Yan Pei-Ming
Les survivants
Les grands portraits noir et blanc réalisés par Vartiste franco-chinois reprennent, par le format et la pose,
les portraits officiels de Mao diffusés dés 1962 4 des millions diexemplaires comme un culte voué au
Grand Timonier, guide du Parti communiste. Les Survivants témoignent d'un art porté avec distance et
une certaine dose de connivence envers la Chine, depuis le sol francais o¥ vit et travaille Yan Pei-Ming. La
Perception des portraits suit un mouvement du regard qui va de prés, de loin. A courte distance se
dégage une forme expressive et abstraite qui devient précision photographique dés que l'on s‘éloigne
des toiles, portraits allant de Mao & Bouddha dans lesquels on entre physiquement, pris par la peinture.
Tres t6t, durant sa scolarité au cours de laquelle se développe la propagande marxiste, Yan Pei- Ming
réalise de grandes peintures politiques sur des panneaux métalliques, du papier maroutlé ou sur le mur a
Partr dimages de propagande quil agrandit Il peint aussi los héros populaires du moment. A son arrivée
en France oi il étudie dabord a lécole des beauxerts de Dijon, il passe par Vexpression du corps
soufirant, puis reviste ensuite les icénes de lesthétique sociaiste, dépassant son opposition résolue & art
officiel qu'il venait de fui
‘Aussi, des 1987, lartiste reprend le portrait du Grand Dirigeant, des séries de
‘8tes ot des figures en noir et blanc plutst typées. année suivante, il se consacre aux grands formats qui
sont davantage des anti portraits : «{qluand je fais un visage, il est tout & fait autonome et ne représente
Pas un personage précis. Je travaille sur l'anti-portrait ». Plus qu'une singularité & travers le portrait,
Vartiste parle dune «sorte de portrait universels. La muktitude, lanonymat hérite aussi de la tradition
lettrée chinoise a travers le sage dépourvu de toute trace d’égoisme et de partialté
Uart de Yan PeiMing questionne autant le portrait universel que ceux plus individualisés - figures
imaginaires, brigands, vagabonds, réfugiés, filles de joie, le roman familial également, icénes et
anonymes -, sachant que 'individualisation manque toujours déchouer selon la conception
Philosophique de homme typiquement chinoise, en retrait de la notion occidentale de personne. Cela
explique Habsence d'une histoire de Fart du portrait en Chine. En effet, tandis que le portrait est doté
dune histoire dans art occidental, il est presque absent en tant que genre dans celle de la peinture
chinoise. Dans le Rome républicaine, Yon trouve imago, le moulage de cite du visage du défunt que les
familles patriciennes gardent dans leur atrium, Rien de tout cela en Chine. Aussi, le portrait de
personages déterminés ne peutil se peindre que dans lesquive, la dissemblance.
La peinture de Yan Pei-Ming est avant tout une peinture du trait. Sa brosse est large mais son art s‘enracine
dans un savoir faire acquis parla calligraphie : Vexécution du trait spontané, rythmique, sans retouche, et
qui commande la peinture, Le trait est une unité de mesure qui montre combien il n’y a pas de rupture
dans le passage du portrait au paysage et inversement : « Lorsque je peins, la figure évolue en méme
temps que la peinture. Je pars de formes abstraites, de “taches’, de coups de pinceau qui sorganisent
pour leisser apparaitre un visage ». Le trait transcrt le Ii, lois ou lignes internes des choses. art du peintre
est de rendre act
05 ces lignes de force qui organisent et structurent la composition. Le qi, recherche de
énergie qui assure la cohérence interne de la peinture, est suivi de Vharmonie et seulement aprés de la
pensée.
ct. divers dossiers centre pompidou et centre pompidou Motz,