Aprs une explosion spectaculaire, particulirement en France, dans les annes 1970, le mouvement fministe a connu un reflux prolong

dans les annes 1980. La socit patriarcale digrait, recomposant un quilibre qui intgrait les acquis de la lutte, cherchait les compenser ou en rduire la porte. Lidologie postfministe triomphait, proclamant la fin du patriarcat et lobsolescence de la rvolte. Le fminisme a t utile, reconnaissait-elle. Il a fait progresser la situation des femmes et modernis la socit ; mais il a atteint son but lgitime, et toute revendication supplmentaire serait excessive et dangereuse. Les militantes, de plus en plus isoles, en taient rduites dfendre leurs acquis et leur image, maintenir des organisations dcharnes, des Maisons des femmes dsertes, saffronter en dbats striles. Le mouvement1 stait dissout dans la socit quil avait irrigue. Il avait essaim en associations diverses, mobilises autour dun objectif particulier. Pour les chercheuses, de plus en plus loignes du fminisme militant, lheure tait au bilan. Le Mouvement tait devenu objet dtude. On valuait son rle dans les changements de la socit et on posait lavenir en termes de recommencement2.