Vous êtes sur la page 1sur 6
it THE ENEMY! Histoire & Socstles, 03, 49-29, cook Habiter I'espace de travail Perspectives sur la routine «Cet stabi brio il a confections lurmaéme, modifié. sransformé, complété Maintenant, i fait corps ave, i cen conn es ressources par cru» (Linas 1978p 157 Paes teva a lixérature sociologique développe [5 ctirpranast enc srl «routine » un cegard ertigue, qui routine comme portant ateinte fla liberé de Vaccur et souéve ainsi la question de la domination; et tin regard attencif au savoir pratique qui anime la routine, incluant alors Fenvironnement od elle émerge. En se crosant, ces devx regards contribuent, dans leurs oppositions, &éviler ou &tempéret des inguiétudes relatives aux conditions de travail. Cet article cherche dans un premier ternps&rendte compte de cette dynamique dl écrture, qui dresse des perspectives différentes sur la routine. Mais il convoite aussi ce que ces dernigresnégligent, écono- mie émotionnelle tle bien propre ala routine: Isis. Dans son inime advenue, Vaisunce résiste en effer au langage descriptif et au cadre analytique de la sociologie. Le sentiment qu'elle pro cure est roujours au seuil de impression dhabiter, usage quelle convoque habite autant qu'il semble habité par les choses mémes la routine est cot élément essentiel pour comprendre comment espace de travail se rend habitable. Ce cheminement nous élucider ce que les théories attentives aux connais sances peatiques qualifient comme la part « énigmatique » du savoir-faite, et a donner d'autres bases analyriques & la compréhension de a vulnérabilité de acteur au travail Les approches classiques de la routine wave routines Un grand nombre d'analyses critiques, qu’elles visent les conditions cde travail ou plus fargement les actives celatives ila « vie wrdinaie » Dorie puienion ‘atone sociogrues fina au PUCK 2003, Sotgine evangire Brovites et ‘Stave Debuge 2008, fe deri pour avoir ourima reteion onde aration donnent un relief essentiellement inquitant& a soutine, instru mentalisme propre a la modernité aboutiait la standardisation des objets, la normalisation des usages, Iuniformité de la culture et 'a conformité des identités, Lusage du monde serait ceint par un indluctable processus de rationalisation dont la routine donne alors une image exemplaire, tere par la mécanicité et la monotonie des {estes qu'elle déroule. N'y échapperaient ni la déambulation urbaine, niles occupations domestiques, ni les rapports sexuel, ni, a for ton les activités au travail: partout les routines sinsallent, atténuant ‘activité créatve et expression spontange des différences. Associges 3 Veffet normalisant et assujettissant de dispositfs disciplinares, les routines paraissent alots concenteer un ensemble eonséquent dde maux: déclin des compétences techniques, passivté intllee twelle, amoindrissement des capacités de résistance politique, aff blissement du lien social, enlsement dans les petites habitudes pri vées, etc, Dans le monde du travail, cet effet porte bien sir a race de la domination exercée parle capitalist su le salarié. Lacion sen trouve ainsi vidée de toute sa substance humaine: ni voulu, mi consent, le geste routinier ne s'arrime pas méme ici a une puis sance passive, celle d'une passion ou d'une obéissance, ‘Mais la littérature sociologique ne présente pas la routine en ce seul état suspect. Dans ses cycles d'écriture, se succédent des estes dalerte (00 sont vsés des maux et annoncés des dangers) et des gestes d'apaisement de linquiétude?, La routine apps tait lors sous d'autres aspects, Dans un contexte économique affecté par la crise et le durcissement d'une compétition mar chande, oi les politiques 'orentent ves la flexible des facteurs de production et leur organisation en réseau, la litérature socio Jogique tend a valoriser dans les années 1980 des modeles d'action davantage attentifs aux capacités stratégiques e: créatives des acteurs. La routine se trouve alors regardée comme une habi leté technique en contexte, une forme de connaissance pratique ‘manifestant bien une intervention active de I'acteur, mais enga Beant un savoir faice dont la nature reste énigmatique et fort peu gualfiable. Cette orientation a notoirement pour effet de dévoi. ler une potentialité de la routine a résister ila tyrannie da stan dard et la discipline imposée par les dispositfs technologiques La