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ISSN 167 tes
Le jardinage
en douceur
Biner, planter, taller... les Francais
aiment jardiner. Une facon de
retrouver un peu de nature, dans
ce monde de plus en plus urbanisé
et d’échapper aux soucis quotidiens,
Prés de 60 % des 23 mil-
lions de foyers possédent
un coin de terre consacré
a Vagrément ou a la culture
potagére. ils dépensent chacun
240 €, soit au total 6 milliards d’euros
par an au jardinage, un de leurs
loisirs préférés. Juste un peu moins
que les Allemands, premiers jardi-
niers amateurs d'Europe. Cette pas-
sion verte nourrit un marché qui se
tasse [égérement, mais qui a explosé
au cours des dix derniéres années.
Une manne pour les jardineries et
les grandes surfaces de bricolage,
qui vendent des brouettes, des ton-
deuses, mais aussi des produits
pour éliminer les mauvaises herbes,
les champignons ou les insectes
indésirables. La France est, on le sait,
Un des plus gros consommateurs
de pesticides, le premier en Europe
et le troisiéme au monde. Bien sr,
ta plus grande part est utilisée par
agriculture, mais 10% du tonnage
sont destinés aux ardins privatts,
a Ventretien des espaces verts, des
bords de routes et des voies ferrées.
Ces produits phytosanitaires repré-
sentent un arsenal impressionnant
de cocktails chimiques, les mémes
>>> JUIN 2007/"417
Marie-Jeanne Husset, directrice de la rédaction
EDITORIAL
molécules qui interviennent en agri-
culture. Alors que les paysans les
uti
ent réguligrement et ont cons-
ce de leurs dangers, les amateurs
sont des pollueurs qui s'ignorent.
lls surdosent les traitements, mani-
pulent sans précautions, sans gants,
sans masque. Ils consomment, au
metre carré, deux fois plus de pro-
duits chimiques que les agriculteurs.
Rejetés dans lair ou dans eau,
ces substances finissent & U’égout,
se retrouvent dans les rividres et les
nappes phréatiques et tout au long de
la chafne alimentaire, empoisonnent
environnement et la santé. Les
centres antipoisons recoivent environ
10.000 appels par an venant de
personnes qui ont été exposées a ces
produits, sans parler des effets cumu-
latifs & long terme, que Lon connaft
encore mal. Des molécules
parfois trés toxiques sont
en vente libre, banalisées
par un marketing agressif.
Elles sont présentées avec un étique-
tage encore trop flou, qui signale
mal les risques, tout particuligrement
pour les enfants et les femmes
enceintes. Alors, songeons que
les remédes sont souvent pires que
les maux. Regardons les “mauvaises”
herbes d'un autre ceil, Usons d'armes,
plus douces. Le temps est venu
de cultiver nos jardins en amateurs
éclairés, responsables et tolérants.
EDITORIAL >>> 3