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Les comportements déviants sont-ils le résultat d’un

dysfonctionnement social ?

ORTEGA, Diana
Baccalauréat en Sociologie
dianukis_89@hotmail.com
+0787833761
I. La sociologie de la déviance : définition de la déviance.

II. Théories et approches de la déviance.


1. L’approche fonctionnaliste de Robert K. Merton
2. La notion de « outsiders » par Howard Becker
3. Les relations « établis-marginaux » de Norbert Elias

I. Critiques aux théories

II. Déviance et structure sociale : cause ou effet ?

I. La sociologie de la déviance : définition de la déviance.

Depuis les approches biologiques, psychologiques et positivistes pour expliquer la


délinquance, la déviance a été considérée comme « symptôme d’une irrégularité dans le
fonctionnement de l’individu, et pas dans la société »1. Ces théories considéraient que le
délit est provoqué par des facteurs qui échappent le control du sujet, des facteurs
intégrés dans l’individu lui-même. À la longue, l’attention á dérivé dés les théories
individualistes pour se centrer aux théories de la délinquance, qui mettent l’accent sur le
contexte culturel et social dont l’action a lieu.
La déviance « peut être définie comme le manque de conformité avec une série de
normes données, que normalement sont acceptées par un nombre important de
personnes d’une société ou d’une communauté »2, selon les mots du sociologue
Anthony Giddens. Déviance et délit ne sont pas synonymes, mais ils sont souvent
considérés comme tels. La notion de déviance est beaucoup plus vaste que celle du délit
ou crime, envisagés comme une conduite non-conformiste qui viole la loi. Il y a
beaucoup de comportements déviants que les autorités ne sanctionnent pas.
De la même façon, la déviance peut s’appliquer tant au comportement individuel
comme aux activités du groupe ou collectif. Un exemple évident est celui qui désigne la
pratique de la secte des Hare Krishna. Cette collectif partage des croyances et des
modes de vie particuliers, amenés á Occident par Sril Prabhupada dans les années 60 et
dirigés aux jeunes consommateurs de drogues. Parmi ces idéaux, ils proclament qu’une
personne peut rester drogué toute la journée et « découvrir l’extase éternel ». La
population est maintenant habituée à les danses et les chantes effrontés de cet ensemble
de gens : « les Hare Krishna représentent une image de subculture déviante »3. Bien que
ses adeptes se soient vus diminués, la pratique existe encore, avec riches donations
fournies par les membres les plus accommodés. Leur position contraste avec celle
d’autres subcultures, plutôt défavorisées : le collectif des vagabonds, ou celle des
malades mentaux ou des hallucinés.
La sociologie de la déviance utilise la recherche criminologique, mais elle analyse
aussi les conduites qui échappent l’enceinte de la loi pénale. Les sociologues qui
analysent la déviance essayent à comprendre la raison pour laquelle certains
comportements sont souvent considérés comme déviants, et cherchent à savoir comment
la variation agit-t-elle sur la déviance des différents types de personnes dans une même
société.
L’étude de la déviance, alors, met en scène « le pouvoir social et l’importance de
l’influence de la classe sociale : la division entre les classes riches et les classes
pauvres ».4

II. Théories et approches de la déviance.

L’approche fonctionnaliste de Robert K. Merton.

