FLORE
DESCRIPTIVE ET ILLUSTREE
DE LA
France
de la Corse et des contrées limitrophes
PAR
Liabbé H. COSTE
‘Membre henoraire de 1a Socitié botanique de France
Chanolne henoratre de Redes
AVEC UNE INTRODUCTION SUR LA FLORE ET LA VEGETATION DE LA FRANCE
PAR
CH. FLAHAULT
Proferscnr 2 I Untecraité de Montpellier
TOME I
Second Tirage
PARIS
LIBRAIRIE DES SCIENCES ET DES ARTS
106 bis, Rus de Rennes
1937
Tous droits réseroésINTRODUCTION
LA FLORE ET LA VEGETATION DE LA FRANCE
PAR
Cu. FLAHAULT
Professeur & l'Université de Montpellier.
SOMMAIRE.
I. Flore et végétation, p. 1; — Il. Le passé de la flore de France, p. 7;— IIL. Le sol et la
‘végétation, p. 12; — IV. Remarque sur la méthode, p. 17; — V. Essais antéricurs, p. 19.
Vi. Explication sommaire de la carte, p. 21. — 4. Région océanique, p. 21. — 2, Région
tempérée de Europe occidentale, p. 26; Domaine atlantique, p. 27; Domaine des plaines
ct coliines du Nord européen continental, p. 31; Domaine des plaines et basses mon-
tagnes de ’Europe occidentale, p. 32. — 3. Région méditerranéenne, p. 40. — 4. Région
des hautes montagnes d'Europe, p. 46.
Conglusion, p. 81.
I. — FLORE ET VEGETATION.
La statistique des végétaux vasculaires de la France peut étre considérée
comme 4 peu prés complete. Il suffit, pour s’en convaincre, de voir com-
bien peu d’espaces ignorées jusque-1a ont été découvertes en France depuis
la publication de la Flore de Grenier et Godron. Cet excellent ouvrage marque
une date dans l'histoire de la Floristique de notre pays. Ila mis entre les
mains des botanistes et des curieux de la nature un instrument de travail
digne de toute confiance, il élait le fruit d’études approfondies; il avail été
longuement préparé et mari, il arrivaita une époque ob beaucoup d’hommes
indépendants s’honoraient de consacrer leur activité ala science. La Société
botanique de France, née dans le méme temps et des mémes aspirations,
s'est attachée a faire connaitrela flore et 4 faire aimer les études floristiques ;
ses sessions extraordinaires ont contribué largement a en répandrele goat.
Des centaines d’adeptes, dans loutes nos provinces, ont apporté leur part
defforts a I'’ceuvre commune, en publiant leurs observations, Notes, Flo-
rules, Statistiques, Flores régionales. Et pourtant la flore des plantes vascu-
laires de la France ne s'est enrichie que de quatre cents especes environ,
dont quatre-vingts, & peu prés, forment le contingent de la Savoie et du
Comlé de Nice.
Est-ce & dire pourtant que la végétation de notre pays soit assez connue?
Ils’en faut. D’excellentes Flores régionales ont fait connaitre les plantes vas-
‘cOsTE, FLOR. — 1. ”2 INTRODUCTION
culaives de plusieurs de nos provinces, de Ouest, de I'lle de France, de la
Lorraine, du Jura, d'Auvergne, du Roussillon, du bas Languedoc, du Dau-
phiné, du bassin de la Loire et du bassin du Rhone. Les perfectionnements
apportés par les uns dans la critique des espéces ou les procédés d’exposi-
lion ont bénéficié & ceux qui ont suivi; plusicurs de ces ouvrages peuvent
étre proposés comme des modéles. D'autres sont en cours de publication,
qui répondent aux veux des plus difficiles. Tout n'est pas fait cependant.
Nous espérons des études détaillées sur le massif des Corbiéres, sur celui
de la Montagne Noire avec le Sidobre et l'Espinouze; nous ne possédons pas
une étude synthétique comparative des Pyrénées francaises et cetle étude
ne saurail étre compléte qu’a la condilion de s'appuyer sur la connaissance
des Pyrénées espagnoles qu'il faudra peut-étre altendre longtemps. Nous
désirons une Flore des Causses du Lol et du Quercy; bien d’autres pays de
France ne sont pas assez conus dans leurs relations naturelles avec les
contrées voisines.
Quelques provinces méme sont demeurées & peu prés ignorées. La con-
naissance des Cévennes n’a été qu’ébauchée. Entre la haute Auvergne et le
bord méridional du massif central, les massifs éruplifs du Lozére, du Viva-
rais et du Gévaudan n’ont été que parcourus en passanl; nous n’avons pas
réussi, jusqu’a présent, & y provoquer des recherches suivies. Nous n’avons,
non plus, aucun travail d’ensemble surla Corse.
Ce qui manque fréquemment & nos Flores, c'est la comparaison du terri-
loire Gtudié avec les pays voisins. En dépil des avis exprimés avec tant
d’éloquence par Elie de Beaumont, il y a soixante ans, nous n’avons pas
pris Phabitude de donner & nos champs d’étude des limiles naturelles; celles
que nous adoptons le plus souvent sont arbitraires, irrationnelles, déter-
minées par des considérations élrangéres & la science. Nous soumettons &
une élude commune des choses qui n'ont en commun que d’étre sous l'ad-
ministration d’un méme fonctionnaire; il s'en suit que nous n’en pouvons
pas dégager de conclusions, que les éléments de comparaison se perdent
inulilisés, parce qu’ils sont inulilisables. Que pouvons-nous lirer, pour la
géographie botanique, de travaux qui font connaitre, avec un pays de
plaine, un lambeau de montagne, en négligeant la plus grande pariie du
massif montagneux? Que nous apprend une Flore dans laquelle les espéces
sont mentionnées comme trés répandues ou trés rares, seulement parce
qu’une limite administrative a méconnules caractéres physiques du pays et
prétend faire § des conditions naturelles du sol? Queiles que soient la
science et l'aulorité de leurs auteurs, ces travaux ne sont que des Catalo-
gues et n’ont de valeur que comme éléments de statistique; le géographe
ne pout les mettre & profit qu’a la condition de suppléer a ce qui leur
manque en apprenant a connaitre personnellement le pays. Il en serait tout
autrement si nous possédions des Flores des régions naturelles, des florules
des moindres pays, dont les limites survivent a loutes les révolutions, paree
qu'elles sont fixées par 'histoire méme de notre globe. Les rapporls de la
flore avec la structure du sol, avec les autres conditions qui font du pays
une unité naturelle, un tout inséparable, se dégageraient sans efforl, et la
comparaison entre des contrées voisines serait aussi facile qu'elle est
malaisée aujourd'hui.
Combien serait désirable une étude comparative de la végétation des
Alpes oceidentales et méridionales, faisant suile a celles dont les bolanistes
suisses nous donnent d’excellents modéles! Combien nous soubaiterions un
travail densemble sur les diverses parties du domaine méditerranéen fran-