Informations pratiques
Fond
Ø Ce ne sont que des notes de cours, gratuites. Elles ne doivent en aucun cas
être vendues, revendues, bref monnayées d’une quelconque façon.
Ø Ce ne sont que des notes de cours, perfectibles. La critique est donc toujours
ne
la bienvenue, si tant est qu’elle soit constructive.
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Forme
ac
Ø C’est pour des raisons de compatibilité, et d’affichage uniforme, que le fichier
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est en PDF.
Ø Par conséquent, et c’est ballo, d’une part, les niveaux de texte (partie, sous-
/L
Annotations
rib
Ø Un (x) signifie qu’un morceau manque à l’appel. Un –x–, --x– ou –x-- signifie
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que le morceau qui manque à l’appel est plus gros, probablement un cours
en moins.
w
Ø Un (≈⋲) signifie que le morceau est à prendre avec des pincettes car
w
Introduction
--TOUTE l’introduction est manquante—
Le fait que ce soit un Droit pas comme les autres, un Droit comme les autres, est
évincé. Soit environ 2 cours. 9 pages.
ne
Section 1 Les personnes
hi
ac
Il faut distinguer le statut de l’individu, du couple et enfin la filiation
aM
/L
L’Art. 3 §3 CCiv rappelle que les lois concernant l’état et la capacité des personnes
.sc
régissent les Français, même s’ils résident en pays étranger. La jurisprudence en a compris
une règle de type plus bilatéral, désignant tant la loi française qu’étrangère.
w
L’état et la capacité des personnes sont ainsi régis par leur droit national.
w
w
Paragraphe 2e Le couple
Jusqu’à la fin du XXème siècle, le modèle du couple reposait sur le mariage, le
mariage monogame et entre personnes de sexes différents. En 1999 apparaît le PACS,
convention conclue entre deux personnes souhaitant organiser juridiquement leur relation.
Ce type de contrat fait partie des partenariats enregistrés, généralement par une autorité
publique.
A · Le mariage
1 · La formation du mariage
a · Conditions de fond
ne
hi
Identité, sexe, âge… d’un pays à l’autre, ça change. Le principe est celui de
ac
l’application de la Loi nationale, ce sur le fondement de l’Art. 3 §3 CCiv. Si les époux n’ont
pas la même nationalité, on peut procéder à une application distributive des lois nationales,
aM
ce toutes les fois que la condition de fond peut faire l’objet d’une appréciation distincte pour
l’un et l’autre. Genre l’âge de se marier. Il y a des conditions qui visent les deux époux, plus
précisément un lien entre les deux époux. On ne peut plus faire application distributive. Il
/L
faut faire application cumulative des lois nationales. On applique alors la Loi la plus sévère.
m
On procèdera de même sur les questions de sexe. Pareil pour les cas de polygamie. Le Droit
international privé est soucieux de trouver des solutions réalistes. On fait ainsi une différence
co
selon que le mariage est célébré en France ou à l’étranger. On entend par là l’exception
d’Ordre public. Si le mariage est fait à l’étranger, l’effet atténué de l’Ordre public implique
d.
qu’on soit moins exigeant. Lorsque ce mariage est célébré à l’étranger, il est fait en
rib
conformité du Droit étranger, un Droit acquis à respecter. On peut supposer qu’un mariage
polygamique effectué valablement à l’étranger, il est probable qu’il soit reconnu si les mariés
.sc
reviennent en France. Il faut que tous les deux bénéficient d’une législation qui autorise par
exemple la polygamie. Il n’est pas possible de voir un français aller épouser cinquante
w
b · Conditions de forme
w
Au départ, la Loi des effets du mariage régissait tous les effets personnels du
mariage, y compris les modes de dissolution. Aujourd'hui, le domaine de la Loi des effets du
mariage est… extrêmement réduit. Pourquoi ? Bah la Loi de 1975 a établi une nouvelle règle
de conflits en matière de divorce (cf. Art. 309 CCiv). En ce qui concerne la filiation, des règles
également spécifiques s’appliquent. La Loi des effets personnels du mariage régit l’adoption
par un couple marié, l’attribution du nom à la Femme, ou encore la question des donations
entre époux. Bon, on ne parle pas des effets patrimoniaux hein. Une catégorie régime
matrimonial est là pour ça.
ne
hi
3 · La dissolution du mariage, bref le divorce et la séparation de corps
ac
aM
Aujourd'hui, la Loi applicable au divorce est caractérisée par l’Art. 309 CCiv. C’est
une règle de conflit… unilatérale. Unilatérale, car elle détermine exclusivement le champ
d’application de la Loi française.
/L
3 cas sont prévus par l’Art. 309 CCiv. Soit les deux époux sont français, soit les deux
m
époux sont domiciliés en France, soit aucune Loi étrangère n’est applicable.
co
d.
Le partenariat enregistré, c’est donc un pacte qui a fait l’objet d’un enregistrement.
Au lendemain de la Loi de 1999, et jusqu’à 2009, on ne savait pas quelle était la Loi
w
CCiv, qui rend applicable la Loi de l’autorité chargée de l’enregistrement. Si un pacte est
enregistré en France, par la Loi française, conditions et effets y sont soumis. S’il est enregistré
à l’étranger, il faudra vérifier la conformité à la Loi de l’autorité qui a enregistré ce
partenariat.
Paragraphe 3e La filiation
On retrouve des règles particulières. L’Art. 311-17 pose une règle de conflit sur la
Loi applicable à la reconnaissance volontaire de paternité ou de maternité. Une telle
reconnaissance est valable si elle a été faite en conformité soit de la Loi personnelle de
l’auteur qui reconnaît l’enfant, soit de la Loi personnelle de l’enfant. Ce type de règles est
ne
une règle de conflit à finalité matérielle, ou encore une règle orientée vers un certain résultat,
le résultat étant ici une faveur à la validité d’une reconnaissance. L’Art. 311-15 CCiv prévoit
hi
quant à lui que les effets de la possession d’état sont régis par la Loi française, si l’enfant ou
ac
l’un de ses parents réside en France. aM
Concernant les effets de la filiation, la question de l’autorité parentale est régie
aujourd'hui par la Convention de La Haye sur la protection des mineurs. La Convention de la
Haye du 2 octobre 1973 désigne en principe la Loi du créancier d’aliment. Si celle-ci ne
/L
donne pas droit à des aliments, on applique la Loi du débiteur, ou encore la Loi de
l’autorité saisie.
m
co
d.
B · Filiation adoptive
rib
La Loi de 2001, retrouvée aux Art. 370-3 à 370-5 CCiv, vise cette filiation adoptive.
.sc
Quant aux conditions relatives aux adoptants, la Loi nationale s’applique s’il
w
s’agit d’une adoption par une personne seule, par la Loi des effets du mariage s’il s’agit
w
Pour les effets de l’adoption, on distingue selon que l’adoption est faite ou pas en
France. Si elle réalisée en France, le Droit français s’applique. Si elle opérée à l’étranger,
c’est encore le Droit français qui s’applique en regardant si l’adoption prononcée à
l’étranger ressemble à une adoption simple ou plénière. On le voit en fonction du
consentement donné. Une adoption plénière rompt définitivement les liens du sang. C’est
celle qui rompt définitivement la filiation par le sang. L’adoption simple ne fait quant à elle
qu’ajouter un lien à celui du sang.
Qu’il s’agisse d’un meuble comme d’un immeuble. Le domaine de cette Loi régit la
nature, et le régime des droits sur les choses. Tous ces droits relèvent du statut réel, du
statut des choses. Cette règle de conflit a été déduite par la jurisprudence de
l’Art. 3 §2 CCiv, qui dispose que la Loi française régit les immeubles situés en France. La
France en a fait interprétation extensive. La jurisprudence l’a étendu aux meubles et aux
immeubles situés à l’étranger.
ne
Même si cette règle apparaît simple, son application peut être bien plus casse
genoux. Si le meuble est situé en France, le Droit français s’applique. Bref les sûretés par le
hi
Droit français. Si ce bien est déplacé dans un autre pays, le régime des Droits sur ce meuble
ac
devient régi par la Loi d’un autre pays, celui de sa nouvelle situation.
Cette question est un conflit mobile dans le temps. Hu. On déplace dans l’espace le bien,
aM
de sorte que l’on a deux lois qui sont successivement applicables dans le temps.
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co
Une créance, c’est ça. Les droits des associés dans une société, ça l’est aussi. Il n’y a
pas de solution homogène applicable aux biens incorporels. Il y a des règles différentes selon
.sc
chaque type de bien incorporel. En ce qui concerne les rapports d’obligations, les
obligations sont soumises à la Loi à leur source. Pour tout ce qui concerne les droits des
associés dans une société, on se base sur la Loi de la société, la lex societatis. Pour tous les
w
droits et propriétés intellectuelles, il existe une grande variété de solutions. Pour la plupart,
w
d’auteur notamment.
Le bien était pris dans cette section isolément. On peut pourtant le retrouver au
sein d’une universalité de biens. Le traitement des universalités de biens en Droit
international privé peut être spécifique. Il y a des solutions particulières sur les faillites
commerciales, civiles. La Loi d’ouverture de la faillite s’applique.
ne
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A · Les règles générales
ac
aM
L’Art. 3 énonce le principe du libre choix des parties.
Il peut être exprès ou implicite. Le choix doit rester certain. A défaut de choix,
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l’Art. 4 prévoit des rattachements, objectifs, qui varient selon le type de contrats. Pour la
Vente, la Loi applicable est la Loi du lieu de livraison. Pour les contrats de service, la Loi
m
encore qu’au cas où le contrat ne prévoit pas de rattachement particulier, il est régi par la Loi
du lieu de résidence habituelle du débiteur de la prestation caractéristique. Elle permet de
d.
caractériser le contrat.
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.sc
Genre les règles du droit de la consommation (Art. 6), les contrats d’assurance (Art. 7) ;
w
les contrats de travail (Art. 8), les contrats de transport (Art. 5). Okey.
w
1
Règlement CE ROME I 593/2008
2
Convention de Rome du 19 avril 1980
3
Règlement CE ROME II 864/2007
A · Le rattachement de principe
Quelque soit le lieu de survenance du fait générateur et des conséquences
indirectes, ce rattachement de principe peut être écarté dans deux hypothèses.
➊ Premièrement, si le responsable et sa victime ont leur résidence habituelle dans le même
pays, la Loi de ce pays s’applique. ➋ Deuxièmement, les parties peuvent déroger par accord
de volonté à l’application de la Loi du lieu du préjudice, soit par accord postérieur à la
survenance du fait générateur, soit par un accord, soit lorsque les parties sont commerçantes
avant même la survenance du délit. On permet en matière délictuelle de choisir la Loi
applicable.
ne
Ce sont des rattachements qui soit tiennent compte de conventions internationales
existantes, genre la responsabilité du fait des produits, couverte par la Convention de La
hi
Haye du 2 octobre 1973. L’Art. 5 du Règlement ROME 2 reproduit les solutions de cette
convention pour ne pas poser de problèmes de compatibilité. En droit de la concurrence,
ac
l’Art. 64, en droit de l’environnement, l’Art. 7, en cas d’atteinte au droit de propriété
intellectuelle, l’Art. 8. Le règlement ROME 2 prévoit encore des règles spéciales pour
aM
résoudre les obligations nées d’un quasi-contrat, d’une gestion d’affaire, d’un
enrichissement sans cause, ou encore de la faute dans la négociation d’un contrat.
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d’application, que la Loi désignée par le règlement est applicable même si cette règle
co
désigne la Loi d’un État qui n’y est pas membre. C’est ce que l’on appelle le champ
d’application universel du règlement. On retrouve cette technique dans les conventions de
d.
La Haye. Pour un Juge français, et plus généralement pour les juges des États membres,
les règles des règlements ROME 1 et 2 constituent le droit commun.
rib
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4
L’article 6 du règlement communautaire ROME II apprécié sous l’angle du droit de la concurrence et du droit
international privé par Anne PEIGNÉ
Pour la dévolution des meubles, la Loi applicable est celle du dernier domicile
du défunt. Pour la dévolution des immeubles, la Loi applicable, c’est celle du lieu de
situation du ou des immeubles. La difficulté est ici qu’en cas où des immeubles soient
situés dans des pays différents, la dévolution de chaque immeuble obéit à la Loi de situation
du bien, source d’incohérences potentielles, ce pourquoi des projets d’uniformisation. Une
proposition de règlement vient d’être publiée dans ce sens.
ne
B · La succession testamentaire
hi
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Elle requiert de distinguer forme et fond. Pour la forme, la Convention de La Haye
aM
du 5 octobre 1961 ouvre un large éventail de lois applicables, dans le but de favoriser la
validité du testament. Pour le fond, pour toutes les questions qui touchent à la réserve
héréditaire ou aux libéralités par exemple, c’est la Loi successorale qui s’applique. Elle
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d.
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Qui dit conflit de Loi suppose la possibilité d’appliquer dans une situation de
Droit privé une autre Loi que celle qui est normalement applicable dans l’ordre interne.
ne
Chapitre I Les éléments du conflit de Loi
hi
ac
aM
Paragraphe 1er La notion de conflit de Loi
A · La concurrence entre plusieurs lois
/L
m
On peut dire qu’il y a situation de conflit de Loi quand au moins deux lois de pays
différents sont susceptibles de s’appliquer à une même situation juridique.
co
vocation à s’appliquer. Celle des deux ressortissants. Le Conflit de Loi résulte de la vocation
rib
conflit de souverainetés étatiques. L’intérêt, faire appliquer sa Loi. Il n’y a pas de contrariété
dans le contenu des lois.
w
Un enfant marocain est confié à deux Français en vue de son adoption. Ceux-ci
w
Raisonner par rapport à une équivalence possible des deux lois ? La théorie,
appliquée aux Usa, considère que si le contenu des lois est identique ou similaire, alors il
n’y a pas de vrai conflit, et seul le droit du Juge saisi s’applique. Sinon, il y a vrai conflit.
L’influence anglo-saxonne se manifeste pas mal aujourd'hui. En France, on ne distingue
pas entre vrai et faux conflit. On ne farfouille pas dans le contenu des lois lorsqu’on en est
au choix de la Loi applicable. Néanmoins, il existe la méthode des voies de police qui refuse
la neutralité. Au stage de l’application de la Loi normalement compétente, la jurisprudence
de la Cour de cassation a posé un tempérament fondé l’équivalence de solution entre le
Droit étranger et le Droit du for.
ne
économique défend l’idée que le contrat est international que dans le cas où il met en jeu
les intérêts du commerce international, donc qu’il intéresse plusieurs pays.
hi
ac
En matière contractuelle, la solution retenue est la conception juridique.
aM
Les règles spécialement élaborées pour des situations internationales, sont
généralement plus libérales que les lois internes, puisqu’elles veulent favoriser le commerce
international. En matière d’emprunts internationaux, la jurisprudence a admis la validité des
/L
clauses de référence à des devises étrangères, clauses interdites dans les payements internes.
m
On a donc adopté une solution plus libérale. On a énoncé une règle matérielle de Droit
international privé, source d’une solution applicable que pour les rapports internationaux.
co
Pour les règles matérielles dictées par les besoins du commerce international, la
d.
raisonnement qui ne serait pas… binaire… mais… trinaire. Bref, un raisonnement qui
distinguerait trois types de distinctions : les situations purement internes, où tous les
w
éléments sont localisés dans un même pays, les situations internationales avec au moins
un élément d’extranéité, et enfin la notion de relation intracommunautaire, entre États
w
membres, mais seulement à l’intérieur de l’UE. C’est le raisonnement qu’on retrouve dans
w
les États fédéraux. Aujourd'hui, ça cogite pour mesurer les conséquences en Droit
international privé de cet espace régional européen.
Etre prêt à appliquer une autre Loi que la Loi du for, c’est parce qu’on admet tenir
les différentes solutions comme équivalentes. Il y aurait une fongibilité des solutions
Tous ces postulats ont des limites. La limite, c’est lorsque le Droit étranger tâte des
valeurs essentielles. Certaines valeurs sont constitutives des fondements mêmes d’une
société, d’une civilisation. L’exception d’ordre publique assure cette correction. Ce n’est
pas le seul cas. La primauté du Droit du for sur les droits étrangers se manifeste à toutes les
étapes du raisonnement. Lorsque le Juge qualifie, c’est au regard des conceptions du for. Le
Droit étranger n’est jamais placé sur un strict pied d’égalité avec le Droit du for.
ne
En Droit international privé français, le Droit étranger se voit reconnaître un
caractère normatif dans l’ordre juridique du for, en dépit de son extranéité, en vertu d’une
hi
règle du for qui est une règle de Droit international privé, dont l’objet est précisément de
ac
reconnaître la normativité des règles étrangères. Il y a réception du Droit étranger dans
l’ordre juridique du for. Les règles de Droit international privé l’organisent et confèrent force
aM
obligatoire.
/L
m
co
Historiquement la première à être conceptualisée. Une règle de conflit est une règle
w
de choix entre plusieurs lois relevant de systèmes juridiques différents. Elle présente
forcément certains caractères. La règle de conflit est ainsi indirecte. La règle de conflit ne
donne pas directement la solution du litige. Un autre caractère, c’est son caractère abstrait.
La règle de conflit désigne une Loi applicable en faisant abstraction de la solution que retient
cette Loi, bref de son contenu. La Loi est désignée en fonction des liens de rattachement
que la situation présente avec la Loi (Nationalité, lieu…). Le choix ne s’opère pas en
fonction du contenu de la Loi. Ce caractère de neutralité de la règle de conflit n’est pas
toujours respecté. Certaines règles de conflit ont parfois une coloration substantielle, bref
que les règles choisissent la Loi eu égard en partie à son contenu : ce sont des règles de
conflit orientées.
