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Edito

« PARENT DE...

l y a peu, j’ai franchi la barrière… Parce que mon fils voulait « jouer au évoquées depuis cinq ans avec l’association Foot Citoyen ressurgissent, et là

I foot », je suis passé de l’autre côté du terrain, derrière les lignes tracées
à la craie… Je suis devenu un parent de joueur ! Depuis, tous les
mercredis et samedis, ou presque, je l’accompagne, je l’attends à
l’issue de ses deux heures d’entraînement ou de football d’animation,
je le regarde, parfois… Et j’observe autour de nous, alors, les réactions
de plein fouet... Le regard d’un enfant qui se tourne vers son père quand il a
perdu un ballon, la colère qui s’exprime à travers un geste d’humeur de
l’enfant, une parole déjà déplacée envers un partenaire moins talentueux sans
doute, mais tout aussi passionné, et un père qui acquiesce… Et puis, dans
l’esprit des parents, déjà une sorte de hiérarchie qui apparaît, qui dit en clair
de « mes » semblables, de tous ces papas et mamans qui se lèvent tôt, se que son fils ou sa fille sera meilleur(e) que le sien, le tien, le mien, tiens… Des
pressent, sautent un repas pour pouvoir amener « nos » progénitures au lieu de choses presque anodines, des choses surtout banales, déjà, et c’est ce qui
rendez-vous, en temps et en heure. Dans un club de la région parisienne, ça fait « effraie » un peu… Comment le binôme « enfant-parent » va-t-il évoluer au fil
du monde. Ils sont nombreux ces gamins de 6 à 7 ans à vouloir faire du foot. Là, du temps… Et quand on voit que ces enfants de 6, 7 ans, qui ne sont là, pour
on nous a dit qu’ils étaient près de 150… Une quarantaine à initier le matin et, si la plupart, au départ de ce « train » que pour leur seul plaisir, on comprend vite
le compte est bon, près de 110 le mercredi après-midi… Et le samedi, « c’est tous ce qui peut advenir, autour des notions de compétition et de gagne… J’aime,
ensemble, tous ensemble, allez, allez… » oui, n’ayons pas peur du mot, j’aime alors l’intervention de l’éducateur, de son
appel au calme immédiat lancé à la collégiale, de son explication à l’issue de la
Et pendant que « nos » enfants apprennent à « manipuler » l’objet de leur désir, séance avec le ou les parents concernés… Des mots simples, des mots pour
à trouver le bon équilibre dans les courses, à se décoller un peu du schéma de recadrer, et c’est important. Je ne sais quelle sera leur portée, mais au moins,
jeu « grappe de raisin » imposé par les gosses eux-mêmes, à vivre déjà un peu ils sont dits… et, à ce moment de l’Histoire des footballeurs qui se dessine
ensemble, dans le vestiaire, etc…, on discute un peu entre parents… Où l’on devant nous, c’est essentiel… Ce discours du coach est le premier à être entendu par
voit alors que le football est une passion qui, pour la plupart, s’est transmise de le parent, la base de tout ce qui s’en suivra…
génération en génération… Souvent, là, le discours est plutôt posé…
Souvent… Et puis, les petits matchs nous font lever la tête… Et une drôle de Comme indiqué sur une convocation (pour moi, pas pour mon fils… Non,
tempête vient se substituer au calme… Sans prévenir. « Va au bout ! », mais ! Y en a déjà que pour eux…), en début de saison, j’ai joué le « père-
« Marque-le ! », « Oui, c’est bien ! », « T’as vu, il en a mis deux (sous entendu modèle ». Je suis allé à la réunion organisée par le club à notre attention. Au
le mien, enfin le sien) aujourd’hui ! »… Oh, ça ne sort pas de toutes les bouches, milieu de l’explication du mode de fonctionnement du club, le responsable
mais de pas mal quand même, et ça me surprend encore… Toutes ces choses de la catégorie a expliqué ce qu’il attendait des parents. Et pour ne rien vous

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PLATEAU TECHNIQUE LES ANGLES HEBDOPRINT - FOOT CITOYEN - 02 - MAGENTA CYAN JAUNE NOIR
Edito

JOUEUR...»
Foot Citoyen Magazine
Décembre 2008
N° 22

Rédaction - Administration
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92100 Boulogne-Billancourt
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Correctif
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It's a beautiful day :)
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Iconographie
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et Christophe Paucelier
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Illustrations
Romain Deshaies
apprécié… Je me suis dit « chouette », tout le monde football qui se dessinait déjà à travers le maillot
est d‘accord avec le rôle précis qui nous est alloué… de Fluminense porté par le milieu bordelais et la
« Vous êtes parent, pas entraîneur ! », «Les discours présence, mais aussi le recul nécessaire du Abonnements
sur le terrain, ce sont les miens qu’on entend!», papa, pourtant entraîneur professionnel, à 7 numéros/an (envoi compris)
« Encouragez-les collectivement, ne les supportez l’égard de son fils… France métropolitaine : 10 euros
pas ! » (vous voyez la nuance ?), etc… À l’issue de Licenciés FFF : 5 euros
la réunion, j’ai dit à un moment à l’éducateur, que Tout cela et plus encore que vous allez découvrir DOM-TOM, étranger : nous consulter.
c’était plutôt bien de voir que tout le monde était dans ce numéro 22 de Foot Citoyen. Un magazine,
d’accord… Naïf que j’étais, il m’a fait redescendre de on l’espère, avec toujours autant de sens pour Dépôt légal : à parution
mon nuage : « Vous savez, aujourd’hui, on avait déjà vous, pour votre quotidien, pour votre passion
ceux qui sont concernés, ceux qui, a priori, ne du football, avec ce dossier qui, à travers nos ISSN : 1777-0149
devraient pas poser de « problèmes »… Mais sur 150, enquêtes et reportages, vous intéresse tous au N° commission paritaire :
vous pouvez voir qu’il en manque un certain nombre plus haut point : l’influence des parents… Un 0208 G 87745
et que, même parmi les présents (un petit quart), il y thème dont on parlera aussi prochainement Impression : Hebdoprint,
en aura qui, à un moment, devront être recadrés… » à la radio, dans l’émission « Foot Citoyen », le ZAC Grand Angles, 30 133 Les Angles
Pas gagné, hein ? Et pourtant, ce match-là, ce match week-end sur Europe1 Sport, sur 99.9 en région Tél. : 04 90 15 19 20
éducatif, ce travaild’épanouissement de l’enfant, parisienne et www.europe1sport.fr pour tous les Édité par l'association Foot Citoyen
mais aussi du parent, est sans doute l’un des plus autres. Foot Citoyen avance, grâce à des opéra- 52 ter, rue de Billancourt
importants à gagner de notre vie… tions comme celle que le FC Nantes nous a permis 92 100 Boulogne-Billancourt
de mener lors de son match contre Lyon, et, on
Tout cela, c’est un peu, beaucoup, ce que nous l’espère, vous aussi avec nous. Bonne lecture à
ont raconté si intensément, si intimement, tous. La rédaction n'est pas responsable
Christian et Yohann Gourcuff. Ils nous ont décrit de la perte ou de la détérioration
leur relation, leur moments communs devant la des textes ou photos qui lui sont
télé à regarder le Brésil, cet amour pour ce Frédéric Hamelin et Didier Roustan adressés pour appréciation.

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PLATEAU TECHNIQUE LES ANGLES HEBDOPRINT - FOOT CITOYEN - 03 - MAGENTA CYAN JAUNE NOIR
Sommaire

Sommaire
Foot citoyen
La gestion des parents : interview Christian et Yoann Gourcuff 10
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Au nom du pére mais aussi du fils prêche-t-on chez les bretons fanas de football. Lorient a vu naître deux générations
de footeux, Christian Gourcuff, entraîneur du FC Lorient, père de Yoann, footballeur à Bordeaux, passé par le MIlan AC et,
aujourd’hui, indispensable en équipe de France. Quoi de plus logique alors que d’interviewer père et fils pour un dossier sur
la gestion des parents. Souvenirs d’enfance, complicité et éducation viennent remplir cet entretien « des familles ».
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Dossier : La gestion des parents
Indispensables, encombrants, raleurs, et disponibles, les qualificatifs pour définir les parents ne sont qu’un étrange mélange
de paradoxes. Comment gérer tout ces aspects pour installer une harmonie entre eux et le club ? Les dossier de ce nouveau
numéro de Foot Citoyen Magazine cherche à y répondre au travers d’enquêtes, de témoignages ou d’avis d’experts. Les
possibles solutions se trouvent peut-être dans les initiaves de trois clubs (p. 16), les propos d’Alexandra Clarou (p. 17),
pédopsychiatre, et dans ceux d’Alexis Delafargue, responsable des Débutants à l’ACBB (p. 20)... « Comment gérer les
parents ? » est un sujet qui méritait vraiment qu’on lui consacre un dossier.

Reportage : Trois jours de foot en Bosnie 24


Nous sommes allés à Foca, à 72 kilomètres de Sarajevo, en Bosnie, suivre un tournoi de foot de rue auquel participaient 36
25 associations, venues de toute l’Europe. Parmi elles,une etait française : « Sport dans la Ville ». Une première pleine de
découvertes pour ces jeunes et leurs éducateurs, dans un pays meurtri par la guerre dans les années 90.

Les Papiers du coach : Zoom sur une séance d‘entraînement 28


Comment animer ses entrainements pour tirer le mellieur de ses joueurs ? Fred Izeda, entraîneur des «16 ans Nationaux»
de l’EF Reims-Saint-Anne-Châtillon (51), décortique ici une partie de sa méthode... Parler et bouger pour mieux se faire comprendre. 22
Foot 2 rue : “Macho” Match 30
Samira et sa copine Manuela se voient refuser l’inscription à un tournoi de 3 contre 3 parce qu’elles sont des filles. Mais nos
amies, acompagnées d’Eloïse, vont trouver un stratagème pour disputer la compétition. Leur plan leur permettra t-il d’arriver à
leurs fins ? Un nouvel épisode de foot2rue plein de suspense. A l’issue du tournoi, Marinette Pichon s’exprime.

Le zapping de « Foot Citoyen », l’émission... sur Europe1 sport (99.9) 7 10


Depuis un mois, Foot Citoyen a son émission radio sur Europe1sport, tous les samedis et dimanches, de 12 à 13 heures.
Invités, interviews, débats, reportages, le football amateur, fort de ses aptitudes éducatives, a trouvé une très belle caisse de
résonnance. Découvrez, ici, les meilleurs moments de quatre de nos émissions. 42

Foot amateur
Portrait de bénévole : Marc Gondouin 8
Président passionné au grand cœur, Marc Gondouin répond aux critères du dirigeant bénévole idéal. Cette chance, ce sont
les 350 licenciés du Rosières OS Foot, dans le District de l’Aube, qui en bénéficient au quotidien. Portrait d’un homme de
64 ans dont la passion demeure intacte.

Le tournoi des féminines du PUC


Depuis plusieurs années, le PUC tente de développer le foot féminin grâce à ses sections jeunes. En fin de saison dernière, 34
Poussines, Benjamines et «13 ans» sont alleés à la rencontre «des garçons», à l’occasion du tournoi de Sèvres (92), tourné vers
la mixité et l’échange.

foot pro
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Portfolio: Le FC Nantes soutien Foot Citoyen 22
À l’occasion du match entre Nantes et l’Olympique Lyonnais, les « Canaris » ont répondu « présent » pour soutenir l’association
Foot Citoyen. Après la conférence de presse pour annoncer cette opération, l’Échauffement aux couleurs mêlées FC Nantes-
Foot Citoyen, les messages éducatifs transmis aux spectateurs du match et autres supporters, voici un retour en textes et en
images sur le soutien appuyé du club présidé par Waldemar Kita, séduit par notre action. 42
Trajectoire : Interview Charles N’Zogbia 22
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Son départ mouvementé du Havre, son club formateur, pour Newcaste, alors qu’il n’avait que 18 ans, avait beaucoup fait
parler. Depuis, quatre ans se sont écoulés et Charles s’amuse chez les Magpies. À 22 ans, « Zog », préconvoqué en Bleu,
s’est fait un nom Outre-manche, grâce à un plaisir de jouer qui l’accompagne depuis ses débuts en amateur.

Arbitrage
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Les journées de l’arbitrage : Le football à la traîne
Au petit jeu des comparaisons sur le respect de l’arbitre entre les différents sports, la Journée de l’arbitrage était le parfait
endroit pour s’y essayer. Comme prévu, hélas, le football dans son rapport avec l’arbitrage se situe encore bien loin des autres
sports collectifs comme le Hand, le Basket ou encore le Rugby. Et sans contestation possible !
39
Initiative : L’arbitrage à 5
Pour la premiére fois, l’International Board a testé l’arbitrage à cinq lors des championnats d’Europe des « moins de 19 ans »
,à Chypre. Said Enjimi, arbitre de Ligue 1, mais aussi de ce tournoi, a testé ce dispositif. Et pour lui, l’essai était plutôt
concluant. 8

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PLATEAU TECHNIQUE LES ANGLES HEBDOPRINT - FOOT CITOYEN - 05 - MAGENTA CYAN JAUNE NOIR
Les Echos

COURRIER DES LECTEURS HISTOIRES COURTES


FÉLICITATIONS
Je tenais à vous adresser toutes mes ON APPLAUDIT DES DEUX MAINS
félicitations pour le dernier numéro de
foot citoyen sur «L’académie» En tant Une lectrice bien attentionnée nous a fait parvenir le Midi Libre du 24/11/2008. Et elle a eu
qu’éducateur et responsable d’une école raison, puisqu’il était fait écho d’un beau geste lors d’un match de Première Division de District
de football, je trouve que c’est un super
de l’Hérault. Le Dimanche 23 novembre 2008, le Pointe Courte AC, leader de sa poule, reçoit son
support pédagogique par rapport aux
dauphin, Le Social. Alors que les visiteurs mènent 1-0, l’un de ses défenseurs sauve son camp en
joueurs, sur lequel il est facile de
repoussant, sur sa ligne, un ballon de la tête. L’arbitre central, lui, voit une main, et siffle penalty pour les
s’appuyer pour travailler sur les
Pointus. Officiant en tant que juge de touche, Bruno Ceffa, bénévole au club local (l'équipe qui bénéficie
notions de respect, de plaisir...
donc du penalty), a tout vu et lui signifie que le défenseur a bien repoussé le ballon de la tête. L’arbitre
J’ai mis en place cette année un fil central revient alors sur sa décision et les visiteurs l’emportent finalement 2-0. Chapeau Bruno !
rouge autour de la conception, la
rédaction et la mise en vidéo d’une
charte de l’esprit sportif réalisée par
les jeunes eux-mêmes. A ce titre,
je voulais savoir si vous aviez des
documents à me conseiller pour oeuvrer
ELAN DE SOLIDARITÉ
dans ce sens.
Les drames de la vie sont encore plus difficiles à accepter
Nicolas QUINQUENEAU lorsqu’ils touchent un enfant. Le 25 novembre dernier, le
petit Jason, 12 ans, gardien de l’Avignon foot 84, est mort
NDLR : Si un club a déjà mis en place ce type de charte, qu’il
dans l’incendie du domicile familial. Son petit frère a, lui, été
nous écrive sur footcitoyen2@wanadoo.fr Nous ferons suivre...
blessé, et ses parents sont actuellement sous respiration
artificielle. Fabrice Di Natale, son coach témoigne: «C’est
terrible. C’était un gamin toujours joyeux, acharné du ballon…
APPEL AUX PROS Il avait un pépin physique au pied, et pourtant il s’arrachait
plus que les autres. Nous avons d’abord organisé une marche
Je suis bénévole à la Jeunesse sportive des Pennes silencieuse dans Avignon. Puis le club s’est mobilisé pour créer
Mirabeau, à Marseille, et Je dis BRAVO pour votre cette chaîne de solidarité pour sa famille. »
MAGAZINE ! Enfin on parle des clubs amateurs. Pour soutenir sa famille, vous pouvez envoyer vos dons à cette
MERCI A VOUS ! Si seulement les joueurs pros adresse :
s’intéressaient un peu plus au football « d’en bas », Parc des sports, Avenue Pierre Coubertin, 84000 Avignon
nos jeunes seraient ravis et heureux de voir que Libellez votre chèque au nom de l’association
leurs idoles pensent à eux. D’ailleurs, si monsieur (« Avignon Foot Solidarité Raharivelo »)
Boli, qui sait très bien qu’à Marseille il est « le Grand Contact : Fabrice Di Natale 06 22 46 45 28
monsieur Boli », et que personne n’oubliera ses
Foot Citoyen adresse, déjà, ses sincères condoléances
larmes et sa tête victorieuse en finale de Coupe
à la famille et à tous les proches du petit Jason.
d’Europe, en 1993, souhaite nous rentre visite,
il sera le bienvenu pour discuter des valeurs de
respect avec nos jeunes (notre stade s’appelle
d’ailleurs le stade Basile Boli).
Muriel LANARIE
(Bénévole à la Jeunesse sportive
des Pennes Mirabeau, à Marseille)
Le mea-culpa de Jacques ABARDONADO
Samedi 22 novembre, Valenciennes accueille Sochaux, deux m'envahir. J'avais peur de moi-même, j'étais trop aveuglé par la
équipes mal classées de Ligue 1. Jacques Abardonado, le défen- colère. J'avais envie de faire mal à un joueur sochalien. Je n'ai pas
ET MON COLLÈGE ? seur Valenciennois, remet le ballon dans les pieds du Sochalien supporté la pression du match.» Quand un joueur est à bout de
Erding, qui marque. On appelle ça une « boulette »... Abardonado nerfs, le pétage de plomb n’est jamais bien loin. Et rares sont ceux
J’ai trouvé votre magazine très intéressant et, à craque et quitte ses partenaires à la mi-temps. Lucide, il s’en est qui en écoutent les signes avant coureurs. Abardonado, lui, les a
mon avis, adapté à des collégiens. Je voulais expliqué : « J'ai été très affecté par ce but. Je me suis senti com- entendus et a réagi. Certains parleront de lâcheté. On y voit plutôt
savoir si l’abonnement de 5 Euros était réservé plètement responsable, fautif. J'ai senti la haine monter en moi et de la sagesse.
aux seuls clubs de foot et aux footballeurs ? Un
collège peut-il en bénéficier et s’abonner ?
Brigitte BUET, (documentaliste et maman
d’un footballeur, District de Savoie)

NDLR : L’abonnement de 5 Euros est réservé aux


licenciés FFF et FSGT. Le tarif « normal » est de
10 Euros pour 7 numéros, envoi compris.
Evidemment, un collège peut s’abonner, et ils
sont d’ailleurs nombreux aujourd’hui à l’avoir
fait par le biais de leur CDI.

Envoyez vos courriers à footcitoyen2@wanadoo.fr

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PLATEAU TECHNIQUE LES ANGLES HEBDOPRINT - FOOT CITOYEN - 06 - MAGENTA CYAN JAUNE NOIR
Radio

RA
DI
O LE ZAPPING FOOT CITOYEN
L’ ESPRIT DU JEU
L’émission du 16 novembre fut consacrée au Stade de l’Est, en Seine-Saint-Denis…
Un club bien, où le jeu est bien et les gens… bien. Michel Hardelin, le président, était
notre invité ce matin-là. Zoom sur l’esprit de tout un club et de son âme Serge Anger.

beaucoup d’argent aux joueurs de l’équipe faire passer et des priorités à faire respecter. Si l’on Serge : Pour reprendre ce qui a été dit avant, c’est
LE SOLEIL SE LÈVE À L’EST Première sans qu’il ne se passe grand-chose démarre la saison en ayant pour objectif de finir le comportement de certains « éducateurs »… Que
autour. Ça, c’était les années 50 et, à la fin des absolument premiers partout, et que seul le classe- ce soit vis-à-vis de leurs joueurs, du jeu ou du
Didier Roustan : Ça se trouve où le Stade de l’Est années 60, Monsieur Serge Anger a pris les choses ment compte, on est mal partis… corps arbitral, qui est souvent jeune et malléable.
Pavillonnais ? en main, après avoir été joueur une saison. Il a Didier : Des guerriers, des équipes commando… Quand il y a de la pression, ces arbitres vont
Michel Hardelin : Eh bien ça se trouve dans la ville proposé le projet d’un sport purement amateur et, C’est sûr qu’avec de tels propos dans la bouche souvent dans le sens de celui qui crie le plus fort.
de Pavillons-sous-Bois, en Seine-Saint-Denis. C’est en se référant à des principes de jeu, une certaine des entraîneurs, au niveauludique, ce n’est pas Et c’est choquant lorsqu’on connaît la responsabilité
une petite commune d’environ 20 000 habitants. idée du jeu. Pour être clair, la Hongrie, le FC Nantes, évident. des éducateurs auprès des jeunes.
Didier : C’est en 1953 que le stade de l’Est, au Barcelone, Reims... Et puis, effectivement, cet Michel : Oui, il y a des moments où c’est difficile
départ un club parisien, est devenu le Stade de l’Est esprit associatif, cet esprit collectif et donc il a sur les terrains… Où on se sent un peu seuls…
Pavillonnais. Combien de licenciés, Michel ? trouvé un groupe de joueurs qui ont rallié ces idées. Et, on peut vraiment dire merci à votre association SI L’ON DÉMARRE
Michel : Suivant les saisons, entre 500 et 580, plus Les résultats ont également suivi, sans argent, et, aussi, votre revue, Foot Citoyen Magazine, qui
les éducateurs et les dirigeants. sans entraînement intensif, sans recrutement... Et nous épaule, nous aide, notamment dans
LA SAISON
Didier : Et vous êtes président depuis combien de tout cela a permis d’emmener ce club tout en haut ces moments. Parce que, ce qu’on entend à EN AYANT POUR
temps ? de la hiérarchie régionale. la télévision de la part de journalistes ou
Michel : C’est ma troisième saison. Auparavant, d’entraîneurs, avec des choses du style « C’est une OBJECTIF
j’étais responsable des jeunes, entraîneur de faute intelligente », ça ne nous aide pas.
l’équipe Première Seniors pendant une dizaine SERGE ANGER, Didier : Nous allons être en relation au téléphone DE FINIR
d’années, en Division d’Honneur Régional et avec Serge Anger, qui est donc toujours éducateur
Promotion d’Honneur, et, encore avant, joueur dans C’EST UN POÈTE au club à 70 ans. Serge Anger que vous connaissez
ABSOLUMENT
ce même club à partir de 1974.
DU FOOTBALL
bien, Michel, puisqu’il est actuellement avec les PREMIERS
Didier : … Malgré les sollicitations du Real Madrid, «18 ans » du Stade de l’Est qui jouent a Clichy-
Liverpool… (Michel Hardelin ) sous-Bois. Présentez-le nous en quelques mots, ce PARTOUT, ON EST
Michel : Je suis resté de marbre. qui n’est pas facile puisqu’il mériterait un roman …
Didier : Magnifique, ça c’est l’esprit de club et Michel : Serge Anger, c’est un poète du football. MAL PARTIS…
l’amour du maillot, et ça se perd. Frédéric : Les Seniors sont en quelle division C’est quelqu’un de très humble, de très compétent, (Michel Hardelin)
Alors, président depuis 3 ans ce n’est pas rien, maintenant ? qui est au service du club et qui en est quand
beaucoup de responsabilités, une grosse charge Michel : En 1ère division de District. même la poutre maîtresse. C’est vraiment lui qui a Didier : Serge, merci. L’émission touche à sa fin,
de travail… Vous êtes bénévole ? Le Stade de l’Est, maintenant, c’est un club de lancé le club à l’époque et qui a fédéré un groupe Michel Hardelin, à vous le mot de la fin pour cette
Michel : Totalement, et je travaille toujours… District, que ça soit au niveau des Seniors ou des de joueurs, de dirigeants et d’éducateurs… émission « Foot Citoyen »…
Mais plus pour très longtemps... jeunes. On est à notre place. On a un certain Frédéric : Serge, ça va, vous ne rougissez pas trop ? Michel : Et bien, comme Serge en a fait état, on
Didier : Et cette fonction de président vous prend nombre d’exigences par rapport à l’éducatif pour Serge Anger : (Photo 2, avec la casquette rouge) ne peut qu’espérer dans les années à venir qu’on
combien de temps par semaine? ce qui concerne les jeunes, par rapport au contenu Non, non, ca va, je suis actuellement à Clichy-sous- va pouvoir continuer à pratiquer le football
Michel : Disons, en moyenne, entre 5 et 10 du jeu, par rapport aussi à l’esprit club qui fait Bois, avec les « 18 ans »... de manière ludique, même lorsqu’il y a de la
heures... qu’on est bien à notre place là, et on n’a pas envie Didier : Alors, Serge, vous avez touché un peu compétition. Je réitère mes remerciements à
Frédéric Hamelin : Pas plus ? de faire des concessions pour aller je ne sais où. à tout dans ce club… Vous avez été joueur, « Foot Citoyen » parce que parfois ça nous
Michel : Non, car ce qui fait la force de notre club, Frédéric : Voilà, il y a des tas de belles président, vous êtes toujours entraîneur… Depuis remonte le moral de savoir que l’on n’est pas
c’est qu’il y a beaucoup de gens qui y sont depuis histoires et des tas de gens qui se décarcassent. tout ce temps, vous avez encore le feu sacré ! seul et qu’on est beaucoup en France à vouloir
longtemps, qui le connaissent bien. Ils ont de la Michel, souvent les gosses sont à l’image de leur Serge : Je vais être honnête, il y a parfois de faire pratiquer le football dans un esprit fraternel
compétence et ça me permet, pour l’instant, tout en éducateur, s’il est agressif, l’équipe le sera l’usure. Mais heureusement, nous formons et citoyen (NDLR : quand on apprend toutes ces
continuant à avoir une activité professionnelle, aussi…Les problèmes viennent souvent des une équipe, un groupe qui va toujours dans le belles choses sur ce club, cette approche du
d’assumer ma fonction de président en pouvant me adultes, non ? même sens, ce qui nous permet de tenir. Cette sport, cet état d’esprit magnifique, on comprend
reposer sur ces gens-là. Michel : Absolument. Souvent on me dit : « Tu es communauté d’hommes et d’idées qui s’est faite mieux pourquoi l’un des piliers de l’association
Didier : Qu’est ce qu’il a de particulier ce club ? président d’un club en Seine-Saint-Denis, ca doit il y a un moment dure encore. Foot Citoyen a été tant influencé par cet univers,
Michel : Le Stade de l’Est, pendant des années être ingérable… ». Et bien, pas du tout ! Didier : Et ce n’est pas facile dans le monde puisqu’il a été durant plusieurs années joueur au
était un club de Division d’Honneur qui avait Je pense que c’est une question de qualité actuel…Qu’est-ce qui vous choque le plus dans le Stade de l’Est, où il avait notamment comme
fonctionné avec un président mécène qui donnait d’éducateurs et de dirigeants. Il y a des idées à monde amateur d’une manière générale ? entraîneur, un certain... Michel Hardelin).