part énigmatique des routines Bien qu‘elles sorientent alors vers une description beaucoup plus dltilée de action, ces approches qualfent ins toujours la routine ‘en creux et en négatif, comme engageant des savoie-fuire «tartes» ‘informels», « mndictbles », voire « secrets »\Jones et Wood, (98 Pour comprendre cela, i faut recadser ces approches par rappor leur double projet de rendze compte de régulartés sociales dans Jes situations de travail et d'interroger les méthodes industrielles organisation du travail. La routine trouve une place dans ces :méthodes en sintégrant aux systémes de régles fonctionnelles déter ‘minant les conditions efficaces de production, Elle cortespond a lune wtilisation normalisée et répétitive de l'environnement de travail ea lapplication rigide d'un savoir forme! de régles techniques ou bureaucratiques que les sociologues pren: dront soin d'opposer a un savoir de nature ‘informe! Si ce demier décoge au format déter ‘miné de la régle d'utilisation, il renvoie néan. ‘moins lui aussi, pour les sociologues, a des formes de cégularité, et participe ainsi des de Vopérateur En cherchant& garder un ancrage dans le question de la culture ouvriére, les approches sociologiques tendent aussi a rabacte cet inef- fable de la pratique sur un etbo: de groupe: la routine est alors le savoir-faire propre a un collecifrapporé i une classe sociale. Le co: lect en hérte par le tuchement d'une incorporation permise pat Ja permanence de pratiques et d’habitudes sociales. Le savoir tacite st ansi implicitement partagé, done doté d'une forme de généralité Lusage des environnements de travail spécifie alors une culture collecuve, i s'apparente @ une outunres. Et la routine est un élément ‘majeur ou peut se fixer l'usage, dans une pratique coutumiéze, formant le ieu d'un patrimoine culture! prop: Ces deux manigres d'appréhender la routine, soit en cermes incorporation, soit en termes d’écart possible & la réele, la cap. portent donc l'une comme l'autre a des formes d'agir qualifiables sen généralité » la coutume et utilisation, Ce faisani, la routine apparalt bien seulement en creux; la dynamique singuliére de fami liarisation et dappropriation par I'usage que suppose la routine reste alors insaisissable aux sociologues du travail En se recentrant sur « la dynamique incertaine d’interactions locales, aux dépens des régulantésd‘ordres ou d'éguilibves pénéraux » | Thevenot 195|, le traditions de recherche en sciences sociales ont ‘encore déplacé leur maniée d'appréhender a routine: la nature énig ‘matique de son savoir-taire s'est vue intexprétée en termes d'incer. ‘itude, comme lieu dindétermination des capports de coordination Saiser et deca Tes ormas de Fasege fonaominatin, tou tage vente Stowe tome de mse ‘revision 999) Le regard s'est alors porté vers la comprehension du caractére situé des routines. Cette orientation s'est accompagnée d'un geste <'apaisement relatif eux questions classiques de la domination en sociologie du travail, Ce geste # pts. a son tour, deux directions Tout d'abord, es travaux se sont progressiverent orientés vers la considération des compétences de 'acteur au travail, La question des compétences s'est articulée une probléreatique de la réss tance car les modalités communicationnelles qu'elles supposent, souvent infea-langagiéres, permettent de « créer un certain nontbre de codes gui écbappent souvent dla biérarchie de Ventreprise » (me, 1985). Levocetion de savoirs incorporés peut ainsi apaiser inquié tude relative la tyrannie des habitudes, dans la mesure of Invi sibilite du savoir-faire suggére des capacités de dissimulation, et parfois meme d' opposition # la hiérarchie. Mais 'spaisement tient aussi pour beaucoup au fait que ces callactifs de travail paraissent non pas comme le pasifréceptacle de dispositions durables héitées une culture d'origine, mais comme des lieux d'invention du quo- tidien. Ce sont, a travers les routines, des capacités ordinaires & bricoler et a « faire avec » qui se font jour, illustrant les faits d'une polémalagie du faible (Certesu, 1940 Ensuite, d'autres travaux, observant le contexte d'émergence de la routine, ont poré une attention particulive sa lisbilxe du point de vue des acteurs, et notamment au travers des pro cessus situés de négociation qui la déterminent. La routine présente alors, en quelque sorte, son visage le plus « rassurent», ef tant que facteut de changement organisationnel et improvisation dans action, Davantage saisie ici depuis son moment d’émergence que depuis son caractére subordonné, la routine semble suivre une rrajectoire qui, partant de valeurs conservattices, a conduit vers des valeurs émancipatrices. Vimprécision du « situé » Mais ce déplacement de 'atention vers le niveau local de intr. action n'a pas uniquement contribué & spaiser le soupgon porté sus la notion de routine: il a aussi relancé linquiétude & partic d'autres licux d’analyse D'un c6té, et c'est surtout 1 que Tinguiérude est selancée, des sociologues ont pu regarder la routine comme un savoir strictement local et impubliable,trés mal ajusté pour s'nserire dan la négocia tion et contribuer aux ans paricipatifs d'une « idéalogue dela trans parence » (Borin et Linhar, 1988). La routine menaceraitdés lors Pexercice de la democratic e de la citayenneté dans lentreprse De Fautte c6té, une sociologie d'inspiration naturaliste a offer une autre lecture dels routine eta ouvert un chemin différent et moins évident vers la question politique. Elle n’analyse pas la routine comme le lieu d'un amoindrissement du sens critique et d'une -déporsessian de force et de savoit,inhérente a des effets de domi nation. Elle préte attention a la composante marérele et technique de environnement et fait de la routine le lieu méme d'une obser ‘vabilité des sources intentionnelles des acteurs. Sila routine s'appuie sur information disponible dans l'environnement, ’en priver reviendtait a limiter ses capacités de développement créatif et orgenisationnel. Lienjeu politique ext aloss d’abord celui d'une protection du privé* ou de 'accessbilté de Ia chose publique’ Ce faisent, le concept d'« action stuée » largement contribu a redonner des capacités perceptives et des sensibilités proprio ceptives aux agents (Quire, 199). Le développement d'axes de rechesche su les nouvelles technologies, notamment informatiques, a ailleurs beaucoup joué dans implication de Venvironnement matériel comme source cognitive et perceptive d'un guidage cal de Faction (Prost, 20011, La routine apparait alors comme Parchétype de I'activté technique ocdinaire. Elle se présente comme une compétence non pas mécanique mais dynamique (capable d'explo- rations et d’ajustements), non pas incorparée mais externaliée (1 mémore se déposant dans 'espace! Ala faveur des conceptions de stron stuée Ia notion de rou tine a ainsi montré une efficacicé notoire dans Uexamen critique des approches de l'action rationnelle ov de 'action comme plan. programme (Cone es ucopn, 19M; Lavi 2000], Utilise par des tra vaux selativement hétérogénes, il régne toutefois sur son usage actuel une certaine confusion. Le caractére « situé » renvoie en effet tout ala fois aux outils cognitifs de activité, aux aspérités naturelles de son environnement, et aux objets physiques, qu'ls soient placés par hasard ou intentionnellement, quid signalent un code, indiquent un message personnal, une fonction technique, ou quilsoffent une source drecte de guidage du geste Ou un ressort affect 4 action, ex. Le probléme tient en ps ie A ce que le « stué » a toujours été inrerrogé dans sa simple localite c'est--dire comme quelque chose quill sullit de pouvoir \ocalses dans espace. Or, cela ne suffit pas pour qui veut analyser les modes dengagement en situation: 'acteur ‘envisage pas seulement la situation & partir de ce qui le situe dans lespace, mats depuis la pluralité 'épreuves qui la traversent Gelles-c se distinguent notamment par leur natuce plus ou moins 4okesec corsa Sn om Se eeaione owepn, 18 MH 6 prams 198 e 1987, Fengokin Peres publique, eur hosizon temporel ela rension érotionnelle qui les anime®, Oren souseivant ala cichotomie opposant le local au glo. bal, es approche: « stuées» dela routine ont finalement, soit redut Ja routine a un microévénement, la coupant de son ancrage collec soit tenoncé i son homogénéité: chee économiste Nelson, elle se rmontte ainsi sans solution théorique de continsité, ant: comme << qualité individuelle »,cantOt comme « couture » (Reyna, 1998) La routine comme usage familier et maniére 4’? La dimension habitante de la routine Nous soutenons l'idée que la dimension de I'« habiter », relative indissociablement au sentiment d’habiter et usage habitant, non seulement n'a pas été abordée