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DU MEME AUTEUR, LES FONDEMENTS SEMANTIQUES DU DISCOURS NATUREL par ARDIES. LIBRAIRIE 4, VRIN AVANT-PROPOS is contenter d’esquisser quelques dese: notre plan prenait-il acte d'un échec rel nous trouvions alors de procéder d'un bout démarche d’égale exigenc Le raison philosophe, la exe que le simple raisonnement 1ux mémes moyens, il s’appuie aussi sur des re n'a pas besoin. Au cours des années sommes d'une part attaché & des anal pouvaient contribuer & nous fat ‘ment théorique, tandis que nous nous effor profit de recherches logi crées & des formes de raison Dune certaine maniére, de l'ensemble de notre mét contraint de renoncer. Nous vis sans doute prédor stappuyer tre, & la condi pour le contre-courant de la voie syntaxique, disons pour sit mn dont nous serons amené en cours de déve- s origines historiques, pour tenter d’en service des langues plus ou artificielles. Non que nous ayons besoin de recourir & quelque grammaire universelle au sens ob l’entendait Richard Montague ', Le propos de celui-ci était d’embrasser syntaxe et sémantique de toutes les chose que d’illustrer avec Mot suffisant & rendre comp te grammaire envisageable est une toute différente de tenter un inventaire, au demeurant in blement incomplet, des possibilités sémantiques ouvertes aux diverses tournures grammaticales qu'on puisse aussi bien rencontrer dans I langues naturelles que dans les autres. Qt bien entendu qu’ sera pas ici question d’autre forme d’universalité que celle des vé fonctionnalités possibles. Nous avons cru pouvoir yguer cing manitres au moins, vyérifonctionnali Le chapitre 1 donne ainsi une prése tne sorte illustration ou de rappel, de ce qu’on peut considérer comme usage tenant classique et de loin le micux inventorié de la vérifonction- “ormal Philosophy, Collected papers of Richard Montague, edited and ion by Richmond H. Thomason, New Haven and London, Yale 38, 174, p. 222 et sg Ala considération des prédicats dor mémes de nature proposition complétives de 1a grammaire soulevées d'une fagon géné présuppose le jeu d’une pluralité de mondes, lequel 6tranger au niveau précédent. Le chapitre IV déborde la considération des prédicats ou verbes qui se réduisent a la désignatic seuls dont il ait été question jusque-I2 Il essaie de montrer que cer ts ow verbes (entre beaucoup d'autres les verbes d'act préter comme des fo état A cux-mémes, mais I'acte de leur propre énonciat de Ia rationalité propre certaines in: termine par une longue conclusion, problémes précédemment rencontrés et de situer les réponses données ‘au passage relativement aux positions initialemnent prises par Frege. Les analyses contenues dans les différents chapitres, considérées séparément, sont pour la plupart loin de nous étre entigrement person- "autres auteurs que nous mentionnerons al me s'appuie sur des travaux dont nous avions eu faire état dans notre Essai sur la logique des mod. y est mis, plus encore que dans ce livre, sur les ju dhol», 1979, s’en carte aussi considérablement, déja idée fondamentale, plus encore dans les conséquences qu’ essaie d’établir qu proprement sémantique qt Ce livre ne prétend évidemment pas épuiser l'étude de tous les auxquels puissent se préter les difté ce que risquerait de suggérer une que tous les ressorts du raisonnement , ne serait-ce que parce qu’il nous nnalité, si tant les modes du raisonnement déductif, déja relative 1, peuvent tous se réduire & des méme des différents cha sation témoigne de notre effort pour analyser diverses formes de vérifonctionnalité s’articulent entre elles ; de ces ns je raisonnements un peu complexes ; ceux- la plupart du temps un étagement des vérifone sur les autres. Cet & ne peut étre entidrement se exemples le €lémentaires, ceux que d’évoquer dans notre chapitre V, le dernier avant la conclusion, et que pas évoquer avant. Car enfin les propo: comme pour la prot 'échappent pas aux con t précédé, Pour nous en iu verbe ou prédi nme les autres, serons se réfOrent & cet énoneé enfin exprime ce q ees fonctions d'une pluralité d ‘exemples rencont pu l’étre a chacune des étapes précédentes, raison comme des objets tant que nous n’en seror nous aurons: pas: arrivés au dernier niveau d'analyse, {nous arréter& des exemples plus simplex, Ja mobilisation de moyens séma pour ne pas distraire de jus La sémantique ici esquissée de quelaues formes du Jogos et de leur enchatnement ne prétend nullement ré logique du raisonnement, méme si elle e complément une pragmatique de la raison, & laquelle il ne nous arrivera de faire, ici ou 1, que de allusions, mais qui n’est évidemment Pas présentement a ‘On nous a précédemment quelquefbis adressé le reproche e voie entre logique et phénoménolo; marqué de la méme aux données de le son c6té, ne nous e accéde au degré de 12 LES FONDEMENTS SEMANTIC atteindre le devoir se rejoindre et peut-étre se just JES DU DISCOURS NATUREL at od essentialisme et conventionnalisme nous semblent ier l'un par autre. CHAPITRE I LES LIMITES GRAMMATICALES D'UNE APPLICATION ELEMENTAIRE DE LA VERIFONCTIONNALITE Le grec ancien emploie ordinairement le méme mot logos pour désigner dune part le langage ou discours et d’autre part la raison ou justification logique de ce discours, Pour pouvoir exprimer que le Tangage s*ouvre & des possibilités logiques, il faut d'abord admettre que Jangage et logique n'aient pas la méme finalité. Sans vouloir revenir Jonguement & un sujet dont nous avons deja traité ailleurs ', disons implement ici que la Jogique s’attache & éclairer les voies du raison- nement, de la démonstration ou du calcul, tandis que les multiples finalités qu’on assigne au langage ne peuvent elles-mémes se compren- dre sans référence initiale & une finalité élémentaire de communica La confusion greeque, sous un méme mot, de la discours n’était pas sans justification historique. La ci hellénique, depuis ses origines, avait & peu pres totalement surmonté la relative séparation entre langue orale ct langue écrite, qui ne s'était jamais entidrement effacée dans 1a vallée du Nil ou en Mésopotamie. ‘Méme si les écritures propres & ces empires avaient progress réduit Ja part des idéogrammes pour devenir de plus en plus phoné- tiques, identification de la langue écrite & la langue orale ne fut nement réalisée que lorsque les Grecs eurentaffecté & la désignation de leurs voyelles quelques signes que les Sémites avaient antérieurement appliqués a celle de consonnes dont la langue grecque n’avait pas Véquivalent. Avec les demiers idéogrammes disparurent aussi les ison et du 1, Esquisse d'une grammaire pure, Veil p. 253-258, Paris, 1975, of: en particulier le support suffisant de ’arithmétique et de la géométrie grecques. faudra presque attendre le XV sicle pour que le logos mathématique redécouvre les avantages intellectuels des idéogrammes et en réintro- ‘usage dans un syst@me fique dont la réussite de parvenir les €! Si done nous n’oublions pas les con naturel, a reconnaissance de ceite frontire nous paraitra s*imposer et il y aura un sens & prétendre explorer les cheminements logiques propres &telle ou tele forme de langage Les Grees de I"époque classique étaient eux-mémes loin d’étre dupes des conséquences du systéme d’écriture auquel ils avaient accédé. ‘Tandis que leurs n méme pour en avec un succ’s inégal. Sans ine analyse tr8s remarqua logiciens du XIX* sidele se souviendront et pénétrer doute Arist binaires, dont le souvenir se perdra progressivement et dont les auteurs du XIX* sidcle devront cette fois redécouvrir I’6quivalent. En revanche , héritant dans le contexte indo-européen des un type tres pte, dgja 15 esteil que ce n'est qu’a la fin du XIX® siécle que les Gottlob Frege, parvinrent & concevoir exposer bridvement le résultal Toute proposition élémentaire se pré prédicat (auquel correspond & peu pres entre eux le sujer, et, pour les autres, les comp! 5), n tant pris dans l'ensemble infini des nombres entiers naturels & partir de 0 1) 11 pleus, comme tous les verbes dits impersonnels, peut considéré comme un prédicat & 0 argument, méme si nos gram- ‘aires indo-européennes tiennent & marquer par un pronom la place qu'on est tenté de qualifier d’essentiellement vide. 2) Dans Pierre se proméne ou dans Pierre est grand, le prédicat, ‘se prombne ou est grand, appelle un unique argument. Nos ‘grammaires disent que se promener est un verbe intran 3) Dans Pierre aime Marie, le prédicat appelle deux argu- ‘ments ; les grammairiens qualifient ce verbe aimer, qui admet lun sujet et un complément direct 4) Dans Pierre préfere Marie a Suze ‘ois arguments, que les gramm: comme sujet, complément direc ct. Le nombre des arguments d’un prédicat est chaque fois dé: et ne peut varier d'une occurrence & l'autre du méme prédi risquer de Iéser la cohérence du discours, en sorte que, P étant un prédicat, celui-ei ne pourra recevoir par la suite aucun argument = qu’un argument que deux arguments = que trois arguments —etc. selon que j’aurai commeneé par écrire -P -Pa & Pab 16 ‘CHAPITRE 1 issent par tomber dans la portée d'un -on exprimer que a est amoureucx, tout en gardant au verbe aimer sa structure de prédicat & deux arguments: Mexiste quelqu’un que a aime ce qu’on peut formaliser : 3x Aax, ion o¥ A traduit La re mn aime. Nous pourrions de méme dans l'autre cas, ce que nous avons écr aaime x est sans doute un pre un éventuel nom propr désigne la propriété d'etre aime sitions nous disent respectivement 1) la premigre quelle se trouve remplie, est aimé de a, seconde qu'elle es yerselle, en ce sens qu’elle c ‘on adm marque simplemet trouve au moins une application ( le s'applique A tous (quantifica i a reconnaltre & une propriét aimé de a) une prop convenir universelle tablemer nom qui désigne, avait d&ja plus qu’imy langues indo-européennes présupposait qu'on pat toujours définir l'un queleonque des deux a partir de l'autre. Car, dire que tous ont la propriété que P (vx Px) équivaut a dire qu’ il n'existe personne qui n’ait pas cette propriété (-3x-Px) et dire, en revanche, que quelqu'un a la propriété P x Px) revient & dire qu’ il ne se trouve pas que tous st (vx -Px), A partir des prop régles de bonne format! 18 CCHAPITRE 1 des propositions composées, 5 ynnels lusif et symbolisé pat v ié habituellement d’exclusif et symbolisé parw. » alors.... qu'on symbolise par >),1'équivalence (si et seulement parfois abrégé en ssi et symbolisé par =), e représente par p et q de contenant des variables rion encore quantifiée alors eux-mémes que des prédicats, au mém nt des propositions qu’ leurs compo- une fois qu’ils auront été prédicats de celle du langage ordinaire. Rien n’est essentiellement que je dise en frangais Ty aune femme que a aime rive, en notant par F le prédicat monadique est une femme et par A le prédicat dyadique aime : ax (Fx. Aax) te grammaire élémentaire du calcul des prédicats, telle que nous venons de la présenter, offre l'avantage qu'on peut y traduire un certain nombre au moins de propositions, comme celles qu'on rencontre dans les Eléments d’Euclide, Prenons l’exemple du livre V, ‘qu’ Aristote n’a pu ignorer, si du moins I’on accepte I'attribution du APPLICATION ELEMENTAIRE DE LA ivre & Eudoxe de Cni 9 de ce livre V les, et celles auxquelles la sont égales. Cette proposition, si simple s pour qu’on puisse en donner une pouvons sans difficulté exprimer la proportion, premitre chose a a avec une deuxitme chose b l me chose c avec une qual nts. Ce prédicat tétradiq Mabed, Vimportant étant que les quatre places d’arguiner peut arriver que certai Ja notation tra pas, dans le présent égalité entre deux raisons, méme symbole exprimant s’agissait d’un méme prédi pour celui qui admettait ¢ qui n’est pas le cas de I'auteur gre b,e,d, § et G, sont tous éléments du méme ensemble, par exemple celui des nombres réels. Dans ces con: la proposition 9 sous la forme ' : ns, nous pourrons transcrire xyz (Mxzyz> x=y) .Vxyz (Mzxzy > x=y), Comme une abréviation pour « ¥x¥y¥2>, 20 ‘CHAPITRE 1 1) que, dans l'ensemble des grandeurs, la propriété exprimée par Mxzyz > x=y, c"est-A-dire I'égalité de deux grandeurs ayant la méme raison a la ‘méme grandeur, est universelle ; 2) que, dans le méme ensemble, la propriété exprimée par Maxzy > c'est-a-dire ’égalité de deux grandeurs auxquelles Ia méme ‘grandeur a la m&me raison, est universelle. i 2 son tour observer Frege, « je n’entends pas ns impératives, propositions interro- de par les seules propri ques attachent aux connecteurs p16): «die Gesetze des Wahrs APPLICATION LEMENTAIRE, DE LA. VERIFONCTIONN: 1) de considérer la négation ~p vraie si et est faux; 2) de considérer 1a conjone seulement sip est vai et ¢ vrai 3) de considérer 1a disjor C*est-A-dire si gx vaut pour toute valeur de x, d'a toutes les proposi dy, as, etc.) 3xgx> est vrai, c'estadire s'il existe au moins une valeur de x pour laquelle x vaut, de donner & "individu, quelconque, a la condition, bien sar, que ce raisonnement sera intégralement fondé sur la considération de Ia possi- ble vérité ou fausseté de toute proposition composante, relayée par des conventions linguistiques, plus ou moins reprises (nous venons de le voir) par les logiciens au fonds com 2 RE jugements >, Dans l'un etl autre cas il sera re commode de partir du résultat escompté, plus exactement de sa négation, c'est-i- dire de procéder par l'absurde. Dans un cas, on montrera que la Nous ne nous arréterons ici qu’a un seul exemple, caractéristique du second de ces deux cas, Reprenons a cet effet la proposition 9 du nous suffira de considérer la que «les choses qui ont la vxyz (Mxzyz > x=y) Reproduisons d’abord, tel quel, le raisonnement d’Euclide, doi britveté cache, comme il arrive dans la plupart des démonstrations ‘mathématiques, de nombreux, sous-entendus, qu'il nous faudra done rendre explicites En effet que raison ;j deux chases @ et b Ta; done a est égal 8b. acune des deux choses a et b ait ac la méme Sinon, en effet, chacune des raison ac [V-8] ; or elle pose, bien qu’ les grandeurs, a fe vay (Key v x>y vY> x) 190, Jessus, p. 19 APPLICATION ELEMENTAIRE DE LA VERIFONCTIONNALITE 23 (Géfinition 5), données a implicitement que, si xa y la méme raison que zu, alors ni x n'a a y ‘une plus grande raison que zu, ni zn’a dw une plus grande ra Ay, quels que soient x, y, z et u; ce que nous pouvons transcrire, en e (-Sxyzu .-Szuxy)] Enfin ce que aussi le théor’me immédiatement précédet Pénoneé dit notamment que du méme livre V, don de deux grandeurs la plus grande raison que grande @ A une méme grandeur une plus petite ce que nous pouvons écrire : ‘vayz (x> y > Sxzyz), La démonstration par labsurde & lag done de trois prémisses auxquelles 1a proposition qu’ de démontrer vay (xey v x>yv y>x) ‘vxyzu [Mxyzu > (-Sxyzu.