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L'équilibre monétaire

3) La crise de surproduction (rappel)

Maintenant, nous pouvons expliquer la crise de surproduction du type de celle des années 30. La
production industrielle se répartissait naturellement en deux parties: d'une part, la production des
biens de consommation, d'autre part celle des biens de production (achetés par les entreprises qui
investissent).

Brusquement, la consommation baissa de manière imprévue. Il aurait été logique que la


production se réoriente alors vers les biens de production, pour alimenter les investissement qui
devaient répondre à la hausse de l'épargne. Malheureusement, il est généralement très difficile de
reconvertir ainsi brusquement toute une usine. Par conséquent, pour des motifs d'amortissement,
on continua à fabriquer des biens de consommation en surplus, et ce fut le déséquilibre. Ainsi les
prix des biens de consommation chuta.

D'un côté, il était normal que les usines de biens de consommation fassent des pertes, car elles
étaient en surnombre pour les besoins de l'économie. De l'autre, il eût été normal que celles de
biens de production fassent du profit, et investissent plus que jamais. Mais, lorsque les dirigeants
de ces dernières ont vu les prix à la consommation chuter et les investissements des usines de
biens de consommation (qui constituaient une bonne part de leurs débouchés) bloquées, leurs
esprits ont défailli et ils ont tout laissé tomber. Là est la faille : lorsque les débouchés extérieurs
chutent ainsi que les prix à la consommation pendant une période, il est a priori difficile pour
l'ensemble des dirigeants d'entreprises de biens de production, de se persuader qu'ils vont
ensemble investir au point de créer eux-mêmes leurs débouchés avantageusement sans chute de
prix, justifiant ces investissements.

Ainsi, tous les investissements chutèrent, et les prix et les emplois avec eux. Or, le taux réel
d'équilibre aurait été bas, pour inciter à l'investissement. Ce qui donne, avec: taux nominal=taux
réel + inflation, l'inflation étant très négative, une valeur négative du taux nominal. Ainsi, le taux
nominal qui courait après l'inflation a heurté violemment la barrière du zéro, et le système
bancaire a explosé (au cas où le krach boursier ne l'avait pas déjà achevé).

4) La bonne définition de la monnaie

Une monnaie est un contrat entre l'ensemble des épargnants (possédant une somme monétaire
positive), et l'ensemble des personnes endettées (qui possédent la contrepartie négative de cette
somme, autant que possible compensée par des richesses réelles au moins équivalentes:
autrement dit que ces emprunts soient des investissements). L'objet de ce contrat est la valeur
réelle à venir de l'unité de cette monnaie. Cette valeur réelle doit s'exprimer en fonction des
richesses réelles qui seront alors disponibles (marchandises consommables, services, valeurs des
entreprises...).
Le taux d'intérêt nominal disparaît, et est remplacé par une réalisation du taux d'intérêt réel
d'équilibre par ce contrat déterminant une baisse progressive et programmée du niveau des prix à
venir. Ainsi, toute somme possédée est l'expression d'un placement, titre de propriété indirecte
sur des valeurs réelles situées ailleurs avec les emprunts correspondants.

Remarquons que le marché des capitaux pourra alors s'effacer dans les conventions pour devenir
implicite. Il y a essentiellement trois véritables raisons d'être (ou plus précisément d'être visible)
des taux d'intérêts et des banques:
- La mise à disposition des moyens de paiement : ce role devrait etre joue par les pouvoirs
publics
- Le prélèvement de l'impôt sur le capital (particulièrement élevé dans le cas d'une somme non
placée, car c'est alors la totalité du taux d'intérêts qui est alors implicitement prélevée; je ne sais
pas ce qui se fait mais je remarque que c'est par rapport au taux d'intérêts réel que le revenu du
capital doit être défini, et non par rapport au taux d'intérêts nominal). Si on veut cet impot,
l'exprimer comme part du taux d'interet nominal est une absurdite: disons alors que le taux
d'interet de placement est nul et celui d'emprunt est faible (1% ?) et verse integralement en
impots.
- La gestion des garanties lors des emprunts (qui sont les masses monétaires négatives): ce
dernier rôle s'apparente à celui d'une compagnie d'assurance qui demande à minimiser les
risques. Ceci doit rester du domaine prive et doit pouvoir se traiter de maniere plus ou moins
artisanale suivant les cas, tout en ayant le soutien de la collectivite face a certains problemes.

