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COMMISSION DES RELATIONS DU TRAVAIL (Division de Ia construction et de la qualification professionnelle) Dossier: 281494 Cas: CQ-2014-5502 Référence :_ 2015 QCCRT 0494 Québec, le 28 septembre 2015 DEVANT LE COMMISSAIRE : Sylvain Allard, juge administratif CSN-Construction Plaignante c 9090-5092 Québec inc. Coffrages Saulnier et FTQ-Construction Intimées DECISION [1] Le 12 septembre 2014, CSN-Construction dépose une plainte pour pratique interdite en vertu des articles 105 de la Loi sur les relations du travail, la formation professionnelle et la gestion de la main-d’cauvre dans |'industrie de la construction, RLRQ., c. R-20 (Loi R-20) au bénéfice de seize de ses membres qui auraient été discriminés dans I'embauche. 2015 QCCRT 0494 PAGE : 2 [2] Cette plainte vise 9090-5092 Québec inc., Coffrages Saulnier (Saulnier ou Femployeur), ainsi que la FTQ-Construction (collectivement appelées les intimées). [3] __Le 46 janvier 2015, FTQ-Constriction demande le rejet sommaire de la plainte ou a défaut, des précisions. Saulnier appuie cette demande. [4] Le 19 janvier, la Commission détermine un délai pour la production des précisions a la plainte et accorde aux intimées jusqu'au 13 février 2015 pour l'informer de leurs positions concernant la demande de rejet sommaire présentée par la FTQ- Construction. [5] Le 3 février, dans les précisions qu'elle apporte a sa plainte, CSN-Construction formule comme suit les reproches contre les intimées 48. Compte tenu de ce qui precide, les agissements de Coffrages Saulnier, antérieurs et postériours la plainte, démontrent un comportement répréhensible et contraire a la Loi, un refus d’engager des travailleurs en raison de leur affiliation syndicale et en raison d'une emprise exercée par la FTG-Construction et ses représentants sur fembauche; 49. Enplus de ce qui précade, 'accumulation de démarches infructueuses de placement, la non-collabovation de Coffrages Saulnier et son refus de communiquer avec les rep’ésentants de la CSN-Construction, permettent a la demanderesse, la CSN-Construction, dlavoir une croyance raisonnable d'une preuve ce discrimination faite par 'entreprise & rendroit de ses membres; 50. La demanderesse entend démontrer que la _FTQ-Construction et_ses feprésentants exercent des pressions, menaces ou autres geste méme nature afin dinciter lentreprise Coffr Inier @ adopter un comportement _discriminatoire_& Iendroit_des membres _de_la_CSN- ‘Construction (soulignement ajouté) (6] Le 9mars, Saulnier dépose a son tour une requéte en rejet sommaire. [7] _ Le 18 mars, la Commission refuse de trancher préliminairement les requétes des intimées puisque, compte tenu des précisions apportées a la plainte et des éléments contenus dans les requétes en rejet sommaire, elle ne peut conclure que la plainte n'a aucune chance raisonnable de succés, sans qu'une preuve sur les faits allégués ne soit présentée. 2015 QCCRT 0494 PAGE :3 [8] Le 23 avril 2015, CSN-Construction amende sa plainte pour y ajouter les conclusions suivantes : CONDAMNER lemployeur & compenser les salaires perdus par les membres de la CSN pour ia période se terminant le ou vers le 28 février 2015, saut parfaire CONDAMNER [employeur et le FTQ Construction & payer des dommages exemplaires pour les salariés membres de la CSN Construction (9] Apres trois journées d'audience consacrées a la preuve de la plaignante concernant les éléments constitutifs de la présomption lui accordant le benéfice du recours entrepris, les intimées en demandent & nouveau le rejet, faute de preuve. [10] Etant donné que plusieurs jcunées d’audience seront nécessaires pour ensemble du dossier, il est convenu que la Commission se prononce d'abord sur la demande de rejet. LES FAITS [11] Le chantier de la cimenterie Port-Daniel-Gascons (la cimenterie) de Ciment Mcinnis est un important projet de construction en Gaspésie, de plus d'un milliard de dollars. En 2014, il s’agit du plus grand chantier industriel au Canada. [12] Au cours du mois d'aoat 2014, environ 300 travailleurs de la construction ceuvrent sur ce chantier. Une vingtaire de salariés de la CSN-Construction en font partie. [13] Saulnier a obtenu un contrat de coffrage de fondation sur ce projet et a amorcé les travaux le 4 aout 2014. [14] En prévision de ces travaux, Saulnier a procédé a diverses déclarations de besoin de main-d’ceuvre (DMO) via la plateforme de référence de la Commission de la construction du Québec (CCQ), [15] _ Le Service de référence de main-d'cauvre est administré par la CCQ (le Service de référence) a la suite de l'adoption de la Loi éliminant le placement syndical et visant Tamélioration du fonctionnement de lindustrie de la construction, L.Q. 2011 ¢. 30, (Loi éliminant le placement syndica). Cotte loi modifie la Loi R-20 en y ajoutant le Chapitre IX.1, soit les articles 107.1 a 107.11 concernant la référence de main-d'ceuvre. 2015 QCCRT 0494 PAGE : 4 [16] La Loi éliminant le placement syndical est la deuxiéme piace législative qui a suivi le Rapport d’enquéte sur les dépassements de couts et de délais du chantier de la Société Papiers Gaspésia de Chandler (Rapport Lesage) déposé en mai 2005. Concemant les relations du travail, le Rapport Lesage condamne les pratiques dintimidation et de discrimination qui sont qualifiées de « deux cancers sévéres la pleine réalisation de la liberté syndicale » et auxquelles se sont livrés les représentants syndicaux auprés des entrepreneurs au chantier de la Gaspésia. Ce constat et la recommandation qui a suivie, ont conduit, premiérement, a adoption du Projet de loi n° 135, qui a notamment modifié article 101 de la Loi R-20 tel quion le connait aujourd'hui. La modification étend la prohibition c'intimidation & « quiconque » plutét qu'au seul employeur et ajoute qu’« intimide une personne celui qui exerce des pressions de quelque fagon que ce soit sur un tiers pour linciter adopter 'un des comportements prohibés par le premier alinga » [17] Le Rapport Lesage mettait également en évidence la problématique liée aux roles des acteurs syndicaux dans la référence et le placement de la main-d'ceuvre. Bien quiutile, notamment sur un grand chantier lorsque les besoins de main-d'ceuvre sont importants, le placement de la main-d'couvre peut devenir un véhicule privilégié diintimidation et de discrimination sur la base de T'allégeance syndicale. II ne joue plus alors son réle de source supplémentaire d’approvisionnement de la main-d'ceuvre, mais s'avére plutot du placement forcé au détriment du droit discrétionnaire de I'employeur de recruter, de sélectionner et d’embaucher les salariés qu'il préfére. LE CARNET DE REFERENCE CONSTRUCTION [18] A lademande de la CSN-Construction, monsieur Dufour, chef d’équipe référence de main-d'ceuvre a la CCQ, explique le fonctionnement du Service. [19] La Loi éliminant le placement syndical élimine toute pratique de placement de la main-d'ceuvre par les syndicats de la construction sur les chantiers, notamment en dictant 'embauche de