-Szuxy)] xyz (x>y > Sxzy2) xyz (Mxzyz. x#y) Pune part pour les deux qu curs de I’implication et de la conjonction®. Mais | priéiés sémantiques des quat ensuite précisées *, permettent de parcourir dessus, p. 17. dessus, p.21. id. 24 CCHAPITRE 1 Chacune delles est ici suivie de la mention, entre crochets, de l’étape précédente ou des étapes précédentes dont elle se déduit ainsi que de Vindication Vv; ou 3, selon qu’elle fait appel & la caractérisation séman- tique que nous avons donnée du quantificateur universel (Vx px) ou du quantificateur existenticl (3x x), indication elle-méme le nombre des appels quand il y en apl (5) Macbe . azb 3x3) asbvasbv boa 2xv jacbe > (~Sacbe. -Sbeac) 4xvt a>b> Sacbe G8) 3xv) (9) b>a > Sbcac B) 3xv Aprés quoi, il nous suffira d’appliquer les propriétés sé seuls connecteurs propositionnels pour aboutir & une contr Macbe| Vavons fait a sa suite, par désigner, par ce qu'il faut bien appeler des constantes (a, b,c), les grandeurs dont l’existence se trouvait affirmée par Ia négation du théoreme ; mais on aura surtout relevé, d'une fagon générale, que le raisonnement se justifie intégralement en termes de fonctions de vérité. APPLICATION ELEMENTAIRE DE LA VERIFONCTIONNALITE 25 Le lecteur qui posséde déja quelques éléments de logique et a, en particulier, quelque familiarité avec ce qu’on nomme la méthode des 1) nos étapes (5), (6), (7). (8) respectif de 3, 2, 4, 3 et 3 opérat chaque fois fait figurer que le demier résu 2) au surplus nous avons laissé tomber = aprés I’étape (6), les deux autres propositions que nous aurions pu encore déduire de la premiére prémisse, tape (7), les 80 autres propo: lente, par élaboration dun arbre, dont les embranchements eussent tous aboutis & une contradiction, Le rapprochement que nous venons de faire entre notre présen- tation strictement sémantique du calcul des prédicats et la classique ‘méthode des arbres a pour but d’établir que 1a premitre peut prétendre étre un équivalent de la seconde, c’est-2-dire en avoir les prop: as d’y procéder aun cours de seulement, parmi ces compléments, la nécessité d' assure’ 1.On peut trouver un excellent exposé, méthode, dans Ia Logique de Bernard Ruyer partie, chapitre V et Deuxitme partie, chapite I 26 CHAPITRE | dont, a cet égard, constituent un certain sous-ensemt caraetéristiques de nos gramm auteurs de la fin du XIX¢ si langues vernaculaires que parce qu’ appauvrie. ‘A ce que nous venons de dire il convient néanmoins d’ajouter une nuance. Le caleul des prédicats en effet considére, nous prédicats a.m arguments et il y nicer, et méme de des expressions pour lesquelles n soit un nombre import la Logique de B. Ruyer, p. 150. 1. Par exemple, [APPLICATION ELEMENTAIRE DE LA VERIFONCTIONNALITE 2 principalement const is rendre compte que, par ceuropéennes, si les prédicats & ment représentés, en revanche les prédic beaucoup plus rares, mis & part ceux qui amenés 2 introduire pou igence ordinaire, qu fait que nos langues ne comportent que des prédicats dont le nombre des arguments soit peu élevé. la grammaire du incluse dans ‘Nous n'avons cepend: calcul des prédicats du arguments des prédicc ce qu’Aristote appelait des « les il reconnaissait «dgja dans son em niveau caractéristique de propositions comme Jacques ressemble & Henri Pierre est le pare de Jean ou, pour choisir cette fois un sujet historique Jean XX1 est identique d Pierre d’Espagne, arrive aussi de prendre par exemple les re 28 CCHAPITRE 1 (ou la similirude) est réflexive, symétrique et tr beaucoup moins étrangéxre au calcul des prédicats du premier ordre lui-méme que nous ne venons apparemment de le zgérer. Car enfin nous avions interprété la quantifi tonnant que les exemples que nous venons de ns énongant en langue vernaculaire des pro- lement irréflexive, Wx ~Pxx it symétrique, Vxy (Ixy > lyx) ique, Vay (Pxy 3-Pyx) Ixy yz) atx] calcul des prédicats du premier ordre ne pourrait cet suivre et de nor ser A leur tour les est réflexive, est irrflexive, est ique, etc., pour Enoncer les peut aussi reconnaitre & la réflex la symetrie ; ce qu’on fait dja, par exemple, en théo rons, lorsqu’on nonce le théoréme selon lequel APPLICATION ELEMENTAIRE DE.LA VERIFONCTIONNALITE 29) YE [vy (fay > ~fyx) 3 x ~fox] le progression dans considérés, est commune au langage ordinaire et & la logique. La seule différence quill y ait ici entre les deux est que le langage ordinaire pra abondamment, mais ne maitrise absolume quill en use et abuse. C’est pour acquérir sion, maftrise sans lagu sortes dl comme le montraient déja les Grecs, que diverses formes de théorie des types, lesquelles nature des divers prédicats ut s’accommoder des paradoxes (au sens fort et une langue vouée ala seule communica va jusqu’a les rencontrer. ler de non seulement exprimer par exemple les propriétés de c relations, mais opérer & leur sujet des dém dure qui reste vérifonctionn: sur exemple de la propos Liidentité est symétrique que nous n’aurions que trop tendance & considérer comme une sorte ors qu’elle se laisse discursivement n sémantique mest éviderament possible e que nous entendons par ces exprimer I’égalité de deux grandeurs généralement di autre nous empéche de le réutiliser pour exprimer la notion évidem- nt plus forte d’identité, En outre, comme nous allons avoir affaire dune part A des prédicats d’individus, 4’ CHAPITRE 1 \guer les seconds des premiers en les ‘Au surplus, il nous faudra désor- parmi tous ces prédicats, des constantes, auxquelles par le fait que tout prédicat applicable & ‘autre, ce que nous pouvons écrire: lab = vf (ath) Parmi les prédicats monadiques auxquels renvoie ici Ia variable f, il faut aussi compter ceux que I’on obtient a partir de prédic ‘mais par toutes les relations et fonctions dai impliqué. naftre d’existence qu’aux monades, sans relation direct autres, chacune les unes aux int une sorte de lieu géométrique de ses attributs, APPLICATION BLEMENTAIRE DE LA VERIFONCT renvoie, 2 la différence de ce qui semble se passer pour Leibi les prédicats monadiques possibles simples ou composés Vuniversalité de la propriété exprimée par « Fx». Si prendre garde que, dans la phrase que nous Yenons a universalité n’a pas le méme sens dans ses deux empl salité de «Fx» signifiait que cette propriété s'appliqual place vide marquée par la notre transcription du théoréme selon lequel I’asymétrie entraine 1 qu’on le trouve dans le langage 0 beaucoup trop fruste pour nous metire entitrement & confusions. d'appliquer & Videntité, nous reprendrons sa définition classique que nous avons 6voquée : Sal vay (xy > Ty laquelle, combinée avec la définition elle-méme de I'identité, donne la formule suivante, don vay [ve (x3 fy) 2 Vf (fy af jons que nous venons de développer bien que nous leur ayons laissé la mi sur des variables d’i fois sur des variables de }ous ne nous sommes nulle- 1, Of JeL. Gardies, «La ‘Theoria, Segunda Epoca, Afio V, 0° ce CCHAPITRE 1 pas les adjectifs indéfi ‘aussi aux propriétés ut et quelque seulement aux individus, mais mms. Nous pourrons caractériser les ant usage logique de ces quantifi- cateurs des variables de prédicats de manitre analogue 3 celle dont .vions fait pour I’usage des quantificateurs des variables d’indi- vvidus ': of 6tant une expression ob apparaft la variable de prédicat fs 1) si VE of est vrai, c'est-2-dire si pf est vrai pour toute valeur de f, nous pouvons admettre la vérité de toutes les expressions QF, 9G, oH, etc., F, G, H étant des constantes de prédicats sim- ples ou composés de méme ordre que Ia variable de prédicat f, 2) si af gfestv ire s'il existe au moins un prédicat f pour lequel pf nous pouvons le désigner par une constante renvoyant & un prédicat du méme ordre, 81a condition as dgjn composée et fe dans un contexte fe constante que parce que nous savons qu'un at répondant & de telles conditions existe, ‘nous étions précédemment convenus, {qu'on aura fait appel & la caractérisation sémantique du quantificateur universel (Vf of) ou de L'existentiel (fpf) concernant une variable de prédicat aay [vE (Be > fy) .3f (fy.-f0)] VE (fa fb) .3f (fb .-fa) 2x ay Vf (fa> fb) a (4) 3E (fb .~fa) a Fb.-Fa a) 3 ® is] 1. Gf, Ciedessus, p. 21 APPLICATION ELEMENTAIRE DE LA VERIFONCTIONNALITE 33 (7) -Fa (8) -Fa>-Fb (9) [-F] a On observera que la contradiction ici a été obtenue par app! "tape (@), de Ia rogle V2, ~F étant ce que nous avions appelé une cons tante de prédicat composé. ‘Cet exemple nous suffira pour montrer qu'il ne semble pas y avoir de différence fondamentale entre la grammaire du calcul des prédicats Sargi au-delA du premier ordre et la grammaire de nos langues vers: culaites, & cette réserve pr’s que l'adaptation de la premiére de ces sgrammaires aux nécessités du oblige & une rigueur, dans la xvefinition et usage de ses s¢gles, dont on ne trouve aucun équivalent ans la seconde, Cotte différence, quant la rigueur, est particulidrement évi ‘considére certains termes du vocabulaire de nos langues verna- sure de prédi Sans doute, quand nous disons d'un obj on retrouve I’équivalent dans 1a dividu, qu'on peut us désignons qui ale ddus dont nous disons qurils sont bleus ou rouges. Ainsi n’aurions-n0us aucune hésitation & déduire de la conjonction des deux prémisses + Cet objet est rouge Le rouge est une couleur 34 CCHAPETRE 1 Cet objet est coloré etre srs dav déduire des deux prémisses: Pierre est courageux Pierre est ve et que cet Vindividu la concl rageux (9) VE (fa3-Vot) (4) Fa>-VoF Ve (8). Si au con- dire que le sujet en question a dire toute propriété dont on dit qu’elle est une traire, not prédicat est les vertus, c'est VE (Vaf > fa), la seconde des inférences que nous pourrions valider, les trois, pes de notre procédure posant respectivern négation de la conclusion APPLICATION ELEMENTAIRE DE LA VERIFONCTIONNALITE 35 (y vf Wat >fa) (2) VaF (9) EF (4) VaF >Fa a vi (5) [Fal [2,4] En revanche, si, entre nous avions croisé les défi n’aurions pu valider ni (Fa. VoF)>Vf (V2f>fa) ct pour la seconde : {af (fa. V2f) VF) 9Fa. Admettons en effet préalablement que le et que la modestie soit une vertu (V2G). In, que Pie courageux (-Fa), mais en revanche qu deux conjoints de l’antécédent est vrai; pui bien une vertu, celle de modestie, et que, d une vertu, tandis qui Peut-étre pensera:t-on que nous nous sommes donn: ‘mal, aussi bien pour justifier deux inférences dont la rop évidente, de deux du langage appuyer pour autant des prét possibles de ses expressions. Le langage naturel se meut souvent indéterming, en deg ou au-dela de Ja dist jon du v1 36 CCHAPITRE 1 logis avoir un sens (Si ientifique et, éminemment Uiques grees. Nous voulions done aussi proposer quelque: mineures de la manidre dont procedent, au quoti int généralement les résultats se présentent & nous trop Loneus me eee par exemple en ceuvre la re de frate) & nous suggéré par une autre gique ou sociologique. En réalité, il y a bien quelque chose, mais c'est tout autre chose, qui nous est suggéré par I’expérience ou la conven- tion : c'est, plus fondamentalement, lunicité, pour tout un chacun, de ce la référence du nom « je» ? le seul auteur des Chiméres? ou cel le potme au moment od il le récite ? évidemment non. Et Ponetwation, en sorte que sa phrase acquitre une référence des propositions qu'abolit la multipliité construction es sens pos nous pouvons considérer la relation de fraternit Que si I’on met sous ce terme de fraterni la consanguine, c’est-d-dire si la frate largement, qu'ls ont méme pre ou méme mére (au moins indication, du sexe du pret terme de la relation. Pour étre complet, nous aurions di transcrire « a cst frere de b» sous la forme Ma_.3x (Gxa.Gxb), ian! évidemment ie «a est de sexe mase in», Mais, en chaque fois de situer nement la vérité d’expérience ou la surtout montrer qu'il n'y @ pas sur ce point de fossé entre la logique mise en ceuvre pat le calcul des prédicats et celle qui s’exprime par le canal de nos langues vernaculaires, & cette réserve prés que la premi¢re 38 CHAPITRE | pas distinguable de la logique que le moderne calcul des prédicats s'est chargé d’expliciter. A cet égard, nous n’avons aucune raison de penser le contraire, & la condition bien sir de ne pas assimiler ple réduction de toutes les formes de support que la langue vernaculaire au seul calcul ‘méme du premier ordre, e dans le langage indéniablement plus riches que celles du calcul est d’abord parce que ce demnier, mise & part sa possi- \dmettre des prédicats dont le idérable (possibilité dont il faut recon- n'abusent pas), ne fait appel qu’a une gram- que celle des langues vernaculaires. Car beaucoup plus pi enfin les foncteurs cons de deux sortes! 