Contexte

Le but de cette discussion est de définir un mécanisme de régulation monétaire dans un système
économique global sur réseau informatique, où toute la monnaie est virtuelle, portée par un
système informatique appartenant à la collectivité.
Cette solution est envisagée de préférence dans le cadre d'un environnement politique libéral
complètement nouveau.

Nous supposerons que l'organisation est telle que chaque individu est dépendant de la collectivité
en ce sens que l'exclusion d'un individu du réseau lui est préjudiciable, c'est-à-dire que la
collectivite a une dette envers les individus (une valeur monétaire virtuelle ou quelque chose
d'équivalent) que ceux-ci perdraient s'ils la quittaient. Pourtant, il est preferable que la
collectivite ait un patrimoine (que le S du total des individus soit inferieur a R), afin de diminuer
le poids des impots (par les interets de cette epargne) et de favoriser la situation economique
mondiale.
La solution est que, pour chaque entrepreneur-emprunteur, soit son honnêteté a ete reconnue par
des autorites pour certifier qu'il respectera le contrat, soit il travaille avec des biens matériels
(machines et batiments, etc) appartenant a (ou saisissables par) la collectivite en quantite
suffisante (qu'il ne peut pas revendre pour en tirer profit).
Ainsi, un contrat social incarné par une fonction logicielle, aurait le pouvoir, par sa simple et
immédiate exécution numérique suivant les conditions de l'accord, de sanctionner tout individu
ne le respectant pas.

6) Hypothèse simplificatrice

Nous nous plaçons dans un cadre macroéconomique et supposons que toutes les entreprises sont
des sociétés par actions. Ceci afin que la logique qui engendrera l'équibre monétaire puisse
s'exprimer simplement. Ceci n'est nullement une apologie du système des sociétés par actions;
mais un moyen de montrer qu'il existe une logique de l'équilibre monétaire d'un style nouveau.
Afin que la recherche d'une incarnation de cette logique en des règles appuyées sur d'autres
marchés que le marché boursier (adaptant le raisonnement à une économie où les sociétés par
actions sont minoritaires), apparaisse comme un projet raisonnable, même si cela se révèle
beaucoup plus compliqué, nécessitant de longues négociations régulièrement renouvelées et
jamais totalement achevées.

Pour expliquer ce choix, remarquons que l'indice boursier est souvent un assez bon témoin des
fluctuations monétaires: d'après la définition ci-dessus, il devrait être stable (par définition si on
prend comme "valeur réelle" de référence pour la monnaie, la valeur des entreprises cotées en
Bourse ; les cours des actions gardant une évolution brownienne seulement les unes par rapport
aux autres et non pas dans leur moyenne), donc s'il ne l'est pas c'est que la monnaie manque de
stabilité. Seulement, il n'y a pas que les sociétés cotées en bourse dans l'économie: il y en a
d'autres plus petites dont on peut difficilement estimer la valeur car elles s'échangent peu. Mais
on peut tout de même l'estimer d'après ce qui entre et sort, au moyen des marchés à terme (en
regardant l'évolution des prix à terme d'un même objet pour une même date), afin de faire une
moyenne de tout.

L'hypothèse précédente nous dit qu'en particulier les actionnaires seraient perdants de sortir du
réseau. Donc, soit leur possession des actions n'existe que virtuellement dans le réseau, soit une
partie du patrimoine réel des entreprises, supérieure à leur dette, est saisissable par la collectivité.