Les auteurs qui ont prôné une vision politique du règlement de conflit de Loi
concevaient le conflit de Loi comme un conflit de souverainetés étatiques. Ces auteurs ont
souvent présenté des théories dogmatiques. D’autres ont voulu rechercher la solution la plus
adaptée aux intérêts aux individus qui sont impliqués dans ces relations privées
internationales. Des théories ont résulté, plus… pragmatiques.
ne
L’auteur à retenir, c’est un auteur du XVIème siècle, D’ARGENTRÉ, à la fois
hi
magistrat, théoricien, et breton. Son objectif a été de renforcer la coutume bretonne dans le
souci de renforcer l’indépendance politique de la Bretagne. Il a ainsi défendu le principe de
ac
territorialité des coutumes. En vertu de ce principe, tout fait produit dans le ressort breton
aM
d’une coutume doit lui être soumis. Exception faite toutefois des questions relatives à la
condition des personnes, qui devaient pouvoir faire l’objet d’une application extraterritoriale.
/L
Un autre auteur à relever, c’est MANCINI qui, au XIXème siècle, a développé l’idée
que ce qui le cœur d’une législation, c’est le lien avec l’idée de Nation. Le principe est alors
d.
celui de la personnalité des lois, et donc l’application de toutes les lois aux nationaux, bref
rib
ceux qui présentent un lien avec le législateur. L’appartenance à une Nation compte, non la
présence sur un territoire. Il fallait assurer une certaine homogénéité de la Loi italienne. Ce
principe de la personnalité de la Loi a eu un impact certain dans les premières conférences
.sc
de La Haye.
w
w
Là, on remonte aux XIème et XIIème siècle, avec l’apparition d’une école statutaire,
italienne. Les cités étaient alors régies par leurs propres statuts. Il y avait donc des conflits de
statuts entre cités, notamment dans le cadre de relations commerciales. L’école italienne par
construction de catégories. Les statuts font l’objet d’une application tantôt personnelle,
tantôt territoriale, en fonction de la question à résoudre. Chaque question requiert des
critères de rattachement. Cette démarche est à l’origine de la règle de conflit. A l’époque de
cette école bon… c’était un peu empirique.
Elle a fini par être systématisée, notamment par Friedrich Carl Von SAVIGNY. On
parle parfois ainsi de règle savinienne. Les critères étaient prétendus découler de la nature
des choses. L’idée avancée vise les États présentant une communauté de droits, de valeurs.
SAVIGNY a clairement détaché les conflits de Loi de toute idée de souveraineté étatique.
Les États sont indifférents à l’application de leur Loi dans les relations privées internationales.
Ce qui compte, c’est de trouver un rattachement le plus satisfaisant intellectuellement,
dégager un centre de gravité pour fixer le siège de rapports de Droit.
ne
délimite le champ d’application international des règles matérielles du Droit du for
relativement à un type de questions données.
hi
L’exemple flagrant, c’est celui que révèle l’Art. 309 CCiv5, ex 310. Cet article, dans
ac
trois alinéas, décrit les divorces internationaux auxquels la Loi française s’applique. Le
aM
premier cas, c’est celui où les deux époux sont de nationalité française. Le deuxième, c’est si
les deux époux ont leur domicile en France. Le dernier cas, le plus chaud, c’est quand
aucune Loi étrangère ne se reconnaît compétente alors que les tribunaux français le sont
/L
pour connaître du divorce ou de la séparation des époux. L’Art. 370-46 vise les effets de
l’adoption en France, ce sont ceux de la Loi française.
m
co
La règle de conflit bilatérale est elle aussi de Droit international privé, mais
qui relie un type de situation à un ordre juridique donné.
d.
Ainsi, l’Art. 311-14 CCiv7 évoque la filiation comme étant régie par la Loi nationale
rib
de la mère de l’enfant. La conséquence, c’est que la règle bilatérale est une règle à… deux
branches. Elle peut désigner une Loi du for ou une voire plusieurs lois étrangères.
.sc
L’Art. 3 CCiv, à son alinéa 28, voit les immeubles, mêmes possédés par les
w
étrangers, sont réputés régis par la Loi française. La formulation de cet article est une
w
formulation unilatérale. La règle est énoncée comme unilatérale mais la jurisprudence l’a
w
modelée comme une règle bilatérale. Elle a bilatéralisé cet article. L’État et la capacité des
personnes sont ainsi régis par la Loi des personnes. Le Droit français est aujourd'hui
majoritairement influencé par la méthode bilatéraliste. Les règles unilatérales apparaissent
comme l’exception.
5
« Le divorce et la séparation de corps sont régis par la loi française :
- lorsque l'un et l'autre époux sont de nationalité française ;
- lorsque les époux ont, l'un et l'autre, leur domicile sur le territoire français ;
- lorsque aucune loi étrangère ne se reconnaît compétence, alors que les tribunaux français sont compétents pour
connaître du divorce ou de la séparation de corps »
6
« Les effets de l'adoption prononcée en France sont ceux de la loi française ».
7
« La filiation est régie par la loi personnelle de la mère au jour de la naissance de l'enfant ; si la mère n'est pas
connue, par la loi personnelle de l'enfant ».
8
« Les immeubles, même ceux possédés par des étrangers, sont régis par la loi française ».
Les défauts apparaissent dans sa mise en œuvre. Première difficulté, c’est celle
d’établir le contenu du Droit étranger, la difficulté à combiner dans un même litige
l’application de lois de pays différents, la difficulté à gérer une contrariété à l’Ordre public…
Bref l’idée d’un lien entre les différentes règles d’un système juridique, mais encore
un lien entre les règles matérielles et les règles de Droit international privé. Selon les
unilatéralistes, une législation est élaborée en fonction de son champ d’application, national
et par extension international. Il y aurait alors une dimension… sociologique du Droit, un
Droit qui correspondrait à ses destinataires. La démarche unilatéraliste envisage le Droit du
for comme ne pouvant pas déterminer la compétence internationale des lois étrangères, que
chaque État doit être exclusivement compétent pour définir le champ d’application dans ses
lois. C’est finalement le législateur étranger qui décide. La démarche unilatéraliste repose
sur le respect des prescriptions du législateur étranger, sur le respect de la prérogative
ne
à déterminer le champ d’application des lois.
hi
La méthode unilatéraliste soulève encore des difficultés pratiques non négligeables.
ac
Premièrement, il ne faut pas assimiler unilatéralisme et nationalisme. Cette tentation à
l’amalgame est sans fondement car on peut suivre la démarche unilatéraliste sans pour
aM
autant conduire à la Loi du for. L’Art. 309 CCiv, dans son troisième alinéa9, suppose qu’a
contrario, si une Loi étrangère veut s’appliquer, bah pas de souci. Donc, si les époux ne sont
pas tous les deux français, ni domiciliés en France, l’alinéa 3 joue. La Loi étrangère peut
/L
s’appliquer. Ah oui, il faut déjà que les tribunaux français soient compétents. Le Juge français
m
va interroger les règles de Droit international privé étrangères pour rechercher si la Loi
étrangère s’applique ou non. Si la Loi étrangère veut s’appliquer en vertu du Droit
co
international privé étranger, le Juge français devra l’appliquer. Sinon, bah non et donc le
d.
Juge français applique la Loi du for, la Loi où aucune Loi étrangère ne veut s’appliquer. La
démarche unilatéraliste repose sur cette recherche dans le Droit international privé
rib
étranger pour savoir si le Droit étranger est applicable. Deux époux sont étrangers, et
leurs deux lois peuvent s’appliquer. Il y a conflit, mais on n’a d’autre solution qu’une
.sc
solution par défaut, la Loi du for. En cas d’un tel conflit positif de compétence, cette
méthode unilatéraliste ne fournit pas de solution. Si le conflit est négatif, qu’aucune Loi
w
Si la méthode bilatéraliste est privilégiée en Droit français, les lois de police sont
bien plus favorables à cette méthode unilatéraliste.
9
« Lorsque les époux ont, l'un et l'autre, leur domicile sur le territoire français ».
Les premières sont apparues avec l’école statutaire, ce qui touche avec l’état des
personnes, ce qui touche aux biens, au contrat etc. l’idéal serait d’avoir des catégories très
synthétiques, très larges. Idéal, car on pourrait facilement accueillir les institutions
étrangères. Idéal donc utopique. On est amené à procéder à des découpages pour identifier
des questions homogènes. Les découpages sont assez nombreux en fait. On distingue ainsi
souvent les conditions des effets. A l’intérieur des conditions, on dissocie conditions de forme
de celles de fond… Ce mouvement de spécialisation des règles de conflit est un phénomène
ne
croissant, d’autant plus avec les normes internationales et communautaires.
hi
ac
2 · Le facteur de rattachement
aM
Ce critère permet de relier la situation à une Loi. Dans de nombreux cas, ce critère
/L
est susceptible d’une localisation directe dans l’espace. Lieu de survenance d’un
dommage, domicile d’une partie, lieu de décès d’une personne, etc. sont des exemples.
m
Parfois, le critère de rattachement procède à une localisation indirecte qui suppose une
co
opération intellectuelle. C’est par exemple la Loi choisie par les parties. Un critère qui
retiendrait un lien entre deux actes juridiques, la localisation d’une gestion d’affaire est
d.
lien entre une personne et un pays. C’est alors le critère de la nationalité. Le critère de
religion peut encore servir.
.sc
a · La technique de rattachement
w
w
10
« La filiation est régie par la loi personnelle de la mère au jour de la naissance de l'enfant ; si la mère n'est pas
connue, par la loi personnelle de l'enfant ».
ne
Le rattachement flexible est lui une technique utilisée lorsque l’on ne peut point
hi
définir un rattachement plus pertinent qu’un autre, au regard des circonstances d’espèce.
ac
Dans ce cas, on pose une directive méthodologique. On préconise d’appliquer la
Loi des liens les plus étroits. Ce sera alors au Juge à déterminer quels sont ces liens
aM
étroits. Cette méthode est utilisée en matière contractuelle, jusque la convention de Rome
applicable aux contrats. A défaut de choix, on appliquait la Loi des liens les plus étroits. Le
/L
Rome présume que la Loi des liens les plus étroits est celle de la résidence habituelle du
débiteur de l'obligation caractéristique du contrat. Le Juge doit, contrat par contrat,
rib
flexible, finalement telle une exception. Ce type de rattachement est inspiré d’un principe de
w
proximité, en vertu duquel, en Droit international privé, il rattache une situation juridique
avec le système juridique qui présente la plus grande proximité.
w
Il peut y avoir la volonté d’assurer la continuité du statut des individus dans les
relations internationales. C’est un… grand objectif du Droit des conflits de Loi. Le mariage
valable dans un pays où il a été célébré devrait pouvoir rester valable quel que soit le pays où
les mariés sont amenés à s’en prévaloir. Il y a continuité des situations privées. Le
rattachement se fait au regard du critère de nationalité. C’est le critère qui permet le mieux
d’assurer la permanence du statut des individus. D’autres principes entendent respecter les
prévisions des parties. Ce principe de Droit interne est également fort en Droit international
privé. Le meilleur critère équivaut alors celui du choix de la Loi.
ne
Il peut y avoir des objectifs tenant à la cohésion de la société du for. Des critères
favorisent ainsi l’intégration d’individus dans un milieu donné. Le critère du domicile est un
hi
exemple. Il peut encore avoir des objectifs visant l’harmonie internationale des solutions.
ac
On tend vers cet objectif en recherchant des solutions universelles. A cet égard, il faut
retenir le principe de proximité. Le principe de proximité a eu un grand succès là où il
aM
fallait assurer une certaine neutralité. Les conventions internationales, règlements
communautaires le placent sur un pied. A ce principe de proximité sont adjoins le
principe de souveraineté, le principe d’autonomie et le principe du substantialisme.
/L
Cette qualification a été pondue par Paul LAGARDE. Le principe de souveraineté, en déclin,
m
implique ainsi que l’État soit compétent pour exiger que certains rapports relèvent de sa Loi.
Une autre application de ce principe voit la Loi réelle présenter l’avantage de permettre aux
co
États de conserver la maîtrise, la gestion des biens situés sur son territoire. Le principe
d’autonomie, plus vigoureux, voit le libre choix des parties quant à la Loi applicable. C’est
d.
l’environnement peut choisir entre la Loi du fait générateur ou la Loi du fait dommageable.
Elle a donc une option. Le principe du substantialisme vise quant à lui des règles de
w
Reste à ne pas omettre l’objectif visant à protéger la partie faible. C’est une règle
de conflit alternative qui permet d’appliquer la Loi la plus favorable à la partie qui est
réputée la plus faible. Ce choix n’est toutefois nécessairement pas libre, comme en témoigne
le choix de la Loi applicable au contrat de travail qui ne permet par exemple pas au salarié
d’invoquer des dispositions impératives protectrices de la Loi du lieu d’exécution habituelle
du contrat de travail.
Aujourd'hui, on voit bien que tous les principes susvisés sont utilisés. Cela renforce
un peu plus le pluralisme des règles de rattachement en Droit international privé.
Les mariages sont publics, les membres des familles, éventuellement les tiers sont
mis au courant pour qu’ils puissent éventuellement s’opposer. D’où cette publicité préalable
ne
et obligatoire.
hi
A supposer que les futurs époux français savent qu’il y a en France un critère
ac
d’empêchement à leur union, ils peuvent choisir d’aller se marier à l’étranger. Pour éviter de
contournement, les formalités du mariage doivent être ainsi opérées en France, au domicile
aM
des futurs époux, même si c’est à l’étranger. On entend pas les dispenser de la publicité.
C’est un exemple de mesure de Droit interne appliqué en relations internationales.
/L
Les lois d’application immédiates sont très nombreuses. La plupart sont issues de la
m
Une première difficulté tient à leur identification. Une seconde vise leurs conditions
de mise en œuvre.
d.
rib
.sc
Une loi interne étant son application sur un plan international sans passer par la
w
case règle de conflit. Elle s’applique directement. L’Art. 311-15 CCiv11 dispose que les effets
w
de la possession d’état en matière de filiation sont gouvernés par la Loi française, dès lors
que l’enfant et au moins l’un de ses parents résident en France. L’Art. 311-15 est une Loi
d’application immédiate car la Loi française vise la possession d’état, qui elle peut produire
des effets positifs ou négatifs. Les effets positifs permettent la création d’un lien de filiation.
Les effets négatifs sont par exemple l’empêchement à détruire le lien de filiation. Le
législateur a voulu que ces règles internes s’appliquent à tout enfant résidant en France et
dont au moins l’un des parents réside en France. Ce, sans avoir consulté la règle de conflit.
On a même court-circuité la règle de conflit. Si la mère de l’enfant est étrangère, en principe,
la règle de conflit désigne la Loi nationale de la mère. Merci l’Art. 311-14 CCiv12. Et bah
pourtant, l’Art. 311-15 visera la Loi française si l’un des deux habite en France.
11
« Toutefois, si l'enfant et ses père et mère ou l'un d'eux ont en France leur résidence habituelle, commune ou
séparée, la possession d'état produit toutes les conséquences qui en découlent selon la loi française, lors même que
les autres éléments de la filiation auraient pu dépendre d'une loi étrangère ».
12
« La filiation est régie par la loi personnelle de la mère au jour de la naissance de l'enfant ; si la mère n'est pas
connue, par la loi personnelle de l'enfant ».
Les lois qui poursuivent de tels objectifs sont assez rares, moins que des lois de
police. L’appellation de Loi de police identifie la finalité de cette méthode, un intérêt
public, étatique, quand l’appellation de Loi d’application immédiate caractérise le
même procédé. Les lois de police peuvent donc recouvrir les lois d’application immédiate.
En 1972, le législateur a trouvé son droit de la filiation tellement magnifique, excusez du peu,
qu’il a considéré qu’il fallait l’imposer ça et là. On l’applique unilatéralement partout.
ne
jurisprudence. Les règles sur la représentation des salariés sont un exemple. On tape
hi
dans le Droit interne, mais la jurisprudence considère que ces règles sont applicables à
toutes les entreprises établies en France, quelle que soit la nationalité des salariés, quelle soit
ac
encore la Loi applicable aux contrats de travail. C’est un exemple de Loi de police. Ce type de
Loi requiert toutefois une application uniforme. C’est tous les salariés sur le territoire qui sont
aM
par exemple visés. Cela justifie l’application immédiate du Droit français. Un autre exemple
vise la protection des consommateurs. A supposer un contrat conclu entre consommateur
/L
français et un commerçant étranger. Qui dit contrat supposerait le choix de la Loi. Si dans le
Droit étranger, on protège moins bien le consommateur qu’en France, on considère que les
m
lois protectrices du consommateur sont applicables à tous les contrats conclus en France. Ce,
pour éviter que par le choix d’une Loi étrangère, on prive le consommateur de cette
co
immédiate, à tous les enfants qui se trouvent dans une situation de danger sur le territoire
français.
rib
Les règles de Droit international privé définissent des règles matérielles contournant
.sc
les règles de conflit. Leur application est indispensable au regard du but qu’elles
poursuivent. Elles s’appliquent en fonction de certains critères de rattachement, territoriaux
w
règle de conflit qui, en principe, reste neutre. Outre le champ d’application, les règles de
Droit international privé court-circuitent l’application de la règle de conflit, d’où la notion de
w
Des lois de police peuvent protéger certains intérêts vitaux de l’ordre juridique du
for, c’est du moins comme cela que la jurisprudence peut l’interpréter. Avec un arrêt du 30
novembre de Chambre Mixte, la Cour de cassation considère que la Loi française de 1975,
protectrice des sous-traitants, est une Loi d’application immédiate, applicable dans les
opérations de sous-traitance internationale, toutes les fois que le chantier est réalisé en
France. La catégorie des lois de police apparaît bien souple, le danger étant pour le Juge
d’être tenté d’appliquer trop facilement la Loi française au détriment de la Loi étrangère, bref
la tentation à la lex foris. Ce serait la fin des règles de conflit. La CJCE s’est intéressée aux
lois de police avec un arrêt en date du 9 novembre 2000, INGMAR, concernant la Loi
applicable au contrat d’un agent commercial exerçant son activité au Royaume-Uni, alors
que le contrat était soumis par la volonté des parties à la Loi des Usa. Mais une directive
communautaire entend protéger cette catégorie professionnelle en leur allouant des
13
CJCE, 23 novembre 1999, affaire C-369/96, arrêt ARBLADE ; Revue critique de droit international privé, 2000, p.
