normes sociales ne
constitue-t-elle pas une forme de protectionnisme détourné ?
• les relations entre la politique de la concurrence et la politique commerciale.
Outre l'ouverture de ces nouveaux chantiers, la conférence de Singapour a vu la conclusion d'un accord sur la
libéralisation du commerce des technologies de l'information. Ce texte, signé par vingt-huit pays prévoit la
suppression d'ici l'an 2000 des barrières douanières sur un certain nombre de produits de la filière électronique
(semi-conducteurs, écrans d'ordinateurs, etc.)
Quel bilan tirer de cette première conférence interministérielle de l'OMC ? Comme le souligne B. Guillochon(3), "
la conférence de Singapour est loin d'avoir réglé ces divers problèmes. Du moins la déclaration finale témoigne-t-
elle d'une certaine volonté, de la part des États membres, d'apporter des débuts de solutions dans ces domaines [...].
Les grandes questions faisant partie du programme de travail de la conférence de Singapour en sont restées à la
phase préliminaire de désignation d'organes chargés des dossiers et de fixation d'objectifs ".

L'accord sur les télécommunications


A la suite de Singapour, un premier accord important a été conclu sous l'égide de l'OMC : il s'agit d'un accord sur le
commerce des services de télécommunications de base, signé par soixante-neuf membres de l'OMC (tous les pays
industrialisés, quarante pays en voie de développement). Ce texte prévoit la libéralisation commerciale et
l'ouverture des marchés intérieurs dans le domaine des services téléphoniques, dans un délai variable selon les
régions et les produits. Selon l'OMC, l'accord devrait avoir une incidence forte sur le coût des télécommunications,
qui baissera sous l'influence de la concurrence étrangère.
Source: Les cahiers français, n° 299, Emmanuel Combe (Professeur à l'Université du Havre) .
Chapitre : mondialisation et Notions du référentiel : protectionnisme, barrières
tarifaires/non tarifaires, dumping social, normes
internationalisation des échanges sociales, normes environnementales

Fiche 6 – La critique du libre-échange comme source de croissance et de


développement
Le renouveau du protectionnisme

Introduction :

Le protectionnisme s’appuie sur trois types d’instruments :


- les tarifs douaniers (droits de douane), cet instrument est soumis désormais à des
règles précises : les droits de douane ne peuvent augmenter, sauf pour des périodes
limitées et sous condition que le pays procédant à ces hausses les justifie par le fait
que la concurrence étrangère engendre des conséquences négatives pour l’appareil
national de production,
- les restrictions quantitatives (existence de contingents d’importation pour un
produit donné), elles sont en principe interdites : néanmoins, elles demeurent
tolérées lorsqu’elles font l’objet d’un accord bilatéral entre les parties concernées,
- les protections non tarifaires (par exemple l’édiction de règles environnementales
conçues de manière à empêcher l’accès de certains produits étrangers au marché
national), de plus en plus le protectionnisme tend à se cacher derrière des mobiles
de type environnementaux, sociaux ou consuméristes, mobiles que l’on appelle
souvent la « zone grise protectionniste », parce qu’il est bien difficile de savoir si
ces règles ont été adoptées pour des raisons de protection du marché national, ou
pour des raisons non commerciales.
Source :http://www.lyc-arsonval-brive.ac-limoges.fr/jp-simonnet/spip.php?article303

Partie 1- Le libre échange n’assure pas toujours croissance et développement


I. Les stratégies des NPI sont en réalité peu libérales

A. Une protection douanière élevée

Quand on compare la protection tarifaire entre 2 groupes de pays : ceux ayant adopté l’ISI
et ceux ayant adopté la SPE, on remarque
• certes que la protection moyenne est supérieure dans l’ISI
• Mais les écarts de protection sont plus grands dans la SPE : en effet , cette stratégie
distingue les secteurs qui n’ont pas besoin de protection car le pays dispose d’un
avantage comparatif ou ceux pour lesquels la protection serait coûteuse : le pays
ayant besoin de ces biens mais ne sachant pas les produire ( ex : biens d’équipement
dans une première phase ) ; des secteurs que le pays cherche à développer sans être
compétitif pour le moment , pour lesquels un protectionnisme éducateur semble
nécessaire .
• On peut dès lors en conclure qu’il semble y avoir une stratégie plus rationnelle de
protectionnisme que celle opérée par les pays adoptant l’ISI

B. Pour créer des avantages comparatifs

Ce protectionnisme sélectif montre donc que


• contrairement aux apparences et aux dires des théoriciens libéraux, l’Etat n’est pas
absent, il applique une politique qui, selon M.Fouquin, tend à concentrer les efforts sur
les secteurs compétitifs et à abandonner les secteurs, dans lesquels le pays n’a pas
d’avantages ;
• car, contrairement aux affirmations de Ricardo, une adaptation passive aux avantages
naturels ne suffit pas : « l’expérience de tous les pays en développement, y compris de
ceux qui ont le mieux réussi, est en faveur d’un certain volontarisme : dans les phases
de démarrage du processus de développement, l’Etat doit choisir les secteurs
prioritaires qui doivent être créés ou développés ( ...).

Pour en savoir plus :


• Les échecs qui ont été enregistrés proviennent soit de choix erronés, soit de
l’incapacité des Etats à mobiliser des moyens nécessaires et à mener des politiques
économiques convenables ». On retrouve ici la responsabilité des Etats mous dans
l’échec du développement ; on sait qu’au contraire, en Corée, un Etat fort et
interventionniste a contribué notablement au développement du pays, en assistant ou
en se substituant aux entrepreneurs quand cela était nécessaire
Remarque : On peut d’ailleurs s’interroger à la fois sur la généralisation du modèle de
croissance tirée par les exportations mais aussi sur sa validité :
• la stratégie de SPE s’est révélée efficace quand un nombre réduit de pays comportant
une population restreinte (les 4 Dragons d’Asie du Sud-Est) l’ont appliquée ; mais si
cette stratégie devient un modèle copié par tous les PVD, et en particulier par des pays
très peuplés comme la Chine ou l’Asie, on peut se demander si elle ne se révélera pas
intenable :
- en effet si un grand nombre de pays se spécialise dans des produits banalisés en
fin du cycle de vie, dont la demande progresse faiblement, une augmentation de la
production risque de se traduire par une baisse des prix et une détérioration des
termes de l’échange (comme pour les produits primaires), donc une diminution des
recettes d’exportation qui ne permettrait pas de financer le développement.
- la concurrence exercée sur ces pays sur les industries des PDEM utilisant beaucoup
de main d’oeuvre peu qualifiée serait destructrice et appellerait, de la part des
autorités, des mesures de protection ruinant la stratégie de SPE

Comme l’indique M .Fouquin: « l’idée de la croissance tirée par l’exportation qui pourrait
faire croire qu’un pays qui exporte plus a une croissance plus forte est , en général , fausse .
Car, parvenu à un rythme très élevé, les économies butent sur des goulets d’étranglement
qui les contraignent à importer de plus en plus. La croissance des importations finit à être
plus forte que celle des exportations. La croissance tirée par les exportations ne peut être
qu’exceptionnelle et de courte durée ». Comme le constate d’ailleurs G.Grellet : « la
corrélation positive entre la part des exportations dans le produit national et la croissance,
si elle existe , n’est pas sans ambiguïté , dans la mesure où elle ne fait que refléter le fait
que les pays les plus pauvres n’ont rien à exporter . »

II. Le libre échange n’est pas toujours optimal

A. Constat

Les pays qui occupent aujourd’hui un leadership dans le commerce mondial (Allemagne, EU , Japon ) et qui sont
donc les plus favorables au développement des échanges internationaux étaient au XIX° siècle les défenseurs d’un
protectionnisme éducateur qui devait les mettre à l’abri de la concurrence exercée par le RU .

