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Mémoire

Reçu le :
16 septembre 2008
Accepté le :


Évaluation a priori des risques professionnels

20 octobre 2008
en milieu de soins : mise au point d’une




matrice emploi–exposition


Occupational risk assessment in hospitals: A specific




job–exposure matrix


C. Verdun-Esquer1*, C. Naudet1, M. Druet-Cabanac1, P. Brochard1, les membres

du réseau inter-CHU d’échange et de mutualisation des informations en

médecine du travail des personnels des établissements de santé2

Disponible en ligne sur
1
Service de médecine du travail et pathologie professionnelle, CHU de Bordeaux,

33076 Bordeaux cedex, France
2
Réseau inter-CHU d’échange et de mutualisation des informations en médecine du travail
www.sciencedirect.com des personnels des établissements de santé, France

Summary Résumé
Occupational risk assessment is an obligation for all French L’évaluation a priori des risques professionnels est une obligation
companies, including hospitals. In the network of occupational qui concerne l’ensemble des entreprises françaises, et à laquelle
medicine services of hospitals, we wanted to create a specific n’échappe pas le milieu de soins. Dans le cadre du réseau des
job–exposure matrix for the hospital workers. This matrix could services de médecine du travail des CHU, il est apparu opportun de
be the first step for risk assessment in theses establishments. We mettre au point une matrice emploi–exposition spécifique du milieu
made this matrix in two steps: Firstly, the writing the first version of de soins, qui permette aux établissements de bénéficier d’une
the matrix, with hazard sheets, job sheets and risk assessment première hiérarchisation des risques. La mise au point de cette
algorithm, then the validation of the matrix by occupational doctors matrice s’est déroulée en deux étapes : d’abord la rédaction de la
who did not write the first version of the matrix, by Delphi method. version initiale de la matrice, avec rédaction de fiches nuisances, de
At the end of 2007, 45 hazards were evaluated in the matrix, in more fiches de poste et mise au point d’un algorithme d’évaluation du
than 1000 job sheets. These job sheets concern 57 occupations in risque, et ensuite la validation de cette matrice par des médecins du
more than 80 services. This matrix is a first level of information for travail n’ayant pas participé à la rédaction de la première phase, par
the hospitals, including prevention priorities. But each establish- méthode Delphi. Fin 2007, la matrice a évalué 45 nuisances
ment has to complete the matrix with its own evaluation, which has affectées à plus de 1000 fiches de poste. Ces fiches de poste
to take into account its local specificities. concernent 57 métiers répartis dans plus de 80 disciplines. Cette
ß 2008 Elsevier Masson SAS. All rights reserved. matrice constitue pour les établissements un premier niveau d’infor-
mation, en termes de priorité d’actions de prévention à mener. Elle
doit être complétée dans chaque établissement par une évaluation
Keywords: Health care workers, Job–exposure matrix, Occupational
risk assessment des risques sur le terrain, prenant en compte les spécificités locales.
ß 2008 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Mots clés : Évaluation des risques professionnels, Matrice emploi–


exposition, Personnels de santé

Introduction

Les hôpitaux, comme les autres entreprises françaises, sont


soumis à l’obligation de mener une évaluation a priori des
* Auteur correspondant.
e-mail : catherine.verdun-esquer@chu-bordeaux.fr risques professionnels en application de la loi du 31 décembre

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1775-8785/$ - see front matter ß 2008 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
10.1016/j.admp.2008.10.018 Archives des Maladies Professionnelles et de l’Environnement 2009;70:48-54
Matrice emploi–exposition en milieu de soins

