it
THE ENEMY!
Histoire & Socstles, 03, 49-29, cook
Habiter I'espace de travail
Perspectives sur la routine
«Cet stabi brio il a confections lurmaéme, modifié.
sransformé, complété Maintenant, i fait corps ave, i
cen conn es ressources par cru» (Linas 1978p 157
Paes teva a lixérature sociologique développe
[5 ctirpranast enc srl
«routine » un cegard ertigue, qui
routine comme portant ateinte fla
liberé de Vaccur et souéve ainsi la question de la domination; et
tin regard attencif au savoir pratique qui anime la routine, incluant
alors Fenvironnement od elle émerge. En se crosant, ces devx
regards contribuent, dans leurs oppositions, &éviler ou &tempéret
des inguiétudes relatives aux conditions de travail. Cet article
cherche dans un premier ternps&rendte compte de cette dynamique
dl écrture, qui dresse des perspectives différentes sur la routine.
Mais il convoite aussi ce que ces dernigresnégligent, écono-
mie émotionnelle tle bien propre ala routine: Isis. Dans son
inime advenue, Vaisunce résiste en effer au langage descriptif et
au cadre analytique de la sociologie. Le sentiment qu'elle pro
cure est roujours au seuil de impression dhabiter, usage quelle
convoque habite autant qu'il semble habité par les choses mémes
la routine est cot élément essentiel pour comprendre comment
espace de travail se rend habitable. Ce cheminement nous
élucider ce que les théories attentives aux connais
sances peatiques qualifient comme la part « énigmatique »
du savoir-faite, et a donner d'autres bases analyriques & la
compréhension de a vulnérabilité de acteur au travail
Les approches classiques de la routine
wave routines
Un grand nombre d'analyses critiques, qu’elles visent les conditions
cde travail ou plus fargement les actives celatives ila « vie wrdinaie »
Dorie puienion
‘atone sociogrues
fina au PUCK 2003,Sotgine evangire
Brovites et
‘Stave Debuge 2008,
fe deri pour avoir
ourima reteion
onde aration
donnent un relief essentiellement inquitant& a soutine, instru
mentalisme propre a la modernité aboutiait la standardisation
des objets, la normalisation des usages, Iuniformité de la culture et
'a conformité des identités, Lusage du monde serait ceint par un
indluctable processus de rationalisation dont la routine donne alors
une image exemplaire, tere par la mécanicité et la monotonie des
{estes qu'elle déroule. N'y échapperaient ni la déambulation urbaine,
niles occupations domestiques, ni les rapports sexuel, ni, a for
ton les activités au travail: partout les routines sinsallent, atténuant
‘activité créatve et expression spontange des différences. Associges
3 Veffet normalisant et assujettissant de dispositfs disciplinares,
les routines paraissent alots concenteer un ensemble eonséquent
dde maux: déclin des compétences techniques, passivté intllee
twelle, amoindrissement des capacités de résistance politique, aff
blissement du lien social, enlsement dans les petites habitudes pri
vées, etc, Dans le monde du travail, cet effet porte bien sir a race
de la domination exercée parle capitalist su le salarié. Lacion sen
trouve ainsi vidée de toute sa substance humaine: ni voulu, mi
consent, le geste routinier ne s'arrime pas méme ici a une puis
sance passive, celle d'une passion ou d'une obéissance,
‘Mais la littérature sociologique ne présente pas la routine en
ce seul état suspect. Dans ses cycles d'écriture, se succédent des
estes dalerte (00 sont vsés des maux et annoncés des dangers)
et des gestes d'apaisement de linquiétude?, La routine apps
tait lors sous d'autres aspects, Dans un contexte économique
affecté par la crise et le durcissement d'une compétition mar
chande, oi les politiques 'orentent ves la flexible des facteurs
de production et leur organisation en réseau, la litérature socio
Jogique tend a valoriser dans les années 1980 des modeles d'action
davantage attentifs aux capacités stratégiques e: créatives des
acteurs. La routine se trouve alors regardée comme une habi
leté technique en contexte, une forme de connaissance pratique
‘manifestant bien une intervention active de I'acteur, mais enga
Beant un savoir faice dont la nature reste énigmatique et fort peu
gualfiable. Cette orientation a notoirement pour effet de dévoi.