1) des foncteurs 2» argu cats ct qui correspondent & des verbes dans les langues natu- nels (le nombre m, dans la pratique, dépassant rarement 2), qu'on appelle connec- ‘s et qui correspondent dans les langues naturelles & des \ément, & des APPLICATION ELEMENTAIRE DE LA VERIFONCTIONNALITE 39 dace de ses créateurs, qui n'aurai pousser plus loin. C'est, au contraire, parce que la vér avec les moyens dont ils disposaient, ne s’exe dela de ces limites, qu’ils s'y arrétaient d’abord ges ‘Déjaen 1892, dans son article sur « Sens et référence» (« Sinn und Bedeutung » '), Frege avait évoqué existence de foneteurs con de propositions, qui ne fussent ni de simples foncteurs & nominaux ni de simples foncteurs & m arguments proposit trouve par exemple mentionnés dans cet article 1) des foncteurs qui combinent wn argument verbe, avec un argume proposition complétive, directement encore, that clause ; Frege ire que (glauben), étre cor douter se réjouir de ce que (: regretter que (bedauern), espérer que (hoffen), crat (firchten), prétendre que 2) des foncteurs qui combinent deux arguments nominaux, sujet comme dire prier 3) au moins un foncteur combinant un argument nominal & dew arguments propositionnels, conclure que... de ce que (scl sen). propositions const des classiques connecteurs propositionnels ne s entraient en jeu ces fonctours plus complexes. Rappelons l'ex en donnait avec les deux propositions 40 CCHAPITRE 1 Copernic ereyai Copemic erayait resdes plandtes que le mouvement apparent du soleil circulaires, résdiait du mouvement réel dela terre ive soit une proposition fausse dans le premier cas et aloit Frege, ne change rien &I’équivalente de ces deux assertions ; en revanche, ces deux assertions cesse- raient d’étre vraies, contrairement & tous les prifcipes de la vérifonc- ‘on remplagait d’une part la subordonnée fausse de la premire par telle proposition pourtant également fausse, comme la négation de la subordonnée de la seconde, et d’autre part Ia sub donnée vraie de la seconde par telle proposition pourtant également jordonnée de la premigre ie joue plus, disait Frege, pour ce qu'il iscours indirect (ungerade Rede), Voratio obliqua de 1a, encore le subjonc Car, par meme référence construire des ex précédemmi , parmi les foncteurs & deux arguments propositionnels, que le petit nombre des connecteurs qu’on peut obtenir combinatoirement, pour deux propositions composantes, & partir de la table de vérité. ai qu’aver afin que on retrouve le subjoncif. APPLICATION SLEMENTAIRE DE LA VERIFONCTIONNALITE 41 Toutes ces observations, que Frege formulait il y a un sidele, reposent sur le fait qu'on rencontre dans nos langues vernaculaires, plus souvent sous ta forme de verbes, mais aussi de conjonctions ou adverbes, des foncteurs destinés &.con: fois qu'ils auront regu concurremment n arguments 101 arguments propositionnels. Nous qualifions ici de proposi pour les opposer aux arguments proprement nominaux, les arguments qui expriment un fait que, pouvant faire l'objet d'une nominaux, ceux qui figurent dans la colonne de gauche correspondant ‘u nombre m des arguments propositionnels, Nous nous content les premieres cases par quelques exemple: la case ob m =0 et n=0, dans la d'abord observé qu’d mesure que les nombres m nt les cases vides, dont la présenc arréter pour ne pas ajouter indé! plus de mal & en trouver dan sans doute que les systémes ling. probablemen jue une tournure gt maticale correspondant au cas oi’ m>5 peut-8ure observer que, déja pour le cas od m= su trouver un exemple qu’en dehors de toute 1, Of Frege, Begriffschri sprache des reinen Denker Georg Olms, 1964, § 2, pr Frege, Grundgesetze der Georg Olms, 1962, pp. X, Tet 9, 0.3, Vet 2; Frege, Machgelassene Band, Jena, 1893, réédition 2 (CHAPITRE f 3 adil ia | Verbes asepromine | _deselation aprdtrebac | impersonets | “aetrgrand | aestplusgrand que atime b Ter oblgarire est oblige ee quep de ces connec- pratiquement jamais, mais que suggére combin r lable de vérité pour trois propositions composantes. A cela nous aes répondre que nous n’avons besoin, pour notre propos, ité de Vusage de tels foncteurs. Au demeurant, nous avions nous-méme montré, dans une étude précédente', que le ‘ou exclusif des stoiciens ne pouvait s’entendre comme un ou binaire, mais qu'il fallait Pinterpréter comme un ou n-aire (reliant » termes), 1, « Sure GeCeruévov de la logique stoivienne », Logigue et anal 1985, pp. 385-394. APPLICATION ELEMENTAIRE DE LA VERIFONCTIONNALITE 43 Ltusage stoicien ne fait d’ailleurs que reprendre c tiques grecques, oi I’on pouvait écrire ' de deux grandeurs a et b a=boua>bouacb Gvidemment, exclut (ce qu jemnative binaire) composantes utes vraies. Nous on plusieurs Galien, Sextus Empiricus (On remarquera aussi dans notre tableau, par exemple dans I ob m=1 et n=0, que ce qui est fondamentalement le mém: considére comme trés différentes ; et impersonnelle admettant une proposition cot saire que p) ou un adverbe portant ‘au moins deux cases de notre tablea Jes grammaires des langues na certains verbes puissent se sans autre argument que leur su construire avec un complément dobj encore un complément indirect. Ai retrouve-t-il dans deux cases différentes, corr foncteurs weme verbe préfére direct et indirect, de la préférence sont des individus celui ob ces deux objets sont des contenus propos isons aussi remarquer que notre classifi s proposées par les diverses formes de théorie des types. Que le prédicat mis en ceuyre par les propositions que nous avions déja rencontrées Le courage est une vertu Le rouge est une couleur 1, Exemple: Archiméde, Sur les con [Nous aurons &revenir, dans notre conelusio 2. Cisdessus, p. 16. 4a ‘CHAPITRE 1 ) est symétrique idicat de prédicat, n'empéche pas irement vraies ou fausses, que la proposition L'asymétrie entraine lirréflexivité lisant un prédicat de prédicat de prédicat entrera dans la catégorie od! m=0 et n=2, comme les verbes exprimant une relation entre deux i La quantification, & partir du moment oi elle est constitutive d'une proposition ', occupera dans notre tableau la case de la premitre ligne pour laquelle n=1. Commengons par un exemple de quantification portant sur des variables individuelles, comme le definiens de In défini- tion de la symétrie d'une relation. Nous pouvons d’abord, en écrivant vxy (Fay >Fyx), considérer que cette expression énonce que la propriété désignée par « Fxy> FyX» vaut pour tout couple x,y; mais nous pourrions aussi, en décomposant la double quantification Vx vy (Fry 2Fyx), considérer que son moment initial énonce cette fois que la propriété désignée par « vy (Fxy> Fyx)> vaut pour tout individu x. Ainsi, dan: Tune comme dans l'autre interprétation, Ia quantification se présente-t- elle comme un foncteur & unique argument nominal. Si nous conti- nuions par la considération du definiens de la définition de Videntité, pris comme exemple de quantification portant sur une variable de prédicat VE (fa>fb), nous serions conduits & des conclusions analogues, puisque cette expression énonce que la relation «fa>fb » vaut universellement pour toute propriété fdindivida. Ces derniéres remarques appellent peut-étre en complément une mise en garde contre une possible confusion. Un terme comme le rouge ou le courage est un nom, obtenu par nominalisation de ce qui nest pas un nom, mais un prédicat individu (est rouge, est coura- eux); de méme, un terme comme !asymétrie est-l un nom, obtenu 1, Sur cet restriction, of ci-dessus p.38 n.1 APPLICATION fLAIMENETANRH DH LA. VE par nominalisation d'un prédicat de prédi enfin nous ne parlons pas des propriétés dun prédicat de prédicat, ete., sans chaque rnominaliser ; nous le faisons si spontanément qu’a peine en avons-nous conscience '. Une telle nominalisation n'a rien & voir a passe pour un contenu propositionnel prenant place d'argument & Vintérieur d'une autre proposition. Lorsque nous disons, par exer que a préfere se promener que travailler le verbe «préfere» se présente comme un foncteur dont les deux demmiers arguments que a se proméne que a travaille peuvent a la rigueur étre qualifiés de noms, si l'on veut die par 18 qu’ils désignent des contenus propositionnels, ce qu’exprime ici la tournure « que» ou, qu’exprimerait plus explicitement, «le fait que » ‘A la différence de ce qui se passe pour les nominalisations précédentes, la prise en compte de tels faits que ne nous éloigne pas pour autant d premier ordre, méme si certaines tournures d'une langue comme le frangais peuvent induire & une telle confusion, Nous avions renc la resemblance comme exemple de prédicat individu, auxquels nous appliquions la propriété de symeétrie, prédicat de prédicat d’individu En revanche, que a ressemble ab est un état de choses, un fait que, dont il nous est possible de parler sans sortir de la considération des simples prédicats d’individus. Ce qui peut, & cet égard, faire illusion, c'est la possibilité, reconnue dans usage, d’exprimer cet état de choses par une expression comme La ressemblance de a avec b. Pour se dégager de la confusion, il suffit de souligner l’absurdité, le rnon-sens dé grammatical, qu'il y aurait& dire que la ressemblance de a avec b est syméirique 1. Ce qui ne signifie pas que cette n pensera en fin de compte Frege, dont il est elai que nous 1 furons Brevenir sur cette question fondamentale dans noire Conclusion. 2. Ci-destus, pp. 27 ets 46 CHAPETRE 1 absurdité qui montre que des termes cor peuvent contribuer, dans la intentionnels fondamentalement différents, en l'occurrence un fait que que a resemble @ b) dont on peut trés bien parler avec de et un prédicat, sur lequel on ne peut appel, en conséquence, & we celui de resemblance e, & désigner deux objets vay Ruy aay Ruy 1a relation R entre x et y s*interprétant alors: est obligé envers... d.ce que p. Ainsi le fait que ce foncteur entre grammaticalement dans la case de notre tableau od m=1 etn =2 est-il sans pertinence logique, puisqu’on peut le traiter logiquement comme s'il occupait la case od, n restant é che égale 0 torique que Ia logique, me Frege je que I un peu plus tard, les foncteurs constitutifs de propositions, place est dans notre tableau 4 la premidre igne ou la premitre colonne. Ceci résultait d’une décision cons- APPLICATION SLEMENTAIRE DE LA VERIFONCTIONNALITE 47 cciente, dont Frege déja avait donné les raisons, appuyées sur les contre~ cexemples que nous avons cités : 1a vérifonctionnalité ne semblait plus pouvoir jouer au-dela de ces e, considérer qu fondamentale justifica scipline soit réduit au seul fragment de lequel cette premitre analyse semblerait dev le prendre des formes plus complexes que les formes remarquablement simples qui ont es 7 Ces formes plus complexes peuvent-elles ju! franchir les frontitres, apparemment natur rencontrées ? Pouvons-nous, au-dela de ces fron nuisse encore exister d’autres conventions sémar , conventions "autres cheminements ? (CHAPITRE LES ARGUMENTS PROPOSITIONNELS ET LE PROBLEME GENERAL DE LEUR QUANTIFICATION Si'on envisage de prendre en compte des prédicats qui admet des arguments qui ne soient pas exclusivement nominaux, mais qui puissent étre aussi de nature propositionnelle, comme sont les proposi tions complétives de la grammaire classique, jet probléme qui se pose est celui de la signification de jon qu’on pourra appliquer & de tels arguments. acception Ia plus restrictive qu'on puisse accorder & une telle ‘quantification est celle qu’ont proposée notamment certains auteurs de I’Eoole de Varsovie. Déja en effet la protothétique de Lesniewski' une qui d’y obtenir comme théses des expressions qu’on ne peut trouver dans les classiques calcul des propositions et calcul des prédicats ; par exemple la proposition existe une proposition p, telle que p app dont Lukasiewicz justfiait la validité en faisant remarquer que l'usage de la quantification existentielle y signifie que l'expression «p» sera vraie pour quelque valeur substituée & la variable p ; cette interpré- tation revient & admettre I'équivalence suivante : net 1. Cf, Ledniewski, Grundeige “Mathematik, Fondamenta Mathematicae, Warszawa, 1929, t. XIV. No abordé au chapitre 1V du des probléme dont nous traitons dans ce chapitre Entidcementsaisfait de tout ce que nous y écri A considérer que toutes les propositions at allusion se réduisent & deux, qu’ mathématiques qu'un seul théor’- émes ont heureusement la méme valeur us remplagables les uns par les autres, Choisissons comme exemple ur ivre V, qui ne comporte aucun probléme mais ne s 1é que de théorémes, dont on puisse done parler comme de pro} le son cO%é qu’on se donne {P1, Paw Po} qui i double particularité que usage des connecteurs proposit Quel est Je sens que nos coi peuvent ici donner au pronom semble que ce mot puisse recevoir deux acceptions différentes, qu'il faut done soigneusement distinguer. ‘Nous pouvons ’abord convenir que l’expression vp ap équivaut& la conjon 1 .Op2, que la proposition i ie pour chacun des p; de I"ensemble de » proposition: toutes ou ne sont pas toutes vraies. Mais nous pourrions aussi adopter une autre convention, celle ¢ l'expression mais aussi pour toutes les ons engendrées par composition & partir de ces n 52 (CHAPITRE TT validité de la proposi mn «3p p» qui se déd ement de toute tautologie construite & partir de p; ou pj lconques, par exemple « pi v~p;», tam fausseté de «Vp s*établirait par l'absurde, du seul fait qu'on pat en déduire une logie comme «p; . ~pi Quel que soit, de ces deux partis possibles, celui que nous aurions choisi, il nous faudrait évidemment étendre i s que nous les avions évoquées dans notre premier chapi Rappelons ici que ces conventions linguistiques nous paraissaient ouvir s'exprimer par deux régles : 1) la regle qu’on qualifie parfois d’ instantiation universelle autorise & substituer & toute variable lige par un quantificateur universel le nom d'un individu quelconque, aprés suppression de ce quantificateur ; car, que l’expression soit valide pour tout 2, signifie qu’elle est valide pour les indi ‘que désigneront les noms qu’on pour de ce quantificateur ; fe un individu pour lequel l'expression est valide, nous avions vu que je pouvais attribuer un nom & cet individu, & condition que ce nom n’ait pas dgja éé dans le méme contexte, puisque rien ne m’autorise A adn Pour lequel vaut l'expression soit précisément qui ont deja été évoqueés?, Notre souci d’adi tre dans s déductifs des les prédicats puissent avoir, (QUANTIFICATION DES ARGUMENTS PROPOSITIONNELS: 53 dgsignées respectivement jon, en quelque sorte fois aux arguments universelle et existentielle (que nous a\ nombreux raisonnements assez classiques 1) par I"instantiation propositionnelle universel proposition ; ‘ce que nous pourrions écrire sous la forme: {nfere de Ia vérité dune expression, pour quelque proposition p la vérité de expression qu'on obtient en substituant 2 apres suppression du q nouvelle de proposi ‘ce que nous pourrions écrire sous la forme prémisse nous disait qu’ y en a ‘Nous n’avons pas hésité ici a désigner ¥ regles, ce qui ne signifie pas q regoit habit Rappelons qu ce soit d’autre que des conv d'un systéme syntaxique. pas besoin d’exprimer quoi que ues. N’oublions pas ‘au moins deux acceptions 54 inert différentes, selon qu’on inclut ou non dans l'ensemble des propositions envisagées les propositions composées au moyen des connecteurs propositionnels & partir des n propositions initiales. Qu’on choisisse T'une ou Mautre de ces deux conventions, chacune déterminera claire- ‘ment l'ensemble, fini ou infini, de propositions auquel elle s'applique aussi longtemps qu’on se tiendra & l'une ou & sans les confondre Prune avec l'autre, Prenons comme exemple de raisonnement présupposant un tel usage de la quantification propositionnelle, celui qu’ Origene, dans son Contre Ceise', attcibue aux stofciens et qui revient & déduire des deux propositions selon lesquelles nnement renvoie & s, dont coi, que nous désignor la quan- renyoie & un ensemble de propositions, don ions formées par le prédicat x est mort (que nous noterons au prédicat x sait que p (que nous noterons : Sxp), dont le premier argument est nominal et le second propositionnel. On pourra forma- er les différentes étapes du raisonnement, de la fagon suivante, les deux premiéres étapes correspondant aux deux prémisses et la troi- sitme correspondant & la négation de la conclusion du raisonnement par Pabsurde vx vp (Sxp>p) Vx vp (Mx 5-Sxp) [Sam] vp (Sep >p) ol v1 SaMa>Ma ra PU ous paralt important de sevenie sur cet exemple dont nous avions re Essai sur la logique des modalités, pp. 200 et sq. )POSITIONNELS 55 QUANTIFICATION DES ARGUMENTS (6) Ma B51 (7) Vp (Ma >-Sap) Ql vy) (8) Ma >-SaMa a 1PU (o) [-santl (68 sonnement par I'absurde est évidemment centre les étapes (3) et (9) ; usage de IPU est appelé par chacune des deux étapes (6) et (8). Observons ici que ce raisonnement est valide {quelle que soit celle des deux acceptions possibles de la quantification {que nous ayons retenue, puisque nous n’avons pas cu besoin de procé- der & une instant ion composée au moyen de connee- teurs propositionnels. ‘Nous voudrions ici introduire un autre exemple de raisonnement tout aussi irréprochable, qui ait sur le préeédent cet a recourir non seulement a la régle IPU, mais aussi & IPE. 11 proposition conditionneile selon laquelle Si tout ce que quelqu'un croit était vrai, alors monde croit serait vrai proposition dont I'intuition déja semble devoir nous convainere que la vérité de ta subordonné i nous notons la proposition « x croit que p» par «Cxp » pourra s'éerire vp (ax Cxp> p)> Vp(vx Cxp>p) ‘on remplace I’antéoédent par un équivalent, ‘vp x (Cxp> p)> Vp (Wx Cxp>p). Notre raisonnement par Vabsurde comportera les neuf étapes suivantes, dont la premiere reproduit 'antécédent et la deuxitme équi- ‘aut & la négation du conséquent de I’implication en question La contradiction qui clot le ce que t01 ou, (1) vp vx (Cxp> p) (2) 3p (vx Cxp.