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B - Les limites du principe de libre administration 1. Respect des prérogatives de VEtat et des autres collectivités de Ia souveraineté exige que la mise en ceuvre de Ia libre audministration sexerce dans le respect des prérogatives de IEtat, C'est ce qu'il résulte du considérant de principe contenu dans la décision du Conseil constitutionne! du 25 février 1982 relative & la Corse : « le principe de légalité exige A la fois le respect des attributions du législateur et celui des régles supérieures de droit par lesquelles la Constitution adoptée par le peuple frangais a proclamé 'indivisibilite de la République, affirmé Pintégrité du tertitoire et fixé Porganisation des pouvoirs publics ». Cette prééminence de I’Etat sur les collectivités terrtoriales a 6 réaffiemée dans la décision du Conseil consttutionnel du 29 mai 1990, Droit au logement. La haute juridiction y rappelle que "Etat est garant de intérét national et qu'il doit assurer Ia continuité des services publics, y compris au niveau local. Ainsi, les autortés locales ne peuvent pas recevoir de compétences dans un domaine que la Constitution attribue au législateur ; elles disposent uniquement d'un pouvoir réglementaire, comme le précise l'article 72 alinéa 2 de la Constitution. De méme, le principe de libre administration reconnu_ aux collectivités ne doit pas mettre en eause les conditions essentielles d’exercice une liberté publique ou dun droit constitutionnellement garanti Le respect des prérogatives de I'Etat va se traduire par lexistence d’un controle administratif effectué par le préfet et 'absence de compétences de souveraineté au profit des collectivités territoriales, Une collectivité territoriale administre, elle ne gouverne pas. Les normes locales doivent aussi étre compatibles ou conformes avec d'autres dispositions normatives locales. Les décisions prises doivent étre cohérentes et conformes au principe de l’absence de tutelle d’une collectivité sur une autre {article 72 de la Constitution). Les relations entre les collectivités territoriales sont done en théorie régies par le principe d’égalité, 2. Conciliation avec d'autres principes fondamentaux La libre administration doit étre conciliée avec d’autres principes de valeur constitutionnelle. II existe une hiérarchie entre le principe de libre administration et d’autres principes & valeur constitutionnelle. A titre d’exemple, le Conseil constitutionne! fait prévaloir le principe d'égalité des citoyens devant Ja loi et celui de liberté de l’enseignement sur la libre administration. Le législateur peut prévoir Poctroi d’une aide des collectivités territoriales aux établissements d’enseignement privés mais les conditions essentielles d’application de cette lgislation ne peuvent pas dépendre de décisions des collectivités locales et doivent étre les mémes sur l'ensemble du territoire (Conseil Constitutionnel, décision du 13 janvier 1994, aide aux investissements des établissements d'enseignement privé). Dans le méme sens, la haute juridiction fait prévaloir le principe de continuité des services publics sur celui de libre administration (Conseil constitutionnel, décision du 28 décembre 1982 relative d Vorganisation administrative de Paris, Lyon, Marseille). 12 Tie 1 : La structure des eolletivtésterritorales En outre, toute autre collectivité tervtoriale peut etre créée par la loi (article 72 alinéa 1), ce qui permet de faire évoluer les catégories déji existantes. Le législateur peut ainsi eréer de nouveaux départements, Il a aussi la capacité de faire changer une collectivitéterritoriale de catégorie, des mesures d’adaptation pouvant étre nécessitées par sa situation spécifique (loi 13 mai 1991 transformant la Corse de région en collectivitéterrtoriale & statut particulier), Le législateur peut également eréer une nouvelle catégorie de collectivités territoriales sur le fondement de I'article 72 al. 1 : ce fut le cas pour les régions avec Ia loi du 2 mars 1982 qui les érigea en collectivités terrtoriales. D'aprés la loi constitutionnelle du 28 mars 2003, elles bénéficient d'un statut aussi protecteur que celui des autres collectivités territoriales car elles sont mentionnées a l'article 72 de la Constitution. En vertu de l'article 34 de la Constitution, le Kégislateur détermine les principes fondamentaux de la libre administration des collectivités locales. Cela aboutit & protéger la libre administration des éventuelles atteintes émanant du pouvo exécutif et représente par I méme une garantie réelle pour l’autonomie locale. La compétence législative a été affirmée a plusieurs reprises par le juge constitutionnel, qu'il s*agisse de la composition des organes délibérants des collectivités territoriales et des établissements publics de regroupement, de la détermination de I’étendue de leurs compétences ou de Ia délimitation du domaine et des modalités du contréle exercé par I'Etat sur les personnes et les actes des collectivités terrtoriales. 2. Election des conseils Le critére de la libre administration, clairement posé par l'article 72 al. 3, tient dans l’élection des conseils. L’existence du conseil élu doté d’attributions effectives représente le minimum requis, d’un point de vue organique, pour que Ja libre administration soit garantie, mais l’élection de organe exécutif de la collectivité n’est nullement exigée par la Constitution de 1958. La Constitution n’exige pas que I’élection soit assurée au suffrage universel direct mais elle interdit évidemment l'institution d’organes délibérants composés en partie de membres élus et en partie de membres nommés. Toutefois, le caractére direct du suffrage est considéré comme une condition d'une veritable décentralisation. La qualification de suffrage politique donnée par te Conseil constitutionnel (décision du 18 novembre 1982, Quotas par sexe) aux élections municipales est justifige par le fait que l’électeur y participe en tant que citoyen, membre du corps politique. En outre, les élections locales ne scrvent pas sculement & désigner les Glus locaux mais aussi les grands électeurs sénatoriaux, si bien qu’a travers elles, l’électeur participe a l’exercice de la souveraineté nationale. Les élections locales étant des élections politiques, le principe ’égalité du suffrage doit Gtre préservé. I en résulte que chaque conseil doit étre éu sur des bases « essentiellement démographiques ». Chay 1: Théorie générale du droit des collectivités trritoriles 1 Ky ehicle a Se Droit des collectivités territoriales LICENCE — MMASTER 3° EDITION NET nM Eo e eo ae) ota. 2007 Teneo scon mine para de (san "978 27495 07862 Il - LA LIBRE ADMINISTRATION La Constitution de 1958 dans son titre XII reconnait le principe de libre adminis- tration des collectivités territoriales. Sclon Marticle 72 al. 3, « les collectivités sadministrent librement par des conseils élus et dans les conditions prévues par la loi ». Et le Conseil constitutionnel, dans une décision du 29 mai 1979, Territoire de Nowvelle-Calédonie, a pour la premiére fois consacré la valeur constitutionnelle du principe de libre administration. Ce principe est méme assimilé par le juge administratif & une liberté fondamentale, comme a semblé affirmer le Conseil d’Etat dans les décisions du 18 janvier 2001, Commune de Venelles et du 12 juin 2002, Commune de Fauillet. La libre administration permet d’assurer équilibre entre Pégaité ct a liberté au sein de la démocratic. Si la compétence du législateur apparait trés large pour déterminer le contenu de libre administration, il n’en demeure pas moins que ce principe connait certaines limites. A- Les caractéres de la libre administration 1. Création, statut et administration des collectivités territoriales La Constitution de 1958 (article 72 alinéa 1) consacre ’existence des communes, des départements, des régions, des collectivités & statut particulier et des collee- tivités d’outre-mer. Ces cing catégories de collectivités territoriales sont done bien protégées, du fait de leur constitutionnalisation. 10 Titre 1: La structure des collectivtés territoriales|

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