B. Explications

En effet, contrairement à ce qu’affirme Ricardo et toute l’école libérale, la spécialisation ne


tombe pas du ciel ; elle est construite par le pays qui cherche à s’implanter dans les
secteurs les plus porteurs. Si les pays les plus faibles acceptent le libre- échange , ils vont
être obligés de se cantonner aux productions délaissées par le pays leader , car leurs
industries n’étant pas encore compétitives , elles seront éliminées .

Partie 2 -Un protectionnisme nécessaire

Pour l’’analyse de Ha-Joon Chang :le protectionnisme est un facteur de développement ;

« A peu près tous les pays aujourd'hui développés (PAD) avaient des politiques interventionnistes actives en matière
de commerce, d'industrie et de technologie. Pendant les périodes de " rattrapage ", leur but était de développer leurs
industries naissantes ; lorsqu'ils ont atteint leur objectif, ils ont eu recours à des pratiques leur permettant de
distancer leurs possibles concurrents. Ils ont pris des mesures pour maîtriser les transferts de technologies vers ces
derniers (par exemple en mettant en place un contrôle de l'émigration des travailleurs qualifiés ou de l'exportation+
des machines) et, par des traités inégaux et par la colonisation, ont contraint les pays moins développés à ouvrir
leurs marchés. Toutefois, les économies en phase de rattrapage autres que les colonies (officielles ou de fait) n'ont
pas accepté passivement ces mesures restrictives. Pour surmonter les obstacles qu'elles créaient, elles ont mis en
oeuvre toutes sortes de moyens légaux et illégaux, tels que l'espionnage industriel, le débauchage illégal de main-
d'oeuvre et le passage d'équi pements en contrebande.
L'étude des expériences historiques d'un ensemble de PAD (la Grande-Bretagne, les Etats-Unis, l'Allemagne, la
France, la Suède, la Belgique, les Pays-Bas, la Suisse, le Japon, la Corée et Taiwan) détruit beaucoup de mythes qui
biaisent aujourd'hui le débat, les plus nombreux portant sur les politiques économiques de la Grande-Bretagne et le
capitalisme+ de libre-échange+ des Etats-Unis - les deux patries supposées du libéralisme+.

1. La Grande-Bretagne

• Contrairement au mythe populaire qui veut qu'elle se soit développée sur la base du libéralisme et du libre-
échange, la Grande-Bretagne a utilisé agressivement - jusqu'à en être un pionnier dans certains domaines -
des politiques volontaristes destinées à développer ses industries naissantes. De telles pratiques, même si
leur portée est limitée, remontent au XIVe siècle (Edouard III) et au XVe siècle (Henry VII) pour ce qui
concerne l'industrie lainière, l'industrie de pointe à l'époque. L'Angleterre exportait alors de la laine brute
vers les Pays-Bas. Henry VII tenta de changer cette situation en taxant les exportations et en débauchant
des ouvriers qualifiés hollandais. Entre la réforme de la politique commerciale, décidée en 1721 par le
Premier ministre Robert Walpole, et l'abrogation de la loi sur les blés, en 1846, la Grande-Bretagne a mis
en oeuvre des politiques agressives en matière d'industrie, de commerce et de technologie. Pendant cette
période, elle pratiqua activement la protection des industries naissantes, les subventions à l'exportation+,
les réductions de droits pour l'importation de matières entrant dans la fabrication des produits qu'elle
exportait, le contrôle de la qualité des exportations par l'Etat - toutes pratiques qui sont typiquement
associées au Japon et autres pays est-asiatiques. Comme le montre le tableau supra, la Grande-Bretagne a
eu des tarifs douaniers très élevés sur les produits manufacturés jusque dans les années 1820, soit quelque
deux générations après le démarrage de sa révolution industrielle et alors qu'elle possédait une avance
technologique significative sur les nations concurrentes.

• C'est donc avec l'abrogation de la loi sur les blés, en 1846, que les Britanniques se sont convertis nettement
- même si ce n'était pas complètement - au libre-échange. On considère habituellement cette décision
comme la victoire définitive de la doctrine économique libérale classique sur l'aberration mercantiliste (par
exemple Bhagwati, 1985), mais nombre d'historiens la voient comme un acte d'" impérialisme libre-
échangiste " destiné à " mettre un terme à l'industrialisation+ sur le continent en accroissant les débouchés
pour les produits agricoles et les matières premières " (Kindleberger, 1978, p. 196). C'est d'ailleurs ainsi
que le présentaient les meneurs de la campagne pour l'abrogation de la loi sur les blés, tels que le politicien
Richard Cobden et John Bowring, de la Chambre de commerce+.

• En bref, contrairement à la croyance populaire, l'exemple britannique de passage à un régime de libre-


échange s'est construit " derrière des barrières douanières élevées et durables ", comme l'écrit l'éminent
historien de l'économie Paul Bairoch (Bairoch, 1993, p. 46). C'est pourquoi Friedrich List, l'économiste
allemand du XIXe siècle considéré (à tort, comme nous allons le voir) comme le père de la théorie
moderne des " industries naissantes ", a déclaré que les Britanniques prêchant pour le libre-échange se
comportaient comme celui qui, arrivé en haut du mur, " tire l'échelle " qui lui a servi à grimper. Cela vaut
la peine de le citer plus longuement : " C'est un ingénieux procédé, fort commun, lorsque quelqu'un a
atteint le sommet de sa grandeur, qu'il tire l'échelle qui lui a permis de grimper, afin de priver les autres
des moyens de le rattraper. C'est le secret de la doctrine cosmopolite d'Adam Smith, des tendances
cosmopolites de son grand contemporain William Pitt, et de tous ceux qui leur ont succédé au
gouvernement britannique. Toute nation qui, sous la protection des droits de douane+ et des restrictions à
la navigation, a porté sa puissance industrielle et maritime à un tel niveau de développement qu'aucun
autre pays ne peut lui faire concurrence, n'a rien de plus sage à faire que de retirer ces échelles vers sa
grandeur, de prêcher aux autres nations les avantages du libre-échange+ et de déclarer sur le ton du
repentir qu'elle s'était jusqu'ici égarée, et qu'elle vient de découvrir la vérité " (List, 1885, p. 295-296).