710, note Fallon; Journal du droit international, 2000, p. 493, observations LUBY.
ne
2 · L’applicabilité des lois de police étrangères
hi
ac
La Loi de police entend protéger les intérêts de l’Etat, peu importe les lois de police
étrangères. On admet cependant aujourd'hui la possibilité pour le Juge d’appliquer une Loi
aM
de police étrangère. Cette possibilité fait que ce ne soit pas une obligation. Le Juge
dispose donc d’un pouvoir d’appréciation quant à l’opportunité d’appliquer de telles lois
de police. S’il y a contradiction, on privilégiera toujours la Loi du for.
/L
m
Le règlement ROME 1 consacre tout ça à l’Art. 9 §3. Seules les lois étrangères du
pays d’exécution du contrat peuvent être appliquées. Reste à l’identifier.
co
Europe s’est récemment posée. L’application d’une loi de police nationale peut être soumis à
rib
un… test de compatibilité avec le Droit communautaire. L’État, dont la Loi nationale est en
cause, peut invoquer l’Ordre public. Les enjeux politiques et économiques sont importants.
.sc
Pour le moment, quelques arrêts de la CJCE considèrent que l’application d’une loi de police
nationale pouvait porter atteinte au Droit communautaire. C’est le cas dans un arrêt du 15
w
mars 2001.
w
w
La méthode est l’inverse des lois d’application immédiate. La règle matérielle est
celle qui n’étend pas mais écarte dans les situations internationales les prohibitions, les
limitations du Droit interne. En matière d’arbitrage international, il a ainsi été décidé le
principe de la validité de la clause compromissoire en matière d’arbitrage international. C’est
encore le cas sur les clauses monétaires. C’est aussi le cas de certaines conventions élaborées
14
Art. 9 §1. « Une loi de police est une disposition impérative dont le respect est jugé crucial par un pays pour la
sauvegarde de ses intérêts publics, tels que son organisation politique, sociale ou économique, au point d'en
exiger l'application à toute situation entrant dans son champ d'application, quelle que soit par ailleurs la loi
applicable au contrat d'après le présent règlement ».
ne
hi
On en retient deux. La possibilité d’articuler plusieurs méthodes et la possibilité
ac
d’en combiner plusieurs. aM
A · L’articulation de plusieurs méthodes
/L
m
L’Art. 370-3 §116 vise le conflit bilatéral de manière classique. La Loi des adoptants
co
suffit et toutes les critères. L’Art. 370-3 §2 vise la règle matérielle. L’Art. 370-417, sur les
effets de l’adoption est une règle de conflit unilatérale. Toutes les trois s’appliquent pour
d.
l’adoption internationale.
rib
.sc
Une même règle est à cheval entre deux méthodes. Les règles de conflit orientées
w
en sont l’illustration. Ce sont des règles de conflit qui tendent à un certain résultat, un
w
résultat matériel. Des auteurs les appellent règles à coloration substantielle. Ce sont des
règles de conflit derrière lesquelles se profile une règle matérielle. L’Art. 311-17 CCiv est un
exemple.
Les règles dites protectrices d’une partie faible, genre les règles protectrices du
consommateur ou du salarié, sont illustrées par les règles reprises à l’Art. 6 du règlement
ROME 118. En matière de contrats de consommation, les parties peuvent choisir la Loi
applicable. Ce choix de Loi ne peut pas priver le consommateur de la protection que lui
assurent les dispositions auxquelles il ne peut être dérogé que par accord en vertu de la Loi
qui aurait été applicable en l’absence de choix, c'est-à-dire en définitive en vertu de la Loi de
15
L'adoption d'un mineur étranger ne peut être prononcée si sa loi personnelle prohibe cette institution, sauf si ce
mineur est né et réside habituellement en France.
16
Les conditions de l'adoption sont soumises à la loi nationale de l'adoptant ou, en cas d'adoption par deux époux,
par la loi qui régit les effets de leur union. L'adoption ne peut toutefois être prononcée si la loi nationale de l'un et
l'autre époux la prohibe.
17
Les effets de l'adoption prononcée en France sont ceux de la loi française.
18
ne
étranger. On touche avec les yeux. On applique en réalité le Droit du for, qui tient compte
du contenu du Droit étranger.
hi
ac
Dans le Droit de la nationalité, à l’Art. 25 CCiv, il est indiqué qu’une déchéance
de la nationalité française est subordonnée à l’existence d’une double nationalité. On
aM
n’entend pas retirer la nationalité française à quelqu'un qui n’aurait pour nationalité que
celle française. On entend éviter l’apatridie. C’est une règle du for qui s’applique car
s’agissant de la nationalité française, seul le Droit français s’applique. Cette règle française
/L
conditionne son application au contenu d’une règle étrangère, du Droit étranger accordant
m
Loi étrangère.
.sc
w
w
Cette méthode est encore djeun. Elle n’a pas beaucoup d’illustrations en droit
positif. Elle apparaît toutefois un peu plus dans l’élaboration des conventions internationales,
mais c’est surtout dans la doctrine que ça s’agite. C’est une application de la Théorie des
droits acquis, en conformité des règles du pays étranger. Encore faut-il vérifier les conditions
d’acquisition du Droit, mais une fois cela effectué, il est considéré comme reconnu. L’un des
avantages de cette méthode, c’est d’éviter les règles de conflit. On les éclipse en
braquant le projecteur sur les conditions d’acquisition de ce Droit à l’étranger. Un autre
avantage, c’est d’aboutir à une meilleure coordination internationale des solutions,
grand objectif du Droit international privé.
A · Le phénomène
ne
de création de la situation. Pour d’autres, c’est plus gênant, car on tâte des matières
hi
indisponibles. C’est une manière de retirer aux législations leur impérativité.
ac
aM
B · Fondements & limites de la méthode
/L
liberté de circulation des personnes en Europe. En effet, reconnaître le statut qui leur a été
conféré dans un pays donné, alors dans tous les autres États membres de l’UE, cela a pour
co
conséquence qu’ils ne s’exposent pas à une modification de ce statut lorsqu’ils exercent leur
liberté de circulation.
d.
rib
soit compétente dans d’autres États. Les conditions d’attribution du nom sont donc
susceptibles de varier en fonction du pays.
w
La CJCE s’y est intéressée. Les États membres ne peuvent pas imposer une
w
réglementation sur le port d’un nom, dans le pays de résidence des individus, alors que cette
w
réglementation serait différente de celle que leur reconnaît leur Loi d’origine. Une
convention internationale, issue de la Commission internationale de l’État civil, a entraîné
que les États signataires doivent reconnaître aux individus le nom qui leur est attribué dans
leur pays d’origine.
Une autre justification repose sur l’idée de respect des droits acquis. Cette
méthode a l’avantage de bien respecter les droits fondamentaux, notamment dans le
domaine de la vie familiale, conformément au principe de l’Art. 8 DDHC20, le droit au
respect de la vie familiale. Si un lien familial est institué dans un État, les États signataires de
la convention des Droits de l'Homme ont l'obligation de le respecter.
Cette méthode a des limites. Pour reconnaître des situations nées à l’étranger,
encore faut-il que les États partagent une certaine communauté de valeurs. On peut
penser que les États européens y soient parvenus, au point que l’on puisse considérer que
19
Convention sur la Loi applicable aux régimes matrimoniaux
20
« La Loi ne doit établir que des peines strictement et évidemment nécessaires, et nul ne peut être puni qu'en
vertu d'une Loi établie et promulguée antérieurement au délit, et légalement appliquée ».
Une autre limite, c’est que cette méthode conduit à reconnaître la validité
d’une situation juridique. Va-t-elle pour autant au-delà ? Influe-t-elle sur les effets issus de
la situation ? Lorsqu’on se penche sur le partenariat, celui-ci a pour effet d’organiser la vie
commune des partenaires. C’est un effet indissociable de la création de la situation. Mais
quid des effets par exemple successoraux ? Les législations retiennent souvent des solutions
différentes. La Loi anglaise reconnaît à ces partenaires une vocation successorale. En Droit
français, que nenni. On peut alors penser que les effets successoraux d’un partenariat
enregistré en Angleterre verront la Loi successorale, éventuellement française, s’appliquer, et
non celle du partenariat.
Si bien que le domaine d’application essentiel est celui de la création d’un statut
ne
par intervention d’une autorité publique, civile, d’enregistrement du partenariat, mais en ne
visant que les seules situations juridiques requérant une formalité auprès d’une autorité
hi
publique.
ac
aM
/L
m
co
d.
rib
.sc
w
w
w
ne
compétent. La troisième vise à s’intéresser aux intolérances à l’application du Droit
compétent, au nom de l’Ordre public, ou en présence d’une fraude. La quatrième
hi
consistera à se pencher sur les complications temporelles, l’intrusion d’un facteur temps
dans les conflits de Loi. Et en bonus, on traitera la question de la condition du Droit
ac
étranger, bref quel est l’office du Juge dans la matière, et donc quel rôle ont les parties.
aM
/L
non dans le domaine d’application de cette règle de droit. En Droit international privé, il y
a deux difficultés supplémentaires. On va ainsi rencontrer des institutions étrangères, et
w
A · Le conflit de qualification
Il faut remonter à l’arrêt rendu par la Cour de cassation,
CARASLANIS, du 22 juin 1955. En l’espèce, deux époux grecs, tous deux orthodoxes,
célèbrent leur mariage selon la forme civile du Droit français. Le mariage est donc valable au
Il y a conflit de qualification lorsqu’une même situation peut être placée dans des
catégories de rattachement différentes, selon le Droit du for ou selon le Droit étranger avec
lequel la situation présente des liens. Le principe, c’est le principe de la qualification lege
fori.
ne
Cette solution se justifie par deux points.
hi
ac
Ici, il s’agit d’appliquer une règle de conflit du for. Chaque Juge applique ses
propres règles de conflit. Le Juge français applique les règles de conflit françaises. Puisqu’il
aM
s’agit des règles de conflit du for, françaises en l’espèce, il faut se baser sur le Droit du for.
cause, le principe lege cause, et bah le résultat, c’est qu’on pourrait aboutir à des
m
La solution lege fori présente toutefois des inconvénients. Ainsi, dans l’affaire
d.
précitée, elle a pour inconvénient de valider un mariage qui peut être nul selon la Loi
nationale des époux. Le mariage apparaît boiteux. Ensuite, invoquer le caractère religieux
rib
comme une question de forme, c’est vrai dans un système laïc, c’est grossièrement faux dans
un système religieux.
.sc
Les conflits de qualification sont somme toute assez rares. On peut même supposer
w
qu’il n’y avait pas de problème de qualification dans cette affaire. Au regard des conceptions
w
du Droit français, le caractère laïc ou religieux du mariage n’était pas qu’une simple question
de formalité, mais une question essentielle, donc peut-être bien une question de fond.
w
Soit c’est une question de fond, mais alors, une loi de police du for impose à tout
mariage célébré en France la forme civile préalable. Cette règle est de Droit interne,
étendue à tous les mariages célébrés en France, même ceux des étrangers.
21
La Cour ; - Sur le moyen unique pris en ses deux branches ; - Attendu que l’arrêt attaqué, confirmatif, a prononcé le divorce entre Dimitri
CARASLANIS, sujet hellène, et Maria-Richarde Dumoulin, de nationalité française, dont le mariage, uniquement civil, avait été célébré le 12
septembre 1931, devant l’officier de l’état civil du 10e arrondissement de Paris ; qu’il est fait grief à la Cour d’appel d’avoir rejeté les conclusions du
mari dans lesquelles il soutenait que le mariage était inexistant, l’Eglise orthodoxe, à laquelle appartenait CARASLANIS, imposant comme condition
indispensable à la constitution légale du mariage, la célébration par un prêtre orthodoxe, exigence de fond n’ayant pas été respectée en l’espèce ; -
Mais attendu que la question de savoir si un élément de la célébration du mariage appartient à la catégorie des règles de forme ou à celle des règles
de fond devait être tranchée par les juges français suivant les conceptions du droit français, selon lesquelles le caractère religieux ou laïc du mariage
est une question de forme ; - Qu’en conséquence, le mariage civil contracté en France par les époux CARSLANIS-DUMOULIN était valable
conformément à la règle lotus regit actum ; d’où il suit qu’abstraction faite du motif critiqué par le pourvoi, tiré de ce que le mari, en introduisant sa
demande reconventionnelle en divorce, aurait reconnu la validité du mariage, et qu’on peut tenir pour surabondant, la cour d’appel a justifié sa
décision ;
Par ces motifs : - REJETTE.
ne
Là où ça devient bien plus chiant, c’est lorsque ces institutions étrangères sont, en
prime, inconnues.
hi
La KAFALA, c’est une institution du Droit musulman, qui permet de confier un
ac
enfant à un tiers pour que celui-ci lui prodigue les soins nécessaires, sans pour autant que
aM
soit créé un lien de parenté avec celui qui prend en charge ledit enfant. C’est donc distinct
d’une adoption. La jurisprudence a considéré que cela ne valait même pas adoption simple.
Comment qualifier la chose alors. On peut penser à une délégation d’autorité parentale, ce
/L
qui serait bof car cette délégation transfère un pouvoir de droit quand la kafala ne transfère
qu’une situation de fait. On peut penser alors à une simple convention, ou à des
m
hypothèses visées par exemple à l’Art. 375 CCiv visant un enfant confié à un tiers de
co
confiance. Le problème majeur est de savoir si on peut conférer un titre de séjour à l’enfant
en France.
d.
identifiée a visé les partenariats enregistrés. Aujourd'hui, ils sont reconnus par de
nombreux systèmes juridiques mais différemment selon les pays. Les pactes de mariage
w
rapproche à la catégorie des contrats. Pour choisir la qualification, la doctrine s’est interrogée
sur les conséquences de tel ou tel choix. Rattacher les partenariats à la catégorie des contrats,
la conséquence, c’est qu’on laisse les partenaires choisir librement la Loi applicable. Le PACS
français a des affinités indéniables avec le contrat, mais ce n’est pas un contrat comme un
autre. Il fait ainsi l’objet de certaines formalités d’enregistrement. Il a encore des incidences
sur les relations personnelles entre les partenaires. Dans les relations internationales, il n’est
pas opportun de consacrer purement et simplement le principe du libre choix. Bon, mais est-
ce que la catégorie du mariage est plus intéressante ? Là aussi, des conditions le rapprochent
du partenariat enregistré. La vie commune est un premier critère, les règles du mariage lui
ont été étendues, genre le devoir d’assistance. La grande différence étant qu’il n’y a pas de
régime matrimonial ou de vocation successorale. Si les partenaires ne sont pas de même
nationalité, cela pose des problèmes de formalités, mais encore des problèmes lors de
l’enregistrement en France, car il faudra alors enregistrer un PACS soumis à un droit
étranger.
Dès les premiers débats, la doctrine était bien plus tentée par une conception sui
generis spécifique, appelant à un rattachement spécifique, un rattachement au lieu
ne
hi
ac
A · La qualification en sous-ordre aM
Cette qualification s’effectue au sein du système juridique étranger désigné par la
règle de conflit. Il faut identifier la règle matérielle à appliquer au sein du système juridique
/L
étranger.
m
Prenons le Droit des biens. La règle de conflit désigne la Loi du lieu de situation du
co
bien. Identifier, sélectionner la règle matérielle étrangère implique de savoir si le bien est
mobilier ou immobilier. Pour opérer cette qualification, on doit procéder à une
d.
Si le litige ne porte pas sur un bien réel mais par exemple sur une vocation
successorale et bien la qualification est internationale, une qualification qui commande le
.sc
choix d’un Droit applicable. La Loi successorale est en effet la Loi de situation des immeubles
pour les immeubles, et la Loi du dernier domicile du défunt pour les meubles. Un droit de
w
B · Le renvoi de qualification
Reste à voir le renvoi. Voir Chapitre II sur Le renvoi.
22
Art. 515-7-1 sur Légifrance
Il ne peut raisonnablement pas connaître les règles de Droit de tous les systèmes
juridiques. Il en découle des effets sur les offices du Juge quant à l’application de la règle de
conflit elle-même. Il en résulte encore des effets pour le Juge et les parties, quant à
l’établissement du contenu du Droit étranger.
ne
hi
ac
aM
Paragraphe 1er Le régime procédural des règles de conflit
/L
Le Juge français a-t-il l'obligation ou la seule faculté d’appliquer d’office les règles
de conflit ? Doit-il appliquer cette règle de conflit que dans le cas où les parties en réclament
m
l’application ?
co
tout seul comme un grand si l’élément d’internationalité figure dans les pièces du dossier. La
nationalité, le domicile des parties peuvent intervenir. Le Juge peut-il se saisir d’un élément
rib
de fait non invoqué par les parties ? En principe, non, c’est aux parties d’alléguer. Le Juge ne
peut pas faire état de sa connaissance personnelle des faits. Toutes les fois qu’un fait est dans
.sc
Est-il ensuite opportun de savoir lorsque les parties n’invoquent pas de règle de
w
A · L’office du Juge
Ø De l’absence des juges du fond à appliquer la règle de conflit
Le 12 mai 1959, la Cour de cassation, dans un arrêt BISBAL23, pose pour règle
que les règles françaises de conflit de Loi, en tant du moins qu’elles prescrivent l’application
d’une Loi étrangère, n’ont pas un caractère d’Ordre public. Il appartient aux parties d’en
réclamer l’application. En l’espèce, on est en 1959, le Droit espagnol interdisait le divorce.
