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OW veg Sess Sa Se a cole) Ls UR ste cused CUE a ae McA EF ee Coat ay PE crsar emai YAY dela Daud a ce u IS Dans fes hopitaux francais; les médecins I'utilt m1 Mod ue etc ed oe ‘4 y ‘ ‘Connaissez-vous la méditation? Ensemble oma Fees ‘m0 207 Ou 68% | 61% | TI% ‘Non | 32% | 39% | 29% | Pour vous la méditation c'est..? Unoutiide loppement 4 se Dossier: ni Ear =e Fregerika Van Ingen et Marie Lescroart ru la me wit fondément da Meio Sent ujourd’hui,la méditationconnaitfondément dans sa Impossible vers plus de séréni chiffrer,car aucun organisme — compréhension di 6 «ame, mais aussi et surtout. plus de compas- sion et d'altruisme! Cest fa un des aspects Fes de la société, ycomprisen _ étonnants de la méditation :elle semble offrir ce. Ilya bien sir la méditation rel & chacun des réponses & ses pi icon 13% | 16% | 119 Lavez-vous déja pratiquée? Ensemble Hommes Non 10% 61% “Ou 20% 7 19% | 219% Spital, dans P'armée, les prisons, i... Etce n'est que le début. Car,depuis Kabat-Zinn, quia mis au point une pratique tune vingtaine d’années, les recht appliquée la médecine. «Il ne ‘agit pas de sujet ont mis en évide ddevenir quelqu’un autre, de manipuler son bientaits psych cerveau ou de s’élever, mais de reconnaitre étude du cerveau «en a en soi la dimension profonde de notre hu tre méme que cette prat manité.» Un vrai reméde a la souffrance, qualifige de contemplative, le modifie pro- _affirme le biologiste et moine bouddhiste quét réalsée du 26 au 30 octobre 2012, auprts de lecture de Ga mvintresse pete Plus d'infos sure sujet avec France Info IR «ou comscende, ar Pesca Le Guern mara a B janvier 84h19 16h 1 Onzs avec Ga mtrsse Matthieu Ricard : «Chacun d'entre nous dispose du potentiel nécessaire pour Saffran- ir des 6tats mentaux qui entretiennent nos souffrances et celle des autres, pour trouver i paix intérieure et pour contribuer au bien des étres. La méditation nous y aide.» Mais de quoi s'agit-il exactement? « L'expérience 2 plus proche de la méditation dont nous posons en Occident est... la poésie,résume ie philosophe Fabrice Midal. Un podte re- re le monde sans préconception, en étant avert Ace qui est. La méditation aussi nous prend 2 entrer & chaque fois & neuf dans prévent, comme pour la premizre fois.» Elle nous invite ainsi a changer, sice n'est le monde, au moins le regard que nous portons sur lui,en le débarrassant de nos préjugés. Pourquoi cette pratique fait-elle tant parler d'elle? IEA tte est te contraire de la société de consommation =~ 2 ? A ‘ANDRE COMTE= SPONVILLE, Bhilosoote. De ieee Sexe nila mor (ris sas sur Fanour ota somite), (4, Abin Miche ATM etic est cré y MATTHIEU RICARD, mone Doudohist, Diolonise, auteur de Yart ‘ela méataton, Ni édtions. Laméditation ne répond pas ‘un besoin, mais & un dési. Dé- sir de paix, de simpicté, kinté- riorté, de spirtualté. Sice désir est plus fort aujourd'hui, est sans doute que notre vie est plus agitée, plus compliquée, plus extérieure, plus superf- Cielle que jamais. Nous vivons dans une société de consomma: tion, qui est aussi une société du spectacie et de a vitesse Laméditation, c'est & peu prés le contraire: une fagon etre lut6t que avoir, une école Notre qualité de vie est ‘déterminée parla facon dont notre esprit traduit le monde ‘extérieur en monde intérieu. ‘On peut étre misérable alors ‘qu'on a «tout pour étre heu- eux», ou parfaitement serein dans des conditions adverses. Inspirée du bouddhisme, a _mécitation peut étre pratiquée cde maniére séculire, comme est actuellement le cas en Occident. Ele peut aussi nous ‘engager sur un chemin de