ler une potentialité de la routine a résister ila tyrannie da stan
dard et la discipline imposée par les dispositfs technologiques
La part énigmatique des routines
Bien qu‘elles sorientent alors vers une description beaucoup plus
dltilée de action, ces approches qualfent ins toujours la routine
‘en creux et en négatif, comme engageant des savoie-fuire «tartes»
‘informels», « mndictbles », voire « secrets »\Jones et Wood, (98
Pour comprendre cela, i faut recadser ces approches par rappor
leur double projet de rendze compte de régulartés sociales dans
Jes situations de travail et d'interroger les méthodes industrielles
organisation du travail. La routine trouve une place dans ces
:méthodes en sintégrant aux systémes de régles fonctionnelles déter
‘minant les conditions efficaces de production, Elle cortespond a
lune wtilisation normalisée et répétitive de l'environnement de travail
ea lapplication rigide d'un savoir forme! de régles techniques ou
bureaucratiques que les sociologues pren:
dront soin d'opposer a un savoir de nature
‘informe! Si ce demier décoge au format déter
‘miné de la régle d'utilisation, il renvoie néan.
‘moins lui aussi, pour les sociologues, a des
formes de cégularité, et participe ainsi des
de Vopérateur
En cherchant& garder un ancrage dans le
question de la culture ouvriére, les approches
sociologiques tendent aussi a rabacte cet inef-
fable de la pratique sur un etbo: de groupe: la
routine est alors le savoir-faire propre a un
collecifrapporé i une classe sociale. Le co:
lect en hérte par le tuchement d'une incorporation permise pat
Ja permanence de pratiques et d’habitudes sociales. Le savoir tacite
st ansi implicitement partagé, done doté d'une forme de généralité
Lusage des environnements de travail spécifie alors une culture
collecuve, i s'apparente @ une outunres. Et la routine est un élément
‘majeur ou peut se fixer l'usage, dans une pratique coutumiéze,
formant le ieu d'un patrimoine culture! prop:
Ces deux manigres d'appréhender la routine, soit en cermes
incorporation, soit en termes d’écart possible & la réele, la cap.
portent donc l'une comme l'autre a des formes d'agir qualifiables
sen généralité » la coutume et utilisation, Ce faisani, la routine
apparalt bien seulement en creux; la dynamique singuliére de fami
liarisation et dappropriation par I'usage que suppose la routine
reste alors insaisissable aux sociologues du travail
En se recentrant sur « la dynamique incertaine d’interactions
locales, aux dépens des régulantésd‘ordres ou d'éguilibves pénéraux »
| Thevenot 195|, le traditions de recherche en sciences sociales ont
‘encore déplacé leur maniée d'appréhender a routine: la nature énig
‘matique de son savoir-taire s'est vue intexprétée en termes d'incer.
