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IS Dans fes hopitaux francais; les médecins I'utilt m1
Mod ue etc ed oe
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‘Connaissez-vous la méditation?
Ensemble
oma Fees
‘m0 207
Ou 68% | 61% | TI%
‘Non | 32% | 39% | 29% |
Pour vous la méditation c'est..?
Unoutiide
loppement
4 se Dossier: ni
Ear =e Fregerika Van Ingen et Marie Lescroart
ru la me wit fondément da
Meio Sent ujourd’hui,la méditationconnaitfondément dans sa
Impossible vers plus de séréni
chiffrer,car aucun organisme — compréhension di
6 «ame, mais aussi et surtout. plus de compas-
sion et d'altruisme! Cest fa un des aspects
Fes de la société, ycomprisen _ étonnants de la méditation :elle semble offrir
ce. Ilya bien sir la méditation rel & chacun des réponses & ses pi
icon 13% | 16% | 119
Lavez-vous déja pratiquée?
Ensemble Hommes
Non 10% 61%
“Ou 20% 7 19% | 219% Spital, dans P'armée, les prisons,
i... Etce n'est que le début. Car,depuis Kabat-Zinn, quia mis au point une pratique
tune vingtaine d’années, les recht appliquée la médecine. «Il ne ‘agit pas de
sujet ont mis en évide ddevenir quelqu’un autre, de manipuler son
bientaits psych cerveau ou de s’élever, mais de reconnaitre
étude du cerveau «en a en soi la dimension profonde de notre hu
tre méme que cette prat manité.» Un vrai reméde a la souffrance,
qualifige de contemplative, le modifie pro- _affirme le biologiste et moine bouddhiste
quét réalsée du 26 au 30 octobre 2012,
auprts de lecture de Ga mvintressepete
Plus d'infos sure sujet
avec France Info
IR «ou comscende,
ar Pesca Le Guern mara
a B janvier 84h19 16h
1 Onzs avec Ga mtrsse
Matthieu Ricard : «Chacun d'entre nous
dispose du potentiel nécessaire pour Saffran-
ir des 6tats mentaux qui entretiennent nos
souffrances et celle des autres, pour trouver
i paix intérieure et pour contribuer au bien
des étres. La méditation nous y aide.» Mais
de quoi s'agit-il exactement? « L'expérience
2 plus proche de la méditation dont nous
posons en Occident est... la poésie,résume
ie philosophe Fabrice Midal. Un podte re-
re le monde sans préconception, en étant
avert Ace qui est. La méditation aussi nous
prend 2 entrer & chaque fois & neuf dans
prévent, comme pour la premizre fois.»
Elle nous invite ainsi a changer, sice n'est le
monde, au moins le regard que nous portons
sur lui,en le débarrassant de nos préjugés.
Pourquoi cette pratique
fait-elle tant parler d'elle?
IEA tte est te contraire de la société de consommation
=~
2
? A
‘ANDRE COMTE=
SPONVILLE,
Bhilosoote. De
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(4, Abin Miche
ATM etic est cré
y
MATTHIEU
RICARD, mone
Doudohist,
Diolonise,
auteur de Yart
‘ela méataton,
Ni édtions.
Laméditation ne répond pas
‘un besoin, mais & un dési. Dé-
sir de paix, de simpicté, kinté-
riorté, de spirtualté. Sice
désir est plus fort aujourd'hui,
est sans doute que notre vie
est plus agitée, plus compliquée,
plus extérieure, plus superf-
Cielle que jamais. Nous vivons
dans une société de consomma:
tion, qui est aussi une société
du spectacie et de a vitesse
Laméditation, c'est & peu prés
le contraire: une fagon etre
lut6t que avoir, une école
Notre qualité de vie est
‘déterminée parla facon dont
notre esprit traduit le monde
‘extérieur en monde intérieu.
‘On peut étre misérable alors
‘qu'on a «tout pour étre heu-
eux», ou parfaitement serein
dans des conditions adverses.