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PLATEAU TECHNIQUE LES ANGLES HEBDOPRINT - FOOT CITOYEN - 07 - MAGENTA CYAN JAUNE NOIR
Dirigeant
A Rosières, Pascal Stefani (textes) et Thierry Plumey (photos)

PORTRAIT DE BÉNÉVOLE
Marc GONDOUIN
(président du Rosières OS Foot, District de l’Aube)

ICI, LES GENS ONT TOUJOURS


UNE RÉPONSE POSITIVE PAR
RAPPORT À LEURS PROBLÈMES.

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PLATEAU TECHNIQUE LES ANGLES HEBDOPRINT - FOOT CITOYEN - 08 - MAGENTA CYAN JAUNE NOIR
Dirigeant

District de l'Aube

L’HOMME QUI NE DIT JAMAIS NON


Capable de nettoyer les vestiaires, d’arbitrer, de jouer dans le but, de… jongler aussi, Marc Gondouin, 62 ans,
est un président atypique. Il ne sait pas, n’aime pas dire non. Portrait d’un homme heureux et respecté qui
a construit son club, le Rosières OS Foot, du côté de Troyes, à son image : ouvert et sympathique.

ccoudé contre la main courante,

A Marc Gondouin commente en


direct la fin du match Seniors.
Dernière attaque adverse : « Ça y
est, on va perdre. » But !
OUI, TOUJOURS OUI...

En interrogeant ses proches, on ne s’attendait


pas à ce qu’ils s’attardent sur ses défauts. Mais
« On a perdu... » Puis il se marre. Le président la sincérité avec laquelle ils énumèrent ses
du Rosières OS Foot est comme ça, décon- qualités en dit long sur l’homme. Seule
tracté, amusé, pas vraiment le genre à se Bernadette, la si élogieuse Bernadette, évoque
prendre au sérieux pour du foot. Débonnaire, la possibilité d’un excès : « A part pour la
mais pas dilettante... Sourire après une défaite discipline, il ne sait jamais dire non. Et
ne l’empêche pas d’être concerné et dévoué, quand il y a besoin de taper du poing sur la
comme il le montre depuis 21 ans à la tête du table, il a parfois du mal à le faire. » Marc
club. Présent au stade les sept jours de la concède cette petite faiblesse qui, si l’on n’était
semaine, il observe et met les mains dans le pas certain qu’il soit aussi respecté, pourrait le
cambouis : « Je viens à chaque fois parce faire passer pour la bonne poire de
que je veux être près de mes joueurs et de service : « S’il manque des voitures pour les
mon personnel. Je jette un œil et je fais un déplacements, ils nous appellent toujours,
peu d’administratif. Je ne vois pas tous Bernadette ou moi. Ou pour d’autres
les matchs, mais pas une équipe ne peut besoins. Ils ont toujours une réponse
dire que je ne suis pas venu les voir positive par rapport à leurs problèmes. Ils
jouer. Les week-ends, ça m’arrive d’arbitrer, n’hésitent pas à me demander, même si
au centre ou à la touche, ou de nettoyer le parfois c’est fatigant. Tant que les gens
vestiaire, voire même de laver les n’abusent pas, je le fais de bon cœur. » Tout
maillots... » Nelo, le vice-président, et se résume, comme souvent, en une anecdote.
Bernadette, la secrétaire-trésorière « et bien monde et, surtout, a la même considération Une scène cocasse à laquelle on aurait aimé
plus que ça. », sont avec lui aujourd’hui. pour tous. Depuis quelques années, les jeunes voi- assister. Récemment, l’homme n’a pas dit non
Marc y a tenu car il ne conçoit pas évoquer 320 LICENCIÉS EN 12 ANS... sins du quartier sensible des Chartreux, à Troyes, quand on lui a demandé d’endosser un rôle
son rôle sans ses fidèles acolytes : « Tout seul, s’inscrivent dans ce club de village. Rosières les auquel son âge ne le destinait plus : « J’ai dû
je ne suis rien. », dit-il. On demande alors accueille sans retenue, là où d’autres présidents se jouer gardien de but en Seniors, l’autre jour.
leur avis à propos de leur président... Les À la sortie du vestiaire trône un seau de sangria que seraient sûrement montrés méfiants. Des jeunes Ils n’étaient que dix sinon. A 62 ans, je ne
phrases de Bernadette ne sont que sujet-verbe- se partagent joueurs, dirigeants et supporters. séparés de leur famille, placés dans un centre peux pas jouer à un autre poste… J’en ai
compliments : « Il donnerait sa chemise, et Cadeau d’un sponsor pour remercier Marc d’un spécialisé de Rosières, souhaitent également jouer au pris cinq quand même. » Et il se marre.
même son pantalon pour le club. Il est dans le coup de main récent. La scène, forcément joyeuse, foot. Là encore, c’est avec un mélange de simplicité
foot depuis très longtemps, donc il connaît illustre l’esprit de famille qui règne au club. Il y a et d’intransigeance qu’ils sont reçus : «On les laisse
tout, sait où aller quand on a besoin de treize ans, la fête était moins folle. Avec trente s’intégrer naturellement. On voit des évolutions,
quelque chose. C’est quelqu’un de très calme, licenciés, tous Seniors, il s’agissait plus d’une mais aussi des échecs. J’accepte tout le monde, LA

FICHE
très disponible, très diplomate avec les équipe que d’un club. Aujourd’hui, ils sont 350, et je ne veux pas faire de différence. Mais on a
bénévoles. Il sait les remercier et les valoriser. courent dans toutes les catégories. La «révolution» édité un règlement intérieur, et celui qui ne le
C’est le président idéal.» Marc en rougirait... date de 95 et l’arrivée de quelques bambins: «On respecte pas prend le risque de se faire virer.»
Nelo préfère y aller de son anecdote : « Il y a avait un peu touché le fond à cette époque, il n’y Un ancien joueur, Ricardo, de passage au stade,
un exemple qui en dit beaucoup... Le tournoi avait pas de vie. Une équipe de Débutants a été vient saluer le président qui l’a fait grandir. Témoin
annuel du club se déroule sur deux jours, créée, et la bonne ambiance a fait que tout a privilégié, il sait l’importance du président dans
samedi et dimanche. À chaque fois, avec Marc, bien fonctionné… C’est la première année que l’évolution du club : «C’est grand respect pour le
on dort dans le camion pour garder le site, cette génération joue en Seniors. Ça fait plaisir.» président. Le club ce n’était pas ça avant...
les boissons et la nourriture. Et le matin, La réputation d’un club où il fait bon vivre et jouer Ce qui me marque, c’est sa jeunesse intérieure,
vers 6 heures, on gratte le givre du terrain... attire chaque année plus de nouveaux, «jusqu’à il est resté vachement cool. La preuve il
Pas mal pour deux grands pères! » 150 l’année dernière!» Marc accepte tout le «check» quand il dit bonjour.» se marre-t-il.

IL DONNERAIT
SA CHEMISE…
ET MÊME SON Marc GONDOUIN
Né le 17 mars 1946 à Troyes.
PANTALON POUR Match de légende : Finale de la Coupe du monde
LE CLUB ! 1998, France-Brésil : 3-0
Joueur préféré : Michel Platini
(Bernadette, secrétaire
et trésorière du club) Président préféré : Thierry Gomez (ESTAC)
Club préféré : ESTAC

09

PLATEAU TECHNIQUE LES ANGLES HEBDOPRINT - FOOT CITOYEN - 09 - MAGENTA CYAN JAUNE NOIR
Interview croisée Yoann et Christian Gourcuff
Propos recueillis par Frédéric Hamelin et Pascal Stefani / Photos : DR

ce
des par
ent
s
Yoann GOURCUFF:
luen
l’inf

«MON PÈRE M’A


LAISSÉ M’ÉPANOUIR.»
Christian était un « modeste et physique » joueur de Division 2… Il est aujourd’hui un entraîneur de Ligue 1 reconnu
pour ses valeurs et la qualité de son jeu. Yoann était le gamin qui tapait dans le ballon après les entraînements
paternels, « quand il en avait le droit »… Il est maintenant l’étoile montante du football français, admiré pour
sa technique, son sens du jeu et son état d’esprit, entre altruisme et plaisir… Christian et Yoann Gourcuff nous ont
livré, très intimement, à travers une interview croisée, les clés de leur incroyable relation père-fils dont pourraient
s’inspirer bon nombre de parents qui accompagnent leur enfant le week-end sur les terrains de jeu.

Yoann et son papa,


le temps des sourires
« Brésiliens »...

oann, quels souvenirs as-tu de ton père JE PRENAIS DU RECUL, et je faisais quelques jonglages. Et quand mon père me

Y quand il était professionnel ?

Yoann : Très jeune j’avais une grande passion


pour le football et le tennis. Comme mon père
POUR LE PROTÉGER
AVANT TOUT.
le permettait, j’avais le droit de faire quelques passes avec
les joueurs qui restaient…

Christian : C’était naturel, c’est une façon de faire commune


était entraîneur à Lorient, j’adorais aller voir ses entraînements. à tous les enfants dont le père pratique. Il a forcément été influencé
J’allais ramasser les ballons quand ils partaient hors du terrain, (Christian) par mon activité, mais je ne pense pas que ça soit l’origine

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PLATEAU TECHNIQUE LES ANGLES HEBDOPRINT - FOOT CITOYEN - 10 - MAGENTA CYAN JAUNE NOIR
Interview croisée Yoann et Christian Gourcuff

de sa passion. Yoann était naturellement très Christian : Il était déjà un peu au dessus du lot,
attiré par tous les sports : foot, tennis, mais malgré ça, certains parents étaient un peu
ping-pong… C’était son envie avant tout. jaloux. C’est pour ça que je prenais du recul, pour
le protéger avant tout. Je regardais le match mais
Yoann : C’est vrai. C’est à son contact que j’ai je me manifestais le moins possible. Il était surtout
pu découvrir tous ces sports, mais il ne m’a important qu’il sache que j’étais là, parce que
jamais forcé et toujours laissé libre de ce que l’enfant doit s’apercevoir que ses parents
j’avais envie de faire. s’intéressent à lui. Ça montre qu’on lui prête
attention, et puis c’est une source de motivation,
A quel moment as-tu commencé ça l’encourage. Il me fallait aussi prendre du recul
à jouer en club ? par rapport à l’environnement. Parce que quand
on voit les parents qui, sur la touche, s’en prennent
Yoann : Vers l’âge de cinq ans, mon père m’a à l’entraîneur, ou l’arbitre, voire aux enfants
emmené à l’école de foot de Lorient. Au début eux-mêmes, c’est catastrophique…
je n’étais pas très intéressé par la compétition,
que ça soit au tennis ou au foot. C’étaient YOANN, C’EST
des loisirs. J’aimais bien jouer avec mes copains
de classe, et j’étais un peu stressé à l’idée de AVANT TOUT LA
jouer dans un club. Mais j’ai fait un entraînement,
ça m’a plu et j’ai signé une licence. JOIE DE VIVRE…
(Christian)
Christian, quel parent étiez-vous sur
les terrains ? Yoann : Très jeune je n’ai pas du tout ressenti
cette jalousie. Vers l’âge de 12-13 ans, c’était
Christian : J’allais le voir assez souvent. parfois plus dur à vivre. Je sentais le regard
C’était un peu particulier, parce que j’étais des autres, de certains parents qui pensaient
l’entraîneur général de Lorient. Les éducateurs que j’étais là parce que mon père était
avaient un positionnement ambigu, parce l’entraîneur du club. Ça me faisait mal qu’ils A 21 ans, avec Milan
qu’ils étaient sous mes ordres. C’est pour ça pensent ça mais ça n’a pas duré longtemps.
que j’ai toujours pris beaucoup de recul par quelques cassettes qu’on a vues ensemble.
rapport à ça, sans jamais interférer dans quoi Est-ce que vous parliez du match J’ADORAIS Et Yoann les a beaucoup regardées, seul... Il y a
que ce soit. à la maison, en rentrant ? eu aussi l’époque du Barça de Cruyff, qui était
REGARDER une référence en 92-93.
Yoann : Il m’emmenait souvent aux entraînements, Christian : Oui, mais surtout pour manifester LES CASSETTES
aux matchs. Il était présent, mais il se mettait très de l’intérêt, sans jamais lui mettre de pression. Yoann : J’adorais regarder les cassettes
en retrait, et ne m’a jamais mis de pression. Il Ce n’était pas un débriefing, il n’y avait rien DE MON PÈRE du Brésil. Pour moi, c’était un rêve, c’était
me laissait m’épanouir. A cet âge là, il n’est pas de formel, rien de technique. Il n’était pas extraordinaire. Elles expliquaient tout sur Pelé : la
question de métier ou de professionnalisme, spécialement demandeur de conseils d’ailleurs. SUR LE BRÉSIL technique, la préparation physique, plein de
l’important est juste de prendre du plaisir. Il préférait en parler avec ses copains. choses de sa vie, et puis il y avait la petite
DE PELÉ... C’ÉTAIT musique brésilienne qui allait avec… Je ne m’en
A 22 ans, avec
Bordeaux
EXTRAORDINAIRE. lassais jamais. Ça me faisait du bien, ça me
donnait vraiment envie de jouer au foot.
(Yoann)
Ça peut expliquer le plaisir de jouer
Yoann : Je lui demandais quelques trucs et de tenter des choses que Yoann
de temps en temps. Mais je faisais attention montre aujourd’hui...
aussi à ne pas trop le « saouler » avec ça, parce
qu’il avait un emploi du temps très chargé. Christian : Oui, c’est possible. Je pense qu’un
Comme c’est un grand passionné, il fait tout à joueur construit sa façon de jouer à partir de ses
fond. Je n’avais pas spécialement envie de lui
demander des conseils sur le foot, mais je crois
surtout que je n’osais pas trop. Et puis le foot de
mon père, ce n’était pas le même que le mien.
Je n’avais pas de contraintes, ce n’était que du
bonheur, il n’y avait pas de notion de performance.
On était juste là pour s’amuser ensemble.

Christian : Les choses se faisaient naturellement.


Je pense qu’il a été plus influencé par les
matchs que l’on regardait à la télé. Là, on pouvait
échanger dans l’appréciation du jeu.

Yoann: On regardait surtout les matchs de Coupe


des Clubs Champions. Moi, passionné de foot,
j’adorais ça. On regardait ces rencontres ensemble,
et il commentait souvent les actions ou la qualité
du jeu, d’une équipe ou d’un joueur en particulier.
Et j’étais très attentif à ce qu’il me disait.

Quelles équipes ou joueurs vous ont motivations, de ses aspirations. J’avais, par
marqués ? exemple, des grosses qualités physiques étant
jeune. Mais j’ai rapidement été bercé par ce foot
Christian : J’étais un grand admirateur du Brésil Brésilien des années 60-70, et j’ai transformé
de Pelé lors de la coupe du monde 70. J’avais mon jeu en le rendant plus technique. J’avais

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PLATEAU TECHNIQUE LES ANGLES HEBDOPRINT - FOOT CITOYEN - 11 - MAGENTA CYAN JAUNE NOIR
Interview croisée Yoann et Christian Gourcuff

LE JEU, C’EST parce qu’à cet âge, si jeune, quand on la ressent -


la pression - ce n’est pas l’idéal. En priorité, il y a la
Christian avec Yoann
(et déjà un maillot brésilien
L’EXPRESSION notion de loisir, le fait de partager, de prendre du - celui de Fluminense)
bon temps avec les autres. Après quand on grandit, et son grand frère Erwan.
DE LA VIE, je crois qu’il faut aussi apprécier et prendre du
plaisir à progresser, par le travail au quotidien. Mes
DE SES VALEURS. coéquipiers voulaient souvent faire des jeux, et moi
(Christian) AVANT
quelques prédispositions, mais j’ai l’impression
de m’être transformé en fonction de ma sensibilité, FRANCE-SERBIE,
de ce que je voulais faire. Je pense que c’est
pareil pour tout joueur. Quand on a le sens MON PÈRE M’A
de l’esthétisme, on développe ces qualités
au quotidien.
ENVOYÉ UN
TEXTO EN ME
Yoann : C’est vrai, je pense que ça m’a inspiré.
Pelé, par exemple, m’a marqué. Il avait une facilité DISANT QUE
à éliminer ses adversaires qui était incroyable.
C’était génial de voir un joueur qui dribblait ÇA NE RESTAIT
3-4 joueurs, qui avait une très bonne conduite
de balle tout en allant très, très vite. J’essayais QU’UN MATCH
de reproduire ces frappes au but ou ces
gestes techniques.
DE FOOT.
(Yoann)
Christian, vous disiez que Yoann avait
des facilités. Mais le professionnalisme j’attachais de plus en plus d’importance à vouloir
demande aussi des notions de rigueur, progresser techniquement. Travailler les passes,
de perfectionnisme. Est-ce un message les contrôles orientés, le pied gauche et toutes les
que vous lui avez fait passer ? surfaces du pied... J’étais concentré là-dessus,
parce que je prenais du plaisir à m’améliorer.
Christian : Oui, mais ça dépasse le cadre du foot.
Dans la vie, ce n’est pas ça qui le caractérise. Christian : Le jeu c’est l’expression de la vie,
Yoann, c’est avant tout la joie de vivre… Et cette de ses valeurs. Ce qui est formidable dans le foot,
rigueur doit être en adéquation avec cette joie c’est qu’il s’agit d’un sport collectif où l’on peut
de vivre et de jouer. J’ai connu des pères qui retrouver tous les excès de la vie, et aussi tous
voulaient prédisposer leur fils à une carrière, en ses plaisirs, dans le partage, les émotions…
l’astreignant à des entraînements supplémentaires. Même au niveau pro, où les intérêts sont
En général, le résultat a toujours été catastrophique : énormes, c’est la capacité à avoir des émotions, précis et exigeant à propos de la qualité Christian : Je pense qu’il y a du pour et du contre,
à 15-16 ans le gamin arrêtait tout parce qu’il mais aussi la sensibilité qui font la différence. technique de ses joueurs, dans les contrôles et c’est à chaque gamin de prendre le pour, et puis
faisait une overdose de foot. La rigueur se développe et les passes. Je pense qu’inconsciemment d’essayer de ne pas s’exposer aux inconvénients,
autour de l’envie. Quand c’est imposé, brutal, le jeune Yoann, le fait d’assister aux entraîne- ça m’a donné envie de trouver du plaisir parce qu’il y en a. Aujourd’hui ce n’est plus un
ne suit pas. ments de ton père a-t-il pu t’aider à m’appliquer comme eux. Je n’étais pas encore problème, mais à une certaine époque ça a pu
à progresser ? dans une logique de progression à cet âge, constituer un handicap, comme à Rennes par
Yoann : Le fait que mon père ne m’ait jamais mis mais je reproduisais ce que je voyais. exemple. Quand j’ai été viré, la situation était assez
une quelconque pression, malgré mes aptitudes, Yoann : Je pense, oui. Je me souviens des tendue au niveau du club. On n’a pas trop discuté
m’a facilité les choses. Je pense que je n’aurais exercices qu’il faisait faire aux joueurs. Il y avait Christian : On n’apprend pas les gestes, de cet épisode, mais je pense que pour lui ça a été
pas très bien vécu d’avoir des parents comme ça, beaucoup de travail technique et il était très on les reproduis. C’est ce que je disais, on imite très, très dur à vivre. J’ai été certainement très
les joueurs que l’on a envie d’imiter. C’est
une affaire de sensibilité. Je l’ai vécu moi aussi : A 22 ans,
on essaye de faire des gestes que l’on aime, première
et après, à force de les travailler, on arrive sélection
à les retranscrire avec ses propres aptitudes enéquipe
et sa morphologie… Par exemple, Yoann a une de France A.
utilisation de l’extérieur du pied qui est
quasiment unique aujourd’hui. C’est une surface
de contact qui permet d’évoluer en mouvement,
ce qui est un atout considérable. Ça donne
une fluidité dans le jeu.

Yoann : Mon père était plus un adepte


de l’extérieur du pied que moi. Je me souviens
quand il était entraîneur et que le ballon arrivait
vers lui, il utilisait souvent l’extérieur pour
le remettre en jeu. J’ai vu aussi des joueurs très
techniques l’utiliser, et plus j’ai grandi plus je
m’en suis servi. C’est très utile dans les
situations délicates.

Est-ce un atout ou un handicap


d’être le fils de l’entraîneur du club,
comme Yoann l’a été à Lorient, puis
à Rennes ?

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PLATEAU TECHNIQUE LES ANGLES HEBDOPRINT - FOOT CITOYEN - 12 - MAGENTA CYAN JAUNE NOIR
Interview croisée Yoann et Christian Gourcuff

Christian : C’est vrai que l’on parlait beaucoup


Yoann à 13 ans, sous
de ce qu’il faisait à Milan. Je m’y suis toujours
le maillot de Lorient.
intéressé de près, notamment à sa préparation
physique. Il me racontait ce qu’il faisait, et puis
j’avais la chaîne italienne Milan Channel, où
je suivais pas mal d’entraînements. Pour mon
enrichissement personnel, c’était aussi intéressant.