‘itude, comme lieu dindétermination des capports de coordination
Saiser et deca
Tes ormas de Fasege
fonaominatin,
tou tage vente
Stowe tome de mse
‘revision 999)Le regard s'est alors porté vers la comprehension du caractére
situé des routines. Cette orientation s'est accompagnée d'un geste
<'apaisement relatif eux questions classiques de la domination en
sociologie du travail, Ce geste # pts. a son tour, deux directions
Tout d'abord, es travaux se sont progressiverent orientés vers
la considération des compétences de 'acteur au travail, La question
des compétences s'est articulée une probléreatique de la réss
tance car les modalités communicationnelles qu'elles supposent,
souvent infea-langagiéres, permettent de « créer un certain nontbre
de codes gui écbappent souvent dla biérarchie de Ventreprise » (me,
1985). Levocetion de savoirs incorporés peut ainsi apaiser inquié
tude relative la tyrannie des habitudes, dans la mesure of Invi
sibilite du savoir-faire suggére des capacités de dissimulation, et
parfois meme d' opposition # la hiérarchie. Mais 'spaisement tient
aussi pour beaucoup au fait que ces callactifs de travail paraissent
non pas comme le pasifréceptacle de dispositions durables héitées
une culture d'origine, mais comme des lieux d'invention du quo-
tidien. Ce sont, a travers les routines, des capacités ordinaires &
bricoler et a « faire avec » qui se font jour, illustrant les faits d'une
polémalagie du faible (Certesu, 1940
Ensuite, d'autres travaux, observant le contexte d'émergence
de la routine, ont poré une attention particulive sa lisbilxe
du point de vue des acteurs, et notamment au travers des pro
cessus situés de négociation qui la déterminent. La routine présente
alors, en quelque sorte, son visage le plus « rassurent», ef tant que
facteut de changement organisationnel et improvisation dans
action, Davantage saisie ici depuis son moment d’émergence
que depuis son caractére subordonné, la routine semble suivre
une rrajectoire qui, partant de valeurs conservattices, a conduit
vers des valeurs émancipatrices.
Vimprécision du « situé »
Mais ce déplacement de 'atention vers le niveau local de intr.
action n'a pas uniquement contribué & spaiser le soupgon porté
sus la notion de routine: il a aussi relancé linquiétude & partic
d'autres licux d’analyse
D'un c6té, et c'est surtout 1 que Tinguiérude est selancée, des
sociologues ont pu regarder la routine comme un savoir strictement
local et impubliable,trés mal ajusté pour s'nserire dan la négocia
tion et contribuer aux ans paricipatifs d'une « idéalogue dela trans
parence » (Borin et Linhar, 1988). La routine menaceraitdés lors
Pexercice de la democratic e de la citayenneté dans lentreprse
De Fautte c6té, une sociologie d'inspiration naturaliste a offer une
autre lecture dels routine eta ouvert un chemin différent et moins
évident vers la question politique. Elle n’analyse pas la routine
comme le lieu d'un amoindrissement du sens critique et d'une
-déporsessian de force et de savoit,inhérente a des effets de domi
nation. Elle préte attention a la composante marérele et technique
de environnement et fait de la routine le lieu méme d'une obser
‘vabilité des sources intentionnelles des acteurs. Sila routine s'appuie
sur information disponible dans l'environnement, ’en priver
reviendtait a limiter ses capacités de développement créatif et
orgenisationnel. Lienjeu politique ext aloss d’abord celui d'une
protection du privé* ou de 'accessbilté de Ia chose publique’
Ce faisent, le concept d'« action stuée » largement contribu
a redonner des capacités perceptives et des sensibilités proprio
ceptives aux agents (Quire, 199). Le développement d'axes de
rechesche su les nouvelles technologies, notamment informatiques,
a ailleurs beaucoup joué dans implication de Venvironnement
matériel comme source cognitive et perceptive d'un guidage cal de
Faction (Prost, 20011, La routine apparait alors comme Parchétype
de I'activté technique ocdinaire. Elle se présente comme une
compétence non pas mécanique mais dynamique (capable d'explo-
rations et d’ajustements), non pas incorparée mais externaliée
(1 mémore se déposant dans 'espace!
Ala faveur des conceptions de stron stuée Ia notion de rou
tine a ainsi montré une efficacicé notoire dans Uexamen critique
des approches de l'action rationnelle ov de 'action comme plan.
programme (Cone es ucopn, 19M; Lavi 2000], Utilise par des tra
vaux selativement hétérogénes, il régne toutefois sur son usage
actuel une certaine confusion. Le caractére « situé » renvoie en
effet tout ala fois aux outils cognitifs de activité, aux aspérités
naturelles de son environnement, et aux objets physiques, qu'ls
soient placés par hasard ou intentionnellement, quid signalent un
code, indiquent un message personnal, une fonction technique,
ou quilsoffent une source drecte de guidage du geste Ou un ressort
affect 4 action, ex.