23
La Cour ; - Sur le premier moyen : - Attendu qu’il est fait grief attaqué confirmatif, de prononcer la conversion de la séparation de corps en divorce entre
les époux Bisbal, de nationalité espagnole, alors que leur loi nationale, en vigueur au jour de la demande et devant régir le conflit de lois, prohibait le
divorce ; qu’il importerait peu que les parties n’aient pas soulevé ce conflit devant les juges, ceux-ci, qui avaient tous les éléments utiles pour constater la
nationalité des époux, ayant l’obligation, selon le pourvoi, de suppléer d’office un tel moyen touchant à l’ordre public ; - Mais attendu que les règles
françaises de conflit de lois, en tant du moins qu’elles prescrivent l’application d’une loi étrangère, n’ont pas un caractère d’ordre public, en ce
sens qu’il appartient aux parties d’en réclamer l’application, et qu’on ne peut reprocher aux juges du fond de ne pas appliquer d’office la loi
étrangère et de faire, en ce cas, appel à la loi interne française laquelle a vocation à régir tous les rapports de droit privé ;Sur le deuxième moyen :
(sans intérêt) ; Par ces motifs : - REJETTE.
La doctrine a critiqué ce choix. En matière d’état des personnes, les règles devraient
être d’Ordre public qu’il s’agisse du Droit du for ou du Droit étranger. Une autre critique a
été de considérer que cette solution voyait les juges se rendre complices des parties
souhaitant éluder leur droit national.
ne
Bon enfin ça n’a pas calmé les ardeurs doctrinales.
hi
Ø L’application d’office dans deux cas : si les droits visés sont indisponibles ou si
ac
la règle de conflit est internationale aM
La Cour de cassation a fini opter pour un revirement de jurisprudence, avec un
arrêt COVECO du 4 décembre 199024. Le Juge est dorénavant tenu d’appliquer d’office
la règle de conflit dans deux cas, lorsque les droits en cause sont indisponibles, et
/L
lorsque la règle de conflit d’origine internationale. Le deuxième critère a fini par être
m
des conflits lui conférait une impérativité renforcée, au nom de la supériorité du Traité sur la
Loi. Ô Art. 55 C. La Cour de cassation a supposé que de ne pas appliquer une règle de
rib
conflit posée par une convention internationale revenait à violer le traité, donc
engager la responsabilité internationale de l’État français. Ce raisonnement méconnaît
.sc
toutefois la précision suivante. L’Art. 55 C pose un principe de hiérarchie des sources. La Loi
ne saurait contredire un Traité car celui-ci lui est supérieur. Ok. La Constitution n’impose
w
toutefois rien sur le plan du régime procédural de la mise en œuvre du Traité. La seule
w
obligation qui est faite est de mettre sur un pied d’égalité ou supérieur à la Loi le Traité. Si la
Loi ne doit pas être appliquée d’office, en principe, le Traité non plus, sauf si le Traité prévoit
w
un régime procédural. Or… les traités ne contiennent que rarement des précisions quant à
leurs régimes procéduraux. Ne pas appliquer d’office un Traité, c’est une question
purement procédurale, bref délaissée à l’autonomie d’un État, sans que sa mise en cause
puisse être relevée.
Mais attendu que l'exigence d'un intérêt né et actuel est commandée, en raison de son caractère procédural, par la loi du for, la loi applicable au
fond n'étant à prendre en considération que si elle n'accorde pas de droits à celui qui agit en justice ;
Et attendu qu'il résulte des énonciations de l'arrêt attaqué que les parties, et particulièrement la société COVECO, n'ont pas invoqué sur ce point d'autres
lois que celles spécialement tirées du droit français en une matière qui n'était soumise à aucune convention internationale et où la société COVECO avait la
libre disposition de ses droits ; D'où il suit que le moyen ne peut être accueilli ; Sur le second moyen : (sans intérêt) ; PAR CES MOTIFS : REJETTE le pourvoi
Ces critiques ont fini par pousser la Cour de cassation à réagir de nouveau, pour
qu’elle abandonne ce critère de la règle de conflit d’origine internationale dans un
arrêt du 26 mai 1999.
ne
La CJCE pourrait instaurer une impérativité renforcée des règles de droit
communautaire.
hi
ac
ê La libre disponibilité des droits en cause aM
Ce critère est maintenu par la Cour de cassation. Si le Droit en cause est
indisponible, le Juge doit appliquer d’office la règle de conflit. Si le Droit en cause est
disponible, le Juge conserve la faculté d’appliquer d’office la règle de conflit. C’est le
/L
complication, en tout cas la source d’une augmentation sensible des maux de tête, et autres
insomnies. Si les parties souhaitent éviter les complications, il n’est peut-être pas nécessaire
.sc
de leur imposer des droits étrangers. Beaucoup d’auteurs considèrent que la règle de conflit
devrait toujours être obligatoire, que le Juge devrait toujours appliquer d’office la règle de
w
ne
hi
Le Droit applicable est le Droit étranger.
ac
aM
A · La preuve du contenu du Droit étranger
1 · La charge de la preuve
/L
m
L’arrêt LAUTOUR du 25 mai 1948 connaît d’un accident entre des véhicules et un
train espagnol. Le Droit applicable est celui du délit, le Droit espagnol. Le défendeur
rib
soutient qu’il n’y a pas en Droit espagnol de responsabilité sans faute. La question est alors
de savoir si c’est à la demanderesse d’aller farfouiller dans le Droit espagnol, ou si c’est au
.sc
défendeur ? La Cour de cassation pose dans cet arrêt que c’est à l’auteur de la
prétention soumise au Droit étranger de supporter la charge de la preuve du Droit
w
25
Toutefois, il ne peut changer la dénomination ou le fondement juridique lorsque les parties, en vertu d'un accord exprès et pour
les droits dont elles ont la libre disposition, l'ont lié par les qualifications et points de droit auxquels elles entendent limiter le débat.
26
Les lois de police et de sûreté obligent tous ceux qui habitent le territoire.
Les immeubles, même ceux possédés par des étrangers, sont régis par la loi française.
Les lois concernant l'état et la capacité des personnes régissent les Français, même résidant en pays étranger.
27
(Rev. crit. 1949. 89, note BATIFFOL,D. 1948. 357, note P.L.–P.,S. 1949. 1.21, note NIBOYET (ça alors !!), J.C.P. 1948. II. 4532, note VASSEUR)
La Cour ; - Sur le moyen unique : - Vu l’article 3 du Code civil ; - Attendu qu’en droit international privé la loi territoriale compétente
pour régir la responsabilité civile extra-contractuelle de la personne qui a l’usage, le contrôle et la direction d’une chose, en cas de
dommage causé par cette chose à un tiers, est la loi du lieu où le délit a été commis ; - Attendu qu’il résulte de l’arrêt attaqué que le
camion d’essence appartenant à l’entrepreneur français LAUTOUR, conduit par son employé, est entré en collision en Espagne avec
un train qui coupait la route et a explosé, que le chauffeur français d’un second camion, appartenant à un autre entrepreneur
français, se trouvant à proximité, a été atteint et est décédé à la suite de l’accident ; que la veuve de la victime, en son nom et
au nom de son fils mineur, après avoir assigné LAUTOUR devant le tribunal français de son domicile, conformément à l’article 15
du Code civil, lui a demandé réparation par application des articles 1382 à 1384 du Code civil, puis n’ayant pu établir la faute ou
l’imprudence du gardien de la voiture, a restreint sa demande à l’application de l’article 1384 devant les juges du second degré ; -
Attendu que LAUTOUR a conclu que la demande, irrecevable en tant qu’elle était fondée sur la loi française, n’était pas justifiée, alors
que la loi espagnole du lieu du dommage, seule compétente en vertu du règlement français du conflit des lois, l’affranchissait de
toute présomption d’inexécution d’une obligation légale de garde ; {suite note de bas de page suivante}
{Suite de l’arrêt LAUTOUR} - Attendu que l’arrêt attaqué condamne LAUTOUR par application du Code civil français, alléguant
d’abord le lien contractuel créé entre les intéressés par la loi de 1989, en second lieu le fait que l’exécution de la condamnation devait
intervenir en France, enfin la circonstance que LAUTOUR, invoquant la compétence de la loi espagnole, n’a pas rapporté la preuve
des dispositions de ce droit qui l’affranchissent de responsabilité ; - Mais attendu que la responsabilité délictuelle du tiers gardien de
la chose est indépendante tant de la réparation forfaitaire qui peut être due à la victime par son propre employeur que de la
Toutes les fois que le Juge recherche d’office la Loi applicable, il doit même d’office
rechercher le contenu du Droit étranger. La jurisprudence a ajouté ensuite que, toutes les
fois qu’il a obligation d’appliquer le droit étranger, cela sous-entend qu’il doit le rechercher.
ne
Le Juge a une telle obligation quand les parties sollicitent l’application du Droit étranger.
hi
Le système AMERFORD est apparu perfectible. La Cour de cassation a donc affiné
ac
sa position. Avec deux arrêts rendus le 28 juin 2005, l’un de la Première chambre civile,
l’autre de la Chambre commerciale, la Cour de cassation a supprimé la distinction entre
aM
Droit disponible et Droit indisponible. Elle a clairement démontré qu’incombait aux
juges de rechercher le droit étranger, soit d’office, soit à la demande d’une partie qui
/L
l’invoque. Cela ne veut pas dire que le Juge soit le seul à procéder à la collecte des modes de
preuve. Le Juge dispose d’un certain nombre de pouvoirs octroyés par le CPC (Code de
m
Procédure Civile). Il peut inviter les parties à lui filer des informations, il peut ordonner une
mesure d’instruction, etc. Son rôle est actif. Il doit utiliser tous les pouvoirs conférés par le
co
Consulat étranger. On pourra aussi recourir au secteur privé, le risque étant de fausser un
tantinet l’impartialité du Juge. On parle d’un certificat de coutume. Le Juge n’en demeure
w
pas moins détenteur d’un pouvoir d’appréciation. Il peut comme il ne peut pas tenir compte
w
de cet avis, de même qu’il tiendra compte du refus d’une partie à coopérer.
D’autres instruments entendent favoriser la coopération judiciaire. La Convention de Londres
du 7 juin 1968 a mis sur pied un système de coopération en Europe. Les demandes qui se
font sous son égide n’ont lieu que lors d’affaires, et ne lient pas le Juge. Un autre système,
plus léger, c’est le système de la coopération de Juge à Juge. Dans les relations européennes,
nationalité des intéressés et du lieu d’exécution de la décision à intervenir, et qu’elle relève de l’ordre juridique interne du pays dans
lequel le gardien use de la chose et en exerce la direction ; - Attendu que vainement la défense allègue le caractère impératif de
l’article 1384, l’ordre public interne français n’ayant pas à intervenir qu’au regard du fait des choses utilisées en France au moment de
l’accident, sous la seule réserve de principes de justice universelle considérés dans l’opinion française comme doués de valeur
internationale absolue, principes non mis en cause dans l’espèce ;
- Attendu enfin qu’il n’appartient pas aux juges du fond de déplacer le fardeau de la preuve et de soustraire au contrôle de la
Cour de cassation leur décision relative au règlement du conflit, en reprochant subsidiairement au défendeur à l’instance
l’ignorance où il les aurait laissés des dispositions précises du droit espagnol capables de justifier ses allégations, alors que la
victime, demanderesse en réparation, à laquelle incombait la charge de prouver que la loi applicable lui accordait les
dommages-intérêts réclamés, ne contestait pas l’interprétation du droit espagnol affirmée par son adversaire et restreignait
le débat à la compétence de l’article 1384 du Code civil français ;
- D’où il suit qu’en statuant comme elle l’a fait, la Cour d’appel a violé le texte de loi ci-dessus visé ;
Par ces motifs : - CASSE.
Le Juge français doit appliquer le Droit étranger tel qu’il existe à l’étranger.
Sans rien y ajouter. Il ne dispose d’un cryptopouvoir de création de règles du Droit étranger.
ne
En Droit interne, la jurisprudence est une source de Droit. Cette fonction est totalement
interdite au Juge qui applique le Droit étranger. La Cour de cassation veille au grain, à
hi
l’uniformité du Droit étranger. L’interprétation du Droit étranger est une source d’erreur.
ac
Appliquer le Droit étranger requiert des pincettes. aM
Un contrôle de la dénaturation du Droit étranger est fait par la Cour de
cassation, qu’elle censure lorsqu’il y a par exemple erreur grossière, flagrante. Un contrôle
de la motivation permet encore à la Cour de cassation de censurer un arrêt qui semble se
/L
reposer sur tel point du Droit étranger, ou sur les prétentions des parties. Aujourd'hui, le
contrôle de la motivation est de plus en plus rigoureux, on peut y voir un contrôle de
m
l’interprétation faite par les juges du fond. C’est là toute l’ambiguïté du contrôle pour
co
défaut de motivation.
d.
rib
.sc
w
Chapitre II Le renvoi
w
w
Chapitre II · Le renvoi 38
2009 - 2010 Droit international privé La théorie des conflits de Loi
pour suivre la désignation faite par le Droit bavarois. La règle de conflit bavarois désigne le
Droit bavarois qui renvoie au Droit français. Et ainsi naquit le renvoi.
Tel est le cas lorsque la règle de conflit étrangère désigne une Loi tierce.
La doctrine est restée sur le cul éberluée par cette création jurisprudentielle. La
jurisprudence a eu l’occasion à maintes reprises de faire jouer le renvoi. Ainsi, en 1910, avec
un arrêt SOULIÉ, la Cour de cassation a énoncé que la Loi française de Droit
ne
international privé ne souffre nullement du renvoi qui est fait à la Loi interne française
par la Loi de Droit international privé étrangère. Le même arrêt poursuit en
hi
démontrant qu’il n’y a qu’avantage à ce que tout conflit soit supprimé, et à ce que la Loi
ac
française régisse d’après ses propres vues les intérêts qui naissent sur le territoire français.
aM
Sur le plan théorique, le renvoi est difficile à justifier, du fait que la méthode
de la règle de conflit implique qu’on puisse tant appliquer le Droit étranger que le
droit du for. C’est contredire le caractère bilatéral de la règle de conflit que de se focaliser
/L
étrangère pour faire jouer le renvoi au profit du Droit du for peut pousser à revenir encore
d.
une fois au Droit étranger… certains auteurs, inspirés, évoquent une partie de ping-pong
international.
rib
.sc
w
39 Chapitre II · Le renvoi
Droit international privé La théorie des conflits de Loi 2009 - 2010
conflit subsidiaire sera probablement la même que la règle de conflit étrangère. On forme
une règle identique à la règle étrangère…
D’autres auteurs ont entendu défendre une règle de conflit… unilatéraliste. Pour
ses partisans, on n’applique jamais la Loi étrangère si elle ne veut pas s’appliquer. Mais on
ne s’amuse donc pas à désigner de règle de conflit étrangère.
Pour BATIFFOL, rien n’impose ou n’interdit de faire jouer le renvoi. Il faut regarder
le résultat auquel conduit le renvoi. Si le résultat est une meilleure coordination des
ne
solutions, il faut faire jouer le renvoi. Le renvoi doit favoriser la coordination des lois.
hi
Cette théorie s’intéresse surtout au renvoi au 2nd degré.
ac
Un premier exemple est celui du rocher de bronze contre les critiques des
aM
détracteurs du pourvoi. C’est pas moi qui le dit. Un Suisse, domicilié à Moscou, épouse en
Russie sa nièce, également suisse. Un Juge allemand est saisi de la validité du mariage.
➀ La règle de conflit suisse, comme la règle de conflit russe, soumet la validité de ce mariage
/L
au Droit russe. ➁ La Loi du domicile et la Loi du lieu du mariage rendent valide ce mariage au
regard du Droit russe. ➂ La règle de conflit allemande désigne la Loi nationale des deux
m
époux. Donc la Loi suisse. La Loi suisse considère que ce mariage est nul. Avec le renvoi, si le
co
Juge allemand le fait jouer, il applique alors d’abord la Loi suisse, qui désigne la Loi russe.
Grâce à ce renvoi, les juges suisse, russe et allemand appliquent la même Loi, la Loi russe.
d.
rib
Dans une affaire ZAGHA, on a deux syriens qui se marient en Italie. Le mariage est
religieux. Le Juge français est ensuite saisi. Il applique la Loi du lieu de célébration. Sans
renvoi, le mariage est nul, du fait de la Loi italienne et de la Loi française. La Loi syrienne, elle,
.sc
valide le mariage religieux. Les trois juges appliquent la même Loi, syrienne, grâce au renvoi
au 2nd degré. Si le renvoi au 2nd degré le permet, au 1er, il y a renvoi au droit du for, et alors et
w
Ø Le renvoi fonctionnel
Le renvoi semble finalement corriger la règle de conflit française. Elle n’est pas
parfaite. Le renvoi permet d’accéder à une meilleure solution.
On parle de renvoi correcteur.
Bon quoi qu’il en soit, la jurisprudence reste de marbre face aux critiques
doctrinales.
Chapitre II · Le renvoi 40
2009 - 2010 Droit international privé La théorie des conflits de Loi
A · Le renvoi classique
C’est celui découle d’une divergence de rattachement entre la règle de conflit
du for et la règle de conflit étrangère.
ne
Aujourd'hui, les applications jurisprudentielles du renvoi se raréfient. Cette diminution est
due à l’émergence de nouvelles règles de conflit incompatibles avec le renvoi. Les règles de
hi
conflit alternatives, substantielles, qui poursuivent un certain résultat matériel, ne se
concilient pas au mieux avec le mécanisme du renvoi. La Loi d’autonomie est incompatible
ac
avec le renvoi. La jurisprudence exclue le renvoi en matière contractuelle car il faut respecter
aM
le choix de Loi des parties. La même solution est retenue en matière de régimes
matrimoniaux.