1991 (Art L 230-2 du Code du travail) et du décret no 2001-1016 mages en lien avec les différentes nuisances) et des connais-
du 5 novembre 2001 [1]. Cette évaluation doit se traduire par sances des situations de travail en milieu hospitalier
la rédaction du document unique, mis à jour annuellement (approche dite « expert »). Elles permettent, pour chaque
ou après tout aménagement du procédé de travail modifiant type de nuisance, d’établir une base de connaissances
les conditions d’hygiène, de sécurité ou les conditions de commune, pour la compréhension ultérieure des fiches de
travail. Cette obligation concerne toutes les structures quelle poste. Ces fiches avaient pour vocation de définir précisé-
que soit leur taille [2–6]. ment les nuisances ou dangers présents, de lister les dom-
Dans le cadre du réseau inter-CHU d’échange et de mutualisa- mages que pouvaient occasionner la nuisance, de définir
tion des informations en médecine du travail des personnels l’intensité de l’exposition à ces nuisances d’une façon homo-
des établissements de santé, financé par la Caisse nationale de gène sur l’hôpital (« niveau d’exposition »), et d’évaluer le
retraites des agents des collectivités locales (CNRACL), il a été niveau de gravité. Toutes les fiches ont été réalisées sur un
proposé de développer une base d’évaluation a priori des modèle identique et comportaient quatre parties.
risques professionnels commune à toutes les structures de
soins et de mettre au point une matrice emploi–exposition, Première partie
donnant des profils d’exposition a priori aux différents risques, Elle permettait de définir précisément la nuisance identifiée
par métier, présents en milieu hospitalier. à partir du thésaurus de la CNAM ainsi que les modalités
d’exposition à cette nuisance dans un contexte hospitalier.
Méthodes
Deuxième partie
Elle identifiait les dommages. Il s’agissait essentiellement de
Mise au point de la matrice emploi–exposition
données générales concernant les conséquences potentielles
L’élaboration de la matrice a été réalisée en deux temps. Une sur la santé de l’exposition chronique ou aiguë à la nuisance
première version a été rédigée par l’équipe des médecins du considérée, sans tenir compte du niveau d’exposition à cette
travail du CHU de Bordeaux, puis une relecture et une nuisance (maladies susceptibles d’être générées par cette
validation a été effectuée par les médecins du travail de exposition).
sept CHU participants (Bordeaux, Brest, Caen, Limoges, Lyon,
Nancy et Strasbourg). Troisième partie
Elle permettait d’apprécier le niveau d’exposition
Élaboration de la version initiale de la matrice correspondant à l’intensité de l’exposition d’un salarié à la
emploi–exposition nuisance en tenant compte du niveau quantitatif de
l’exposition et de la fréquence d’exposition. À chaque
Le choix des thésaurus (nuisances, métiers et pathologies) a niveau d’exposition était associé un type d’activité, en
nécessité de s’assurer de la compatibilité avec les bases de fonction des caractéristiques de la nuisance à l’hôpital et
données déjà existantes et de permettre une gestion infor- des modalités d’exposition. Pour les produits chimiques, il a
matique ultérieure de la matrice. Il a donc été décidé de été tenu compte également des valeurs limites d’exposition
choisir le thésaurus de la Caisse nationale de l’assurance professionnelle (VLEP) lorsqu’elles existaient. Ainsi, quatre
maladie (CNAM) (données non publiées) pour les nuisances, niveaux d’exposition ont pu être définis : « Potentiel »
la Classification internationale des maladies dixième édition (existence d’une exposition potentielle malgré l’existence
(CIM10) pour les dommages et le Répertoire des métiers de la de moyens de protection adaptés) ; « Faible » (niveau
fonction publique hospitalière [7,8]. Pour les disciplines, d’exposition considéré comme faible ou inférieur à la VLEP
aucune nomenclature existante ne répondait aux besoins. lorsqu’elle existait) ; « Moyen » (niveau d’exposition voisin de
Tous les secteurs d’activité présents à l’hôpital (médicaux ou la VLEP lorsqu’elle existait) ; « Intense » (niveau d’exposition
non) ont été répertoriés et déclinés jusqu’au niveau de élevé ou supérieur à la VLEP lorsqu’elle existait).
précision nécessaire (par exemple pour les disciplines clini-
ques, distinction entre les unités de soins, les consultations Quatrième partie
externes, les hôpitaux de jour). Elle permettait d’apprécier le niveau de gravité du dommage.
Une échelle de gravité était cotée de 1 à 4 (tableau I). Un seul
Fiches de nuisances niveau de gravité a été attribué par nuisance. Si une nuisance
Des fiches de nuisances ont été élaborées à partir des pouvait entraı̂ner plusieurs dommages, la cotation retenue
données de la littérature (définitions des nuisances, dom- concernait le dommage le plus grave. La gravité évaluée était

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C. Verdun-Esquer et al. Archives des Maladies Professionnelles et de l’Environnement 2009;70:48-54

Tableau I Tableau III


Échelle de gravité des dommages utilisée dans la matrice Liste des nuisances pour lesquelles une fiche nuisance a été
emploi–exposition. rédigée dans la matrice emploi–exposition spécifique du
Niveau de gravité Libellé milieu de soins.