2. Les Etats-Unis

Si la Grande-Bretagne fut le premier pays à lancer avec succès sur une grande échelle la stratégie de la promotion
des industries naissantes, ses utilisateurs les plus actifs furent les Etats-Unis - que Paul Bairoch a désignés comme
" le berceau et le bastion du protectionnisme+ moderne " (Bairoch, 1993, p. 30).

• En effet, les premiers arguments systématiques en faveur des industries naissantes ont été développés par
des penseurs améri cains, comme Alexander Hamilton, le premier secrétaire au Trésor des Etats-Unis, et
Daniel Raymond. C'est dans les années 1820, pendant son exil aux Etats-Unis, que Friedrich List, le père
intellectuel supposé de la théorie de la protection des industries naissantes, a commencé à apprendre sur la
question. Beaucoup d'intellectuels et de politiciens américains avaient bien compris, pendant la période de
" rattrapage " de leur pays, que la théorie du libre-échange défendue par les Britanniques ne leur convenait
pas. List fait l'éloge des Américains pour ne pas avoir écouté des économistes influents comme Adam
Smith ou Jean-Baptiste Say, qui soutenaient que la protection des industries naissantes serait un désastre
pour les Etats-Unis, pays riche en ressources. Les Américains ont obéi au " bon sens " et à " l'instinct de ce
qui était nécessaire pour la nation " (List, 1885, p. 99-100), et continué à protéger leurs industries, en
commençant par mettre en vigueur un nouveau tarif douanier+ en 1816 (3).

• Entre 1816 et la fin de la Seconde Guerre mondiale, les Etats-Unis ont eu l'un des taux moyens de droits
de douane sur les importations de produits manufacturés les plus élevés du monde. Comme le pays a
bénéficié, au moins jusque dans les années 1870, d'une protection " naturelle " exceptionnelle, du fait des
coûts de transport élevés, on peut dire que les industries américaines ont été les plus protégées du monde
jusqu'en 1945. Après la guerre de Sécession, le protectionnisme devint très important. Contrairement à ce
que l'on croit, ce conflit n'a pas eu comme seul motif la question de l'esclavage : les tarifs douaniers furent
une cause au moins aussi importante (4). C'est seulement après la Seconde Guerre mondiale, quand leur
suprématie industrielle ne fut plus contestée, que les Etats-Unis libéralisèrent leur commerce (même si ce
ne fut pas aussi radicalement que les Britanniques l'avaient fait au milieu du XIXe siècle) et commencèrent
à se faire les champions du libre-échange+ - apportant une fois de plus la preuve que List avait raison avec
sa métaphore de l'" échelle tirée ". La citation ci-après d'Ulysses Grant, héros de la guerre de Sécession et
président des Etats-Unis de 1869 à 1877, montre bien que les Américains ne se faisaient aucune illusion
sur le fait qu'ils avaient, comme les Britanniques, " tiré l'échelle " (5) : " Pendant des siècles l'Angleterre a
tablé sur la protection, qu'elle a porté à son plus haut niveau. Elle en a obtenu des résultats qui la satisfont.
C'est sans aucun doute à ce système qu'elle doit sa puissance actuelle. Après deux siècles, elle a trouvé bon
d'adopter le libre-échange+ parce qu'elle pensait que le protectionnisme+ ne pouvait plus rien lui apporter.
Eh bien, messieurs, ma connaissance de notre pays me permet de croire que dans deux cents ans, quand
l'Amérique aura tiré de la protection tout ce qu'elle peut lui apporter, elle aussi se convertira au libre-
échange " (Ulysses S. Grant, cité dans A. G. Frank, 1967, p. 164).

3. Exercices de distancement

Comme je l'ai signalé plus haut, une fois arrivés au sommet, les PAD ont utilisé toutes sortes de tactiques pour
distancer les pays qui suivaient. Les politiques mises en oeuvre furent, bien entendu, différentes selon le statut
politique de ces derniers - colonies, pays semi-indépendants liés par des traités inégaux ou nations concurrentes
indépendantes.

• La Grande-Bretagne a empêché le développement industriel de ses colonies de façon particulièrement


agressive. Premièrement, elle a encouragé la production de matières premières par des subventions (les
" primes ") et supprimé les droits de douane+ sur les importations+ de ces marchandises en provenance de
ses colonies. Deuxièmement, elle a mis hors la loi, dans ses colonies, les activités manufacturières à haute
valeur ajoutée+. Troisièmement, elle a interdit aux colonies d'exporter des produits concurrents des siens.
Par exemple, les Anglais ont interdit les importations+ de cotonnades d'Inde (les " calicots "), en 1700, et
les exportations+ de drap au départ de leurs colonies (par exemple l'Irlande et les Etats-Unis) vers d'autres
pays, en 1699. Quatrièmement, l'Angle terre interdisait aux autorités coloniales d'imposer des droits de
douane+ ; et lorsqu'ils étaient nécessaires au budget+ du territoire, elle les contrait d'une façon ou d'une
autre. Par exemple, quand le gouvernement colonial britannique en Inde imposa, pour des raisons
purement fiscales, des droits - fort réduits : de l'ordre de 3 à 10 % - sur les importations+ de textiles, les
producteurs locaux durent payer une taxe+ du même ordre, afin que la situation " soit équitable pour
tous ".

• Des " traités inégaux " furent utilisés pour priver des pays théoriquement indépendants de leur autonomie
douanière, en maintenant leurs tarifs à des niveaux très bas (habituellement de 3 à 5 %). Entraient dans
cette catégorie tous les pays d'Amérique latine, à commencer par le Brésil en 1810, ainsi que la Chine, le
Siam, la Perse, l'Empire ottoman et le Japon.

• Contre les pays concurrents, la politique consistait à limiter les transferts de technologies, en interdisant
l'émigration de la main-d'oeuvre qualifiée ou l'exportation+ de machines performantes. Les concurrents
contre-attaquaient en pratiquant l'espionnage industriel et le recrutement " illégal " de travailleurs
qualifiés, et en ne respectant pas les brevets et autres droits de propriété intellectuelle. La plupart de ces
pays n'accordaient qu'une protection très insuffisante aux droits de propriété intellectuelle des étrangers
(par exemple en autorisant la prise de brevets sur une " invention importée "). La Suisse n'a pas eu de
système de brevets jusqu'en 1907, et les Pays-Bas, même s'ils ont passé une loi sur les brevets en 1817,
l'ont abrogée en 1869 et ne l'ont pas réintroduite avant 1912. Et jusqu'à la fin du XIXe siècle, au moment
où l'Allemagne était sur le point de dépasser la Grande-Bretagne sur le plan techno logique, cette dernière
était très préoccupée par les nombreuses contrefaçons de ses marques par les Allemands

Contexte : La création de l’OMC s’est faite dans un contexte politique très favorable au libéralisme . En effet ,
l’effondrement du bloc soviétique traduit pour les libéraux la supériorité du capitalisme , du marché de CPP sur tout
autre système . La généralisation de l’économie de marché et la libéralisation des échanges semblent alors être les
seules solutions qui s’offrent au pays qui veut connaître une croissance et un développement économique .