Le probléme tient en ps
ie A ce que le « stué » a toujours été
inrerrogé dans sa simple localite c'est--dire comme quelque chose
quill sullit de pouvoir \ocalses dans espace. Or, cela ne suffit pas
pour qui veut analyser les modes dengagement en situation: 'acteur
‘envisage pas seulement la situation & partir de ce qui le situe
dans lespace, mats depuis la pluralité 'épreuves qui la traversent
Gelles-c se distinguent notamment par leur natuce plus ou moins
4okesec
corsa
Sn om
Se eeaione
owepn, 18MH 6 prams
198 e 1987,
Fengokin Peres
publique, eur hosizon temporel ela rension érotionnelle qui les
anime®, Oren souseivant ala cichotomie opposant le local au glo.
bal, es approche: « stuées» dela routine ont finalement, soit redut
Ja routine a un microévénement, la coupant de son ancrage collec
soit tenoncé i son homogénéité: chee économiste Nelson, elle se
rmontte ainsi sans solution théorique de continsité, ant: comme
<< qualité individuelle »,cantOt comme « couture » (Reyna, 1998)
La routine comme usage familier et maniére 4’?
La dimension habitante de la routine
Nous soutenons l'idée que la dimension de I'« habiter », relative
indissociablement au sentiment d’habiter et usage habitant, non
seulement n'a pas été abordée parla tradition de sociologie du tava,
mais consttue I élément central pour une comprehension dela rou:
tine, Le monde du travails éprouve ausi, selon nous, dans Phorizon
d'une habitation, et son analyse doit rendre compte de la manitre
dont elle se rend possible. Il nous apparatartificiel de confer cet
hhorizom au seul domaine de a maison et de lave de famille ou, inver
sement, de voir dans lespace de travail un lew uniquement tramé
par des épreuves qui engagent, parla nézociation ou la confron
tation, un agir public d’emblée connecté aux enjeux collectifs,
Pour aborder cette dimension habitante de la routine, il convient
de considérer une autre topique de usage. A céé des topiques de
la « coutume » et de I's utilisation normale », sur lesqueles sest
focalisée la sociologie du travail, i se trouve celle du manioment, qui
suggére une dynamique de « mpproctement parla famiianté» du
corps au monde [Thivenot, 1994), une maniére propre d’habiter le
monde’ la forme simplfige et I'aisance acquise sont ce vers quoi
tend & se mainteni'acteroutinier (Brevi 2002]
Laperspective critique de R Linhar dans !'Beabl; lorsque, dans
un cas fameux, louver répuré pour son adresse échoue & montrer
son savoir faire sur le nouvel éabli normalisé que les ingénieurs
viennent inspecter, 6voque un appauvrissement
de la culture ouvriée, fruit d'une rationalisation
acerue des moyens de production, La rationalité
industrielle commande une utilisation rigide dela
‘machine le reproduction d'un méme geste stéréo
typé et abandon de savoir-faie tacites indéf
‘iment vasables et singuliers. Mais nous pourrions
dire que humiliation de Pouvrier ne tient pas
seulement ila configuration d'une aréne publique,
£ ol surgitla domination autortaie de l'ngénieur
et la force coerctive de objet technique a laquelle louvrier tente
vainement d’obeir Elle provient aussi du fait que tabli normalise
résiste aux tentatives de l'ouvrier de s'en approche, et rien de sa
froide physionomie ne laisse envisages I'accuel de son savoir-fare
ni méme Véventualté qu'il pourra |'aranger s2 guise, le mettre isa
‘main. La scene de inspection ne laisse pas seulement entendre la
dificuté de transférer une routine
autre, elle suggere plus profondement la soudaine dispartion du
fond d'histonicué attache i st maniére personnelle d’habiter son
espace de travail” Une reflexion sur la routine ne peut ainsi sen
tendre que depuis histoire singuligre d'une maniére dhabiter un
‘environnement. De ce point de vue, ces a plus ou moins grande
disponibilté de ce dernier étre habité qui doit, pour commencer,
orienter le fil conducteur d'une analyse, Parl, il est question & la
fois de s qualité de demeure (ole corps peut rester& demeure),et
de logement (ois e corps peut s‘approprier un espace et s'yloger)
Dés qu’on porte toutefois ie regard sur un cadre de coordina.