4 Décès immédiat ou différé suite à un Nuisances


accident ou maladie invalidante Nuisances biologiques Nuisances chimiques
entraı̂nant habituellement le décès Sang et liquide contenant du sang Amiante
3 Blessure avec arrêt de travail  3 mois Excréta Silice cristalline et
ou maladie n’entraı̂nant habituellement Prions, agents non conventionnels autres (prothèse
pas le décès, avec séquelles invalidantes Mycobacterium tuberculosis dentaire)
(gêne pour les actes de la vie courante) Méningocoque Antinéoplasiques
2 Blessure ou maladie modérée : Légionelles Anesthésiques volatils
Blessure avec arrêt de travail > 8 jours CMV Formaldéhyde
et  3 mois. Rubivirus Acide peracétique
Maladie dont l’évolution est en VZV Glutaraldéhyde
général < 1 an, et sans séquelles Agent de la gale Latex d’hévéa
1 Blessure ou maladie bénigne, pas Agents de blanchiment
d’arrêt de travail ou  8 jours (eau de javel)
Désinfectant
Lessives, détergents
Poussières de bois
celle du dommage moyen escomptable et non du dommage
maximal possible. Le niveau de gravité attribué à une Nuisances physiques Conditions de travail
Générateur de rayons X Aliments et produits
nuisance donnée tenait compte de l’évolution habituelle Radiations mixtes (sources scellées) pour l’alimentation
des pathologies dans la population des agents hospitaliers Sources non scellées Travail sur écran
en activité (personnes non débilitées, immunocompétentes). Laser Surcharge mentale
Ainsi, par exemple, l’asthme a été coté en gravité 3 car aucun Ondes magnétiques (RMN) Facteurs de stress
Pression supérieure à la pression psychologique
décès n’avait été observé pour cette maladie dans la
atmosphérique Travail de nuit
population de salariés, la tuberculose était cotée en Bruit Travail de garde
gravité 2, car il n’y a habituellement pas de tuberculose Vibrations transmises aux Travail posté
avec séquelles invalidantes observée dans la population membres (machines outils)
Vibrations corps entier (véhicules)
de salariés.
Posture debout
Posture assis
Fiches de poste Autres postures (postures
Des fiches de poste ont été élaborées en proposant des profils inconfortables)
Manutention manuelle
d’exposition a priori à une cinquantaine de nuisances en Mouvements répétitifs
tenant compte des spécificités du secteur d’activité (couple Froid
métier–discipline). Ces fiches ont été rédigées par une appro- Chaud
che « expert », à partir des connaissances des médecins du
travail (statistiques accidents du travail/maladies profession-
Algorithme d’évaluation du risque
nelles, observation des situations de travail et études de poste,
données recueillies au cours des visites médicales. . .). Un algorithme d’évaluation du risque, applicable à
l’ensemble des nuisances présentes dans les fiches de poste,
Tableau II a été développé. Cet algorithme permet de proposer un
Algorithme d’évaluation du risque utilisé dans la matrice niveau de risque a priori, par nuisance et pour chaque fiche
emploi–exposition.
de poste. Ce niveau de risque prend en compte deux
Gravité du dommage
Niveau d’exposition à la nuisance composantes : la probabilité d’occurrence du dommage et
Potentiel Faible Moyen Intense la gravité du dommage [2].
1 R1 R1 R2 R2 Concernant la probabilité d’occurrence du dommage, elle est
2 R1 R2 R3 R3 directement liée au niveau d’exposition pour les dommages
3 R2 R3 R3 R4 de type « maladie », où des relations dose–effet entre
4 R2 R3 R4 R4
intensité de l’exposition et prévalence de la maladie peuvent
R : niveau de risque. être retrouvées. Les éléments à prendre en compte pour

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Matrice emploi–exposition en milieu de soins

l’évaluation de la probabilité de survenue du dommage sont Validation de la matrice emploi–exposition


