Vous êtes sur la page 1sur 2

Le chant sauvage de la pauvret (Madrid : ne parvenant pas vaincre la rsistance des Rpublicains, les fascistes bombardent la ville.

. Ramos essaie de porter secours aux blesss.) Les bouillonnements de fume se prcipitrent, et la lueur monta. Tout devint distinct, les bonnets de coton des blesss aligns et les chats. Comme si elle et accompagn la monte du feu, la profonde vibration emplit nouveau le ciel noir. Ramos souhaitait si violemment la paix pour ces blesss quon vacuait, ambulance aprs ambulance, quil voulait croire une arrive dautos ; mais, lincendie retombait un instant aprs un bruit de poutres dglingues, dans un silence plein dtincelles, l inexorable approche des moteurs, lhaut, se dploya ; deux paquet de quatre bombes, huit clatement suivis dune sourde clameur, comme si la ville toute entire se ft rveille dans l effroi [] Le poste tlphonique tait cent mtres, dans une rue que lincendie nclairait pas : Ramos bouscula un corps, alluma sa torche : lhomme criait, bouche grande ouverte ; un des ambulanciers toucha sa main : - Il est mort. - Non, il crie , dit Ramos. peine tous deux sentendaient- ils dans le chahut des bombes, des avions, des canons lointains et des sirnes qui se perdaient. Mais lhomme tait mort. La bouche ouverte comme sil et cri ; et peut-tre avait il criRamos heurta encore des civires et des cris et une fulguration tira de le nuit tout un peuple courb.

Il demanda par tlphone des ambulances et des camions : beaucoup de blesses pouvaient tre vacus par camions. (O! se demandait -il. Les hpitaux taient transforms en brasiers les uns aprs le autres) Guernico lenvoya CuatroCaminos. Ctait un des quartiers les plus pauvres, spcialement vis depuis le dbut du sige. (Franco, disaiton, avait affirm quil pargnerait le quartier lgant, Salamanca.) Ramos reprit lauto. Dans la lueur des incendies, dans la lumire cadavrique des becs lectrique bleuis et des phares, dans lobscurit complte, reprenait en silence un exode sculaire. Nombre de paysans du Tage staient rfugis chez leurs parents, chaque famille avec son ne; parmi les couvertures, les rveils, les cages serins, les chats dans les bras, tous, sans savoir pourquoi, allaient vers les quartiers plus riches- sans affolement, avec une longue habitude de la dtresse. Les bombes tombaient par voles. On leur apprendrait tre pauvres comme il convient de

Vous aimerez peut-être aussi