parla tradition de sociologie du tava, mais consttue I élément central pour une comprehension dela rou: tine, Le monde du travails éprouve ausi, selon nous, dans Phorizon d'une habitation, et son analyse doit rendre compte de la manitre dont elle se rend possible. Il nous apparatartificiel de confer cet hhorizom au seul domaine de a maison et de lave de famille ou, inver sement, de voir dans lespace de travail un lew uniquement tramé par des épreuves qui engagent, parla nézociation ou la confron tation, un agir public d’emblée connecté aux enjeux collectifs, Pour aborder cette dimension habitante de la routine, il convient de considérer une autre topique de usage. A céé des topiques de la « coutume » et de I's utilisation normale », sur lesqueles sest focalisée la sociologie du travail, i se trouve celle du manioment, qui suggére une dynamique de « mpproctement parla famiianté» du corps au monde [Thivenot, 1994), une maniére propre d’habiter le monde’ la forme simplfige et I'aisance acquise sont ce vers quoi tend & se mainteni'acteroutinier (Brevi 2002] Laperspective critique de R Linhar dans !'Beabl; lorsque, dans un cas fameux, louver répuré pour son adresse échoue & montrer son savoir faire sur le nouvel éabli normalisé que les ingénieurs viennent inspecter, 6voque un appauvrissement de la culture ouvriée, fruit d'une rationalisation acerue des moyens de production, La rationalité industrielle commande une utilisation rigide dela ‘machine le reproduction d'un méme geste stéréo typé et abandon de savoir-faie tacites indéf ‘iment vasables et singuliers. Mais nous pourrions dire que humiliation de Pouvrier ne tient pas seulement ila configuration d'une aréne publique, £ ol surgitla domination autortaie de l'ngénieur et la force coerctive de objet technique a laquelle louvrier tente vainement d’obeir Elle provient aussi du fait que tabli normalise résiste aux tentatives de l'ouvrier de s'en approche, et rien de sa froide physionomie ne laisse envisages I'accuel de son savoir-fare ni méme Véventualté qu'il pourra |'aranger s2 guise, le mettre isa ‘main. La scene de inspection ne laisse pas seulement entendre la dificuté de transférer une routine autre, elle suggere plus profondement la soudaine dispartion du fond d'histonicué attache i st maniére personnelle d’habiter son espace de travail” Une reflexion sur la routine ne peut ainsi sen tendre que depuis histoire singuligre d'une maniére dhabiter un ‘environnement. De ce point de vue, ces a plus ou moins grande disponibilté de ce dernier étre habité qui doit, pour commencer, orienter le fil conducteur d'une analyse, Parl, il est question & la fois de s qualité de demeure (ole corps peut rester& demeure),et de logement (ois e corps peut s‘approprier un espace et s'yloger) Dés qu’on porte toutefois ie regard sur un cadre de coordina. tion, sur un horizon de vivee ensemble, l'environnement doit, simaltanément, tre considéré dans $2 capacit€ ne plus étre sim: plement habité, mais a représenter un tiers, a ‘hire advenir une sltérté, Dans exemple emprunté & Linhary, le configuration stan dardisée de l'espace de travail génére un mouvement stéréatypé et cépétiif (qu déloge et désancre les routines families), au pro- fit d'une cégle d'uclisacion antéposée qui rend déchiffrables et mesurables le geste et son eficacté productive Sila coordination, ‘qui passe par des principes tayloriens dorganisation du travail, cherche i abolir toute occasion d'habiter le lieu de travail, c'est que, dans la singularité des accommodements & lespace, réside une part de l'usage qui résiste a |'évaluation métrique et i la constitution dune information normalisée activité d'un cadre situé a un La mein, te rangement, Vaisance A cette évauation métriques’oppose valuation tactile de la main, depuis laquelle habitable du monde se trouve mise essai Inds: tinctement et spontanémet, pa son approche et son appréhension clu monde, la main se trouve te, tout i a fos, le coeps (de ou) et ‘oui (corps), a perception et la compréhenson, la préhension et le tact. La main tive pour tout voir parle toucher ct deja commence a ordonner le monde, dans assurance d'une convenance, dans la direction d'une aizance Elle prend les choses pout les déplacer, et pour fare de som milieu, un « men objets manipulés» (Mead 1963). Le geste routinier qui sinstalle dans ce miliew nest pas foreément 7 Pour