transformation vers un état étre optimal od on sest du dépoullement, de lalenteur, de limmobilté...La France sem ble redécouvrir fa méditation un ‘eu plus tard que les Etats-Unis, peut-étre parce que ce pays rassemble des individus venant ‘du monde entier, vraisembiable- ‘ment plus ouverts que nous ‘aux cultures extra-européennes, spécialement asiatiques. Mais la mésitation, dans son geste inaugural, remonte au Bouddha, ily a quelque vingt-cing siéces.. Alors, quelques décennies de plus ou de moins!” lisée par la science débarrassé des poisons men- taux que sont lahaine, les désirs vains et obsédants, la rumina- ton. pour atteindre la paix et lalibert8 intérieure. A notre <époque oii fon est souvent vic~ time du stress, fexercice de la meécitation peut nous aider 8 trouver un équlibre émotion- ‘nel Bienvenu, Elle es, de plus, crédibiisée auprés des plus sceptiques par des études scientifiques menées depuis des années, qui démontrent ses effets positfs sur la santé physique et mentale."" BA tte compense les carences de notre société ‘CHRISTOPHE ANDRE, psp chiate,ateur e Sérénte 25histores ‘téquite ite ‘er 64. Ole cob Lamode de ta mécitation relove un phénoméne de compensa tion de carences : nous vivons dans un environnement de plus enplus bruyant et agité, ol on est sans cesse interrompu. A tel Point que, pour beaucoup, i est dificile de se centrer sur une ‘téche, ou méme sur la personne ‘ui leur fait face, sans regarder les textos qu arrivent sur leur portable ou méme sans répon- dre chaque appel! Cette ca rence de continuité psychologt (que, cintérorisation, est 3a soufce d'une souftrance psychi- ‘que, car il ‘agit de besoins hu- ‘mains fondamentaux. Orla méd- tation nous aide & savourer existence. Non seulement parce quelle nous rend davantage ‘capables de ne pas nous noyer dans nos ruminations, que nous identitions plus vite, mais aussi parce quiele nous aide 8 mieux _apprécier les bons moments, aux: ‘ques elle nous rend plus profon- dément présents. Finalement, elle nous permet de vivre &no- tre époque agitée sans y laisser trop de piumes. Elle adonc de beaux jours devant elle."" fae 8 Otel Sept vertus démontrées par les scientifiques Depuis une vingtaine dannées, les neurosciences dites «contemplatives» 6tudient les effets de la médi- tation sur le cerveau. ichard Davidson est un chercheur respecté. Son laboratoire d'imagerie cérébrale Université du Wiscon- sina accueil des thiew Ricard et le dal du Laboratoire de neurosciences de Lyon, a travaillé dix ans dans son équipe : «Nous avons étudi les bases neuronales des prat {ques méditatives leur impact sur le cerveau et le comportement, ainsi que sur le dévelop- ppement des circuits neuronaux liés& atten- tion, 2 la régulation des Emotions voire la conscience.» Ce rapprochement entre science cet méditation remonte 1983, quand le Fran- sais Francisco Varela, pionnier des sciences ognitves rencontre le dala-ama. Il fondent alors aux Etats-Unis Institut Mind and Life, un forum changes entre méditants et cher cheurs Un dialogue fructueux: «En 2010 i ¥ a eu 350 publications scientifiques sur les effets de la méditation, se réjouit Matthieu Ricard. Et, en avril 2012, 700 chercheurs étaient réunis au premier Symposium inter national sur la recherche en sciences contem: platives a Denver.» Florilége des résultats. PLUS DE CONCENTRATION Soumis a une tache répétitive demandant une attention soutenue, des personnes ayant pratiqué la méditation $ heures par jour pen- A LA SOURCE dant 3 mois se concentrent mieux et de ma- nigre plus constante que des non-méditants. «Cela se vérifie ala fois au niveau compor- temental