1 Anthony Giddens, Sociología, Madrid: Alianza, 2006, p.737

2 Ibid., p.737

3 Ibid., p. 738

4 Ibid., p.739
La théorie de la déviance de Robert King Merton est, peut-être, la plus connue de
toutes. Avec son œuvre « Structure Sociale, Anomie et Déviance » (1938), l’auteur est
capable de démontrer que la structure sociale est la cause principale du comportement
déviant, grâce à la création d’une vaste typologie d’adaptation qui permet de catégoriser
aux individus en cinq groupes différents, chacun avec des motivations strictement
inégales.
Pour Merton, le but de son analyse est trouver pourquoi c’est la structure même de la
société qui pousse à un individu á devenir un déviant, en posant ainsi les bases d’un
étude des causes culturelles et sociales de la déviance et de l’anomie.
D’abord Merton fait une distinction entre deux groupes d’éléments essentiels pour
l’analyse : du premier groupe font parti les buts, les intentions et les objectifs de chaque
sujet, imposés par la société même, en considérant celles-ci comme « des choses qui en
valent la peine »5. Le deuxième groupe est composé par les moyens, utilisés de façon
« légitime » pour atteindre ces buts. Le concept de légitimité apparait très souvent dans
les textes de Robert Merton : pour lui l’illégitimité des moyens est beaucoup de fois
plus efficace que son usage légal. C’est le cas de la société capitaliste américaine : la
valeur ou but principal est un « succès financier »6, qui met l’accent sur une réussite
matérielle obtenue seulement par l’autodiscipline. Ceux qui ne triomphent pas ont telle
pression sociale pour réussir qu’ils sont souvent forcés à utiliser des moyens
illégitimes. Par conséquent, « la déviance est le produit des inégalités économiques et
des manques d’égalité des opportunités »7.
« Si les aspirations de chaque individu et des groupes sociales ne concordent pas avec
les récompenses disponibles »8, la disparité entre ces deux éléments affectera les
propres motivations de certains sujets, qui peuvent devenir déviantes. C’est ici ou
l’auteur met en place sa typologie d’adaptation en fonction du rôle, qui commence par
définir le genre conformiste, où le rapport entre les buts et les moyens est de conformité
totale. Par contre, le sujet innovateur est celui qui utilise des moyens de hors de la loi
pour atteindre à la réussite de ses buts. Ils sont « prêts à prendre des risques, quelque
soit leur position »9 sociale. Les sujets des classes les plus riches ne sont pas parfois
poursuivis, soit parce que ils n’ont pas étés découverts ou parce que leur position
professionnelle fait peur á les autorités. Ce type de crime est ce que Merton appelle
« crimes en col blanc »10. Une société qui les demande de souhaiter un succès financier
mais en refusant les moyens légitimes pour l’atteindre a comme conséquence un
déséquilibre et une instabilité de la société même. Bien au contraire, l’adaptation

5 Robert K. Merton, Eléments de théorie et de méthode sociologique, Paris : Armand


Colin, 1997, p. 164

6 Ibid., p. 168

7 Anthony Giddens, Op. cit., p. 740

8 Ibid., p. 739

9 Robert K. Merton, Op. cit., p. 173

10 Ibid., p. 175
ritualiste est propre de ceux qui cherchent une manière « d’échapper »11 aux pressions et
ambitions de la société, en oubliant les buts mais en appliquant les normes sociales avec
plus rigidité.
Le quatrième genre d’adaptation est le mode d’évasion, qui apparait lorsqu’un individu
faible commence à s’évader comme résultat d’une incapacité vérifiée d’atteindre le but.
Le produit de ce mode se reflet en quiétisme et résignation comme une échappatoire á la
société, propre des malades mentaux, des vagabonds ou des parias. Le dernier type est
la rébellion, où les individus de hors la structure sociale se rebellent pour en faire une
nouvelle structure.
Á travers de cette analyse, Merton montre les défauts de la société américaine et plutôt
de la société industrialisée comme force majeure des comportements déviants, en
laissant voir les contradictions de la structure sociale (tendance des classes les plus
hautes au pouvoir et á la richesse économique par rapport aux couches les plus basses).

La notion de « Outsider » de Howard Becker.

La notion de Becker intègre un groupe de théories appelées « théories de


l’étiquetage », lesquelles interprètent la déviance comme un processus d’interaction
entre des individus déviants et les non-déviants, plutôt qu’une série de caractéristiques
d’un individu ou groupe, comme fait Merton dans son analyse fonctionnaliste. Pour
mieux comprendre la nature de la déviance, il faut savoir avant pourquoi quelques
individus sont étiquetés comme déviants.
Pour l’auteur de « Outsiders » (1985), le comportement déviant arrive lorsqu’un sujet
transgresse les normes que nous-mêmes appliquons, et c’est aussi la société qui crée la
déviance, qui étiquète à l’individu comme déviant, comme étranger au groupe. La
transgression de la norme peut avoir lieu à cause de l’ignorance : beaucoup des
individus qui font partie des petites subcultures ne savent pas distinguer entre ce qui est
interdit et ce qui n’y est pas.
Ces étiquètes utilisées pour créer des catégories de la déviance montrent la structure
du pouvoir de la société. Anthony Giddens, dans son œuvre Sociologie, parle des
enfants qui cassent de fenêtres, fassent l’école buissonnière ou volent de fruite. « Dans
les classes sociales les plus riches, ce comportement est considéré par les parents ou les
professeurs comme un jeu innocent de l’enfance. Par contre, dans les classes les plus
pauvres, l’attitude peut se considérer comme symptôme d’une délinquance juvénile
future. »12
Becker va approfondir sur cette théorie en analysant les fumeurs de marihuana : le fait
de devenir un fumeur de marihuana dépend, pour lui, « de l’acceptation de l’individu
dans cette subculture, de la relation de proximité avec les fumeurs les plus expérimentés
et de l’attitude vers les non-fumeurs ».13