leurs membres et en interdisant 'accés aux emplois par des salariés d'autres associations. Elle prévoit des amendes substantielles pour quiconque impose ou tente d'imposer & un employeur 'embauche de salariés déterminés ou un nombre de salariés déterminés. A inverse, 'employeur ne peut plus recruter ses employés en s’adressant directement & un syndicat pour quill lui fournisse des travailleurs. {20} _L’employeur qui souhaite embaucher des salariés doit préalablement produire une DMO sur la plateforme en ligne du Service, appelée aussi, Carnet de référence construction (le Carnet de référence), lequel est disponible depuis septembre 2013. Dans sa DMO, employeur doit notamment indiquer, selon Farticle 1 du Réglement sur le Service de référence de main-d'ceuvre de I'industrie de la construction, chapitre R-20, r. 14.1 (Réglement sur la référence de main-d’ceuvre), ses cordonnées et celles de la personne responsable; le nombre de salariés requis, leur métier ou occupation ainsi 2015 QCCRT 0494 PAGE :5 que leur statut de compagnon ou apprenti; la région et la sous-région oui doit s'effectuer le travail, la date prévue d'embauche. et si elle est déterminée, sa durée. Il peut y ajouter d'autres exigences telle une formation ou expérience particuliére, le secteur d'activité ou le chantier pour lequel des travaux sont requis. [21] Les salariés titulaires d'un certificat de compétence ou bénéficiant d'une ‘exemption sont automatiquement inscrits au Service de référence. Le salarié est tenu de linformer de sa disponibilité. Celle-ci (ou statut d'emploi) est constamment mise a jour a la suite des avis obligatoires d’embauche et de fin d'emploi des employeurs et par les vérifications effectuées par la CCQ. A ce statut d'emploi, s‘ajoute un statut de référence permettant au salarié d'indiquer s'il désire étre référé méme s'il est en emploi ‘ou ne pas létre, lorsau'il ne 'est pas. (22] Tout salarié peut compléter son profil professionnel dans le Carnet de référence afin de préciser ses compétences et ses préférences d'emploi. Il s’agit d'une forme de curriculum vitae en version électronique. A ce jour, un peu plus de 20 % des salariés s’en sont prévalus. Les données inscrites au profil professionnel permettent a la CCQ de foumir des candidats qualifiés répondant au besoin de main-dceuvre des employeurs en tenant compte des critgres énoncés a larticle 1 du Réglement sur la référence de main-d’ceuvre et des autres exigences particuliéres indiquées par Femployeur dans la DMO. (23] Ala suite de inscription en ligne d'une DMO, le Camet de référence génére une liste de salariés correspondant aux crittres spécifiés dans la DMO. La liste indique en premier lieu les salariés qui répondent a la totalité des critéres apparaissant a la DMO en prenant en compte les profils professionnels. Ensuite, les autres salariés n’ayant pas de CV électronique, mais détenant le certificat de compétence requis et provenant de la région et sous-région sont inscrits pour compléter la liste, s'il y lieu. Le nombre de salariés référés correspond a un ratio déterminé par le Réglement sur la référence de main-d'ceuvre selon le besoin de main-d'ceuvre indiqué dans la DMO. A titre d'exemple, pour un salarié requis, dix sont référés, alors lorsque de deux a cing salariés sont requis, vingt sont identifiés, et ainsi de suite. [24] ordre des salariés sur la liste est également prévu au Réglement sur la référence de main-d'ceuvre. Les femmes sont inscrites en premier et tous les salariés sont indiqués par ordre décroissant selon le nombre d'heures de travail effectuées dans les dix demiéres années. En cas d'insuffisance de salariés répondant aux critéres dans la sous-région visée, les salariés d'une autre sous-région de la région, ou par la suite d'une autre région, peuvent compléter la liste. [25] Toute référence de main-d'ceuvre doit se faire par l'intermédiaire du Service. En plus de celle provenant de la CCQ, les associations syndicales et d'employeurs de la construction détenteurs d'un permis délivré par le Bureau des permis de service de référence de main-d'ceuvre peuvent prendre connaissance d'une DMO et y répondre 2015 QCCRT 0494 PAGE : 6 par la voie du Carnet de référence en fournissant les coordonnées de salariés qualifiés dans les 48 heures. Cette liste est identifiée comme provenant de l'association. La CCQ ne vérifie pas les listes transmises par les associations. (26] Il appartient ensuite & lemployeur de faire ses démarches d'embauche auprés des salariés, mais il n’est pas tenu dembaucher un candidat référé par le Service. (Article 107.9 de la Loi R-20). [27] Lorsque "'employeur désire embaucher un salarié directement, il doit formuler une demande de numéro d'embauche a la CCQ indiquant les coordonnées du salarié, son certificat de compétence et sa région de placement. Cette demande tient lieu d'une DMO. I doit également indiquer la source sollicitée pour le recrutement de la main- d'ceuvre. Dans ce cas, la CCQ vérifie si le salarié posséde un certificat de compétence actif dans sa région de placement en conformité des régles sur la mobilité de la main-d'ceuvre. [28] En résumé, la Loi éliminant le placement syndical vise redonner & 'employeur la liberté du choix de sa main-d'ceuvre. Comme le souligne monsieur Dufour, lors de son témoignage, 'employeur n’a aucune obligation de respecter la représentativité des associations ou des locaux syndicaux dans un métier ou occupation, pas plus que dans une région donnée. I! peut embaucher cirectement un salarié, placer des offres d'emploi dans les journaux, recevoir ou demander des curriculum vitae et passer des entrevues, déplacer un salarié d'un chantier a un autre, réembaucher un salarié qui a déja travaillé pour lui dans le passé, etc., et ce, dans la mesure oi il respecte les regles d’embauche prévues la réglementation et dans les conventions collectives. [29] Les permis de référence sont délivrés par métier ou occupation et région de placement. Ils indiquent notamment le ou les représentants de l'association qui sont habilités & effectuer le suivi de la référence de main-d'ceuvre auprés de 'employeur. Cependant, ces derniers ne peuvent discuter avec un employeur de 'embauche d’un de leurs membres qui n’a pas été référé par la plateforme de référence. LA PRESOMPTION Le témoignage de monsieur Gino Roussy [30] Monsieur Roussy est le seul salarié qui a témoigné. Il détient un certificat de compétence de manoeuvre spécialisé depuis 1991. Il y a huit ans, il a changé diallégeance passant de la FTQ-Construction a la CSN-Construction. Il est le secrétaire de son association pour le secteur Paspébiac-New-Carlisle de la région Bas-Saint- Laurent-Gaspésie. 