détaillés dans les définitions des niveaux d’exposition de
Un certain nombre d’éléments constitutifs de la matrice
chaque fiche de nuisance. Pour la gravité du dommage, c’est
emploi–exposition ont été élaborés par une approche dite
le niveau de gravité noté dans la fiche nuisance qui est
« d’expert », nécessitant une validation par des experts
retenu.
extérieurs au CHU de Bordeaux. Des médecins du travail
Le risque est obtenu en croisant le niveau d’exposition à la
des CHU de Brest, Caen, Limoges, Lyon, Nancy et Strasbourg
nuisance et la gravité du dommage dans une matrice à
ont été sollicités pour être « lecteurs–validateurs ». Leur
double entrée (tableau II). Il comporte quatre niveaux :
expertise a permis de donner un avis sur la pertinence des
« R1 » ou risque potentiel (le risque est maı̂trisé [pas de
critères choisis pour évaluer les niveaux d’exposition aux
dommage sauf situation exceptionnelle] ou risque émergent
différentes nuisances spécifiques au milieu hospitalier et les
[pas de données actuelles dans la littérature] ; « R2 » ou
niveaux de risque qui en découlent, de valider l’échelle de
risque faible ; « R3 » ou risque moyen ; « R4 » ou risque élevé.
gravité et les niveaux de gravité affectés à chaque nuisance,
Pour la définition des niveaux d’exposition aux différentes
de se prononcer pour chaque fiche de poste sur le profil
nuisances (fiches nuisances), l’existence de protections col-
d’exposition aux nuisances proposé, compte tenu de la
lectives ou le port d’équipements de protection individuelle
représentativité de cette situation de travail en milieu hos-
(EPI) a été pris en compte. Dans les fiches de poste, le niveau
pitalier et de valider l’algorithme d’évaluation des risques. La
d’exposition à une nuisance donnée ne tenait pas compte du
méthode Delphi couplée à une méthode de réunion de
port d’EPI (cette information devra être ajustée au niveau
consensus a été utilisée. Cette méthode avait pour but de
individuel au cas par cas) ni des protections collectives, sauf
mettre en évidence des convergences d’opinion et de déga-
si ce type de protection était habituellement utilisé en milieu
ger certains consensus sur ces sujets précis, grâce à l’inter-
de soins. À charge de chaque établissement de corriger
rogation des experts et à l’aide de questionnaires successifs
éventuellement le niveau d’exposition en fonction de sa
[9]. Une méthode allégée, avec seulement deux tours de
situation propre.

Figure 1. Exemple de fiche nuisance de la matrice emploi–exposition : Mycobacterium tuberculosis.

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C. Verdun-Esquer et al. Archives des Maladies Professionnelles et de l’Environnement 2009;70:48-54

relecture, a été utilisée. Les dernières divergences ont été Tableau IV


Exemple de fiche de poste de la matrice emploi–exposition :
discutées en réunion et ont permis de confronter les diffé-
infirmière de pneumologie en unités de soin.
rents points de vue et d’aboutir à un consensus final.
Nuisances Niveau Risque b
La validation de la matrice emploi–exposition a impliqué dix d’exposition a

médecins du travail des CHU sus-cités participant au projet,


Nuisances biologiques
l’organisation du consensus étant faite par Bordeaux. Sang et liquides biologiques M RIII
L’échelle de gravité a été validée lors de la réunion de Excréta P RI
lancement initial du projet en décembre 2005. La validation Mycobacterium tuberculosis RIII
Agent de la gale P RI
des fiches nuisances s’est déroulée entre décembre 2005 et
Méningocoque P RII
juin 2006. Elle a porté sur le niveau de gravité et chacun des CMV (femmes en âge de procréer P RII
couples définition de l’exposition/niveau d’exposition de et personnes immunodéprimées)
chaque fiche nuisance. La validation des fiches de poste Rubivirus (femmes en âge de P RII
procréer et non protégées)
s’est déroulée entre septembre 2006 et mai 2007. Elle a
VZV (femmes en âge de procréer, P RII
porté sur la présence ou non d’une nuisance à un poste non protégées et personnes
donné, et sur le niveau d’exposition à cette nuisance. La immunodéprimée)
validation de l’algorithme a été faite en même temps que la Nuisances chimiques
validation des fiches de poste et par la même méthode. Désinfectants M RIII
Cytostatiques F RIII
Résultats Latex M RIII
Conditions de travail
Depuis fin 2007, une première version de la matrice emploi– Travail sur écran P RI
Surcharge mentale M RIII
exposition spécifique du milieu de soins est disponible. Elle Facteurs de stress psychologique F RII
comporte 45 fiches « nuisances » – la liste est présentée dans
Nuisances physiques
le tableau III et un exemple de fiche sur la figure 1 – et 1000 Sources non scellées P RII
fiches de poste, concernant 57 métiers et 83 disciplines. Un Posture debout I RII
exemple de fiche est présenté dans le tableau IV. Les Posture inconfortable M RIII
tableaux V et VI montrent un extrait de la matrice avec Manutentions manuelles M RIII
a
Niveau d’exposition : P : potentiel ; F : faible ; M : moyen ; I : intense.
certains risques identifiés classés par niveau. b
Niveau de risque : RI : risque potentiel ; RII : risque faible ; RIII : risque moyen ; RIV :
risque élevé.