Aujourd’hui, Yoann est en équipe


de France : continuez-vous à échanger
vos points de vue ?

Christian : Oui, on parle de ses matchs. Je reste


toujours à ma place, mais c’est peut-être
maintenant que c’est le plus enrichissant. Parce
qu’aujourd’hui il peut faire la part des choses.
Ne pas prendre tout ce que je dis pour argent
comptant. Il a aussi cette maturité dans l’analyse
qui permet que j’aille un peu plus loin. J’essaye
d’être critique avec mesure. Dans la recherche
de la perfection, il faut être aussi capable
d’apprécier le bon, et pas seulement de voir
les choses à améliorer.

critiqué, et vis-à-vis des gamins, avec toute A 17 ans, première


la concurrence qui existe dans les centres de saison pro avec
formation, il a du subir un peu de méchanceté. Rennes...

Yoann : J’ai très mal vécu cet épisode. Si


encore ça avait été mon père qui m’avait
appris son limogeage, ça serait mieux passé.
Mais il l’a su tardivement, et il n’a pas eu
l’occasion de m’en parler. A mon réveil, j’ai vu
tous les autres me regarder bizarrement. Je ne
comprenais pas pourquoi, jusqu’à ce que je
lise le journal. Après, j’étais très gêné vis-à-vis
d’eux, je sentais leur regard sur moi, et puis
j’étais très déçu pour mon père. Ça a été
difficile pendant quelques temps, j’ai même
pensé à quitter le club.

Votre relation a-t-elle changé au fil


du temps ? Est-elle devenue plus
profonde, plus professionnelle ?

Yoann : Elle a évolué quand je suis passé


pro à Rennes. On s’appelait parce que je
voulais qu’il connaisse mon quotidien,
comment se passaient mes entraînements, et
puis aussi que l’on parle de l’approche Qu’avez-vous pensé de sa prestation
lors de France-Serbie ?
C’EST QUAND beaucoup d’angoisse. Mais il m’a envoyé un texto
avant le match, en me disant tout simplement

DANS LA ON PREND DU que même si beaucoup d’aspects rentraient en


Christian : J’ai beaucoup apprécié. Il y avait jeu et que c’était difficile à vivre, ça ne restait
RECHERCHE DE autour de la rencontre une tension extraordinaire, PLAISIR QUE LA qu’un match de foot. Et que je devais apprécier
et je pense que jamais plus il ne fera ce moment et y prendre du plaisir.
LA PERFECTION, un match avec autant de pression négative. PERFORMANCE
IL FAUT ÊTRE
L’environnement était détestable. C’était la mise à
mort de Domenech. Et comme Yoann avait contre
ARRIVE. C’est un petit peu le conseil qu’il
t’a donné tout le long de ta vie.

CAPABLE toute attente été titularisé, il était évidemment (Yoann) De prendre du plaisir et de t’amuser…
aussi en point de mire. Pour moi, il a fait preuve
D’APPRÉCIER d’une grande maturité et d’une grande intelligence
dans la gestion de son match. Il est parti
particulier. Il y avait beaucoup de critiques et
de polémiques, et c’était difficile à vivre pour
Yoann : Tout à fait. Je pense qu’aujourd’hui
il y a beaucoup d’enjeux autour du football,
LE BON. tranquillement, en commettant le minimum moi parce qu’en équipe nationale tout est plus qui devient de plus en plus un sport individuel. Il
d’erreurs, en se montrant très disponible et en médiatisé. On n’arrêtait pas de parler de ça. y a moins de notions de plaisir alors que, même
(Christian) jouant très simplement. Il s’est mis petit à petit Quand j’ai appris que j’allais être titulaire, je l’ai si c’est un métier, avec ses avantages et
dans la rencontre, et il a pris confiance pour très mal vécu pendant plusieurs heures. J’ai eu inconvénients, on fait du foot parce que c’est
psychologique liée à la concurrence. Tout ça était terminer en boulet de canon. S’il avait tenté et beaucoup de pression d’un coup, parce que notre passion. On est donc censé y prendre
nouveau pour moi. Et cette relation a encore raté deux ou trois roulettes sur ses premiers je savais que ça pouvait être un tournant dans du plaisir. Il ne faut jamais oublier ça, parce
été plus forte à Milan, parce que j’arrivais ballons, la suite aurait été difficile. ma carrière, si ça ne se passait pas bien. Avant que c’est quand on prend du plaisir que
dans l’un des clubs les plus prestigieux du le match, des journalistes critiquaient déjà le fait la performance arrive. Si on commence à se
monde. Et forcément, il avait envie de savoir Yoann : C’est vrai qu’avec la défaite quelques que je sois titulaire, ce qui a ajouté à la tension. concentrer sur les enjeux ou les médias,
comment ça se passait, ce que l’on faisait à jours auparavant contre l’Autriche, le climat J’ai su après que mon père avait mal vécu le fait ça bouffe la passion, et ça devient plus une
l’entraînement… autour de l’équipe de France était vraiment que je sois titulaire, qu’il avait aussi ressenti charge qu’autre chose.

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PLATEAU TECHNIQUE LES ANGLES HEBDOPRINT - FOOT CITOYEN - 13 - MAGENTA CYAN JAUNE NOIR
Le dossier du mois
Dossier réalisé par Pascal Stefani

L’INFLUENCE DES PARENTS


Indispensables et problématiques à la fois, les parents constituent souvent un casse-tête à gérer pour les clubs.
Dans ce dossier, Foot Citoyen détaille cette relation ambigüe, compliquée, reliant parents, dirigeants, éducateurs et enfants.
Puis démontre, à travers des exemples d’initiatives et les discours de nos experts, qu’il est possible de valoriser et
d’optimiser l’apport humain extraordinaire qu'ils constituent.

n a besoin d’eux, mais ils ne sont pas faciles match à l’extérieur, c’est bien souvent le même parent qui met sa d’année, l’éducateur de la catégorie, ou le responsable technique,
«
O à gérer. » C’est, en résumé, la pensée générale
des éducateurs et dirigeants quand ils évoquent
les parents. « On a besoin d’eux», pour une multitude
de raisons. Suivre et encourager les enfants dans
voiture à disposition... Les parents absents ne posent pas de problème,
mais ne font pas vivre le club. Les parents assidus sont nécessaires,
mais empêchent -parfois- leur enfant de se faire plaisir, compliquant
ainsi la tâche de l’entraîneur. Au milieu de ce dilemme, les dirigeants se
doit envoyer ce message fort, précis, aux parents : les enfants ont
besoin de votre soutien, mais le terrain n’appartient qu’aux joueurs
et à leurs éducateurs. Puis, tout au long de la saison, le répéter à
l’envi. Intervenir à chaque fois que la règle est transgressée, à chaque
leur passion; participer à la vie et l’ambiance du club; préparer grattent souvent la tête pour ménager la chèvre et le chou. Ne pas fois qu’un parent sort de son rôle. En expliquer les raisons, encore et
les goûters du samedi ; transporter les joueurs sur leur lieu se faire «bouffer» par les parents, ne pas les brusquer non plus. toujours... En menant cette démarche dans chaque catégorie depuis
de match; devenir accompagnateurs ou éducateurs… « Ils ne sont Une méthode tout en compromis. Pas la solution idéale. les Débutants, les parents comprennent petit à petit. Ou bien partent,
pas faciles à gérer», parce ce n’est pas aussi simple que cela. Parce s’ils ne sont pas contents. Mais inspirer la seule crainte entraîne
que les moins intéressés prennent le club pour une garderie GÉRER LES PARENTS COMME DES JOUEURS ? systématiquement une démission ou une révolte. Voilà pourquoi
et laissent leur enfant au stade pour le reprendre à la sortie; les anciens il faut injecter dans son discours et ses gestes un peu d’amour. Un ton
footballeurs prennent parfois la place du coach et distillent des conseils Le club ne doit pas se contenter de cette situation imparfaite. bienveillant, une ouverture à la discussion, une écoute, l’organisation
souvent inappropriés, quand eux les jugent précieux; les plus extrêmes Pourquoi ne pas gérer les parents comme il le fait avec ses joueurs ? d’une fête, d’un tournoi de fin d’année, des remerciements…, autant
s’en prennent à l’arbitre, aux adversaires, aux enfants eux-mêmes; les Avec respect, ce savant mélange d’amour et de crainte. Inspirer d’attentions qui les motivent à respecter les consignes, à faire un effort
trop fiers et les moins objectifs imaginent pour leur enfant le destin d’un la crainte en se montrant clair, ferme, intransigeant sur des règles et aussi s’impliquer dans la vie du club. Et augmentent d’autant
Zidane, Ribéry ou… Gourcuff (le fils) ; ou encore parce que les jours de de fonctionnement. Lors des réunions d’information de début les chances que l’enfant s’épanouisse dans son sport.

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PLATEAU TECHNIQUE LES ANGLES HEBDOPRINT - FOOT CITOYEN - 14 - MAGENTA CYAN JAUNE NOIR
L’influence des parents
Propos recueillis par Pascal Stefani

PAROLES D’AMATEURS
Présidents, éducateurs, joueurs… Plusieurs acteurs du football chez les jeunes ont répondu à la
même question : comment se passe votre relation avec les parents ?

Samir
(12 ans, joueur 13 ans)
«Dans mon équipe, il y a
beaucoup de parents qui nous Sébastien SOREL
suivent. C’est du haut niveau, (éducateur 15 ans, US Granville)
alors ils mettent la pression. Ce
OUL
que je n’aime pas, c’est qu’ils se Eric MELnjaLmins, OC Saleilles) « J’ai rencontré, lors de plusieurs match
permettent de nous faire des (éducateur Be
s, des parents qui prennent la place
du coach.
Mais chez nous, ça n’arrive jamais. Parce
remarques. Quand je les entends à qu’on a fixé des règles très claires : je
suis le
en plus durs seul responsable technique de l’équip
s’énerver, si on joue mal, je ne sont de plus e. Un parent dirigeant m’accompagn
suis plus en confiance.» « Les parents se z nomb reux à les souvent la touche, mais c’est tout. Person
ne ne conteste mes choix. On peut en
e, il fait
nt as
cadrer. Ils so lage, mais ils je suis ouvert à toute discussion, et je parler,
un club de vil tiens compte des avis extérieurs. Je
suivre, c’est tch s qu’à travers
leur à m’expliquer, mais pas à me justifie
r. Je leur demande aussi de ne pas
suis disposé
ma
ne vivent les aim ent difficile
. Les l’équipe devant les enfants. Tout est
une question d’échange. Si un gars parle
parler de
es t vr
enfant. C’ n, mais aux le match,je vais lui dire d’arrêter ou pendant
se passent bie donnent d’aller en tribune. Et on en reparle à
entraînements t de tou t, de la rencontre. Avec les parents, il faut
savoir communiquer. »
froid à la fin
mêlen
matchs ils se e-ci », « fais
: « Fais comm i parfois
des conseils ss
Ça arrive au
comme ça »… e les arbitres,
même
ent co ntr
qu’ils cri is nous
de vra ies limites. Et pu
s’ils on t limite. Je ne
aussi cette
leur imposons ss é pa r ça, mais c’est
dé pa
me sens pas é de répéter
toujours oblig
fatigant d’être . »
José TORRECILLA les même s ch os es
(président du FCO Saint-Jea
«Les parents, c’est une
n-de-la-Ruelle) Romain jamins)
des choses les plus (11 ans, joueur Ben , ça ne
difficiles à gérer. Nous deux. Ma mère, elle
sommes un club de t me voir un match sur but et me
quartier où ils ne suivent
pas leurs enfants. Ça «M on père vien
je suis défe nse ur, il se met derrière le
l’intéresse pas. Com
me ntion si
devient un vrai problème à souvent de faire atte
partir des «13 ans». Ils Par exemple, il me dit pas. Après le
sont laissés devant le stad
e et, après, c’est à nous donne des conseils. ide, et ça ne me gêne
arrive. Ça m’a né, il me
de nous débrouiller. Par un attaquant ou si on a gag
équipe, seuls un ou : si j’ai bien joué ce
deux passionnés accompa
gne(nt) leur fils en match, on en reparle qu’il y aur a d’autres matchs, que
il me dit
déplacement. On va loin
parce que nos équipes félicite. Si on perd, rai mie ux la prochaine fois. »
que je joue
jouent toutes en Ligue et, du
coup, on doit louer un n’est pas grave et
minibus par formation…
Le coût du transport est
énorme pour le club : 20
000 euros par an ! Par
contre, chez les petites
catégories, c’est très
convivial : les mamans
amènent le thé, les
gâteaux, regardent la télé
ensemble au club
house... Et en général, ils
ne posent absolument
aucun problème sur le
terrain. Ils sont très
NATALE Foot 84)
Fabrice DIjamins, Avignon
discrets.» (responsable Ben
de
nce, on n’a pas trop
«En Division Excelle Le problème vient
les par ents .
soucis avec nt
imaginent avoir un enfa
surtout avec ceux qui 2. Ces
dige, alors qu’i l ne joue qu’en équipe
pro ait de
papas estiment que
leur enfant mériter Serge GRAFF
t pas
lleurs. Ils ne viennen (président du FC Wettolsh
jouer avec les mei ens , ça eim)
ent, mais je le ress
nous le dire directem qui se dit. Ça créé «En école de foot, l’am
puis j’en ten ds ce biance est très bonne:
se voit, et s je chaque semaine, à tour
s entre parents. Mai de rôle, deux parents
aussi quelques clan prime, amènent la collation
: c’est l’éducatif qui , avec des jus, des
suis clair au départ niveau. gâteaux… C’est une trad
sir en jouant à leur ition du club, et les
et ils se feront plai sont nouveaux parents la suiv
certains parents ne ent à chaque fois. Ça
Malheureusement, Ils sont trop dans donne un supplément d’am
s, voire par ano s. biance. »
pas objectif
l’émotion. »

15

PLATEAU TECHNIQUE LES ANGLES HEBDOPRINT - FOOT CITOYEN - 15 - MAGENTA CYAN JAUNE NOIR
L’influence des parents
Propos recueillis par et Pascal Stefani

LES INITIATIVES CRÉENT LE CONTACT


Si aucune solution miracle n’existe dans la gestion des parents, il est au moins possible d’améliorer la
situation. Exemple avec ces trois clubs, le FC L’Hôpital, le FC Labegude et l’AC Plozané, qui ont mis en
place des initiatives basées sur le même principe : créer un premier contact avec les parents.

AU AC PLOUZANÉ,
ÉMARGEMENT
ET DIVERTISSEMENT
Gilles Boulouard (dirigeant AC Plouzané,
District Finistère Nord)

« Nous sommes une grosse structure, avec 600 licenciés.


Auparavant, les parents déposaient leur(s) enfant(s) au parking,
n’étaient jamais en contact avec les éducateurs, ne savaient pas
de quelle manière on s’occupait de leur enfant... Ça ne pouvait
pas continuer comme ça. Il y a quatre ans, on a donc créé un
système d’émargement. Les parents des Débutants et Poussins
doivent, désormais, venir signer une feuille et attester ainsi de
leur présence à chaque entraînement et à chaque match. Un
bénévole les accueille dans le vestiaire pour les faire émarger.
Ça nous permet, d’une part, de vérifier l’assiduité des enfants et
de savoir, d’autre part, s’ils seront là (les enfants, mais aussi les
papas et mamans) le samedi, et ça responsabilise les parents.
Ils doivent comprendre que l’absence d’un gosse peut empêcher
l’équipe de jouer, s’ils ne sont pas assez. Aujourd’hui, les
parents et les membres du club se connaissent. Cela peut en
pousser certains à devenir dirigeants, éducateurs ou même, on
peut toujours rêver, même sponsors. Avant, certains n’osaient pas
franchir la porte du vestiaire. Depuis, il y a également beaucoup
moins de souci pour le covoiturage. » On implique les parents
lors de la journée de clôture de la saison. Les Débutants font un
plateau, avec des jeux d’éveil, de motricité, des petits jeux et,
LE FC L’HÔPITAL FC LABÉGUDE, LA RÉUNION pour terminer, des matchs. Les parents regardent et, ensuite, ils

LUTTE CONTRE QUI CHANGE TOUT remplacent leurs enfants et font le plateau à leur tour… Et,
pendant ce temps, les Débutants sont supporters. On fait pareil
Jean-Michel Gros (éducateur « 13 ans », FC Labegude, avec nos Poussins. Pour les Benjamins, les parents jouent un match
L’ABSENTÉISME Comité Drôme Ardèche) contre leurs enfants et avec les éducateurs. C’est franchement
marrant. Ça se finit autour d’un pot très convivial, et toute cette
Gabriel Robert (Dirigeant FC « L’année dernière, nous avons organisé, ambiance suscite des vocations. Durant cette journée, les parents
L’Hôpital, District de Moselle) pour la première fois, une soirée s’aperçoivent de notre travail. Ça valorise le rôle du club. Des liens
d’accueil pour les joueurs et les DEPUIS se créent naturellement et entraînent beaucoup moins de refus
« Devant la faible participation des parents aux parents. On l’a faite au stade, en plein quand on sollicite les parents par la suite. »
réunions d’information, nous avons décidé de air. Cette réunion a changé plein de CETTE
les motiver à venir. Déjà, on fait une lettre à choses. Les parents ignoraient toutes les
chacun pour les prévenir de la date, ainsi on règles qui, pour nous, était évidentes. JOURNÉE,
a la certitude qu’ils seront au courant. À ceux Beaucoup, par exemple, ne savaient LES PARENTS ON IMPLIQUE
qui étaient absents, j’envoie un courrier pour pas que nous étions bénévoles ! Pour
leur dire que j’aimerais les voir pendant un vous donner une anecdote de leur HÉSITENT LES PARENTS LORS
entraînement, afin de comprendre pourquoi méconnaissance du club, un papa est
BEAUCOUP DE LA JOURNÉE DE
ils n’ont pas assisté à la réunion. Cela me venu un jour me demander s’il avait le
permet ainsi de les rencontrer et de créer un droit de voir son fils jouer ! »
MOINS À CLÔTURE DE LA SAISON.
lien. Aujourd’hui, nous avons environ 85 %
de présence. » « Depuis cette journée, ils hésitent S’IMPLIQUER. LES DÉBUTANTS FONT
beaucoup moins à s’impliquer. Ils se
proposent spontanément pour préparer
UN PLATEAU, PUIS C’EST
J’ENVOIE UN le goûter des matchs, ce que faisait AU TOUR DES PARENTS...
COURRIER AUX l’éducateur avant ; les maillots sont
maintenant toujours lavés ; pour le Loto
avons connu une affluence record
l’année dernière. En plus, les lots ont C’EST FRANCHEMENT
PARENTS du club, on leur demande de vendre 15 cette année tous été offerts par les
MARRANT... ET ILS
Euros de tickets. Avant, ils faisaient la parents ! Peut-être étaient-ils réservés
ABSENTS À LA tête, mais en leur expliquant à quoi auparavant, ils ne voulaient pas nous
S’APERÇOIVENT AINSI
cela pouvait servir- payer des shorts, déranger… On s’est rendu compte
RÉUNION. chaussettes, descendre le prix des qu’il fallait juste leur parler pour en DE NOTRE TRAVAIL...
licences... -, ils ont compris. Nous arriver là. »

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PLATEAU TECHNIQUE LES ANGLES HEBDOPRINT - FOOT CITOYEN - 16 - MAGENTA CYAN JAUNE NOIR
Dossier : L’influence des parents
Textes : Pascal Stefani

L’AVIS DU PSY
Alexandra CLAROU (Psychothérapeute)
« QUI A RAISON ? SON PÈRE OU SON ENTRAÎNEUR ? L’ENFANT NE SAIT
PLUS À QUI FAIRE CONFIANCE ! »

Q
uelle peut-être l’influence qui vont faire preuve d’autorité, voire l’humilier
des parents sur leur devant les autres pour garder la maîtrise de la LES ATTENTES DES PARENTS
enfant ? situation. Ils se disent, tout d’un coup, qu’ils
perdent leur enfant parce que leur sentiment Et les parents dans tout ça ? Premiers responsables
C’est très compliqué, surtout à est qu’il grandit et que, peut-être, il les de l’éducation de leur enfant, quand ils confient leur
l’adolescence : on n’a pas envie d’être lâché par abandonne. Dans ce cas-là, certains d’entre progéniture à un club, ils sont également en droit
ses parents, mais on n’a surtout pas envie d’avoir eux vont réagir par une « sur-maîtrise » en d’avoir des attentes. Le club du PUC a su y répondre.
des parents qui s’immiscent dans le groupe et affirmant, à leur manière, qu’ils sont les
donnent leur avis. Cela dépend des jeunes, mais parents, qu’eux seuls peuvent décider pour leur Ça y est, le petit a l’âge de pratiquer son sport favori. Un nouveau
certains peuvent avoir envie d’abandonner parce enfant et qu’ils savent ce qui est bon pour lui dilemme se pose pour les parents : dans quel club vont-ils
que ça ne leur appartiendra plus en propre. et ce qui ne l’est pas. l’inscrire ? C’est lemoment de de bien cerner ses attentes envers la
D’autres vont se sentir humiliés, critiqués, en plus structure qui va l’accueillir. Certains souhaitent que l’on occupe leur
parfois devant les autres. Quelle méthode peut suivre un enfant le mercredi et le samedi, rien de plus. Pour d’autres, en quête
éducateur ? de gloire par procuration, l’aspect sportif est -déjà- primordial.
Le jeune peut-il penser que son père Nombreux sont encore les parents qui souhaitent que le club soit avant tout un lieu d’épanouissement pour
a plus raison que son entraîneur ? Pour prévenir ces comportements, tenir une leur petit. C’est le cas du PUC, le club universitaire parisien partenaire de Foot Citoyen, dont la politique
réunion d’information au début de la saison éducative forge sa solide réputation… Yves y a succombé : «Après le premier jour, mon enfant m’a dit :
Il est mis en porte-à-faux parce qu’il va se est une bonne chose. En cas de problème «C’est comme si j’avais été accueilli dans une famille.» Et j’ai ressenti la même chose vis-à-vis
demander qui a raison : son père ou son ponctuel avec un parent, l’éducateur doit de moi. Tout était très sympa : leur état d’esprit, la gentillesse de leurs propos, leur chaleur
entraîneur ? Il ne sait plus à qui faire confiance. établir un dialogue direct, voir quel sens tout humaine… » Il apprécie davantage encore que ces valeurs se prolongent sur le terrain : « Il y a de la
Le parent peut avoir une discussion avec cela a pour lui. Vis à vis d’un adolescent, c’est discipline, mais surtout ils s’amusent beaucoup. C’est important. Lui est ravi. Il est très timide,
l’entraîneur, mais ce parent ne doit pas dire très important de ne pas parler dans son dos. sensible, émotif. Je savais que s’il y avait des gestes d’agressivité contre lui, il l’aurait mal vécu.
« Moi je… ». Quand l’entraîneur entre en jeu, Sinon, il peut se sentir menacé. Comme son Mais là il n’y a rien de tout ça. J’avais aussi regardé ce que proposait un club voisin : ils s’insultaient
c’est à lui seul de parler. A l’école, les parents but est de s’affranchir, il faut le considérer : on tout le temps, et on les laissait faire. » Les autres parents évoquent les mêmes priorités, « qu’il y ait un
ne disent pas au prof ce qu’il a à faire. parle de lui, donc on le fait en sa présence. bon esprit » pour Mathilde, « que l’enfant s’épanouisse dans son milieu sportif, grâce à de bons
Parce qu’un père à qui on va dire d’arrêter éducateurs. » pour Patrice. Benoît, lui, sait l’apport qu’une telle activité bien encadrée peut avoir dans
Quelles raisons poussent les d’intervenir peut se sentir exclu et être blessé. l’évolution de son fils : «Intégrer un club doit être une démarche éducative. Je veux que ça lui apprenne
parents à s’immiscer autant ? Il peut transformer les paroles de l’éducateur la vie en groupe. C’est le cas ici, j’ai vu qu’il y avait de vrais éducateurs. C’est important : je l’ai mis
dans son propre intérêt avant de les relayer à aussi dans un club d’échecs, et les adultes ne leur apprennent rien et les laissent se débrouiller. Il va
On ne sait plus si l’enfant joue pour son plaisir son fils. Tout dépend également de la manière devoir arrêter. » Le choix du club n’est donc pas à prendre à la légère et doit surtout se faire dans le seul
ou s’il veut faire plaisir à ses parents. Il y a avec laquelle l’éducateur présente les choses. intérêt de l’enfant. Ceux du PUC pourront un jour remercier leurs parents, car comme le dit Mathilde,
aussi les parents extrêmement directifs qui ne Ses remarques ne doivent pas être une mise à « ce genre de club est parfait parce qu’il laisse plus tard des souvenirs indélébiles. »
veulent pas laisser d’autonomie à leur enfant et pied du parent.