/L
La jurisprudence a admis le renvoi au 1er comme au 2nd degré. Avec l’arrêt ZAGHA
du 15 juin 1982, la Cour de cassation admet le renvoi au 2nd degré. Mais il peut survenir des
m
difficultés lorsque la Loi tierce désignée par la règle de conflit étrangère n’accepte pas la
co
compétence qui lui est offerte. Dans l'hypothèse d’une succession mobilière d’un anglais
domicilié en Espagne, le règlement de la succession est présenté à un Juge français. La règle
d.
de conflit française désigne dans cette espèce la Loi espagnole, celle du dernier domicile du
défunt. La règle de conflit espagnol désigne la Loi anglaise comme loi nationale. La règle de
rib
conflit anglaise désigne… le Droit espagnol. Buk ? La Loi tierce n’accepte pas sa compétence.
La doctrine a proposé trois solutions.
.sc
➀ La première consiste à dire que dans un tel cas, le renvoi échoue. On s’en tient
w
41 Chapitre II · Le renvoi
Droit international privé La théorie des conflits de Loi 2009 - 2010
B · Le renvoi de qualification
Le renvoi classique résulte d’une divergence de rattachement entre la règle de
conflit du for et la règle de conflit étrangère. Un autre type de divergence peut apparaître,
sur la qualification.
Deux français rompent leurs fiançailles, en Allemagne. Le Juge français est saisi de la
question d’une indemnité. Pour un Juge français, la rupture des fiançailles est une question
de responsabilité délictuelle. Il n’y a pas de lien juridique entre les fiancés. Il faut la faute, le
préjudice, tout ça. Puisque les époux ont rompu en Allemagne, c’est à la Loi allemande de
s’appliquer. La Loi allemande y voit une question personnelle. Le conflit est ici de
qualification, pas de rattachement.
ne
effet plusieurs types de qualification.
hi
On a la qualification internationale et la qualification matérielle.
ac
La qualification internationale est celle qui détermine le choix de la Loi. Une
aM
fois la Loi étrangère choisie, intervient la qualification matérielle, qui détermine le
choix de la règle matérielle applicable au sein de la Loi étrangère. Bref la qualification en
sous-ordre. La qualification internationale se fait lege fori. La seconde, lege cause.
/L
m
tout court.
d.
La règle de conflit qui désigne la Loi du lieu délit ne s’applique pas à un délit
commis en haute mer, territoire soustrait à toute souveraineté. Si la règle de conflit désigne
la Loi nationale et qu’on est en présence d’un apatride, les conventions internationales
préconisent alors un critère subsidiaire, le lieu du domicile ou de la résidence.
Enfin, des obstacles tiennent soit au contenu Droit étranger, contraire aux
valeurs d’Ordre public du for, soit aux circonstances de la désignation du Droit
étranger, dans l'hypothèse d’une fraude. Dans les deux cas, on soulève l’exception
d’Ordre public, ou l’exception de fraude, qui peut conduire à l’application du Droit du for.
ne
hi
Section 1 L’exception d’Ordre public ac
aM
On n’y déroge pas par des conventions privées. Merci l’Art. 6 CCiv28. En procédure
/L
civile, afin de renforcer l’office du Juge, l’Ordre public intervient également. En Droit
m
international privé, les lois de police, internationalement impératives, sont visées par l’Ordre
public.
co
d.
Bref à chaque fois qu’on l’utilise, on en façonne le contenu. C’est une notion cadre.
rib
L’exception d’Ordre public est un instrument entre les mains du Juge pour évincer
les dispositions du Droit étranger compétent dont le contenu contredit les valeurs jugées
.sc
essentielles dans l’ordre juridique du for. C’est une exception à l’application du Droit
compétent. Bref ça vise les conflits de loi.
w
w
Cette exception d’Ordre public a son pendant dans les conflits de juridiction. Ça
permet par exemple d’évincer un jugement étranger.
w
Les internationalistes ont tenté de préciser la chose. Ils distinguent ainsi les valeurs
qui constituent le… noyau dur de l’Ordre public international, bref les miettes rassies, les
sous-bassements de la civilisation française. Le reste sert à garantir certaines politiques
juridiques.
L’arrêt LAUTOUR du 25 mai 1948 a défini les valeurs d’Ordre public les
principes de justice universels considérés dans l’opinion française comme dotés de
valeurs absolues. Ok, mais c’est quoi une valeur absolue ? La prohibition de l’esclavage,
l’interdiction de l’inceste ne sont guère discutés. En revanche… l’interdiction de la corruption
a un peu de mal à s’imposer…
Aujourd'hui, ce sont les droits fondamentaux qui ont valeur absolue. Ce sont les
miettes avec un grand « M ». On rajoute ainsi la protection de la liberté, la dignité, l’intégrité
physique des personnes, de discriminations fondées sur la race, la religion ou encore le sexe.
Outre ça, les politiques juridiques impératives sont à retenir. Mais des lois
ne
peuvent être impératives dans l’ordre interne sans présenter le même caractère en
Droit international privé. Il faut y voir une conception restrictive du Droit international.
hi
ac
La Loi de 1985, sur la protection des victimes et la réparation en cas d’accident de
la route, est d’Ordre public. La Cour de cassation a toutefois estimé qu’elle n’était pas
aM
d’Ordre public en Droit international privé.
Ah oui et la notion est floue, mais encore fluctuante. Elle peut évoluer tant dans le
/L
temps que dans l’espace. Fraîchement tombée, la miette devient ainsi rassie puis rancie…
m
puis moisie… ou sinon, c’est comme une bouteille de vin, plus la bouteille a… de la bouteille,
meilleur est son parfum.
co
d.
Avant la Loi de 1972 posant l’égalité des filiations, les droits étrangers qui
étaient plus égalitaires que le Droit français entre les enfants illégitimes et les enfants naturels
rib
étaient contraires à l’Ordre public. Après 1972, les lois étrangères plus discriminatoires que
le Droit français étaient jugées contraires à l’Ordre public.
.sc
Divorce, mariage des homosexuels, homoparentalité, ont été, sont ou seront des
w
Une Loi étrangère ne peut être d’emblée considérée comme contraire à l’Ordre
public. Il faut que l’application de la Loi étrangère dans des circonstances concrètes de cas
d’espèce pour qu’elle soit considérée comme contraire à l’Ordre public. On évince la Loi
étrangère lorsque son application concrète aboutit à un résultat… choquant.
A supposer un contrat, soumis par les parties à la Loi anglaise, ce même contrat
comportant une clause pénale, d’évaluation des conséquences de l’inexécution du contrat
sous forme de dommages et intérêts, le Droit anglais ne prévoit pas que le Juge puisse
exercer un pouvoir modérateur de la clause pénale. Le Droit français donne, lui, au Juge, la
possibilité de réviser les clauses manifestement excessives ou dérisoires. Si les parties ont,
La répudiation, dans les pays qui la pratiquent, est une prérogative conférée au
seul mari. Il en résulte une inégalité quant aux modalités de dissolution du mariage,
choquante car contraire à l’égalité des époux, dans la liberté des époux à la dissolution, ce
que l’Art. 5 du protocole 7 de la CESDH rappelle. Sauf exception, la répudiation est donc
plus favorable à l’homme. Certains internationalistes invoquent que l’appréciation in
concreto oblige à considérer le résultat, la dissolution du mariage à la demande du mari. En
soi, on ne peut pas soutenir en France que la dissolution du mariage à la demande d’un
époux soit contraire à l’Ordre public. Le résultat devient choquant quand on s’aperçoit que
quasiment seul le mari dispose de cette option.
ne
l’égalité des sexes.
hi
ac
aM
Paragraphe 2e Le régime de l’exception d’Ordre public
/L
1 · Conditions temporelles
co
d.
du for au jour où il se prononce, quelle que soit la date de naissance des faits litigieux. Cette
solution est le reflet de l’application immédiate de toute évolution jurisprudentielle.
.sc
2 · Conditions spatiales
w
La théorie de l’effet atténué de l’Ordre public repose sur l’idée qu’on ne puisse pas
s’opposer avec la même force à l’application des lois étrangères selon qu’il s’agisse de
créer une situation en France, ou qu’il s’agisse de permettre à une situation créée à
l’étranger de produire des effets en France. L’arrêt RIVIÈRE de 1953, à propos d’un
divorce par consentement mutuel en Equateur, voit la Cour de cassation estimer qu’on ne
pouvait pas opposer l’Ordre public international dès lors que le divorce a été prononcé à
l’étranger.
La jurisprudence s’est surtout fondée sur le lien de nationalité. Elle a fait de cette
technique un moyen de protéger le national contre les législations étrangères qui prohibent
par exemple le divorce, en invoquant qu’une Femme de nationalité française ne pouvait pas
être privée de son Droit à divorcer par application d’une Loi étrangère.
Des arrêts ont considéré qu’un enfant de nationalité française ne pouvait pas être
privé de son Droit à établir la filiation.
ne
Aujourd'hui, l’Ordre public de proximité connaît un retentissement certain au sein de la
doctrine, car on y voit un moyen de résoudre les conflits de civilisation, essentiellement
hi
entre les pays de Droit religieux et les pays de Droit laïc. L’Ordre public de proximité ne
ac
rejette pas systématiquement la Loi étrangère. Il ne la rejette que si elle s’applique à des
individus qui sont d’une façon ou d’une autre intégrés à la société française.
aM
De là à tout résoudre. Hélas, non.
/L
Un arrêt, à propos d’un enfant étranger dont la mère est étrangère, qu’aucune
m
des parties n’habitent en France, voit la mère agir contre le père présumé français.
Il n’y a pas assez de lien avec la société française pour que le Juge français soit
co
compétent. La Cour de cassation aurait pu relever le lien, même mince, pour soulever
l’Ordre public. Ça n’a pas été le cas, et c’est critiqué.
d.
rib
Ces effets sont doubles, limités aux dispositions qui heurtent l’Ordre public.
w
Avec l’effet positif, on substitue à la Loi étrangère la Loi du for. Le Droit du for
a en effet une vocation subsidiaire.
ne
M’enfin de compte, peu importe la méthode choisie, toutes les deux se rejoignent,
d’une part sur le principe d’une appréciation in concreto de l’atteinte, d’autre part sur le
hi
fait que pratiquement aucun Droit fondamental, exception faite celui de l’interdiction
ac
de la torture, ne soit pas conditionné. Des critères entrent en jeu telles la légitimité ou la
proportionnalité. Rien n’interdit d’inclure les nécessités des relations privées nationales, bref
aM
la continuité des situations juridiques.
Ainsi, une répudiation, contraire au principe de l’égalité des sexes, est une
/L
discrimination qui peut être admise si elle répond à des causes objectives,
m
raisonnables. Si les époux sont étrangers, qu’ils se marient à l’étranger, que le mari répudie
à l’étranger, dans un pays qui valide la répudiation, que l’un des deux va en France, bah
co
Dans une affaire où la Cour de cassation avait reconnu la répudiation d’une Femme
.sc
vivant en France, la famille de celle-ci saisit la CEDH, juste avant un revirement du 17 février
2004, si bien qu’icelui intervient avant que la CEDH se prononce, poussant la Femme et sa
w
famille à radier leur saisine de la CEDH qui se prononce malgré tout, ne constatant que le
revirement de la Cour de cassation.
w
w
L’exception d’Ordre public n’est pas neutralisée dans les relations européennes.
Les règlements ROME 1 et ROME 2 sur la Loi applicable, dans des instruments
européens, maintiennent une clause de sauvegarde de l’Ordre public.
ne
Les relations privées internationales sont particulièrement enclines à la fraude. C’est
le fait de se soustraire à l’application d’une Loi normalement applicable pour se placer
hi
volontairement d’une Loi considérée comme plus favorable… moins contraignante, sauf
ac
masochisme aggravé. On peut ainsi changer de nationalité, changer de domicile, déplacer
un bien mobilier, etc. La Fraude est déjà difficile à cerner, alors à sanctionner… la difficulté
aM
repose sur le fait de distinguer habileté et fraude. Optimisation fiscale n’est pas évasion…
/L
m
co
est donc encore assez… stricte en la matière. Elle obtient la séparation de corps, se casse en
Allemagne, acquiert la nationalité allemande. Elle se fait appliquer la Loi allemande pour
w
Le 18 mars 1878, la Cour de cassation établit une fraude à la Loi française. L’obtention
w
de la nationalité allemande n’avait eu pour seul but que d’éluder l’application de la Loi
française.
ne
On peut ainsi imaginer un abus dans le choix de la liberté applicable à un contrat.
Les parties ont le choix, sauf si tous les éléments de la situation sont situés dans un seul pays,
hi
si le seul élément d’extranéité est le choix de la législation étrangère, on peut considérer qu’il
y a abus. La Convention de Rome le prévoit, l’empêche, par l’application de la Loi du
ac
pays dans lequel la situation est entièrement localisée. L’Art. 3 §3 du règlement ROME
1 l’exprime. Il n’y a pas de fraude, mais il y a abus.
aM
Dans le domaine des libertés européennes de circulation, on peut imaginer des
/L
abus. La liberté d’établissement des sociétés peut s’avérer être une source d’abus. La CJCE
est prolixe en la matière. Elle laisse toujours planer le risque de la sanction. Brrr.
m
2 · La simulation
co
d.
La sanction, c’est bas les masques, à bas la situation fictive. C’est un peu le Mireille DUMAS
du Droit international privé. La fraude fait elle apparaître une situation réelle. Seulement. Il
w
peut y avoir fraude au jugement, ce qui consiste à demander au Juge étranger un jugement
qu’un Juge français ne pourrait pas prononcer. En tout cas, on profite de la diversité des
w
2 · Un élément moral
Un changement devient frauduleux s’il y a une volonté, une intention, bref,
un élément moral. Sa preuve est assez difficile à obtenir. Le plus souvent, elle est
présumée, à partir des circonstances.
3 · Un élément légal
Loi ? La Loi française, ou aussi la Loi étrangère ?
ne
étrangère.
hi
ac
aM
Paragraphe 2e La sanction de la fraude
/L
La fraude apparaît réellement à l’état pur. Il est rare que la situation créée soit
m
ne
hi
ac
aM
/L
Le terme conflit de juridiction n’est pas très précis car il n’y a pas littéralement de
concurrence entre les juridictions françaises et internationales. On utilise cette expression par
abus de langage.
Le choix du lieu est important car à chaque pays ses règles de DIP distinctes, ce
pour les règles de conflit comme pour d’autres types de méthodes. Chaque Juge ne peut
appliquer que les règles de DIP de son for. Or, des règles du Droit international privé dépend
l’issue du litige, de ces règles dépend le choix des règles applicables au fond du litige. Dans
la pratique, le litige présente des liens avec certains pays précisément. On recherchera au
regard des règles de DIP de ces pays et non toutes les règles de DIP.
ne
Pour le moment propice au déclenchement du procès, il peut y avoir des questions
hi
de stratégie procédurale propres au contentieux international. Les procédures qui sont
entamées à l’étranger peuvent produire des effets en France. Il y a une exception de
ac
litispendance internationale (un juge saisi en premier à l’étranger peut justifier une exception
de litispendance internationale et conduire le juge français à se dessaisir au profit du juge
aM
étranger saisit en premier). D’où l’intérêt du moment.
/L
➋ Il faut encore relever l’exception de chose jugée. Lorsqu’il s’agit d’une chose
jugée à l’étranger, et bah c’est encore plus compliqué. Il n’en demeure pas moins que le
m
jugement prononcé en premier peut être revêtu de l’autorité de chose jugée en France.
co
Ø En principe, dans tous les pays, les juges appliquent les règles de procédure
rib
du droit du for. Or, le droit de la procédure n’est pas une question neutre par
rapport au fond du litige, et on peut avoir des procédures très efficaces.
.sc
Aux USA, avec la procédure de discovery, il est fait obligation aux parties de
communiquer à l’adversaire tous les éléments de preuve susceptible d’avoir
w
ne
conduit à une incapacité de jouissance des étrangers du Droit d’ester en justice en France.
La Jurisprudence a abandonné cette position dans l’arrêt PATINO du 21 juin 1948.
hi
Bon, elle a surtout été obligée d’élaborer des règles de compétence judiciaire internationale.
ac
On les appelle des règles ordinaires, par opposition aux privilèges de juridiction, bref les
règles de compétence privilégiée.
aM
Les Art. 14 et 15 ont dorénavant un caractère subsidiaire.
/L
m
co
Vu l’Art. 14, l’étranger même non-résident en France pourra être cité devant
.sc
les tribunaux français pour l’exécution des obligations contractées par lui en France
avec un Français. Le demandeur français peut citer un défendeur français à raison d’un
w
litige international. Cet article s’applique au-delà des rapports d’obligation visés.
w
Vu l’Art. 15, un Français pourra être traduit devant un tribunal de France pour
w
des obligations contractées par lui en pays étranger même avec un étranger. L’étranger
demandeur a la possibilité de saisir en France un tribunal d’une action dirigée contre
un défendeur de nationalité française. La faculté est proche de l’Art. 14.
La jurisprudence avait tout d’abord retenu une interprétation extensive de ces deux
articles. Pendant plus de 100 ans, la jurisprudence a ainsi travesti l’Art. 15 d’une faculté
au profit du demandeur étranger en un Droit pour le défendeur français de n’être jugé
que par un tribunal français. Le Français cité à l’étranger pouvait rester passif, attendre que
le jugement étranger soit prononcé, et, au moment où ce jugement était rendu pour être
exécuté en France, le défendeur donc français pouvait invoquer devant le Juge français l’Art. 15
pour s’opposer à la reconnaissance du jugement étranger. L’Art. 15 est une règle de
compétence indirecte, une règle permettant de s’opposer à la compétence du Juge
étranger. C’est une règle excluant la compétence du juge étranger.
Du point de vue français, ces articles confèrent un avantage des plus précieux.
Le principal avantage étant de pouvoir bénéficier d’un Juge proche, d’un Juge qui relève
d’un milieu juridique également proche, en plus de l’avantage de la langue.