~p) x (9) vx Cxpi --p1) a ba (4) vx Cxpi 8) ts) [-p:] BI) (6) vx (Cxpi>p)) (7) Cap; >p1 ‘9 ‘4 PU 56 PITRE tL Observons d’abord que l'usage de la régle IPU, tel qu’on le trouve ‘la sixidme étape, ayons retenuc. Observons en outre que la validité de cette Jem lépendante des propriétés spécifiques de aurions pu ici remplacer « x croit que prédicat « Xxj nominal et d’ croyane: ‘une validité beaucoup plus générale que le choix du cas particulier de la croyance ne pourrait le suggérer. C'est méme un des avantages dun le que nous avons adoptée que de fa propos pour le raisonnement stoicien emprunté & Origéne, puisque, cet exemple recourai (ce qui est su est vrai) et & c ), nous avions isolé la considéra is dans les prémisses du ren s eG glisser aucune erreur dans l'ensemble des propos tures) unanimement acceptées comme Vai fournissent un contre-moddte. idérons done cette proposition contre laquel aremment & nous mettre en garde : Wp (x Cxp> p)> Vp¥x (Cxp>P) de présenter de fagon rigoureuse un contre-modéle idérons un en! utre que pi, que ns que récapitule la liste La seule différence entre ce con parvenus en nous abandonnant & ensemble de sujets & deux, ainsi que considérées, pour la tes ison que aux deux seules propositions p; et pa, nous pourrions alors mer en possession effective d’un contre-modéle invalidant l'expres- antécédent serait alors vrai abandonnés| s imposer repos exemple ait supposé un nombre indéfini de proposi rence géométriques), et non pas seulement deux, notre propos. Nou: done adopté 58 a TRE IL promitre des deux acceptions de la quantification universelle dont nous avions envisagé la possibilité Si, en revanche, nous avions retenu la seconde acception de la quantification universelle, nous aurions da considérer le contre- modéle précédent, auguel notre intuition pourtant s'était fiée, comme en lui-méme insuffisant; il aurait fallu en effet le compléter, en ajou- ‘ant qu’ aucune proposition fausse qu'on puisse composer au moyen de connecteurs propositionnels & partir des propositions initiales (py et p2 dans notre contre-modéle restreint), qu’elles soient fausses pour des raisons de fait, comme « ou «~py vp2 », ou qu’elles soient antilogiques comme «p; .~Pi », n’est crue vraie par la totalité des sujets considérés. Car, si tous les sujets acceptaient de croite méme expression fausse quelconque de ces deux Trantécédent de notre implication (fout ce que tous croient est vrai) serait faux, alors que notre contre-mod8le exige qu'il s eu importe done q tion l'une ou l'autre de clairement celle que nous avions choisie et de nous y le droit de ne compter au nombre des propositions suscepti crues (pour en rester & royance) que les n pi ment introduits ; nous a droit d’y adjoindre leurs compoxés proposition peut pas faire erdre son caracte Pautoriser & ajouter au nombre des objets de croyance les propositions qui font état de la croyance elle mme Carp1, Caipz, Caapi, Caop2, voire Ca; Caip1, Caz Caip1, Ca; Caz Caipi, etc., non que ces demitres expressions soient mal formées, mais parce que leur situation relative aux objets possibles de la croyance les fait échapper & l'ensemble de ces ‘objets, tel que nous pouvions le définir. Ainsi la regle d' instantiation propositionnelle universelle, comme nous l'avons exprimée, ne nous parait pouvoir garder son caractére de Iégitime convention terminologique que si nous rejetons comme abu- sive son extension au-dela des limites qu’elles"imposaitimplicitement. faisons d’abord observer qu’en de telles limites les logiciens oderes jes ne se sont pas toujours maintenus. QUANTIFICATION DES ARGUMENTS PROPOS 59 Arthur N. Prior ', par exemple, se proposant de montrer que la proposition « Dieu est omniscient» ne saurait se traduire (1) Pour tout p, Diew sit que p invoque ce qui semble bien étre la méme régle que notre IPU, pour dire Car c'est une régle générale que nous pouvons passer d'une proposition universelle & une instantiation singuliére de celle-ci, mn de (1) serait Ia proposition fausse (2) Pour tout p, sip, alors Dieu sait que ps et il cite alors, comme instantiations de cette proposition, non seu- Jement $i2.42= 4, alors Diew sat que 2 +2=4 Si2 +25, alors Dieu sat que 2 +2=5 instantiations qui n'appellent évidemment aucune réserve, mais, encore Si Diew sait tout, alors Diew sait qu'il prenant la peine de préciser Ce sont des « instantiations» de (2) simplement en laissant tomber le mettant pour la variable «p» une vérit se présente, la méme proposition & chaque Ie d’appeler quelque ivement Pour situer exactement le point suscept réserve et bien faire ressortir que ce point est d’ordre excl logique, et non pas théologique, observons que, en montrant qu’on peut tirer directement de: Dieu sait tout 1. ANN. Prior, Papers on time and tense, Oxford, Ai 1968, pp. 26-27, 60 la conséquence Si Dieu sait tout, alors il sait qu'il sat tout on était la propo ‘Si Dieu sait tout, alors s'il sait tout, il sait qu'il sait tout dont le calcul des propositions proposition fit & garantir I’équivalence avec la Si Dieu sait rout, alors it sait qu'il sait tout, proposition conditionnelle qui ainsi n’aurait pas besoin, pour étre vraie, qu'on edt d’abord établi que Dieu sache tout, a la seule condition @accepter sur laquelle elle repose. ‘Nous pourrions encore citer le cas de N. Rescher qui, développant des logiques de l'assertion ', propose des caractérisations intéressantes de la véridicité et de l'omniscience, simple ou universelle, qui semblent bien se préter immeédiatement & ’application de la r¥gle que nous avons désignée comme IPU : ax Vp (Axp =p) vx vp (Axp =p) véridicité universelle 3x vp (p= Axp omniscience x ¥p (p>Axp) comniscience universelle mais qui n’hésite pas A procéder & une inférence dont il reconnait? qu'elle est du genre (vp) op (vp) op soulignant Iui-méme que « ce type d’inférence présuppose l'absence d'un principe higrarchique excluant la référence & soi » Observons d’abord qu’a une telle extension de la régle IPU, qui lui 6terait son caractére de convention linguistique attribuant & un certai definiendum un certain definiens (puisqu'alots "application du defi niendum déborderait l'ensemble de ce qui pouvait étre préalablement donné dans le definiens) la régle IPE en revanche ne se trouve nulle- ment exposée, puisqu’elle ne permet de substituer & He qu’ une jon de proposition qui soit nouvelle. ics in philosophical logic, Dordrecht-Holland, 1968, pp. 254-255, {QUANTIFICATION DES ARGUMENTS FROPOSITIONNELS 61 De cette extension abusive de la régle IPU, le méme exemple se retrouve & travers différentes époques de l'histoire de la philosophie. 11 agit de la proposition quelquefois énoncée sous les formes ': Omnis enuntiatio est falsa Omnis propositio est falsa et que nous écririons de la fagon suivante pp. Remarquons d'abord que nous pourrions facilement falsifier cette expression, quelle que soit celle des deux acceptions de la quant cation universelle que nous lui appliquions. Si nous convenions, en effet, d’inclure dans l'ensemble des propositions concemnées par cette ‘quantification, celles que les connecteurs propositionnels permettent de composer & partir des n pi: initialement considérés, IPU nous ‘autoriserait & procéder par 'absurde en déduisant de « vp ~p> une je comme «~ (p; v~Pi ». Si, en revanche, nous nous arrétions & Ja promitre des deux acceptions envisageables de 1a quantification universelle, il nous suffirait de prendre comme contre-modéle un ensemble de n p,(n 21) qui ne fussent pas tous faux. A de telles falsifications, il n'y aurait rien & redite, Au lieu de quoi, Jean Buridan ‘au XIVE sidele, Arnold Geulincx au XVIF et Bernard Bolzano au XIX**, semblent bien pratiquer un usage abusif de IPU, en eroyant pouvoir de «<¥p-p» déduire immédiatement «-Yp -p». Sextus Empiricus faisait état d'une tout autre présentation de ce méme raisonnement, qu'on retrouve également dans la suite de la tradition philosophiq celle qui de «vp =p» déduit directement «3p p», en faisant valoir 1. Cf Gabriel Nuchelmans, Dilemmatic arguments, Towards a history of their logic and rhetoric, Amsterdan/New Yor/Oxford/Tokyo, North-Holland, 1991, en particulier pp. 85 et 1 2. Cf. G. Nuchelmans, p. 193. Ii semble que Buridan présente cette fe ne semble pas e cas pour Geulincx et ce ne Boridan eit: « Omnis propositio est falsa est falsa » pout établir dans sa Wissenschaftslehe Boizano fat valoir que dire qu'l n'en ex peat en déduire qu’ nest m&me pas vrai qu’ 62 cCHAPrTREM que, si la premitre proposition était vraie, il y aurait ainsi une proposition vraie ! Un autre exemple d'extension abusive de IPU est fourni par la réfutation assez traditionnelle de la these d’Arcésilas de Pitane selon laquelle rien ne peut étre connu avec certitude *. Gabriel Nuchelmans ‘mentionne plusieurs exemples d’une telle réfutation. Contentons-nous de citer ici la version qu’en donne Descartes dans son commentaire de la regle Xu des Regulae, et qu'il n‘hésite pas & proposer comme exem- ple des « liaisons nécessaires» qu’ont entre elles les choses simples? Socrate dit qu'il doute de tout, il s'en ensuit nécessairement qu'il comprend done, du moins, qu'il doute, et qu'il sait done ‘que quelque chose peut étre vrai ou fax, Liinférence ici reprise correspond & en d Socrate par sot le foncteur A deux arguments, I'un nominal autre propositionnel, exprimant 1a connaissance ou 1a conviction, par C, formaliser de la fagon suivante Cs vp -Csp>3p Csp. Le raisonnement cartésien revient, semble- Socrate croit que p -Csp une propos A déduire de ce que Cs vp -Csp) (2) vp ~Csp (8) [Cs vp -Csp] a [PU Cette forme abusive de recours & la régle IPU, particulidrement Gvidente dans ce raisonnement trés simple, est parfois un peu QUANTIFICATION DES ARGUMENTS PROPOSITIONNELS 63 cile & isoler dans des raisonnements philosophiques plus complexes, ob comme premier exemp! these de Protagoras effectivement tel qu'il lui semble (these qui fait de de toutes choses), en montrant qu'il suffit de recom zens qui ne soient pas de cet avis pour qu'on puisse déduire de cette these sa propre négation. Reproduisons d'abord le texte de Platon avant d’en analyser les successives étapes que son expression on langue vernaculaire améne & télescoper Mais lui, en ce qui conceme sa propre croyanece, il concéde que In croyance de ceux qui sont de I'avis opposé, et pensent que que, li, dit est faux, est d'une certaine maniére vraie, puisqu’ll reconnaft que toutes les opinions disent ce qui est ‘quelque opinion de quelqu’un quelque chose 4 ‘est pas) prendra la forme de travers les mani ) (wx vp (Cxp > p) | (2) 3y Cy 3x 3p (Cxp.-p) (3) Ca 3xap (Cxp.~p) (4) vp (Capp) Caaxap (Cxp p) > 3x 3p (Cxp.-p) IPU B. ‘Ainsi la réfutation par l'absurde de ta these de Protagoras, ict donnée par Platon, sous-entend-elle, non seulement l'application de 3; et de “1, dont personne ne songerait & contester la validité, mais aussi, pour obtenir Ia cinquitme étape, une application de IPU 2 laquelle on peut 173 aetsg. et, plus partculidrement, e passage que nous citons ici 69, 64 (CHAPITREI reprocher que Ia quantification propositionnelle n'y respecte pas les limites du definiens Nous prendrons encore un second exemple proprement philoso- phique, plus complexe encore, dont on observera qu'il mobilise, non seulement la régle IPU, mais aussi la régle IPE, bien que ce soit ‘quement par IPU, et non par IPE, qui, comme nous l'avions vu, ne s'y préte pas, que I'abus s'introduise. I s'agit du passage du Monologion de St Anselme, qu'il reprend lui-méme dans son De veritate ', et dans lequel il cherche & démontrer que la vérité n'a pas eu de commence- ‘ment ni n'aura de fin Admettons que Ie vérité a eu un commencement ow qu’elle aura une fin avait pas int que la vérité fOt; et La vérité fait discordant, ue Ia vérité a, ou que I'on comprenne "a pas, un commencement ou une fin, Ia vérité ne peut ‘e par aucun commencement ni fin, ie, que nous écrirons « At't» pour urd l'instant t, et d'une expression complétive, que nous éerirons « Trp», pour dice qu’il se trouve a U'instant t que p?. Dans la présentation qui suit, Ia proposition (1) signifie que la vérité a commencement; & quoi nous serons obligés d'ajouter deux autres manifestes présupposés de la démonstration par I'absurde menée par St Anselme :& savoir, la proposition (2), qui dit que, pour tout instant, il existe wn instant qui lui est antérieur, et la proposition (8), qui dit stant t” est 1, Mentionné par G. Nuchelmans, op.cit, pp. 80-81. Gf An: béry, Monologion, Prosiogion, publié par Cerf, 1986, pp. 9 i des variables, tans que nous dsignerons +8 correspondantes. a . : QUANTIFICATION DES ARGUMENTS PROPOSITIONNELS 65 que, quels que soient tet p, s'il ne se trouve pas &l'instant t que p, alors il se trouve @ instant t qu’ ne se trouve pas cet instant que p. ‘Ainsi aurons-nous les étapes suivantes (1) 3t ap [Tip .vt' vq (At't> -TPQ)] (2), veat’ Ave (3) Vt vp (-Ttp> Tt-Tip) (4) 3p [Ttup. vt" Wq (At't; >-Tt’q)) 3 (5) Tip. Wt’ ¥q (Att; >~Tr’q) IPE (6) Tt (7) Ve ¥q (Atti >-Te’g) (eat ACG, “i (9) Atti 3 (10) ¥q (Ataty >-Tteq) ub (11) Atty > ~Thp1 PU (12) ~Trapy (13) Vp (~Tap >Te-Tip) wi (14) “Tp: 9Te-Tep Bt (18) (To-Tup} IPU (16) At) 2~Th-Trp) (17 tests Si I’on admettait done toutes ces inférences, & partir des trois prémisses initiales se Iaisseraient déduire les deux conclusions (16) et (17), contradictoires I’une de l'autre, puisque, parlant du méme instant as que py, Vautre St Anselme, qu’une certaine vérité était avant qu'elle fat, et, parle fait méme, sans qu'elle fat. On voit ainsi que le raisonnement de S* Anselme, si l'on accepte cette analyse, recourt trois fois & V1, deux fois & 31, trois fois 2 IPU, tent d’appliquer & 1a constante propositionnelle p; une propriété doi respectivement (10) et (19) affirmaient