Limites : comme l’indique l’analyse historique de P.Bairoch , il n’y a pas de lien de cause à effet obligatoire entre
la libéralisation des échanges , le développement du commerce international et la croissance économique . En effet :
« l’expansion du commerce extérieur européen a été généralement plus rapide durant les périodes protectionnistes
que durant la période libérale , globalement les 30 années de période libérale ( 1860-1890 ) ont été nettement plus
négatives que les 30 années précédant cette période et que les 25 années la suivant . »

Conclusion : A.Grjebine peut en conclure : « en fait , le libre-échange a été favorable surtout sinon exclusivement
à la première puissance économique de l’époque , c’est-à-dire le Royaume-Uni » . On peut alors se demander dans
quelle mesure la libéralisation des échanges internationaux qui est en train de s’opérer aujourd’hui n’a pas été
réalisée par le pays leader ( les EU ) au nom de l’intérêt général et en particulier

I. Un protectionnisme éducateur

A. Un protectionnisme indispensable

Le pays en retard doit alors appliquer une stratégie protectionniste, qui contrairement à la
théorie développée par les libéraux n’est pas défensive mais offensive. En effet, son
industrie n’étant pas compétitive, il doit dans un premier temps la protéger par des
barrières douanières qui lui offriront un marché captif (le consommateur en contrepartie
subit un coût : il paye plus cher des biens de moins bonne qualité).

B. Mais provisoire

Mais ces barrières douanières ne seront que provisoires ; au fur et à mesure, les industries
naissantes vont gagner en maturité, vont devenir plus compétitives, les barrières
protectionnistes pourront alors progressivement être réduites .
List qui est avec Hamilton le promoteur du protectionnisme éducateur considère, en
effet, qu’il faut instaurer des barrières tant que les industries ne sont pas compétitives ,
mais que les producteurs doivent dès l’origine savoir que ces barrières ne sont que
provisoires , sinon ils ne seront pas incités , sous l’aiguillon de la concurrence ,à accroître
leur compétitivité .

Exemples d’application de la stratégie : Beaucoup d’exemples de développement basés en apparence sur la


logique libérale sont en réalité conformes à la logique du protectionnisme éducateur :
- les pays , comme le Japon ou la Corée du Sud qui ont su tout en appliquant une promotion par les
exportations protéger leur marché intérieur par des barrières douanières ont pu constituer une base
économique cohérente qui a été une des conditions ayant assuré leur développement économique .
- L’exemple de la GB aux XVIII- XIX° siècles est aussi probant :
• durant une première phase , les industriels anglais ont réclamé et obtenu l’introduction de barrières
douanières pour protéger l’industrie textile naissante de la concurrence indienne ( qui produisait des produits
de meilleure qualité à moindre coût ) .A l’abri des barrières , les anglais ont mécanisé leur production et ,
• une fois que celle-ci est devenu compétitive , ils sont devenus libre-échangistes , ont imposé à l’Inde un tarif
douanier très faible et ont alors inondé le marché indien de leurs cotonnades ruinant par là-même l’ébauche
de développement économique qu’était en train de connaître l’Inde .

II. Vers un renouveau du protectionnisme défensif ?

Protectionnisme défensif : protéger des activités dépassées et peu concurrentielles


au niveau international pour permettre de les rendre compétitives ou d’assurer leur
reconversion

A. Constat ( doc 1 p 246)

Les PDEM connaissent un mouvement de délocalisations de leurs établissements industriels vers les pays émergents
Délocalisation : transfert à l’étranger d’une activité jusque là assurée sur le sol
national

B. Explications

Les PDEM accusent alors ces pays de faire du dumping social et environnemental (doc6 p 251)
Dumping : amélioration artificielle de la compétitivité commerciale à l’exportation
Social : grâce à la faiblesse ou l’absence de protection sociale et de
réglementations du travail (ex : travail des enfants, 3 p 250)
Environnemental : grâce à la faiblesse où l’absence de réglementations visant à
protéger l’environnement

C. Une opposition entre PDEM e pays émergents

1. les propositions des PDEM (doc6 p 251)

Les PDEM accusent alors les pays émergents de concurrence déloyale et veulent faire adopter au niveau
international deux types de normes qui répondent à 2 objectifs :
- un objectif implicite : limiter la concurrence déloyale
- un objectif explicite : améliorer le sort de la population

Deux types de normes ou clauses :


- clauses sociales : Une clause sociale est l'introduction, ici dans des accords
internationaux, d'une norme imposant le respect par tous de certaines
règles sociales (exemple du travail des enfants). Son non-respect pourrait
impliquer des sanctions commerciales (droit à des mesures protectionnistes
de rétorsion à l'égard du pays violant cette clause).
- clauses environnementales : ici c’est le respect de règles environnementales

2. Sont refusés par les pays émergents (7 p 251)

Les pays émergents refusent l’introduction de ces clauses pour plusieurs raisons :
- ils accusent les PDEM d’hypocrisie : au même stade de développement, ceux-ci n’étaient pas contraints
par ce type de règles
- ils considèrent qu’ils ne peuvent les appliquer :
• leur niveau de richesse est plus faible
• leur niveau de productivité aussi
• ils ne peuvent donc financer ces normes
- ces clauses ne sont pas demandées par leur population car leur niveau de développement est inférieur à
celui des PDEM

Pour en savoir plus sur les clauses sociales et normes environnementales

Où l'on reparle de la clause sociale


L'inclusion d'une clause sociale dans les textes de l'OMC a été rejetée au cours du cycle de l'Uruguay à l'instigation
des PED et l'idée a simplement débouché sur la proposition faite à la conférence ministérielle de Singapour en
décembre 1996 de collaborations plus étroites entre l'Organisation internationale du travail (OIT) et l'OMC. La
question n'est pas définitivement évacuée pour autant et de nouvelles tentatives ont été faites en ce sens, en
particulier par les États-Unis à la veille de la réunion de Seattle(7). Les PED sont résolument hostiles à l'insertion
d'une telle clause(8). Dans ce débat qui met essentiellement l'accent sur le travail des enfants, le lien entre faiblesse
des normes sociales et pauvreté (c'est parce que le pays est pauvre que les enfants sont obligés de travailler) tend à
être occulte par des considérations morales (il est inadmissible de faire travailler des enfants). Ce raisonnement
s'appuie sur une comparaison fausse celle qui oppose la situation actuelle à une situation idéale, or dans la réalité le
choix est tout autre et il serait sans doute pire que les enfants ne travaillent pas. Le remède préconisé n'est donc pas
approprié, empêcher les enfants de travailler ne résout pas le problème de la pauvreté, bien au contraire. Il semble
en outre que l'on se trompe de cible selon l'OIT, en effet, l'essentiel du travail des enfants dans les PED concerne le
secteur agricole des biens non échangés. L'application de sanctions commerciales pour éradiquer le travail des
enfants ne serait donc pas efficace.
Par ailleurs la sélectivité de la clause sociale (elle ne porterait par exemple que sur le travail des enfants, mais pas
sur les conditions de travail des travailleurs émigrés par exemple) est suspecte et suggère que les motivations de ses
partisans sont de nature protectionniste. Les responsables des pays industrialisés craignent pour certains secteurs de
leur économie, et pour certains groupes " défavorisés ", et cherchent à les protéger. Le problème est
extraordinairement complexe, étant donné qu'à vouloir défendre " leurs " pauvres c'est-à-dire les ouvriers peu
qualifiés en concurrence directe avec ceux des pays à bas salaires les pays industrialisés sanctionnent finalement les
pauvres du reste du monde et entravent même les chances de développement dans ces pays, en restreignant l'accès
de leurs produits aux marchés du monde développé. Un cercle vicieux s'installe alors par lequel la réussite
économique des PED avive les réactions protectionnistes dans les pays industrialisés, qui risquent de remettre en
cause la dynamique de croissance dans les PED (Deardorff, 2000).

