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VARIETES SINOLOGIQUES N° 5. ' PRATIQUE DES EXAMENS LITTERAIRES EN CHINE PAR LE P, ETIENNE Zi (SIU), S. J, CHANG-HAI. IMPRIMERIE DE LA MISSION CATHOLIQUE ‘A VORPHELINAT DE T'oU-sé-wi, 1894. PREFACE. t Tous les étrangers qui ont habité quelque temps _ la Chine, savent parfaitement qwil existe pour les lettrés de cet empire des grades obtenus au concours ; ils savent qu’on distingue parmi eux des Bacheliers, des Licenciés, des Docteurs, voire méme des Académi- ciens. Mais il en est fort peu qui connaissent Vécono- mie de ces examens liitéraires, si différents en plu- sieurs points des épreuves analogues en usage dans les contrées d’Occident. A dire vrai, ces notions deman- dent d’asses longues eaxplications. Les examens que doivent subir en Chine ceux qui aspirent aux grades littéraires, sont soumis a des régles si minutieuses et si compliquées, qu’a moins d’en décrire la pratique dams les moindres détails, il est impossible de se faire une idée exacte de ces concours. Exposer avec toute la clarté possible les différentes circonstances et les » phases multiples de ces épreuves, tel a été mon but en écrivant le présent opuscule ; puissé-je contribuer par la, a éclairer ceux qui s’intéressent aux institutions de la Chine, sur une question que la nation toute en- tire juge d'une haute importance, et au sujet de la- quelle j'ai vu que trop souvent les étrangers se forment __ les idées les plus fausses. J’ai entrepris cette élude _ @autant plus volontiers, qu'il wexiste a ma connais- sance aucun livre, qui traile pleinement cetle matibre et avec toute Vexactitude désirable. Celte lacune, depuis longtemps signalée par les écrivains européens qui se sont préeccupeés de V’instruc- tion en Chine, n’a pas élé, que nous sachions, com- pages TL, blée jusqu’a ce jour. Le Pere du Halde de la Compagnie de Jésus, dans son fameux ouvrage Description de la Chine ( Paris, 1735, tom. I. pag. 251 4258), a donné ane bonne notice sur ces eramens, mais comme il ne se proposait pas de traiter a fond cette question, rien Wétonnant s'il est resté tres incomplet. Dans son Essai sur l'histoire de l’instruction publique en Chine, paru en 1847, Edouard Biot constatait (Op. cit. pag. VIL; 491 el seqq.) celle pénurie de documents pour la présente dynastie. Le peu qu’il dit sur les examens aux temps modernes, en s'appuyant sur Vouvrage chinois K‘o- teh‘ang-t‘iao-li/1),swr les notes de Morrison, el plusieurs articles du Chinese Repository, n’a point empéché cet auteur de commettre un asses grand nombre d’er- reurs (2). J’en dirai autant des récits fails par quel- ques écrivains plus modernes, sans en excepter celui de J. Doolittle qui a spécialement traité cette ques- tion (3); j’ai lu avec soin les soirante pages que cet auleur @ consacrées aux concours littéraires de la Chine; ce travail, bien que supérieur a ceux qui Vont précédé et suffisant pour donner une idée générale des examens, laisse cependant a désirer, surtout au point de vue de Vexactitude des détails. D’autre part, les noles ou compies-rendus publiés depuis ce temps sur la méme matiére, n’envisageant la question qu’a quelque point de vue trop spécial, laissaient a une monographie d’ensemble toute sa raison d'étre. Deux ouvrages composes par ordre de ’Empereur se rapportent, il est vrai, d notre sujet : # Kk & & Hio- (I) Liouvrage K"o-toh‘ang-t'iao-li, que Biot & consulté, comme il le dit dans son Basai pag. 492, et que le méme auteur appelle Code des concours, était une édition de 1816, gardéo dans la ‘*bibliothéque royale” de Paris. Morrison, cité par Biot, a inséré de nom- Dreux extraite du Code des concours dana Particle Hio, Tom. 1. de son grand Dictionnaire. ‘Tl seat servi de l'édition de 1815: L'édition dont nous nous sommes servi est celle de 1887. Biot dit s'tre aidé encore de V'édition de 1818 du Fe HH A IE rate'ing-hoci-tien, ot dy Pien-tehen-tei'ao publié en 1777, et réimprimé onze ans aprés, {2) Nous signalerons les principales dans le courant de notre opuscule, (8) Social life of the Chinese, Now York, 1867, Vol E, pp. 383 & 443,

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