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Il y a un vrai paradoxe dans les relations entre les banques et leurs clients. Jamais les premières, grandes ou
petites, n’ont autant investi dans les canaux par lesquels elles entretiennent le contact avec les seconds, mais
sans pour autant venir à bout d’une certaine réserve de ces derniers quant aux résultats obtenus. Ce n’est pas
que les clients n’aient pas bien noté les efforts des banques pour améliorer leurs services et prendre en compte
leurs besoins. Les enquêtes de satisfaction sont claires sur ce point, qui montrent que 4 Français sur 5 ont une
bonne opinion de leur banque et que ce pourcentage est en augmentation.
De fait, pour constater le chemin parcouru, il suffit de se pencher sur l'évolution du nombre d’agences bancaires
en France par exemple : désormais ouvertes à 60 % le samedi, leur nombre a crû de près de 10 % entre 2000 et
2006 après une longue période de stagnation. Quant aux distributeurs automatiques de billets, ils ont été
multipliés par 2,6 en moins de 15 ans. Profitant de ses sites internet constamment rénovés, 60 % des Français
gèrent désormais leurs comptes en ligne. Globalement, sur 9 milliards de dépenses informatiques l’an dernier,
une large part a précisément eu pour objet de poursuivre l’amélioration de la relation clientèle, considérée avec
raison comme l’une des clés du développement équilibré de l’exploitation bancaire.
Pourtant, les chiffres portent aussi la trace persistante de la réserve d’une fraction significative de la clientèle. Nul
doute qu’elle s’explique
en partie par la nostalgie d’une époque où la relation avec un conseiller unique était certes lente, mais aussi
simple et personnelle. La banque multicanal, qui enrichit la relation, la complexifie aussi. Pour les établissements
financiers, la coordination des différents canaux requiert des procédures de plus en plus lourdes et complexes à
mettre en œuvre, tandis que pour le client, l’habitude prise avec internet d’obtenir satisfaction de ses désirs en un
simple clic rend les imperfections résiduelles du service de plus en plus irritantes. A l’heure du temps réel,
l’exigence de la clientèle se trouve démultipliée. On accepte moins la queue au guichet, le fax au lieu du courriel
ou l’attente via l’impersonnelle plate-forme téléphonique, surtout si la qualité de service diffère d’un canal à
l’autre.
Pour les acteurs, là est le défi. Dans un métier de la banque de détail qui s’industrialise, la coûteuse nécessité de
conserver un caractère personnel, et même « sur mesure », à la si particulière relation bancaire est plus forte que
jamais. Surtout en un temps où, dans le secteur financier comme ailleurs, la traditionnelle fidélité de la relation
commerciale a tendance à s’éroder. n
Les acteurs bancaires assurent améliorer la qualité de leur service mais les usagers restent réservés.
Les banques le clament haut et fort : l’un de leurs grands sujets de préoccupation porte sur l’amélioration de la
relation client et ce par le biais du multicanal qui consiste à coordonner l’ensemble des canaux (agences,
téléphone, internet, distributeurs de billets, téléphonie mobile...) pour que les services soient le plus accessible
possible aux clients. Pourtant, ceux-ci jugent encore la qualité de la relation bancaire insatisfaisante, comme l’a
montré la deuxième édition du Baromètre de la relation banque-client réalisée fin 2006 par le cabinet de conseil
Cosmosbay-Vectis auprès d’un millier de clients des neuf principales banques de détail françaises. Parmi eux, 40
% ont attribué à cette relation une note inférieure à 6 sur 10, alors que la moyenne dans le secteur des services
se situe à 7. Or, les établissements bancaires affirment pour leur part que la qualité de leur service a
considérablement progressé. En effet, selon une étude de l’Efma (association européenne de management et
marketing financiers) et du cabinet de conseil Finalta, réalisée entre juin et novembre 2006 auprès de banques
européennes, 82 % d’entre elles affirment avoir amélioré le service rendu à la clientèle en 2006, contre 66 %
l’année précédente. Il faut dire que le sujet mérite d’être pris en compte par les acteurs : selon cette enquête, une
banque de taille moyenne et dotée d’une performance moyenne gagne un avantage financier annuel supérieur à
40 millions d’euros en adoptant de meilleures pratiques en matière de service à la clientèle.
Un client plus exigeant
Mais le hiatus entre la perception des clients et les affirmations des banques existe bel et bien. « Trois grandes
banques viennent de lancer des appels d’offres à destination de prestataires technologiques sur le sujet du
multicanal », confie Stéphane Dietrich, directeur général de l’éditeur de logiciels Neolane, dédié au marketing et
à la communication. Si les banques investissent toujours dans des outils destinés à mieux communiquer avec
leurs usagers, comment expliquer le sentiment d’insatisfaction d’une partie de ces derniers ? Selon certains
experts, la réponse est liée aux clients eux-mêmes. « Ce qu’il y a de plus frappant dans le CRM (customer
relationship management) bancaire, c’est le comportement du client. Il est plus volatil, moins fidèle car il est plus
informé et mieux équipé. Concernant les services bancaires, il se montre plus exigeant et veut savoir
concrètement à quoi correspondent les tarifs qu’il paie », constate Donald François, directeur associé chez Soft
Computing, éditeur spécialisé notamment dans les outils de CRM. La cause de ce changement
d’attitude : internet. « Les clients ont atteint une certaine maturité dans l’utilisation des nouvelles technologies,
relève Fabrice Kahn, associé chez Roland Berger. Internet va plus loin que la simple fourniture d’information ou
la réalisation de transactions de base, en permettant de faire des simulations et des comparaisons, d’acheter des
« Les outils se complètent »
Par Sophie Maréchal le 26/04/2007
Deux raisons nous semblent pouvoir être mises en avant. Tout d’abord, une prise de conscience généralisée des
enjeux commerciaux et financiers associés à la vente à distance de produits financiers et des risques de
marginalisation dans le cas contraire. Et, d’autre part, la satisfaction des attentes d’une frange de la clientèle qui
souhaite être autonome dans tout ou partie de l’acte d’achat. Tout cela milite pour un accroissement très
significatif de la part de produits bancaires vendus à distance, concrétisant ainsi les promesses du multicanal.