2015 QCCRT 0494 PAGE :7 (31] A la mi-mai 2014, ayant appris que Saulnier avait obtenu un contrat pour la cimenterie, il communique avec madame Desrochers, conseillére en ressources humaines chez Saulnier. lI lui confime quil a de lexpérience dans le coffrage, particuligrement avec le systéme de coffrage « Duraform ». Il lui fait parvenir son curriculum vitae, mais elle ne sait pas quand les travaux vont débuter. [32] Le 4 juin 2014, il est informé par son syndicat que Saulnier a inscrit une DMO sur le Camet de référence pour des manoeuvres ayant de l'expérience avec le « Duraform ». La date prévue d'embauche est le 16 juin pour une période d'un a trois mois. Cependant, le début des travaux est retardé. La liste produite par la CCQ contient vingt salariés détenant la qualification demandée et provenant de la sous-région Bonaventure. Les vingt salariés référés répondent partiellement aux critéres de lemploi. Monsieur Roussy n'y apparait pas. Au total, incluant les réponses des associations, 49 salariés ont été référés, dont dix-sept de la C.S.N. — Construction, incluant monsieur Roussy, mais aucun travailleur n'a été embauché. [33] Monsieur Roussy, ayant été avisé par la C.S.N. — Construction que son nom a été référé & Saulnier, appelle madame Desrochers. Elle lui redemande son curriculum vitae. [34] Par la suite, il affirme avoir communiqué avec madame Desrochers, une & deux fois par semaine, pour lui demander s'il sera embauché. Elle lui confirme que son nom est sur la liste et qu'il sera appelé selon les besoins a venir. [35] Le 16 juillet 2015, monsieur Roussy est de nouveau référé par son syndicat. Le lendemain, il rappelle madame Desrochers qui lui confirme qu'il apparait toujours sur la liste. [36] Le 31 juillet, monsieur Roussy apprend de l'un de ses amis, monsieur Horth, également manoeuvre et membre de la FTQ-Construction, quill a été embauché par Saulnier et quil débute le 4 aodt suivant. Monsieur Roussy communique avec madame Desrochers qui lui mentionne suivre ordre de la liste [37] Par la suite, monsieur Roussy continue ses appels auprés de madame Desrochers. II veut savoir si Saulnier va engager d'autres manceuvres, mais elle ne peut le lui confirmer. Il veut savoir & qui s'adresser, car monsieur Horth lui aurait mentionné que c’est le surintendant d2 Saulnier qui décide des embauches. Elle lui répate quelle suit la liste. [38] Précisons que le pére de monsieur Horth a travaillé pendant trois ans pour Saulnier avant de subir un accident de travail 2015 QCCRT 0494 PAGE: 8 [89] Le 9 septembre, Saulnier produit une DMO pour I'embauche d'un manceuvre. Monsieur Horth apparait sur la liste des salariés produite par la CCQ, alors que monsieur Roussy n'y figure pas. Monsieur Horth est le seul salarié embauché. [40] Monsieur Roussy qui est référé pour une troisiéme fois par la CSN-Construction a la suite de cette DMO parle de nouveau a madame Desrochers qui lui dit que la liste est entre les mains du surintendant, mais elle ne peut lui donner son numéro de cellulaire. [41] En aucun temps, madame Desrochers ne lui a mentionné qu'elle ne peut le prendre parce quiil est de la CSN-Construction. Le curriculum vitae de monsieur Roussy rindique pas non plus son allégeance syndicale. [42] A compter du 16 septembre, monsieur Roussy est embauché par Cegerco, autre entrepreneur sur le chantier de la cimenterie. Il est attitré au coffrage de silos. 1! doit fournir le matériel aux charpentiers-menuisiers, préparer les échafaudages et faire le décoffrage des panneaux Duraform. [43] Selon lui, le contrat de Cegerco a débuté au mois de mai 2014. II dit avoir été référé au moins deux fois a cet employeur par son syndicat et qu’il a appelé également @ leur bureau, une & deux fois par semaine, comme il Ia fait pour Saulnier. [44] A compter de son embauche, monsieur Roussy constate, a deux ou trois reprises par semaine, la présence sur le chantier de messieurs Loiselle et Cauvier, représentants de locaux affiliés a la FTQ-Construction. IIs rencontrent leurs travailleurs et rendent visite aux entrepreneurs. Il estime que les rencontres avec le surintendant de Saulnier durent plus longtemps qu'avec les autres entrepreneurs. I ignore cependant la teneur de leurs discussions. [45] Monsieur Roussy déclare ne pas avoir mandaté la CSN-Construction pour déposer une plainte en son nom, dailleurs, il ignore pourquoi celle-ci a été déposée. Témoignage de Harold Thériault [46] _ Monsieur Thériault est délégué régional pour la CSN-Construction pour la région Bas-Saint-Laurent-Gaspésie depuis aodt 2014. A ce titre, il se rend sur les différents chantiers afin de rencontrer les membres de son syndicat. [47] Entre le début du mois d'aoat et e 18 novembre 2014, il affirme s'étre rendu a six ou sept reprises sur le projet de la cimenterie. Au début, il y passe l'avant-midi et ensuite, toute la journée, compte tenu de limportance de ce chantier. Il a croisé deux 0u trois fois, durant cette période, messieurs Loiselle et Cauvier. 2015 QCCRT 0494 PAGE :9 [48] Le 11 septembre, il assiste @ une conférence d’assignation pour un des entrepreneurs présents a la cimenterie afin de déterminer quel métier est autorisé & effectuer un certain travail. Des représentants du Conseil provincial du Québec des métiers de la construction (inter), messieurs Loiselle et Cauvier et lui-méme, y assistent. Monsieur Thériault pergoit un certain froid entre les représentants de 'inter et ceux de la FTQ-Construction. [49] Par la suite, il fait une tournée du chantier en compagnie des représentants de Pinter. lls rencontrent le surintendant de Saulnier, monsieur Lapointe. Ce demier aurait mentionné que Saulnier passe par la plateforme de référence de la CCQ pour Vembauche de la main-doeuvre. Monsieur Thériault précise qu'il n’a aucun réle concernant la référence de main-d'ceuvre et l'embauche auprés des employeurs. Il ajoute quiil n’a pas été question avec monsieur Lapointe de la représentativité des travailleurs des différentes associations [50] Bien que le surintendant Lapointe soit membre de la CSN-Construction, monsieur Thériault ne le connait pas et, par conséquent, il ignore qu’ils sont membres de la méme association. [51] Le 11 septembre, monsieur Thériault estime qu’environ 90% & 95% de la trentaine de travailleurs de Saulnier sur le chantier de la cimenterie sont membres de la FTQ-Construction. [52] Cette journée-la, comme a chaque visite de chantier, monsieur Thériault transmet un rapport dactivités au conseiller syndical de la CSN-Construction, monsieur Alain Bédard. La plainte & la Commission suivra dés le lendemain. Témoignage d’Alain Bédard [53] Monsieur Bédard est représentant syndical pour la CSN-Construction pour ensemble de la région Bas-Saint-Laurent-Gaspésie depuis 2005. II supervise les délégués de chantier, lesquels lui font part de leurs constats sur les chantiers visités, notamment lorsquils pergoivent des iégularités en regard de la législation et des conventions collectives. Il est un représantant désigné dans le permis de référence pour cette région, tout comme monsieur Loisel. [54] _Lorsqu'une DMO est produite via le Carnet de référence, sa collaboratrice produit les listes des salariés référés et il s'assure du suivi de la référence auprés des entrepreneurs. [55] Jusqu’a la nomination de monsieur Thériault comme délégué régional, il s'est ‘occupé du chantier