et au niveau cérébral»,ajoute An- toine Lutz, coauteur de ces travaux avec Da- vidson. Ils ont aussi comparé trois groupes des «experts» totalisant 44.000 heures de pratique, des «confirmés» (19 000 heures),ct des débutants.Lors d'un exercice visant& fo- caliser attention, 'activité des régions qui y sont liges état plus intense chez les confirmés {que chez les débutants Mais elle baissait chez les experts : «Cela s'observe dans d'autres domaines d'apprentissage, explique Antoine Lutz. Aprés un entrainement intensif, la per- sonne ne fournit presque plus d’effort pour focaliser son attention. Nos travaux montrent aussi que la pratique permet &'attention de ne pas reste “collée” sur un événement. Elle reste disponible pour tout ce qui peut surve- nir dans le lux de la conscience.» MOINS DE STRESS Plusicurs études ont montré lefficacité du programme de réduction du stress basé sur Ta pleine conscience (MBSR, lie lentretien .59),non seulement sur le stress, mais aussi Panxiété et leurs manifestations (perte de sommeil irritablité..). Mieux, Antoine Lutz et ses collégues ont démontré un effet bien supérieursur la régulation de inflammation induite par le stress qu'un programme antis: tress utilisé aux Etats-Unis, fondé; ui, sur le sport et la musicothérapie. Selon des cher cheurs de Harvard, qui ont comparé des néophytes des méditants pratiquant depuis 9/ans en moyenne; la méditation iraitjusqu’a inhiber Yexpression de plus de 2.000 genes Tigs au stress (responsables d'inflammations, Bouddha, méditer pour voir la réalité iddartha Gautama, ui vécut environ _tait avant Bouddha, mais consistait essen 500 ans avant notre ére, est leis 'un _tiellement & rechercher fapaisement ou ‘oj indien. Son pere voulait qui prenne sa__le calme. Pour li “est une impasse, voire suite, mas se sentit emprisonné et sen _un enfermement. Avec lui la méitation {uit du palais. Pendant des années, ilcher-__prend un tournant décisit: elle consiste 8 ‘cha a solution au probléme de ia douleur et abandonner tout object, entreren rapport ‘de a mort, en pratiquant des ascéses trés_& la réalitéet voir plus clairement. C'est ‘austéres. Contrairement &ce quon croit cette pratique qui le conduit" «éveil», qui souvent, la pratique de la méditation exis: lui donna son nom, Boudaha, «'évellé», are Cr aes poner vi Tabor cn eae Poo Peer a tune aptitude singuliére aré- ee de production de cortisol...) Mais méme chez Jes débutants une fois entainés.on note une diminution de Vexpression de ces genes! UNE MEILLEURE SANTE En 2003, une équipe de chercheurs (dont Davidson et Kabat-Zinn) a vacciné contre la srippe des personnes ayant suiv le programme MBSR et d'autres quine Vont pas suivi. Apres le vacein, le systéme immunitaire des mé: tants avait mieux réagi. Sure meu, une étude américaine publige en 2009 montre que 15. 20minutes de méditation par jour peut rédh le taux d'accident cardiaque de 47% apres 5 ans dans une population a risque. Une autre étude sur des adolescents prouve que deux séances quotidiennes de 15 minutes font baisser hypertension... et que leurs résultats scolairessont meilleurs! Enfin, au moins cing études révélent que méditer diminue le risque de rechute chez des dépressifs autant qu'un traitement antidépresseur. 