La montée des préoccupations environnementales


Les PED sont également hostiles à l'inclusion de préoccupations environnementales dans les attributions de l'OMC.
Les contraintes imposées par des normes environnementales jugées trop élevées porteraient atteinte à la
compétitivité de leurs entreprises. A l'inverse, les pays industrialisés jugent indispensable la mise en place de
normes internationales pour éviter un dumping environnemental et prévoient de sanctionner ceux qui ne les
respecteraient pas.
Les choses sont en la matière assez complexes. Il peut paraître a priori justifié de chercher à imposer des normes
pour les exportations de produits pouvant mettre en danger l'environnement ou la santé des consommateurs du pays
importateur. Celte possibilité existe à vrai dire déjà dans les dispositions de l'OMC, qui autorisent les
gouvernements nationaux à restreindre les échanges dans de tels cas. La véritable opposition porte sur le lien établi
entre normes environnementales et sanctions commerciales
Les accusations de dumping portées par les pays industrialisés ne paraissent pourtant pas vraiment fondées, en
particulier car il n'existe pas de preuve que la faiblesse des réglementations environnementales dans les PED
confère un quelconque avantage aux producteurs de ces pays. Ce problème est là encore lié au niveau de
développement et au manque de moyens dans ces économies. Il s'agit donc plutôt d'un problème de développement
que d'un problème commercial. Comme dans le cas de la clause sociale, les intentions des pays industrialisés sont
probablement de nature protectionniste sous couvert de préoccupations écologiques. Si l'intention était vraiment le
souci de la protection de l'environnement, alors l'instrument choisi n'est pas le bon, car ce n'est pas en interdisant
aux produits des PED l'accès aux marchés des pays industrialisés que l'on résout le problème de la dégradation de
l'environnement dans les pays d'origine, bien au contraire. En effet, dans la mesure où l'on observe une corrélation
positive entre croissance économique et amélioration de la qualité de l'environnement, tout au moins au delà d'un
certain seuil de revenu par tête(9), la meilleure des stratégies de sauvegarde de l'environnement consisterait à
encourager la libéralisation des échanges qui est source de croissance.
Les divergences d'opinions sur ces deux questions reflètent certes des divergences en matière de priorités et
d'objectifs économiques entre les deux parties, mais aussi de conception quant au rôle que l'OMC peut et doit jouer.
Du côté des pays industrialisés, la tentation est forte de chercher à utiliser le pouvoir de coercition de l'ORD pou
faire respecter un code de bonne conduite même dans des domaines non directement liés au commerce(10). La
principale raison de soumettre de telles questions à cet organe tient au fait qu'il est un lieu unique d'arbitrage des
conflits entre États, et de production sous forme de jurisprudence d'un droit dérivé (Allard, 2000). Pour les raisons
évoquées plus haut, les PED sont pour leur part logiquement hostiles à une évolution en ce sens, qui déboucherait
sur des décisions et des règles à la légitimité à leurs yeux, contestable.

III. La politique commerciale stratégique : un nouveau protectionnisme

Constat : On a assisté au début des années 80 à une réhabilitation de la théorie du


protectionnisme éducateur.
Explications : elle est basée sur la remise en cause des hypothèses démontrant
l’optimalité du libre-échange :
• dès lors que l’on ne se situe pas sur des marchés de CPP , le libre-échange peut
générer des effets pervers . En effet :
- contrairement à ce qu’affirmaient Ricardo et à sa suite HOS , la spécialisation ne
résulte pas de déterminants statiques adoptés passivement par les Etats
( dotations factorielles ) ;
- elle est construite par les Etats qui cherchent à s’implanter sur les marchés les
plus porteurs .
- Un pays qui dispose d’une avance technologique (exemple les USA) va alors
essayer de la maintenir en mettant en place des barrières à l’entrée qui
dissuaderont ses concurrents étrangers de se lancer dans l’innovation .
• Une des barrières essentielles est constituée par les coûts de recherche :
- Ceux ci sont très élevés , et ne pourront être rentabilisés que si l’entrant sur le
marché peut bénéficier d’économies d’échelles. Il peut être alors nécessaire
d’appliquer des mesures protectionnistes qui en rendant le marché intérieur captif
aux entreprises nationales leur permettront Dans une première phase de
rentabiliser leurs investissements .
- comme l’a démontré la théorie de la croissance endogène , l’innovation sera
d’autant plus aisée que l’expérience et le capital de connaissances accumulés
dans le domaine seront forts . Dès lors , il peut être utile d’aider les entreprises à
obtenir ces connaissances qui constituent, elles aussi une barrière à l’entrée :
l’Etat peut ainsi, soit se substituer aux entreprises afin de mener des recherches ,
soit par des aides les inciter à investir les créneaux les plus porteurs.

Conclusion :Ainsi, dès lors que l’on ne se situe plus sur un marché de CPP c’est à dire que :
- les entreprises du pays leader appliquent une stratégie commerciale visant à
rendre leurs concurrents économiquement dépendants et incapables de générer un
progrès technique leur permettant de rattraper le retard accumulé ,
- une intervention de l’Etat peut s’avérer nécessaire afin de contribuer à la
constitution des avantages comparatifs sur les marchés les plus dynamiques .
- En appliquant une stratégie s’appuyant sur les principes du protectionnisme
éducateur ( cf. exemple d’Airbus : doc 22 p 247 ) un pays peut permettre à ses
entreprises de conquérir une place sur un marché oligopolistique caractérisé par de
fortes barrières à l’entrée , ce qui à terme diminuera la dépendance et permettra la
réduction des barrières douanières
Pour en savoir plus sur les politiques commerciale et industrielle stratégiques : un extrait d’article de
M.Rainelll
La nouvelle théorie a également développé une analyse originale de la politique commerciale, qui n'a été défendue
que pendant une durée assez brève. La théorie traditionnelle montre, lorsque la concurrence est parfaite, que le
libre-échange est optimal ; la nouvelle théorie, reposant sur une analyse en termes de concurrence imparfaite,
développe au contraire des justifications fortes à une intervention publique par le biais de politiques industrielle ou
commerciale.

