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A rebours : un autre mondialisation Luttes et identités re, Lu VOLNAW CAMARA, ry armattan Khan, Yasmin. The Great Partition: the Making of| Pakistan. New Haven: Yale Unversity Press, 2007, Kumar, Krishna. Prejudice and Pride: School His the Freedom Struggle in India and Pakistan. N Viking Penguin, 2001 Menon, Ritu and Kamla Bhasin. Borders & Boi Women in India’s Partition. New-Delhi: Kali for Women, Nora, Pierre. ‘Entre Mémoire et Histoire: La Probl des Lieux.’ In Les Lieux de Mémoire, Vol. I: La Rg Paris : Gallimard, 1984, XVII-XLI Pabby, D.K. ‘Theme of Partition and Freedom in Kh Singh's Train to Pakistan and Amitav Ghosh’s The Lines. In Khushwant Singh: The Man and the Writer, Dhawan, R.K, New-Delhi: Prestige Books, 2001. 42-52 Pandey, Gyanendra. Remembering Partition: Nationalism and History in India. Cambridge: Ce University Press, 2001 Raizada, Harish. “Train To Pakistan: A Study in v: In Khushwant Singh: The Man and the Writer Dhawan, R.K. New-Delhi: Prestige Books, 2001. 125-140, 194 CHAPITRE XX LE CONTRE-DISCOURS INSPIRE PAR HEART OF DARKNESS DE J. CONRAD pANS LA LITTERATURE DE GUINEE EQUATORIALE urs postcolonial oit le subalteme se sert de la langue sateur constitue par sa nature un contre-discours dont est de faire entendre sa voix, de montrer qu’il peut, lui posséde pour cela ses n. Le subalterne s’appropi vole » son langage, son « trésor identitaire, ur de pensée, la clef d’or de dime », comme J, Rabemananjara (Cit. : Joubert 2005, 186), pour en faire ite contre I'hégémonie de son ancien me « contre-discours » a été eréé par R. Terdiman pour le processus et les moyens de la résistance symbolique & ou Pabsorption par le discours dominant des pratiques versives naissantes (Terdiman 1985, 13). Plus tard, ce terme les moyens par lesquels la périphérie peut lancer un défi au impérial compte tenu de « la capacité absorbante ci, Selon B. Asheroft, G. Griffiths, H. Tiffin, dans les études postcoloniales, ces défis sont analysés surt travers les textes particuliers porteurs des idéologies impériales nues dans les systmes éduca- tes. Ainsi, le concept de contre-discours souleve-t- question des pratiques subversives face aux textes iste oil les textes 6 (Asheroft, in, «le champ contre-discursif postcolonial», © Ge contre-discours canoniquen, est le produit d'une re suiv réécriture des ceuvres littéraires euro- Pécnnes par les auteurs postcoloniaux (Tiffin 1995, 97) des « échas » des voix postcoloniales que de ces les-mémes car cette approche ne prend en considération 195 le contre-dises nigres lignes du roman sont consacrées 4 I'Espagne et son expansion territoriale et culturelle en Afrique. joins, M.L. Lewis, contrairement a la majorité des et en relief les éléments contre-discursifS propres au roman de L.. Evita (Lewis 2007, 101 en évoquant une scéne dans laquelle un viewx met fe ses compatriotes contre leur désir exageré d’imiter les mode de vie d'un « négre authentique » soppose a la comparée & un flambeau qui « brille dune maniére ‘mais briile tout sur son chemin » (Evita 1953: 54). Il ussi le consumérisme occidental comme un élément i détruit la culture traditionnelle et subjugue les Ibid, 26-27). ie de la narration est const izlais, John Stephen, qui, accompagné de ses tte contre la secte puissante du bweti, les « hommes- ins en cadavres vivants, le roman s'achéve par la destructi n des protagonistes reste incertain. Ainsi néen, imprégné de sumaturel et doté d’un final ‘se distingue déja par le recours aux éléments du réali- que dont les écrivains de ce pays se serviront plus tard iscursive. intre-discours horizontal apparait dans les ceuvres p ses publiées pendant les « années de silence » (aiios le début date de 1968 avec l'avénement au ir de F, Macias Nat fe de Ia dictature rrigre en 1979, ce vecteur contre-discursif, dirigé contre les ‘vénaux et le silence volontaire du peuple, devient plus prononcé. Les romans de D. Ndongo-Bidyogo s de la premiére vague tinieblas de tu memoria negra et Los poderes de la afte as de kalabé y u point de vue du color et Autorretrato con un infiel de J.F. Siale Djangany en Par exemple, en décrivant ddes exemples. Cependant, le contre-discours des écriv 1 rey (roi) est complété ‘est nourri par des sources diffé- rs eréole, ni les synergies entre les jes