Inspirée du bouddhisme, a
_mécitation peut étre pratiquée
cde maniére séculire, comme
est actuellement le cas en
Occident. Ele peut aussi nous
‘engager sur un chemin de
transformation vers un état
étre optimal od on sest
du dépoullement, de lalenteur,
de limmobilté...La France sem
ble redécouvrir fa méditation un
‘eu plus tard que les Etats-Unis,
peut-étre parce que ce pays
rassemble des individus venant
‘du monde entier, vraisembiable-
‘ment plus ouverts que nous
‘aux cultures extra-européennes,
spécialement asiatiques. Mais
la mésitation, dans son geste
inaugural, remonte au Bouddha,
ily a quelque vingt-cing siéces..
Alors, quelques décennies de
plus ou de moins!”
lisée par la science
débarrassé des poisons men-
taux que sont lahaine, les désirs
vains et obsédants, la rumina-
ton. pour atteindre la paix et
lalibert8 intérieure. A notre
<époque oii fon est souvent vic~
time du stress, fexercice de
la meécitation peut nous aider
8 trouver un équlibre émotion-
‘nel Bienvenu, Elle es, de plus,
crédibiisée auprés des plus
sceptiques par des études
scientifiques menées depuis
des années, qui démontrent ses
effets positfs sur la santé
physique et mentale.""
BA tte compense les carences de notre société
‘CHRISTOPHE
ANDRE, psp
chiate,ateur
e Sérénte
25histores
‘téquite ite
‘er 64. Ole
cob
Lamode de ta mécitation relove
un phénoméne de compensa
tion de carences : nous vivons
dans un environnement de plus
enplus bruyant et agité, ol on
est sans cesse interrompu. A tel
Point que, pour beaucoup, i est
dificile de se centrer sur une
‘téche, ou méme sur la personne
‘ui leur fait face, sans regarder
les textos qu arrivent sur leur
portable ou méme sans répon-
dre chaque appel! Cette ca
rence de continuité psychologt
(que, cintérorisation, est 3a
soufce d'une souftrance psychi-
‘que, car il ‘agit de besoins hu-
‘mains fondamentaux. Orla méd-
tation nous aide & savourer
existence. Non seulement parce
quelle nous rend davantage
‘capables de ne pas nous noyer
dans nos ruminations, que nous
identitions plus vite, mais aussi
parce quiele nous aide 8 mieux
_apprécier les bons moments, aux:
‘ques elle nous rend plus profon-
dément présents. Finalement,
elle nous permet de vivre &no-
tre époque agitée sans y laisser
trop de piumes. Elle adonc de
beaux jours devant elle.""fae 8 Otel
Sept vertus démontrées
par les scientifiques
Depuis une vingtaine
dannées, les neurosciences
dites «contemplatives»
6tudient les effets de la médi-
tation sur le cerveau.
ichard Davidson est un chercheur
respecté. Son laboratoire d'imagerie
cérébrale Université du Wiscon-
sina accueil des
thiew Ricard et le dal
du Laboratoire de neurosciences de Lyon, a
travaillé dix ans dans son équipe : «Nous
avons étudi les bases neuronales des prat
{ques méditatives leur impact sur le cerveau
et le comportement, ainsi que sur le dévelop-
ppement des circuits neuronaux liés& atten-
tion, 2 la régulation des Emotions voire la
conscience.» Ce rapprochement entre science
cet méditation remonte 1983, quand le Fran-
sais Francisco Varela, pionnier des sciences
ognitves rencontre le dala-ama. Il fondent
alors aux Etats-Unis Institut Mind and Life,
un forum changes entre méditants et cher
cheurs Un dialogue fructueux: «En 2010 i
¥ a eu 350 publications scientifiques sur les
effets de la méditation, se réjouit Matthieu
Ricard. Et, en avril 2012, 700 chercheurs
étaient réunis au premier Symposium inter
national sur la recherche en sciences contem:
platives a Denver.» Florilége des résultats.
PLUS DE CONCENTRATION
Soumis a une tache répétitive demandant
une attention soutenue, des personnes ayant
pratiqué la méditation $ heures par jour pen-
A LA SOURCE
dant 3 mois se concentrent mieux et de ma-
nigre plus constante que des non-méditants.