C'est un article de James Brander et Barbara Spencer qui marque la naissance de la nouvelle théorie du
protectionnisme(15). Les auteurs envisagent le cas particulier d'une firme domestique qui entre en concurrence de
Cournot avec une firme étrangère sur un marché tiers où il n'existe pas de producteur autochtone. Les firmes ont
des dépenses de R&D qui conduisent à une diminution de leurs coûts de production ; ces dépenses peuvent être
subventionnées par les pouvoirs publics du pays domestique. Cette politique industrielle permet d'abaisser le coût de
production de la firme en dessous de celui de sa rivale et donc de modifier l'équilibre atteint sur le marché tiers. Le
niveau optimal de subvention est celui qui permet de passer d'un équilibre de Cournot (sans intervention publique)
à un équilibre de Stackelberg où la firme domestique est leader, ce qui accroît son profit. Cette situation est décrite
comme l'" extraction d'une partie des rentes d'oligopole de la firme étrangère "(16).
Dans le prolongement de ces résultats, de nombreux travaux vont s'intéresser à la description de cas où
l'intervention des pouvoirs publics, au moyen d'une politique commerciale ou d'une politique industrielle peut
conduire à améliorer la situation d'une firme nationale, ou à lui permettre d'entrer sur un marché dans lequel, sans
intervention publique, elle ne pourrait obtenir un profit positif. De telles formalisations sont apparues comme
pertinentes pour décrire, par exemple, le cas de l'industrie aéronautique avec la rivalité entre Airbus et Boeing.
Cependant, les premiers enthousiasmes à l'égard de cette approche vont rapidement être tempérés ; d'une part, les
résultats obtenus ne sont pas robustes : la modification des hypothèses de comportement des firmes remet en cause
les modalités de l'intervention publique. D'autre part, les tentatives pour chiffrer les gains résultant d'une politique
activiste ont conduit à relativiser son intérêt. Krugman, dans un article célèbre paru en 1993, considère, tous
comptes faits, que le libre-échange demeure la politique optimale(17).
Ainsi, les apports de la nouvelle théorie, s'ils sont indéniables sur le plan conceptuel, parce qu'ils permettent de
raisonner sur des cas généraux et non plus limites, n'ont pas encore fait l'objet de vérifications empiriques
probantes. De ce point de vue, la faiblesse de la nouvelle théorie renvoie à celle de la théorie traditionnelle.
Source :Les cahiers français, n° 299 , Auteur : Michel Rainelli (LATAPSES-IDEFI CNRS et Université de Nice
Sophia-Antipolis) .

Limites :Il n’en reste pas moins que l’exemple de Boeing et d’Airbus montrent que la
politique menée par les 2 gouvernements peut être assimilée à un jeu à somme négative ,
puisque les pertes subies par les américains n’ont pas été compensées par une
amélioration du bien-être des européens .

Pour étudier les deux formes du protectionnisme offensif et défensif


Contrairement à ce que l’on pourrait penser , une étude historique montre que leprotectionnisme se développe
durant des périodes présentant des caractéristiques bien précises . B.assudrie-Duchêne écrit ainsi : « les poussées
protectionnistes doivent être mises en relation , historiquement avec des périodes dans lesquelles les
transformations technologiques sont capables de créer des retournements d’avantages comparatifs ou de
spécialisation . »
B.Lassudrie-Duchêne est amené à distinguer 2 types de périodes :
- les périodes de croissance hégémonique : ( ex : 1840-1875 , 1945-1970 ) qui sont des périodes au cours
desquelles le pays leader comme ses partenaires bénéficient d’avantages ou de désavantages comparés
relativement stables . Dans les domaines de la haute technologie , l’avantage du leader est tel que ses
suiveurs ne peuvent le concurrencer et qu’ils ont donc intérêt à importer ses produits afin d’exporter
librement des produits plus traditionnels dans lesquels ils sont spécialisés .

au contraire , dès lors que PROTECTIONNISME DEFENSIF PROTECTIONNISME


l’hégémonie du pays leader est OFFENSIF
remise en question ( la GB à la fin
du XIX° , les EU depuis 1970 ) ou
que la croissance économique se
ralentit les conflits de répartition
interne et externe se multiplient ,
les décideurs politiques sont alors
incités à intervenir en manipulant
les droits de douane , les taux de
change afin de protéger leur
avances technologique ( pays
leader ) ou de réduire leur retard
( pays suiveur ) . Ils vont alors être
amenés 2 types de protectionnisme
selon LAFAY qui visent des
objectifs bien différents comme
l’indique le tableau suivant :
Secteur concerné -les secteurs stratégiques relevant de - les secteurs porteurs et innovateurs
la défense nationale pour lesquels le pays ne dispose pas
-les secteurs de reconversion qui encore d’un avantage comparatif
subissent de plein fouet la
concurrence extérieure
Objectifs recherchés - il s’agit de reconvertir la branche - le pays qui n’est pas encore
menacée par la concurrence étrangère compétitif sur un secteur d’avenir doit
en favorisant un repli en bon ordre sur protéger ses industries naissantes ,
les créneaux les plus porteurs , en afin de combler le handicap provisoire
restructurant la filière par la et de ne pas tomber dans la
spécialisation intrabranche dépendance du pays leader sur ce
marché ( ex : l’informatique en
Europe )
Dangers encourus - le danger est que la protection - la protection des industries
devienne permanente , sous la naissantes doit être planifiée et
pression des secteurs traditionnels qui dégressive dans le temps . LAFAY
cherchent à se protéger de la écrit : « rien ne serait plus dangereux
concurrence des PVD , ceci retarderait qu’une protection appliquée
un nécessaire redéploiement du tissu hâtivement sous l’influence de
productif vers les branches les plus groupes de pression et donc le
dynamiques maintien illimité contribuerait ensuite
à pérenniser des structures inadaptées
Type de mesures à appliquer - une protection planifiée qui vise à - une protection planifiée et
assurer une restructuration en bon dégressive dans le temps qui permette
ordre du tissu productif , en au producteur de rattraper leur retard
particulier un redéploiement des et d’opérer une transition en douceur
emplois ( mais aussi des vers le libre-échange qui est l’objectif
investissements) vers les secteurs de moyen terme
porteurs - des objectifs réalistes qui tiennent
- une protection dégressive dans le compte des capacités réelles du pays
temps : les producteurs nationaux afin de déterminer les activités pour
doivent comprendre , dès l’application lesquelles le seuil de compétitivité
de mesures défensives qu’elles visent peut être atteint des délais
à accélérer les restructurations et non raisonnables
à les retarder - une limitation du nombre de
productions protégées qui permettent
réellement d’opérer des choix
stratégiques de spécialisation

Conclusion : Comme le conclue LAFAY , le protectionnisme peut être la meilleure ou la pire des choses , la pire
s’il consacre d’avantages d’efforts à la production défensive d’industries du passé qu’à la protection offensive des
industries de l’avenir ; la meilleure s’il vise par une analyse de l’évolution des marchés une spécialisation qui
dynamise les avantages comparatifs .
Notions du référentiel : acculturation, différenciation
Chapitre : mondialisation et culturelle
internationalisation des échanges

Fiche 7 - Mondialisation et culture

Partie 1 – La mondialisation se traduit-elle par une perte de diversité culturelle ?