Le fondement de ces articles peut apparaître comme une méfiance à l’égard des
justices étrangères. Cette méfiance n’est pas totalement injustifiée. Il y a des justices à
l’étranger qui ne présentent pas les garanties d’indépendance. Il existe des justices connues
pour leur lenteur.
ne
hi
ac
A · Le domaine d’application de ces articles aM
Les bénéficiaires de ces privilèges sont les Français. La qualité de Français est
appréciée au moment de l’introduction de l’instance. Dans les cas où il y a représentation, la
/L
condition s’apprécie du chef du représenté (le représenté doit être français). Pour la Cour de
m
cassation, la compétence internationale des tribunaux français est fondée non sur les
droits nés des faits litigieux mais sur la nationalité des parties. Si le droit a été transmis,
co
c’est la nationalité du titulaire actuel du droit qui est prise en compte. Ces règles
s’appliquent sous réserve de la fraude qui pourrait résulter de la transmission du droit à un
d.
L’application de ces articles donne lieu à des actions couvertes. Leur portée
w
générale s’étend à toute matière, à l’exclusion des actions réelles immobilières et demandes
w
en partage portant sur des immeubles situés à l’étranger. Ah et aussi les demandes
w
relatives à des voies d’exécutions pratiquées hors de France. Sur ces demandes, la
compétence du juge étranger est exclusive. De telles actions doivent nécessairement être
exécutées à l’étranger et un jugement français n’aurait aucune chance d’être reconnu dans
ces domaines. Finalement, ces exceptions demeurent assez réduites.
Le domaine patrimoniale et extra patrimonial relève lui bien des articles 14 et 15.
B · Régime
Cette interprétation large de la jurisprudence quant à la portée des articles a été
tempérée par un régime beaucoup plus strict qui tend à réduire l’application des Art. 14 et 15.
Dès lors que le défendeur est domicilié en France, la compétence revient aux
tribunaux français.
Donc ça hein c’est le principe. Le caractère subsidiaire est dicté par un souci de
favoriser la reconnaissance du jugement français à l’étranger. En effet, si le juge français
fonde sa compétence sur la présence du domicile du défendeur en France, ce chef de
compétence a toutes les chances d’être reconnu à l’étranger. Si le juge français fonde sa
compétence sur l’Art. 14, il est certain que cet article ne sera pas considéré comme un chef
normal de compétence à l’étranger (chef exorbitant).
ne
hi
Une difficulté existe. Ces articles rendent l’ensemble des tribunaux français
compétents. Mais cela ne suffit pas. Le plaideur a besoin de connaître le tribunal compétent.
ac
La jurisprudence a décidé que le demandeur puisse choisir le tribunal français
géographiquement compétent, sous réserve que ce choix ne soit ni frauduleux ni arbitraire.
aM
Le choix doit répondre aux exigences d’une bonne administration de la Justice. Bref, le
demandeur pourra choisir le tribunal de son domicile.
/L
Mais ça serait trop facile si ces articles n’avaient qu’un caractère subsidiaire.
m
jurisprudence PRIEUR, le défendeur français n’est plus protégé. Il n’est pas nécessaire de lui
demander sa renonciation. La renonciation peut être expresse ou tacite.
.sc
compétence au profit d’une juridiction étrangère. Mais ce n’est pas tout. Elle pourra se
w
En revanche, les articles ne sont pas facultatifs pour le Juge, car comme toutes
les règles de droit, ces articles, dès lors qu’ils sont invoqués par les parties, ont un caractère
obligatoire pour le Juge. Le Juge doit les appliquer, à condition toutefois que leur bénéficiaire
les ait invoqués. Le Juge ne peut s’amuser à appliquer d’office ces articles.
L’avantage conféré aux français viole a priori le principe de légalité des armes dans
l’accès à la Justice. La partie française est avantagée par rapport à l’autre. Dans ce
raisonnement, la combinaison des Art. 14 et 6.1 CESDH pourrait exposer la France à une
condamnation, du fait de ces privilèges discriminatoires.
ne
a priori… c’est qu’une partie est avantagée par rapport à l’autre. Cette disparité de
traitement est inhérente à la matière internationale.
hi
ac
La conciliation pourrait reposer sur le fait que les Art. 14 et 15 ne seraient pas… en
soi… contraires à la CESDH, mais qu’ils pourraient le devenir si… dans leur mise en œuvre in
aM
concreto, in casui, le privilège de juridiction conférait un avantage excessif à la partie
française. Tout spécialement lorsque la partie étrangère serait une partie plus faible.
/L
Depuis que l’Art. 15 CCiv n’édicte plus une règle de compétence exclusive au
profit des tribunaux français, les risques d’atteinte à l’Art. 6.1 CESDH ont
d.
considérablement diminué.
rib
.sc
w
29
L’Art. n° 14 prohibe la discrimination. Cette interdiction est à la fois large et restreinte. En effet, d'une part, l'article interdit toute
type de discrimination fondée sur n'importe quel critère. L'article énonce une liste de ces critères, dont le sexe, la race, la couleur, la
langue, la religion, l'appartenance à une minorité nationale et plusieurs autres, et plus significativement indique que cette liste n'est
pas exhaustive. D'autre part, le champ de cette interdiction est limité à la discrimination au regard des droits couverts par la
Convention.
2 · Mise en œuvre
ne
L’Art. 42. CPC donne compétence au tribunal du lieu du domicile du
défendeur. Si le domicile du défendeur est en France, les tribunaux français sont alors
hi
compétents. Cela n’implique pas de dire que le tribunal compétent soit le tribunal du
ac
domicile. Seule la compétence des tribunaux français est ciblée. aM
L’Art. 44 CPC donne compétence au tribunal dans le ressort duquel est situé
l’immeuble. Si l’immeuble est situé en France, les tribunaux français sont donc compétents.
/L
service pour un cas de contrat de service. Si le domicile du défendeur est toujours en France,
d.
ou si le lieu d’exécution du contrat est en France, le défendeur pourra saisir les tribunaux
français.
rib
ne
C'est-à-dire les chefs de compétence spécialement élaborés pour les litiges
internationaux.
hi
ac
Un exemple, c’est le Droit de prélèvement. Ce Droit, c’est une institution
successorale qui protège les français qui se trouvent privés dans une succession
aM
internationale, par application d’une Loi étrangère, des droits qu’ils auraient pu faire valoir si
la succession avait été régie par le Droit français. Le Droit de prélèvement permet à ces
héritiers exclus de prélever sur les biens situés en France l’équivalent de ce dont ils ont
/L
compétents les tribunaux français pour statuer sur une telle demande. Ce n’est pas sans
rappeler la jurisprudence CARON précitée.
co
Le for de nécessité est un autre exemple. Les tribunaux français sont compétents
d.
toutes les fois que le demandeur peut établir qu’il se trouve dans l’impossibilité de saisir un
rib
tribunal étranger. Cette impossibilité peut provenir d’un obstacle de fait ou de droit.
La doctrine estime que le for de nécessité doit établir un lien suffisant avec le litige. Il
.sc
ne suffit pas de se trouver sur le territoire français pour se prévaloir de la compétence des
tribunaux français, il faut un lien, au moins, entre le litige et les tribunaux français.
w
Aujourd'hui, cette règle peut être fondée sur la CESDH, dont l’Art. 6 §1 impose de
reconnaître les tribunaux français lorsque c’est le seul moyen pour une partie d’avoir accès à
w
la justice.
w
ne
Seuls sont exclus les litiges qui mettent en cause l'intervention d’une autorité
publique agissant dans l’exercice de la puissance publique. Sont encore exclues les
hi
questions relatives à l’état des personnes, la capacité, les régimes matrimoniaux, les faillites,
ac
et même l’arbitrage… aM
Pour le moment, le contentieux des pensions alimentaires relève toujours du
domaine du règlement. Mais avec un nouveau Règlement, entrant en vigueur – au mieux –
en 2010, ça devrait changer. Ah et en matière successorale, également exclue, une
/L
proposition de règlement vient d’être adoptée. Celle-ci comporte des règles de compétence
et des règles de conflit de Loi. M’enfin ce n’est qu’une proposition.
m
co
d.
B · Spatial
rib
exclusive prévu par l’Art. 22 dudit règlement, ➂ soit enfin en raison de la désignation par une
w
clause attributive de juridiction des juridictions d’un État membre alors que l’une des
parties est domiciliée dans l’Union. Aspirine. Vite.
w
Il faut toujours un lien entre les litiges. Reste à le définir. Le lien le plus simple
découle du domicile du défendeur. Il habite dans l’Union, le règlement s’applique. Il
n’habite pas dans l’Union, là, pas bien, le règlement ne s’applique que si une juridiction
européenne est exclusivement compétente, soit au regard de l’Art. 22 soit au regard de l’Art. 23.
Aujourd'hui, le règlement BRUXELLES pourrait être révisé. La Commission le souhaite et un
livre vert a même été établi. Mais pour l’instant, on en reste là…
L’affaire OWUSU, portée devant la CJCE, a engendré un arrêt du 1er mars 2005. Il
s’agissait d’un accident s’étant produit en Jamaïque. Une victime anglaise plonge et ressort
tétraplégique. Ballot. L’organisateur était anglais, les codéfendeurs, jamaïcains. A
l’exception du domicile du défendeur, tous les autres éléments étaient situés en
Jamaïque. La compétence des tribunaux anglais était prévue. Mais le Juge anglais a entendu
ne
permet d’éviter que les États membres ne se fassent concurrence pour attirer vers eux
certains contentieux ou en repousser d’autres. L'activité judiciaire peut être source de profit
hi
pour les États.
ac
aM
C · Temporel
/L
Le règlement est entré en vigueur dans les États membres le 1er mars 2002.
m
Applicable à toutes les actions intentées après cette date. Un peu plus tard donc chez les
co
Tantôt spécial, tantôt général. Si les juridictions d’un État membre sont visées,
comme l’illustre l’Art. 2, et ben la règle est générale. L’Art. 5 §1 désigne le tribunal de
w
ne
exemple. Le demandeur peut choisir une autre juridiction qui va varier en fonction de la
matière litigieuse.
hi
ac
a · Le for du contrat aM
L’Art. 5-1 le détermine, en 3 points épicés. Bon, faut dire que c’est la disposition
névralgique du règlement. C’est elle qui a soulevé le plus grand nombre des contentieux.
/L
l'obligation qui sert de base à la demande a été ou doit être exécutée. Ce point (a)
co
Bon, mais qu’entendre par matière contractuelle ? La CJCE a forgé une notion
rib
autonome, au sens de la Convention de Bruxelles, quelles que soient les positions des droits
nationaux. La matière contractuelle, ça englobe notamment les contestations portant sur
l’existence du contrat. Ça englobe également les contestations sur la validité du contrat. Il
.sc
suffit qu’il y ait une apparence de contrat. Tous les litiges relatifs à la fin du contrat, y
compris la responsabilité consécutive à la rupture du contrat, relèvent aussi de la matière
w
contractuelle.
w
w
Il a fallu savoir si la relation contractuelle supposait un lien direct entre les parties
au litige. On vise ici tout ce qui est chaine de contrat. Pour la CJCE, la qualification
contractuelle de l’action du sous-acquéreur contre le fabricant a été écartée. Ce, parce
qu’il n’y a pas de lien direct entre eux. Il faut donc un lien direct, L’arrêt du 17 juin 1992,
JACOB HANDTE, l’exprime.
Obligation qui sert de base à la demande ? Buk ? La CJCE l’a ajouté suite à un
arrêt du 6 octobre 1976, DE BLOOS. Cette obligation constitue le fondement de la
demande. Dans un litige qui porte sur un contrat n’engendrant qu’une seule obligation, bah
c’est pas trop compliqué. Cette formulation conduit à morceler le litige pour soumettre
chaque obligation litigieuse à des tribunaux éventuellement différents, toutes les fois que ces
obligations litigieuses ne s’exécuteront pas dans un même pays. Un contrat de vente qui voit
l'obligation de livraison effectuée en Allemagne quand celle du prix est effectuée en France,
verrait deux tribunaux compétents. La CJCE a précisé que ce morcèlement ne valait que pour
ne
cassation française. Elle a entendu procéder directement à la fixation du lieu d’exécution, eu
hi
égard aux circonstances du lieu de l’espèce. Un arrêt du 11 mars 1997 le démontre. La CJCE
s’est entêtée, obligeant les juridictions nationales à s’incliner.
ac
Dans la version du règlement BRUXELLES 1, un point… (b) et un point (c) ont été
aM
ajoutés.
(b) le tribunal compétent est fixé de manière plus simple pour la vente de
/L
celui du lieu d’un État membre ou, en vertu du contrat, les marchandises ont été ou
auraient dû être livrées. Pour la fourniture de services, c’est le lieu ou, en vertu du
co
Pour ces deux types de contrat, toutes les obligations peuvent être contestées ou
rib
réclamées devant un seul tribunal, celui-ci étant déterminé par le lieu d’exécution de la
livraison de la marchandise ou de la fourniture de service.
.sc
Le lieu est déterminé directement, sans passer par la recherche de la Loi applicable
w
De là à tout simplifier…?
w
Lorsque l’on ne peut pas appliquer le point (b), on va voir le point (c), qui nous
ramène au point (a). (a) comme Aspirine. Les jurisprudences de 1976 ressortent de terre,
pour ton plus grand plaisir.
Autre problème, le point (b) vise un lieu déterminé en vertu du contrat. C’est
probablement accorder un pouvoir au Juge de rechercher, d’après l’économie générale du
contrat, où situer le lieu d’exécution. Si l’exécution est effective, le Juge va procéder à une
détermination purement factuelle. Si les marchandises auraient dû être livrées, si les
prestations de service fournies, n’ont toujours pas été exécutées, alors, et ben pour l’instant
on ne sait pas trop.
ne
d’obligation alimentaire doit être entendue de manière large. Cela vise toute allocation de
moyens nécessaires à la satisfaction des besoins essentiels de la vie, qu’il s’agisse d’une
hi
rente, comme d’un capital. Une prestation compensatoire rentre dans la catégorie
ac
alimentaire. L’Art. 5-2 prévoit une disposition lorsque la demande d’aliment est accessoire à
une action relative à l’état des personnes. C’est le cas des demandes alimentaires en matière
aM
de filiation ou de divorce. En principe, les questions d’état des personnes sont en dehors du
champ matériel du règlement. Le principal relève du règlement, pas les accessoires. Le
règlement prévoit que l’action peut néanmoins être portée devant le tribunal compétent
/L
pour connaître de la demande principale. Sauf si cette compétence est uniquement fondée
m
sur la nationalité de l’une des parties. Le règlement du 19 janvier 2009 devrait apporter
quelques changements, mais il n’est toujours pas appliqué.
co
c · Le for du délit
d.
rib
L’Art. 5-3 le définit. En matière délictuelle ou quasi délictuelle, l’action peut être
portée devant le tribunal du lieu où le lieu du fait dommageable s’est produit, ou risque de
.sc
se produire.
w
La matière délictuelle au sens de cet article a été définie par la CJCE, qui en a déduit
w
Enfin, le dommage futur, non encore réalisé, dont on craint la réalisation, fait partie
du fait dommageable.
ne
temps, afin d’éviter des solutions qui pourraient être inconciliables. Il faut donc un lien de
connexité.
hi
ac
L’Art. 6-2 vise une autre hypothèse, celle où il y a dans un litige une demande
principale et des demandes incidentes. Le défendeur qui forme un appel en garantie
aM
contre un tiers est un exemple. L’Art. 6-2 évoque également le regroupement des
demandes incidentes devant le tribunal où a été effectuée la demande originaire. A
priori il y a un lien entre la principale et l’incidente. Ce n’est pas une raison pour frauder. La
/L
compenser l’inégalité des parties. Elles ne sont en effet pas les mêmes que ce soit la partie
w
faible ou la partie forte qui est demandeur. La partie faible ne peut pas être attraite
devant un tribunal autre que celui qui est supposer la protéger. C’est le tribunal du
w
ne
État membre. Si l’immeuble est en Tunisie, et bah il n’y aura pas de compétence exclusive
hi
au profit du Juge tunisien puisqu’il s’agit d’un État tiers.
ac
Avec la révision du règlement BRUXELLES 1, on a entendu faire jouer l’effet miroir
des règles de compétence exclusive. Ainsi, toutes les fois que le critère de rattachement de
aM
l’Art. 22 désigne les tribunaux d’un État tiers, les tribunaux des États membres pourraient se
déclarer incompétents, si ce tribunal de l’État tiers est compétent en vertu de son propre
/L
Droit national, sur un critère qui est similaire à ceux retenus à l’Art. 22.
m
co
C’est la clause par laquelle les parties désignent un tribunal déterminé ou les
.sc
juridictions d’un pays déterminé en cas de litige. La matière est supposée disponible. Cela
permet aux parties de mieux prévoir les règles applicables. L’Art. 23 du Règlement
w
BRUXELLES 1 y est relatif. Il pose très peu de règles de fond. Il suffit que la clause ait été
w
prévue à l’occasion d’un rapport de droit déterminé, mais encore que la situation soit
internationale. L’Art. 23 pose comme condition d’applicabilité que la clause désigne les
w
juridictions d’un État membre et que l’une des parties soit domiciliée sur le territoire
d’un État membre. On peut considérer que c’est au Droit national du Juge saisi d’apprécier
l’existence d’un vice de consentement. L’Art. 23 s’intéresse plus à la forme, est ainsi exigé un
écrit, soit au moins confirmation écrite, ou si l’accord est conforme aux habitudes parties, ou
s’il est conforme aux usages professionnels dans la branche considérée, usages que les
parties sont réputées connaître.