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PLATEAU TECHNIQUE LES ANGLES HEBDOPRINT - FOOT CITOYEN - 17 - MAGENTA CYAN JAUNE NOIR
L’influence des parents
Á Ingré, Pascal Stefani (Textes) et Cyril Fussien (Photos)

VOS ENFANTS ONT


«UNE CHOSE» À VOUS DIRE...
La quarantaine de parents d’Ingré, dans le District du Loiret, venue assister au match de leurs enfants Benjamins,
sont plutôt disciplinés et positifs. Il suffit pourtant que quelques papas élèvent la voix pour que l’on
n’entende plus qu’eux. C’est dommage car leurs enfants n’aiment pas qu’on leur parle sur le terrain...

C
’est un match comme les aiment les adultes. la main courante, pas moins de quarante parents tentent de les entendent alors des conseils tels que « Attention, dégage ! »,
Un derby, contre le club phare de la région, dans la soutenir. Dans une bonne ambiance, ils encouragent leurs petits « Replace toi ! », « Attaque ! » ou « Mais non, applique toi ! » Pour les
plus haute division du championnat. Oui, mais voilà, Jaunes à défendre et s’enflamment un peu quand ils s’approchent réveiller, on leur dit « Bats-toi », « Attaque-le », « Il ne passe pas ! », ou
ce ne sont pas des adultes qui jouent, mais des de la ligne médiane. Rarement, donc. Puis, au fil de la rencontre, « Rentre-lui dedans ».. Un vocabulaire pas tout à fait adapté à des
Benjamins. Le FCM Ingré accueille l’US Orléans, en deux ou trois papas changent de registre. Sûrement déçus par jeunes de cet âge. Comme prévu ça n’arrange rien, et un jeune fait
Division Elite, et les petits locaux sont plus impressionnés que l’apathie générale de l’équipe, ils décident d’« aider » le coach en même signe à son père de se taire. Une constante dans ce match :
galvanisés par la réputation et la qualité de l’adversaire. Le long de donnant leurs propres consignes. Les joueurs, déjà bien perdus, seules les mamans, nombreuses, n’ont cessé d’encourager les petits.

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PLATEAU TECHNIQUE LES ANGLES HEBDOPRINT - FOOT CITOYEN - 18 - MAGENTA CYAN JAUNE NOIR
L’influence des parents

District du Loiret

MON MARI A dire qu’il n’a pas assez couru, qu’il s’est retenu,
comme aujourd’hui. Dans ces cas-là je dis qu’il a
TENDANCE À LUI bien joué, qu’il a fait de son mieux… Ça peut
prendre de grandes proportions. Une fois Bastien
METTRE LA a demandé à son papa de ne plus venir le voir,
parce qu’il était fâché par rapport à ce qu’il lui
PRESSION. JE disait. Avec son tempérament, si on insiste trop il
TEMPORISE... se braque et ne fait plus rien. »

Bastien : « Ça me fait plaisir qu’ils viennent me


Sabine, maman de Bastien : « Chaque parent voir. Ma mère dit souvent que ce n’est qu’un jeu.
a son tempérament. Certains sont discrets, et Par contre je n’aime pas trop que mon père parle
d’autres ont envie de donner leur avis. Pour ceux- sur le terrain. Quand on perd, il parle souvent, ou
là, on ne dit rien mais on n’en pense pas moins. Je il crie. Ça me gêne quand il me dit par exemple
pense que c’est plus au coach de donner les « vas-y attaque la balle », ça me met la pression.
consignes, pas à nous, sinon le gamin ne sait plus J’ai l’impression que je n’y arrive pas. Quand on
qui écouter. En général, mon mari parle avec mon rentre, il veut toujours en parler. J’aime bien
fils, en rentrant à la maison. Dès fois je temporise savoir ce qu’il pense, ça me fait progresser. Mais
parce qu’il a tendance à lui mettre la pression, lui quand c’est en dehors du match. »

QUAND MON
PÈRE ME PARLE,
ÇA ME SAOULE...

Malamine, père de Maël : « Je le suis toutes les


semaines. J’aime bien parler, replacer, je le fais
tout le temps. Je donne des conseils, à tous, je ne
me cantonne pas qu’à mon fils. S’ils sont mal
placés, ou s’ils font des mauvaises tactiques, je
les conseille. Le coach a neuf joueurs, et il ne
peut pas avoir les yeux sur tous ! Maël, mon fils,
a l’air un peu mou, donc j’insiste auprès de lui.
Individuellement il est très fort, et je veux qu’il le
montre. Je le lui dis mais il n’aime pas ça, alors
dès fois je me tais. »

Maël : « J’aime bien que mon père soit là, mais


je n’aime pas quand il crie. Je n’aime pas quand
on parle, qu’on me dise quoi faire, que ça soit
lui ou un autre d’ailleurs. Sinon je m’y perds, ça
me déconcentre. Je lui ai dit, et il m’a promis de
ne plus rien dire… Mais il parle encore ! Ça me
saoule ! »

JE LUI DONNE Olivier, tonton de Alexis


DES NOTES... « Le problème, c’est d’entendre certains
ronchonner autour. Les gosses attendent la fin
ÇA LE MOTIVE ! de la semaine pour s’amuser, pas pour
entendre ça. J’ai plus de souvenirs, quand je
jouais, des parents qui gueulaient que de ma
Stéphane, père de Morgane (US Orléans) : joie de jouer. Dès fois je les plains, même si
« J’étais éducateur, et je suis mon fils depuis que c’est loin d’être le pire club à ce niveau. Même
j’ai arrêté. Tous les parents sont fiers de ce que s’ils font des erreurs, il faut essayer de faire
font leurs gamins, on vit davantage les choses. ressortir le meilleur. »
Mais je sais que quand j’étais éducateur, je
demandais aux parents de seulement encourager
les enfants. J’essaye de le faire à mon tour, même MÊME
si c’est parfois tentant de parler. Aujourd’hui, il a
du me regarder 72 fois dans le match pour se
S’ILS FONT
rassurer. Mais je ne dis rien... Après le match, je DES ERREURS,
lui donne des notes. C’est ludique et ça le motive.
Je connais des parents qui donnent de l’argent à IL FAUT
leur enfant s’il met un but... Aucun intérêt. »
ESSAYER DE
Morgane : « J’aime que mon père m’encourage. Il
est honnête dans son jugement. J’aime bien qu’il
FAIRE
me mette des notes. La dernière fois j’ai eu 4 et ça RESSORTIR
m’a saoulé. J’essaye d’avoir une meilleure note la
fois d’après, ça me motive. » LE MEILLEUR.

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PLATEAU TECHNIQUE LES ANGLES HEBDOPRINT - FOOT CITOYEN - 19 - MAGENTA CYAN JAUNE NOIR
La gestion des parents
Propos recueillis par Frédéric Hamelin et Pascal Stefani

EXPERT «TERRAIN»
Alexis
DELAFARGUE (responsable Débutants
de l’AC Boulogne-Billancourt,
District des Hauts-de-Seine)

Alexis Delafargue, 35 ans, a pour


habitude de clarifier les rôles de
chacun dès le début de saison :
les éducateurs s’occupent
du terrain et les parents laissent
leurs enfants tranquilles.
Une méthode directe qui évite
pas mal de débordements.

« SI LES PARENTS SORTENT DE LEUR RÔLE,


J’INTERVIENS TOUT DE SUITE.
absent, le passionné et le Vestiaire interdit
QUAND première fois, je le dis gentiment, mais si ça se

L ’ réfléchi
« Il y a le plus souvent trois statuts
de parents. D’abord, celui qui ne
vient jamais et se désintéresse du
J’INTERVIENS UNE
répète je suis un peu plus sec. Dans les catégories
plus hautes, c’est plus difficile d’intervenir
pendant la rencontre, sauf si ça prend des
proportions qui ne sont pas acceptables. »
« En Débutants, nous avons interdit l’accès aux
vestiaires aux parents. Sinon c’est un foutoir pas
possible. Et puis j’aime bien que les enfants
soient seulement avec nous. Ça fait aussi partie
foot. Pour lui le club est une garderie, ce que je PREMIÈRE FOIS, JE du rôle de l’éducateur de leur apprendre à
conçois tout à fait : s’il met son gamin au foot, Trouver la bonne distance s’habiller, faire leur lacet… Je n’aime pas qu’ils
c’est aussi pour qu’il soit occupé et que lui LE DIS GENTIMENT. « Il est nécessaire de discuter avec les parents soient assistés. Si l’enfant est obligé de demander
puisse avoir du temps libre. Ce type de parent est pour prévenir ou résoudre des problèmes de à chaque fois à l’éducateur pour faire son lacet et
peut-être le moins pénible, mais il ne nous aide SI ÇA SE RÉPÈTE, comportements. Tout dépend des rapports que qu’il voit, à côté, ses copains y arriver seuls, il va
pas à avancer. À l’autre extrême, il y a le parent vous construisez avec eux : il faut savoir garder finir par le faire lui-même. Ça le rend autonome,
qui est toujours là, à fond, mais qui prend trop de JE SUIS UN PEU une bonne distance, tout en leur donnant envie ça lui apprend à communiquer aussi. Pour moi le
place. Il se prend pour l’entraîneur, il crie sur les de participer à la vie associative. Si on se tape vestiaire est réservé à ceux qui jouent au foot.
enfants, l’adversaire, l’arbitre… Il est difficile à PLUS SEC. dans le dos la première fois qu’on se voit, que C’est important pour eux de ne pas toujours avoir
gérer, mais on a aussi besoin de ces parents l’on prend l’apéro après les matchs, c’est plus le parent comme intermédiaire. »
assidus. Dans la troisième catégorie, on trouve le Le problème du double discours compliqué ensuite de faire passer son message.
parent plus réfléchi. Lui est là pour aider au « Il y a souvent un problème de double discours. Je peux aller plus loin dans la convivialité avec
fonctionnement du club et garde sa place de Même s’ils ont joué au football, les parents des parents dont je sais qu’ils vont rester à leur L’IMPORTANCE DE
parent et de spectateur. Malheureusement, ils ne n’ont pas les qualifications pour savoir ce qu’il place. Avec d’autres ce ne sera pas possible,
sont pas les plus nombreux. Avec les parents, on faut faire et dire aux enfants, et ce que nous, parce qu’ils vont tout confondre et se permettre LA PREMIÈRE ANNÉE
se doit d’avoir une gestion fine, parce que nous éducateurs, attendons d’eux. Par exemple, on trop de choses. Il faut savoir parfois rester
avons aussi besoin d’eux. » interdit les tacles à nos débutants. Parce qu’ils ‘‘froid’’, sans non plus que ça soit repoussant. » « En tant que responsable
n’ont pas un contrôle suffisant de leur corps, des Débutants, “ mes”
Jouer à travers son fils… puis parce qu’on estime qu’un footballeur doit Une réunion franche et directe parents viennent, en général
« Les parents ont souvent une telle attente envers apprendre à défendre debout. En match, des « Lors de la réunion de début d’année, j’emploie (ils peuvent avoir un autre
leur enfant… Peut-être sont-ils frustrés d’avoir parents leur demandent pourtant de tacler. Leur un ton assez ferme. Je présente d’emblée mon enfant déjà licencié), pour la
loupé leur carrière, et pensent qu’il va devenir un discours va alors à l’encontre du nôtre, et c’est statut et celui des parents : je leur explique première fois au foot. J’ai
joueur extraordinaire. Cette réaction nous amène valable sur plein d’autres choses. » clairement ce qui est admis et ce qui ne l’est pas. donc un gros rôle d’éducation
à entendre, sur les bords des terrains, du vocabu- Sinon on leur laisse un espace et ensuite on se fait à faire. Je dois leur expliquer
laire inapproprié pour l’âge des gamins. Des Intervention systématique déborder. Ils doivent sentir qu’il y a quelqu’un qui le fonctionnement du club,
phrases qui relèvent du langage guerrier, telles « En tant que responsable de plateau de leur fera barrage s’ils dérapent. Je préfère qu’ils les règles de base. C’est du
que ‘‘Bats-toi !’’... On a également des problèmes Débutants, j’ai la liberté de me déplacer sur tous pensent au début que je ne suis pas sympa, si ça boulot en moins à faire pour
avec les enfants qui jouent pour leur père, qui les terrains. Je vais donc voir les éducateurs, permet que tout se passe bien sur le terrain. Je les années suivantes et, petit
vont sauter dans ses bras après avoir marqué un et j’en profite pour faire le tour des parents. Si je gagne en temps, ça m’évite d’intervenir ensuite. à petit, ils rentrent dans le
but. Le contraire est aussi vrai : s’il rate un geste, vois qu’ils sortent de leur rôle, s’ils sont trop Le rapport que vous installez avec les parents en moule. Il ne s’agit pas
il va regarder son père d’un air craintif, en rentrant présents ou si je les vois engueuler leur gamin début de saison joue sur son comportement d’éduquer les parents, mais
les épaules. Ça ne me plaît pas, parce que les dans mon dos, j’interviens tout de suite. Je leur Malheureusement, la réunion n’est pas obligatoire, juste de leur transmettre nos
enfants, qu’ils réussissent ou se loupent, doivent explique que les gamins sont là pour jouer entre et généralement ce sont ceux qui n’y viennent pas règles de vie. »
se marrer ou ‘‘pleurer’’ avec leurs copains. » eux et avec leur éducateur. Quand c’est la qui posent problème par la suite. »

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PLATEAU TECHNIQUE LES ANGLES HEBDOPRINT - FOOT CITOYEN - 20 - MAGENTA CYAN JAUNE NOIR
La gestion des parents

LE 11 IDÉAL DE LA GESTION DES PARENTS


Pour améliorer la communication entre les parents et les membres du club, nous avons composé une équipe mixte, en... 4-4-3 :
quatre gardien-défenseurs-éducateurs, quatre milieux-dirigeants, et trois attaquants-parents. Maintenant, jouez ensemble !

Éducateurs : intervenir en cas d’écart


Le terrain appartient aux joueurs et à l’éducateur. Alors
1 quand les parents viennent s’immiscer dans la vie de
l’équipe ou sortent de leur rôle de spectateur, le coach se
doit d’intervenir. Si l’écart de conduite est important, il est
préférable de les calmer aussitôt. Sinon, attendre la fin du
Éducateurs : adopter le bon ton match ou l’entraînement suivant pour en discuter.
Si le parent fait un écart pour la première fois, l’éducateur doit
s’entretenir avec lui gentiment, en lui expliquant les raisons
de son intervention. Si le coach est brusque dès le début, 5 3
le parent risque de se braquer. Mais quand la «faute» se
répète, il ne doit pas hésiter à adopter un ton plus ferme, pour
bien faire comprendre qu’il sera intransigeant sur ce point.

Éducateurs : trouver la bonne distance


2 Le danger est de vouloir créer une complicité très rapidement
avec tous les parents, pour qu’ils se sentent en confiance.
Éducateurs : être ouvert à la discussion 4 Certains peuvent croire que cette relation amicale leur donne
S’ils n’ont pas le droit de parler de l’équipe devant le droit de se mêler de la gestion de l’équipe. Mieux vaut que
les enfants, les parents ne doivent pas pour autant le coach force sa nature et se montre un peu distant avec
se sentir exclus. L’éducateur doit être ouvert à la tout le monde en début de saison, et découvrir les gens au fil
discussion. L’avis d’un parent peut-être intéressant, et du temps.
expliquer son fonctionnement peut également éviter Dirigeants : organiser des réunions d’informations
les malentendus. Mais si l’éducateur peut s’expliquer,
il doit faire attention à ne pas se justifier. En début d’année, il est très bénéfique d’organiser une réunion
par catégorie de jeunes. C’est l’occasion d’expliquer à tous
6 le fonctionnement du club et de définir clairement les attentes 8
envers les parents. Employer un ton ferme et sérieux à cette
occasion permet d’attirer leur attention sur ce point. En milieu
d’année, le club peut faire un nouveau point avec les parents.

10
Dirigeants : organiser des événements festifs
Dirigeants : l’importance des Débutants
Le club de foot doit être un endroit convivial où jeunes
Les habitudes, bonnes comme mauvaises, ne se perdent et adultes se font plaisir. L’organisation de quelques
pas. Ainsi, si les parents entendent un discours clair et fêtes, telles qu’un Loto, un tournoi du club ou bien un
cohérent dès la catégorie Débutants, le même message barbecue, ne peut que renforcer les liens entre tous
passera d’autant mieux dans les catégories suivantes. les membres du club. Parents souriants n’embêtent
Cela prouve à quel point il est important qu’un éducateur pas leurs enfants !
compétent soit en charge des petites catégories. Dirigeants : créer le contact
Plus la relation entre le club et les parents est bonne, et moins ces
derniers auront envie de porter préjudice à la structure qui s’occupe de
leur enfant. En réservant aux parents un bon accueil, en allant vers eux et
en créant un premier contact pendant les entraînements ou les matchs,
7 les dirigeants leur montrent qu’ils font aussi partie du club.

11

Les parents : ne pas intervenir pendant les matchs


Ah que c’est tentant de donner des conseils à son fils 9
pendant le match… Un parent, surtout s’il est ancien
footballeur, «sait» ce qui est bon pour sa progéniture. Du Les parents : ne pas mettre de pression sur son enfant
moins c’est ce qu’il pense. Malheureusement, l’enfant 7 Quel que soit l’âge, le foot doit rester un plaisir avant tout.
entend un double discours : celui de son éducateur et En catégories de jeunes, cela paraît encore plus évident.
celui de ses parents. Il est préférable qu’une seule Pourtant, des parents font subir leur soif de victoire et de
personne ne lui parle, et cette personne c’est le coach ! reconnaissance à leur enfant. Certains imaginent même,
dès les premières frappes du petit, détenir un prodige.
Les parents : se porter volontaire pour les déplacements Halte à la pression ! Sans plaisir, 100% des enfants perdent
Ce sont souvent les mêmes parents, les plus assidus, qui accompagnent leurs moyens.
les enfants en déplacement. Les éducateurs aussi doivent emprunter leur
propre voiture. À la longue, ça coûte cher, et ce n’est pas très équitable.
Avec un soupçon de communication, d’organisation et de bonne volonté,
les parents peuvent se répartir les voyages tout au long de la saison.

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PLATEAU TECHNIQUE LES ANGLES HEBDOPRINT - FOOT CITOYEN - 21 - MAGENTA CYAN JAUNE NOIR
Portfolio FC Nantes
Photos : FC Nantes De nos envoyés spéciaux à Marseille, Jérôme Perrin (textes) et Frédéric Gameiro (photos)

LE JEU D’APPUI DES «CANARIS»


Le FC Nantes est décidément un club solidaire. Sur le terrain, tout d’abord, où son fameux jeu «à la Nantaise» a construit sa
légende sur les bases du collectif. En dehors des pelouses, les «Canaris» savent également se montrer généreux.
Samedi 6 décembre dernier, derrière le président Waldemar Kita, très sensible à la cause défendue par notre association,
le club de Loire-Atlantique et ses supporters ont ainsi soutenu Foot Citoyen lors du match contre le leader lyonnais, en nous
allouant, notamment, à l’occasion de cette rencontre un don, scellant officiellement le partenariat entre le le club nantais
et Foot Cityen. Après la conférence de presse, les propos profonds de sens du premier des dirigeants nantais,
l’échauffement des joueurs sur la pelouse, habillés du T-shirt Foot Citoyen, confectionné pour l’occasion, et un superbe
coup d’envoi donné - de l’extérieur du pied droit - par Didier Roustan, président de l’association, il est temps de remercier
ce club à part, pour son aide et son accueil des plus chaleureux, qui ont d’ailleurs été récompensés le soir même,
puisque Foot Citoyen a une nouvelle fois porté chance à ses généreux donateurs…

WALDEMAR KITA
« RESPECTER DES RÈGLES DE VIE POUR Y ARRIVER ! »
Au cours d’une conférence de presse à
La Jonelière, Monsieur Waldemar Kita,
président du FC Nantes, a expliqué les
raisons qui ont poussé son club à soutenir
l’action de Foot Citoyen... Extraits.

« Il est important d'aider le football amateur et celui


de la "rue". Pour cette raison, nous souhaitons appuyer
l'action de Foot Citoyen. Dans la vie, il est important de
respecter certaines règles pour y arriver. Les vraies
valeurs du sport, telles que le respect de l’autorité, des
Lois, l'abnégation ou le goût de l'effort, sont éducatives.
C’est pourquoi, il est de notre devoir, pour nous clubs professionnels
de football, d’aider des initiatives telles que celle-ci, car outre la passion et la compétence sur le sujet de Didier
Roustan et de son équipe, le football français, qu’il soit amateur ou d’élite, a besoin d’outils pédagogiques pour
pouvoir rendre les jeunes plus forts et plus citoyens. Le FC Nantes est donc très fier de pouvoir, comme Sedan,
Saint-Etienne et Montpellier ont pu le faire cette saison, aider, à son tour, l’association Foot Citoyen ! »

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PLATEAU TECHNIQUE LES ANGLES HEBDOPRINT - FOOT CITOYEN - 22 - MAGENTA CYAN JAUNE NOIR
Radio

RA
DI
O LE ZAPPING FOOT CITOYEN
LA MIXITÉ SOCIALE
Le PUC, partenaire et « club pilote » Foot Citoyen, nous nous devions de recevoir
les deux têtes pensantes de cette institution du football francilien : Daniel Morvan et
Jean-Marc Lafont. En compagnie de Didier Roustan, Frédéric Hamelin, Sébastien
Morel et Corentin Coëplet, tour d’horizon d’un « grand » club, parisien et universitaire,
et zoom sur sa philosophie la mixité sociale dans le football.