Discussion
quel niveau d’exposition ?) afin d’harmoniser les pratiques des
Cette matrice emploi–exposition se veut être un outil prag- équipes de santé au travail.
matique d’aide à l’évaluation a priori des risques profession- Cette première version de la matrice emploi–exposition sera
nels dans les établissements de soins. Son objectif est de complétée en 2009–2011 par les fiches de poste des métiers
permettre une première hiérarchisation des risques par médicaux. Cette matrice devra évoluer en fonction des
métier, pour cibler les priorités en termes de prévention. connaissances et des éléments apportés par les autres travaux
Compte tenu de cet objectif très opérationnel, c’est l’appro- du réseau de médecine du travail des CHU. Certains groupes
che « expert » qui a été retenue pour la mise au point de cette travaillent ainsi à la mise au point d’outils d’évaluation a priori
matrice. Elle ne donne, aux établissements de soins, que des de risques professionnels spécifiques. Par exemple, la matrice
orientations. Chaque établissement doit affiner son évalua- ne prend pas en compte dans sa version actuelle les risques
tion a priori des risques professionnels, par une approche chimiques rencontrés dans les laboratoires d’analyse médicale
terrain, prenant en compte la réalité du travail des opéra- présents dans les établissements hospitaliers. Ce thème est
teurs. Une telle approche complémentaire est en cours au traité de façon spécifique dans le réseau inter-CHU et les
CHU de Bordeaux. informations les plus pertinentes seront secondairement
Pour les médecins du travail, les fiches de poste permettent de incluses dans la matrice (substances les plus préoccupantes
repérer les principales expositions professionnelles et de met- pour la santé et/ou les plus utilisées. . .) [10].
tre en place un suivi médical adapté. Un des objectifs futurs du L’utilisation en pratique de la matrice passe par sa mise en
réseau de médecine du travail des CHU pourrait être de valider forme informatique permettant une diffusion facilitée aux
ce suivi médical (quel suivi pour quelle nuisance et à partir de établissements intéressés, une mise à jour en temps réel, et

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Matrice emploi–exposition en milieu de soins

Tableau V
Exemple d’évaluation du risque à partir de la matrice emploi–exposition spécifique du milieu de soins : risque coté comme élevé (risque 4).
Nuisance Métier Discipline Service Niveau Gravité Risque
d’exposition
Amiante Plombier M 4 R4
CMV Puéricultrice Crèche M 4 R4
Cytostatiques IDE Hématologie Hôpital de jour, unité soins M 4 R4
Désinfectant Agent de service Bloc opératoire I 3 R4
hospitalier
Générateur rayon X Manipulateur radio Imagerie médicale
Radiologie interventionnelle M 4 R4
Générateur rayon X IDE Cardiologie
Hémodynamique M 4 R4
Latex IBODE I 3 R4
Manutention de patient IDE Gériatrie Tous sauf consultations I 3 R4
externes
Manutention de patient Brancardier I 3 R4
Mouvements répétitifs Agent de blanchisserie I 3 R4
Port de charge Magasinier cariste I 3 R4
Poussières de bois Menuisier I 4 R4
Prions Technicien de laboratoire Laboratoire Anatomie pathologique M 4 R4
Prions IBODE Neurochirurgie Bloc opératoire M 4 R4
Radioélément Manip radio Médecine nucléaire Explorations, TPE-scan M 4 R4
Sang Technicien de laboratoire Laboratoire Virologie I 3 R4
Sang IDE Urgences I 3 R4