de la cimenterie de mai a aod 2014. Le 4 juin, il répond & une DMO de Saulnier pour 'embauche de manceuvres et y référe dix-sept de ses membres, dont 2015 QCCRT 0494 PAGE : 10 monsieur Gino Roussy, lequel vient de la sous-région Bonaventure ou est situé le chantier. [56] A la suite de cette DMO, monsieur Bédard appelle madame Desrochers. Il slinforme si 'employeur a recu la liste de la CSN-Construction et si elle désire obtenir de information sur les salariés référés. Madame Desrochers lui répond que pour instant, elle prépare des listes et que "installation de la roulotte de chantier devrait se faire a la mi-juin, Elle lui confirme qu’elle passera par la plateforme de référence pour la sélection des salariés embauchés. De plus, elle tentera de retrouver des travailleurs ayant déja travaillé pour Saulnier pour les embaucher. La discussion est cordiale et courtoise. [57] Le 15 juillet, cinq nouvelles DMO sont produites par Saulnier, pour des manceuvres et des charpentiers-menvisiers, compagnons et apprentis de premiére, deuxiéme et troisiéme année. Au total, la CSN-Construction référe 40 travailleurs dont quatorze manceuvres et 26 charpentiers-menuisiers. Monsieur Roussy est référé comme manoeuvre. [58] Les 16, 17 et 18 juillet, avant les vacances de la construction, monsieur Bédard tente de parler € madame Desrochers a plusieurs reprises, mais sans succés. II lui laisse des messages dans la boite vocale de Saulnier. I cherche & savoir pourquoi les travaux ne sont pas commencés. Il tente de nouveau de la joindre, le 7 aout, au retour des vacances de la construction, mais ne réussit pas a lui parler. [59] Finalement, le 19 aod, monsieur Bédard lui parle. Il lui demande si elle a vérifié les listes quiil lui a fait parvenir et si elle a communiqué avec les salariés quill a référés. Elle informe qu'elle a procédé a rembauche de travailleurs, mais qu'elle ne pense pas que des travailleurs membres de la CSN-Construction en font partie. Elle lui dit également que 90% a 95% des travailleurs de la construction en Gaspésie sont membres de la FTQ-Construction. Il lu’ signale qu'il s’agit-la d'un discours que livre la FTQ-Construction a tous les entrepreneurs et l'informe qu'il demandera une enquéte de la CCQ. Elle met un terme abruptement a la conversation [60] Vers la mi-septembre, monsieur Bédard discute de nouveau avec madame Desrochers. Cette fois, elle lui mentionne qu’elle procéde a r'embauche au moyen des curriculum vitae. II lui demande si elle en a regu de ses membres, mais elle ne peut le confirmer, car elle en a regu « des tonnes ». Monsieur Bédard reconnait qu'elle peut également recevoir plusieurs appels de travailleurs. [61] Le 11 septembre, monsieur Bédard regoit le rapport d'activités de monsieur Thériault & la suite de sa visite du chantier de la cimenterie. 2015 QCCRT 0494 PAGE: 11 [62] Le 12 septembre, monsieur Bédard dépose une plainte a la CCQ en vertu de article 121 de la Loi R-20 pour qu'elle fasse enquéte. I indique que madame Desrochers a mentionné que l'embaucte se faisait au moyen des curriculum vitae, mais que par ailleurs, son délégué régional, monsieur Thériault, en compagnie des représentants de Inter, se sont fait dire par le représentant de Saulnier sur le chantier que 'embauche se faisait au moyen de la plateforme de référence de la CCQ. Il précise que deux représentants de la FTQ-Construction, messieurs Loisel et Cauvier sont constamment sur le chantier et que tous les travailleurs sont membres de ce syndicat. [63] Cette plainte n’a pas été retenue par la CCQ. [64] Le méme jour, il dépose la présente plainte devant la Commission. [65] _Quelques jours plus tard, madame Hamel, directrice des ressources humaines chez Saulnier, le contacte. Elle veut savoir pourquoi il a déposé une plainte alors que monsieur Lapointe, le surintendant de Saulnier, est un membre de la CSN-Construction, ce quignorait. monsieur Bédard jusque-la. Ce dernier affirme que mesdames Desrochers et Hamel lui ont confirmé que la décision quant a 'embauche des salariés revenait 4 monsieur Lapointe. [66] _ Elle lui signale que Saulnier ne fait pas de discrimination envers les membres de la CSN-Construction et qu'elle emploie plusieurs travailleurs de la CSN-Construction sur différents chantiers au Québec. Monsieur Bédard lui répond que la plainte vise la discrimination des travailleurs de la région Bas-Saint-Laurent-Gaspésie. I! dit avoir tenté de parler 4 madame Desrochers a plusieurs reprises, mais il n'a pas regu de retour dlappel, ce qui lui laisse croire a la discrimination envers ses membres. Madame Hamel lui dit de surveiller le Carnet de référence, car Saulnier aura besoin de manceuvres bientét [67] Monsieur Bédard reconnait, qu'aprés vérification, avoir constaté que plusieurs membres de la CSN-Construction de toutes les régions du Québec travaillent ou ont travaillé pour Saulnier, mais objecte quil n'y en a pas de la région Bas-Saint-Laurent- Gaspésie. Cependant, outre monsieur Lapointe, il reconnait qu'un autre travailleur de la CSN-Construction de la région de Montréal a travaillé sur le chantier au mois d'aoiit 2014. [68] Le 16 septembre, Sauinier inscrit une DMO pour I'embauche de manceuvres pour le lendemain. Parmi les 28 salariés proposés, trois sont embauchés, un de la FTQ- Construction, monsieur Elmo, et deux de la CSN-Construction, messieurs Blais et Langlois. 2015 QCCRT 0494 PAGE : 12 [69] Selon les rapports mensuels de femployeur émanant de la CCQ, messieurs Blais et Langlois ont travaillé un peu plus de 40 heures, alors que monsieur Elmo n'a finalement pas travaillé, n’ayant aucune heure déclarée. [70] Les emplois de messieurs Blais et Langlois ont pris fin lorsque le travail auquel ils étaient attitrés s'est révélé appartenir & la compétence des charpentiers-menuisiers, (pose de pattes d’échafaudage de souténement), alors quills sont des manoeuvres. [71] _ Vers la fin septembre, monsieur Bédard se rend sur le chantier de la cimenterie. Il visite certains entrepreneurs et y rencontre ses membres. Par la suite, il tente de parler avec le surintendant de Saulnier, mais ce demier est occupé avec un probleme concernant la santé et la sécurité. On informe qu’aussitét qu'il aura terminé, il Fappellera sur son cellulaire. [72] Quelques minutes, plus tard, madame Hamel le rappelle et lui demande pourquoi il veut rencontrer monsieur Lapointe. II lui répond qu'il veut vérifier si des membres de la CSN-Construction travaillent pour Saulnier et souhaite obtenir la liste de tous les travailleurs qui ceuvrent pour lemployeur. Elle lui dit de s'adresser a la CCQ, mais sur Tinsistance de monsieur Bédard, elle informe qu'elle lui transmettra la liste par courriel. 