I. Un risque de mcdonaldisation du monde


La mondialisation intègre la plupart des nations dans l’échange marchand et modifient leurs économies, ainsi que
leur mode de vie et de consommation. Or, chaque produit porte en lui sa culture d’origine. Par conséquent, la
substitution d’un produit national par celle d’un produit étranger favorise le processus d’acculturation. La
confrontation des systèmes productifs traditionnels à l’appareil de production capitaliste tourne à leur désavantage.
L’efficacité de l’économie capitaliste lui procure une force d’imposition sur les économies traditionnelles et
contribue ainsi à une uniformisation culturelle planétaire. Celle-ci prend les formes suivantes

A. Constat (1 p 284)

1. Une standardisation des modes de vie.

– Urbanisation, salarisation : l’accumulation du capital conduit à l’extension du salariat et de l’urbanisation à


l’échelle planétaire ainsi que de tout ce qui en découle (productivisme, montée de l’individualisme, civilisation de
l’automobile, etc.).
– La diffusion des produits manufacturés et des biens culturels standardisés qui véhiculent partout les mêmes
valeurs et normes : Coca-cola, Macdonald, films, 2p 284) et séries télévisés diffusent l’« american way of life » à
travers le monde ). Ils se substituent aux produits nationaux ou locaux, ce qui engendre un processus
d’acculturation voire d’assimilation).

2. Un vaste processus d’acculturation, voire de déculturation (4 p 284)

a. La rencontre des cultures

- La disparition des sociétés traditionnelles rurales, fondées sur l’agriculture. Le petit artisanat et souvent
le troc, sont « remplacées » par des sociétés monétarisées, où la majeure partie de la population travaille
contre un salaire monétaire. Les solidarités traditionnelles sont remplacées par la logique contractuelle.
- La diffusion de pratiques culturelles mondiales relègue les pratiques culturelles locales, voire conduit à
leur disparition progressive ou brutale (musique, football « coupe du monde », lecture des best seller Da
Vinci Code, Harry Potter).,une langue internationale (l’américain) et une monnaie internationale (le
dollar).
- L’extension de l’économie de marché à l’ensemble de la planète s’accompagne donc d’un vaste processus
d’acculturation.

Définition de l’acculturation (1p 192): Selon la définition classique de Redfield,


Linton et Herskovits l’acculturation est « l’ensemble des phénomènes qui résultent
d’un contact continu et direct entre des groupes d’individus de cultures différentes
et qui entraîne des changements dans les modèles culturels initiaux de l’un ou des
deux groupes »

b. Peut se traduire par une perte de diversité culturelle

- On observe une diffusion du modèle culturel occidental et tout particulièrement du modèle américain.
Un consommateur mondial type se dessine peu à peu, la « macdonaldisation » du monde serait donc
inéluctable. La diversité des cultures serait menacée . Les pratiques de dépigmentation qui se développent
chez les Africains ont en effet de quoi inquiéter .L’acculturation se traduirait donc par une assimilation
ou une déculturation :

Définition de l’assimilation: c’est une des conséquences de l’acculturation :à la


disparition d’une des deux cultures qui acceptent intégralement les valeurs de
l’autre, mais elle doit être volontaire , sinon la culture dominée continue d’imprégner
la culture dominante

Définition de la déculturation : phase de déconstruction des valeurs et des normes


d’un groupe ou d’une société au contact de groupes d’une autre culture. La
déculturation peut être si profonde que toute restructuration culturelle devient
impossible .

B. Explications

1. Les stratégies des firmes s’organisent à l’échelle mondiale.

- Les FMN pratiquent la DIPP en implantant leurs filiales dans de nombreux pays pour étendre leurs
marchés, rationaliser leurs activités (réaliser des économies d’échelle, tirer avantage des spécificités de
chaque pays).
- L’accumulation du capital à l’échelle mondiale entraîne ainsi l’extension des marchés.

2. Amplifié par les nouvelles technologies

- Ce phénomène est accentué par le développement et la diffusion de nouvelles technologies qui accélèrent
la circulation des biens et services, des hommes et des capitaux et de l’information et des idées.
- Elles multiplient les moyens de communication et permettent de réduire les distances et les temps des
communications ainsi que de baisser leurs coûts ; elles favorisent donc leur augmentation (téléphone fixe
puis mobile, fax, Internet, diffusion par satellites, transports à grande vitesse ou grande capacité, TV et
publicité). Ainsi la circulation des biens et des idées est-elle accélérée.

3. Une volonté d’imitation

- les PDEM et notamment les Etats-Unis sont les pays les plus riches du monde
- adopter leur mode de vie permet d’obtenir une partie de leur prestige

II. A relativiser

A. L’acculturation peut engendrer d’autres conséquences que l’assimilation

1. Les différences culturelles entre pays se maintiennent : une culture syncrétique

Définition de la culture syncrétique ou métisse :de la rencontre des deux cultures


naît une culture nouvelle qui peut être une véritable synthèse ou une configuration
éclectique adaptable selon les comportements et les situations

- Patrimoines culturels nationaux clairement identifiables (littérature, peinture, musique, architecture, etc.),
goûts différents avec lesquels les FMN doivent composer, s’adapter aux spécificités locales (Mac Do en
Inde ou en France effectue une certaine adaptation de ces produits aux exigences locales). Certaines
populations utilisent aujourd’hui leur culture d’origine pour fabriquer des produits nouveaux. La culture
dans certain cas, devient un label commercial
- Les modes d’organisation capitalistes restent différents: l’Angleterre valorise la culture du contrat ,
l’Allemagne celle du consensus .
- Des processus de métissage culturel et de réinterprétation se multiplient et témoignent du maintien de la
diversité culturelle. Pas de culture à l’état pur, mais un processus permanent d’acculturation qui
s’intensifie avec la mondialisation. La culture est toujours en mouvement

2. Des réactions identitaires se manifestent

- permettent de sauvegarder les spécificités culturelles nationales : revendication européenne de l’exception


culturelle pour maintenir la création artistique dans le domaine de la musique et du cinéma ; exemple du
cinéma indien : forte créativité nationale (Bollywood) et faible pénétration du cinéma américain.
- Ou constituent de véritables phénomènes de contre-acculturation avec un retour à des valeurs en
opposition à celles des démocraties occidentales. Ex. : les mouvements d’extrême droite, la montée du
fondamentalisme religieux dans le monde musulman en réaction à la domination économique, politique et
culturelle de l’Occident (7 p 285)

Définition de la contre-acculturation :c’est un mouvement de refus actif de la culture


dominante qui peut générer une contre culture préconisant la restauration du mode
de vie antérieur au contact (mode de vie lui-même réinterprété donc largement
mythique)

B. Les écarts de mode de vie entre pays comme à l’intérieur des pays restent considérables.(6 p
285)

1. La mondialisation ne concerne pas tous les pays au même degré.

- Toutes les nations du monde ne sont pas intégrées au même niveau dans l’échange international. Ceci est
vrai aussi à l’intérieur d’un même pays. La vision d’un village planétaire concerné par les mêmes valeurs
et les mêmes préoccupations est donc un leurre.
- En effet, évoquer l’uniformisation, c’est oublier que la mondialisation n’a pas gommé les écarts
considérables de modes de vie entre les pays riches et pays pauvres. La salarisation à l’échelle planétaire
est loin d’être homogène : le niveau de salaires, la protection et les droits des travailleurs diffèrent. Les
écarts de niveau de vie maintiennent de fortes inégalités de mode de vie, d’accès à l’éducation, à la santé,
accès à l’eau potable, d’espérance de vie entre les pays et à l’intérieur des pays.