la validité pour t proposition de l'ensemble initialement envisagé, Seule I'étape (16) 66 ‘CHAPITRE QUANTIFICATION DES ARGUMENTS PROFOSITIONNELS 61 le, puisqu’elle étend la propriété exprimée par (10) & une lement étrangére a l'ensemble concerné par la (1) Aes [Cx> vp (Axp>-P)] ) Ce ey [wx texswe (xp>-0) - ea ¥vp (A&P >-P) Clits yea yp (Aep>-P) ye vc toxavo (Axp>-p)9>-¥s(CxvP (ABP =P] wu Cos exemples de raisonnements philosophiques dont nous sommes n [eve (Cxavp (Axp>-9))] ‘a contester la validité nous raménent & certaines versions de la inomie du menteur ; celle-ci repose précisément sur l'usage Crest Pusage abusif de la Bele IPU qui seul permet ii de passer de a sons qualifié d'abusf de la régle IPU : Epiménide le Crétois ©. les Crétois sont menteurs, «tre menteur> signifiant « ne ‘La situation serait exactement la méme si, au lieu de cette vere Jérité quoi qu'on dise ». Remarquons d'abord que les assen classique du menteur, nous considérions la version simplifi¢e, iciens contemporains affrontés a ce paradoxe suirfalsificateur, aston laquelle si Epiménide dit qu'l ment toujours, alors it Il arrive ¢ on dit quelquefois, et amenés & expliquer que la proposition viene pas mentir et pour laquelle nous sufira de quatre capes ie nous venons de mentionner implique qu’Epiménide ne dise pas la Temblent bien mobilise plus qu’implicitement ce que nous (1) Aevp (Acp>-P) rior! écrit-il que (2) [Wp (Aep>-p) | que dit Bpiménide est nécessairement faux, parce que, méme (a) Ae Vp (Aep> -p)> ~VP (AeP> ~p) Q PU si c'était vrai, ce serait faux fevataepeee) | 13) (4) [vp (Aep>-P) i nble bien envelopper le raisonnement rendu un peu plus par un autre auteur = L’antinomie du menteur, quelle soit prise dans sa version que N18 Ya forme que nous avons appelée Ep la vérté, tous les Crétois sont des menteurs, et avons qualifige de classique, ov sous n qussi, Or un menteur ne dit jamais la vérité. Done Epiménide simplifiée, pourrait nous faire accroire que Je caractére paradoxal dit pas la vérité. tel usage de IPU est ici lié aux spécificités phénoménologiques du dire. clusion, ajouterons-nous En réalité nous en retrouverions des Equivalents pour tous les verbes Les Crétois ne sont pas tous menteurs. qui admettent comme arguments des vaste Senay ca Nous désignerons Epiménide pat la constants e, le prédicat uni UE ee cute a ea clo le Sean ee ponogal xt gle D> ‘teand ara rv€ il ne lia pa rie wok ves Nowe septsenterons pa (1) et (2) es deux prémisses du ensuite interogé sur Ia valeur du conens fe Sor sequence 1 par (6) la négation de la conclusion que nous venons de ‘croire ou n'y croire pas, on en aurait tiré chaque fois i as fon qui se trouvera contredite au terme de la septitme inverse. L’apparence la plus superficiellement Pi! joxale repost | ‘manifestement sur une ‘confusion entre deux sens possibles de la propo sition selon laquelle il ne faut pas croire aux réves, suivant qu'on veut dire que les réves ne disent pas tous la vérité ou qu’aucun réve ne dit Dein to, peenanare jamais la vérité. Il faut d'abord se ‘dégager de ce glissement de sens 7 Dionne et 1. Gf, G.Nuchelmans, op.cit., pp- 67-68; 68 ‘CHAPITRE tion sur l'usage, ici certes ‘abus est tout de méme moins si Alexandre réve que les réves ne ement les réves ne disent pas tous en désignant Alexandre par a et «x réve que p» par « Rxp». nous teaduirons par (1) l'antécédent de cette implication et par (2) inégation de son conséquent ; ainsi, jon de ne pas reculer, & 1a quatritme étape, devant I'usage, que nous avons qualifié d’abusif, de PU, aboutirions-nous, & la cinquiéme étape, au conséquer gue nous venons de nier Ra-vxvp (Rxp 5p) (2) [wx vp (Rxp> p) (9) vp (Rapp) ao ow (4) Ra~vx vp (Rxp>p)>~¥x vp (Rxp>p) GB) PU (5) [E¥x vp (Rxp> p) Un usage analogue de la régle IPU nous permettrait aussi d’établir Vabsurde que, si Alexandre réve que les réves ne disent jamais la alors les ) Ravx¥p (Rxp 3p) (2) [wx vp (Rxpa-p)| (3) vp (Rap >-p) 2 (4) Ra vx Vp (Rxp>~p) >~Vx vp (Rxp> ~P) 8) PU (8) [-p) Les difficultés entranées par 'usage que nous avons dénoneé de la regle IPU sont si pou liées aux spécificités phénoménologiques du dire que, pour reprendre une observation de Geact ayons formalisé ce que nous avons appel a version classique du opcity p. 18. QUANTIFICATION DES ARGUMENTS PROPOS Si Epiménide dit que les Crétois ne disent ‘eraignent les schizophrénes se produit parfois. Il suffit,& cet effet, dans les sept étapes de la form: avons donnée, dinterpréter «Cx » par «x est schizophréne», et ‘«< Axp» par «x craint que p» La remarque de Geach, reprise par Prior, simplifiée du menteur, nous p clest-A-dire «Epiménide dit que» par «il est possible que», nécessaire que », «il est obligatoire que » heureux, ennuyew ‘nous pourrions établir a prior’ des implications comme S'il était heurenx (ou navrant) qu’aucun événement heureux (ou nayrant) ne se produisit, alors il y aurait des éyénements heureux (ou navrants) qui se prod La diversité des expressions compl cet done formaliser de la méme manitre pourra les apparences paradoxales traditionnellement soulignées sur I’ex« du dire ne procédent pas d'une si langage. Ce sont seulement des exemples dire, du croire ou du penser, qui peuvent préter & u ’issent construire vverbes qui se construisent avec des propositions complétives et peuvent pourtant donner lieu, comme nous l'avons vu, aux mémes forma- int de yue de Prior? « selor mn qui porte sur la choix du mot événemer ‘Soulignons en outre qu’ proposition “p”, mais une nowy porte sur tout ce sur quoi port le proposition qui, comme “non p” »; ainsi, continuait Prior, «fo le-méme, devrions- et : jon, qui pourtant peu simposer comme une donnée de fait? C’est ainsi que l’extension de renvoyait, comme nous lavions vu au chapitre précéde seulement & un ensemble de prédicats monadiques, Fx, Gx, e ‘encore & ceux que l'on obtenait & partir des prédicats polyadiq y quantifiant des variables & certaines places arguments, voire aux prédicats qu’on pou’ poser au moyen Js. Ainsi, de de b, peut- on déduire, par exemple, & la condi dique, R un prédicat dyadique et c un toisiéme élément, tous reconnus dans le présent contexte (Fa.-Rac) > (Fb .-Rbe) Comme les prédicats & deux arguments exprim généralement des relations, comme les prédicats & es prédicats 0 argument ext qu'on pourrait appel pas de raison de changet le co o*e des relations ou des propriétés ices. j un souci d’élégance, de simpli issons que la qua second des deux type ent sémantique ni syntaxique correspondre aussi avions évoqué la Si done nous reconnaiss ns que nous avons rencon- ‘Nous touchons ici un arbitraie au sein du n'y aurait pas quelque raison raisonnements poursuivis en langue vernaculaire ne semble pas avoir pris nettement son part. Tout ce que nous venons de souligner, ©’ est ion propositionnelle de la qu'un souci a préférer V'une des deux possibles. Mais ceci ne constitue aucune exigence phénomé e que nous faisons observer, c'est que nos conve ‘nous décidions de privilégier l'un de ces deux usages aux dépens de l'autre, iplement cette uniformisation des c quantification ne doit pas dissimuler le point auquel ie se pratique dans un calcul du it en droit d’assimiler les variables proposition- nologiqu des variables de prédicats & 0 arguments ; quantific le dans le cadre général de la qua jon des prédicats & n arguments & la condition que 20, et n seulement que n> 0! : Latives & 1a it achoppé les , raduetion Jean Largeault, Paris, A iaient dans le méme sens proposition comme -guments n=0, Cf. Stephen i de prédicat», oi le nombre des 74 CCHAPETREW auteurs des raisonnements philosophiques abusifs que nous avons 6voqués au cours de ce chapitre. C'est que, quand nous quantifions prédicat (ayant au moins un argument), nous ne risquons évidemment pas de confondre la propriété ou la relation dont nous parl on dans laquell ent le fait propos ct la proposition dans ta toujours possible CHAPITRE I LES MODES DE VERIFONCTIONNALITE PROPRES AUX PREDICATS POURVUS D’ARGUMENTS PROPOSITIONNELS Nous venons de voir que, siles logiciens s'étaient relativernent peu {ntSressés & la quantification propositionnelle, il n’en était pas moins vrai qu'un certain nombre de nos raisonnements reposait sur une exploitation de celle-ci. Nous avons vu en outre que I’usage dune telle quantification propositionnelle était indépendant des propriétés parti- culidres des prédicats qui prennent pour arguments les pro question, comme usage de Ia cl tion des arg nominaux est indépendant des propriétés particulitres des prédi dont ils sont les arguments. Mais les prédicats qui prennent des arguments propositionnels peuvent se préter a un exercice de la vérifonetionnalité qui soit propre A chacun d'entre eux. Cet exercice est beaucoup plus complexe que celui sur lequel se fonde le classique calcu! des prédicats; ce qui sans doute explique qu'il n’ait 616 historiquement possible de I'étudier sérieusement qu’ une fois parfaitement élucidé l'exercice de la forme de vérifonctionnalité la plus simple, L’étude de la vérifonctionnalité est ici beaucoup plus délicate puisqu’il ne s'agit plus cette fois de retrouver tune construction unique applicable & toute forme de prédicat doté arguments propositionnels. Nous serons au contraire en présence dune diversité de constructions conceptuelles. Cette diver q) > (Lp> La). Reconnaissons d’entrée que, si nous choisissons cet exemple, c'est que cette proposition se retrouve dans un nombre considérable de systémes (pp. 58 et sq ‘propositions vraies dans 80 (CHAPITRE 1 modeux, parce qu’il n’est besoin de supposer, pour obtenir quand on aura pris en (que nous exprimerons, du nécessaire L(p>q). Lp. M-q En conservant le mode de présentation déja appliqué aux chapitres précédents, nous obtiendrions le tableau i Jon I'usage, par la lettre M) & partir de celui Wo Lipo@. Lp. Mea Si nous avons gardé en mé avions donnée du pos: quatritme étape de ce tableau correspondant au monde Wo, qui nous dit gu" il est possible que n rien ne nous interdit de dé monde dont nous devons admettre qu’il existe, en ajoutant que la proposition «-q» y est vraie, Si nous avons aussi gardé en mémoire la caractérisation que nous avions donnée du nécessaire », les résultats demment obienus aux étapes (2) et (3) nous conduisent, dans ce . Aajouter d'une part «p> q> et d’autre part « p la table de vérité qui caract laquelle nous avions ouvert ce tableau : Ci-dessus, p.78 PREDICATS POURVUS D'ARGUMENTS PROPOSITIONNELS 81 “1 Nous pourrions obtenir une procédure équivalente & celle que nous ; mais qui aurait l'avantage sur cette demnitre, d’abord expression «a» dans un monde wi, nous inscririons d'abord « a, wi» dans unique tableau dont nous pourtions alors nous contenter. Nous , du nécessaire et en désignant parla constant R la é d'un monde & un autre, par les deux definitions = vwj[Ruw;> (a, wp) e D2 Ma, w; = 3wj[Rwiyj. (a, des expressions complexes en leurs es pourrait ensuite s’opérer au moyen des six autres dé les « gx» représente une expression ob ap) Ds aw = -@w) z Di vxgx, we = Yx@RW) = 3x (ox, w) Ds 3x 9x, Wi = (p 82 art De a.8, w ‘ (a, wi) .(B, wi) Dr a>iw = @w)>68, Ds avp, wi zg @wvG w) Puisque des expressions comme «a, wi» ou «@x, wi» peuvent ici se lire « a dans le monde w; » ou « gx dans le monde wi» , wi dési- ‘gnant ainsi le monde dans lequel I’expression «a» ou « px» se trouve vraie, la transcription ainsi proposée revient a assortir l'expression en question de ce que tun complément de préciser les les dans lesquelles l"expression se trouve vraie. Un tel complément circonstanciel peut étre traité en calcul des prédicats comme un argument supplémentaire du prédicat :I'addition ainsi 8 la transformation dun que. Il faut bien voir en effet est pas un simple prédicat pourvu de ses que, si une express arguments, (nous nous sommes délibérément limité aux connecteurs le plus classiquement admis) permet alors de transformer « a en une expres- sion équivalente dans laquelle l'indexation ne portera plus que sur chaque prédicat muni de ses arguments, Nous avons donc, au point od nous en sommes arrivés, Ia possibilité de substituer & toute variable ou constante de prédicat n- adique, placée dans ou indexée & un monde wi, une variable ou constante de prédicat m+1-adique, dont le n+1€ argument désigne le monde wi. Ainsi, au lieu d’écrire: Pw Px, wi Pxy, Ws etc., écrirons-nous : Pwi Paw, 83 POURVUS D'AROUMENTS Ph le prédicat 0-adique, monadique, dyadique, etc, se transformant en un autre respectivement monadique, dyadique, triadique, etc. Bien évi- demment, le dernier argument du nouveau prédicat ntl-adique ne renverra pas au méme ensemble d’individus que les autres arguments. Qu'il s'agisse d'une variable (que nous noterons alors Wj, Wy...) OU dune constante (comme Wo, Wi, Wa, ..) il renverra a un ensemble de mondes, chacun éventuellement représentable par un tableau réunis- sant les propositions qui y sont vraies. ‘Ainsi la proposition modale que nous avions prise en exemple : L(paq) > (Lp 5La) tune fois supposée vraie dans I'univers wo, s’écrirait-elle, en faisant correspondre & « p» et 8 « q», vrais dans wi, les prédicats monadiques « Pwj» et «Qui» yw) [Rwow) > (Pwi2 Qui) > [vw (RWoWi> Pw:) > Vwi RWoWi > Qwi La validation d’une telle expression partirait done de sa négation et ‘comporterait ainsi les douze étapes suivantes, dont la demnigre contre- dit la septiéme (1) Yj [Rwowi > Pwi> QW] ‘wwi (RwoWi> Pwi) - 3wi (Rows --Qwi) (2) vw (Rwem1 >(Pwi2Q 3 (7 EQ (8) Rwows > (Pw > Qui) (9) Rwowi > Pw (10) Pw) 3Qw; Pw (12) [Qa] ‘Une comparaison de cette procédure avec la procédure en deux tableaux, précédemment employée ' A la validation de la méme propo- 1, Ciedessus, p. 80. 