'UN CERVEAU REMODELE Une étude conduite a Phopital général du Massachusetts et publige en 2011 a montré ‘que des changements surviennent apres 8 se maines d'entrainement a la méditation. La concentration et I’épaisseur de substance ‘rise augmentent dans Phippocampe gauche, lig a Papprentissage et au contréle des émo- tions, ainsi que dans des zones associées la Perception sensorielle, la régulation émo- ionnelle et cognitive et & la production de seurotransmetteurs qui jouent sur rhumeur. LA DOULEUR APPRIVOISEE Dans une récente étude menée a Puniver. sité de Madison, les chercheurs ont comparé, magerie cérébral, la réaction de méditants confirmés (plus de 10 000 heures de pratique) etde débutants Puis sles ont soumis,en état de méditation, une douleur intense et répé- sée: une brdlure sans effet, mais & la limite du supportable. Les deux groupes ont percu 2 douleur avec ia méme acuité,maiselle était ‘moins désagréable pour les méditants experts. Au cours de la méditation, le pratiquant cexpérimenté observe la douleur sans Pinter per Tignorer la rejeter oul crane, dans un 6tat de pleine conscience sereine », ra Matthieu Ricard, qui a participé & l'exps rience. Limagerie cérébrale révele que, chez ces «confirmés» les réseaux neuronaux im- pliqués dans "'anxiété s'activent moins avant lestimulus.et que les régions du cerveau liges au ressenti de la douleur reviennent plus vite Alanormale apres. ETRE MEILLEUR AVEC SO! ET LES AUTRES Chez des méditants expérimentés, ’équipe de Davidson a montré une suractivité de la zone du cerveau lige aux émotions «altruis- tes». Ainsi qu'une moindre activation de Famygdale, associée & la colére et la peur. La méme équipe a soumis es enfants d'une maternelle d'un quartier défavorisé de Ma- dison 8 10 semaines d’entrainement &la mé- ditation.Insttuteurs et parents ont remarqué une augmentation nette des comportements « LA POSTURE, UNE ATTITUDE ‘AU MONDE Assis sur une chaise ou en talleur sur un ‘coussin, yeux mi-clos ou fermés, mains sur les ‘cuisses.. les indications varient selon les éco- les et les possibilités de chacun. Lessentiel est d’étre confortable, dos et nuque droits ‘mais pas rigides,sans appui, dans une attitude «digne ». Carla posture refléte notre attitude au monde : «se redresser, c'est tre intéressé par ce qui se passe», note Fabrice Midal. A LA SOURCE. >LE SOUFFLE, UNE ANCRE FACE AUX TEMPETES Se reer au soutile, c'est la base de toute ‘éditation. I suffit de porter son attention sur inspiration, pus sur expiration, tains de suite sans les modifier. Toujours en mou- vement, le souffle nous fait ressentir notre corps vivant. lest une ancre, parce quil est toujours la et que nous pouvons a tout mo- iment, face & toutes les situations stressantes ‘non, nous rlir a lui, Avec la pratique, on ne observe plus de 'extérieur on fiit par ne faire qu'un avec li « Alor la respiration devient une voie privilege de communica tion avee tout ce qu'il y a en nous et autour <ée nous, explique Christophe André >LES SENSATIONS, LE CCEUR DE LA PRATIQUE. Dans|e silence apparent de la méditation, les sens sont en éveil et pergoivent tout, en soi comme & I'extérieur : sons, points de contact avec le sol, démangeaisons. douleurs, sentiment de détente ou, au contraire, aga- cement, impatience... Tous les événements, Quis surgissent pendant la pratique ou qu'ils soient antérieurs,laissent dans notre corps des traces parfois discrétes : boule dans la gorge lige & une colere,nceud dans le ventre gui révéle une inquiétude... Ou alors, ils éveillent des pensées :«I'ai envie de me grat ter.de bouger, de téléphoner a quelqu'un, ou d'en finir et de passer & autre chose...» La ‘méditation nous permet d’observer ces se jons et ces réflexes machinaux, de savoir les reconnaitre. Lintérét? Apprendre a tra- vailler avec toutes les situations possibles. «Ainsi, une tension dans le corps n'est pas foreément un probléme. L'idée n'est pas Evagre le Pontique, méditer a l'antique 6 dans la province du Pont, au