7) Principe et shéma du raisonnement

La notion fondamentale de monnaie étant celle d'un contrat global entre investisseurs et
épargnants portant sur la valeur réelle à venir de l'unité monétaire, et cette valeur réelle ayant
besoin d'une richesse réelle de référence pour se définir, on choisira ici comme richesse de
référence le devenir moyen d'une unité de patrimoine de toutes les entreprises. Or, on rappelle
l'équation pour chaque entreprise qui est une société par actions
prix du patrimoine = valeur boursière + dette monétaire
(du moins, si les mécanismes économiques sont bons et les porteurs d'actions sages et rationnels,
la valeur boursière doit prendre la valeur qui obéit à cette formule).
Puis,
Valorisation en prix du patrimoine = profit des actionnaires (= dividendes + montée des valeurs
boursières).
(il s'agit de la valeur du patrimoine donné, l'effet de l'épargne en tant que flux étant soustrait de
ce calcul).
Cette valorisation se définit de manière nominale, et, rapportée à la masse des valeurs boursières,
est à comparer au taux d'intérêt nominal pour savoir s'il est avantageux ou non d'avoir placé son
argent en Bourse. Cet avantage ou désavantage de placer son argent uniformément sur toutes les
valeurs boursières ou de ne pas le placer en Bourse, traduit précisément les défauts d'équilibre
monétaire, si on formule cet équilibre en supposant que les anticipations se pensent par rapport à
la référence choisie ici.
Mais dans le nouveau système, le taux d'intérêt nominal est égal à 0. Donc on aura équilibre si et
seulement si le profit des actionnaires est toujours nul au total.
Cependant, nous n'allons pas exiger qu'il soit exactement nul. On comprend, par exemple, que
s'impliquer en Bourse suppose un certain travail d'études économiques, ainsi qu'un certain risque.

Nous supposerons donc qu'il existe une valeur d'équilibre du profit des actionnaires, telle que
l'intérêt d'investir ou non en Bourse qui en résulte, réalise l'équilibre (des moyennes sur toutes les
actions) de l'offre et de la demande sur le marché boursier. Cette valeur d'équilibre peut admettre
de légères variations au cours du temps.

Nous allons présenter le mécanisme de régulation monétaire en deux étapes:


1) Mise en place d'un mécanisme régulateur du profit des actionnaires "coupé du réel"
2) Vérification logique du fait que les conséquences naturelles du 1) sur le reste de l'économie
assurent un équilibre monétaire global. Ainsi donc, si le mécanisme 1) est coupé du réel, cela
n'implique pas qu'il soit en désaccord avec le réel car le réel se conformera automatiquement à
lui.

L'indicateur boursier, guide de l'équilibre boursier


Nous sommes habitués à parler d'indice boursier, qui décrit le profit moyen des actionnaires dans
le passé proche. Mais nous allons maintenant construire un indicateur boursier, le décrivant et le
guidant pour le futur proche. On suppose qu'il y a une seule monnaie, un seul marché boursier
représentant toute l'activité économique productive, et un seul indicateur.
Qu'une telle notion puisse réellement tenir debout parait invraisemblable en comparaison avec
les théories économiques habituelles. Pourtant, après l'avoir défini et en avoir examiné les
propriétés, on pourra finalement reconnaître sa solidité.

Définition

L'indicateur boursier est un logiciel qui à partir des données présentes du marché boursier,
fournit et publie en permanence à la connaissance de tous le profit moyen des actionnaires qui
aura lieu dans le futur proche, quelque chose du genre la période de temps entre demain et dans
huit jours (mais c'est en fait une période floue et non un intervalle délimité par des instants
précis, pour que cet objet soit quelque chose de souple et cohérent).
Il peut, soit être le passage obligé de l'offre et la demande des actions avant qu'elles ne se
rencontrent, et observer ainsi le déséquilibre en temps réel entre l'offre et la demande avant que
le cours ne s'ajuste, et avoir le pouvoir de contrôler directement ce cours; ou bien, il peut n'être
que l'observateur extérieur des fluctuations des cours qui ont lieu suivant les mécanismes
traditionnels. Cette différence est accessoire: il peut jouer son rôle quasiment de la même
manière dans les deux cas.

