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NOTE SUR LA PRÉSENTE ÉDITION

Nous avons établi ce texte d'après celui de sa première édition, parue du vivant de Molière, et
conservée à la Bibliothèque Nationale de France. Pour le texte même, dans les cas de faute
manifeste, nous nous sommes référé à l'édition de 1682, dont nous donnons toutes les
variantes. Nous ne nous sommes référé que de manière exceptionnelle à l'édition de 1734,
dans les cas où ses didascalies pouvaient éclairer un jeu de scène particulier.

Notre règle d'or a été la fidélité rigoureuse au texte original; nous n'avons corrigé des fautes
évidentes que dans quelques cas extrêmement rares, et que nous mentionnons en note. Nous
avons scrupuleusement conservé la ponctuation originale, même lorsque l’usage ancien peut
surprendre le lecteur moderne; d'une part, parce qu'elle est porteuse d'effets de théâtre qu'il
faut respecter, d'autre part, parce qu'elle possède sa cohérence propre à laquelle il est aisé de
s'accoutumer. Quand cette ponctuation était manifestement fautive, nous l'avons également
corrigée. Comme c'est aujourd'hui l'usage dans l'édition des textes du XVIIe siècle, nous
avons modernisé l'orthographe, sauf dans les cas où la rime nous obligeait à conserver une
graphie ancienne (par exemple: je voi/ma foi; treuve/émeuve).

Nous avons regroupé dans les notes des informations de nature diverse. Nous expliquons le
sens du texte dans les cas où cela nous a paru nécessaire: archaïsmes, changements de sens
d'un mot, emplois propres au XVIIe siècle; nous l'avons fait aussi — exceptionnellement —
pour des passages de sens embarrassé, notamment pour les premières œuvres ou pour les
pièces ultérieures de ton plus relevé, dont le style nous est moins familier aujourd'hui. En
revanche, nous nous sommes interdit tout commentaire sur la qualité de tel ou tel passage; de
même, nous avons renoncé à mentionner les sources dont Molière a pu s'inspirer, celles-ci
extrêmement nombreuses et variées sont évoquées dans la notice de la pièce.

LE TEXTE

L'édition originale du Tartuffe parut dès mars 1669 (achevé d'imprimer du 17 mars).
Éditions collationnées: 1669, 1682.

Il se pose, dans une optique historique, la question de savoir comment se présentait Le


Tartuffe, lorsque Molière en donna représentation à l'occasion de la fête des Plaisirs de l'Ile
enchantée, le 12 mai 1664. On sait que la pièce ne faisait pas partie du programme initial et
que le Roi, désireux de prolonger des festivités si goûtées de la cour, demanda à Molière de
jouer la pièce, bien qu'elle ne fût pas entièrement apprise et répétée. La Grange dit sans
ambiguïté, dans son registre, qu'on joua «trois actes de Tartuffe qui étaient les premiers», mais
ce témoignage difficilement contestable n'a pas empéché les moliéristes d'émettre nombre
d'hypothèses sur cette représentation (Voir à ce sujet Gustave Michaut, Les Luttes de Molière,
p. 56 sqq.). Si l'on a du mal à concevoir que, dans le cadre des joyeuses fêtes des Plaisirs de
l'Ile enchantée, Molière ait laissé sa comédie détonner en s'achevant sur une note si noire, il
nous semble qu'on peut imaginer deux solutions bien simples: soit que Molière, au terme de
l'acte III, qui voit Tartuffe triomphant, ait fait un petit compliment pour raconter l'heureux
retournement final dû à la claivoyance royale, soit que les dernières scènes de l'actuel acte V,
répétées à la hâte, aient été greffées sur la fin de l'acte III.

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