Tableau VI
Exemple d’évaluation du risque à partir de la matrice emploi–exposition spécifique du milieu de soins : risque coté comme moyen
(risque 3).
Nuisance Métier Discipline Service Niveau Gravité Risque
d’exposition
Acide peracétique IDE ORL Consultation I 2 R3
Acide peracétique IDE Hépato et Endoscopies M 2 R3
Gastroentérologie
Acide peracétique AS Hépato et Endoscopies M 2 R3
gastroentérologie
Acide peracétique AS Pneumologie Endoscopies M 2 R3
Agent de blanchiment ASH M 2 R3
M. tuberculosis Technicien de laboratoire Laboratoire Bactériologie M 2 R3
M. tuberculosis Puéricultrice Urgences Enfants M 2 R3
M. tuberculosis Kinésithérapeute Pneumologie Unité soins I 2 R3
M. tuberculosis IDE Pneumologie I 2 R3
M. tuberculosis IDE Urgences Adultes M 2 R3
M. tuberculosis AS Maladies infectieuses Consultation, I 2 R3
Unité soins
M. tuberculosis AS Pneumologie I 2 R3
Bruit Menuisier M 3 R3
CMV Sage-femme F 4 R3
Cytostatiques Préparateur en pharmacie Pharmacie hospitalière Pharmacie F 4 R3
Cytostatiques IDE Médecine interne Unité soins F 4 R3
Désinfectant Puéricultrice M 3 R3
Désinfectant Manip radio M 3 R3
Désinfectant IDE M 3 R3
Désinfectant Cuisinier M 3 R3
Désinfectant Brancardier F 3 R3
Désinfectant Auxiliaire puéricultrice M 3 R3
Désinfectant ASH M 3 R3
Désinfectant AS M 3 R3
Désinfectant Ambulancier F 3 R3
IDE : infirmière ; AS : aide-soignante ; ASH : agent de service hospitalier.

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C. Verdun-Esquer et al. Archives des Maladies Professionnelles et de l’Environnement 2009;70:48-54

de faire le lien avec le dossier médical informatisé des sécurité des travailleurs, prévue par l’article L.230-2 du Code du
travail, JO du 7 novembre 2001;17523.
personnels. Une version informatique devrait être disponible 2. Le point des connaissances sur. . .L’évaluation des risques pro-
au cours de l’année 2009. fessionnels, INRS ED 5018, mars 2005, 4 p.
3. Évaluation des risques professionnels : Guide pour les PME-
Remerciements PMI, INRS ED 840, 2004, 28
4. Andeol B, Guillemy N, Le Roy A. Évaluation des risques
Les auteurs remercient le Fonds de prévention de la CNRACL pour son
professionnels : questions–réponses sur le document unique,
soutien financier, ainsi que Pr A. Bergeret, CHU de Lyon ; Dr Bergman
INRS ED.887, 2004, 16 p.
C., CHU de Lyon ; Dr Bourgeois-Martin C., CHU de Nancy ; Dr Broessel
5. Évaluation des risques professionnels : principes et pratiques
N., CHU de Strasbourg ; Dr Buisson-Valles I., CHU de Bordeaux ;
recommandés par la CNAMTS, les CRAM, les CGSS et l’INRS,
Pr Cantineau A., CHU de Strasbourg ; Dr Chamouard V., CHU de
INRS ED 886, octobre 2002, 12 p.
Strasbourg ; Dr Clin-Godard B., CHU de Caen ; Dr Denis M.A., CHU de
6. Broessel N. L’évaluation des risques dans un grand centre
Lyon ; Pr Dewitte J.D., CHU de Brest ; Pr Dumont D., CHU de Limoges ;
hospitalier public : intérêts et limites pour la prévention. Arch
Dr Eniafe M., CHU de Brest ; Dr Fernet F., CHU de Bordeaux ;
Mal Prof Environ 2006;67:79.
Dr Fossoux H., CHU de Bordeaux ; Dr Gabinski P., CHU de
7. Organisation mondiale de la santé. Classification statistique
Bordeaux ; Dr Laplace V., CHU de Bordeaux ; Dr Laplaud J., CHU
internationale des maladies et des problèmes de santé con-
de Limoges ; Pr Letourneux M., CHU de Caen, Dr Ollivier S., CHU de
nexes, 10e révision. Genève;1993,1335 p.
Bordeaux ; Pr Paris C., CHU de Nancy ; Dr Partarrieu I., CHU de
8. Ministère de la santé et de la protection sociale, Répertoire
Bordeaux ; Dr Sawicki B., CHU de Brest ; Dr Vignaud M.C., CHU de
des métiers de la fonction publique hospitalière, 2004,
Nancy, et l’ensemble des médecins du travail des CHU participants.
435 p.
9. Linstone HA, Turoff M. The Delphi method: techniques and
Références applications. Addison-Wesley; 1975, 620 p.
10. Persoons R, Dumas L, Stoklov M, Maı̂tre A, et al. Développe-
ment d’une nouvelle méthode d’évaluation des risques
1. Décret no 2001-1016 du 5 novembre 2001 portant création d’un chimiques : application dans les laboratoires hospitaliers. Arch
document relatif à l’évaluation des risques pour la santé et la Mal Prof Environ 2005;66:326–34.

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