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DES MANUSCRITS. 437 NOTICE D'UN MANUSCRIT ARABE CONTENANT LA DESCRIPTION DE L'AFRIQUE. [ Man. de la Bibliotheque du Roi, n.° 580. ] Par M, QUATREMERE. Loouveace dont jentreprends de donner fa notice, n’offre, dans fe manuscrit unique que posséde fa Bibliotheque du Roi, ni commencement, ni fin. Cette assertion paroitra étrange , puis- que, sur fa premitre page on trouve une vignette a fond d'or, od sont écrits, en lettres d’azur, les mots suivans : an, atin oli jlat Cest-a-dire , les Histoires du temps, et les routes et les empires, Ii semble donc indubitable que ces mots nous représentent fe véritable titre du livre; mais si lon y regarde de prés, on se conyaincra que fes deux fignes sont d'une main plus récente que fe corps de fouvrage. Il est visible que fe possesseur du manuscrit, desirant s'en défaire d'une maniére avantageuse, en ne laissant point entrevoir quill piit étre incomplet, a gratté avec soin la premiére page , afin que a suivante parit présenter fe commencement de fouvrage; et quien y appliquant un fond dor, ila écrit dessus un titre qui fat de nature & piquer fa curio sité du fecteur et A tenter les acheteurs. Pour cela, il a réuni deux titres d’ouvrages célébres chez Jes Arabes. En effet, celui —_— VES DES SOF, par jam, 436 NOTICES quielles sont prescrites par les régies de fa science (1) et dela sunna, et ensuite n’prouvez aucun contentement de vous-méme. Un démon est trés-content de Iui-méme; fermez toute entrée au démon. Vers. Simes bonnes qualités dans lesquelles je me complais, sont des péchés, dis-moi comment je pourrai trouver des excuses. ‘On demanda & Djonéid siya des dons (de Diew), sans ceuvres (qui les aient mérités): Toute ceuvre, répondit-il, est un don de lui, (1) La science éxant opposée ict & 1a | doit signifier la jurisprudence fondée sur sana, Cadre, aur Ryle: londéas | leven mene de Plone surles exemples et les ditsde Mahomet, DESCRIPTION de VA. Mex. ar. 580, Pis6ot95i 332. 438 NOTICES . d'Abiibar-algeman [les Histoires du temps] désigne fe plus volu- mineux et fe plus savant des traités de Masoudi; et le titre Almesélek-oualnemdlek (les routes et les empires] a été donné A plusieurs traités de géographie, et entre autres a celui d’Ebn- Haukal, Toutefois, comme fe mot cuLull se trouve, en plusieurs endroits, écrit au haut des pages et de la méme main que le corps de l'ouvrage, on peut supposer, avec assez. de vraisemblance, que ce volume avoit réellement pour titre cll, aWLull, 4/- mesdlek-oualmemélek. Maintenant, serai-je assez heureux pour découvrir le nom de Yauteur? Si l'on en croit fe catalogue imprimé des manuscrits de la Biblioth¢que du Roi, louvrage qui nous occupe est {a pro- duction du schérif Edrisi, vulgairement et bien improprement nommé géographe de Nubie. Mais il est facile de se convaincre que cette assertion ne repose sur aucune base solide. ‘ En effet, Edrisi, qui écrivoit son traité de g¢ographie au milieu du v1 sidcle de Phégire, n'a rien de commun avec un auteur qui, comme ii nous l'apprend, composa son ouvrage fan 460 de la méme ére, et étoit probablement déja mort 4 Pépoque od naquit son imitateur. Notre géographe raconte, if est vrai, avec beaucoup de détails, {es faits qui concernent Lélévation et la chute des descendans d’Edris ; mais, dans tout son récit, on ne voit que Ja froide impartialité d'un historien, et on n'y remarque pas un mot qui donne lieu de penser que Pauteur ait é&é uni par le moindre degré de parenté a cette fa- mille justement eélébre. Essayons maintenant de déterminer dans quel pays vivoit notre géographe. D'abord, on peut conjecturer quill n’a point écrit dans {Orient , ni méme en Egypte; car if ne cite nulle part ni Masoudi, ni Ebn-Haukal, ni aucun de ces nombreux et excellens écrivains qui avoient traité, soit ex professo, soit par occasion, de la géographie des différentes contrées du globe. Ce silence, a coup sir, seroit peu convenable, si auteur avoit vécu en Asie, et quil efit &é & portée de consulter 4 chaque

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