173] Monsieur Bédard reproche Saunier de ne pas avoir donné suite aux diverses demandes d'embauche et dappels des travailleurs de la CSN-Construction, de sorte quills r’ont pas eu Popportunité de faire valoir leur candidature et ainsi de travailler sur ce chantier. !I reconnait, par contre, qu'un employeur n'a pas dobligation de rappeler les travailleurs et qu'il peut engager qui il veut. II croit cependant que si un travailleur appelle réguliérement, 'employeur devrait minimalement considérer sa candidature. [74] Parla plainte qu'il a déposée, il “echerche une compensation salariale pour tous les membres de la sous-région Bonaventure quil a référés et qui n’ont pas été embauchés. La CSN-Construction identifie seize salariés parmi les 66 référés qui niauraient pas été embauchés en raison de leur adhésion a leur association. Monsieur Bédard mentionne avoir regu beaucoup d'appels de ses membres pour travailler sur le chantier de la cimenterie. D'un autre cété, il ignore combien de salariés de la FTQ- Construction, manoeuvre ou charpentier-menuisier de la sous-région Bonaventure ont &té référés et n’ont pas été embauchés. [75] Lorsquil n'y avait pas de travailleurs disponibles dans la sous-région, il a référé ceux autres sous-régions de la régon, en espérant que Saulnier identifierait des travailleurs ayant déj ceuvré pour elle et quelle les rappellerait, étant donné que madame Desrochers lui a exprimé qu'elle tenterait d’embaucher de leurs anciens salariés. I reconnait que I'employeur peut déplacer ses salariés d'un chantier a l'autre dans le respect des dispositions réglementaires et celles prévues dans les conventions collectives. 2015 QCCRT 0494 PAGE : 13 [76] A la suite de la plainte, la CSN-Construction a continué a référer de la main-d’ceuvre & Saulnier, mais sans en assurer le suivi auprés d’elle. [77] Outre 'embauche de messieurs Blais et Langlois, le rapport mensuel de Saulnier pour la période du 26 octobre au 29 novembre 2014, indique que deux autres manceuvres, membres de la CSN-Construction, messieurs Parisé et Castilloux, ont travaillé sur le chantier de la cimenterie. [78] Pour la sous-région Bonaventure, la représentativité de la CSN-Construction pour les salariés détenant un certificat occupation de manoeuvre est d’environ 8 % en février 2015, alors que 75 % de ceux-ci sont membres de la FTQ-Construction. Les DMO de Saulnier pour le projet de la cimenterie [79] De juin a septembre, Saulnier a affiché une vingtaine de DMO via le Carnet de référence pour des emplois de charpentier-menuisier et de mancsuvre. De ces affichages ont découlé des listes totalisant plus de 300 salariés. (80] Jusqu’au 12 septembre 2014, date du dépat de Ia plainte, Saulnier a procédé a trois séries de DMO pour ce métier et cette occupation. [81] Le 4 juin, dans la premiére sére de DMO, 175 candidats, toutes allégeances confondues, sont référés par la CCQ et les associations, sans retrancher les doublons. Aucun salarié n'a été embauché. 82] Le 15 juillet, une autre série de DMO, pour les mémes métiers, est produite par Saulnier. Le nombre de salariés demandés s’éléve a 40. Encore-la, prés de 300 salariés sont référés via le Carnet de référence. Seulement trois de ceux-ci sont embauchés, deux charpentiers-menuisiers compagnon et un charpentier-menuisier apprenti 2, tous trois sont du Local 9 affilié & la FTQ-Construction. (83] Pour la DMO 107, concernant les manoeuvres, 83 salariés sont référés, aucun n'est embauché. La CSN-Construction a référé quatorze travailleurs, dont la moitié de la sous-région Bonaventure, alors que la FTQ-Construction, en a référé 30, dont quatorze de la sous-région Bonaventure. [84] Les 8 et 9 septembre, Saulnier dépose une troisiéme série de DMO. Un grutier, trois charpentiers-menuisiers et un manoeuvre, monsieur Horth, sont embauchés via le Camet de référence. [85] Entre le 16 et le 29 septembre, une demiére série de DMO est déposée pour les métiers de charpentier-menuisier et pour des manoeuvres. Celle du 16 septembre 2015 QCCRT 0494 concerne les manceuvres. Trois salariés sont embauchés, deux de la CSN-Construction et l'autre de la FTQ-Construction. ANALYSE ET MOTIFS (86] La CSN-Construction prétend cue Saulnier a exercé a l'égard des membres qu'elle lui a référés une mesure discriminatoire, soit un refus d’embauche, en raison de leur adhésion syndicale. C’est en raison des pressions exercées par les représentants syndicaux de la FTQ-Construction que Saulnier a préféré les membres de cette demiére aux siens. LES DISPOSITIONS LEGISLATIVES PERTINENTES (87) Les dispositions pertinentes de la Loi R-20 se lisent comme suit 101. Nul ne doit intimider une personne ou exercer & son éaard des mesures discriminatoires, des représailles ou toute menace ou contrainte ayant pour but ou pour effet de porter atteinte a sa liberté syndicale, de la pénaliser en raison de son choix ou de son adhésion syndicale, de la contraindre a devenir membre, & s‘abstenir de devenir membre ou é cesser d’étre membre dune association ou du bureau dune association, de la pénaliser pour avoir exercé un droit lui résultant de la présente loi ou de Hirciter & renoncer & l'exercice d'un tel droit. Contrevient au premier alinéa le personne qui, pour les fins ou raisons mentionnées a cet alinéa, notamment : a) refuse d'embaucher, licencie ou menace de licencier une personne; ) impose une mesure disciplinaire & un salarié, diminue sa charge de travail, le rétrograde, lui refuse l'avancement auquel il aurait normalement droit ou use de favoritisme & son égard dans tout mouvement de main-d'oeuvre ou dans la répartition du travail En outre, intimide une personne celui qui exerce des pressions de quelque fagon que ce soit sur un tiers pour linciter & adopter l'un des comportements prohibés par le premier alinéa. 105. Une personne intéressée peut soumettre a la Commission des relations du travail une plainte portant sur l'application des dispositions du présent chapitre dans les 15 jours qui suivent la date a laquelle a eu lieu le fait ou la connaissance du fait dont elle se plaint. 106. Si le plaignant établit a la satisfaction de la Commission des relations du travail qu'il exerce un droit lui_résultant du _présent chapitre, il incombe a la personne ou a l'association visée par la plainte, suivant le cas, de prouver qu'elle avait un motif juste et suffisant de faire ce qui lui est reproché. PAGE : 14 2015 QCCRT 0494 PAGE : 15 107. Les dispositions du Code du travail (chapitre C-27) qui sont applicables & un recours relatif 4 lexercice par un salarié d'un droit lui résultant de ce code S'appliquent, compte tenu des adaptations nécessaires, au regard d'une plainte soumise & la Commission des relations du travail en vertu de l'article 105 de la présente loi. (soulignement ajouté) [88] L’article 101 vise protéger la liberté syndicale d'un salarié de toute contrainte, menace, intimidation, mesure discriminatoire ou représailles. Comme intention malveillante de 'employeur est difficilement prouvable, le législateur a prévu que le salarié qui démontre Pexercice d'un droit relié a la liberté syndicale, de méme que l'une des mesures interdites a l'article 101 de la Loi R-20, bénéficie d'une présomption voulant que cette mesure lui ait été imposée a cause de l'exercice de ce droit. [89] La présomption de Farticle 106 doit se lire la lueur de article 17 du Code du