2. Ainsi, l’uniformisation des modes de vie ne doit faire illusion.

- Le phénomène d’urbanisation dans les PED ne revêt pas les mêmes formes que dans les pays développés.
Seules les élites, ou les classes moyennes de ces pays accèdent véritablement au mode de vie occidental. Il
y a moins d’écart entre un cadre américain et un cadre indien qu’entre ce dernier et un paysan indien ou
qu’entre le cadre et l’ouvrier américain.
- En dépit de pratiques vestimentaires, culinaires différentes, religieuses, etc., les deux cadres partagent une
vision de l’entreprise, des méthodes de travail, des niveaux de vie qui les rapprochent et qui structurent
leur quotidien à l’identique et les éloignent de l’univers économique et mental du paysan indien ou de
l’ouvrier américain.

Partie 2 – Faut-il mener des politiques d’exception culturelle ?

Politique d’exception culturelle :la nature même des biens culturels (livres, musique,
cinéma) nécessite de mettre en place des mesures protectionnistes visant à
protéger cette production :
- aides financières
- impositions de quotas de produits nationaux

I. Les politiques d’exception culturelles sont néfastes ; la mondialisation reposant sur la


circulation des idées est souhaitable

Pour voir des exemples montrant l’inefficacité des politiques d’exception culturelle :

1. Exemples historiques

- la mise à l’index des ouvrages remettant en cause les préceptes de la religion catholique
- les autodafés sur les livres considérés avilissants par les nazis
- le bloc soviétique et en particulier le mur de Berlin ( cf cours d’histoire-géo) ont amplement démontré que la
volonté de préserver un peuple de la soi-disant influence nocive d’un modèle concurrent ( le modèle occidental
et en particulier la RFA ) peuvent servir à légitimer une absence complète de liberté
- l’Albanie de E .Hodja , la révolution culturelle de Mao , le Cambodge de Pol Pot sont là pour prouver que des
politiques visant à produire un nouvel homme en détruisant les symboles du passé impliquent une violation
des droits de l’homme

2. Exemples récents

- l’imposition de la charia et la destruction des Bouddhas en Afghanistan


- les mesures prises par les autorités chinoises lors de la préparation des jeux de Pékin et sur internet avec
Yahoo.

A. Explications

- Le principe de base de toutes ces mesures est de définir une culture considéré comme pure (c’est-à-dire
n’ayant subi aucune influence extérieure) qui doit être préservée ou retrouvée.
- Les moyens :
• L’élimination de tous les éléments culturels définis comme étrangers ou impurs
• Le refus de laisser circuler des éléments culturels qui viendraient abâtardir la culture en opérant
un métissage culturel
- Les conséquences :
• L’impossibilité de définir une culture pure ( qui n’existe pas puisque par définition les cultures sont
syncrétiques)conduit à la recherche d’ennemis de l’intérieur ( la culture bourgeoise en URSS ) et à
une fermeture toujours plus poussée du pays sur lui-même dont l’objectif est d’homogénéiser les
modèles de comportements , les valeurs et les normes

B. La critique des politiques d’exception culturelle (8 p 288)

Même si elles ne sont en rien comparables aux dérives dangereuses et condamnables des politiques des pays
totalitaires, les politiques d’exception culturelle conduisent selon leurs opposants, principalement les anglo-saxons
à une série d’effets pervers qui doivent conduire à leur remise en cause :
- les politiques d’exception culturelles qui visent à protéger le local des appétits du « grand méchant loup
mondialiste » peuvent traduire chez les militants anti-mondialisation un désir de pureté culturelle qui
postule une conception de la culture dangereuse : « des segments culturels étanches auraient traversé les
siècles sans se mêler véritablement et seraient aujourd’hui en passe de s’abîmer irrémédiablement dans le
grand chaudron de la mondialisation »
- la France qui est le leader du camp exceptionniste ne s’interrogeait pas sur les dangers de l’exception
culturelle quand le modèle français était adopté partout en Europe, voire aux EU : les rédacteurs de la
Constitution américaine étant très influencés par la philosophie des Lumières
- ces politiques rejettent les principes de la libre-circulation des idées, sont donc un frein au développement
des idées démocratiques et de liberté
- ces politiques remettent en cause le libre-choix des citoyens à pouvoir consommer les produits qu’ils
désirent : les français sont ainsi obligés d’écouter à la radio des chansons françaises qui ne leur
conviennent pas forcément du fait de l’imposition de quotas
- les producteurs de programmes culturels qui ne sont pas mois en concurrence ne sont pas incités à
répondre aux besoins des consommateurs, en particulier en augmentant la qualité des produits ou en
cherchant à les démocratiser pour les rendre accessibles
- le soutien public à ces programmes culturels conduit à un gaspillage de ressources

II. Des politiques culturelles nécessaires

A. Les américains sont les plus protectionnistes

- les EU importent moins de 1% de la production cinématographique mondiale


- ils occupent une situation dominante qui leur donne une situation de quasi-monopole : il s’agit donc d’un
« faux marché »
- les EU ont défendu au GATT le principe du traitement des biens culturels comme des biens purement
marchands soumis donc aux même critères que les autres biens

B. La nécessité de politiques d’exception culturelle a été reconnu par l’Unesco ( 2 p 286)

1. La culture ne peut être assimilée à une marchandise ( 7 p 288 )

- car véhicule des « contenus , des valeurs , des modes de vie qui sont partie prenante de l’identité culturelle
d’un pays et reflète la capacité créatrice des individus »

2. il faut donc affirmer le droit souverain des Etats à mettre en œuvre des politiques
culturelles

- pour éviter la disparition de leur cinéma , de leur modèle alimentaire , … les pays peuvent et doivent
adopter des politiques visant à se protéger de la standardisation commerciale qui va de pair avec la
consommation de masse et les économies d’échelle
- la France va , par exemple , imposer des quotas , mais aussi protéger la production cinématographique par
le mécanisme d’avances sur recettes

3. Renforcer la solidarité et la coopération en faveur des pays en développement

- l’objectif de l’exception culturelle n’est absolument pas, comme le disent les exceptionnistes , d’imposer
un rideau de fer
- c’est au contraire de préserver la diversité culturelle et de favoriser la rencontre des cultures : un projet
comme le musée des Arts premiers au Quai Branly ou la réussite de la world music traduisent bien cette
volonté d’ouverture et de confrontation des cultures

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