nord de repos de ame. Pour cela, Evagre encourage actuelle Turquie, Evagre (346-399) est les croyants & «renoncer & tout pour obtenir un des fondateurs de hésychasme (du _le tout» en se rendant, seul, dans le désert, ‘grec hesychia; mmobilté, repos silence). pour prier.On ll doit aussi c'avoir identiié Cette pratique spirituele mystique, aujour- 8 «maladies de me, quila dévient de «hui surtout connue chez les orthodoxes, son désir du bien, qui rest autre que Dieu, Consiste en une prie silencieuse invoquant _ et sont done «autant dobstacles ala vie lenom de Jésus au rythme dela respiration. spirituelle authentique» Cette liste est & Elle vise &rechercherlecalme intérieur le Yorigine des 7 péchés capitaux. d'étre confortable, mais de faire face & tout ce qui vient, explique Fabrice Midal, Sila méditation n’était qu’une sorte d'oasis et de bulle,ca n'aurait pas beaucoup d'intérét. Car notre Vie est traversée de moments difficiles, auxquels nous saurons nous confronter plus sereinement.» Autre intérét : découvrir que les expériences sensorielles sont plus vastes ue nous ne le croyons. «Quand on entend tun son, on a tendance a ’étiqueter :agréable ‘ou désagréable, proche, lointain, conn, it connu... Mais on peut aussi revenir a 'expé. rience du son en Iui-méme, et voir comment il est plus ample que l’étiquetage qu'on lui met. On ouvre les portes de la perception sensorielle.» En pratique, la Mindfulness ‘nous invite, toujours aprés avoir pris la pos ture et s’étre concentré sur le soutle,& consa- ‘rer des méditations & I'attention aux sons, ou encore aux sensations douloureuses du corps, aux émotions, et, >LES UNE MATIERE PREMIERE : Des qu’on sinstalle pour méditer et obser ver ses pensées, on constate non seulement qu’elles ne s‘arrétent jamais, mais qu’elles sont indisciplinées. Matthieu Ricard les com- Pare, selon la tradition bouddhiste, & une troupe de singes qui s'agitent sans cesse et sautent de branche en branche. En pratique, pour les observer, on se coneentre sur son souffle, puis sur son corps tel quill est. un ssoment, foreément, on part dans ses pensées. Ce vagabondage de la pensée est normal, cise Christophe André, Iln'est pas un si Séchee de la méditation, ni un & aadésirable & supprimer, C'est un phénomene Shabituel qu’on loublie, et qu’on finit par infondre nos pensées avec la réalité.» La 1¢ conscience permet dobserver claire- ce phénoméne et de s‘entrainer & da- antage de recul envers le bavardage de esprit. Cest ce que les psychothérapies co- jilivesnomment la «défusion :comprendre ue les pensées ne sont qu'un élément de la onscience, et non la conscience tout entiére. Ce n'est pas la méme chose de se dire «ma est triste» que de se dire «je suis en train penser que ma vie est triste ». Concréte- ment, «quand vous étes parti dans vos pen- ses, vous constatez avec bienveillance, sans ous juger, et vous revenez, précise Fabrice Midal. Si vous revenez deux fois dix fois,cent {ois mille fois.ca ne change rien :la méditation onsiste& voir la différence entre étre perdu dans ses pensées et étre en rapport au présent Cest seulement ¢a. LES ATTENTES, DES REFLEXES: ADESAPPRENDRE. Dans presque tous les domaines de notre vie,nous sommes habitués &fonctionner avec objectifs Or la méditation est une aven- ture intérieure. Les pensées les émotions les sensations qui jallissent nous apprennent beaucoup sur notre esprit et sur notre fagon étre au monde, I faut leur laser de 'es- pace pour émerger, donc oublier ses attentes et ses objectifs, ou au moins noter leur pré- sence, ct les laisser de c6té. «Car il n'y a pas dde méditation réussie ou ratée »,rappelle Fa- brrice Midal. Mais alors a quoi sertelle? «A rien! poursuit le spécialiste, en tout cas au sens courant de Putilté. Bien sar, la médi tion procure des bienfaits. Mais viser un ré- sultat,c’esten restreindre la portée :si vous étes obsédé parle résultat, vous ne faites plus Texpérience, C'est comme voir un ami :méme sila science nous dit que c'est bon pour le systtme immunitaie et qu'étre isoléa desef- fets sur le moral et la santé,on ne va pas voir un ami dans un but utltaire.Ce serait affreux et les effets ne seraient pas garantis. La mé ditation, c'est pareil» A Parrivée,néanmoins, les bienfaits sont la parfois méme assez vite Notamment un effet de soulagement :«Cest ‘comme une douche de esprit, décrit Fabrice Midal.Tout est un peu plus frais,nos percep. tions, nos pensées. Nous faisons la paix avec ce que nous sommes. Entre autres, la médi- tation nous délivre dela sensation d’étre mau- vais au fond de soi Au contraire,nious décou ‘rons ce que les enseignements bouddhistes appellent un sens de bonté primordiale :c'est bbon d’étre, de se sentir vivant.» OU pratiquer? quelques excep- tions prés en France, a pratique de la méditation, parce quielle enest issue, est encore souvent associée ala culture religieuse, boud- ddhique notamment. Sicela vous rebute, orientez-vous plutot vers la «Mindful ness», terme cui, fen France, désigne {a pratique laique de la mésitation fondée sur pleine conscience, importée des Etats-Unis et développée par es psychiatres et thérapeutes. LAs- sociation pour le développement de la Mindfulness les fédre un peu par- tout en France. Autre lieu créé par Fabrice Midal, "Ecole occidentale de rméditation, & Paris, présente la pratique de maniére rigou reuse, simple et la ue, tout en la reliant la poésie et la phi losophie. D'autres Vieux proposent des initiations ou des retraites pour prati- {quer tout en décou- vrant ia tradition bouddhiste (par exemple, étude de texte surla nature de la soutfrance, tim permanence des choses et des étres, etc.) Des pratiques. de méditation chré= tiennes commencent 6qalement a se ‘évelopper. Pour commencer, faire une retraite peut aider {se plonger dans la pratique et la rendre plus facile suivre ‘ensuite au quotidien. ‘Comme pour toute pratique, méfiez~ Vous des attitudes sectaires, notam- ment des eux ol se pratique le culte de la personnalté, olla photo du maftre trone dans chaque piéce. Quant ras: pect religieux, a cha ccun de sentir 'l lui convient ou pas. De méme, des rituels pratiqués avant et aprés une méditation peuvent semblerim- Portants & certains, as a dautres. Quoi auilen soit, il faut garder &tesprit que les aspects culturels et religieux ne sont as du tout indispen- sables 8la pratique. Enfin, depuis peu, es spéciaistes ont ‘enregistré des CD & écouter chez sol, ce qui fonctionne trés bien (lire nos rété- Tences p.65). Que ce seit pour une initia~ tion ou pour une pre tique réguliére. on y retrouve son instruc teur «personnel, au moment qui nous ‘convient. Cependant, tous les ratiquants le disent:rien ne remplace, de temps & ‘autre, une pratique collective, qui est toujours plus intense, aiques wwassociation-ming fulness.org/ wwwecole ‘occidentale meditation, com/ Boudehistes wan.zen-occidental, ‘net/éana-sangha.cra/ festa ttn htt: vilagedespruniers.net/ Chrétiones : htt ://wwt thakoumassorimedi tation pene conscience! DES ADRESSES es EN COUVERTUR Comment fa méditation conguiert la Aprés 'hépital, la pratique montre aussi ses bienfaits auprés des éléves, des tra- vailleurs, des prisonniers et dans la vie familiale. “ ujourd hui, plus de 750 hopitaux et cliniques dans