11 Robert K. Merton, Op. Cit., p. 181

12 Anthony Giddens, Op. cit., p. 743

13 Ibid., p. 744
Bien que Becker ne spécifie jamais quels individus concrets sont des déviants, il
présentera aux groupes défavorisés (minorités ethniques, les couches les plus basses,
etc.) comme des collectives qui sont propice à être qualifiés comme déviants.
Cependant, à cause de son approche critique, il argumentera que le comportement
déviant n’est pas du tout décisif á l’heure de « se dévier », car ils existent beaucoup de
processus dissociés avec le comportement même (le pays d’origine, la façon d’habiller
ou de parler, etc.) qui influencent l’étiquetage.

Les relations « établis-marginaux » selon Norbert Elias.

La théorie de Norbert Elias, sociologue allemand de profil juif, en relation aux études
de la déviance, se caractérise par une abondance extrême des liens entre ce qu’il
explique et ce qu’il a souffrit. Avec ces références biographiques de sa vie, l’auteur est
capable de nous montrer la société de l’IIIème Reich comme un rapport entre
« établis », la population allemande, et « marginaux », le collectif juif.
Pour lui, ce qui distingue aux établis des marginaux sont les « ressources de pouvoir »
que chaque groupe possède : à plus d’inégalité du pouvoir, soit économique, politique,
ou culturel, la distorsion de la perception des établis augmentera. « L’image que chaque
groupe a de lui-même et de l’autre côté dépende, alors, de la différence du pouvoir et
de l’auto-confiance des membres du groupe »14, et alors l’état de la relation entre
chaque collectif dépend essentiellement du degré d’opinion ou connaissance que
chaque élément a de l’autre.
Elias applique ce model à un cas en particulier : la situation des juifs pendant le
régime national-socialiste (le parti nazi en Allemagne). Les juifs, en tant que groupe
marginal pendant la majorité de son histoire, sont rappelés par Elias comme une société
que dissimulait son exclusion sociale : « On était de facto un homme de second ordre,
mais ce n’était pas une raison pour se considérer soi-même comme un homme de
second ordre »15. Les juifs essayaient son immédiate intégration dans les domaines de
l’économie et de la culture, et au même temps la société les rejetait de ces cadres.
Mais ils existent des autres exemples : les collectifs hispano et noir aux États-Unis
présentent, pour la population américaine, une espèce de menace à leur statut et à leur
sécurité. Cette haine et ressentiment provienne, dit Elias, de l’exigence d’égalité légale
et sociale des membres de la minorité stigmatisée, en occupant les postes et en prenant
les opportunités a priori faits pour la majorité. La majorité peut tolérer l’existence de
cette minorité méprisée, « en tant que ses membres se contentent du rang inferieur qui
(…) revient à leur groupe en tant qu’ils se comportent, conformément à leur statut
inferieur, en êtres subordonnés et soumis »16. Mais quand ils commencent à acquérir
une égalité sociale et légale, la relation vacille, en considérant les liens avec eux une
« humiliation ».17
14 Helena Béjar, Norbert Elias, Retrato de un Marginado, Madrid: Reis, p 21.

15 Norbert Elias, Norbert Elias par lui-même, Paris : Fayard, 1991, p. 155.

16 Ibid., p. 152

17 Ibid., p. 153
L’intégration des marginaux est une tâche difficile mais possible, selon Elias. La
création d’un État qui mêle de différents collectifs, avec une volonté d’assimiler aux
marginaux est travail des groupes établis et des marginaux tous les deux.

