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Bruno BARRILLOT 70 rue de Trion 69005 Lyon Lyon le 15 janvier 2015 Monsieur Marcel Tuihani Président de I'Assembiée de la Polynésie francaise Monsieur le Président J'ai bien recu votre courrier du 12 janvier 2015 exprimant votre souhait de m’intégrer au comité de suivi de la résolution relative aux atolls de Moruroa et de Fangataufa adoptée par votre Assemblée le 27 novembre 2014. Je tiens & vous dire auparavant dans quel esprit j'ai travaillé depuis maintenant prés de 30 ans sur les essais nucléaires frangais en Polynésie et au Sahara et tout particuliérement, en Polynésie depuis juillet 2005 lorsqu’il m’a été fait appel pour animer la commission d’enquéte de {’APF sur les essais nucléaires jusqu’a juin 2013 ou j'ai été démis de mes responsabilités de Délégué pour le suivi des conséquences des essais nucléaires dans les conditions qui sont connues de tous en Polynésie. Crest en tant que chercheur indépendant et citoyen francais concerné que j’ai contribué faire connaitre les graves conséquences des essais nuciéaires sur les populations et les personnels des sites d'essais. C'est dans cette perspective que j’ai accepté, depuis juillet 2005, de contribuer avec mes connaissances du sujet a la commission d’enquéte de !’APF et au suivi de ses Fecommandations, notamment dans le cadre de la Délégation pour le suivi des conséquences des essais nucléaires, Je pense que la Délégation a été et doit rester un service du Pays pour animer le suivi global des conséquences des essais, indépendamment des tendances politiques. La Délégation est voulue Pour étre @ la disposition des institutions du Pays qui veulent prendre leurs responsabilités sur les suites & donner aux essais nuciéaires comme I'a fait tres pertinemment votre Assemblée. Je constate en effet qu’il y a maintenant un consensus politique en Polynésie pour mener a bien ce dossier ucléaire et c’est un grand pas en avant par rapport a la situation antérieure. Aujourd’hui, nous savons que les conséquences environnementales des essais nucléaires, notamment le suivi de I’état des atolls de Moruroa et de Fangataufa, sans oublier l’ancienne base militaire de Hao actuellement en phase de réhabilitation restent a travailler plus a fond en s’appuyant sur le projet de loi du sénateur Richard Tuheiava déja adopté par le Sénat. Je sais que les autorités de la Défense ont décidé la réfection du systéme de surveillance de l'atoll de Moruroa et que des personnels polynésiens vont étre engagés dans ces travaux dans des conditions quill serait urgent et important déterminer (médecine du travail, conditions de vie, etc..) en concertation entre les autorités du Pays et le ministére de la défense, Vous n’étes pas sans savoir que la récente réforme de la loi de reconnaissance et d'indemnisation des victimes des essais nucléaires a élargi a toute la Polynésie la possibilité d’acces au dispositif d’indemnisation. Je pense aussi qu'il est urgent et important, pour permettre l'accés aux droits ainsi ouverts 4 la population de la Polynésie, de prendre au sérieux ces dispositions en coopération avec les organismes polynésiens concernés (mairies, CPS, Ministére et Direction de la santé, etc...) et les interlocuteurs de Etat désignés par ta réforme de la loi (nouveau Comité d’indemnisation et ministre de la santé). 'reste encore beaucoup 4 faire ~ presque tout ~ pour une véritable prise de conscience de la nécessité de développer la mémoire de la période CEP dans opinion générale polynésienne et Surtout auprés des jeunes générations. L’avenir se construit quand on est au clair avec l'histoire de son pays. Je sais par expérience ~ et j'ai cru comprendre que c’était aussi votre opinion ~ toutes les difficultés d'un dialogue serein avec le ministére de la défense qui reste juge et partie dans le dossier des essais nucléaires. Je pense, comme nous |'avons fait pour la réforme de la loi Morin, qu'il faut solliciter des interlocuteurs de I'Etat moins impliqués dans les essais nucléaires. Je crois que vous avez sollicité le Président de la République et je partage tout a fait cette perspective. Le programme dessais nucléaires a été décidé au plus haut niveau de IEtat, la résolution des conséquences de ces essais doit pouvoir se réaliser avec un dialogue a ce méme niveau. Tout cela, vous avez rappelé dans votre discours de présentation de la résolution du 27 novembre 2014. Je suis convaincu que la prise en charge de ce lourd dossier qui affecte la Polynésie depuis 50 ans concerne le Pays tout entier et doit étre animée par ce service du Pays qu’est la Délégation pour le suivi des conséquences des essais nucléaires. Pour parler concret, j'accepte, pour une période et dans des conditions & convenir avec le gouvernement, de reprendre la responsabilité de la Délégation étoffée avec un adjoint qui prendrait la suite, un(une) secrétaire-comptable et un budget. Comme délégué, j'accepte é Participer aux travaux du comité de suivi de la résolution. Comme nous l'avons évoqué au téléphone, je ne pourrais étre pleinement disponible qu’s Partir d’avril 2015, ce qui n’empéche nullement des contributions ponctuelles d'ici {8 & partir de la métropole. Je souhaite de plus, que ma participation au Comité de suivi soit explicitée en toute transparence. En effet, je pense que celles et ceux qui ont été choqués par mon éviction en 2013 doivent comprendre les motifs de mon retour. Recevez, Monsieur le Président, l'expression de mes salutations distinguées. Bruno Barrillot

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