«Cela se vérifie ala fois au niveau compor-
temental et au niveau cérébral»,ajoute An-
toine Lutz, coauteur de ces travaux avec Da-
vidson. Ils ont aussi comparé trois groupes
des «experts» totalisant 44.000 heures de
pratique, des «confirmés» (19 000 heures),ct
des débutants.Lors d'un exercice visant& fo-
caliser attention, 'activité des régions qui y
sont liges état plus intense chez les confirmés
{que chez les débutants Mais elle baissait chez
les experts : «Cela s'observe dans d'autres
domaines d'apprentissage, explique Antoine
Lutz. Aprés un entrainement intensif, la per-
sonne ne fournit presque plus d’effort pour
focaliser son attention. Nos travaux montrent
aussi que la pratique permet &'attention de
ne pas reste “collée” sur un événement. Elle
reste disponible pour tout ce qui peut surve-
nir dans le lux de la conscience.»
MOINS DE STRESS
Plusicurs études ont montré lefficacité du
programme de réduction du stress basé sur
Ta pleine conscience (MBSR, lie lentretien
.59),non seulement sur le stress, mais aussi
Panxiété et leurs manifestations (perte de
sommeil irritablité..). Mieux, Antoine Lutz
et ses collégues ont démontré un effet bien
supérieursur la régulation de inflammation
induite par le stress qu'un programme antis:
tress utilisé aux Etats-Unis, fondé; ui, sur le
sport et la musicothérapie. Selon des cher
cheurs de Harvard, qui ont comparé des
néophytes des méditants pratiquant depuis
9/ans en moyenne; la méditation iraitjusqu’a
inhiber Yexpression de plus de 2.000 genes
Tigs au stress (responsables d'inflammations,
Bouddha, méditer pour voir la réalité
iddartha Gautama, ui vécut environ _tait avant Bouddha, mais consistait essen
500 ans avant notre ére, est leis 'un _tiellement & rechercher fapaisement ou
‘oj indien. Son pere voulait qui prenne sa__le calme. Pour li “est une impasse, voire
suite, mas se sentit emprisonné et sen _un enfermement. Avec lui la méitation
{uit du palais. Pendant des années, ilcher-__prend un tournant décisit: elle consiste 8
‘cha a solution au probléme de ia douleur et abandonner tout object, entreren rapport
‘de a mort, en pratiquant des ascéses trés_& la réalitéet voir plus clairement. C'est
‘austéres. Contrairement &ce quon croit cette pratique qui le conduit" «éveil», qui
souvent, la pratique de la méditation exis: lui donna son nom, Boudaha, «'évellé»,
are
Cr
aes
poner vi
Tabor
cn eae
Poo
Peer a
tune aptitude singuliére aré-
ee
de production de cortisol...) Mais méme chez
Jes débutants une fois entainés.on note une
diminution de Vexpression de ces genes!
UNE MEILLEURE SANTE
En 2003, une équipe de chercheurs (dont
Davidson et Kabat-Zinn) a vacciné contre la
srippe des personnes ayant suiv le programme
MBSR et d'autres quine Vont pas suivi. Apres
le vacein, le systéme immunitaire des mé:
tants avait mieux réagi. Sure meu, une étude
américaine publige en 2009 montre que 15.
20minutes de méditation par jour peut rédh
le taux d'accident cardiaque de 47% apres
5 ans dans une population a risque. Une autre
étude sur des adolescents prouve que deux
séances quotidiennes de 15 minutes font
baisser hypertension... et que leurs résultats
scolairessont meilleurs! Enfin, au moins cing
études révélent que méditer diminue le risque
de rechute chez des dépressifs autant qu'un
traitement antidépresseur.
'UN CERVEAU REMODELE
Une étude conduite a Phopital général du
Massachusetts et publige en 2011 a montré
‘que des changements surviennent apres 8 se
maines d'entrainement a la méditation. La
concentration et I’épaisseur de substance
‘rise augmentent dans Phippocampe gauche,
lig a Papprentissage et au contréle des émo-
tions, ainsi que dans des zones associées la
Perception sensorielle, la régulation émo-ionnelle et cognitive et & la production de
seurotransmetteurs qui jouent sur rhumeur.