84 cuart sous les diffé- les de la premigre procédure se retrouvent transcrites dans les quatre étapes initiales de la seconde, puisqu’on y est dans le monde immédiat wo ; en revanche, les résultats qui occupent au tableau w; de la premire procédure les ) Se retrouvent respect de la seconde, dans :métalinguistiquement dans la premitre procédure, Nous aurions pu choisir comme exemple une expression initiale qui appartint, non plus au simple caleu! modal des propositions, mais au calcul modal des prédicats, comme ce Barcan, qui peut prendre la forme vx LPx > L vx Px, Ne nous arrétons pas a la procédure par tableaux, et passons direct ‘ment a la seconde procédure qui nous conduirait & transformer cet expression en la suivante Vx Vwi (RwoWi > Pxwi) > Vwi (RWoWs > Vx Paw). tarder & dégager la contradiction & laquelle condui ion, qu'il nous suffise de rappeler que les Sans nous négation de ct dent et Je conséquent de cette implication comme équivalents I’un de Vrautre, Ainsi la transcription proposée confirms initiale soit commun a tous les mondes. A cette réserve prés, fante de en calcul des prédicats ne serait plus I permet d’établir la validité des deux expressions, sans qu'il . davantage que dans notre premier exemple modal simplement 1, Of Hughes & Cresswell, An introd 10 Modal Logic, pp. 14 PREDICATS POURVUS D' ARGUMENTS f, en sorte qu'ils fussent susceptibles de recevoir diverses interprétations, sans que la reconnaissance de leur validité obligeat & postuler de pro- priété particulidre de la relation d'accessibilité d'un monde & un autre, Mais beaucoup de nos raisonnements modaux sous-entendent que la jon de notre monde immédiat aux autres est pourvue de certaines ns daccessibilité entre mondes, lorsque nous ns sémantiquement le possible et le nécessaire, Mais, si nous adoptons la seconde de nos deux procédures, il nous suffira, pour en ir compte, d’ajouter aux prémisses de notre raisonnement par Vrabsurde, pour les trois propriétés que nous venons de mentionner, respectivement : vw Rwiwi Rwiw;>Rwyjw) A [Rwiwy Rwyjvn) > Roi) ns pour ces termes aux acce| vyenons d’évoquer, nous devrons admetire que I'expressior n'aurons pas besoin de sortir de wo pour que la négation de « expression débouche sur une contradiction : 86 (CHAPITRE I Si le résultat de I’étape doute en vertu de la caractérisati de la néces la différence de notre précédent exemple proposit ne peut en découler que parce que Wo est accessible i-méme, sans que nous ayons besoin, pour conerétiser cette acces- troduire un monde qui soit autre, La transposition du raisonnement, du premier type de procédure dans le second, donnera (1) ¥wi Rwiwy (2) Vwi (RwoW > Pw). ~Pwo (3) Vwi (Rwow; > Pw) (4) Pwo) (5) Rwowo (6) Rwowo >Pwo (7) [Pw] L'étape (1) exp 6, indis- pensable rappel pi ) correspondent respectivement aux trois premiBres étapes de la premiére procédure, et Vétape (7) & la quatridme et demniére. Quant aux étapes (5) ‘1 ‘i discipline pourront vérifier, d’abord pour la premidre procédure, que les expressions modales p>LMp et 1, Ciedessus, pp. 79 tg. PREDICATS POURVUS D'ARGUMENTS PROPOSITIONNELS 87 Lp>LLp sont valides & la condition admettre, dans le premicr cas la symétric, wi (Rwew:> Pw) > Vw; [Rwowi > ¥wy (Rwiwj oP Nous arriverions & des résultats analogues, par l'une et l'autre procédure, avec des expressions modales comme 1. Lp >LMp 2. Lp=LLp 3. Mp >LMp 4. Mp =LMp en supposant respectivemes quement, linguistiquement ou mé peut A la rigueur se présenter comme le résultat de tions. L’acception que nous avons retenue de la néce aucune croyance au destin ou au déte jen de nécessaire ; ceci voudi aucun état de choses qui se retrouve dans tous les mondes ; ce qui nous empéchera pas, ne serait-ce que pour le reconnaitre, d’employer ce terme de nécessaire comme une utile convention linguistique. Mais 88 (CHAPITRE 1 il peut aussi se produire que les caract proctdent pas de Ia simple convent Zur Phanomenologie des i ment : énoneée directem , que nous pourrions, dans le futur, en ccessibilité qu'un instant du monde a au monde exprimer par vow, (Rom. Rwiwy) > (Rey vRowuay vIW irait de remplacer R par R’ (désignat ‘1 un mode antérieur) pour qu’elle exprimat la expression dans laqu cette fois l’accessil inéarité dans le passé = Iinfinité («2 tout temps appartient un antérieur et un posté- rieur ») que nous par www; 3w; Roi ww) Bw; R'wiwy, que Husserl ne prend pas la peine au demeurant de distinguer de la densité, comme il conviendrait en toute rigueur de le faire. (On observera que ces propriétés reconnues par Husser! AI'a priori du temps objectif sont souvent celles sur lesquelles, aprés 1950, tablent les auteurs qui, autour de Arthur N, Prior, élaboreront les formes ‘modemes de la logique du temps. Ainsi beaucoup de ceux-ci parte d'un syst8me parfois qualifié que E.J. Lemmon avait caractérisé en 1965), doué donc d'un minimum d’axiomes et, par le fait méme, de propriétés, et ajouter i tres axiomes, auxquels correspondent séman |, Herausgegeben von Rudolf Barhm, in Edmund Husserl, Gesammelte Werke, Band x, Haag, Martinus Nijhoff, 1966, pp. 10 et 72 PREDICATS POURVUS D'ARGUMENTS PROPOSITIONNELS 89 , pour tenir compte d'un a nscience du temps, que Husserl av appartient nécessairemer Ne nous laissons pas ici itement le droit de désigner par Wo ce monde du présent od se Ferm ipation, & condi est us différente de cel des modalités ontiques. Car, cette désignation ne si simplement que le monde ainsi désigné soit le monde originaire, au demeurant quelconque, par lequel nous choisissons de commencer, puisqu’a toute procédure monde est le monde singuli notre énoncé, sur quoi qu'il porte, soit vrai, mais aussi que notre Gnonciation ait lieu, qu'elle y soit réelle. Car cette considération, dont nous n’avons pourtant pas grand chose a faire dans le présent contexte, nous ne devons pas et nous aurons ay revenir, beaucoup plus tard, lorsqu‘il sera question des expressions qu’on appelle performatives. 1. Ibid, p72. 90 (CHAPITRE 1H Mais il est une propriété de la relation daccessibilité temporelle que nous n'avons pas encore mentionnée, bien qu'elle figure dans le passage de Husserl auquel nous nous sommes référé. Ce dernier encore en effet que la relation de deux temps distincts est ungl seitig, mot que le contexte permet de traduire par nous pourtions écrire yw, (Ray) Roy Husserl y ajoute ce qu’il appelle une Joi, & savoir « la loi: si a est 181 que b, alors b est plus tard que a, dont on peut se demander si el est bien une loi que nous enseignerait notre expérience du temps, semble le croire Husserl, ou si elle n’est pas & considérer comme une simple convention de langage. le n’est qu'une convention de langage, si l'on veut dire par 1a que les deux relations plus 101 que et plus tard que peuvent se définir l'une d'inverser Vordre des termes reliés pour conclure de Vantériorité & la postéri Linguistique. Mais le propos de Husserl peut vouloir dire bien davantage : il peut aussi signifier que, de deux mondes successifs wi et anticipation ou prospection de wi vers \w; vers wet réciproquement. Or ceci n'est plus du tout une convention de langage ; c'est notre expérience du temps (expérience a posteriori ou expérience de ses conditions a priori, ceci est un autre probleme) ité soit d’ordre purement logique du temps jes conduit & accepter du méme mouvement les deux th?ses: p>GPp poHFp PREDICATS POURVUS D'ARGUMENTS PROPOSITIONNELS, 91 roduits signifient dans lesquelles Jes quatre symboles nouvellement respectivement re trowvera toujours que H = il s'est toujours trouvé que Fil se trowvera un jour que. Si J’on s’en tient en effet aux conventions dé tes dans ta plupart des langues vernaculaires qui permet Pune part, P et H autre part, un partir de l'autre, de Ia méme rmaniére que nous avons vue pour M et L, la premiére des deux theses én question pourra étre validée par une procédure faisant appel aux deux tableaux suivants: wi Hp BI Ici la premitre étape porte, dans le monde du présent immeédiat wo, 18 négation de la proposition A valider. C’est le ré tape, lequel nous dit qu'il se trouvera un jour 4 non p, qui nous oblige & supposer l'existence d'un monde, que désignerons comme W), tel que Rwow1, dans lequel il sera ve toujours é1é que non p (quatritme étape). Mais, si nous adn Je monde wo soit rétrospectivement accessible & wi, ¢'e R’wiwo, alors, puisqu’en w ila toujours été que non p, il faut qu'on ait non pen Wo (cinquitme étape, qui vient contredire le résultat de Ia nt en suivant cette roposé ; la premiere d'un monde vers Vautre implique rétrospection Ia deuxidme étape donnera la transcription de la négation de l"expression & valider > scdons cette notation que I'usage a consaerée, bien 4 ela majuseule P, qui exprime tel tlisée et le sera encore pa mtentons-nous de metre en garde contre une confusion & Taq us tard induire. 9 (1) Ywing (Rwiwj SRW) (2) Pwo. 3wi [Rwow, .¥w/(R’wiw) >-Pw)] (s) [Pi] a (4) 3) [Rwow;. ¥w; Rwy) >-Pw)] ei (6) Rwowy .¥w(R' ww) >-Pwy) 4 i (6) Rwow, i (7) vw; (R'wivy 2-Pw)) 5] (8) R'wiwo>-P (9) Rwows SR'wiwo ii] (10) R'wiwo (7) et (11), tandis que I’équivalent des étapes (1), (6), (6), (8), (8) et (10) de cette seconde procédure se trouvait confié dans la premiere au méta- langage. Le probléme soulevé par la validation de Ia proposition P>HFp serait exactement analogue au précédent, 2 cette différence prés que le postulat indispensable serait cete fois celui de l"implication (converse de la précédente) de la prospection par la rétrospection RW) La confusion d’une telle implication avec sa converse dans une seule équivalence ne fera aucune difficulté, aussi longtemps qu'on assimilera les deux relations R et R’ A une stricte antériorité-posté- riorité. Une telle assimilation ne se trouve-telle pas dgja dans le texte de Husserl dont nous sommes partis ? N'est-elle pas retenue par la plupart des auteurs qui s'intéressent dla logique du temps, qui présen- tent classiquement, & la suite de Prior, les deux expressions poGPp poHEp e U'image dans le miroir (mirror image) une de Pautre. Un tel lisme entre passé dans le futur et futur dans le passé peut assez. nent s"admettre, Jorsqu’il est question de faits ou d’événements physiques qu'on ne peut soustraire au dét encore & notre expérience morale du temps ? La conscience que, la faute une fois commise, il sera toujours vrai qu'elle I’a &46, est constitutive de lexpérience du remords si inverse- ment nous pouvions accéder & la conscience, face aux fautes commises, qu'il a toujours été vrai que nous les commettrions, il n'y aurait plus de place en nous pour le moindre remords. La premiere conscience est celle que dans un proces criminel souligne le procureur ; la seconde, au ccontraire, est celle sur la base de laquelle l'avocat essaie de trouver des circonstances atténuantes. David, aprés son double crime (adultére avec Bethsabée, puis meurtre indirect de son époux Urie) est, comme PEternel le lui fait dire par Nathan (second Livre de Sam «l'homme qui a fait cela» et il le restera toujours, aurait p venir d'invoquer 2 sa d&charge quelque fatalité qui, faisant de Iui depuis toujours Vhomme qui ferait cela, eXt détruit sa responsabilité Bref, le miroir évoqué par les logiciens ne se retrouve guére dans notre expGrience morale, ‘Ce que nous essayons de montrer ici, c'est que le raisonnement moral peut présupposer des postulats proprement temporels qui ne soient pas exactement les mémes que pour d’autres types de raisonne- ments, parce qu'ils peuvent lui étre suggérés par les spécifici expétience morale. Si nous admettons implicitement que vwiwy (Rw) >R'wymi) et, par le fait méme, que poGPp C'est que nous prétons au futur notre connaissance du pr passé), ce qui n'est pas illégitime, puisque le futur n'a aucune existence indépendante de notre prospection elle-méme, laquelle a l'essentiel privilege d’étre dans le présent ; ce pourquoi David ne peut guére se dire que son crime sera peut-étre un jour effacé, et pourquoi (autre histoire biblique, revue par Victor Hugo) I'eil de la conscience sera dans toute tombe ob pourra s’enfermer Cain, Tandis que nous pouvons toujours refuser de préter au passé, lequel a son existence révolue et de inte de notre rétrospection, une prospection sur notre ssent, l'accession du passé & son futur n’impliquant nullement son accession & notre présent. 94 ‘cHAPITRE Ainsi serait-il extrémement arbitraire de vouloir transposer les constructions sémantiques élaborées dans un certain domaine modal directement dans un autre, sans en référer d’abord aux conditions fondamentates de cette nouvelle forme d’expérience. De la distance que nous venons de constater entre deux ordres de modalités, nous rencontrerions encore d’autres modalités déontiques, obligatoi correspondance resp: impossible, possible et conting Les modalités déontiques se distinguent en effet d'abord des modalités ontiques pat le fait que, dans l'ordre du devi ret pas sur le méme plan la totalité des mondes accessibles & partir du monde originairement considéré : parmi ces mondes accessibles, les tuns sont priv positive, ce que les autres ne sont pas. Ainsi, lorsque nous affirmons que, dans le monde de notre considération immédiate wo, il est pas dire simplement obligatoire que a, now que a soit vrai dans tout monde reconnu comme p que nous pourrions écrire, en notant « il est obligatoire que a» par « Oa» et «west reconnu comme positif» par « +W; », Sous la forme te, qu'il est important de comparer avec la définition D1, que nous avions donnée de la nécessité Oa, wo = wi [(Rwows. wi) >(a, wills de méme pourra-t-on comparer avec Ia définition D2, que nous avions donnée aussit6t apres de la possibitité, la définition suivante de la forme de permission, qui correspond a celle que nous venons de donner de obligation? 