III. Critiques aux théories.

La théorie fonctionnaliste de la déviance met l’accent sur la relation entre conformité


et déviance dans les différents contextes sociales, et son base est correcte : « la manque
d’opportunités pour réussir par rapport aux moyens donnés par la société est le facteur
principal qui distingue entre ceux qui développeront un comportement déviant et ceux
qui n’y auront pas »18. Cependant, l’idée qui montre que les classes sociales les plus
pauvres ont la même opportunité que les classes moyennes ou accommodées pour
atteindre leurs buts est une notion qui doit être développée avec précaution. On sait
maintenant que la majorité est obligé a se mentaliser de la réalité et de fixer leur but par
rapport à leur situation spécifique De la même façon, croire que la différence entre les
aspirations et les opportunités seulement à lieu dans les classes les plus basses est une
idée trompeuse, car « ils existent beaucoup de pressions vers une activité déviante dans
autres groupes, comme le fraude ou l’évasion de taxes »19 ou impôts (« les délits en col
blanc »).
La théorie de l’étiquetage se pose sur la base qu’aucun acte de délinquance n’est
intrinsèquement délictueux. Ceux qui critiquent cette théorie considèrent qu’il y a un
nombre particulier d’actes qui sont complètement interdits, n’importe dans quelle
culture, mais cette idée n’est pas du tout vrai : par exemple, pendant une guerre, « tuer
aux ennemies est considéré comme un acte positif »20 et bénéficiant pour le pays. On
pourrait, par contre, critiquer la théorie de l’étiquetage plutôt dans un sens pratique et
actif : les auteurs comme Becker oublient considérer les processus qui mènent aux actes
« déviants », car qualifier certaines activités comme telles n’est pas vraiment un
pratique complètement arbitraire. Les différents modes de socialisation, les
opportunités et les attitudes jouent un rôle important « dans le niveau de participation
des personnes en comportements susceptibles d’être étiquetés comme déviants»21. Au
même temps, on sait que « le comportement criminel tend à augmenter après une
punition »22 mais on ne peut pas confirmer que l’étiquetage soit une cause de cette
attitude. Il faudra probablement considérer des autres éléments, comme la propre
interaction avec des autres déviants étiquetés comme tels.

18 Anthony Giddens, Op. cit., p.742

19 Ibid., p. 743

20 Ibid., p.745

21 Ibid., p.745

22 Ibid., p.746
L’approche de Norbert Elias est très particulière, car il se centre en essence sur le
conflit des juifs avec la classe allemande dominante.

IV. Déviance et structure sociale : cause ou effet ?

Après ces théories qui considèrent le lien entre le comportement déviant et la structure
de la société comme une relation cause-effet, peut-on décider laquelle des deux est la
cause et laquelle est la conséquence ? Merton et Becker ont décidé que c’est la société
qui pousse l’individu à devenir déviant, mais de quelle façon ?

« Dans beaucoup de sociétés dont la reconnaissance d’une vaste variété de libertés


individuelles est cruciale et dont le gouvernement tolère des activités déviantes »23, le
bilan de crimes et de délinquance violente est rarement bas. C’est le cas de, par
exemple, Hollande, où apparaitre un nombre considérablement bas des consommateurs
de drogue par rapport à sa légalisation dans sa consommation. Par contre, « dans les
pays où le degré de liberté individuel est limité »24, la violence arrive à des indices
étonnants (dans certains pays d’Amérique du Sud, par exemple). Le lien entre structure
et comportement doit être traité avec précaution : dans ces cas-là, le comportement
déviant est, en fait, un résultat d’un dysfonctionnement social, mais vis-à-vis aux
libertés et égalités, plutôt que dans le sens mertonnien ou beckernienne.

S’éloigner des règles et des normes d’une société exige un caractère courageux et
décisif, mais souvent, cet éloignement est « essentiel pour assurer des processus de
change après considéré comme un intérêt commun »25. Mais une société qui est
tolérante avec les conduites déviantes ne doit pas forcement être chaotique dans un sens
social. Cependant, ce but s’atteindra juste où l’ordre social est en paix avec la justice
sociale, et où les inégalités ne sont pas trop grandes : la population dans sa totalité a
l’opportunité d’avoir une vie satisfaisante, car si « l’équilibre entre liberté et égalité
n’existe pas, les conduites déviantes s’orienteront aux fins socialement destructives »26.

23 Ibid., p.777

24 Ibid., p.777

25 Anthony Giddens, Op. Cit., p.777

26 Ibid., p.777
Diana Ortega
27 Novembre 2008

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