LA DOULEUR APPRIVOISEE
Dans une récente étude menée a Puniver.
sité de Madison, les chercheurs ont comparé,
magerie cérébral, la réaction de méditants
confirmés (plus de 10 000 heures de pratique)
etde débutants Puis sles ont soumis,en état
de méditation, une douleur intense et répé-
sée: une brdlure sans effet, mais & la limite
du supportable. Les deux groupes ont percu
2 douleur avec ia méme acuité,maiselle était
‘moins désagréable pour les méditants experts.
Au cours de la méditation, le pratiquant
cexpérimenté observe la douleur sans Pinter
per Tignorer la rejeter oul crane, dans
un 6tat de pleine conscience sereine », ra
Matthieu Ricard, qui a participé & l'exps
rience. Limagerie cérébrale révele que, chez
ces «confirmés» les réseaux neuronaux im-
pliqués dans "'anxiété s'activent moins avant
lestimulus.et que les régions du cerveau liges
au ressenti de la douleur reviennent plus vite
Alanormale apres.
ETRE MEILLEUR AVEC SO!
ET LES AUTRES
Chez des méditants expérimentés, ’équipe
de Davidson a montré une suractivité de la
zone du cerveau lige aux émotions «altruis-
tes». Ainsi qu'une moindre activation de
Famygdale, associée & la colére et la peur.
La méme équipe a soumis es enfants d'une
maternelle d'un quartier défavorisé de Ma-
dison 8 10 semaines d’entrainement &la mé-
ditation.Insttuteurs et parents ont remarqué
une augmentation nette des comportements
« LA POSTURE, UNE ATTITUDE
‘AU MONDE
Assis sur une chaise ou en talleur sur un
‘coussin, yeux mi-clos ou fermés, mains sur les
‘cuisses.. les indications varient selon les éco-
les et les possibilités de chacun. Lessentiel
est d’étre confortable, dos et nuque droits
‘mais pas rigides,sans appui, dans une attitude
«digne ». Carla posture refléte notre attitude
au monde : «se redresser, c'est tre intéressé
par ce qui se passe», note Fabrice Midal.
A LA SOURCE.
>LE SOUFFLE, UNE ANCRE
FACE AUX TEMPETES
Se reer au soutile, c'est la base de toute
‘éditation. I suffit de porter son attention
sur inspiration, pus sur expiration, tains
de suite sans les modifier. Toujours en mou-
vement, le souffle nous fait ressentir notre
corps vivant. lest une ancre, parce quil est
toujours la et que nous pouvons a tout mo-
iment, face & toutes les situations stressantes
‘non, nous rlir a lui, Avec la pratique, on
ne observe plus de 'extérieur on fiit par
ne faire qu'un avec li « Alor la respiration
devient une voie privilege de communica
tion avee tout ce qu'il y a en nous et autour
<ée nous, explique Christophe André
>LES SENSATIONS, LE CCEUR
DE LA PRATIQUE.
Dans|e silence apparent de la méditation,
les sens sont en éveil et pergoivent tout, en
soi comme & I'extérieur : sons, points de
contact avec le sol, démangeaisons. douleurs,
sentiment de détente ou, au contraire, aga-
cement, impatience... Tous les événements,
Quis surgissent pendant la pratique ou qu'ils
soient antérieurs,laissent dans notre corps
des traces parfois discrétes : boule dans la
gorge lige & une colere,nceud dans le ventre
gui révéle une inquiétude... Ou alors, ils
éveillent des pensées :«I'ai envie de me grat
ter.de bouger, de téléphoner a quelqu'un, ou
d'en finir et de passer & autre chose...» La
‘méditation nous permet d’observer ces se
jons et ces réflexes machinaux, de savoir
les reconnaitre. Lintérét? Apprendre a tra-
vailler avec toutes les situations possibles.