Didier Roustan : Aujourd’hui, nous accueillons


Daniel Morvan, le président de la section football du
et de faire avancer les choses. Ça rentre dans
un projet de vie, on commence à faire des
ON ESSAYE DE Didier : En compagnie de Jean-Noël Gaillard,
président de L’US Écouen-Ezanville, du District
PUC, c'est-à-dire du Paris Université Club, et Jean- suggestions, puis on fait en sorte de s’y impliquer TROUVER DES du Val-d’Oise, qui joue en Promotion d’Honneur,
Marc Lafont, le vice président. C’est un vieux club ensuite... C’est le travail de chaque bénévole, on mais qui a surtout un match de Coupe de France,
parisien, ça, le PUC ? devrait d’ailleurs plus les mettre en valeur. ÉDUCATEURS QUI un 7e tour contre Le Marcq AS, une équipe de CFA2.
Daniel Morvan : En effet, déjà plus d’un siècle Sébastien Morel : Le PUC, c’est aussi 35 nationalités Bonjour président. Vous attendez combien de
Didier… et origines différentes... POSSÈDENT UNE spectateurs ?
Didier : Comment êtes vous arrivé là Jean-Marc ?
Jean-Marc Lafont : J’ai rejoint Daniel, il y a une
Jean-Marc : Qu’ils soient Blancs, Jaunes ou Noirs,
ils ne portent qu’une seule couleur, celle du club, le
CERTAINE Jean-Noël Gaillard : On a la chance de bénéficier
du terrain de Saint-Leu-la-Forêt, qui permet d’avoir
dizaine d’années. Je suis d’abord venu au PUC Violet. Déjà, ça résoud le problème de toutes ces ÉTHIQUE environ 1500 places assises et autant debout. Je
pour accompagner mes enfants… Et, finalement, diversités, de toutes ces cultures. On travaille (Daniel Morvan) pense qu’il y aura entre 1500 et 2000 personnes.
je suis tombé dans le «piège». Daniel m’a proposé autour de leur passion, le football. Les enfants Didier : Et la Coupe de France, tout le monde en
le projet de la section éducative du PUC et ça m’a prennent du plaisir et, au fur et à mesure qu’ils Didier : Nous sommes en relation avec le District parle, même les gosses ?
séduit. Je suis ravi de faire partie de l’équipe grandissent avec nous, on essaye de leur des Flandres et, plus exactement, l’éducateur du Jean-Noël : Ce qui est extraordinaire, c’est que ça
dirigeante de cette section pour m’occuper de tous apprendre d’autres valeurs que le jeu, mais qui RC Bois Blanc, Eric Fache. Bonjour Eric, alors il ne resserre encore un peu plus les liens au sein du
ces jeunes. sont très trés liées : le respect des Lois, l’esprit du fait pas trop froid car les températures sont club car tous nos enfants sont derrière l’équipe
Didier : Et oui, très souvent, à la tête de ses clubs, jeu, la citoyenneté. On se rend compte alors que, tombées ? phare. Tous les gamins vont supporter le club.
il y a des gens qui ont grandi dedans et , parmi ces enfants aux origines sociales différentes, Eric Fache : Et bien si, c’est d’ailleurs pour ça Didier : Merci infiniment et bonne chance (NDLR :
parfois, d’autres qui viennent de l’extérieur. Mais certains en échec la semaine à l’école peuvent qu’on avait un plateau de prévu et qu’il a été le petit David battra le Goliath 1-0). On va terminer
aussi des personnes qui ne sont pas fans de connaître la réussite le week-end. Notre but, c’est annulé. cette émission avec une dernière question à
football et qui se laissent prendre au jeu. Le qu’ils arrivent à avoir la même réussite en semaine Sébastien : C’est dommage pour les petits, mais nos amis du PUC. Quelles sont les plus grosses
ballon rond est une histoire humaine et, autour de que le week-end. pouvez-vous nous expliquer ce qu’est un difficultés ?
ça, il se passe beaucoup de choses. Corentin Coëplet : Ce qui est intéressant, c’est plateau Débutants ? Jean-Marc : Les plus grosses difficultés, c’est qu’on
Jean-Marc : C’est un peu comme pour toutes les qu’au PUC, il y a aussi une mixité sociale au sein Eric : Le plateau Débutants, c’est toute une organi- manque de bras. Le problème n’est pas spécifique
associations, on y arrive par hasard et on se prend des éducateurs, ça apporte aux jeunes une autre sation que le District met en place une fois par au PUC, on voit les mêmes choses sur tous les
au jeu. Parfois, avec une certaine motivation dans vision de l’éducation... mois, voire tous les deux mois selon les secteurs. autres terrains. On manque de bénévoles. Le monde
la discipline en question mais, finalement, de fil en Didier : Ça ne pose pas de problèmes à Fréderic Hamelin : Il y a une particularité dans amateur est une image du monde civil, on a de plus
aiguille, on y voit l’occasion de retrouver des amis, certains parents que leur gosse soit sous la votre club, que nous avions observé avec Foot- en plus de mal à mobiliser les parents.
responsabilité d’éducateurs d’autres... origines, on Citoyen, c’est que les éducateurs sont ici des
LE MONDE va dire. jeunes du club et du quartier également. QU’ILS SOIENT
Daniel : On peut imaginer que ça en gratte Didier : Il y a quand même une ouverture vers des
AMATEUR EST certains… Mais… gens venus d’ailleurs ? BLANCS, JAUNES
Didier : Je trouve que c’est intéressant car pour Eric : Bien sur, on est ouvert à toutes les
UNE IMAGE DU ceux que ça gratte, et bien c’est l’occasion de leur personnes. Mais on a aussi une relation privilégiée OU NOIRS,
MONDE CIVIL, ON
montrer que la compétence, la gentillesse,
l’engagement, etc... ne sont pas uniquement une
avec les jeunes puisqu’on peut les croiser dans le
quartier…
ILS NE PORTENT
A DE PLUS EN affaire de faciès... Fréderic Hamelin : Qu’est ce que ca leurs apporte QU’UNE SEULE
Daniel : La compétence d’un éducateur est aux jeunes d’encadrer des petits ?
PLUS DE MAL À incontournable. A un moment on se moque de sa Eric : Du civisme. C’est un plus et ça les investit. COULEUR,
couleur de peau, ce qui compte c’est ce qu’il fait Par exemple, si on fait un match de Poussins et
MOBILISER LES sur le terrain. On est très attachés à sa qualité qu’il manque un arbitre de touche, on trouvera CELLE DU CLUB :
PARENTS
technique et on essaie de trouver des éducateurs
qui possèdent une certaine éthique…
facilement un « 13 » ou « 15 ans » pour tenir le
drapeau. Il y a une réelle solidarité.
LE VIOLET.
(Jean Marc Lafont) (Jean Marc Lafont)
Zap, zap, zap... Zap, zap, zap...

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PLATEAU TECHNIQUE LES ANGLES HEBDOPRINT - FOOT CITOYEN - 23 - MAGENTA CYAN JAUNE NOIR
Le tournoi de Foca
Textes Jérôme Perrin / photos Bàlint Pörneczi et Benjamin Krnic

« JE SUIS ALLÉ À SARAJEVO ! »

Il est des reportages pour Foot Citoyen qui ont une saveur particulière. Lorsque la Commission Européenne nous a invités
à un tournoi international de street-football (du foot de rue, à 5 contre 5) en… Bosnie, on se doutait que quelque chose
d’un peu particulier nous attendait. Car, même si Sarajevo n’est qu’à une heure trente d’avion de Paris, l’image de ce pays
est encore empreinte de la souffrance provoquée par une guerre qui a duré plus de 3 ans. Á Foca, une ville proche de
Sarajevo, le ballon rond a pu véhiculer, durant trois jours, son message de paix auprès de jeunes venus de toute l’Europe.

M
ai 1992, les bombes tombent sur Sarajevo faisant
des centaines de milliers de victimes, Mai 2008,
ON SE SOUVIENDRA n’a que très peu connu la guerre, découvre une vie « normale ».
La lueur de l’espoir semble avoir remplacé celle qui se reflétait
des jeunes venus de toute l’Europe s’éclatent balle DE CE PAYSAGE COMME jadis dans la lunette des snipers. On peux même rejouer au foot
au pied à Foca. « Dobrodosli u Focu 08 ! » en toute tranquillité… Et comme un jeune Bosniaque de 15 ans
(« Bienvenue à Foca 2008 »). Les temps ont changé, D’UNE PEINTURE vit son amour du ballon de la même manière qu’un jeune
même si les stigmates d’un conflit qui a duré plus de 3 ans GÉANTE. Allemand ou un jeune ~cossais, on se dit que, finalement, on pour-
(d’avril 1992 à décembre 1995) se lisent encore sur les murs de rait jouer ensemble. Et comme montrer, c’est aussi partager et faire
la ville. Aujourd’hui la Bosnie revit. La nouvelle génération, qui (Balint) découvrir, voyons un peu, ballon au pied, ce qu’est devenue la

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PLATEAU TECHNIQUE LES ANGLES HEBDOPRINT - FOOT CITOYEN - 24 - MAGENTA CYAN JAUNE NOIR
Le tournoi de Foca

Ça, c’est Foca Mour témoigne : « Au début, je n’étais pas trop


rassuré par rapport à l’image d’un pays qui a
72 kilomètres séparent donc Foca de Sarajevo. connu la guerre... Mais c’était aussi l’occa-
Les deux villes sont nichées au pied des sion de jouer au foot et de faire connaissance
montagnes et leurs histoires se ressemblent. avec des Anglais, des Turcs… ». Et Mounir de
Les horreurs de la guerre ont marqué les souvenirs, compléter : « On fait un tournoi vraiment
mais les gens veulent tourner la page. Le football magnifique et ce que j’en retiens pour l’ins-
n’est peut être qu’illusoire aux yeux de certains tant c’est la notion de partage et de plaisir de
observateurs extérieurs mais, lorsqu’en mai jouer au foot. Ça me touche vraiment… ça
2008, en partenariat avec la Commission me donne des frissons » Ah oui, on a oublié de
européenne, la ville organise « Le festival euro-
péen du football de rue », une douce sensation de ON FAIT UN
renouveau coule le long de la Tara, la rivière
locale. 24 délégations représentées par des asso- TOURNOI
ciations de 16 pays différents, garçons et filles VRAIMENT
mélangés, âgés entre 14 et 18 ans, sont là pour
le prouver. Parmi toutes ces équipes, l’une d’elle MAGNIFIQUE…
est lyonnaise : « Sport dans la ville », une asso-
ciation axée sur l’éducation par le sport auprès des
ÇA ME DONNE
jeunes en difficultés. La délégation française vient DES FRISSONS
de terminer son match contre les Portugais de
« Cais » (association contre l’exclusion social).
(Mounir)
Dans les rues de Sarajevo
Les regards de Mour et Mounir absorbent tout ce l’influence ottomane est
qui les entoure. Il y a les jeunes filles locales peu vous dire que ce tournoi n’a pas d’arbitre. Les encore très visible.
habituées à voir « ces grands blacks » et impa- joueurs s’autogèrent et lèvent la main lorsqu’ils
tientes de mieux les connaître. Puis, ils s’arrêtent pensent avoir été victimes d’une faute. Encore Pour lui aussi, ce tournoi est une décou- Il aura donc suffi de trois jours de football, trois
un moment devant le curieux style « kick and un moyen de communiquer et d’échanger verte... humaine, mais aussi culturelle : « En jours au milieu d’inconnus venus des quatre
rush » des Irlandais, celui aux passes courtes des grâce au football, mais surtout de faire tomber rentrant chez moi, je vais dire à mes copains coins de l’Europe, dans un pays dont le nom
Espagnols ou encore la technique plutôt « brut de des préjugés. Balint, un jeune Hongrois de 15 ans, qu’ici, il y a beaucoup de montagnes, que
décoffrage » des Anglais au physique bien supé- explique : « Ça nous oblige à échanger entre c’est très beau. Moi, je ne connais que les ON SE DOIT
rieur à celui des Turcs. Entre deux matchs, ils se nous, à savoir résoudre un problème. Ça immeubles de mon quartier et je ne crois
marrent en voyant deux policiers bosniaques nous rend solidaires et ça nous plaît vrai- pas qu’en Hongrie on ait des montagnes DE RESTER
« tripoter » la balle : « Dobrodosli u Focu 08 ! » ment. Les filles et le foot, c’est universel... » aussi grandes… On se souviendra de ce HUMBLES ET
paysage comme d’une peinture géante. »
SOURIANTS,
Trois jours et adieu les préjugés
PARCE QUE
L’image que s’étaient faite ces jeunes de la LES PLUS
Bosnie change petit à petit. Dans leur imaginaire,
les balles ne sont plus les mêmes et seule TRAUMATISÉS,
les filets tremblent après avoir été traversés. CE SONT EUX
Même les plus grands effacent le souvenir
d’un pays meurtri. C’est le cas de Bachir Bejoui, (Bachir Bejoui)
l’un des responsables des jeunes Français :
« La première chose qui m’est venue en tête n’évoquait, il y a encore quelques années, que le
sur la Bosnie, c’est la guerre. Un pays trau- désespoir et la souffrance. Un pays que Mour et
matisé. Je ne pensais pas voir autant de jeu- Mounir ne pouvaient situer sur une carte, et pour-
nesse car j’imaginais des personnes âgées, tant que tous connaissaient. En rentrant chez
des agriculteurs. On croyait surtout trouver eux, dans la banlieue lyonnaise, ils garderont
des ruines et des champs de mine. Ce n’est peut-être en tête les images d’un dribble décisif
pas le cas et on s’aperçoit que les gens ont sur un allemand, d’un coup franc magique
vite repris le dessus. On ne pourra jamais se dans la lucarne du gardien tchèque, mais
rendre compte de ce qu’ils ont vécu, et on se surtout, comme le confie Georgy Sole, l’autre
doit de rester humbles et souriants, parce accompagnateur : « Ils pourront dire dans leur
que les plus traumatisés, ce sont eux. » quartier : “ Je suis allé à Sarajevo ! ” »

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PLATEAU TECHNIQUE LES ANGLES HEBDOPRINT - FOOT CITOYEN - 25 - MAGENTA CYAN JAUNE NOIR
Le tournoi de Foca

BACHIR BEJOUI (ÉDUCATEUR DE « SPORT DANS LA VILLE »)


« POUR CERTAINS JEUNES,
C’ÉTAIT DÉJÀ UNE PREMIÈRE DE SORTIR DE FRANCE… »
Bachir Bejoui et Georgy Sole accompagnaient les jeunes Lyonnais de « Sport dans la Ville » pendant leur séjour
à Foca. Ils témoignent de l’idée que leurs joueurs se faisaient du pays et comment ils ont, eux aussi, découvert
un pays qui, une dizaine d’années après la fin d’une guerre, respire l’envie et apprécie d’être comme les autres...

aidera peut-être à rentrer dans le cadre de l’asso-


ciation « Sport dans la Ville » pour pouvoir, plus
tard, être eux aussi amenés à participer à des
événements tels que celui-là.

Les témoignages sont, finalement,


ce qu’il y a de plus efficace…
Georgy : Exactement, et puis avec tous les jeunes
issus de différents quartiers, chacun pourra trans-
mettre dans le sien ce qu’il a vécu.
Bachir Bejoui : Ça reste un séjour assez mémora-
ble pour eux. Pour certains, c’était déjà une pre-
mière de sortir de France, de leur ville et, aussi,
l’occasion de rencontrer différentes cultures. C’est
toujours enrichissant.
CARSTEN RAMELOW
(ex-joueur international
allemand)

« L’IMAGE D’UN
MOMENT
DE PLAISIR»
Ex-pilier de la sélection allemande
(46 sélections) et du Bayer
Leverkusen, Carsten Ramelow
était présent au tournoi
omment les jeunes ont Comment allez-vous aborder le sujet

C accueilli la nouvelle en rentrant ? Pourquoi êtes-vous là


aujourd’hui ?
d’aller jouer en Bosnie ? Georgy : Il est prévu que les jeunes nous fassent
Georgy Sole : Bizarrement, car parvenir leurs impressions sur le séjour. Nous les Pour moi, il est très important de voir à
dans leur tête, la Bosnie était ferons ensuite publier sur une sorte de gazette Ils ne se connaissaient pas avant travers le football comment vivent ensemble
encore associée à la guerre. Ils avaient une cer- qu’on distribuera sur les terrains, afin que ceux qui de partir ? tous ces jeunes de différentes nationalités...
taine appréhension du pays, alors ils se sont un n’ont pas pu venir se rendent compte du déroule- Georgy : Certains s’étaient déjà rencontrés dans Et c’est génial ! Alors, si je peux aider ce
peu documentés sur internet, mais ils ont surtout ment du séjour. Le fait que cela vienne de jeunes des matchs ou des tournois, mais ils n’étaient pas genre d’initiative par ma présence, je le fais
vu des images très dures et ils n’imaginaient pas de leur âge aura plus d’impact je pense. Cela les vraiment potes au départ. Ce séjour leur volontiers et de mon mieux.
la culture qui existait derrière tout ça. On a même a permis de se découvrir. Ils sont là pour
du rassurer certains parents. Aujourd’hui, on peut s’amuser, pas pour gagner. Ça laisse plus de place Que garderez-vous de ce tournoi ?
voir qu’ils ne regrettent pas du tout leur choix. pour apprendre à se connaître et échanger... Le fais d’être tous là réunis et de jouer
ensemble en prenant du plaisir... Et si les
Quels souvenirs garderont-ils AVEC TOUS LES jeunes sont heureux, je le suis aussi.
de ce tournoi ?
Bachir Bejoui : De la Bosnie, que du positif. Il suf- JEUNES ISSUS Quelle image d’un ex-joueur pro
fit de les avoir vus s’amuser durant tout le tournoi DE DIFFÉRENTS voulez-vous transmettre aux
pour en être persuadé. Même le soir, il a fallu les jeunes ?
canaliser. Je pense qu’ils se sont surtout aperçus QUARTIERS, C’est sûr que l’image d’un pro est très
que les gens étaient super solidaires dans ce pays,
contrairement à eux dans leurs quartiers où il y a
CHACUN POURRA importante vis-à-vis d’un jeune. Apres tant
d’années à Leverkusen, j’ai vu de nombreux
souvent des bandes, des communautés et des TRANSMETTRE joueurs de nationalités différentes, de conti-
barrières. Là, tout le monde est mélangé, les nents divers, mais, au bout du compte, il y
enfants viennent discuter avec eux, et ça les
DANS LE SIEN avait l’image d’une seule et même équipe,
marque. J’espère qu’ils retiendront aussi les CE QU’IL A VÉCU. unie dans la victoire et la défaite. Et c’était
concepts de fraternité et de solidarité, et que cela cela le plus important.
leur servira pour plus tard. (Georgy)

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PLATEAU TECHNIQUE LES ANGLES HEBDOPRINT - FOOT CITOYEN - 26 - MAGENTA CYAN JAUNE NOIR
Les papiers du coach
À Reims, Pascal Stefani (Textes) et Frédéric Gameiro (Photos)

L’ÉDUCATEUR «ANIMATEUR»
Un entraînement de qualité dépend du contenu que l’éducateur veut bien proposer, mais surtout de sa capacité à l’animer.
Aussi exigeant que positif, Frédéric Izeda, coach des «16 ans nationaux» de l’EF Reims-Sainte-Anne-Châtillon (District de la
Marne), s’emploie à mettre de la vie dans ses exercices. Chaque mois, au cours d’une séance, il nous explique sa méthode.

Au début de l’entraînement,
coach Fred explique à ses joueurs
à quelle sauce ils vont être entraînés.

ance s d e . ..
Les sé
Co a ch F r e d
« Un échauffement, ça peut être rébarbatif. Je leur propose donc quitte à sautiller sur place. De mon côté, je bouge beaucoup parce
ETAT DES LIEUX quelque chose de ludique, où ils travaillent ensemble, se tapent que je veux avoir le meilleur d’eux-mêmes. Si tu restes à côté d’un
dans les mains... C’est l’échauffement qu’ils font avant chaque seul groupe, celui-là seulement va travailler. Dans ton dos, les autres
Une fois tous les joueurs réunis sur le terrain, Fred fait un topo match. Ils sont maintenant autonomes parce qu’on l’a travaillé peuvent faire le mauvais geste ou le réaliser en dilettante, sans être
rapide sur le contenu de l’entraînement... lors de l’avant saison. Je les observe mais, quand ils sont en position dynamique. Je parle fort et je dis « tu », plutôt que leur
« Je compte les absents, et parfois je reviens sur le match précé- ensemble, il est très rare d’en voir un à la traîne. » prénom, pour qu’un maximum d’entre eux se sente concerné par
dent ou sur un fait qui aurait pu se passer. C’est le moment le plus mes conseils. S’ils ne font pas les efforts sur des exercices faciles,
adéquat pour un retour à froid. Après, je leur dis ce que l’on va faire ils seront incapables de faire des choses simples en match. Je me
pour l’entraînement. C’est juste une ébauche, je leur indique le PLACE AU BALLON répète souvent, parce que même s’ils n’écoutent pas la première
menu sans entrer dans le détail, sinon on perdrait trop de temps. Ça information, je sais qu’à un moment ils vont l’intégrer. »
leur donne une idée de l’axe de travail. » Les joueurs enchaînent deux exercices où ils répètent les
passes, comme des gammes. Deux par deux, d’abord, puis par
groupe de quatre. Fred parle, bouge beaucoup et va de l’un à JE BOUGE BEAUCOUP
ECHAUFFEMENT l’autre. Il encourage, corrige... Ses consignes sont brèves,
directes et simples. Sa présence et sa voix forte dynamisent PARCE QUE JE VEUX
l’exercice.
Les joueurs partent s’échauffer seuls. Placés en deux files « Ça fait aussi partie de la mise en train, qui dure de dix à vingt
AVOIR LE MEILLEUR
indiennes, ils suivent une chorégraphie sympa et bien rodée.
Fred n’a pas à intervenir.
minutes. J’y intègre des notions techniques et on révise les gammes
à chaque fois. Je leur demande d’être toujours en mouvement,
D’EUX-MÊMES.

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PLATEAU TECHNIQUE LES ANGLES HEBDOPRINT - FOOT CITOYEN - 28 - MAGENTA CYAN JAUNE NOIR
Les papiers du coach

District de la Marne

Un échauffement bien
« chorégraphié »,
c’est tout de suite
plus sympa.

L’ÉDUCATEUR DOIT
IMPÉRATIVEMENT
ANIMER, ÊTRE VIVANT,
ÊTRE UN MENEUR...
J’ESSAIE DE DYNAMISER
LES EXERCICES,
Y COMPRIS LES PLUS
SIMPLES, AFIN QUE
CHACUN FASSE
LES EFFORTS POUR
PROGRESSER.

