Repores
versalisme constitue un pidge moral,
car on ne peut agir qu’a légard da
proche. La morale humaniste, selon
Schmitt, nie ordre du politique qui
est celui du rapport ami-ennemi. Dans
la mesure, dit-il, of la morale huma-
niste juge les rapports ami-ennemi en
termes de bien et de mal, elle fait de
Tennemi un monstre inhumain, qui
doit étre anéanti Mais, répond Haber-
mas, le droit cosmopolitique est une
conséquence juste de 'idée d’Etat de
droit. Il n'est done pas récusable. En
fait, est au eontraite Schmitt qui eri-
minalise les adversaires des gouver
nements en place dans Mexacte
mesure oi il pense la vie politique &
Tintérieur d'un Etat comme un confit
permanent.
Gela étant, il faut éviter que les
appels moralement justifiés prennent
une allure fondamentaliste, dans la
mesure oit ils ne se hasent pas sur le
droit. Mais c'est précisément pour évi-
ter ce fondamentalisme des droits des
homme qu'il faut transformer Vétat de
nature entre les Etats en Etat de droit.
Habermas, avec ec commentaire de
Kant, nous offre les moyens intellee-
tuels de penser le rapport droit-
morale.
Jacques Rollet
Reiner Schiirmann
DES HEGEMONIES BRISEES
Fad. Ter, 794 p., 309 F
«Je n’aurais sans doute jamais
centrepris ce livre si, étranger, je ne
vivais pas au miliew du peuple occi-
dental le plus brutalement idéologique
de cette fin de sitcle : peuple, qui tout
aussi brutalement, dénie non seule~
ment les singularités, mais encore ses
propres maximisations et fantasmes
212
léologiques. » Cet aven an détour
une note est révélateur d’un parcours
exceptionnel: voici un livre monu-
mental écrit directement dans un fran-
ais admirable par un allemand vivant
& New York et enseignant jusqu’a sa
mort prématurée & la New School for
Social Research, université presti-
gieuse déja illustrée par Hannah
Arendt et Hans Jonas.
Ul faut déerypter ces indications
pour commencer & comprendre ce
livre. Lidéologie, comme la loi, est un
fantasme hégémonique. La brutalité de
Thomo americanus n'est que l'aboutis-
sement le plus vulgaire de cette
«maximisation » par laquelle 'Oeei-
dental ne cesse de s'imposer des
normes et de s’en faire lui-méme souf-
frit. En Alabama, un groupe fonda~
mentaliste intenta un proe®s au. gou-
verneur pour n’avoir pas assez protégé,
dans les manuels seolaires, les reli-
gions traditionnelles : une cour fédé-
rale jugea la plainte fondée. Sehiir~
mann sappuie sur cet exemple pour
réfléchir sur la violence intégratrice de
la loi, a Veruvre depuis nos origines
reeques.
«Une contribution a la tres
ancienne doctrine des principes » : Cest
cen ces termes apparemment modestes
que Fauteur présente abord lui-
méme son ouvrage ct cest effective
ment en suivant ce fil conducteur que
le lecteur redécouvre Vhistoire du fan-
tasme hégémonique occidental: le
coup d'envoi gree opére (avec Parmé-
nide) au nom de Un; puis intervient
(chez Cicéron et Augustin) 'impérial
imaginaire latin (au nom de la nature) ;
c'est enfin au nom de la conscience
que le fantasme hégémonique modeme
se trouve institué par Luther, puis
repensé par Kant,
Ce scheme historique linéaire est-il
sulfisant ? I faut le compléter par ses
ccontre-figures. Chaque époque est tra-