Dans le cadre des effets à l’égard des tiers, notamment en matière de Droit
maritime, on vise les connaissements maritimes, bref les contrats de transport, entre le
chargeur et le transporteur mais a des effets pour le destinataire des marchandises. Ces
clauses leur sont-elles opposables ? Pour la CJCE, les effets dépendent de la Loi applicable
aux… connaissements. Si si. La jurisprudence française a d’abord fait sa rebelle, avant de s’y
soumettre. Il ne serait toutefois pas exclu qu’une modification soit apportée avec la réforme
du Règlement BRUXELLES 1.
ne
d’extension du règlement BRUXELLES 1. Il y a tout de même quelques innovations,
concernant le champ d’application du règlement, universel. Il y a en outre la volonté d’offrir
hi
le plus large choix possible au demandeur en matière de divorce, entre au moins 7 formes
ac
disponibles. On a ainsi vu une volonté de favoriser le divorce en Europe.
aM
Paragraphe 1er Le champ d’application du règlement
/L
A · Matériel
m
co
de sa personne ou la protection de ses biens, comme son dernier power ranger 2000. Ce
règlement s’applique même si l’action relative à l’enfant est sans lien avec la dissolution du
w
mariage.
w
w
B · Spatial
On n’a pas dans le règlement BRUXELLES 2 bis d’applicabilité du règlement qui
définirait les litiges auxquels le règlement s’applique.
La délimitation opère de la façon suivante. Le règlement est applicable dès lors que
ses règles de compétences désignent les juridictions d’un État membre. Il suffit qu’un des
chefs de compétence prévus par le règlement se réalise sur le territoire d’un État membre
pour que le règlement soit applicable, que cette juridiction désignée par le chef de
compétence… soit… compétente.
C · Temporel
Le règlement est applicable à toutes les actions introduites postérieurement au 1er
mars 2005. Entre le 1er mars 2001 et le 1er mars 2005, c’est un autre règlement qui
s’applique, le règlement BRUXELLES 2, du 29 mai 2000, remplacé par oui tu sais quoi.
Ø RB1 44/2001 (22 décembre 2000 [entrée en vigueur le 1er mars 2002]),
ne
Paragraphe 2e Les règles de compétences
hi
Il faut distinguer les règles en matière de dissolution du mariage de celles relatives à
ac
la responsabilité parentale.
aM
/L
péchés capitaux (elle était facile ok) chefs de compétence alternatifs, au choix du
d.
moment de la demande
w
(…)
{C’est même pas moi qui ait arrêté de noter, mais elle qui nous a envoyés lire les autres^^}
ne
Section 3 Le règlement des conflits de procédure
hi
ac
Le conflit de procédure résulte de la saisine de tribunaux de pays différents à
aM
l’occasion d’un même litige. On parle ainsi de procédure parallèle. Le phénomène, s’il
n’est pas nouveau, est en expansion, au point de parler de « fléau ». Brrr. Il est en expansion
car, avec l’internationalisation des solutions juridiques, les avocats mesurent mieux les
/L
possibilités de profiter des disparités de systèmes juridiques. En outre, les rapports sont plus
m
internationalisés, donc. De là à parler de fléau, bah le procès est à considérer comme une
charge financière, si bien qu’en multiplier les facettes, c’est augmenter cette charge. C’est
co
encore un fléau car les conflits de procédure sont tendus à résoudre. Le conflit de procédure
pourrait déboucher sur une pluralité de jugements, éventuellement contraires.
d.
rib
.sc
Le but, c’est l’économie de procédure. Mais pas seulement, on entend aussi éviter
les contrariétés de jugement. Ceci dit, les règles de procédure ne sont pas les mêmes d’un
Juge à l’autre. Et les règles relatives au faits ne sont pas non plus les mêmes. Cela pourrait
orienter les saisines des tribunaux du for.
Les particularités des litiges internationaux ont engendré l’adoption d’un régime
toutefois différent. En effet, la recevabilité de l’exception de litispendance se dissocie des
conditions de bien-fondé de cette même exception de litispendance.
ne
stade de la recevabilité, on ne vérifie pas la compétence du Juge étranger. Cela intervient lors
hi
du bien-fondé de l’exception. Le Juge français s’en réserve un pouvoir d’appréciation qui
porte sur les chances de reconnaissance du Juge étranger. Cela vise la compétence, l’absence
ac
de contrariété à l’Ordre public, l’absence de fraude, ou encore l’absence de caractère
conciliable. C’est finalement un pronostic.
aM
Alors pour la compétence, c’est relativement facile.
/L
compétence exclusive des tribunaux français. Les Art. 14 et 15 ont perdu de leur charme
d.
Dixit l’Art. 101 CPC, il peut être demandé à l’un des juges saisis de se dessaisir au
profit de l’autre.
Pour la Cour de cassation, c’est trop factuel. Mais le risque, c’est de voir trop
facilement les juges se dessaisir.
ne
Merci l’Art. 27 du Règlement BRUXELLES 1.
hi
Cet article fait référence au critère chronologique pour régler le conflit de
ac
procédure, au profit donc du Juge saisi en premier. Cet article ne s’applique que dans le
cadre de deux juridictions d’États membres concurremment saisis. On ne sait pas ce qui se
aM
passe si l’un des juges est d’un État tiers. On peut supposer qu’alors, le Droit commun
s’applique.
/L
PRESKOVIC30, enfin toujours est-il que cet arrêt remonte au 9 décembre 1987. Il y a identité
d’objet et de cause entre une demande en exécution d’un contrat dans un pays et d’autre
.sc
La CJCE en estime que les deux demandes portent sur la force obligatoire du
w
contrat.
w
30
Toute allusion au Père noël est une ordure n’est pas fortuite.
31
Charmante pâtisserie traditionnelle, roulée à la main sous les aisselles. Alors Ici aussi, Toute allusion au Père noël
est une ordure ne relève pas du hasard.
2 · Effets
L’exception de litispendance s’impose d’office.
Une mode s’est développée, celle des actions torpilles. Exotique. Ce mode
d’action torpille vise à saisir en premier le Juge pour enliser le procès.
ne
B · La connexité communautaire
hi
ac
On s’intéresse là aux Art. 28 et 29 du Règlement BRUXELLES 1.
aM
Le lien entre deux affaires est ici si étroit qu’il y a intérêt à les regrouper afin d’éviter
toute contrariété.
/L
L’exception de connexité reste une faculté. Elle ne peut jouer qu’en faveur du
m
Juge saisi en premier. Qui dit simple dit réducteur. La rigidité de la jurisprudence
co
saisine. Cette appréciation se caractérise par le fait qu’il puisse exister un for plus à même. Il
va se baser sur les faits, le fond de la procédure, les comportements des parties, etc. Le Juge
w
de Common Law recherche aussi s’il y a abus de procédure. Il peut surseoir à statuer pour
se dessaisir au profit d’un Juge mieux placé.
Cette technique permet de régler les conflits de procédure, non pas en fonction
d’un critère mécanique, chronologique, mais en fonction d’une appréciation globale.
Bon mais il y a encore une autre technique de common law. C’est l’injunction
anti-suit, bref l’injonction de ne pas poursuivre.
à L’injunction anti-suit
Dans les systèmes de common law, le Juge a le pouvoir de délivrer des injonctions
de faire ou comme ici de ne pas faire. Ces injonctions sont adressées à l’une des parties. Elles
ont pour but par exemple de ne pas saisir un juge à l’étranger, ou de se désister au profit
d’une procédure déjà engagée à l’étranger. L’injonction est in personam. Le destinataire
s’expose personnellement s’il viole cette injonction. Elle est particulièrement efficace vu les
sanctions possibles. Elles peuvent être pécuniaires. Elles peuvent se solder aussi par des
peines d’emprisonnement, voire aussi la privation du Droit d’agir en justice.
ne
On délivre cette injonction dans plusieurs hypothèses. Ce peut être en cas de
suspicion d’abus processuel. Ce peut être encore le cas pour des clauses attributives de
hi
juridiction ou des clauses d’arbitrage. L’intérêt, c’est donc d’empêcher le conflit de
procédure.
ac
La CJCE, dans une affaire TURNER donnant lieu à un arrêt du 27 avril 2004, voit
aM
s’opposer un cadre et son entreprise. Une fois l’action engagée en Angleterre par le cadre,
l’employeur voulait introduire une action en Espagne pour lui faire peur. Le Juge anglais est
/L
saisi d’une demande d’injonction. Le Juge saisi la CJCE. La CJCE a considéré que ce procédé
était contraire au principe de confiance mutuelle. Dès lors que le règlement BRUXELLES 1
m
est applicable, le Juge anglais ne peut pas s’amuser à contredire des juridictions d’un autre
co
État membre. Le principe de confiance mutuelle interdit en effet au Juge d’un État membre
de contrôler la compétence des juges des autres États membres.
d.
Plus récemment, dans une affaire de Droit maritime invoquant une clause
rib
d’arbitrage, le Juge anglais estime que saisir un Juge étatique au mépris d’une clause
d’arbitrage était un manque de loyauté. Dans un arrêt ALLIANZ C/ OUEST TANKERS du 10
.sc
février 2009, la CJCE a là encore renvoyé dans ses buts le Juge anglais, vu encore le
principe de confiance mutuelle. Le Juge anglais ne peut ordonner à une partie de se
w
contradictoire. Dans un arrêt du 19 novembre 2002, elle a admis le Droit d’obtenir d’un Juge
français une injonction de se dessaisir, sous astreinte. La condamnation serait ici seulement
civile. En l’espèce, il s’agissait d’une faillite, ouverte en France. Il n’avait pas été soumis à
exequatur en Espagne. N’étant pas applicable en Espagne, un débiteur avait été poursuivi.
ne
On suppose là qu’une procédure a été introduite à l’étranger, mais encore qu’elle
hi
a abouti par un jugement. Reste à savoir quels effets lui accorder.
ac
Chaque système juridique pourrait s’ignorer. Dans un certain nombre de pays, ça
aM
perdure. En Hollande, sans convention internationale, un jugement international ne produit
aucun effet. Bonjour la coopération judiciaire internationale.
/L
Une norme n’a de valeur… de norme que dans le système de juridique dont
elle émane.
Pour que des normes étrangères puissent être reconnues dans d’autres systèmes
juridiques, ces derniers doivent prévoir des normes de réception des lois étrangères pour
les conflits de lois, et des normes de réceptions des jugements étrangers. Ces règles du
for reconnaissent le caractère normatif du jugement étranger. Ces règles, ce sont des règles
de reconnaissance des jugements étrangers, et qui en fixent les conditions.
Les jugements qui se contentent de reconnaître une situation juridique ont encore
une efficacité substantielle, parce que cette reconnaissance va modifier les droits des
parties. En effet, un jugement d’annulation d’un contrat est un jugement déclaratif car la
nullité préexistait au jugement. Mais il produit toujours des effets sur les droits substantiels
ne
des parties.
hi
Ces effets sont l’efficacité substantielle du jugement. Mais pas seulement.
ac
La reconnaissance des jugements emporte également d’autres effets. L’autorité du
aM
jugement, c’est le caractère indiscutable de celui-ci. L’autorité de chose jugée peut avoir
aussi bien un effet positif qu’un effet négatif. L’effet négatif vise à empêcher le
renouvellement du procès. L’effet positif interdit lui de remettre en cause la solution du
/L
jugement. Toutes les autorités du for sont tenues de tirer les conséquences du jugement.
m
co
après son divorce, alors que le divorce n’était alors pas admis en France. Elle estimait donc
qu’il ne pouvait y avoir de délit de bigamie. Le remariage était possible. Et la Cour reconnaît
la force probante du jugement de divorce qui avait été rendu.
Tout jugement devrait pouvoir être reconnu de plein droit. Le besoin de continuité
juridique se manifeste aussi en matière patrimoniale. La doctrine est ici unanime à proposer
ne
hi
Paragraphe 2e La force exécutoire
ac
aM
C’est la possibilité d’obtenir exécution par la force publique, donc la possibilité de
faire produire au jugement étranger un effet coercitif, sur les personnes ou sur les
biens.
/L
m
exécutoire touchait à la souveraineté étatique. Si c’est vrai en Droit commun, c’est moins
vrai pour le Droit de l’Union Européenne qui reconnaît une force exécutoire immédiate
d.
dans tous les États membres. Le règlement BRUXELLES 2 BIS a ainsi d’abord prévu deux
rib
prévoit une certification par le Juge d’origine d’un titre immédiatement exécutoire. Le
procédé se généralise aujourd'hui, si bien qu’est envisagée la suppression de l’exequatur en
w
A · L’effet de fait
Le jugement est pris en considération comme un fait, mais pas plus, et pas non
plus comme un élément de Droit. Le Jugement étranger est finalement une des
circonstances de fait du litige parmi d’autres.
B · L’effet de preuve
Le jugement étranger comporte un certain nombre d’énonciations qui peuvent
valoir comme des indices, des présomptions, bref des modes de preuve. Le Juge reste à
même d’apprécier la force probante de ces indices.
C · L’effet de titre
Le jugement étranger peut servir de titre toutes les fois qu’une règle juridique
attache des conséquences au fait d’être titulaire d’un titre.
ne
Un jugement étranger pourrait ainsi être la cause d’un enrichissement au sens de la
hi
théorie de l’enrichissement sans cause, bref que ce jugement empêcherait la restitution
fondée sur un enrichissement injuste. Aujourd'hui, des auteurs contestent la différence entre
ac
l’effet de titre et l’effet juridictionnel.
aM
Procéder à une saisie conservatoire vu un titre rendant une créance apparemment
fondée, du genre contrat, jugement, et bien tout repose encore sur le fait que l’effet de
/L
La CESDH peut exercer une influence à double sens. Cela peut freiner la
circulation internationale des jugements comme l’accélérer. Ce qui est sûr, c’est que la CEDH
w
Les systèmes juridictionnels sont différents et il est donc légitime d’instaurer une
procédure de contrôle sur les jugements étrangers.
L’Art. 6 CESDH peut ainsi imposer au Juge d’un État signataire, requis de faire
exécuter un jugement étranger, à vérifier la loyauté de la procédure étrangère.
D’autres arrêts de la CEDH ont mis en lumière le fait que l’exéquatur doive elle-
même respecter les exigences de l’Art. 6, notamment au regard du caractère raisonnable.
S’il y a contrôle, celui-ci ne saurait être trop long.
L’Art. 6 peut jouer comme le vecteur d’une meilleure exécution des jugements
étrangers. L’Art. 6 consacre le Droit à l’exécution du jugement. Le Jugement étranger doit
également bénéficier de ce Droit. Les États signataires sont réputés s’y soumettre. Et on parle
de l’Art. 6, mais les articles relatifs aux droits substantiels, genre l’Art. 8 (Droit au respect de
la vie familiale), peuvent justifier la reconnaissance d’un jugement étranger. Un arrêt
WAGNER du 28 juin 2007 va dans ce sens. Dans cette affaire, la CEDH s’est fondée sur les
obligations inhérentes au Droit au respect de la vie familiale pour imposer à l’État à la fois
une obligation positive de reconnaissance de l’adoption, et une obligation… négative de ne
pas constituer une ingérence disproportionnée dans l’exercice de ce Droit.
Moralité, la CESDH est un instrument pour contraindre les États à reconnaître des
jugements étrangers.
ne
hi
ac
Sous-section 2 • la nature des décisions susceptibles d’effets juridictionnels en France
aM
/L
Il faut pour cela que l’acte ait été prononcé, rendu par une autorité régulièrement
investie par un État souverain étranger du pouvoir juridictionnel. Le plus souvent, il s’agit
d.
d’une autorité judiciaire. Dans certains pays, le pouvoir de prononcer des jugements est
rib
Avec l’arrêt RIVIÈRE du 17 avril 1953, le divorce avait été prononcé par un préfet. On a
assimilé son acte à un jugement de divorce.
w
w
w
Il y a des cas originaux, notamment les jugements qui entrainent des peines
privées, celles qui jouent comme des sanctions, bref qui n’ont pas un caractère indemnitaire.
L’astreinte permet à ce titre d’obtenir une condamnation plus élevée que le montant
du préjudice. La Jurisprudence considère que les peines privées relèvent de la matière civile.
Un arrêt du 28 janvier 2009 a vu la Cour de cassation reconnaître qu’une condamnation à
une astreinte élevée relève de la matière civile.
Il faut que ce soit un effet substantiel, par opposition à un effet qui serait
purement procédural ou purement probatoire. Il faut qu’il y ait modification de la
ne
situation juridique. Cela suppose que l’autorité ait exercé un certain pouvoir d’appréciation
ou un pouvoir de contrôle. On va ainsi distinguer les cas où une autorité n’a exercé qu’un
hi
rôle purement passif, de réception d’un acte purement privé, voire un rôle d’enregistrement.
ac
L’acte, en Droit américain, qui permet de déclencher une procédure de faillite, n’est
pas un jugement, mais l’enregistrement d’une déclaration unilatérale du débiteur de
aM
se mettre en état de cessation de payement. L’acte sera considéré comme de Droit
privé.
/L
m
co
L’arrêt fondateur, c’est l’arrêt PARKER. C’est le point de départ du régime actuel
.sc
des jugements étrangers. Il a abandonné la théorie du Juge naturel. Cette théorie, c’était
l’idée que la compétence judiciaire des tribunaux français reflétait un rapport
w
tribunaux français, tout en les protégeant des jugements prononcés à l’étranger. Les
w
jugements étrangers contre des français étaient réputés non avenus en France, ne pouvant
donc entraîner d’effet. Les jugements étrangers contre des étrangers pouvaient, eux,
produire tous leurs effets en France, sans contrôle, sous la réserve de l'accomplissement
d’une formalité.
ne
subjectifs d’une partie. Le contentieux objectif porte lui sur la légalité d’un acte.
hi
Même après l’arrêt PARKER, on pouvait penser que le contentieux de l’exéquatur
ac
revêtait encore un caractère subjectif. Jusque l’arrêt MUNZER du 7 janvier 1964. Jusqu’ici,
le Juge de l’exéquatur disposait d’un pouvoir de réformation du jugement étranger. On
aM
l’appelait pouvoir de révision. C’est ce qui permettait au Juge de rejuger en fait et en Droit
l’affaire. Il pouvait la réviser par une nouvelle appréciation des faits ou une nouvelle
appréciation de Droit. Avec l’abandon du pouvoir de révision par l’arrêt MUNZER, le Juge de
/L
l’exéquatur n’a plus le Droit de substituer aux appréciations de Droit ou de fait du Juge
m
étranger ses propres appréciations. Le Juge de l’exéquatur n’a plus comme mission que
de vérifier la compatibilité du jugement étranger avec un tas de conditions, les
co
A · La compétence judiciaire
w
La compétence des tribunaux français est générale pour toutes les actions relatives
à l’efficacité et à l’exécution des jugements étrangers en France. Domicile du demandeur
en France, et à défaut, le tribunal du choix du défendeur, comme celui du lieu
d’exécution du jugement, ou encore le TGI de Paris en raison de sa position… centrale.
