Philologica et Linguistica
Historia, Pluralitas, Universitas
Festschrift fiir Helmut Humbach
zum 80. Geburtstag am 4. Dezember 2001
Herausgegeben von
Maria Gabriela Schmidt und Walter Bisang
unter Mitarbeit von Marion Grein und Bernhard Hieg!
WHE Wissenschaftlicher Verlag TrierFastschusft f Aett Homa brck , Trier beer ,
Fils du soleil, fils du sacrifice
Jean Kellens
‘Nous n’avons aucune bonne raison de penser que les chapitres 9 & 11 duYasna
faisaient & I'origine partie du Bagan Yait Nask de I’Avesta sassanide. C’est le
mérite d’Bric Pirart (@ paraitre) d'avoir ramené ['attention sur la remarque
préliminaire a l'apparat critique de Y9, od Geldner reléve que le titre donné par
les manuscrits est composé du nom deHaoma et d’un dérivé de stu “louer”: il
s'agit, disons, du Hom SiGm'. En réalité, ce texte paraitI'assemblage ~ délibéré,
selon moi — de textes relevant de genresthétorico-liturgiques divers et rarement
représentés dans le corpus connu: un namah (nario haomai récurrent), un yana
(¥9.19-23), un staoma (Y 10.2-6), qui a fourni le titre général, etc. (Kellens,
1998: 493). L’argument complémentaire est foumni par leHom Yaét proprement
dit (¥t 20), qui est un véritable yasna, puisqu'l se résume a la seule formule en
yazamaide que comporte ¥ 9-11 (¥ 10.21).
Le recours au formulaire de la “matiére épique” n’est pas une meilleure raison.
Si le début de Y9 évoque les mythes de Yima, de Sraétaona, de Karaslspa et de
ZaraSustra au moyen des mémes formules que certains Yasts, i le fait dans une
perspective spécifique. Les pressureurs archétypiques de Haoma ne sont pas les.
héros dont les exploits sont mentionnés, mais leur pére, dont nous savons si peu
par ailleurs. S'il s'agissait seulement de souligner les mérites du pressurage, les
héros traditionnels auraient trés bien pu obtenir par eux-mémes, comme ils le
font dans les Yaits, le pouvoir d’accomplir leur mission historique. Le message
essentiel est évidemment qu’ils doivent leur naissance Haoma. Ajoutons que la
liste des héros sélectionnés par Y9 est atypique. Alors que Yt 19 et les cata~
logues de sacrfiants de Yt 5, 9, 15 et 17, par deli de minimes variations,
s‘attachent & couvrir le cours entier du rimillénium des origines humaines, de
Haoiiianha & Viitéspa, Y9 s'en tient & quatre héros dont trois sont con-
temporains et un final. Il tat les prédécesseurs de Yima et l'ensemble des
33 (sna Sanscrt) Amastimasya mZlam et Pt 4 (Yasoa pelevi iranien) hwmst + 3
signes wh/n" bun. ME (Videvdad Sadé iranien) hrwm'st bwn est considéré par
conjecture comme fautif pour Shwm-yi, mais c'est peu probable, puisque, dans la
‘méme famille, K4 donne hwmst + 1 signe win!" bn krdn’Fils du soleil, Fils du sacrifice 317
avis, La représentation chronologique de I’histoire des origines en est étrange-
‘ment déséquilibrée. Cette distorsion apparente est le signe que le but du texte
nest pas d’évoquer le trimillénium tout entier en mentionnant ses protagonistes
les plus insignes, mais d’expliquer que quatre d’entre eux doivent leur naissance
‘un pressurage. La succession impérieuse des ordinaux démontre que la liste est
close. Alors que Ia sélection des héros représentatifs de 'histoire mythique est
dans une certaine mesure soumise & la fantaisie des auteurs, le nombre des
naissances héroiques dues & un pressurage est immuable, limité et iréguligre-
‘ment réparti dans le temps. La véritable question est donc: pourquoi ces quatre
personnages et eux seuls?
Le rapport entre le nom de certains héros, péres ou fils, et leur ordre de succes-
sion permet de mener un raisonnement que les lacunes de notre information sur
‘ce secteur de Ia mythologie indo-iranienne nous empéchent de transformer en
hypothése articulée, mais dont les éléments sont si cohérents quiils peuvent
difficilement relever du hasard. Voici les étapes de ce raisonnement, au risque
de la fantaisie.
1, Le nom d’un des pressureurs exprime criiment son rang: Troisiéme est le
troisidme (Y 9.10 Srits ...Srt
2. Ce Troisiéme s'inscrit dans une divergence avec la tradition indienne: il est le
fils de Sima, alors que son équivalent Tri est fils’ Aprya
3. La divergence se complique: l"équivalent d’Aptyé, ASBiia, est le deuxiéme
pressureur et le pére d’un homme qui, d’une maniére ou d’une autre, porte le
chiffre “trois” dans son nom, Sragtaona.
4, On n'a jamais donné du nom Sraétaona- une interprétation parfaitement lisse
(Maythofer, 1977: 81-82; Kellens, 1998: 470 n. 38). Un contexte qui associe si
activement la notion de “filsd’AQBiia” et la succession ordinale invite a en faire
‘un nom analogue au patronyme du roi Dhvasan des Matsyas, dvaitavand- “fils
du vainqueur du deuxiéme” (.g, $B 13.5.4, qui énumére les sacrifiants arché-
typiques de I'aSvamedha en les situant, mais de maniére complexe et confuse,
par rapport aux notions de “deuxiéme” et de “troisiéme”).318 1.Kellens
5. A deux reprises (5.18.2 et 8.47.16), la RS associe aTrité un certain Dvité. Ila
done existé un “Deuxiéme” et un “Troisiéme”, fils successifsd’ Aptyé. En une
ccurieuse inversion, l’Avesta ignore un “Vainqueur du deuxiéme”, mais désigne
le deuxitme pressureur, via son fils, comme "Vainqueur du troisiéme”.
6. Des traces d’opposition entre Sraétaona et Karasispa subsistent dans la
définition de leur type respectif de puissance. Si les deux héros sont pareillement
‘sira par leur origine?, la puissance spécifique du premier estvaradra “capacité
de résistance” (Yt 19.36 maitidngm varaSrauuanam var aGrauuastam), celle du
second agjah “force supérieure” (Yt 19.38 magiiangm upranam aojiSi0). 11 est
impressionnant que, dans la strophe intermédiaire, I'adversaire catégoriel de
Sraétaona, AZi Dahaka, soit paré de la méme qualité que Karasispa (Yt 19.37 et
sim; azim dahikom ... af.aojaghom daéwuim dryjim ... yam al.aojastamqm