ae pls roviglen (2002 r i pn cere dimenson Satrmation Iacompesiion sco» ‘aedman, 1862 le plus précis ou celui qui demande le moins d'efforts, mais le plus ais, le lieu du plus haut confort. Ce confort n'est donc pas ostentatoire (avoir de asance » nest pas « prendre ses ass), il ne rend perceptible (et mesurable) aucune richesse, aucune valeur, mais une maniéte sing lidce de s'approprier le monde par I'usage. Lai sance est le Bien de la routine et de 'habite, mais lle n'est pas un Bien commun car elle est relative au milieu gui « me» lie lu, « ma » propre fagon dy sentir une familiarté. Aussi, elle ne s'affirme ps, ni ne se jst; sa jouissanceestla pls au-dedans, a plus indie. Er son évocation ta plus nette surgit paradoxalement en son absence: on s'y réfere comme un manque (i habiter), une fatigue, une insécurité, etc. Bref, autars de maux qu'ont su identifier les ingénieurs et les sociologues du travail, ais sans jamais se préoc- cuper du Bien intime dont il retourne. Car, en céalité, est depuis certaines conceptions ds juste et du Bien (au sens airs d'un Bien commun) quills étayent des programmes organisstionnels, pour les premiers, et un sens critique, pour les seconds, dont la pluraite anime les débats que nous décrivions en premigte parte d'rticle Tout se passe, dans les analyses du travail, comme si les agen: habitaient pas leurs espaces d’activité®. Nous pensons qu'en regerdent a maniére done is le font, fat-ce de maniére minimal, se déple alors sous nos yeux des questions importantes pour l'étude des organisations. Si, par la routine usage habite un ensemble de choses placées a sa convenance, un théme essentiel de 'analyse des coordinations conceme le rangement. Le rangement a partie lige avec Vorganisation temporelle et spatiale dela routine. Mais, pour reprendre les termes de L. Thévenot, il reste précisément trans versal 8 « différents régimes d'engagement dans lenvironnement » (on peut ranger selon différentes « échelles de publité »: pour soi, oUF un « nous » intime ou un « on » impersonal), Et son étude demande donc que soient distinguées les exigences variables de publicté qui pésent sur le mise en ordre des choses, ce leur empl cement, plus ou moins conventionnel, importe dans leur access: bilité& autres et dans la lisibilcé des routines Cependant, le rangement doit aussi étre envisage dans une dynamique plus large que le simple ordonnancement des choses. Dest un sir qui renforce la familiaité aux choses, et grice auquel espace objectf se change en une surface familigre de contact, tenant ainsi une importance msjeure dans la genése des routines, Habiter, c'est alors ménager un espace pour usage maniant, au sens large du terme « méns ger » (incluant sa forme pronominale): ta: avec égerd, épargner (@ quelqu’un la fatigue) ou réserver une place pour quelque chose, les trois sens pouvant indiquer une quasi-unité sémantique. Il peut étee alors opportun, pour comprendre comment Ia routine s'engage dans des environnements allant de 'intime au public, de distinguer les moments de 'emménagement et 'aménagement d'un espace, de ceux de son accommoadement et de son arrangement. Li oii les deux premiers disposent méthodiquement I'espace en vue d'un usage determing, selon des attentes générales configurant I'usage du lieu comme utilisation (dans son horizon fonctionnel) ov comme coutume (dans horizon d'un partage de référents culturels~ la recherche un confort bourgeois par exemple), les seconds agissent b plutér sur les choses depuis a singularité 'un usage deja engage Léconomie (oikonomia/ de ta routine Ainsi considérée, la routine élaygit le regard anthropologique posté sur !économique® Et économique retrouve aussi son sens premier &conomie domestique (oikonomia), ob prédominait la question du soin(epimeleia) apport 3 la demeute (aos) et appli cation de méthodes spécifiques de rangement. Liéclsirage offert pat les teaités antiques d'économie domestique est intéressant de notre point de vue les vertus ménagéres (Ecoute, patience, appl cation, sollcitude, vigilance) y fagonnent une familiarté(okeros), un rapport families usage aux composants de la maisonnée, et sénézent des inclinations pratiques représentant un « sasoirs'y prendre » en toutes circonstances, sans détour majeur par ls ‘Beep M282, ous reprnons hemaique ovens par Bae (200 sutrncn 9 de tteonomiquasoc seurtrancltist, Pint