et romanesques dans le texte postcolonial et se ‘opposition binaire entre les textes dits canoniques et fy postcolonial (Lionnet 2012, 157). En analysant le contre-discours dans les litératures jes, A.R. JanMohamed fait remarque suivante: L’écrivain africain découvre que la praxis coloniactiste ature créent une image négative et dénigrante de I et de ses habitants, ce qui suscite une tentative de modifier image en créant son antipode symbolique dans la litté serait’ le cadre des descriptions ethnoloy smed 1983, 8) lit iée par Vhistoire dun Dans le contre-discours littéraire postcolonial actuel, on} we de deux vecteurs. Le premier, qu paradigmatique, est dirigé contre ou ‘syntagmatique, apparait_aprés les nouvelles élites des pays afi Dans la production romanesque francophone, ces deux acquiérent un caractére nettement accusé dep 1950-1960, Pourtant, cela n'est point le cas de la lit la Guinée Equatoriale écrite en espagnol Les pr os combes luchaban de L. Evita (1953) et Una lanza Boabi de D. Jones Mi ngtemps été la rront vu que leur cété par des raisons historiques, mais qui ion de «littérature de consentement » (li contre-discours est consti sarcasme et le grotesque, inéenne, elle est représ méme parf souv salvaje (Ve fion des blanes Diew orter la civilisation » (E ont « envoys a 1953, 134 196 plutdt sous les traits du réalisme magique déja éy i du premier roman de ce pays éert par L. Evita, ve particulier du contre-discours de la littérature équatos ff de la muerte anénima (mort anonyme) qui notamment le roman E/ Metro de D. Ndongo-Bidyogo, 4 ré a la vie des immigrés en Europe, et aussi le recueil de et de poémes El porteador de Marlow. Cancién negra sin de C. Mba Abogo, des eréations appelées autorrelatos (y tions) par ‘méme (Hendel 2012). Le titre isse pas de doutes sur I’étymologie de la domi s'agit de Heart of Darkness de J. Co Marlow est le narrateur. lest & noter que le cceur des ténébres en tant que fonctionne depuis longtemps d le. Cette expression fii ticles consacrés & I nbassade des Etats- ‘accusé et ses avocats, son fils plus tard, évoquaient comme raison de la t folie temporaire éveillée par les horreurs vues « au carn ténebres » (Gedda 1993, Erdos 2008). A. Lifshey indique ce stéréotype a été plus tard utilisé abondamment dan « littérature de large consommation » en citant a titre d ple le roman policier de R.Cook Chromosome 6 dont Pun rsonnages, obligé de séjoumer en Guinée Equatorial aint de son sort en ces termes : « Qu'est-ce qui est done dans la richesse si je dois étre ici, au coeur des ténebres ?) (Lifshey 2012, 202). Méme le titre d’Ekomo, le premier équato-guinéen éerit par une femme, est traduit en comme Ekomo: Au coeur de la forér guinéenne, ce qui 10 «le bon views trope “ coeur des ténebres "» (Ibid i on se référe au texte de J. Conrad, on ne peut pi s‘empécher de remarquer que les afticains y sont représe comme « un tourbillon de membres noirs, une masse de battantes, de pieds martelant, de corps ondulant, d'yeut 4 roulaient » (Conrad 1925, 31). Aucun deux n’a de prénom de nom. On trouve ce méme procédé mais appliqué & Ii description dune ville européenne dans les récits de C. Abogo oil les rues sont inondées par « une masse inconse ‘mais tumultueuse » (Mba Abogo 2007, 51). Tels les porte ss de J. Conrad qui transportent les charges té qui a saisi les esprits des aventuriers, s se transforment eux-meémes en esclaves qui « quittent isons chaque matin et se dirigent quelque pari, mais nt jamais, et, une fois chez eux, <...> se plaignent de istence cyelique et versent des larmes améres sur la lége- de leur bonheur » (\bid, 56). se la polarité » pour démasquer I’envers de la civilisation prétendant asservir, s’asservie elle-méme. revenant a J. Conrad, on observe le choix des lexémes a jon nettement péjorative attachée aux africains qui sont s « sauvages et passionnés » et « les hommes préhisto- wes » (Conrad 1925, 32) qui ne comptent « pas plus qu'un dans un Sahara noir » (Ibid, 45). Cel une ui est confige est nommé « un spécimen amélioré », regarder aussi édifiant que de voir un chien, dans caricature de pantalons, coiffé d'un chapeau & plume, et irche sur ses pattes de derriére» (Ibid, 32). ir parle du destin tragique des porteurs avec un ie d’expression choquant méme si ’on affirme que ce ton but de nous faire réagir et