«Ainsi, une tension dans le corps n'est pas
foreément un probléme. L'idée n'est pas
Evagre le Pontique, méditer a l'antique
6 dans la province du Pont, au nord de repos de ame. Pour cela, Evagre encourage
actuelle Turquie, Evagre (346-399) est les croyants & «renoncer & tout pour obtenir
un des fondateurs de hésychasme (du _le tout» en se rendant, seul, dans le désert,
‘grec hesychia; mmobilté, repos silence). pour prier.On ll doit aussi c'avoir identiié
Cette pratique spirituele mystique, aujour- 8 «maladies de me, quila dévient de
«hui surtout connue chez les orthodoxes, son désir du bien, qui rest autre que Dieu,
Consiste en une prie silencieuse invoquant _ et sont done «autant dobstacles ala vie
lenom de Jésus au rythme dela respiration. spirituelle authentique» Cette liste est &
Elle vise &rechercherlecalme intérieur le Yorigine des 7 péchés capitaux.
d'étre confortable, mais de faire face & tout
ce qui vient, explique Fabrice Midal, Sila
méditation n’était qu’une sorte d'oasis et de
bulle,ca n'aurait pas beaucoup d'intérét. Car
notre Vie est traversée de moments difficiles,
auxquels nous saurons nous confronter plus
sereinement.» Autre intérét : découvrir que
les expériences sensorielles sont plus vastes
ue nous ne le croyons. «Quand on entend
tun son, on a tendance a ’étiqueter :agréable
‘ou désagréable, proche, lointain, conn, it
connu... Mais on peut aussi revenir a 'expé.
rience du son en Iui-méme, et voir comment
il est plus ample que l’étiquetage qu'on lui
met. On ouvre les portes de la perception
sensorielle.» En pratique, la Mindfulness
‘nous invite, toujours aprés avoir pris la pos
ture et s’étre concentré sur le soutle,& consa-
‘rer des méditations & I'attention aux sons,
ou encore aux sensations douloureuses du
corps, aux émotions, et,
>LES
UNE MATIERE PREMIERE :
Des qu’on sinstalle pour méditer et obser
ver ses pensées, on constate non seulement
qu’elles ne s‘arrétent jamais, mais qu’elles
sont indisciplinées. Matthieu Ricard les com-
Pare, selon la tradition bouddhiste, & une
troupe de singes qui s'agitent sans cesse et
sautent de branche en branche. En pratique,
pour les observer, on se coneentre sur sonsouffle, puis sur son corps tel quill est. un
ssoment, foreément, on part dans ses pensées.
Ce vagabondage de la pensée est normal,
cise Christophe André, Iln'est pas un si
Séchee de la méditation, ni un &
aadésirable & supprimer, C'est un phénomene
Shabituel qu’on loublie, et qu’on finit par
infondre nos pensées avec la réalité.» La
1¢ conscience permet dobserver claire-
ce phénoméne et de s‘entrainer & da-
antage de recul envers le bavardage de
esprit. Cest ce que les psychothérapies co-
jilivesnomment la «défusion :comprendre
ue les pensées ne sont qu'un élément de la
onscience, et non la conscience tout entiére.
Ce n'est pas la méme chose de se dire «ma
est triste» que de se dire «je suis en train
penser que ma vie est triste ». Concréte-
ment, «quand vous étes parti dans vos pen-
ses, vous constatez avec bienveillance, sans
ous juger, et vous revenez, précise Fabrice
Midal. Si vous revenez deux fois dix fois,cent
{ois mille fois.ca ne change rien :la méditation
onsiste& voir la différence entre étre perdu
dans ses pensées et étre en rapport au présent
Cest seulement ¢a.
LES ATTENTES, DES REFLEXES:
ADESAPPRENDRE.