2 · L’intérêt à agir
C’est soit l’intérêt matériel d’obtenir l’exécution du jugement, soit, lorsque
l’action est exercée à toutes fins utiles, l’intérêt d’être fixé sur la régularité ou
l’irrégularité du jugement étranger.
ne
3 · Les pouvoirs du Juge de l’exéquatur
hi
ac
Il ne peut pas en principe statuer sur des demandes nouvelles. Il doit se
contenter de confronter le jugement étranger aux conditions de l’exéquatur. Il ne saurait
aM
substituer un jugement français au jugement étranger. MUNZER tout ça…
/L
Jugement étranger de condamnation à payer des dommages et intérêts peut supposer des
astreintes. On peut envisager également des intérêts moratoires…
co
d.
rib
Ces conditions ont été posées par l’arrêt MUNZER. En même temps qu’il
w
ne
la nationalité française. C’est encore le cas dans des matières dans lesquelles il apparaît que
la décision ne peut être exécutée qu’en France. C’est le cas pour des droits réels relatifs à des
hi
immeubles situés en France. Dans ces cas-là, la compétence d’un Juge étranger est exclue.
ac
Un autre cas de compétence exclusive, c’est dans un cadre de clause attributive de
juridiction. Les hypothèses sont toutefois rares. L’arrêt SIMITCH, statuant en matière de
aM
divorce, déclare que l’Art. 1070 CPC n’édicte pas de règle de compétence exclusive. Il définit
en effet les tribunaux compétents en matière de divorce, règle de Droit interne étendue à la
matière internationale.
/L
m
l’Art. 15 était interprété par la jurisprudence comme édictant une compétence exclusive des
tribunaux français, dès lors que le défendeur avait la nationalité française. Après la
d.
jurisprudence, l’Art. 15 n’édicte plus qu’une règle de compétence directe, qui n’est
rib
indirecte, sera reconnu compétent, sous deux conditions. Il est compétent si le litige
présente des liens caractérisés avec le Juge étranger. MAIS encore si le Juge étranger
w
Les règles de conflit du Juge étranger ont peu de chances d’être identiques à celles
du Juge français, d’où la possibilité que soient majoritairement refusés les jugements
ne
étrangers. Ce qui n’est pas dans l’intérêt des parties qui peuvent espérer la continuité des
situations juridiques. D’autant plus que les règles de conflit françaises ne sont pas
hi
nécessairement meilleures que celles du Juge étranger.
ac
Dans la pratique, cette condition était donc largement tempérée par la
aM
jurisprudence qui acceptait de reconnaître le jugement étranger dès lors que la Loi appliquée
par le Juge étranger aboutissait à des résultats équivalents à ceux de la Loi désignée par les
règles de conflit françaises. C’est ce que l’on appelle l’équivalence des résultats.
/L
m
On pouvait encore faire jouer le renvoi toutes les fois que la Loi désignée par le
Juge étranger était la Loi à laquelle renvoyait la Loi compétente en vertu des règles de conflit
co
françaises.
d.
que pour autant cela supprime le contrôle de l’application des lois de police ? Plus
précisément, est-ce que cela supprime le contrôle de l’application des lois de police du fort ?
.sc
Si on abandonne également ce contrôle, on permet aux parties de choisir qui leur serait
applicable en choisissant le Juge, portant donc atteinte potentiellement à des lois
w
D · L’absence de fraude
ne
Cette condition est distincte.
hi
Ici, on va s’intéresser à la fraude au jugement et à la fraude au Droit processuel
ac
d’autrui. aM
1 · La fraude au jugement
/L
d’une répudiation. Aucun Juge français ne saurait l’accepter. Le mari n’aurait donc pour
autre solution que d’aller à l’étranger pour la faire constater. S’il revient ensuite en France
d.
souples. La Jurisprudence avait réagi en invoquant la fraude pour refuser de reconnaître ces
divorces. Comme toujours, il faudrait démontrer l’intention frauduleuse, le Juge se
w
Cela vise toute manœuvre qui a pour but d’empêcher l’autre partie de se
défendre en Justice. On a parlé d’escroquerie au Jugement, dans l'hypothèse où l’une des
parties ment au Juge étranger en dissimulant le lieu de domicile de l’adversaire, histoire
d’éviter toute notification, si bien qu’exit le principe du contradictoire. Si l’on démontre qu’il
y a eu volonté de dissimuler un lieu de domicile, on pourra relever une telle fraude.
32
On se rappellera de la jurisprudence RIVIÈRE de 1953, citée notamment plus haut. Bis repetita… La théorie de
l’effet atténué de l’Ordre public repose sur l’idée qu’on ne puisse pas s’opposer avec la même force à l’application
des lois étrangères selon qu’il s’agisse de créer une situation en France, ou qu’il s’agisse de permettre à une
situation créée à l’étranger de produire des effets en France. L’arrêt RIVIÈRE de 1953, à propos d’un divorce
par consentement mutuel en Equateur, voit la Cour de cassation estimer qu’on ne pouvait pas opposer l’Ordre
public international dès lors que le divorce a été prononcé à l’étranger.
Cette question soulève une autre difficulté, celle de la cohésion au sein de l’Ordre
juridique du for. Il est difficile d’admettre que des jugements incompatibles coexistent.
On peut donc dire que pour qu’un jugement étranger soit reconnu, il faut vérifier
qu’il ne crée pas d’incohérences avec les jugements qui ont déjà une autorité de chose jugée
en France. Ce, qu’il s’agisse de jugements français ou de jugements étrangers.
ne
On est ainsi amené à faire de l’absence d’inconciliabilité avec un précédent
hi
jugement une condition de reconnaissance des jugements étrangers. C’est d’ailleurs comme
ac
ça que fonctionnent les conventions internationales et autres règlements de l’Union
Européenne. Dans le Règlement BRUXELLES 1, parmi les motifs de refus de reconnaissance
aM
figurent l’inconciliabilité avec un autre jugement.
sont inconciliables lorsqu’ils ne peuvent pas être exécutés simultanément, car leurs
m
faut deux jugements relatifs aux mêmes parties, aux mêmes demandes. Alors que dans
l’inconciliabilité, cela peut viser des jugements qui ne visent pas nécessairement les mêmes
d.
parties.
rib
fallait regarder la date de la saisine respective du Juge français et du Juge étranger, américain
w
par exemple. Si le Juge français était saisi en premier, ces auteurs estimaient que le jugement
étranger ne pouvait produire d’effets en France. Le motif, c’est qu’il était inconciliable avec la
procédure introduite en France. Cette solution présente pour avantage une certaine
simplicité. Un autre avantage, c’est la prévisibilité pour celui qui saisit en premier le Juge
français. Qui dit avantage… sous-entend inconvénients. Ici encore, on pousse à la course à la
première saisine, au… running shopping, bref à saisir le premier le Juge, déterminant pour
savoir qui l’emporte sur l’autre. Aujourd'hui, c’est à la mode.
Un autre courant tend à ce que soit recherché le Juge le mieux placé, c’est une
application de la théorie du forum non conveniens. La compétence du Juge étranger joue
après le prononcé du Jugement, le risque étant que le Juge de l’exéquatur ou de la
reconnaissance estime plus ou moins bien placé le Juge étranger en fonction du contenu de
son jugement. Si le jugement étranger n’est pas inconciliable, il sera probablement tenté de
considérer que le Juge étranger était bien placé. L’avocat général a rendu un tel avis,
contraire à la solution invoquée dans l’arrêt du 30 septembre 2009.
ne
Les jugements étrangers ne sont reconnus qu’à certaines conditions. La question
hi
est de savoir si le Juge doit effectuer un contrôle d’office. Si, lorsqu’un jugement étranger est
invoqué devant un Juge français, celui-ci doit le vérifier avant de lui faire produire des effets.
ac
aM
L’invocation d’un jugement étranger aux fins de reconnaissance, d’exécution, ou
même d’inopposabilité, doit déclencher un contrôle de sa régularité internationale.
Ce contrôle est la condition de l’insertion du jugement étranger dans l’ordre juridique du
/L
for. Ce contrôle doit être exercé aussi bien lorsque le jugement est invoqué à titre principal
que lorsqu’il est invoqué à titre incident. Ce contrôle est nécessaire toutes les fois où l’on
m
n’est pas nécessaire lorsqu’il s’agit simplement de reconnaître les effets juridictionnels, effet
de fait, effet probant, effet de titre… Les effets non juridictionnels ne sont pas subordonnés à
d.
Mais alors,
.sc
Ce qui incertain, c’est la question de savoir si, une fois que le Juge s’est saisi du
contrôle de régularité du Jugement étranger, ce Juge doit-il vérifier toutes les conditions, ou
w
seulement certaines ?
w
w
Certains auteurs soutiennent que le Juge ne doit vérifier que les conditions se
rapprochant de l’Ordre public, la conformité à l’Ordre public, ou l’ensemble des conditions
lorsque la matière est d’Ordre public. Mais la jurisprudence ne consacre point ces
distinctions. Au niveau des juges du fond, toutes les solutions apparaissent. Contrôle, pas
contrôle, contrôle partiel, dans la limite des conditions contestées par une partie. La Cour de
cassation a rappelé dans quelques arrêts la nécessité d’un contrôle d’office de la condition
de conformité à l’Ordre public, mais aussi de la condition de compétence judiciaire et de
compétence législative avant l’arrêt de cette condition avec l’arrêt CORNELISSEN.
Tous ces arrêts ont été cependant rendus au regard de l’état des personnes. On
pourrait penser que la Cour de cassation a raisonné en fonction de la matière. Moralité, tout
n’est toujours pas réglé.
Une tendance apparaît au sein des jugements du fond. La tendance est d’interdire
aux parties à se prévaloir devant le Juge de l’exéquatur d’une cause d’irrégularité du
jugement étranger lorsque cette cause n’a pas été invoquée devant le Juge étranger. L’idée
ne
Le Règlement BRUXELLES 1 lie tous les États membres, y compris le Danemark. A
l’origine, il était en dehors. Depuis, la Communauté a conclu une convention avec le
hi
Danemark pour lui rendre le Règlement applicable.
ac
Le Règlement BRUXELLES 1 couvre les effets juridictionnels des jugements
aM
européens, bref ce qui touche à la reconnaissance de ces jugements, avec leur efficacité
substantielle, leur autorité de chose jugée, mais encore ce qui touche à
la force exécutoire, car ces instruments ont pour objet de permettre un exequatur…
/L
ceux qui ne sont pas liés au caractère juridictionnel du jugement, genre les effets de
preuve ou de titre (Cf. section 1), car pour ceux-là, c’est le Droit commun des jugements
co
qui s’applique.
d.
rib
.sc
ne
Cette pratique a été entérinée par le système révisé.
hi
ac
aM
Paragraphe 2e Le système révisé par le Règlement BRUXELLES 2
/L
m
Ce système a voulu aller plus loin. On a entendu donner une prime au demandeur
en lui permettant d’obtenir sans décision contradictoire une décision à force exécutoire
co
Puisqu’il n’y a plus de contrôle sur les jugements, il était possible de confier cette mission
à d’autres personnes que les juges, si bien que la phase devenait administrative. La
w
Greffier en chef du TGI. Celui-ci ne vérifie que la régularité formelle de la demande. Bref un
w
dossier complet relevant ou pas du Règlement. Le Greffier est aidé par un… certificat
établi par le Juge d’origine. Ce certificat atteste de l’authenticité du jugement, mais
encore, en cas de procédure par défaut, atteste qu’il y a bien eu signification au
défaillant. Le Greffier en chef demeure celui qui appose la force exécutoire au jugement
européen.
ne
Les règles de compétence exclusive font l’objet d’un contrôle. Le Jugement
hi
européen qui ne respecte pas les règles de compétence exclusive n’est pas susceptible d’être
ac
exécuté. Il y a aussi contrôle des règles de compétence protectrices des assurés et des
consommateurs. Curieusement, les règles de compétence protectrices des salariés ne
aM
sont pas contrôlées.
fraude, non. Le contrôle de conformité à l’Ordre public est là pour ça. Il peut s’étendre à
contrôle de loyauté de la procédure.
co
d.
rib
.sc
ne
et rappeler que les jugements européens pouvaient faire l’objet d’un refus d’exécution en
cas de contrariété à l’Ordre public.
hi
B · Une notification effective et en temps utiles
ac
aM
L’Art. 34-2 du Règlement la vise. Cela couvre les procédures par défaut. Il faut
/L
vérifier dans ces procédures que le défaillant a bien été informé par notification du
m
procès, en temps utiles pour qu’il puisse préparer sa défense. C’est une des causes
d’irrégularité les plus invoquées. Le Règlement BRUXELLES 1 a entendu éviter qu’on le
co
transforme en motif dilatoire. Il ne peut être invoqué si le défendeur n’a pas exercé de
recours à l’encontre de la décision alors qu’il est en mesure de le faire. Il ne pourra donc
d.
Si le jugement européen est inconciliable avec le jugement d’un autre État membre
ou un État tiers, c’est alors le jugement reconnu en premier qui l’emporte. Le jugement
doit porter sur le même objet et la même cause.
ne
A · L’esprit du TEE
hi
ac
Celui-ci porte sur les créances incontestées. L’institution d’un tel titre exécutoire est
sortie de la cuisse de Jupiter, enfin des huissiers mais bon c’est au choix. Ces derniers se sont
aM
inspirés des procédures nationales d’injonction de payer pour pondre un régime applicable
aux relations transfrontières. Dans une injonction de payer, un débiteur se voit signifier
une telle injonction délivrée à l’issue d’une procédure accélérée et unilatérale, intentée
/L
par le créancier. Il suffit que la créance ait une apparence suffisamment sérieuse pour
m
ici le fait que le défendeur ne puisse s’opposer à l’exequatur prévue à l’Art. 34-2 RB1
.sc
Tout le système repose sur l’idée que dans le cas où un défendeur ne réagit pas,
c’est bien parce qu’il reconnaît la véracité de la créance. Qui ne dit mot consent en gros.
w
comparaît pas, ne conteste pas, bref se laisse condamner par défaut, et qu’après la décision
w
B · La technique du TEE
1 · Le domaine
Le TEE ne vise que des sommes d’argent déterminées et exigibles. En outre,
ces créances doivent revêtir le caractère de créance incontestée. Incontestée, donc pas
forcément incontestable. Il y a deux catégories de créance incontestée. Une première
catégorie vise les créances que le débiteur a expressément reconnues, soit en acceptant une
transaction, soit en reconnaissant la créance dans un acte authentique. La deuxième
catégorie cible les créances qui interviennent quand bien même le débiteur s’est enfermé
2 · La procédure
Le créancier peut demander devant la juridiction d’origine à ce que ce titre
soit certifié comme titre exécutoire européen. Il a force exécutoire dans tous les autres
États membres et peut donc donner lieu à des mesures d’exécution forcée. Le Règlement
prévoit que ce soit la juridiction d’origine qui opère cette certification, sans préciser plus le
mécanisme. La France en a donc considéré qu’il suffisait que le greffier en chef de la
juridiction d’origine certifie. L’Art. 509 CPC estime que le greffier en chef peut certifier
comme TEE les décisions prononcées par sa juridiction.
Cette certification est obtenue sous conditions, nombreuses. ➀ Le titre doit bien
porter sur une créance incontestée. ➁ La procédure d’origine doit respecter des normes
minimales de procédure. Le Règlement vise essentiellement les conditions de notification ou
les recours ouverts aux défendeurs. Toutefois, l’uniformisation reste a minima. Si la
ne
notification n’est pas assortie d’accusé de réception, le débiteur bénéficie d’un recours en
réexamen. Ce recours est exercé devant le Juge d’origine. ➂ Il y a des recours possibles
hi
contre la certification. Il est alors possible de demander la rectification ou le retrait dudit
ac
certificat lorsqu’il a été conféré de manière irrégulière. En France, le recours est également
présenté au greffier en chef. Si le greffier a refusé la certification, un appel reste possible. En
aM
revanche, une fois que la certification est opérée, les recours éteints ou effectués, le titre
devient immédiatement exécutoire dans les autres États membres et ne saurait dorénavant
faire l’objet de recours devant le Juge du pays d’exécution.
/L
m
oublier qu’on raisonne au niveau européen. Le débiteur visé devra se bouger l’arrière
train pour aller porter devant le titre du pays d’origine du créancier. C’est le défendeur qui
w
B · RPL
Le Règlement RPL vise lui les litiges dont l’enjeu ne dépasse pas… 2000 €. Ce
qui implique que la procédure soit peu coûteuse, histoire ne pas absorber le montant du
litige, bref de garantir le Droit d’accès à la justice. Le pendant, c’est qu’il en résulte une
justice… simplifiée, de masse. La procédure se déroule essentiellement par écrit d’un
demandeur qui n’a pas besoin de formuler juridiquement ses prétentions. Le
défendeur est amener à son tour à répondre. Lui non plus n’a pas besoin de justifier
juridiquement ses réponses. Ça va être au Juge d’essuyer les plâtres. Le Juge devra alors
aider les parties à trouver le bon fondement juridique, mais encore à déterminer les preuves.
Il devra rechercher les modes de preuve les moins coûteux, les plus rapides. La décision qui
résulte de tout ça est elle aussi immédiatement exécutoire des les autres États membres, là
encore sans passer par la certification.
-- fin du cours --
ne
hi
ac
aM
/L
m
co
d.
rib
.sc
w
w
w
ne
hi
ac
aM
/L
m
co
d.
rib
.sc
w
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