tion, sur un horizon de vivee ensemble, l'environnement doit,
simaltanément, tre considéré dans $2 capacit€ ne plus étre sim:
plement habité, mais a représenter un tiers, a ‘hire advenir une
sltérté, Dans exemple emprunté & Linhary, le configuration stan
dardisée de l'espace de travail génére un mouvement stéréatypé
et cépétiif (qu déloge et désancre les routines families), au pro-
fit d'une cégle d'uclisacion antéposée qui rend déchiffrables et
mesurables le geste et son eficacté productive Sila coordination,
‘qui passe par des principes tayloriens dorganisation du travail,
cherche i abolir toute occasion d'habiter le lieu de travail, c'est
que, dans la singularité des accommodements & lespace, réside
une part de l'usage qui résiste a |'évaluation métrique et i la
constitution dune information normalisée
activité d'un cadre situé a un
La mein, te rangement, Vaisance
A cette évauation métriques’oppose valuation tactile de la main,
depuis laquelle habitable du monde se trouve mise essai Inds:
tinctement et spontanémet, pa son approche et son appréhension
clu monde, la main se trouve te, tout i a fos, le coeps (de ou) et
‘oui (corps), a perception et la compréhenson, la préhension et
le tact. La main tive pour tout voir parle toucher ct deja commence
a ordonner le monde, dans assurance d'une convenance, dans la
direction d'une aizance Elle prend les choses pout les déplacer, et
pour fare de som milieu, un « men objets manipulés» (Mead 1963).
Le geste routinier qui sinstalle dans ce miliew nest pas foreément
7 Pour ae pls
roviglen (2002
ri pn
cere dimenson
Satrmation
Iacompesiion
sco»
‘aedman, 1862
le plus précis ou celui qui demande le moins
d'efforts, mais le plus ais, le lieu du plus haut
confort. Ce confort n'est donc pas ostentatoire
(avoir de asance » nest pas « prendre ses ass),
il ne rend perceptible (et mesurable) aucune
richesse, aucune valeur, mais une maniéte sing
lidce de s'approprier le monde par I'usage. Lai
sance est le Bien de la routine et de 'habite, mais
lle n'est pas un Bien commun car elle est relative
au milieu gui « me» lie lu, « ma » propre fagon
dy sentir une familiarté. Aussi, elle ne s'affirme
ps, ni ne se jst; sa jouissanceestla pls au-dedans, a plus indie.