Dans presque tous les domaines de notre
vie,nous sommes habitués &fonctionner avec
objectifs Or la méditation est une aven-
ture intérieure. Les pensées les émotions les
sensations qui jallissent nous apprennent
beaucoup sur notre esprit et sur notre fagon
étre au monde, I faut leur laser de 'es-
pace pour émerger, donc oublier ses attentes
et ses objectifs, ou au moins noter leur pré-
sence, ct les laisser de c6té. «Car il n'y a pas
dde méditation réussie ou ratée »,rappelle Fa-
brrice Midal. Mais alors a quoi sertelle? «A
rien! poursuit le spécialiste, en tout cas au
sens courant de Putilté. Bien sar, la médi
tion procure des bienfaits. Mais viser un ré-
sultat,c’esten restreindre la portée :si vous
étes obsédé parle résultat, vous ne faites plus
Texpérience, C'est comme voir un ami :méme
sila science nous dit que c'est bon pour le
systtme immunitaie et qu'étre isoléa desef-
fets sur le moral et la santé,on ne va pas voir
un ami dans un but utltaire.Ce serait affreux
et les effets ne seraient pas garantis. La mé
ditation, c'est pareil» A Parrivée,néanmoins,
les bienfaits sont la parfois méme assez vite
Notamment un effet de soulagement :«Cest
‘comme une douche de esprit, décrit Fabrice
Midal.Tout est un peu plus frais,nos percep.
tions, nos pensées. Nous faisons la paix avec
ce que nous sommes. Entre autres, la médi-
tation nous délivre dela sensation d’étre mau-
vais au fond de soi Au contraire,nious décou
‘rons ce que les enseignements bouddhistes
appellent un sens de bonté primordiale :c'est
bbon d’étre, de se sentir vivant.»
OU pratiquer?
quelques excep-
tions prés en
France, a pratique de
la méditation, parce
quielle enest issue,
est encore souvent
associée ala culture
religieuse, boud-
ddhique notamment.
Sicela vous rebute,
orientez-vous plutot
vers la «Mindful
ness», terme cui,
fen France, désigne
{a pratique laique
de la mésitation
fondée sur pleine
conscience, importée
des Etats-Unis et
développée par
es psychiatres et
thérapeutes. LAs-
sociation pour le
développement de
la Mindfulness les
fédre un peu par-
tout en France.
Autre lieu créé par
Fabrice Midal, "Ecole
occidentale de
rméditation, & Paris,
présente la pratique
de maniére rigou
reuse, simple et la
ue, tout en la reliant
la poésie et la phi
losophie. D'autres
Vieux proposent des
initiations ou des
retraites pour prati-
{quer tout en décou-
vrant ia tradition
bouddhiste (par
exemple, étude de
texte surla nature de
la soutfrance, tim
permanence des
choses et des étres,
etc.) Des pratiques.
de méditation chré=
tiennes commencent
6qalement a se
‘évelopper. Pour
commencer, faire une
retraite peut aider
{se plonger dans la
pratique et la rendre
plus facile suivre
‘ensuite au quotidien.
‘Comme pour toute
pratique, méfiez~
Vous des attitudes
sectaires, notam-
ment des eux ol se
pratique le culte de
la personnalté, olla
photo du maftre
trone dans chaque
piéce. Quant ras:
pect religieux, a cha
ccun de sentir 'l lui
convient ou pas. De
méme, des rituels
pratiqués avant et
aprés une méditation
peuvent semblerim-
Portants & certains,
as a dautres. Quoi
auilen soit, il faut
garder &tesprit que
les aspects culturels
et religieux ne sont
as du tout indispen-
sables 8la pratique.
Enfin, depuis peu,
es spéciaistes ont
‘enregistré des CD &
écouter chez sol, ce
qui fonctionne trés
bien (lire nos rété-
Tences p.65). Que ce
seit pour une initia~
tion ou pour une pre
tique réguliére. on y
retrouve son instruc
teur «personnel, au
moment qui nous
‘convient. Cependant,
tous les ratiquants
le disent:rien ne
remplace, de temps &
‘autre, une pratique
collective, qui est
toujours plus intense,
aiques
wwassociation-ming
fulness.org/ wwwecole
‘occidentale meditation,
com/
Boudehistes
wan.zen-occidental,
‘net/éana-sangha.cra/
festa ttn htt:
vilagedespruniers.net/
Chrétiones :
htt ://wwt
thakoumassorimedi
tation pene
conscience!
DES ADRESSESes EN COUVERTUR
Comment fa méditation
conguiert la
Aprés 'hépital, la pratique
montre aussi ses bienfaits
auprés des éléves, des tra-
vailleurs, des prisonniers et
dans la vie familiale.