de critiquer la colonisat ise des phrases elliptiques pour recourir tout de suite au sarcasti Jour apres jour, dans les foulées et le trainement de soixante “es de pieds nus derriére moi, chaque paire sous un fardeau soixante livres. De temps & autre un porteur mort sous le s, reposant dans l'herbe haute prés du chemin, avec une “de & eau vide et son long baton allongé a ses cétés x pas dire que j'ai vu ni route ni entretien, & moins que le ns d'un Noir d'dge mir, le front troué d'une balle, sur cel je butai littéralement & trois milles de 1a, ne puisse étre 'idéré comme une amélioration durable. (Ibid, 18) c'est cet épisode comportant une mort absurde n du « démon de la sottise rapace et sans (Ibid, 14), incarnation de la mort anonyme, qui constitue dans les ceuvres de D. Ndongo-Bidyogo et Mba Abogo. Dans les premiéres seénes du roman Ed Ror seal Jomale riage 9 (Ndonga rhe 0 fin du roman oO dans un wagon g voit ses ancétres qui lui promettent que sa mort ne anonyme (Ibid, 458). Ces deux soénes roman expriment consiste a conserver la mémoire et & empécher que les: fils du peuple équato-guingen ne disparaissent dans I'o « Dans le souvenir se cimente I'existence de l'homme, jamais, Ami, n’oublie pas » (Ndon in se servant d’Au caur des ténebres de J. Conrad dune plateforme pour la création du contre-discours, Abogo intitule un de ses récits E/ testamento del po Marlow (Le testament du porteur de Marlow), suivant de Heart of Darkness est utilisé en tant ‘en méme temps il nous présente le narrateur: Prés de Ia on battait un Noir: on le disait responsable di d'une facon ou d'une autre: quoi qu'il en soit il gla horriblement. Plus tard je le vis, pendant plusieurs jours, dans un coin d'ombre, Vair trés mal en point, essayant reprendre. Aprés cela il se leva et sortit ~ et la brousse, son, le reprit dans son sein. (Conrad 1925, 21; Mba 2007, 119) C’est par cet afrieain que le testament est écrit. Il se dans la forét pour ce monde », pour « disparate 9). Mais avant de le fait force de ses poumons » V'avertissement suivant: Cadavres vivants aux visages blancs comme la lune chevelu propre aux pays qui vivent dans l'obscurité, Bed ‘moi! Ecoutez-moi bien! Ne compte: pas sur moi pour 200 Conrad Joseph, Au cour des ténebres [En dies repas, ni pour vous laver les vétements, ni pour yer Vivoire, ni pour transporter le caoutchouc.... Ne pas sur moi, je renonce en paix, je n'ai emmené monde. Vous ne compterez pas avec mes nyme est doté ici d'une nouvel sion. C. Mba Abogo nous donne & comprendre que cette est plus funeste pour le bourreau que pour la vietime. Le 1m préfeére a mort l’esclavage des générations rachéte au prix de sa propre vie. conclure, ner que le récit de J. Conrad n’a wversé seulement les cceurs des écrivains équato- est évoqué par d’autres écrivains afticains (par ¢ A. Mabanckou) et par des chercheurs postcoloniaux Bhabha). Mais ce sont les écrivains équato-guinéens qui ppropriés cette ceuvre de la littérature col : de Ia Guinge Equatoriale, II ne s'agit done pas de la réécriture du texte canonique » dont parle H. Tiffin, Les s €quato-guinéens endiguent le paradigme postcolon cn se servant de ses décombres choisis & leur guise pour créer Natalia Naydenova croft Bill, Griffiths Gareth, Tiffin Helen, Post-colonial ‘oncepts, London & New York, Routledge, lekture/conrad.pdf (et le 23 1 Richard, Discourse/Counter-Discourse: The nd Practice of Symbolic Resistance in Nineteenth- nce, ithaca, NY, Cornell University Press, 1985. felen, « Post-Colonial Literatures and Counter- use» in The Post-Colonial Studies Reader, London & Di Vork, Routledge, 1995, p. 95-98. leslatimes.com/1993-10-10/news/mn- 44238_1_equatorial-guine (consulté le 23 mars 2014) Erdos Chris, « Heart of Darkness » in Foreign Servi 2008, p. 43-48 [En ligne] : imisc/heartOf pdf (consulté le 23 mars 29 icio, Cuando los combes luchaban, jor de Investigaciones Cientificas, 1953, cha, « Conversacién con César Mba [http:/mischahenne. wordpress.com/2012/04/03/conversa con-cesar-mba-abogo/ (consulté le 23 mars 2014) JanMohamed Abdul, Manichean aesthetics: the literature in colonial Africa, Amherst, University of setts Press, 1983 Joubert Jean-Louis, « Voleur de langue » in Voca études francophones, Limoges, Presses univers Limoges, 2005, p. 186-187. 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