Fred met ensuite ses joueurs en situation d’attaque. A travers « Si j’insiste sur un joueur, ça peut devenir barbant pour lui. Mais comprenne que c’est sérieux, mais la sanction est donnée entre
plusieurs exercices, il leur fait travailler les longues diagonales, les l’objectif, en fin d’année, est d’avoir progressé. Pour cela, il faut deux consignes, afin de ne pas gêner l’animation de l’exercice.
remises à une touche de balle, les centres et les frappes. Les jeux être généreux dans l’effort, et il y a une seule façon de régler ça : « C’est le respect. Même si, dans le fond, il a raison d’être énervé, même
portent sur la gestuelle et les déplacements, et se succèdent sur un marteler le message. Ce n’est pas facile pour eux de m’avoir sur si c’est sorti machinalement, il n’a pas à le dire. Il ne faut pas en faire un
rythme particulièrement soutenu. Le rôle de Fred est essentiel dans le dos, mais jamais je ne leur manque de respect. Ce n’est pas drame non plus. À la prochaine séance, il tournera sa langue sept fois
ces exercices. l’objectif, même s’il peut m’arriver de contrarier un joueur, sans dans sa bouche avant de parler. Les petits heurts entre joueurs font par-
le vouloir, par un mot qui va le toucher. Dans ces cas-là, je posi- fois du bien, ça permet d’avancer. »
tive dès que j’ai un moment avec eux. Si un joueur en prend pour
AU MILIEU son grade, la séance d’après, je vais l’encourager d’autant plus.
Je suis astreignant, sérieux, mais je dédramatise tout le temps. »
JE SUIS EXIGEANT,
Positionné au milieu de l’action, Fred intervient souvent, SÉRIEUX, MAIS JE
félicite, corrige chaque erreur et fait la démonstration lui-même POUSSER, MOTIVER…
si nécessaire. Le jeu s’arrête, mais ses explications rapides et DÉDRAMATISE
claires évitent de casser le rythme de l’exercice.
« Je suis constamment au milieu d’eux et je mets de la voix. Ils sont Une fois seulement, Frédéric Izeda hausse le ton sur l’un de ses TOUT LE TEMPS.
jeunes et leur esprit peut partir ailleurs. Je parle fort, fermement, de joueurs, après un centre raté...
sorte que, même s’ils n’entendent pas tout, ils vont comprendre que « C’est sur Loïc, un attaquant qui a d’énormes qualités mais qui n’a
je suis exigeant envers eux. On est obligé de mettre de l’intensité. Le toujours pas marqué en championnat. À l’entraînement, il veut toujours
courage et la discipline permettent de compenser les différences de faire des trucs extraordinaires, comme sur l’action où je lui crie DU PHYSIQUE LUDIQUE
niveau quand on rencontre les équipes de clubs pros. » dessus. Je lui ai dit que ce qu’il ratait ici par manque de concentration
se répercutait en match. C’est parfois un peu dur, mais c’est mon rôle
de les pousser jusqu’à ce qu’ils comprennent. Je connais mes joueurs, L’entraînement se termine sur un exercice douloureux, pour la tête
MARTELER, DÉDRAMATISER… et je sais que si je hausse le ton, ça va en motiver certains, quand et les jambes : le travail physique. Fred fait travailler ses joueurs en
d’autres vont avoir la tête dans le sac. Je fais attention à ça. » binôme. L’objectif est de rattraper à la course son coéquipier. Et le
physique devient ludique… Fred continue à donner de la voix.
Gursel, nouvel arrivé au club, force sur ses adducteurs pour «Ça, ils n’aiment pas trop, mais ils trichent rarement. À la fin, ils devaient
effectuer ses diagonales. Fred demande de la souplesse SANCTIONNER… avoir un voile noir devant les yeux et pourtant ils repartaient à fond. Il faut
dans le geste et ne le lâche pas : « Tu as tout ton temps »... les encourager, et pour qu’ils se surpassent je leur mets un coéquipier
Il le fait recommencer, encore et encore, sans s’impatienter. Pendant un exercice, un jeune s’embrouille légèrement avec un devant eux. C’est important de rendre ludique ce genre d’exercice, un
À la fin de la séance, Gursel finit par réussir la diagonale partenaire. Une insulte fuse. Fred l’entend. Sans interrompre le jeu, peu «usant», mais on retrouve ici une situation de match, comme quand
parfaite. Son coach lui dit bravo... il lui demande de faire 50 pompes. Le ton est assez ferme pour qu’il ils doivent s’accrocher pour rattraper un adversaire.»

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PLATEAU TECHNIQUE LES ANGLES HEBDOPRINT - FOOT CITOYEN - 29 - MAGENTA CYAN JAUNE NOIR
foot 2 rue
La série est diffusée tous les mercredis sur
à partir de 7 h 00.

TAG : Le capitaine GABRIEL : « L’intello » JÉRÉMIE DIT « JEM » : un peu SAMIRA DIT « SAM » : REQUIN : Il est le chef de ÉLOÏSE : Ses parents
de l’équipe et le héros du groupe. Il est interne frimeur, drôle, comique, travailleuse, brillante, l’équipe des Requins. Excellent possèdent l’Institut Riffler.
de la série. Orphelin, il est car ses parents travaillent blagueur et taquin, il est aussi déterminée, pétillante, arbitre. Il est toujours prêt à Fort caractère et
interne à l’Institut Riffler. à l’étranger. fragile et généreux. C’est un athlétique... Elle exploite avec rendre service aux Bleus et secrètement amoureuse
dur au cœur tendre. talent l’architecture urbaine sait parfois les raisonner. de Tag, elle garde le but
quand elle joue au foot. des Bleus.

Producteur : TÉLÉ IMAGES KIDS (Philippe Alessandri et Giorgio Welter)


Réalisateurs : Stéphane Roux/Bruno Bligoux
Scénaristes : Marco Beretta/Serge Rosenzweig/Françoise Charpiat
Dessinateur : Stéphane Roux

« MACHO » MATCH !
Alors qu’a lieu un tournoi de Foot2rue dans la
cité, Sam et sa copine, Manuela, se réjouissent à
l’avance de pouvoir y participer. Mais au moment
de s’inscrire, elles apprennent avec stupeur que
les filles ne sont pas admises. Une vraie injustice
pour nos héroïnes qui vont devoir faire preuve de
malice et d’ingéniosité pour prouver que les filles
valent bien les garçons quand il s’agit de ballon.

Pour gagner un peu d’argent de La maman de Momo : « Au fait En allant à l’entraînement, Sam rencontre Celle-ci lui montre alors une affiche:
poche, Sam fait du baby-sitting Samira, j’aurais encore besoin de en bas de son immeuble sa copine « T’as vu, demain, il y a un tournoi
en s’occupant du petit Momo. toi demain... » Manuela. de 3 contre 3 ! Ça te dit ? »

Ensemble : « On ne peut pas louper Nos deux amies, enthousiastes, vont donc Mais la réponse de l’organisateur « Ici, le foot, c’est un truc de Miguel : « Je te connais, t’es ma voisine,
ça ! » s’inscrire au tournoi… n’est pas des plus sympas : mecs ! Les nanas, vous ne faites mais il va falloir que t’ailles jouer à la
« Des nanas au tournoi ?... Vous pas le poids ! » baballe ailleurs... »
rigolez, c’est hors de question ! »

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PLATEAU TECHNIQUE LES ANGLES HEBDOPRINT - FOOT CITOYEN - 30 - MAGENTA CYAN JAUNE NOIR
foot 2 rue

Samira a du mal à accepter les Tag, énervé : « T’as une demi- Et comme Jeremy y va … Samira, excédée, Après l’entraînement, Sam retrouve … et lui propose de venir
réflexions des garçons… Et ça se lit heure de retard… Bravo Samira!» de sa petite réflexion : répond sèchement : Manuela en bas de son immeuble… jouer au foot avec elle.
encore sur son visage quand elle arrive « Ah les nanas, jamais « Toi, tes réflexions, tu
à l’entraînement... à l’heure ! »… te les gardes ! »

Manuela : « À quoi ça Sam:«Tu ne vas pas te laisser Manuela : « Toi, au moins, tu peux Eloïse retrouve Samira qui Sam : « Ce sont les garçons de Samira se confie à sa partenaire...
servirait ! De toute façon, abattre par ces gros nuls!» t’entraîner avec les Bleus… Allez, s’exerce seule contre un mur : la cité… Ils ne veulent pas Eloïse:«Quoi! Et vous allez accepter
on est des filles et on n’a ciao Sam!» « Qu’est-ce qui ne va pas qu’on fasse leur tournoi… » ça sans réagir ! Sam, tu te rappelles
pas le droit de jouer au Sam?» comment tu avais fait pour rentrer
foot ici. » dans l’équipe?»

Tag étonné:«Qu’est-ce qu’elles ... et les surprend en train de fouiller dans


ont, aujourd’hui, les filles?» les affaires des garçons!

Plus tard, Eloïse et Sam retrouvent les


garçons à l’Institut. Eloïse : « Désolé les
garçons mais, Sam et moi, demain, nous Gabriel, intrigué, décide alors de Eloïse : « Bon, on va t’expliquer parce que Une à une, les filles s’habillent alors en… Pendant ce temps, Gab discute
faisons du shopping... » les suivre... toi, tu comprendras… » garçon pour tromper les organisateurs du avec Tag, un peu contrarié par
tournoi... l’attitude étrange des filles.

Tag : « Bizarre cette histoire de Malgré le réconfort de Les filles, elles, suivent Mais Miguel trouve cette Le lendemain, alors que Samira C’est le petit Momo que sa mère
shopping… Je me demande s’il son ami, Tag, un peu leur plan et s’inscrivent équipe un peu louche. prend son petit déjeuner, on vient de déposer en coup de
n’y a pas un mec là-dessous.» jaloux, ne semble pas au tournoi sous le nom sonne à la porte… vent !
très rassuré... des « Rebelles ».

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PLATEAU TECHNIQUE LES ANGLES HEBDOPRINT - FOOT CITOYEN - 31 - MAGENTA CYAN JAUNE NOIR
foot 2 rue

Samira est en panique:«Momo! La seule solution qui s’offre à elle, pour pouvoir Gabriel : « Bon, d’accord, mais ça va Evidemment, l’idée ne plaît pas trop Tag : « Il y a vraiment un truc qui cloche
Avec ce tournoi, je t’avais participer au tournoi : demander à Gabriel de être difficile de le cacher. Il va falloir la aux autres... Mais ils n’ont pas le choix! dans cette histoire de shopping ! »
complètement oublié! » garder le bébé... jouer fine. »

En tout cas, les garçons ont reçu une mission Pendant ce temps, le tournoi a déjà Et les « Rebelles » donnent le tournis à En revanche, ça se passe moins Mademoiselle Adelaïde pense
qui ne s’annonce pas de tout repos. commencé… leurs adversaires. bien pour Gabriel et Jérémy dans même avoir des hallucinations
leur rôle de baby-sitter. auditives, mais au bout d’un
moment…

Mademoiselle Adelaïde : « Non, je ne … Qu’est ce que vous mijotez encore ? Heureusement, Tag a eu le Sauf qu’entre temps, il a Pour les filles, les choses se Mais, finalement, elles
rêve pas... Que se passe-t-il ici ?... J’ai l’impression d’avoir entendu des temps de cacher Momo disparu ! compliquent face aux « Lions » finissent par l’emporter
cris de bébé ! » dans le débarras… de la cité de Miguel. grâce à leur courage…

Mais quand un ballon, jeté par Miguel,


vient heurter la casquette de Manuela….

… et se qualifier pour la finale du tournoi. … elle doit se dépêcher de dissimuler Quant aux garçons, ils continuent de … qui a, hélas, trouvé refuge dans À la cité, les soucis commencent
ses cheveux longs. chercher le petit Momo dans toute le bureau de la directrice. quand Miguel qui a suivi Manuela
l’Institut... découvre la supercherie.

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PLATEAU TECHNIQUE LES ANGLES HEBDOPRINT - FOOT CITOYEN - 32 - MAGENTA CYAN JAUNE NOIR
foot 2 rue

Miguel : « On t’avait dit que le foot ça n’était Enervé, il décide d’enfermer de force Miguel : « À cause de toi, je ne suis pas en Du côté des garçons, Tag a récupéré Maintenant que les choses sont
pas pour les filles… Il a quand même fallu que la jeune fille dans le placard à balais. finale... Comme ça les « Rebelles » vont Momo grâce à Gabriel, qui a réussi à rentrées dans l’ordre, Gab décide
tu te la joues ! » devoir déclarer forfait ! » faire sortir Mademoiselle Adelaïde de d’expliquer à Tag pourquoi les
son bureau. filles étaient si mystérieuses.

Elles décident alors


de piéger Miguel….

Les filles s’aperçoivent vite que Une fois débarrassé de lui, les Après un début de match difficile, Mais, au même moment, Miguel Trop tard ! Samira, d’une superbe
Manuela a un problème et elles « Rebelles » peuvent disputer la les filles reprennent l’avantage s’échappe et court jusqu’au reprise de volée, donne la victoire à
s’empressent de venir la … qui se fait prendre finale du tournoi de la cité grâce à leur jeu rapide et terrain raconter tout ce qu’il son équipe.
secourir. à son propre jeu! contre les « Snakes ». technique. sait.

Au coup de sifflet final, les … Les supporters et Puis c’est une véritable acclamation Et l’organisateur du tournoi Même Miguel se rend compte de Même le petit Momo est
«Rebelles » retirent leur casquette les joueurs en restent qui accueille leur victoire… Pas de déclare alors le tournoi de son erreur:«Je m’excuse Manuela, heureux devant les jongleries
et dévoilent leur secret… bouche bée... doute, le foot2rue est aussi fait pour la cité ouvert aux filles! j’étais jaloux de toi, de voir que tu de Gabriel et Jeremy. L’esprit
les filles. jouais mieux que moi... » du foot2rue a encore gagné.

Marinette PICHON (ex-internationale Féminines, 112 séléctions, 82 buts)


L’AVIS DE L’EXPERT
«LA MIXITÉ PERMET UNE OUVERTURE D’ESPRIT...»
Que pensez-vous de la mixité filles- Que peuvent-elles apporter Avez-vous été parfois rejetée par les genre : « Ils jouent avec une fille, ça va être facile
garçons dans le football ? aux garçons ? garçons au foot ? de gagner ! » Et puis on a gagné 1-0, et c’est moi
Pour l’avoir connue quand j’étais plus jeune, C’est aussi une bonne chose pour eux car cela leur Non, en tout cas je n’ai jamais été totalement qui ai mis le but… Et on est allé en finale.
je peux dire que c’est une grande chance pour permet d’avoir une ouverture d’esprit plus large et exclue. Dés l’âge de 5 ans j’ai joué avec des Sentiez-vous un besoin de faire plus que
les féminines. Grâce à ce contact, on peut une plus grande compréhension. Les filles apportent garçons jusqu'à la fin des dérogations. Par les garçons pour vous faire respecter ou
s’améliorer techniquement et physiquement. de la discipline, de l’implication dans les exercices et contre, c’est vrai qu’il y avait quelques railleries accepter complètement ?
On s’aguerrit également en termes de vitesse et dans les gestes, car pour compenser leurs lacunes auxquelles je répondais rapidement dans J’ai toujours eu cette envie de bien faire et
de perception du jeu. Cela oblige les Féminines techniques et physiques, elles vont rechercher le le jeu par des dribbles ou des buts. Ça mettait de me faire plaisir avant tout… ça coulait de
à se hisser au niveau des garçons, et cela se geste parfait, plus jouer sur l'anticipation.... Et un terme à tout ça. Je me souviens lors d’un source. J’avais plus l’impression d’être la
ressent après dans les qualités footballistiques. ces attitudes inspirent alors les garçons. tournoi en Minimes, les adversaires se moquaient, coqueluche que le vilain petit canard.

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PLATEAU TECHNIQUE LES ANGLES HEBDOPRINT - FOOT CITOYEN - 33 - MAGENTA CYAN JAUNE NOIR
Les jeunes féminines du PUC
Textes : Juliette Lamy / Photos : Frédéric Gameiro

OH LES FILLES, OH LES FILLES...


« … Elles nous rendent marteau ! » C’est du moins ce que chantait, il y a près de vingt ans le groupe « Au Bonheur
des dames ». Sur les terrains de foot, cela est encore très vrai, surtout quand elles se mettent à dribbler les garçons.
Des dribbles qu’elles doivent multiplier au quotidien pour se faire une place dans un monde du football encore très
masculin. Pour vous donner une idée, nous avons accompagné, dans le cadre de notre projet de partenariat avec le
PUC, les jeunes féminines du club et leur éducatrice, Marie-France Ropartz, lors d’un tournoi de… garçons !

Le jeu (collectif et) au pied,


c’est ce qui motive
et motivera Pénélope
à pratiquer le football.

c
’est le premier jour de l’été et un battue pour être à Sèvres ce jour-là. Elle a dû
beau soleil s’est posé sur Sèvres négocier avec le club organisateur pour obtenir
(92). Pour les organisateurs du la possibilité de faire jouer ses Benjamines dans
tournoi Poussins, c’est un plaisir de la catégorie inférieure contre des… garçons. Sa
plus… Pour Marie-France Ropartz motivation doit rejaillir sur ses « protégées » et leur
aussi, l’éducatrice des jeunes Féminines du PUC, qui permettre de progresser grâce à des expériences
a emmené dans ses «bagages» Marie, Pénélope, comme celle-ci, même si c’est dans un tournoi
Melissa, Inès, Lou et Audrey, six des Benjamines et de… garçons. Malheureusement, toutes les filles
Poussines du club universitaire parisien. n’ont peut-être pas la même envie, et elle a dû
renforcer son équipe de trois garçons, Grégory,
MIXITÉ FORCÉE... Dorian et Yannick, des Poussins du PUC évoluant
en Foot loisirs pour deux d’entre eux (photo
Des filles qui n’ont pas voulu laisser passer la ci-contre). Pour eux aussi, l’occasion est belle
chance de participer à un tournoi. Trop rares sont, de participer à un tournoi, même si c’est dans
en effet, les tournois pour les féminines de ces une équipe de… filles! D’autres se sont montrés
catégories... C’est pourquoi Marie-France s’est moins intéressés…

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PLATEAU TECHNIQUE LES ANGLES HEBDOPRINT - FOOT CITOYEN - 34 - MAGENTA CYAN JAUNE NOIR
Les jeunes féminines du PUC

Paris Université Club

et les filles à ces âges-là n’est déjà pas négligeable et elles ont,
de plus, très rarement l’occasion de se mesurer à eux... Et, sur la durée
d’un match, cela se ressent… À l’arrivée, l’équipe mixte du PUC
n’a gagné aucun match… Pourtant, les filles ne sont pas vraiment
déçues, ayant fait preuve jusqu’au bout d’un bel état d’esprit... Au-delà
du résultat brut, elles ont déjà, elles, gagné leur tournoi, autour du
plaisir et de la seule participation. Elles peuvent être fières même car les
occasions de gagner ont été réelles et les matchs disputés. C’est pour les
garçons de l’équipe que la frustration de ne pas avoir gagné est la plus
forte. Et même s’ils reconnaissent que les filles ont bien joué au football,
ils ont perdu à cause d’elles. Mauvais jugement…

MOTIVATION ET PASSION
Le football féminin a encore du chemin à parcourir pour se faire sa
place dans ce monde encore très masculin. D’ailleurs, pour les filles Marie-France ROPARTZ
SANS COMPLEXES de l’équipe, jouer au foot dans la cour de récré de l’école est quasi (éducatrice des jeunes Féminines du PUC)
impossible… Même si elles sont licenciées dans un club, cela reste
Cinq matchs de dix minutes sont au programme de l’après-midi, encore strictement réservé aux garçons. Et certains de leurs petits
« LES FILLES SONT
quatre matchs de poule et un de classement. Avant d’entrer sur camarades pensent encore que le football est interdit aux filles ! RAREMENT LES BIENVENUES,
le terrain, Marie-France regroupe son équipe pour une dernière Les clichés ont la vie
explication... Aujourd’hui, elle ne les fera pas tourner aux différents
SAUF SI ELLES SONT TRÈS
postes comme à l’entraînement car elle veut éviter de mettre BONNES. »
certaines filles en difficulté. Seul le poste de gardien(ne) sera
tournant… Après les consignes sur le mode de fonctionnement, elle
passe à un petit rappel tactique… À l’aide d’un tableau magnétique, Pourquoi votre équipe féminine regroupe-t-elle
représentant un terrain de foot miniature, et de magnets de les « 13 ans », les Benjamines et les Poussines ?
deux couleurs différentes, une pour chaque équipe, elle explique J’entraîne des équipes Féminines «13 ans» depuis 6 ans, dont trois
concrètement les tactiques de jeu, elle donne du sens au choix et au PUC, quand le club a souhaité créer une équipe Féminines
postes des joueurs, puis elle insiste sur l’intérêt de participer et «13 ans». Dans les catégories inférieures, les filles sont souvent
de jouer plutôt que gagner ! Les filles sont attentives, sereines, seules au milieu de beaucoup de garçons et j’ai constaté que
contentes d’être là et, manifestement, sans aucun complexe de beaucoup d’entre elles arrêtaient ce sport après un an
jouer contre des garçons… Le message semble passer. d’expérience, voire en cours d’année. Et cela n’avait rien à voir avec
leur niveau. Comme elles ne sont pas trop nombreuses dans la
catégorie « 13 ans », j’ai proposé de créer une équipe regroupant
LE SENS DU COLLECTIF dure… Dans leur club aussi, elles doivent les trois catégories pour que les plus jeunes aient une équipe dans
s’accrocher car, avant d’avoir la chance d’être dans l’équipe laquelle elles puissent, elles aussi, jouer et progresser.
Au fil des matchs, on entend même des adversaires dire que de Marie-France, elles sont seules ou à deux dans des équipes de
« c’est la honte de se faire dribbler par des filles… » Et c’est vrai garçons et ont rarement le ballon : « Ils ne nous font pas la passe ». Quels en sont les intérêts et les inconvénients ?
qu’elles jouent bien, ayant déjà intégré le sens du jeu collectif. C’est C’est dire si elles doivent être passionnées et motivées ! Elles ont Les intérêts principaux pour les filles sont de pouvoir jouer et
d’ailleurs pour ça qu’elles ont choisi ce sport, pour le plaisir du jeu du tempérament ces filles, et il leur en faudra encore pour poursuivre apprendre le jeu. A l’entraînement, je fais deux groupes pour les
collectif et du jeu au pied. Certes, quand elles perdent le la pratique de leur passion et faire reconnaître le football féminin, exercices techniques : les petites et les grandes car elles n’ont
ballon, elles pourraient essayer d’aller un peu plus loin pour tenter même si, à leur modeste niveau et à leur âge, elles n’ont pas encore pas le même niveau. Lors de matchs, elles jouent ensemble et les
de le récupérer, mais la différence de force physique entre les garçons conscience d’œuvrer dans ce sens. plus jeunes peuvent ainsi vraiment s’améliorer. La différence de
niveau est le seul inconvénient à cette équipe. Je dois donc leur
faire accepter d’avoir de moins bons résultats pour permettre au
plus grand nombre de progresser.

Constatez-vous une différence dans le jeu entre


filles et garçons ?
Les filles sont plus collectives, elles semblent intégrer cette notion
naturellement. Elles se font des passes, respectant davantage
chacune leur zone de jeu, contrairement aux garçons qui, au
même âge, pratiquent ce qu’on appelle « la grappe de raisin »,
à savoir qu’ils sont tous collés au ballon.

Et dans l’attitude ?
Les filles sont moins sûres d’elles. Elles ont tendance à douter
de leurs capacités... Je suis très attentive à ce qu’elles découvrent
leurs qualités et qu’elles aient confiance en elles. C’est aussi les
préparer pour l’avenir.

Le football féminin manque encore cruellement


de reconnaissance et de considération…
C’est un vrai problème. Dans la pensée commune, le football
est un sport exclusivement masculin. Les filles sont rarement
les bienvenues, sauf si elles sont très bonnes. Elles doivent
faire deux fois plus leurs preuves. Le football féminin de haut
niveau et la jeune génération d’éducateurs plus ouverts à cette
Marie, l’attaquante
question contribuent à l’évolution des mentalités, mais le chemin
de l’équipe, fait admirer
est encore très long pour que les filles aient la considération
son toucher de balle.
qu’elles méritent.

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PLATEAU TECHNIQUE LES ANGLES HEBDOPRINT - FOOT CITOYEN - 35 - MAGENTA CYAN JAUNE NOIR
Journée de l’arbitrage
Textes : Pascal Stefani / Photos : Frédéric Gameiro

CONTESTATION DE L'ARBITRAGE :
LE CANCRE FOOTBALL
Les journées de l’arbitrage réunissent quatre sports collectifs différents dans un même stade. Au Parc
de la Courneuve, pour cette septième édition, nous avons joué au jeu des comparaisons : comment l’arbitre
est-il respecté dans chaque sport ? Quels moyens sont mis en place pour cela ?
Pas de surprise, le foot est loin derrière les autres.