travail, RLRQ, c. C-27 (le Code) qui s’applique par référence faite a l'article 107 et qui se lit comme suit : 17. Sil est établi a la satisfaction de la Commission que le salarié exerce un droit qui lui résulte du présent code, il y a présomption simple en sa faveur que la sanetion lui a été imposée ou que la mesure a été prise contre lui & cause de Vexercice de ce droit et il incombe a l'employeur de prouver quill a pris cette sanction ou mesure & l'égard du salarié pour une autre cause juste et suffisante. [90] Dans Richard c. Equipements Nordiques enr., 2013 QCCRT 0161, la Commission discute du fardeau de preuve initial qui incombe au plaignant dans une plainte selon l'article 105 de la Loi R-20 [224] La loi vise a protéger la liberté syndicale d'un salarié de toutes contraintes, menaces, intimidation, mesures discriminatoires ou représailles. Le salarié qui démontre 'exercice d'un droit relié a la liberté syndicale de méme que Tune des mesures interdites a article 101 de la Loi R-20 bénéficie d'une présomption voulant que cette mesure lui a été imposée & cause de l'exercice de ce droit. [225] Pour bénéficier de la présomption prévue a l'article 106 de la Loi R-20, le salarié doit cependant en prouver tous les éléments constitutits sous peine de rejet de sa plainte. Une seule exception ce principe : la preuve directe que la mesure a été imposée a cause de lexercice d'un droit résultant de cette loi. [226] Les éléments constitutifs de la présomption sont : le statut de salarié au sens de la Loi R-20; lexercice d'un droit protégé et une sanction interdite par article 101 de cette toi et imposée de facon concomitante a lexercice du droit invoau (soulignement ajouté) 2015 QCCRT 0494 (91] Lesage du Tribunal du travail, discutant de la concomitance, affirmait ceci : [92] «lorsque Uarticle 17 du Code édicte que «s'il est établi a la satisfaction du commissaire du travail saisi de Iaffaire que le salarié exerce un droit lui résultant du présent Code, il y a présomption en sa faveur quil_a été congédié & cause de Texercice de ce droit», il m’aoparait y avoir la de facon nécessaire, mais suttisante Vexigence d'une relation dans le temps, dune certaine concomitance entre lexercice du droit et le congédiement en occurrence. On 1a pas & prouver la relation causale entre les deux faits; cependant le fait générateur dont le salarié a le fardeau dbit se situer dans une proximité temporelle du fait terminal de la fiction légale. La ragle étant édictée en raison de la relation logique présumée entre le geste du salarié et la réaction de ’employeur, il est requis que les deux faits surviennent a Tintérieur de la période normale dans laquelle un employeur prendrait normalement des dispositions en regard du comportement d'un salarié. Cest pourquoi la discrétion octroyée au commissaire par cet article consistera a apprécier, en faisant Ihypothése improuvable que Temployeur veut réprimer activité syndicale, si son temps de réaction est a Vintérieur de limites concevables suivant toutes les circonstances. I! m’apparait donc que le principe exige mais pas davantage une concomitance pondérée entre Vactivité syndicale et la mesure disciplinaire et ceci ne peut étre un blanc-seing 4 une Stratégie de répression & retardement.» (soulignement ajouté) PAGE : 16 Dans Gaz Métropolitain inc. c. Fleurant, [1987] AZ-87147104 (T.T.), le juge Dans une affaire de Electrovert Ltée c. Loke, (1982) T.T. 410, j'avais occasion de cemmer le concept de concomitance se dégageant de larticle 17 pour qu'l y ait présomption en faveur du salarié, obligeant lemployeur & établir par prépondérance une cause juste et suffisante de congédiement. Aprés avoir cité des extraits de doctrine et de jurisprudence, je m'exprimais ainsi: Dans chaque cas, pour quil y ait concomitance, il faut donc examiner s'il est hypothétiquement possible que Temployeur_ait_cherché quelque avantage inavouable en congédiant un salarié qui a fait une activité syndicale. L’exigence de la concomitance s‘exprime autrement dans plusieurs décisions du Tribunal darbitrage alors que les plaintes selon article 105 relevaient de la compétence des arbitres. Ces décisions reprennent 'extrait suivant de l'arbitre Gravel dans faffaire Fralemité internationale des ouvriers_en_électricité_et Comstock internationale, D.T.E. 861-511 qui exige une preuve « prima facie » que le geste de Yemployeur résulte de Vexercice par le salarié de sa liberté syndicale : 2015 QCCRT 0494 PAGE : 17 Dés que larbitre sera satisfait, la présomption sera née, obligeant 'employeur & prouver quill avait un motif juste d'agir. II est évident que le salarié qui dépose une plainte ne peut venir devant rarbitre et simplement du fait quil était un salarié de l'industrie (ou qu'on lui a tefusé 'embauche) attendre de facon passive que 'employeur vienne démontrer quill avait un motif suffisant pour poser son geste. II faut plus que cela pour satisfaie de facon juridique, le tribunal et donner ouverture a la présomption. En premier lieu, il faudra que le salarié démontre quil est membre d’une association de salariés et quill exerce un droit reconnu ar l'article 94 et plus particuliérement, dans le cas qui nous occupe, de l'article 101 a), |_devra_aussi, par_une_preuve « prima facie », démonter_que le congédiement_posé_par_lemployeur, a été fait «pour les fins ou raisons susdites », c'est-a-dire, dans le cas qui nous ocoupe, congédiement ou refus d’embauche parce quil était membre d'une association de salariés. (soulignement ajouté) [93] Contre Saulnier, en Pabsence de preuve directe des actes reprochés, la CSN- Construction doit démontrer que les salariés visés par sa plainte ont exercé un droit prévu au chapitre XI de la Loi R-20 relatif a la liberté syndicale et qu'ils ont essuyé un refus d'embauche de fagon concomitante a l'exercice de leur droit. Elle est alors dispensée de prouver la discrimination envers ses membres dans le processus d’embauche de Saulnier, celle-ci étant présumée. [94] D'autre part, contre la FTQ-Construction, elle devait, au surplus, prouver que ses représentants, Loiselle ou Cauvier, ont exercé des pressions sur Saulnier. [95] ly a lieu de rejeter d’embiée la plainte contre la FTQ-Construction puisqu'il n’y a aucune preuve d’actes répréhensibles de la part des représentants, Loiselle et Cauvier. [96] . Le fait que, selon monsieur Roussy, les rencontres avec le surintendant de Saulnier duraient plus longtemps qu’avec les autres entrepreneurs ne permet de tirer aucune conclusion, dautant plus que monsieur Loiselle est habilité & faire le suivi de la référence de main-d'ceuvre avec lemployeur, ce que seuls peuvent faire les représentants syndicaux nommés dans le permis de référence de main-d'couvre. Monsieur Thériault, délégué régional pour la CSN-Construction, n'a pas ce réle et ne peut done pas discuter de la référence de main-d'ceuvre avec les employeurs. [97] L’autre élément, qui, selon la CSN-Construction, laisse croire que Saulnier a subi de la pression des représentants de la FTQ-Construction, est