“ ujourd hui, plus de 750 hopitaux et
cliniques dans le monde utilisent
les protocoles de méditation MBSR
et MBCT pour soigner », note Mat
thiew Ricard. En France, les médecins s'y
mettent aussi. Comme Christophe André,qui
dis 2008 a proposé la MBCT aux patients en
rémission dépressive ou anxieuse, a hpital
Sainte-Anne 3 Paris « Pour le moment, nous
sommes peu nombreux & lutiliser & Sainte-
Anne, confie-til, mais de plus en plus d’ho-
pitaux s'y mettent.» Dans le service de rhu:
matologie de 'hopital de Hautepierre, &
Strasbourg, Jean-Gérard Bloch, médecin
thumatologue, propose depuis 3 ans des
groupes de MBSR aux patients et aux soi-
gnants. «Pratiquant la méditation depuis
15 ans, j'ai découvert le protocole de Jon
Kabat-Zinn en 2008, Cela répondait & mon
souhait de partager cette pratique, et de pro-
Poser aux patients une médecine participative,
Pour explorer les ressorts de leur soufirance,
ct apprendre par rexpérience. Avecla MBSR,
‘eux qui souffrent de problemes lombaires
ou cervicaux, de polyarthrite rhumatoide,
arthrose, apprennent a tourner leur atten-
tion vers la douleur, au lieu de la fur, Ils dé-
couvrent toutes les couches de jugement,
apprehension, de fatigue pyychique qui la
recouvrent, et qui la rendent en fait plus pé-
A LA SOURCE
nible. Certains me disent qu'avant ils n'étaient
que douleur,et que maintenant, ilss‘ouvrent
au reste de leur existence, dans laquelle, bien
sii, il reste de belles choses!». Avec des col:
1es le Dr Bloch a cré le premier diplome
universitaire frangais «Méditation et Neu:
rosciences» 4 'université de Strasbourg. Dés
septembre 2013 il proposera aux médecins,
psychologues et chercheurs, d’apprendre la
MBSR. et de se «sensibiliser eux-mémes au
bénéfice quills peuvent en attendre dans la
gestion de leur propre stress et les relations
avec leurs patients et leur équipe»
Méditer conduit a une certaine
forme de performance au travail
Aprés [’hopital, la méditation e
treprise. Chez Google, depuis 2007, un ancien
ingénieur. Chade-Meng Tan, propose aux em-
ployés une formation en 7 semaines, fondée
sur la pleine conscience. Baptisée «Search in-
side yourself» (cherche en toi-méme),clle a
16 suivie par plus d'un millicr d'entre eux!
«La formation rend heureux»,affirme Chade-
Meng Tan dans son livre éponyme, préfacé
par Jon Kabat-Zinn, paru au printemps 2012
aux Etats-Unis et dans 17 pays Liautcur ga.
rantit 4 ceux qui suivent le programme une
augmentation de la créativité et une ameélio-
ration des performances. « Lier la méditation
{tla performance en entreprise ne me choque
pas. confie Laurent Muratet, directeur mar-
keting et communication chez AlterEco. Ce
ceadre de 36 ans pratique la méditation titre
Personnel depuis 15 ans et suit le cours de
‘Yoga-méditation proposé par son entreprise
« Méditer me permet tre plus au clair avee
‘mes intentions en termes de stratégie, plus
Madame Guyon, méditer pour contacter Dieu
‘eanne-Marie Bouvier de a Motte, alias S'apparentant 8 dela méeltation, Mais 2
«Madame Guyon> (1648-1717), est Fépoque ce Louis XIV, ol Eglise et pouvoir
une grande mystique du nw’ siécle. Veuve & se confondent, ecrire son rapport personne!
2B ans, elle préfére faventure sprituele avec la foi est un pari risqué, surtout pour
‘au remariage, et choisit de se laisserhabiter une femme. Ses ouvrages seront mis in-
‘et mouvoir parla volonté de Dieu comme dex et elle fera quelques séjours en prison,
‘cun petit poisson dans lamer». Elle est Elle formera néanmoins des disciples catho-
‘auteur du «Moyen court», quienseigne la liques et protestants ~ dans la plus grande
priére selon une conception contemplative