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Dimanche – Tombstone

23 h 09
Tombstone est la ville «western» ou WWW (Wild Wild West) par excellence. À l’origine, cet
endroit est une cité minière réputée pour sa violence. L’on raconte qu’un chercheur d’or, le
fondateur de ladite cité, se vit conseiller d’éviter la région au motif qu’il ne pourrait y trouver que
des pierres tombales, des tombstones. Bien sûr, il tomba sur un filon de la meilleure main et baptisa
son claim, par ironie, du doux nom de Tombstone ; la ville connut alors un développement
fulgurant, tout autant que son déclin. Pourtant, elle a évité l’abandon total et la métamorphose en
ville fantôme, étant selon les mots du cru «too young to die» (variante : «too tough to die»). Trop
jeune pour mourir, donc. Et comment! C’est peu dire, tant un autre filon gisait là, dont la
découverte se fit un peu attendre : le filon du tourisme.

C’est que Tombstone, préservée des outrages du temps par un profond et prolongé marasme
économique, fut par ailleurs le théâtre de scènes épiques du Far West, dont la fameuse fusillade
qui opposa, d’une part, le Sheriff Wyatt Earp, ses acolytes ainsi qu’un dentiste ivrogne, Doc
Holliday, et, d’autre part, une bande de truands, sur le site de OK Corral. À l’âge d’or du western
spaghetti, bon nombre de films rendirent hommage à cette fusillade, dont «Règlement de
comptes à OK Corral» (John Wayne) ou le sobrement intitulé «Wyatt Earp» (Kevin Costner is
Wyatt Earp).

Anne et moi avions été mis en garde contre l’aspect fake de Tombstone. Tout le rebours, nous
avons trouvé que l’esprit du Far West, tel qu’il peuple notre imaginaire depuis toujours, y était
préservé pour bonne part. Bien sûr, les marchands du temple y font aujourd’hui florès. Bien sûr, le
«Authentic Indian Artcra(» (l’artisanat soi-disant en provenance de tribus indiennes d’origine) ne
trompe guère. Toujours est-il qu’entre les cowboys déguisés et une diligence à touristes, de temps à
autre éclate le rire gras de quelques chevelus graisseux du cru, queue de cheval, tatouages et bière
à la main en option, au détour d’un saloon en bonne et due forme. Des cowboys modernes, quoi.
La poussière vole dans la rue, tourbillonne d’une baraque en bois à l’autre. De ce côté, Grandma’
vous régale de fudges (caramels) home made plus délicieux les uns que les autres. Patientez un peu :
vous apercevrez ici le fantôme de Buffalo Bill ou Calamity Jane, là, celui de Géronimo.
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