que madame Desrochers a mentionné que plus de 90 % de travailleurs de la construction de la Gaspésie sont membres de ce syndicat 2015 QCCRT 0494 PAGE : 18 [98] La preuve est nettement insuffisante pour que la Commission puisse inférer de cette affirmation de madame Desrochers que les représentants de la FTQ-Construction cont exereé de la pression ou de intimidation sur Saulnier dans le but de favoriser les membres de la FTQ-Construction au détriment de ceux de la CSN-Construction. [99] Concernant la plainte de discrimination contre Saulnier, la CSN-Construction prétend que les salariés ont exercé un droit en choisissant d’adhérer a son association. De plus, leur appartenance syndicale est divulguée par la liste de salariés qu'elle produit via le Carnet de référence de la CCQ. Ainsi, 'absence d'embauche suffit pour faire jouer la présomption de discrimination en leur faveur. [100] La liberté syndicale est définie a article 94 du Chapitre XI de la Loi R-20 : 94, Tout salarié a droit d’appartenir a une association de salariés de son choix et de participer a ses activités et a son administration mais il ne peut appartenir qu’a une seule association de salarigs. [101] Rappelons que tous les travailleurs de l'industrie de la construction doivent appartenir a l'une des cing associations représentatives reconnues 4 l'article 28 de la Loi R-20, soit la Centrale des syrdicats démocratiques (CSD-Construction), la Confédération des syndicats nationaux (CSN-Construction), la Fédération des travailleurs du Québec (FTQ-Construction), le Conseil provincial du Québec des métiers: de la construction International (CPQMC)) ou finalement, le Syndicat québécois de la construction (SQC). [102] Le choix du travailleur s’exerce das son entrée dans l'industrie et il a ensuite la possibilité de changer d'association lors d'un scrutin syndical qui se déroule tous les quatre ans, le demier s'est tenu en juin 2012. [103] Selon les intimées, 'adhésion syndicale étant obligatoire, elle ne peut constituer Vexercice d'un droit. La Commission ne peut partager cette proposition. Pour le salarié, le choix de l'association a laquelle il veut adhérer constitue "essence méme de la liberté syndicale que protege l'article 94 de la Loi R-20. De plus, le droit d'appartenir a une association de salariés de son choix ne se prescrit pas dans le temps, de sorte que le salarié qui se dit victime de discrimination n’est pas limité un certain délai apres son adhésion syndicale pour se plaindre de discrimination. Autrement, la protection du salarié contre la discrimination en raison de son choix ou de son adhésion syndicale quoftre l'article 101 perdrait grandement de son efficacité. [104] Dans CSN-Construction c. Conseil conjoint des métiers de la construction, AZ-51035742, (27 janvier 2003), le Tribunal d'arbitrage traite de ce sujet [27] Il est inexact de prétendre que Ie libellé de l'art. 102 utilise le temps présent pour limiter son effet au seul moment de l'adhésion ou du refus 2015 QCCRT 0494 PAGE : 19 dadhésion. C'est la discrimination au travail qui est visée par la présente disposition. Cette discrimination peut intervenir en tout temps, comme le prévoient les art. 101, al. 3 et 119, soit par le refus d’embauche, le débauchage, le licenciement, la menace de licenciement ou de renvoi, imposition d'une peine disciplinaire, le refus davancement, le favoritisme dans la conduite ou la répartition du travail. [28] Dans le chapitre IX sur la liberté syndicale, le législateur fait référence aux diverses situations possibles de discrimination. Il ne peut pas étre plus clair et précis. A art. 101, il explique ce qu’est Intimidation contre les membres d'une association de salariés. Il énonce méme une présomption en énumérant les manoeuvres qui laissent entrevoir de I'intimidation. {29] Au chapitre XII, et particuliérement a l'art. 119, le législateur encadre la liberté syndicale d'une protection spéciale. II ajoute aux recours civil et administratif de l'art. 105 un recours pénal. Jamais il n’a limité les interdits de discrimination & un moment restreint ou particulier. I! est inexact de prétendre qu’une fois que le libre choix est fait, la période couverte étant révolue, la mesure discriminatoire n’a plus dimpact sur ce choix et la prohibition n’a plus d'objet et ne serait plus efficace. [30] Amon sens, c’est perdre de vue la finalité des dispositions législatives du chapitre IX, et particuligrement des art. 94 et 102. Jamais le législateur n'a voulu restreindre la portée temporelle des art. 94 et 102, pas plus quil ne ’a fait pour les art. 103 et 104. [105] Cependant, ce choix du salarié n’établit pas automatiquement quill a exercé un droit a la satisfaction de la Commission comme fexige article 106 de la Loi R-20 pour bénéficier de la présomption. Ainsi, bien qu'elle soit obligatoire, la simple adhésion syndicale pourrait, dans certaines circonstances, constituer l'exercice d'un droit au sens de article 106 de la Loi R-20 et 17 du Code. [106] L'adhésion syndicale étant obligatoire pour tous les salariés de la construction, le sentiment anti-syndical de 'employeur se manifestera plutét 4 'égard de l'une ou autre des associations représentatives. [107] I y a ici absence de preuve que Saulnier ait subi des pressions des représentants de la FTQ-Construction pour qu’elle engage ses membres au détriment de ceux de la CSN-Construction tel que cette demiére l'allegue dans la plainte. [108] Dans ces circonstances, la Commission ne peut voir quel avantage Saulnier aurait pu tirer d'un refus d'embauche des membres de la CSN-Construction ou pour quelles raisons elle entretiendrait un sentiment anti-syndical envers ces demiers. Si tel était le cas, il n'aurait que peu ou pas de travailleurs de la CSN-Construction sur ses autres chantiers. II n'y aurait pas non plus un surintendant affilié & cette association, personne responsable de I'exécution de son contrat sur le chantier de la cimenterie. 2015 QCCRT 0494 PAGE : 20 [109] Outre Fexercice d'un droit, la CSN-Construction devait établir que les salariés identifiés ont fait l'objet d'un comportement prohibé, soit en l'espéce, un refus d'embauche, pour bénéficier de la présomption qu'il y a eu discrimination & leur égard. II nly a aucune preuve directe que Saulnier a refusé d'embaucher ces salariés. Cependant, la CSN-Construction prétend quill y a un ensemble diindices qui permet 'établir cet élément par présomption de faits. Qu'en est-il? [110] La CSN-Construction pointe notamment l'absence de retour d'appels de madame Desrochers qu’a faits monsieur Bédard et les différentes réponses données quant au processus d'embauche de la main-d'ceuvre. Elle prétend également que Tembauche de ses membres, aprés le dépot de la plainte, ne visait qu’a sauver les apparences. Finalement, il lui apparait anormal qu'il n’y ait pas plus d’embauche de ses membres, malgré les nombreuses références. [111] L’évaluation du refus d’embauche allégué de Saulnier doit se faire a la Iueur des obligations qui lui