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Paris demande l'envoi d'urgence de Casques

bleus au Rwanda
4 mars 1993

Le gouvernement français a décidé hier de saisir le Conseil de sécurité des Nations unies pour
obtenir, «d'urgence», l'envoi de Casques bleus au Rwanda. Pris au piège du soutien militaire
qu'elle apporte, depuis vingt-huit mors, au régime contesté du général Habyarimana, la France
demande le déploiement d'une «force d'observation nombreuse» le long de la frontière avec
l'Ouganda. Une façon de désigner ce pays voisin, à l'instar de l'argumentaire propagandiste
développé à Kigali, comme le «véritable agresseur» alors que 600soldats français, présents
dans la capitale rwandaise, s'enlisent dans un face-à-face incertain, à moins de 30 km de
distance, avec les rebelles du Front patriotique rwandais (FPR). «Je me suis livré à un travail
de fourmi pour favoriser une solution politique plutôt que militaire», a expliqué hier le
ministre de la Coopération, Marcel Debarge, qui a rendu compte de sa «mission de paix» au
Rwanda en Conseil des ministres. A peine vingt-quatre heures après son départ de Kigali, tous
les partis politiques rwandais, y compris de l'opposition intérieure, ont formé ce «front
commun», face au FPR, que l'émissaire français avait appelé de ses vœux. Avec un
communiqué qui, en «louant la bravoure de l'armée rwandaise» et en lui assurant le «soutien
total dans l'accomplissement de leur mission de défendre la souveraineté nationale », qui plus
est par l'engagement de «toute la population dans la défense civile du pays», se lit plutôt
comme une déclaration de guerre.

S.Sm.

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