At, ern So etuuge 2003, — Sernepiation Danse sons Pe rosounsmarce corespond sémotions fate o02} En sgrorant, Condemns ne vor iva accoutumanes (enna dont vet a Sietpsement de raccoutmance Lrmmuoarariae Cont dacs reflexive (pe exemple Kénophon, 1995), Ces manires de faire, qui sont indissociablement des maniéres d’habites, constitue moyen de rendre aux occupants de la maisonnée une sérénuté nourtie d'aisance, Cela n'implique en rien, comme ilen est ques tion dans l'économie moderne, 'secumulation de richesses.I’éco nome antique reste en marge des domaines dela production et de la cheématistique'® Masi agit plurot de rendre le lew habité en tout point maniable (offer usage maniant, ou byéxs), pour que le maite « éparane et puisse exercer un savoir luce sur les choses de 'ovkor et, pou fn, su la chose publique Laisance ~ ce Bien visé par I'é¢onomie de la routine ~ ne pro cure pas seulement une manire propre de's'épargner dans act vité, mais aussi une féliccé de nature profondément intime En srticulant la routine &un vaste projet de rationalisation de a pro duction, organisation scientifique du travail trowvait en elle un instrument précieux pour mettre & distance imprévisibilite des artitudes émotionnelles. Sa méprise reposait sur I'ignorance que économie de la routine se rfléte aussi dens une économte émo siomnelle, que ’émotion est bien présente mais de maniére retenue, tenuc « en dedans », et que sa flicité ne se jauge a 'aune d’aucun appareil de mesure. Pour la comprendee, il est alors utile d’exe miner l'ensemble des chocs émotionnels minimes qui l'animent Dans son contraste avec effort, la routine se caractérise par la spontanéité: elle se lance sans peine et le niveau intentionnel qui Ia déclenche est parfois infime'. Elle vient cOtoyer le réflexe sans pour autant se rabattee sur lui, car le éflexe est tout un, la oi ele dispose d'un léger resort sans cesse atentf aux disractions slentous, aux tcoubles familiers qui, en perdurant,rythment des possibilités d'accourumance'™. C'est en cela que l'économie émotionnelle de a routine nous permet dincerroger Ie spontaneceé des attitudes de coopération (Brevigiri, 1997) Pour conclure sur analyse ot observation des routines Cela nous améne, pour fn, rouvtr les questions de Fobservation et de Fobservabilité de la coutine et du soupgon eritique posé a son endroit. Ces deux questions se tiennent, car rout mouvement d’apaisement, s'arme et dispose d'un appui nor: rmatif qui luiméme, zepose sut un socle politique ex moral appe lant des principes communs dévaluation [Bolanski er There 1o9t |, Le geste routinier est, depuis ces principes, qualité et informe par des propriétés (générales ou situées) qui en font une question facilement rapportable aux problémes des collectifs de tcavail Mais ces propriété, qui représentent la routine entre le péle de In eégularite mesurable et celui de l'imprévisibilité d'une action située, rendent peu compte du « la» femiler do elle se tient, de sa dimension habitante, Or, cette dimension ne reléve pas d’emblée de ce qui peut se porter a la connaissance d’un public: Le sociologue est donc amené a réviser ses outils méthode logiques classiques, ev se dotant de modalités d'observation qui ne « publicisent » pas par elles-mémes l'enquéte (comme le fait Uentretien, oi se justifient des ations et se qualfient des compé tences), done n'extraient pas le phénomeéne de son intime encrage dans I'habiter‘. Il doit notamment se doter d'un lexique qut puisse, tout en sémantique, une grammaire politique et morale, offrir (i) un rnuancier du langege naturel refltant Paisance acquise du corps dans un miliew habité et (i) une analyique du « rouble Feiler » et du « monde alencout », pour envisager le dynamique entre la distraction (émotionnelle) et l'économie {spontanée) de Ia rou tune. I s‘agira, enfin, (ii) de rendre sensibles les formes de publi cation qui, partant du langage naturel et s'orientant depuis la dynamique du trouble, activent des « ressorts moraucx» [Pausroni 2001] et configurent des problémes publics. Aoprsbontee de romgutour Eonasheaniemert femmnesbie mss Faelier de Ferviron fe approcnements emgistiorme (par dasimulaton ou pachabiue) pour ut soupgon, ou itant de brusquement ramener, par sa portée Treteervaton de Fanti proehs Toner cencense ‘or Beige 95 10 ner Fr Cr tcoeete ea eetenese

Vous aimerez peut-être aussi