incombent. [112] D’abord, rappelons que la Loi R-20 n'impose pas a 'employeur 'embauche des salariés référés via le Carnet de référence 107.9. [...] L'employeur qui a déclaré un besoin de main-d'oeuvre n’est_pas_tenu d'embaucher un candidat référé par le Service de référence de main-doeuvre de Vindustrie de la construction. II ne peut toutefois demander qu'une association visée par article 107.1 lui référe un candidat, qu'elle soit détentrice d'un permis ounon. [113] De plus, la Convention collective du Secteur Industriel 2010-2013 prévoit & article 6.03 : 7) Restriction : Rien dans la convention collective ne doit étre interprété comme obligeant un employeur a employer une certaine proportion de membres de l'une ou l'autre des associations représentatives. [114] La preuve présentée démontre que plusieurs DMO ont été effectuées par Saulnier pour le métier de charpentier-menuisier et pour des manceuvres. Des centaines de salariés ont été référés par la CCQ et par les différentes associations syndicales. De plus, des « fonnes » de curriculum vitae de travailleurs désirant travailler sur ce chantier sont parvenues a Saulnier, sans compter les appels des travailleurs, dont monsieur Roussy. [115] Lors du dépét de la plainte, le 12 septembre, une trentaine de salariés travaillaient au ‘contrat de Saulnier sur le projet de la cimenterie. A cette date, huit 2015 QCCRT 0494 PAGE : 21 travailleurs ont été embauchés via le Carnet de référence, ils sont tous membres de la FTQ-Construction. Un seul manceuvre, monsieur Horth, est embauché via le Camet de référence. Ce demier apparait sur la liste produite par la CCQ, ce qui signifie quiil répondait, du moins partiellement, aux critéres d'embauche, alors que monsieur Roussy, n'y apparait pas. [116] On sait également que le surintandant Lapointe sur le chantier de Saulnier est membre de la CSN-Construction. De plus, monsieur Bédard reconnait qu'il y a eu un autre membre de la CSN-Construction qui a travaillé sur le contrat de Saulnier en aoat 2014, soit avant le dépét de la plainte. [117] La preuve ne révéle pas d’ou proviennent les autres salariés de Saulnier sur le chantier au moment ou la plainte est déposée. IIs pourraient étre des salariés réguliers de lentreprise (12-12) qui peuvent étre affectés suivant l'article 38 du Régiement sur Tembauche ou encore, étre d'anciens salariés de Saulnier que madame Desrochers a retracé, comme elle a indiqué a monsiesr Bédard qu'elle ferait. [118] La preuve ne révéle pas non plus 'appartenance syndicale de ceux-ci, si ce n'est que monsieur Thériault, le délégué “gional de la CSN-Construction a estimé la présence des membres de la FTQ-Construction a plus de 90 %, bien qu'il ignore que le surintendant de Sauinier soit un membre de son propre syndicat. Par ailleurs, les fapports mensuels de lemployeur émanant de la CCQ, révélent que plusieurs employés de la CSN-Construction ont travaillé pour Saulnier de mai a novembre 2014 inclusivement, sans pour autant indiquer sur quel chantier ceux-ci ont travaillé. [119] Le dépét de la plainte est survenu un peu plus d’un mois aprés le début des travaux de Saulnier sur le chantier. A cette époque, cette demiére poursuit son processus dembauche. Ainsi, deux manoeuvres de la CSN-Construction ont été embauchés le 16 septembre, et deux autres l'ont été par la suite, en octobre ou novembre 2014. [120] Done, contrairement a ce qu’affirme la CSN-Construction dans la plainte, il est inexact d'affirmer que tous les travailleurs sur le chantier ceuvrant pour Saulnier provenaient de la FTQ-Construction. Il y en a eu de la CSN-Construction avant et apres le dépét de celle-ci. [121] Certes, tinsistance de monsieur Bédard auprés de madame Desrochers pour que ses membres soient embauchés est compréhensible. Il regoit beaucoup dappels de ses travailleurs pour lesquels le projet de la cimenterie s'avére une belle opportunité d'emploi. Monsieur Roussy a également multiplié ses démarches auprés de Saulnier pour obtenir du travail. li a fait de méme auprés de Cegerco, qui I'a finalement embauché & compter du 16 septembre, bien que Cegerco ait débuté son contrat bien avant celui de Saulnier. A la méme époque, Saulnier embauchait deux manceuvres de 2015 QCCRT 0494 PAGE : 22 la CSN-Construction. Rappelons, que monsieur Roussy n'a pas demandé a ce que son association dépose une plainte en son nom. Diailleurs, il 'ignorait. [122] Ce n'est pas parce qu'on insiste auprés d'un employeur que la non embauche 6quivaut & un refus dembauche au sens de article 101 de la Loi R-20. Sinon, les modifications Iégislatives apportées & Loi R-20 par la Loi éliminant le placement syndical pour éviter Vintimidation et la pression des associations syndicales auprés des employeurs pour 'embauche de leurs travailleurs et pour assurer & ces demiers la liberté de choix de leur main-d'ceuvre n’auraient pas l'effet escompté, linsistance pouvant insidieusement se transformer en pression indue. [123] Rappelons que les notes explicatives de la Loi éliminant le placement syndical énonce que La loi édicte de plus que le fait d'imposer ou de tenter d'imposer 4 un employeur lembauche de salariés déterminés ou un nombre déterminé de salariés est interdit et constitue une infraction. [124] Dans le contexte du présent dossier, la preuve est nettement insuffisante pour établir que les salariés de la CSN-Construction ont exercé un droit & la satisfaction de la Commission et quills puissent ainsi bénéficier d'une présomption de discrimination en raison de leur allégeance syndicale ou, dit autrement, qu’ils ont été brimés dans Fexercice de leur liberté syndicale. [125] Par ailleurs, il y a lieu de préciser que si la Commission interprétait tres largement les dispositions relatives a 'application de la présomption, elle rejetterait tout de méme la plainte. En effet, Saulnier a recu un grand nombre de références de salariés, d’appels et de curriculum vitee, alors que son besoin de main-d'ceuvre était restreint. De plus, elle n’a pas d'obligation c’embaucher les employés référés par une association syndicale, ni de respecter dans I'embauche sa représentativité dans un métior ou une occupation. Malgré cela, il appert que plus de manceuvres membres de la CSN-Construction que de la FTQ-Construction, ont été embauchées a la suite des références de main-d’euvre via le Carnet de référence, alors que sa représentativité est moins de 8%. Au surplus, fembauche de monsieur Horth, membre de la FTQ-Construction, s'explique par le fat quiil apparait sur la liste de salariés priorisés par la CCQ, alors que monsieur Roussy ne s'y retrouve pas. 2015 QCCRT 0494 PAGE : 23 EN CONSEQUENCE, la Commission des relations du travail REJETTE la plainte. Sylvain Allard M® Marlene Jacob MENARD MILLIARD CAUX, S.E.N.C. Représentante de la plaignante M° Eric Thibaudeau LANGLOIS KRONSTROM DESJARDINS Représentant de 9090-5092 Québec inc. M® Robert Laurin Représentant de FTQ-Construction Date de la dernidre audience : 30 juin 2015, is

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