Er son évocation ta plus nette surgit paradoxalement en son
absence: on s'y réfere comme un manque (i habiter), une fatigue,
une insécurité, etc. Bref, autars de maux qu'ont su identifier les
ingénieurs et les sociologues du travail, ais sans jamais se préoc-
cuper du Bien intime dont il retourne. Car, en céalité, est depuis
certaines conceptions ds juste et du Bien (au sens airs d'un Bien
commun) quills étayent des programmes organisstionnels, pour
les premiers, et un sens critique, pour les seconds, dont la pluraite
anime les débats que nous décrivions en premigte parte d'rticle
Tout se passe, dans les analyses du travail, comme si les agen:
habitaient pas leurs espaces d’activité®. Nous pensons qu'en
regerdent a maniére done is le font, fat-ce de maniére minimal,
se déple alors sous nos yeux des questions importantes pour l'étude
des organisations. Si, par la routine usage habite un ensemble de
choses placées a sa convenance, un théme essentiel de 'analyse
des coordinations conceme le rangement. Le rangement a partie lige
avec Vorganisation temporelle et spatiale dela routine. Mais, pour
reprendre les termes de L. Thévenot, il reste précisément trans
versal 8 « différents régimes d'engagement dans lenvironnement »
(on peut ranger selon différentes « échelles de publité »: pour soi,
oUF un « nous » intime ou un « on » impersonal), Et son étude
demande donc que soient distinguées les exigences variables de
publicté qui pésent sur le mise en ordre des choses, ce leur empl
cement, plus ou moins conventionnel, importe dans leur access:
bilité& autres et dans la lisibilcé des routines
Cependant, le rangement doit aussi étre envisage dans une
dynamique plus large que le simple ordonnancement des choses.
Dest un sir qui renforce la familiaité aux choses, et grice auquel
espace objectf se change en une surface familigre de contact,
tenant ainsi une importance msjeure dans la genése des routines,
Habiter, c'est alors ménager un espace pour
usage maniant, au sens large du terme « méns
ger » (incluant sa forme pronominale): ta:
avec égerd, épargner (@ quelqu’un la fatigue)
ou réserver une place pour quelque chose, les
trois sens pouvant indiquer une quasi-unité
sémantique. Il peut étee alors opportun, pour
comprendre comment Ia routine s'engage dans
des environnements allant de 'intime au public,
de distinguer les moments de 'emménagement
et 'aménagement d'un espace, de ceux de son
accommoadement et de son arrangement. Li oii les deux premiers
disposent méthodiquement I'espace en vue d'un usage determing,
selon des attentes générales configurant I'usage du lieu comme
utilisation (dans son horizon fonctionnel) ov comme coutume
(dans horizon d'un partage de référents culturels~ la recherche
un confort bourgeois par exemple), les seconds agissent b
plutér sur les choses depuis a singularité 'un usage deja engage
Léconomie (oikonomia/ de ta routine
Ainsi considérée, la routine élaygit le regard anthropologique
posté sur !économique® Et économique retrouve aussi son sens
premier &conomie domestique (oikonomia), ob prédominait la
question du soin(epimeleia) apport 3 la demeute (aos) et appli
cation de méthodes spécifiques de rangement. Liéclsirage offert
pat les teaités antiques d'économie domestique est intéressant de
notre point de vue les vertus ménagéres (Ecoute, patience, appl
cation, sollcitude, vigilance) y fagonnent une familiarté(okeros),
un rapport families usage aux composants de la maisonnée, et
sénézent des inclinations pratiques représentant un « sasoirs'y
prendre » en toutes circonstances, sans détour majeur par ls
‘Beep M282,
ous reprnons
hemaique ovens
par Bae (200
sutrncn 9 de
tteonomiquasoc
seurtrancltist,
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So etuuge 2003,—
Sernepiation
Danse sons
Pe rosounsmarce
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sémotions fate
o02} En sgrorant,
Condemns ne vor
iva accoutumanes
(enna dont vet a
Sietpsement
de raccoutmance
Lrmmuoarariae
Cont dacs
reflexive (pe exemple Kénophon, 1995), Ces manires de faire, qui