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PLATEAU TECHNIQUE LES ANGLES HEBDOPRINT - FOOT CITOYEN - 36 - MAGENTA CYAN JAUNE NOIR
Journée de l’arbitrage

L
e côté burlesque de la scène pourrait prêter rugby, c’est l’éducateur qui arbitre. À chaque faute, il arrête le
à sourire, si elle n’était pas si tristement révéla- AUTRES MŒURS jeu et explique la règle. En Minimes, ce sont les joueurs qui arbi-
trice des maux du football. Nous sommes au Parc trent à tour de rôle. Cette année, j’ai mis à l’arbitrage ceux qui
de la Courneuve, pour la septième édition des Pour trouver plus de fraîcheur et de plaisir, il suffit de se balader du ont l’habitude de contester. L’année dernière, en Benjamins, ils
« Journées de l’arbitrage », et le match vient de côté du hand. Ici, les arbitres jouent et les joueurs arbitrent. S’il ren- avaient souvent un truc à dire pour influencer ou commenter les
se terminer. Un joueur de « 13 ans » toise un arbitre qui en contre aussi des problèmes, le hand n’a pas la même façon de les décisions. Depuis, ils parlent beaucoup moins.» Au rugby, un joueur
compte 19 et qui lui rend cinquante centimètres. Dans une gérer. Exemple, lors d’un match, quand un joueur mécontent insulte qui conteste est fautif. Au foot, on lui trouve toujours une bonne raison.
vraie colère, il lui rappelle qu’il y avait bien penalty, lui un arbitre : celui-ci l’envoie sur le banc pour deux minutes, son
conseille de mettre des lunettes et finit par l’applaudir entraîneur le prend à part et lui explique, tranquillement qu’il ne doit
ironiquement, avant de s’en aller, laissant l’arbitre interloqué. pas dire de telles choses. Nizar, 13 ans, joueur et arbitre en forma- STOP À LA CONTESTATION
La diatribe du petit amuse son coach, qui n’a pas cru bon tion, explique l’apport de l’exclusion temporaire : « La règle des
d’intervenir : « Une erreur d’arbitrage, ça peut arriver. Mais deux minutes, ça aide à calmer les joueurs. Quand ça m’arrive, On peut se méfier du jeu des comparaisons en arguant qu’une
c’est dur à comprendre et à avaler, même pour des gamins j’ai la rage contre moi parce que je sais que j’ai fait une bêtise, erreur d’arbitrage au football a plus de conséquences sportives
de cet âge. » Sur le terrain annexe, c’est le même n’importe et que je laisse mes coéquipiers en infériorité. » Pour François que dans les autres sports. Pourtant, le Hand, le Rugby et le Basket
quoi. Plusieurs joueurs entourent un arbitre qui vient de Chouvin, coach à l’US Alfortville, les jeunes ne se préoccupent pas disposent chacun de règles qui permettent de limiter la contestation
siffler penalty à leur encontre. L’un deux a cette réflexion, de l’arbitrage : « La Fédération fait un grand boulot auprès des (cf. encadrés). Ce que le foot n’a pas, ou peu. Leur atout imparable
révélatrice : « T’es trop nul ! Pourtant c’est les journées jeunes. C’est très rare que ça conteste ou qu’il y ait un manque réside dans le fait qu’un manque de respect envers l’arbitre
de l’arbitrage ! » Visiblement, il y a comme un malentendu sur de respect envers l’arbitre dans les petites catégories. Ça com- pénalise sportivement toute l’équipe. Pendant ce temps, les
l’objectif de cette journée... Le tournoi de football est destiné mence à être plus chaud chez les 18 ans. » On retrouve la même footballeurs continuent d’entourer et d’engueuler les arbitres en
à aguerrir les jeunes arbitres en formation. Pourtant, toute décontraction côté Rugby. Dans ce tournoi amical, les équipes sont toute impunité. Certains acteurs du football pensent que la vidéo
l’après-midi, il est souvent l’objet de tensions, de cris et de mixtes, et là aussi les arbitres sont des joueurs des équipes partici- permettrait de résoudre tous les problèmes. Tous citent le Rugby
contestations. Une suggestion pour la prochaine édition : et si pantes. Sur le terrain, pas le début de l’once d’un problème à en exemple pour prouver son efficacité. Ils oublient seulement que
l’on profitait de l’événement pour faire arbitrer les joueurs qui constater. Rien d’étonnant quand on écoute Chantal, coach à Aulnay- ce sport avait su prendre, avant de l’utiliser, d’autres mesures
attendent leur tour sur le côté ? sous-Bois, énumérer les mesures mises en place : «À l’école de efficaces. En misant sur l’humain, pas sur des caméras.

COMMENT GÈRE-T-ON LA CONTESTATION AU RUGBY ?

En cas de contestation, selon la fréquence et le ton employé, un arbitre peut soit faire reculer
l’équipe de 10 mètres, l’exposant ainsi à une pénalité, soit siffler directement une pénalité, ou bien
sortir le carton jaune, qui exclut le joueur pour 10 minutes. Voire le rouge, synonyme d’exclusion
définitive. L’exclusion temporaire, instaurée en 1992, est un véritable atout pour les arbitres.
D’autres règles récemment mises en place ont fait beaucoup de bien chez les amateurs.
L’expulsion d’un coach entraîne ainsi une pénalité aux 22 mètres. Même sanction chez les jeunes,
pour toute faute déloyale entraînant un carton rouge.

René HOURQUET (président de la commission centrale des arbitres)

« Le rugby dispose d’une très forte éducation de terroir. A l’intérieur des clubs, il y a beaucoup
de discipline. Il est évident qu’il en faut, car la frontière est mince entre la combativité et
la brutalité. Sans éducation et maîtrise de soi, certains iraient au-delà des limites permises
pour gagner. Les arbitres ont pour consigne de faire d’abord de la prévention. Mais si la
contestation se répète, ils doivent sanctionner. Après avoir pris trois points, six points, pour
des écarts de conduite, ils ont plutôt intérêt à se tenir ! Nous avons un certain nombre de règles
qui sont bonnes, qui exigent de la discipline. En général, une équipe qui n’est pas disciplinée
ne gagne pas. »

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PLATEAU TECHNIQUE LES ANGLES HEBDOPRINT - FOOT CITOYEN - 37 - MAGENTA CYAN JAUNE NOIR
Journée de l’arbitrage

COMMENT GÈRE-T-ON LA CONTESTATION AU HANDBALL ?


L’exclusion temporaire de deux minutes est la mesure la plus dissuasive. Ainsi, à chaque coup
de sifflet, tout joueur doit poser la balle à terre sous peine d’être exclu. Cette règle favorise
un jeu direct et empêche toute discussion. Au bout de trois fois « deux minutes », c’est l’expulsion
définitive. En général, la contestation est sanctionnée à l’appréciation de l’arbitre, selon son
intensité. Mais si un joueur se pose devant l’arbitre, il sort automatiquement deux minutes. Pour
un geste déplacé ou une injure envers lui, c’est carton rouge. Il peut aussi utiliser les cartons
jaunes en guise de prévention. Trois jaunes mènent à l’exclusion temporaire.

François GARCIA (président de la commission centrale d’arbitrage à la FFHB)

« D’une manière générale, l’arbitre est respecté au handball. Même si, avec l’arrivée du professionnalisme,
on a vu arriver des comportements qu’on ne voyait pas avant. Nous avons également des règles qui
leur facilitent la tâche. On a une armada de sanctions qui empêchent les joueurs de contester. Et puis,
c’est un état d’esprit. Pourtant, au contraire d’un arbitre de foot, celui de hand n’a pas le temps
de réfléchir à sa décision. Il doit siffler tout de suite, au risque de se tromper, ce qui a plus de chances
d’entraîner des contestations. »

COMMENT GÈRE-T-ON
LA CONTESTATION AU BASKET ?

Eddy VIATOR (arbitre international de handball)

« Au basket, il y a une certaine distance avec les joueurs, très peu de tutoiements ou de contacts
physiques. Pour ça, je n’aurais jamais pu être arbitre de foot. Dans notre règlement, il y a
obligation que les joueurs s’adressent à l’arbitre de façon courtoise. Bien sûr, ça m’arrive d’être
contesté, et je comprends qu’un joueur puisse se sentir lésé. Mais ça ne lui donne pas
l’autorisation de dépasser une certaine forme de langage. S’il n’est pas correct, je peux siffler
une faute technique. On donne deux lancers francs pour l’équipe adverse, et le ballon sur la
remise en jeu. En amateur, ces limites sont plus souvent dépassées. Heureusement, la
Fédération a décidé que tout joueur qui concède trois fautes techniques consécutives en
championnat sera suspendu un match. Les joueurs prennent vraiment la faute technique comme
une sanction personnelle et font tout pour ne pas en avoir. »

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PLATEAU TECHNIQUE LES ANGLES HEBDOPRINT - FOOT CITOYEN - 38 - MAGENTA CYAN JAUNE NOIR
Initiative : l’arbitrage à 5
Pascal Stefani (Textes) / UEFA (Photos)

LE CLUB DES CINQ


En novembre, l’International Board a testé l’arbitrage à cinq, à Chypre, lors du tournoi qualificatif pour le championnat
d’Europe des «moins de 19 ans». Said Enjimi faisait partie de l’aventure. Il nous a livré ses impressions, plutôt positives.

Un arbitre central, deux juges de touche


et deux arbitres additionnels... ça fait bien cinq

Pour MIchel Platini, utiliser


la vidéo dans l’arbitrage REGARDS CROISÉS IMMOBILE INTIME CONVICTION
reviendrait à « déshumaniser »
le football. Afin de réduire « J’ai fait deux matchs en tant qu’arbitre «C’est assez frustrant d’être bloqué derrière la ligne, « Nous sommes tous en contact avec des
les erreurs, le président additionnel, et un match en tant qu’arbitre central. de ne pas courir. Mais il faut en accepter le principe. oreillettes. Après c’est une question de discipline. Il
de l’UEFA préconise la Je trouve que c’est une excellente évolution, On est là pour donner un coup de main à l’arbitre, faut intervenir à bon escient, seulement si on a
parce que ça permet de croiser les regards et et il faut le prendre tel quel. L’objectif est de limiter l’intime conviction qu’il y a une information majeure
présence de deux nouveaux d’échanger les points de vue. Ça permet aussi le nombre d’erreurs dans la surface. En tant que à donner à l’arbitre central. Le reste du temps il faut
arbitres, chargés de de faire une prévention efficace. Quand les central, ce système nous oblige à courir se taire pour ne pas le perturber.»
surveiller la surface joueurs sont dans la surface, l’additionnel se différemment. Mais c’est une histoire de réglages.
de réparation. L’International trouve juste à côté d’eux. Il peut leur parler, L’inconvénient majeur, c’est que l’on doit garder
DU CONFORT
Board a effectué à Chypre, notamment sur les corners, quand ils se tiennent notre concentration pendant 90 minutes, alors qu’il
en novembre dernier, le le maillot ou se bousculent. L’effet est immédiat. n’y a pas grand chose à faire. »
premier test de ce dispositif, Les joueurs écoutent, parce qu’ils savent que le « J’ai beaucoup apprécié le confort et la tranquilité
penalty n’est pas loin s’ils continuent à le faire d’esprit que cela procure en tant qu’arbitre
dont faisait partie Said devant nous. » central. On sait que l’on a un collègue dans
Enjimi. Pour l’arbitre C’EST UNE chaque surface qui est susceptible de nous aider
français, l’essai a été grandement. Mais il ne faut pas oublier que ça
concluant. ERREURS ÉVITÉES EXCELLENTE reste un arbitrage humain, et que l’additionnel
peut se tromper. Là, on ne se trompera plus à
ÉVOLUTION. trois, mais à cinq. Ça ne va pas régler tous les
LE DISPOSITIF «Nous n’avons pas eu l’occasion de siffler des problèmes. »
décisions majeures, comme un penalty. Ça nous a ÇA PERMET
« L’arbitre additionnel est situé derrière la ligne surtout permis de ne pas en prendre de mauvaises.
de but… Deux systèmes ont été testés : dans Par exemple, sur une action, un gardien a bousculé DE CROISER UN TEST
le traditionnel, il se trouve du côté de l’arbitre un attaquant sur l’une de ses sorties. J’étais juste
assistant, et s’occupe de la moitié de surface qui derrière et j’ai pu voir que le gardien ne jouait que le LES REGARDS « Cette compétition n’est pas assez significative
était auparavant dévolue à ce dernier ; dans le ballon. Tony Chapron était au centre, il n’avait rien pour avoir un point de vue définitif. On était très
système triangulaire, il se place de l’autre côté du dit. Je lui ai dit «pas faute, pas faute» dans ET DE FAIRE loin de l’ambiance, des enjeux, de la pression des
but, et surveille la moitié de surface face à lui… l’oreillette, et il a pu repartir tranquillement. Il m’a dit joueurs et du public qui existent chez les
l’arbitre central s’occupe à chaque fois de l’autre après le match qu’il ne savait pas s’il y avait faute, UNE PRÉVENTION professionnels. Il faut voir ce que ça va donner
moitié. En théorie, la surface est donc coupée en qu’il aurait peut-être sifflé penalty. C’est un confort lors de ces compétitions majeures. Mais c’est
deux. Mais en pratique, si l’additionnel voit très important pour le central. Ce genre d’action est EFFICACE. une évolution intéressante, et l’International
quelque chose dans toute la surface, il doit bien arrivé plusieurs fois, et cela le conforte dans ses Board va se réunir fin février pour décider de la
sûr le signaler au central. » décisions, surtout quand il a un avis mitigé.» suite à donner à cet essai. »

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PLATEAU TECHNIQUE LES ANGLES HEBDOPRINT - FOOT CITOYEN - 39 - MAGENTA CYAN JAUNE NOIR
Radio

RA
DI
O LE ZAPPING FOOT CITOYEN
LE RÔLE DU CAPITAINE
Le rôle du capitaine est un sujet que nous avions traité dans le numéro 14 de Foot Citoyen.
Pour cette émission dédiée à ce thème, nous avions reçu Pascal Baptiste, le Président du FC
Villennes Orgeval, du District des Yvelines et Philippe Jonot, son vice-président. Avec au
téléphone, un invité, prestigieux, Marius Trésor, ancien capitaine des Bleus.

Didier : Alors, aujourd’hui on parle du capitanat … Le capitanat c’est un


A BOUT DE BRAS état d’esprit ! Le capitaine, c’est un rôle particulier. Il doit avoir une LE CAPITAINE DOIT
influence, une sorte d’aura sur l’équipe. Ça demande des qualités bien
Didier Roustan : Bonjour à tous. Nos invités du jour sont président et particulières. Vous avez déjà été capitaine, Pascal, lorsque vous étiez
AVOIR DES VALEURS
vice-président du FC Villennes-Orgeval, Pascal Baptiste et Philippe joueur ? RECONNUES PAR
Jonot. Depuis combien de temps êtes-vous dans le club Philippe ? Pascal : Oui, capitaine,, c’est un poste qui me permettait de
Philippe Jonot : Depuis 23 ans Didier. m’exprimer en termes de motivation, de placement, que ce soit chez TOUS, UN CERTAIN
Didier : Ce n’est pas négligeable, alors que vous, Pascal, c’est un peu les Poussins et les Benjamins. C’est un peu le reflet du club et de
plus récent, sachant que vous ne venez pas de Paris à la base. l’équipe, c'est-à-dire la motivation, l’envie de bien faire. CHARISME ET DES
Pascal Baptiste : Non, effectivement je suis originaire du Massif
Central où j’ai voyagé dans le monde du football jusqu’à l’âge de
Philippe : Le capitaine a beaucoup de choses à dire, surtout en début
de saison. Il doit avoir des valeurs reconnues par tous et un
QUALITÉS TECHNIQUES.
(Philippe Jonot)
20 ans. Et je joue depuis 10 ans au club du FC Villennes-Orgeval. certain charisme et des qualités techniques. Mais il doit aussi connaître
Didier : D’accord, et si j’ai bien compris, la politique du club le règlement par cœur et, bien souvent, ce n’est pas le cas.
a évolué. Il y a quelques années votre politique était axée sur les Zap, zap, zap... avoir toutes les données avant de choisir. Après notre qualification
Seniors et maintenant elle est plus orientée sur les jeunes… Vous Didier : Alors, maintenant, nous sommes en compagnie d’un super pour la Coupe du monde 78, puisqu’on parle d’anecdote, on s’est
qui êtes plus ancien Philippe (NDLR : il a été de longues années capitaine : Marius Trésor... Bonjour Marius, il ne fait pas beau à retrouvés en Italie pour un match amical (à Naples), où l’on a fait
président de ce club, avant de passer la main donc à Pascal Baptiste), Bordeaux en ce moment. 2-2. Juste avant l’entraînement, il m’appelle et me demande ce
expliquez-nous... Marius Trésor : Bonjour Didier, ah non c’est sûr ! Il fait un mauvais que je pense de l’équipe, puisqu’il y avait des jeunes, et il voulait
Philippe : Pour avoir une équipe compétitive, il fallait acheter des temps, et pour un Antillais, ce n’est pas bien. savoir s’il faillait les faire débuter directement. Je lui ai dit que
joueurs, et en Seniors, ça coûte cher. Alors, il y a 8, 9 ans, on en a eu Didier : Oui, mais quand on est capitaine, on tient bon la barre malgré toute l’équipe qui nous avait qualifiés était là, et qu’il devait alors
marre et on a décidé de former des éducateurs pour donner la priorité les intempéries. Tu avais déjà le brassard de capitaine à Ajaccio ? peut-être faire entrer les jeunes en seconde mi-temps. En même
aux jeunes. Aujourd’hui, on commence à en récolter les fruits puisqu’il Marius : Non non, j’ai eu mon premier brassard de capitaine à temps, je voyais les joueurs me regarder, alors je lui ai dit « Ça me
y a 5, 6 jeunes qui évoluent déjà en Seniors. 23 ans, à l’OM, grâce à Jules Zvunka en 1973/1974. fait plaisir que tu me demandes, mais la prochaine fois, on le fera
Didier : Pascal, tu es maintenant le nouveau président, qu’est ce qui te Didier : Toi qui étais plutôt réservé, qu’est ce que le rôle de capitaine autrement ». Je ne voulais pas que les jeunes croient que c’est moi
pousse à donner de ton temps, de ton énergie, de ta sueur pour un club t’a apporté ? qui faisais les choix.
de foot ? Marius : C’est vrai que le fait d’être capitaine m’a permis de Didier : Oui, un capitaine peut avoir des problèmes de ce côté là, on
Pascal : J’ai commencé le football à l’âge de 7 ans avec un père m’ouvrir un peu, parce que j’essayais d’être un leader sur le peut aussi passer pour un chouchou… Marius merci d’avoir été avec
toujours présent derrière moi... J’aime bien le milieu associatif, mon terrain pour permettre à mes coéquipiers de me suivre. J’essayais nous, à la prochaine…
métier, c’est formateur. J’aime transmettre, j’aime partager, aussi de donner l’exemple, parce que j’ai toujours essayé d’être Zap, zap, zap
donc lorsque Philippe m’a demandé de prendre la vice-présidence, correct envers l’arbitre, envers mes adversaires. Parfois, il faut Didier : Alors, pour terminer Pascal et Philippe, tout se passe bien
j’ai dit oui... Et puis, quelques années plus tard, un autre oui pour la quasiment remplacer l’entraîneur sur le terrain. Mais, au final, être au club ?
présidence. capitaine de l’OM ou de l’équipe de France, ça n’a pas changé Philippe : Oui, il n’y a pas de problème, il y a une bonne
Zap, zap, zap... ma vie... dynamique. J’ai passé la main à un plus jeune qui connait déjà tout du
Didier : Des petites anecdotes en temps que capitaine... Tu me dis «métier» de président.
J’ESSAYAIS D’ÊTRE que ça n’a pas changé ta vie, mais bon, capitaine de l’équipe de Didier : Qu’est ce qu’il faudrait changer à l’avenir?
France, ce n’est pas rien… Bon, ça aurait été mieux si vous aviez Pascal : Le bénévolat ! C’est très dur, pour l’encadrement des jeunes.
UN LEADER SUR gagné en 82 aux tirs au but, puis en finale contre l’Italie, mais tu as Après c’est une question de moyens.
gagné une Coupe de France contre Lyon, en 76… Quelles étaient tes Didier : Il n’y a pas possibilité de mobiliser les parents ?
LE TERRAIN ET DE rapports avec Michel Hidalgo ? Pascal : On les sollicite pour les déplacements … Avec le plus petit
Marius : Michel, qui est arrivé à la tête en 1976, a été le premier budget des Yvelines, on lutte constamment. On est obligés de faire des
DONNER L’EXEMPLE. à me nommer capitaine de l’équipe de France. On se retrouvait Lotos, des tournois, de faire plein de manifestations à coté….
(Marius trésor) souvent parce qu’il aimait être entourés de certains joueurs pour Le nerf de la guerre aujourd’hui c’est l’argent !

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PLATEAU TECHNIQUE LES ANGLES HEBDOPRINT - FOOT CITOYEN - 41 - MAGENTA CYAN JAUNE NOIR
Trajectoire
Interview et photos réalisées par Jérôme Perrin

DE LA TERRE À LA LUNE
AVEC... CHARLES N’ZOGBIA
« DÈS MON PREMIER ENTRAÎNEMENT,
J’AI PRIS UN PLAISIR FOU ! »
« Charles who ? » s’interrogent les 53 000
spectateurs de Saint James’ Park, le stade
de Newcastle United, en septembre 2004.
Charles N’Zogbia, un jeune joueur de 18 ans,
arrivé du Havre sans un match de L1 dans les
jambes, qui s’en vient prêter main forte à
Alan Shearer et consorts… Et, depuis quatre
ans, l’international Espoirs arpente le couloir
gauche des « Magpies ». Une incroyable
aventure, de Caucriauville, un quartier du
Havre, à la Premier League, que «Zog»
nous conte avec toute sa franchise, nous
faisant découvrir ce monde merveilleux ou,
parfois, cruel d’un ballon rond qui roule vite.

C
harles, quel est ton premier Joël Baudry, c’est l’entraîneur qui t’a dement dit qu’il voyait en moi un joueur
souvenir de footballeur ? le plus marqué ? professionnel. Mais à l’époque je ne me posais pas J’AI VU PLEIN
Ce sont mes débuts à Caucriauville. Oui, c’est quand même l’homme qui m’a propulsé de question, je jouais au foot, je marquais des buts
Je devais avoir 5 ou 6 ans et je dans le football. Il m’a entraîné à Caucriauville, puis et je gagnais des matchs.
DE POTES PLUS
jouais en bas de mon immeuble avec des copains. je l’ai rejoint ensuite au club de La Frileuse et il a COSTAUDS QUE MOI
Joël Baudry, qui travaillait pour la ville du Havre, suivi ce que je faisais quand j’étais au Havre. Même Tu étais comment petit ?
et passait par là, est allé voir ma mère pour lui si j’étais encore un gamin, c’était un entraîneur que Ça dépend… en général, j’étais et je suis encore NE PAS REVENIR
proposer de m’inscrire dans le club du quartier. j’écoutais et que je respectais énormément. un gars qui se méfie au début, mais une fois que À LA RENTRÉE…
Au départ, mon père ne voulait pas et me répétait je suis à l’aise dans un groupe je m’ouvre assez
tout le temps : « Va à l’école et travaille bien ! »… Que t’a-t-il le plus appris ? facilement.
Mais ma mère lui a habilement glissé : « Laissons Il m’a surtout donné confiance et m’a toujours faite en internat au centre parce que mes parents
le y aller, on verra comment ça se passe. » Et dès rassuré sur mes qualités de footballeur. Il m’a rapi- Après Caucriauville, direction le déménageaient à Paris.
le premier entraînement, j’ai pris un plaisir fou. club de la Frileuse, puis Le HAC…
Oui… La première année où j’étais à Frileuse, j’ai Tes parents ont joué un rôle important
C’est parce que tu étais très bon pour reçu une lettre pour faire un essai au Havre. Mais dans tes choix de jeune footballeur ?
ton âge qu’on est venu te chercher ? MON PÈRE ME ma mère a dit « non ! ». Elle voulait que je reste un Oui, malgré le fait qu’ils soient divorcés… j’ai
Non je ne pense pas, en tout cas pas à cet âge. an de plus, pensant que j’étais trop jeune... plutôt grandi avec ma mère. Elle venait parfois voir
RÉPÉTAIT TOUT LE
Je signais ma première licence, c’est tout ce que je L’année suivante, elle a accepté et j’ai réussi à mes matchs, mais elle était plus focalisée sur mon
voyais. La seule chose dont je me souviens TEMPS : “VA À L’ÉCOLE intégrer le groupe des Benjamins deuxième année travail à l’école... Elle ne voulait pas que je mise
vraiment c’est que je prenais du plaisir à jouer au du HAC. Jusqu’à 17 ou 18 ans, j’habitais toujours tout sur le football même si elle m’a toujours dit
football, à marquer des buts… J’évoluais numéro 10. ET TRAVAILLE BIEN !” chez mes parents à Caucriauville,. En revanche, qu’elle me soutiendrait dans mes choix, que
ma dernière année de formation au Havre je l’ai je réussisse ou pas.