le monde utilisent les protocoles de méditation MBSR et MBCT pour soigner », note Mat thiew Ricard. En France, les médecins s'y mettent aussi. Comme Christophe André,qui dis 2008 a proposé la MBCT aux patients en rémission dépressive ou anxieuse, a hpital Sainte-Anne 3 Paris « Pour le moment, nous sommes peu nombreux & lutiliser & Sainte- Anne, confie-til, mais de plus en plus d’ho- pitaux s'y mettent.» Dans le service de rhu: matologie de 'hopital de Hautepierre, & Strasbourg, Jean-Gérard Bloch, médecin thumatologue, propose depuis 3 ans des groupes de MBSR aux patients et aux soi- gnants. «Pratiquant la méditation depuis 15 ans, j'ai découvert le protocole de Jon Kabat-Zinn en 2008, Cela répondait & mon souhait de partager cette pratique, et de pro- Poser aux patients une médecine participative, Pour explorer les ressorts de leur soufirance, ct apprendre par rexpérience. Avecla MBSR, ‘eux qui souffrent de problemes lombaires ou cervicaux, de polyarthrite rhumatoide, arthrose, apprennent a tourner leur atten- tion vers la douleur, au lieu de la fur, Ils dé- couvrent toutes les couches de jugement, apprehension, de fatigue pyychique qui la recouvrent, et qui la rendent en fait plus pé- A LA SOURCE nible. Certains me disent qu'avant ils n'étaient que douleur,et que maintenant, ilss‘ouvrent au reste de leur existence, dans laquelle, bien sii, il reste de belles choses!». Avec des col: 1es le Dr Bloch a cré le premier diplome universitaire frangais «Méditation et Neu: rosciences» 4 'université de Strasbourg. Dés septembre 2013 il proposera aux médecins, psychologues et chercheurs, d’apprendre la MBSR. et de se «sensibiliser eux-mémes au bénéfice quills peuvent en attendre dans la gestion de leur propre stress et les relations avec leurs patients et leur équipe» Méditer conduit a une certaine forme de performance au travail Aprés [’hopital, la méditation e treprise. Chez Google, depuis 2007, un ancien ingénieur. Chade-Meng Tan, propose aux em- ployés une formation en 7 semaines, fondée sur la pleine conscience. Baptisée «Search in- side yourself» (cherche en toi-méme),clle a 16 suivie par plus d'un millicr d'entre eux! «La formation rend heureux»,affirme Chade- Meng Tan dans son livre éponyme, préfacé par Jon Kabat-Zinn, paru au printemps 2012 aux Etats-Unis et dans 17 pays Liautcur ga. rantit 4 ceux qui suivent le programme une augmentation de la créativité et une ameélio- ration des performances. « Lier la méditation {tla performance en entreprise ne me choque pas. confie Laurent Muratet, directeur mar- keting et communication chez AlterEco. Ce ceadre de 36 ans pratique la méditation titre Personnel depuis 15 ans et suit le cours de ‘Yoga-méditation proposé par son entreprise « Méditer me permet tre plus au clair avee ‘mes intentions en termes de stratégie, plus Madame Guyon, méditer pour contacter Dieu ‘eanne-Marie Bouvier de a Motte, alias S'apparentant 8 dela méeltation, Mais 2 «Madame Guyon> (1648-1717), est Fépoque ce Louis XIV, ol Eglise et pouvoir une grande mystique du nw’ siécle. Veuve & se confondent, ecrire son rapport personne! 2B ans, elle préfére faventure sprituele avec la foi est un pari risqué, surtout pour ‘au remariage, et choisit de se laisserhabiter une femme. Ses ouvrages seront mis in- ‘et mouvoir parla volonté de Dieu comme dex et elle fera quelques séjours en prison, ‘cun petit poisson dans lamer». Elle est Elle formera néanmoins des disciples catho- ‘auteur du «Moyen court», quienseigne la liques et protestants ~ dans la plus grande priére selon une conception contemplative

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