sont indissociablement des maniéres d’habites, constitue
moyen de rendre aux occupants de la maisonnée une sérénuté
nourtie d'aisance, Cela n'implique en rien, comme ilen est ques
tion dans l'économie moderne, 'secumulation de richesses.I’éco
nome antique reste en marge des domaines dela production et de
la cheématistique'® Masi agit plurot de rendre le lew habité en
tout point maniable (offer usage maniant, ou byéxs), pour que
le maite « éparane et puisse exercer un savoir luce sur les choses
de 'ovkor et, pou fn, su la chose publique
Laisance ~ ce Bien visé par I'é¢onomie de la routine ~ ne pro
cure pas seulement une manire propre de's'épargner dans act
vité, mais aussi une féliccé de nature profondément intime En
srticulant la routine &un vaste projet de rationalisation de a pro
duction, organisation scientifique du travail trowvait en elle un
instrument précieux pour mettre & distance imprévisibilite des
artitudes émotionnelles. Sa méprise reposait sur I'ignorance que
économie de la routine se rfléte aussi dens une économte émo
siomnelle, que ’émotion est bien présente mais de maniére retenue,
tenuc « en dedans », et que sa flicité ne se jauge a 'aune d’aucun
appareil de mesure. Pour la comprendee, il est alors utile d’exe
miner l'ensemble des chocs émotionnels minimes qui l'animent
Dans son contraste avec effort, la routine se caractérise par la
spontanéité: elle se lance sans peine et le niveau intentionnel qui
Ia déclenche est parfois infime'. Elle vient cOtoyer le réflexe
sans pour autant se rabattee sur lui, car le éflexe est tout un, la
oi ele dispose d'un léger resort sans cesse atentf aux disractions
slentous, aux tcoubles familiers qui, en perdurant,rythment des
possibilités d'accourumance'™. C'est en cela que l'économie
émotionnelle de a routine nous permet dincerroger Ie spontaneceé
des attitudes de coopération (Brevigiri, 1997)
Pour conclure sur analyse ot observation des routines
Cela nous améne, pour fn, rouvtr les questions de Fobservation
et de Fobservabilité de la coutine et du soupgon eritique posé a
son endroit. Ces deux questions se tiennent, car
rout mouvement d’apaisement, s'arme et dispose d'un appui nor:
rmatif qui luiméme, zepose sut un socle politique ex moral appe
lant des principes communs dévaluation [Bolanski er There
1o9t |, Le geste routinier est, depuis ces principes, qualité et informe
par des propriétés (générales ou situées) qui en font une question
facilement rapportable aux problémes des collectifs de tcavail
Mais ces propriété, qui représentent la routine entre le péle de
In eégularite mesurable et celui de l'imprévisibilité d'une action
située, rendent peu compte du « la» femiler do elle se tient, de
sa dimension habitante, Or, cette dimension ne reléve pas d’emblée
de ce qui peut se porter a la connaissance d’un public:
Le sociologue est donc amené a réviser ses outils méthode
logiques classiques, ev se dotant de modalités d'observation qui
ne « publicisent » pas par elles-mémes l'enquéte (comme le fait
Uentretien, oi se justifient des ations et se qualfient des compé
tences), done n'extraient pas le phénomeéne de son intime encrage
dans I'habiter‘. Il doit notamment se doter d'un lexique qut
puisse, tout en
sémantique, une grammaire politique et morale, offrir (i) un
rnuancier du langege naturel refltant Paisance acquise du corps
dans un miliew habité et (i) une analyique du « rouble Feiler »
et du « monde alencout », pour envisager le dynamique entre la
distraction (émotionnelle) et l'économie {spontanée) de Ia rou
tune. I s‘agira, enfin, (ii) de rendre sensibles les formes de publi
cation qui, partant du langage naturel et s'orientant depuis la
dynamique du trouble, activent des « ressorts moraucx» [Pausroni
2001] et configurent des problémes publics.
Aoprsbontee
de romgutour
Eonasheaniemert
femmnesbie mss
Faelier de Ferviron
fe approcnements
emgistiorme
(par dasimulaton
ou pachabiue) pour
ut soupgon, ou
itant de brusquement ramener, par sa portée
Treteervaton de
Fanti proehs
Toner cencense
‘or Beige 95
10 ner
Fr Cr tcoeete
ea eetenese