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PLATEAU TECHNIQUE LES ANGLES HEBDOPRINT - FOOT CITOYEN - 42 - MAGENTA CYAN JAUNE NOIR
Trajectoire

Vers quel âge commences-tu vraiment Je crois que tu mesures 1,70 m…


à croire en une possible carrière ? 1,74 m, s’il te plaît (rires) ! Joël BAUDRY (son premier éducateur à Caucriauville)
Vers 15-16 ans, avec mon premier entraîneur
au HAC, Guy Guibot. C’était un super coach. Pardon, 1,74 m… Ceci dit, tu ne « IL SENTAIT VRAIMENT LE FOOTBALL ET NE
Le centre de formation a été un choc pour faisais pas partie des plus grands
moi... Là, je passais d’un à deux entraînements de ton équipe... Ta taille t’a-t-elle S’ARRÊTAIT JAMAIS DE JOUER. »
par semaine à un par jour, après les cours... posé des problèmes ?
C’était chaud ! Non, et puis je me disais que si, chaque fin de L’actuel entraîneur Seniors de Montivilliers (76) a
saison, on me demandait de revenir l’année
C’est aussi un autre état d’esprit… d’après, c’est que je devais valoir le coup. Et j’ai
découvert Charles lorsqu’il travaillait pour la ville du
Oui, car tu découvres ce qu’est vraiment l’esprit de vu aussi plein de potes, plus costauds, ne pas Havre, dans le quartier de Caucriauville. Il nous livre
compétition. Et tu te dis à bien des moments que tu revenir à la rentrée...
vas craquer… Au départ je voulais juste prendre du un portrait du petit « Zog » devenu presque grand.
plaisir en jouant et, quand venait le moment où Tu suis donc tout le cursus du
«À l’époque où j’ai connu Charles, il avait dessus de la moyenne. Il sentait vraiment le
j’étais fatigué, j’arrêtais (rires) ! Très vite, tu com- centre de formation mais, à l’arrivée, cinq ans et demi. Généralement, on prenait football et ne s’arrêtait jamais de jouer.
prends alors que si tu veux réussir, il va falloir t’en tu ne signes pas pro au Havre ? les gamins vers six ans, mais il avait l’air Comme en plus il était assidu et assimilait les
donner les moyens en travaillant dur, très dur. Alors Non ! On est en 2004, je suis en « 18 ans » tellement enthousiaste à l’idée de s’entraîner choses rapidement, il a progressé très vite.
j’ai pris sur moi et je me suis dit : « J’aime le foot et première année, on termine premiers du dans une équipe que j’ai demandé à sa mère Gamin, il avait déjà du caractère et chambrait
je vais tout faire pour réussir »… De toute façon, championnat de notre région... Ça s’annonce de me le confier. Je me souviens très bien souvent. S’il passait deux ou trois petits ponts
arrivé en « 13 ans » tu n’as plus beaucoup le choix… plutôt bien et le club me propose un contrat de ce jour-là. Je suis rentré chez moi et j’ai pendant l’entraînement, je vous garantis
Plus ou moins dès cet âge là, les choses deviennent de Stagiaire pro de deux ans. Et il est prévu que dit à ma femme : « Aujourd’hui, j’ai vu un qu’on l’entendait sous la douche. Mais c’était
réellement sérieuses et tu commences à y croire. je reprenne avec le groupe de CFA… Le souci, phénomène. Ce gosse sera professionnel ! » aussi un garçon très bien élevé et très
Par la suite, Charles m’a conforté dans mon respectueux. On a passé de super moments à
sentiment. C’était un garçon avec d’énormes cette époque, grâce à l’ambiance qu’il y avait
qualités d’explosivité et une technique au dans le club. Un vrai esprit de famille. »

c’est que je ne voulais pas deux ans, mais trois, coup, c’est un choc ! Ce n’est pas possible, tu te
estimant que s’ils avaient confiance en moi, cela retrouves devant plus de 50 000 spectateurs en
était normal (NDLR : s’en suivra alors un long feu… Je me suis dit : « C’est un rêve, je vais me
feuilleton plutôt nébuleux)... Finalement, comme je réveiller bientôt ! »
ne peux évoluer dans un autre club français que le
HAC, je vais faire un essai à… Newcastle. Sir Bobby Robson est le coach qui
t’a le plus marqué à Newcastle ?
Quels souvenirs en gardes-tu ? Oui, c’est certain. Il imposait le respect. Il me
C’était Sir Bobby Robson le manager de disait souvent : « Ecoute, tu es jeune, tu as les
l’époque… et je débarque au milieu des Laurent qualités pour réussir, alors prends du plaisir…
Robert, Alan Shearer… Sans faire preuve de Moi, j’ai confiance en toi. » Comment veux-tu ne
prétention, alors que j’aurais dû reprendre avec la pas t’épanouir dans une équipe et un club avec
CFA du Havre, je me retrouve à 18 ans entouré de un tel discours ?
tous ces gars, encadré par un coach mythique...
Une notion de plaisir du jeu que tu
Que te dit Sir Robson à l’issue de partages…
ton premier entraînement ? Oui, car jouer au foot, c’est mon métier, mais c’est
En anglais, s’il vous plaît, il me dit : « Petit, tu restes d’abord et surtout un plaisir.
avec nous pour le reste de la semaine ! »

Et ?
… Et tout s’est bien passé. A l’issue des 6 jours LA

FICHE
d’essai, il appelle Olivier Bernard (un autre
joueur français de Newcastle), parce que je ne
comprenais pas grand-chose en anglais, et lui

BOBBY ROBSON
ME DISAIT TOUJOURS :
“PRENDS DU
PLAISIR !”

demande de me dire : « Ce joueur-là, il reste


chez nous. Je ne veux pas qu’il fasse des essais
Charles N’ZOGBIA
dans d’autres clubs. » J’ai signé dans la foulée
mon premier contrat pro. Né le : 28 mai 1986 à Harfleur (76)
Taille : 1,74 m - Poids : 69 Kg
En septembre 2004, Newcastle mène Poste : Ailier gauche
3-0 face à Blackburn, on est dans les Clubs Successifs : Le Havre Caucriauville,
dernières minutes et… Sir Bobby FC La Frileuse, Le Havre Athletic Club,
Robson décide de te faire entrer... Newcastle United
Oui, Sir Bobby Robson me fait entrer… mais je
Sélections : 16 (Espoirs)
n’ai pas touché un ballon (rires). Mais bon, sur le

55 43

PLATEAU TECHNIQUE LES ANGLES HEBDOPRINT - FOOT CITOYEN - 43 - MAGENTA CYAN JAUNE NOIR
Radio

RA
DI
O LE ZAPPING FOOT CITOYEN
LE RESPECT DE L’ENTRAÎNEUR
Pour aborder le respect de l’entraîneur, Afid Djadaoui, responsable des Seniors du Tremblay-
en-France (DSR), mais aussi responsable d’animation auprès des jeunes à Sevran, en
Seine–Saint-Denis, s’imposait… Pied gauche de velours et voix de stentor,
il allie technique et savoir faire pour ne pas être débordé…

Afid : Quand on parle d’éducateur, il y a les formations qui vont


avec… Celui qui se dit éducateur mais qui ne se sent pas concerné CELUI QUI SE DIT
par l’éducation des jeunes, ce n’est pas un éducateur, c’est juste un
accompagnateur pour moi.
ÉDUCATEUR MAIS QUI NE
Frédéric : Afid, il a une personnalité, un charisme… J’ai été un Junior SE SENT PAS CONCERNÉ
sous ses ordres (NDLR : et il a fait un paquet de clubs ce Frédéric, et
pourtant, c’était avant l’arrêt Bosman), alors qu’on n’avait que deux ans PAR L’ÉDUCATION DES
d’écart, mais il avait déjà cette maturité avant l’heure, ce côté vieux
sage, il savait mêler l’humour et la distance, ce qui lui donnait une auto- JEUNES, CE N’EST PAS
rité naturelle. Il avait aussi de très grosses qualités de footballeur…
Didier : Ça aide, quand on est bon footballeur et qu’on entraîne des
UN ÉDUCATEUR, C’EST
jeunes, ça crée une forme de respect… Afid, tu plaisantes, tu es proche UN ACCOMPAGNATEUR…
des joueurs, mais tu dois aussi mettre une distance, sinon tu te fais (Afid Djadaoui)
bouffer aussi…
Afid : Tout à fait. C’est la confiance. Il ne faut pas tricher, que ce soit essaie de le respecter. Le plus important pour les entraîneurs est que
avec les gamins ou les moins jeunes. On fait confiance, mais il faut l’on progresse, pas que l’on gagne les matchs à mon avis. L’essentiel
L’ENTRAÎNEUR EN QUESTION que le joueur nous rende cette confiance. Il y a toujours une barriè- n’est pas de gagner, de marquer plusieurs buts... Il nous dit qu’il faut
re à ne pas franchir avec le coach, qui peut aussi être le confident. essayer de bien jouer, de faire tout ce que l’on a appris le mercredi
Ce n’est pas toujours évident… à l’entraînement, pour le montrer dans les vrais matchs.
Didier Roustan : Afid, tu as 47 ans, tu as été au Paris FC, aux Lilas, Didier : … Surtout quand on débute, et toi tu as commencé très Afid : C’est bien ce qu’il dit le gamin en parlant d’encouragement. Il y
tu travailles au service des Sports de Sevran, dans le 93, enfin le jeune…Qu’est-ce que tu donnerais comme conseil à un jeune a quelques pseudos éducateurs qui jouent la gagne absolument, sans
9-3 pour être branché, où tu mets en place également un système entraîneur qui s’occuperait des catégories un peu compliquées, les avoir une approche psychologique, sans savoir, au niveau de la pro-
d’éducation par le football. Alors, explique-moi comment ca « 15 ans » ou les « 18 ans » par exemple ? gression, le travail qu’ils doivent accomplir. Le plus important chez les
se passe du côté de la Mairie... Sont-ils conscients qu’à travers le Afid : Ce sont les catégories les plus difficiles à gérer aujourd’hui… petits, c’est de leur donner un ballon, qu’ils prennent du plaisir à travers
football on peut« révertébrer » certains gosses et leur donner les De bien être à l’écoute des enfants, de bien connaître les matchs et les entraînements.
bases et repères qui leur manquent ? l’environnement dans lequel ils vivent, c’est important pour pouvoir Frédéric : Voilà, c’est aussi ne pas dépasser les limites quand on est
Afid Djadaoui : Et bien j’espère qu’ils en sont conscients ! C’est un tirer le meilleur d’eux-mêmes sur le terrain... Si le gamin arrive en entraîneur, ne pas toucher à la sécurité psychologique de l’enfant. On
peu mon parcours... Grâce au football, j’ai pu devenir éducateur retard à l’entraînement, il peut y avoir des raisons à cela. va entendre Alexandre, responsable de l’école de foot de l’AC
sportif, et j’essaye d’inculquer aux jeunes ce qu’on m’a appris, mais Didier :Oui, voilà, donc pas la peine de l’engueuler s’il arrive en retard, si Boulogne Billancourt à le sujet.
ce n’est pas facile… on connait un minimum sa situation, on peut comprendre… Alexandre : Les joueurs ont un devoir de discipline et de respect des
Frédéric Hamelin : Les temps ont changé… A cet âge-là, surtout, où les gosses sont très sensibles… règles, mais à partir du moment où l’entraîneur a un manque
Afid : Voilà... J’ai crée un secteur qui s’appelle prévention par le Afid : …surtout aujourd’hui. Les parents ne savent de respect avec son devoir de sécurité affective des enfants,
sport. Le football reste bien sûr le moyen de toucher un maximum de plus trop comment faire. Nous sommes un peu le relais avec les c'est-à-dire la violence psychologique. Fatalement derrière la
gamins. jeunes. Nous sommes le relais dans le stade, et la difficulté c’est de réaction de l’enfant peut être une réaction de violence physique,
Didier : Ça consiste en quoi ? continuer ce relais en dehors. de désobéissance ou de marginalisation. Je m’explique. Par exemple
Afid : Nous recevons pendant les vacances scolaires ces enfants qui Frédéric : Car ce que vous enseignez sur le terrain rejaillit évidem- un gamin qui ne va pas avoir l’attention de l’entraîneur, alors le
n’ont pas les moyens de s’inscrire dans les clubs. On les incite à ment sur l’extérieur… coach va mal communiquer avec lui ou d’un seul coup il va l’écarter
venir taper le ballon au stade, avec à côté de cela des actions Afid :: Tout à fait ! Je le vois tout de suite. Si le gamin sans avoir pris le soin d’y mettre les formes. Dans ces conditions,
citoyennes, basées surtout sur le respect… se comporte bien sur le terrain, dehors il se comporte bien. S’il se l’enfant peut prendre ça comme une violence psychologique. Et du coup,
Frédéric : Et ils sont réceptifs ? chamaille parce qu’il a reçu un coup, dehors c’est la même chose. se mettre en conflit avec l’éducateur.
Afid : Oui, les résultats sont probants dans la mesure où je touche Le sport, et le football en particulier, c’est l’école de la vie… Didier : Voilà, un discours très intéressant d’Alexandre, le respon-
entre 100 et 150 gamins par jour, ce qui n’est pas rien. Zap, zap, zap... sable des éducateurs de Boulogne Billancourt. Afid, merci d’avoir été
Didier : Le thème d’aujourd’hui sera le rôle de l’entraîneur et son Laurent Tessier (Foot Citoyen, également) : On va écouter Geoffrey en notre compagnie, et à bientôt chers auditeurs sur Europe1 Sport.
autorité naturelle d’une manière générale. Beaucoup d’entraîneurs qui a 19 ans, et qui s’occupe des Débutants, des enfants de 6, 7 ans
ont des bases pédagogiques et sont éducateurs dans l’âme… donc, à propos de l’entraîneur. À cet âge, ça peut vite ressembler à
une garderie et il est très difficile de les contrôler. Alors quelle est la
plus grande difficulté lorsque l’on coach des Débutants ? Voici sa
LE PLUS IMPORTANT réponse…
POUR LES ENTRAÎNEURS Geoffrey : C’est leur concentration. Au bout d’une heure, ils
commencent à perdre la tête, ils ne sont plus avec nous. C’est
EST QUE L’ON là qu’il faut les remotiver. Dans ce cas-là on leur fait faire une petite
pause, on parle et ensuite, c’est bon, c’est reparti.
PROGRESSE, PAS QUE Didier : Maintenant on va écouter des petits gosses en question,
Laurent…
L’ON GAGNE LES Laurent : Plus particulièrement Bastien. Il a 9 ans et joue en pous-
MATCHS. sin. Il va nous expliquer le contenu de ses entraînements avec son
Bastien (9 ans) entraîneur et quel discours leur tient leur coach lors des matchs.
Bastien : Il nous laisse faire des pauses. Il nous respecte et on

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PLATEAU TECHNIQUE LES ANGLES HEBDOPRINT - FOOT CITOYEN - 44 - MAGENTA CYAN JAUNE NOIR
Reportage
Fondation d'Auteuil, Jean Besnard/Fondation d'Auteuil et J-P Pouteau/Fondation d'Auteuil

JEUX D'AILLEURS...
LA FONDATION D’AUTEUIL: LE GOÛT D’APPRENDRE
Une des missions premières de la Fondation d’Auteuil est de venir en aide aux jeunes en grande difficulté... Au Lycée
Professionnel de Saint-Jean, à Sannois, dans le Val-d’Oise, l’un des nombreux établissements de la Fondation, on a misé sur
le football comme axe de réussite… et ça marche ! De quoi s’attirer le soutien de la Fondation d’Entreprise Française des Jeux.

épartie dans 170 établisse- multiples établissements, celui de la section jeunes s’entraînent à l’internat, avant d’aller Certains parents peuvent témoigner de cette

R ments, la Fondation d’Auteuil


accueille, éduque et insère
professionnellement plus de
10 000 garçons et filles en
sportive du lycée Saint-Jean de Sannois, dans
le Val-d’Oise, a opté pour vecteur d’éducation
le sport le plus populaire pour les catégories
7-18 ans. Ici, le ballon rond agit alors comme
jouer le week-end dans des clubs amateurs de
la région.

Pour être efficace, le lycée Saint-Jean


réussite, comme ce père parlant de son fils :
« A cause de son comportement, mon fils a été
exclu de deux collèges. Je ne savais plus quoi
faire pour lui. Il avait 4 de moyenne générale en
grande difficulté, sociale, familiale ou affective ! un déclic, un moyen de valorisation a décidé d’intégrer des enfants aux qualités 5e. Maintenant, quand il rentre le week-end,
Des jeunes qui sont confiés par leurs familles et d’amélioration de l’image qu’ils ont footballistiques certaines, puisque 35 % il fait ses devoirs. Son comportement a changé,
(70 %), les services sociaux ou les juges pour d’eux-mêmes. La clé de la réussite consiste des jeunes de cet établissement accèdent et ça, je pense que le football et la Fondation
enfants (30 %). Souvent issus de familles dans un travail particulièrement intensif en ensuite à un centre de formation… Mais y sont pour beaucoup. Il est cadré, posé et sait
en détresse ou en difficulté dans leur mission commun et croisé entre les professeurs, les là n’est pas la seule finalité, et pour que s’il veut y arriver, il lui faut travailler ».
éducative, ils peuvent avoir été victimes éducateurs de l’internat et l’entraîneur de foot, ceux qui échouent dans leur objectif football, Un exemple supplémentaire que le football est
de maltraitances, être en prise avec un suivant le modèle des anciennes classes près de 78% poursuivent leurs études un formidable atout dans l’éducation des
environnement délinquant ou se trouver, « sport-études », mêlant études et activités en Seconde générale, les autres en Seconde jeunes, qui plus est en difficulté… Ou comment
simplement, en quête de repères. Parmi ces sportives de haut niveau. La semaine, les professionnelle. retrouver le gout d’apprendre.

Charly JEAN (responsable technique de la section sportive du Lycée Saint-Jean)

« LE FOOTBALL SERT DE “CAROTTE’’ POUR LES FAIRE TRAVAILLER… »


Ancien professionnel de Lens et Limoges, aujourd’hui manager général de l’AS Poissy, Charly Jean cumule également la fonction
de responsable technique de la section sportive du Lycée Saint-Jean depuis la mise en place de ce dispositif en 2003.
Quelle est la clé pour permettre à des d’équipe, la tenue vestimentaire, le langage, le crochage scolaire et l’insertion professionnelle
jeunes de raccrocher scolairement ? goût de l’effort, la volonté de réussir, sont mises des jeunes... Le football est un moyen qui
en œuvre aussi à l’école et dans la vie de fonctionne pour certains et nous l’avons vérifié
J’ai la chance d’être à la fois leur l’internat. C’est vraiment une école de vie. Le pendant ces cinq années d’existence. Nous
entraîneur, leur éducateur à l’internat et de football est un peu ‘la carotte’ pour les faire tra- partons de leur rêve pour les amener, petit à
travailler avec les professeurs pendant les vailler scolairement. petit, à la réalité. D’ailleurs, l’essentiel de mon
temps de vie scolaire. Au lycée professionnel travail consiste à les préparer à l’échec au cas
Saint-Jean de la Fondation d’Auteuil, scolarité, Mais tous ne seront pas de futurs où ils ne pourraient pas poursuivre une carrière
accompagnement éducatif et football forment footballeurs professionnels ? professionnelle de footballeur. Cela passe par la
un tout. Ainsi, les règles apprises sur le terrain découverte de métiers annexes, comme la
de foot, comme le respect de l’autre, l’esprit Notre objectif premier est de permettre le rac- formation à l’arbitrage par exemple.

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PLATEAU TECHNIQUE LES ANGLES HEBDOPRINT - FOOT CITOYEN - 45 - MAGENTA CYAN JAUNE NOIR
Les Echos

HISTOIRES COURTES (SUITE)


« SPORTS AU FÉMININ DANS LES BANLIEUES » LA PHRASE DU MOIS
Le 14 janvier 2009, à l’Espace Fraternité d’Aubervilliers
(Seine-Saint-Denis), se tiendra, de 9h00 à 18h30, la conférence C’EST NORMAL
« Sports au féminin dans les banlieues », organisée par
l’Agence pour l’Éducation par le Sport. L’objectif est de : DE SOURIRE SUR
« contribuer à une meilleure connaissance des problématiques
liées à la pratique sportive des femmes dans les banlieues ; UN TERRAIN. SI LES
présenter de nombreux témoignages concernant les bonnes
pratiques portées par les collectivités et les associations ; faire JOUEURS NE PRENNENT
des propositions pour développer l’éducation du public féminin
par le sport. » Cette journée rassemblera des politiques, des PAS DE PLAISIR,
experts et des protagonistes qui travaillent au quotidien sur le
terrain, qui ont fondé et font vivre des centaines d’associations et ILS NE PEUVENT PAS
de projets dans les quartiers. On y retrouvera notamment des
femmes qui ont choisi le football pour se faire entendre et EN DONNER !
Pour toute information, contacter l’Agence Pour s’affirmer, à l’instar de « Femmes Plus », qui œuvre dans ce sens (STEVE SAVIDAN, APRÈS SON PREMIER MATCH
l’Education par le Sport. Tél. : 01 44 54 94 33 à Dreux, depuis déjà de nombreuses années, avec des résultats
Site Internet : www.apels.org très probants. Alors, filles ou... garçons, bougez-vous ! AVEC LES BLEUS, FACE À L’URUGUAY.)

LA PHOTO DU MOIS
Dominique...
DOMINIQUE ET HRISTO...
Dimanche 21 septembre, dans le cadre du premier tour de la Coupe du Morbihan Seniors, l’US Ploeren B
reçoit l’US Arradon B. À dix minutes de la fin de la rencontre, Ploeren mène 2-1 quand l’arbitre siffle un
penalty en faveur d’Arradon, suite à une faute « présumée » sur Dominique Hiegel (NDLR : Vous ne
trouvez pas qu’il a un petit côté Hristo Stoitchkov ?). Celui-ci estime alors qu’il n’y a
pas faute à son encontre et en avertit l’arbitre, qui refuse de revenir sur sa
décision... Dominique se charge alors lui-même
de l’exécution et, au lieu de tirer et d’essayer de
vrai.
marquer, fait une passe au gardien de Ploeren. o, le
Score final : Ploeren : 2 - Arradon : 1 !!! . et Hrist
..
Un geste vraiment super, comme il est indiqué
sur son maillot.

Gérard GOUZERCH (dirigeant


de l’US Arradon, District du Morbihan)
NDLR : Pas de doute on a retrouvé Hristo…
Serait-il devenu Fair-Play ? Et bravo à
Dominique Hiegel pour son geste.

HISTORIQUE N’OUBLIEZ PAS !


Le foot a parfois un rôle à jouer... Prenez
Cuba-Etats-Unis, du 6 septembre dernier...
Ces deux formations ne s’étaient pas
rencontrées depuis 1949 ! Faisant fi du
passé, la sélection US a donc été reçue,
à la Havane, pour un match qualificatif à la
Coupe du monde 2010, qui se déroulera en
Afrique du Sud. Une rencontre forcément
spéciale, au regard du différend politique
profond existant entre les deux nations,
depuis la révolution Castriste de 1959 et
l’embargo imposé à Cuba par les
Américains depuis 1962. Pour info, les
Etats-Unis l’ont emporté 1-0.

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PLATEAU TECHNIQUE LES ANGLES HEBDOPRINT - FOOT CITOYEN - 46 - MAGENTA CYAN JAUNE NOIR
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