Sa règle de calcul est la suivante, si on se place dans l'hypothèse pessimiste où il n'est qu'un
observateur extérieur du marché: s'il observe dans le passé immédiat un profit supérieur à ce
qu'il avait annoncé, alors il annonce pour le futur proche un profit encore inférieur à ce qu'il
venait d'annoncer avant, en sorte que si sa nouvelle annonce se réalise, cette correction
compense plus que complètement l'écart momentané qui vient d'être observé par rapport à
l'annonce passée.
Et inversement, bien entendu.

Propriétés

L'indicateur boursier ne peut se comporter que de trois manières possibles: soit il reste stable à
de légères variations près, soit il explose en valeurs positives, soit il explose en valeurs
négatives.
Si la majorité efficace des acteurs (notion floue, dépendant des moyens de la rapidité des actions
de chacun) fait confiance à l'indicateur, alors il reste stable et rend gagnants financièrement ceux
qui y croient contre ceux qui n'y croient pas.
Si au contraire la majorité efficace ne lui fait pas confiance, alors il explose presque sûrement.

L'équilibre monétaire qui en résulte

Supposons un instant que cet équilibre boursier soit en décallage avec la réalité. La formule
énoncée
prix du patrimoine = valeur boursière + dette monétaire
n'est a priori plus valable. Remarquons qu'elle dépend du niveau des prix en vigueur. Mais, sans
invoquer quelque niveau des prix en vigueur que ce soit, on peut écrire
valeur boursière + dette monétaire = k (patrimoine) approximativement

k = (total des valeurs boursières et dettes monétaires / total des patrimoines ) = niveau
contractuel des prix
Or, chaque entreprise est libre d'investir plus ou moins, pour étendre ou restreindre ses activités.
Et la décision d'investissement est prise par les actionnaires, en fonction de ses retombées
immédiates sur leur profit personnel. Ce profit étant directement lié au budget des entreprises
(sans dépendre d'un éventuel écart entre niveau contractuel et niveau effectif des prix), et du fait
qu'ils jugent de la valeur d'une augmentation de patrimoine par le bénéfice qu'ils en tirent, ils
estimeront la valeur des biens de production, objets de leur investissements, au niveau de k.

Donc, le niveau des prix des bien de production se conforme naturellement au niveau contractuel
des prix k.

Or, il est bien connu que le niveau des prix des biens de production est à la tête de l'équilibre
général des prix. Donc, le niveau général des prix se conforme naturellement au niveau
contractuel des prix k.

8) Conclusion

pourquoi ça marche

La logique traditionnelle tendrait à faire penser que l'indicateur ci-dessus défini explosera
nécessairement, n'étant pas crédible car ne reposant sur aucune donnée extérieure.
Cependant, ce jugement est sans motif non plus, du fait qu'il n'existe pas de réalité extérieure
imposant une certaine évolution des prix contraire à celle-là, tout le système étant virtuel.
Ce qui fait la force de cet indicateur, c'est que la collectivité lui a donné le titre de contrat social,
que tous les membres sont liés à la collectivité par ce contrat : une explosion de l'indicateur
signifierait rupture de contrat et déclenchement automatique des mesures convenues par le
contrat, afin de punir ceux qui ont essayé de le saboter.

Ouverture

Le système des sociétés par actions n'étant évidemment pas un système idéal, il faut chercher à
transposer le mécanisme d'auto-régulation ci-dessus du marche boursier vers d'autres marchés.
En particulier les marchés à terme de biens de production (qui doivent être plus développés et
encouragés) doivent également être des places de marché virtuelles soumises aux effets d'un
logiciel convenu par le contrat social et ayant pour effet d'ajuster les prix pour équilibrer l'offre et
la demande, non seulement de manière locale suivant les mécanismes de marché classique, mais
en plus de manière globale conformément à ce contrat. Sauf que bien sûr, le temps de réaction
sera beaucoup plus long que dans le cas du marché boursier (qui était de l'ordre de la journée (?)
le temps de décider une transaction): de l'ordre d'une ou plusieurs années le temps qu'un
investissement débouche sur une production).
Eventuellement, on peut y ajouter des marchés à terme de biens de consommation par
l'intermédiaire d'associations de consommateurs.

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