1 dessus, p. 81 2, Soulignons que la majuscule P, aprés avoir été utilisée comme une constante de prédicat, puis comme désignation du foncteur temporel du passé (cf. ciedessus notte 1.1, 9.91), dé le foncieur déontigue du permis Prenons garde au fait que Pemplot paralléle de ces 3S, que nous conserve- rons parce qu'lles sont asteztraditionnelles, implique un risque de confusion, PREDICATS POURVUS D'ARGUMENTS PROPOSITIONNELS 95 Pa, wo = avi [Rwpwi. +wi (0, W)] Une autre différence, tout aussi fondamentale, entre modalités ontiques et modalités déontiques tient & ce que la question de I itération de Ia modalité ne se pose pas du tout, de part et d’autre, de 1a méme manitre, Un examen dgja sommaire du vocabulaire philosophique suffirait 4 nous convainere qu’il peut y avoir un sens & itérer dans certains cas la modalité ontique, prise telle quelle. Le jeune Leibniz ‘dans son De conditionibus *n’hésitat-l pas 2 écrire Qui peut faire qu’il puisse, déja peut, ce qui était une maniére de montrer que sa conception de Ia modalité ontique correspondait & un syst8me dans lequel (comme on peut le ‘vétifier) on admettrait au moins 1a transitivité de la relation daccessi- bilité d'un monde & un autre ? Plus encore, la lecture de Kant suffit & convaincre du r6le que joue chez Iui I’idée d'une nécessité de la possi- bilité (kénnen miissen), qui, en occurrence, ne se réduit pas 2 une possibilité simple, mais représente une sorte de possibilité essentielle, sans commune mesure avec la possibilité em done témoigne, dans le vocabulaire kantien, d'un refus implicite des équivalences fe de la réflexivité, de la symétrie et de la transitivté de la relation daccessiblité ; 6quivalences iz au contraire se serait, semble-t rement aecommodé, Par exemple, sous la plume de Kant, 1. Le : Je pense doit pouvoir accompagner toutes mes représ tations 2; 2. Les actions morales doivent pouvoir se produite en ce sens {que c'est la raison pure elle-méme qui ordorine qur’elles puissent se produire ; 3. Dans le Fondement de la métaphysique des murs, le prin- cipe de l'autonomie doit pouvoir Btre connu a priori* ; 1. De conditionibus, Akademie-Verlag, Sechste Reih 2. Rritk der reinen Vermunfi, herausgegeben von Raymund Meiner, Hamburg, p. [40b. 3 Ibid., p. 730. Cf. aussi Kant-Lexikon bearbeitet von Dr. Rudolt Bisler, BS. Mittler & Sohn, Berlin, 1930, articles Konnen et So 4. Grundlegung zur Metaphysik der Sin, Reclam, ig, p-96, 96 CCHAPETRE mL pensée des contenus annexes dont son expression s'encombre parfois, ontique ont évidemment rait plus d’une simple itération, Prenons l’exemple des normes hiérar- chiques : nous ne pourrons les exprimer convenablement que si nous disposons d’un foncteur déontique qui ait, en plus de son argument it désignant 1a prestation visée par a norme, deux Pautorité dont 1a norme subordonnée se trouve inversement en situation de sujet soumis es articles 145, 164 et 169 du Code ‘au procureur de la République du liew parents, sous certaines conditions, & enfants. Indépendamment méme du rapport hiérarchique de la norme subordonnante & la norme subordonnée, on risque, 2 ne pas préciser de la norme, de s'engager parfois dans des ambi- 1. Kritit der reinen Vernunfi, p.259. Cf. aussi Kant-Lexicon, anicle Si fipheit. ‘2. « Es muss moglich sein...», Wissenschaflicher Briefwechsel, Felix Mei- ner, Hambur comme Corax et Tisias, tant6t comme Protagoras a donné & Tisias ses legons de rhétorique par un contrat selon lequel ‘Tisias ne le paierait qu'aprés avoir gagné sa premiere cause, Or, ce dernier tarde & plaider et, de ce fait proces sur lequel juge obligera Tisias & le payer; et cor cst au contraire que, si Corax gagne, Tisias & le payerset que, s'il perd, perd, c'est seulement I'autorité du juge qui px n, L’apparente contradiction tient seulement & ce q mn 2 partir du moment od il y @ au moi oblige, c'est & Corax qu'on devra donner ‘en revanche, on ne reconnait de validité qu’ la T’on considére que le contrat e sa forme aux exigences jt pourvu d'un unique argument de nature pr siquement les logiciens dans les syst est qu'on se cor supposée unique (par exempl i ) et od le sujet est j-méme unique ou queleonque (par ne sera méme plus Lge. jons, qui désormais n’auraient dre A envisager la valeur de vérité d’expressions comme Oa ou Pa Ie seul monde origin caractérisés par leur sions a, elles-mémes désormais dépourvues de tout caractére proprement déontique. En définissant ainsi sémantiquement tel ou tel foncteur déontique, sommes inévitablement conduits & nous dégager des ambigui avent pris les termes des langues vernac ue nous désignerons par P* pour la distinguer peut caractériser sémantiquement par Ia Pra, wo = Vwi [(Rwows . ~+wi) > (-2, wi)" Mais ces deux types de per ion ne suffisent pas encore & rendre compte de toutes les ambiguités du terme ; ils nous fournissent tout au plus une n de ces ambiguités dont 1a langue naturelle s’accomm: -ment, mais dont un langage voué au calcul, méme s'il réutilise certains mots de la langue natut ment se débarrasser. Une telle analyse, dont nous avons essayé de donner quelques exemples élémentaires, ne doit pas avoir pour seul but de tuns des autres des concepts abusivement confondus ; chercher a rendre compte des connexions logiques qu concepts que nous avons tendance le, doi PREDICATS POURVUS D'ARGUMENTS PROPOS ‘Ainsi est-il difficile de considérer mi ‘déontiques comme des entités qui reltveraient de syst ‘dépourvus de toute communication, Le logicien se doit done d’étudier Ja manire dont ils peuvent s’articuler les unes sur les autres. Pour n’en donner ici qu’un exemple, faisons observer qu’en combinant que nous l’avons caractérisée, avec ce que n forte, nous pourtions le que la caractérisait Di. Proposons en effet Ia définition : La = a.0a.P’-0 @ cest-adire La, wo 5 (a4 Wo) - (On, wo) « (P'=a, Wo) Si nous remplagons ici les deux demiers termes c par le definiens de la dé {que nous en avons donné: obtiendrons effectivement aprés simplification La, Wo = (a, Wo). ¥wi [Row >(a, dgsignée par R dans l'un et l'autre cas : 1, comme on ne peut envisager d’acce -Pw]« Yo [(Rwow.~ +1) >-Quil} soient reconnues comme valides. En revanche, la thése qu’on retrouve dans toutes les logiques déon- tiques: Ops Pp ne donne pas, dans sa transposition en calcul des prédicats vwi [(Rwows . +i) > Pwil > avi (Rwows . +wi. Pw) 1. Sur cette question des normes higrarchiques, contentons-nous de renvoyer av chapitre que nous avons consacré & ce sujet dans notre Essai lalités, pp. 159-170, 2. Faut tes mises en garde ? La majuscue ide la permission; ensuite, dans les transp lle est employée comme simple PREDICATS POURVUS D'ARGUMENTS P une expression qui soit par elle-méme valid subordonnée a une propriété qu’on peut exprimer sous la forme: Aw; (Rwow) . +), dont on vérifiera immédiatement qu'elle implique expression pr. dente, Cette propriété signifie que la nature de la normativité est tell que tout ne peut pas (sans absurdité pratique) étre interdit: il faut 4qu'existe au moins un monde accessible au monde originaite, et qui soi Feconnu comme positif; sans la possibilité de choisir ce monde, urait plus de responsabilité et, par le fait méme, d’ obligation. sommes-nous ici en présence d'une sorte de postulat propre a la rationalité déontique, emprunté cette fois, non plus, comme précédem- ment, & notre expérience du mode d’accessibilité caractéristique du flux temporel, mais aux conditions fondamentales de toute forme, semble-t-il, de raison pratique, Faut-il souligner que nous rejoignons ici un théme kantien ? insi Nous voudrions illustrer sur un autre exemple ta nécessité, dont nous avons déj sommairement traité, danalyser des concepts que nous percevons cot tructions possibles, dans I’espoir d’éclairer certaines inférences aux- quelles se préte volontiers la rationalité qui s'exprime spontanément & Pintérieur du langage naturel. Nous choisirons cette fois le domaine doxastique (celui de la croyance) et épistémique (celui du savoir) et nous symboliserons la proposition «a croit que p» par «Cap» et «a sait que p> par « Sap» Essayons d’abord de dégager une sémantique qui justifie les traits ‘communs & ce que nous appelons respectivement croyance et savoir, Croyance et savoir ont en effet d’abord en propre de renvoyer l'une et ‘autre & ce que nous appellerons un monde, celui de la eroyance et de la non-croyance dans le premier cas, celui du savoir et du non-savoir (nous dirons : de I'ignorance) dans le second cas, du sujet de la dite croyance ou du dit savoir. Si le sujet a croit ou sait que p, «p » figurera au compte de sa croyance ou de son sav ne eroit pas ou ne sait pas que p, «p> figurera au compte de sa non-croyance ou de s ignorance. Mais croyance et non-croyance (de méme savoir et igno- 102 (CHAPITRE rance) ne sont pas l'un & l'autre dans la méme relation que le vrai et le faux. Car enfin 1. si une proposition figure au compte de la croyance (ou du savoir) de a, je peux immédiatement en déduire que sa négation gure au compte de sa non-eroyance (ou de son ignorance). La que p ne serait pas croyance (ou savoir), impliquait pas non-croyance (ou ignorance) que non Pi 2.en revanche la non-croyance (ou I"ignorance) que p, nimplique en rien croyance (ou savoir) que non p ; puisque, pour ne pas croire (ou pour ignoret) que p, il n'est pas indispen- sable de croire (ou de savoir) que non p il est encore possible & cet effet de ne eroire (ou ne savoir) ni que p ni que non p ; tandis termes mémes de croyance et savoir doivent avoir quel elles peuvent en revanche sans difficulté coexister dans le compte de ma propre non-croyance (ou de mon ignorance), la supposition de a fausseté d'une expression enve- consé- Cap 3~Ca-p Sap >-Sa-p uisque, si nous y supposions I’antécédent vrai et le conséquent faux, ns « SaFx) 4, il existe un x et un seul qui a fait cela et dont a sait qu 4, qu'ils l'ont 3x [Fx . Vy (Fy Ixy) . SaFx] Le remplacement, que nous avons proposé dans le présent chapi- tne, du recours métalinguistique aux mondes possibles par sa traduc- ion proprement linguistique dans le vocabulaire du calcul des préc cats pene avantage spplémenaire de pemeted maniére relativement simpl distinctes les unes des autres peuvent avoir donnons ici que l'exemple modalité ontique L et la moda comme Il sera toujours nécessaire que p. ‘Si nous réservons la relation R & la définition de la m désignons par S la relation correspondant & celle de | relle, nous pourrons dans un premier temps mettre «GLp» sous la forme: wiv > LP, puis passer, dans un second temps, & la forme wij > Vy Rw Pw) équivalente : vie [(Swiw; Rwjw) > Pw) Ceci permettra a Ia fois de distinguer les proprigtés respect relations R et S, et éventuellement de tenir compte des rapports qu peuvent avoir enire elles. n reconnaftre qu'une des prédicats soultve dans d'autres cas certaines difficu le transposition en calcul 8 cH RE quelles nous ne pouvons nous attarder ici mais qu'on aura déja pu remarquer, en particulier dans nos propos concernant les modalités 6pistémiques ; sans doute y est-il possible de traduire asait que p sous la forme circonstancielle dans le savoir de a mais il faudrait alors veil ue le savoir que non-p non-p dans le savoir dea de a simple ignorance que p + A ce que la notation permit aussi de distin- non(p dans le savoir de a). Mais surtout et dune maniére plus générale, la méthode que nous avions proposée se heurte & des limites, quand on aborde le calcul modal des prédicats. On se souvient que cette méthode nous amenait !& accepter comme valides aussi bien la formule de Barcan que sa converse. Mais nous avions alors signalé que la validité de cette formule était lige & cette condition que l'ensemble d’individus considéré (en dehors de l'ensemble des mondes individuels lui-méme) ft commun a tous les mondes possibles: la seule chose qui varie d’un monde & Pautre est que les individus, selon le monde, ont ou n'ont pas telle propriété, entrent ou n’entrent pas dans telle relation. Or cette uunité du domaine d’individus est bien une condition fondamentale du classique calcul des prédicats. En ce sens la méthode de transposition que nous avons esquissée ne peut nous donner que des systémes dans lesquels aussi bien la formule de Barcan que sa converse seront toujours valides. Car, si nous admettions que les domaines d’individus pussent varier d’un monde & un autre et que ce que nous écrivions jusqu’ici «Vx Pxw; » signifiat que «Pxw;» est vrai, non plus pour tout 1ément x de I'unique domaine d’individus considéré, mais pour tout ément x appartenant au domaine d'individus propre & wi, nous ne pourrions plus dans ces conditions transcrire la formule de Barcan comme nous Pavions fait précédemment : ‘yaw; (Rwow) > Pxws) > ¥wi (Rwowi > ¥x Pxw). 1, Ci-dessus p., 84, Sur le probleme que nous sovlevons Cresswell, An Introduction to Modal Logic, pp. 170-171. sof. Hughes & PREDICATS POURVUS D'AROUMENTS FROPOSITIONNELS 109 11 faudrait, par exemple, introduire une seconde (R étant Ia premié constante de prédicat dyadique Sxwi, signifiant que l'individu x appar- tient au domaine d’individus propre au monde wi, en sorte que {quantification universelle de «Pxw;» ne s'exprimat plus par « Vx Pxw », mais par: vx (Sxwi oPxwi) La formule de Barcan deviendrait alors par application combinée du mode de transcription que nous venons de proposer et de la dé Di x [Sxwo> vwi (Rwow:>Pxwi)] > vi [Rwowi> vx (Sxw) > Pxw; ique pour tous les aviv) (Sxwi2Sxw), notre nouvelle transcription de la formule de Barcan deviendrait valente & la précédente ; I’ antéoédent et le conséquent de cette nouvelle scription seraient équivalents l'un a l'autre ; la référence au domai- 1e d'individus, marquée par le prédicat $, deviendrait en effet super- flue, En revanche, si nous ne nous soumettons pas & cette rest Punicité du domaine d’individus pour tous tes mondes, il suffira, po invalider cette demnitre transcription de la formule de Barcan, d’en donner le contre-modele, pour lequel il y a d'une part l'ensemble d'individus {xj, x2) et d’autre part ensemble de mondes | dans lequel 1. « Sxwo», «Sxiwi», «Sxawi», «Rwows» «PxiW0» « Pxiwi » sont vrais on de 2. « SxaWo>, «PxaW1 » sont faux. Ce contre-modéle montre que la formule de Barcan ainsi transposée serait encore invalide, si l'on présupposait I’inclusion de tout domaine @individus d’un monde dans le domaine dindividus de tout autre ‘monde qui lui ft accessible, c’est-A-dire méme si l'on postulait vxvwiny [Rwij > (Sxw; 2Sx1)]) On pourra vérifier qu’au contraire la converse de la formule de Barcan est impliquée par cette propriété inclusion, telle que nous ‘venons de la formuler. Cependant, si ’on ne postule pas cette propriété er d'une valeur de vérité idu dans un monde au domaine duquel pas (c'est-a-dire que, par exemple, u faux, bien que x2n’appartienne pas au Ividus propre & w1), cette converse de la formule de on le voit sur le contre-modéle cons- s d’individus et de mondes que le Skawo>», «Rwow: sont vrais «PXiWo», «Px2Wo» «PX Wy», 2, « Sxawie, (6 de faire varier les iividus considérés quand on passe d'un monde & un autre tre extrémement abstraits et étrangers a la pratique du nt spontané, si nous n’en donnions quelque exemple qui ontraire. Au surplus, tandis que, pour les propos que nous tenir sur le theme de la formule de Barcan, nous nous ssiquement cantonnés dans le domaine des modalités onti- }0us choisirons ailleurs cette fois notre exemple, ne serait-ce que comprendre que le probléme ici soulevé n'est absolument A cet ordre. lure que tel jeune enfant eroit qu'il existe un descend par la cheminée le soir de Noél. En déduirions- qu'il existe un individu dont cet enfant d par la cheminge le soir de Noél ? Si nous acceptions nférence, c'est que nous considérerions un unique ensemble is auquel appartiennent tous les familiers de l'enfant, y familier, & nos yeux sans doute imaginaire, qu’est le Pére i aurions-nous une ontologie, que nous pourrions qualifier ou de large, pour laquelle peuvent exister d'autres individus seuls dont la majorité des adultes reconnait qu’ils existent. che, nous refusions cette inférence, c'est que nous ensemble d’individus caractéristique de univers ensemble beaucoup plus vaste existe un i descende ainsi par la cheminée, sans pour autant qu’existe )POSITIONNELS PREDICATS POURVUS D'ARGUMENTS 1 dans notre monde originaire cet individu dont il eroit qu'il descend la cheminée, Mais nous aurions pu aussi bien reprendre "exemple, célebre Vutilisation qu’en fit Russell, du roi d’Angleterre Gorge IV. Certes ne se serait jamais posé la question saugrenue de savoir si Walter Scott était Walter Scott, mais pouvait se demander si Walter Scott était bien laureur de Waverley ; tout simplement parce que, parmi les individus appartenant jusqu’ici au monde de sa connaissance, pou! cexister, indépendamment de ce M. le souverain lors de sa visite en Ecosse, alors & son public que comme !’auteur de Waverley. Le monde di eroyance de chacun d’entre nous est & certains égards plus pauvre, & autres égards plus riche, que le monde méme dans lequel il vit. Ainsi 1a supposition d'une possible variation des ensembles d’individus envisagés d'un monde & un autre n’est-elle pas seulement le produit de l'imagination sophistique de quelques techniciens de ta ogique. Les exemples que nous venons de donner n’avaient d'autre but que de montrer que la méme démarche pouvait se retrouver impli- citement dans les plus ordinaires propositions, dans les plus directes inférences dont pt témoigner la langue naturelle, Nous touchons ici aux limites, non pas de la logique, mais de la suffisance de certaines ‘conventions de base du classique calcul des prédicats. se désignait (On aura observé que tous nos développements du présent chapitre se sont jusqu’ ici cantonnés dans l'étude de prédicats & unique argument propositionnel, prédicats correspondant a ce qu'on peut désigner du terme traditionnel de modalités, & la condition bien str d°élargir tres considérablement le sens que ce terme avait dans la tradition ari totélicienne. Pour nous référer au tableau dont nous sommes parts tous nos exemples étaient empruntés a sa deuxitme ligne, celle dans laquelle le nombre des arguments propositionnels est un, quel que soit nominaux. Sans doute avions-nous souligné* que ‘nos langues vernaculaires sont de moins en moins prodigues d'exe ples, & mesure que s’accroit le nombre des arguments proposi 1. Ci-dessus, p. 42, 2 Cidessus, pp. 41-42, 112 (CHAPITRE du prédicat, Nous youdrions tout de méme nous arréter & quelques prédicats & deux arguments propositionnels, correspondant ainsi a la troisitme ligne du tableau, ne serait-ce que pour ne pas laisser douter de la généralité de notre propos. Les exemples de prédicats & deux arguments propositionnels qui viennent le plus facilement & l’esprit sont ceux des subordinations ou coordinations d’ordre temporel pen méme temps que q avant que q apres que 4. Georg Henrik von Wright a ainsi étudié successivem teurs: les fone- Maintenant p et aussitot apres q et Maintenant p et puis q; de méme GEM. Anscombe Autrefois p et puis 4. Hans Kamp s'est davantage attaché? aux foncteurs depuis que et Jjusqu'a ce que. En dehors du domaine proprement temporel, von Wright, apres d'autres et avant d'autres, a assez longuement ana- lysé le foncteur de la préférence‘ d’un état de choses relativement & un autre état de choses, que cette préférence soit mise en relation avec un sujet qui préfére, ou qu'elle soit au contraire caractérisée en elle-méme comme une sorte de priorité absolue. étudie? + el « And Next», Acta philosophica fennica, XVI Then», Commentationes physico-nathematicae ‘autre articles sont réédités dans G.H. von Wi Philosophical Papers, vol. 1, pp.92- 1965, pp. 293-304 et XX, 7, 1966, pp, 1-10. , Philosophical Lo} 2. « Before and After», Philosophical Papers, vol.73, 1, jan. 1964, pp.3+ 24, 3. On tense logic und the theory of order, Ph.D. Thesis, University of Cali= at Los Angeles, 1968, cité par Prior, Past, present and future, Clarendon 111 et par Rescher et Urquhart, Temporal Logic, Press, Oxio pp. 193-124, 4. The Logic of Preference, Edinburgh University Press Logie, pp. 67-91. Parmi les Togiciens, qui se sont rs la meme époque 2 la préférence, citons Soren Hallden, RM, Chisholm et B. Sosa, N. Rescher, Bengt Hansson. PREDICATS POURVUS D'ARGUMENTS PROPOSITIONNELS 113 Entre les différents foncteurs que nous venons de quills soient temporels ou non, on a peut-€tre remanqué qu’ y a qu que chose de commun qui peut expliquer le relat intérét que leur rement évident pour les foncteurs temporels, qui s’appuient directe- ‘ment ou indirectement sur l'ordre de succession des instants du temps. Is et celui qui est peut avoir de sens que si les sont eux-mémes ordonnés entre celui qui est mi pire aux yeux du sujet de la prétérence. Ces états de choses, antérieurs ou postérieurs & d'autres, qui sont prétérés A d'autres ou auxquels d'autres sont préférés, peuvent etre ‘considérés comme des mondes, plutot réels dans le cas du temps, plutot simplement possibles dans le cas de la référence, mais qui de nature ne different en rien du gente des mondes, réels ou possibles, auxquels nous avait conduits la considération des modalités. Ces mondes ont a caractéristique de pouvoir entretenir de l'un a l'autre une relation, dite, selon le cas, dantériorité ou de prévalence, que nous noterons, comme précédemment, par Ia constante R, « RwiW, » si est antérieur d ou meilleur que W) i temporelle, ces mondes sont des mondes instantanés, nous serons naturellement amenés & considérer cette r ie analogue & colle qu’ont entre eux les points d’une droite orientée, c'est-A-dire que nous nous a représenterons comme irréflexive, asymét et transitive? ; peut-étre irons-nous méme jusqu’a en strictement linéaire, c’est-A-dite (elle que : ‘yaw (Twin v Rwiwy v Row), Rien ne nous interdirait non plus d°ajouter & ces propi densité et de continuité que nous reconnaissons habituellem: semble des points de la ligne droite, L’important sera seulement de garder chaque fois en mémoire les propriétés que nous aurons pos- tulées. La démarche dont nous venons d'esquisser le principe a déja éé, plus ou moins explicitement, appliquée par certains logiciens. Qu'ils utilisent généralement les variables f,r',, ete. pour désigner des ins- 114 ‘CHAPITRE m1 PREDICATS POURVUS D'ARGUMENTS PROPOSITIONNELS 115 coup d'études, se refuse généralement a recourir I ses yeux, de monde poss ay recourir lorsqu’il s'agit d’analyser la préférence en culaire, Il ne répugne pas en effet & reconnaitre' que cette préférence stexerce «entre mondes possibles» et & désigner par la appelle «une description arbitraire d'état & Vintérieur di discours », cette référence & l'univers du discours étant sans doute notamment destinée & écarter le soupgon ‘Nous constatons done que von Wright [ui de faire appel & la considération de mondes possil est vrai que ce recours contribue surtout chez lui & une mise en ordre des analyses effectuées dans le Iangege ordini tion ; cette considération malisme que von Wright e {qu'il pense avoir réussi, en s'appuyant su tours de nos intuit ts quelconques du temps, et 1a constante n pour désignes p dept d'une maniére que nous pouvons immédiatement transcrire di suivan aw {Rio Quy. Yow; ((Rwi.RwyWo) > Pr par ee que nous éc wy (Rovow) Qui. ¥owy [(Rwow -Rw)w)) > Pwi]} Soulignons que ces deux d uur dire'que «p» y est vrai sage de ces deux expressions) mais pour dire que, relativement au monde ou au temps présent Wo, (de préfirence ou de succe: jon, Mais, & procéder con dans 1a méme catégorie de ce qui nous serait donné dune part des faits irréducti ne peuvent pas 3s, peuvent tre obtenus par ve ‘que et de jusqu’a ce que. déroulement, mais dont nous devinons approxi: sions. Alinsi von Wright adm sles foncteurs temporels en question, sans que nous ayons besoin de yumettre chacun &.un examen particulie nous serait sans doute beaucoup pl conclusions analogues dans les cas de la préfe sée G.H. von Wright. Mais ceci tient surtout & ce que cet auteur poursuit longuement ses obser about & des résultats qu’il se décide & confier & la formalisation. Or il nous semble trés remarquable que von Wright, qui , dans le domaine des modalités, auquel il ne faut pas oublier qu'il a aussi consacré beau- toute raisonnable relation de préférer flexive. Aucun état ne peut étre intrinstquement préfeéré meme. 3 que « personne ne voudrait contester que P est une relation « perfectly Logic, 1. Cf, les références déja données ci-dessus, aL, Gatien, La logique du temps, ars, PU 1973, pp ainsi que 27. 4. The Logic of Preference, p. 116 CCHAPITRE: tH reconnait que la tran: préférence peut en revanche préter & controverse, il esti moins ! avoir des raisons majeures pour lui accorder place & I intérieur de son axiomatique. I! explique de méme®, remarquable analyse, pourquoi il accepte pan base» de sa logique, celui selon lequel «les préférences disjonctives sont conjonctivement distributives », La représentation, que nous avons déja évoquée®, de 1a droite orientée dont les points peuvent avoir entre eux une relation R antériorité (peu importe ici que cette antériorité soit chronologique ou préférent r ), présente le double avantage, d'une part de sous~ tendre la plupart des concepts usuels qui se réferent & un ordre entre Giats de choses, dautre part de présupposer des propriétés que la géométrie élémentaire a clairement inventoriées. Or, & partir de cette relation R entre points ou mondes ponctuels, nous pouvons tenter de caractériser ce que veut dite que nous écrirons Apg. Enumérons ici, face & I'ambiguité que mani- feste cette expression dans la langue naturelle, quelques acceptions envisageables, sans que nous puissions prétendre, en quoi que ce soit, épuiser tous les sens qu’elle est susceptible de prendre, La proposition «p est antérieur @ q» peut par exemple signifier 1. Quels que soient deux mondes, i p est vrai dans I'un et q dans Vautre, le premier est dans la relation R au second* ; c'est-&- dire, dans notre mode de transposition en calcul des prédicats Aipy 3 Ywiy (Pw. Qu) Rwy] 2. Quels que soient deux mondes, tels que, dans l'un, p soit vrai et q faux, et que, dans l'autre, p soit faux et q soit vrai, le premier ‘est dans la relation R au second’, c'est-t-dire : 1, Bbid., pp. 22-23. 2. Ibid., pp. 26 et.40. 3. Ci-dessus, p. 113. 4 Nous disons. ‘ui pourait donner ddans la elation R 2» pour éviter le terme « américur a», redefinition fat circular, au lecteur du moins référence corresponde exactement a celle que retient von Wright, soulignons PREDICATS POURVUS D'ARGUMENTS 47 Aapq 3 Yow [(Pws .-Qw; .-Pw) . Qui) Row) 3. existe dewx mondes, l'un oi p est vrai, l'autre ot g est vrai, et le premier est dans ta relation R au secor Aspq. = awiwj(Pwi.Qu;. Rwow)) 4, I existe un monde ot p est vrai et q faux, tel que, dans tout ‘autre monde qui soit a lui dans la relation R, q soit faux ; c'est-h- dire: Aapq 3 3 [Po.~Qui.¥wj (Rujwi 2-Qw) Ayant ainsi proposé quelques définitions envisageables de la r tion d’antériorité entre deux états de choses p et g, définitions toutes mobilisent la constante de relation R, nous pouvons maintenant nous interroger valablement sur les propriétés de chacune de ces 1 3s relations Ai, Aa, Aa, Ag, it d’accord sur les propristés d entendu que, pour ces demniéres, nous nous en ti quatre propriétés fondamentales dont nous avions déja fait état: irréflexivité, asymétrie, transitivité et ordre total. Le recours au calcul des prédicats nous permettrait alors de démontrer que, des trois relations Aj, Ag et Ag, aucune n'est elle-m&me ni irréflexive, ni par le fait méme, asymétrique, ni non plus transitive. En revanche, on tion de I'ordre total pour la relation R permet en outre d’établir asymétrie ; Vacceptation de la transitivité et de Vordre total pour la relation R permet enfin d’établir la transitivité de Ac, La legon de ces résultats est qu’ aussi lo Pune maniére semi-intuitive, ou & partir di dont les bases ne se trouvent pas intégralement contr6lées, on court le risque de préter les propriétés de tele relation, comme celles, dans notre exemple, «) différentes, qui peuvent avoir avec la premitre quelque analogie ou, comme dans notre exemple, peuvent se construire & partir de la seulement qu'elle s'en rapproche déja devantage que la premiere, Cf: von Wright, ‘The Logic of Preference, pp. 24-25 1. Ciedessus, p. 112, CCHAPTTRE mt ‘conomie d'un recours a quelque se contenter de proposer de multi- ions finalement divergentes, il faut 's plus fondamentales, cel nt pas simplement & un défaut de maitrise envers ons et raisonnements qui peuve he s'agit pas de nier 1a polysémie du langage nature contraire d’ acceptions dist la confusion ne permet pas générale: se fier logiquement & ce langage naturel Pour illustrer nos propos par un autre exemple emprunté au méme texte, nous pourrions nous demander si les fon Regle de ive des préférences disjonctives, que von Wright metait a la base de sa logique, Limitons-nous ici a la consi- dération de I'équivalence Ap (av) = (Apq. Apr). On pourrait vérifier par le calcul des prédicats que cel Jogique que pour A, ct As, mais que pour Ap et A3 set servations nous n’avons évidemment pas la naive prétention de emarquables analyses de von Wright ; nous voudrions seu- nt préconiser, devant ce genre de concepts, un type de démarche 8 précoce dans son rect ssOr dans le contrdle de Mn avec les concepts que nous qualifierons il peut y avoir des premiers aux seconds un cus en avons rencontré un exemple avec la proposait de c PREDICATS POURVUS D'ARGUMENTS PROPOSITIONNELS foncteurs temporels & partir de depuis que et jusqu'd ce que. On rouverait un autre excellent exemple avec la implement et remarquablement ions mieux faire que de reprod tenté de dire que c'est une vérité « par les sont les déi « Xap op Notre réponse variera évidemment sel prédicat X. Supposons d’abord qu'il signifie « Nous établirons la validité de l’expression de la fagon suivante, od Ia premitre étape du premier tableau donne 1a négation de Lyp op > Lapop. L¥p op. M¥p-op Lyp op Myp-~op oblige supposer I’existence el que ‘nous appellerons. (4) ¥p-®p (5) Vp ®p ca oa ‘générales de la quan acception la plus élémentaire, PREDICATS POURVUS D'ARGUMENTS FROPOSITIONNELS En revanche, si le prédicat X sis est impossible que», nous pourrions rejeter Ia v contre-modéle d’une extréme simplici congue de mondes accessibles au tions, I juement ‘quatre » et l'autre po apodictiquement fausse comme « deux et deux font cing », faisant partie l'une et l'autre de l'ensemble de propositions sur lequel porte la quanti jeux artifice, rejoint les rés wvidence phénoménologique. Peu comme une évidence fondamentale que Deux cas sont en fait A envisage mn caractériser par ire ; je suis donc en pré- xpression sur la validité de de voir! que Ia nature de la tat atu moins un monde reconnu comme Gt accessible au monde originaire, je serais alors amené & ager un monde positif wi, od la présence de deux propositions dictoires l'une de Pabsurde: utrement dit, nous serions obligés &'impossible Les deux exemples que nous venons de prendre avaient la parti- ité d'etre suffisamment simples pour étre encore acces: {en quelque sorte de mettre en forme, des ts que la méthode phénoménologique des variations ima, pu déja nous donner. Proposons mainte ‘exemple, dans formali leque! -M ¥p-Mp évidemment équivalente & Nest nécessaire que quelque chose soit possible ma quantification proposi le Aun ensemble de jonnels {p1, pas... Pa), Sans y ajouter ceux qui se laissent construire & partir des différents p, au moyen des connecteurs propositionnels, il me sera facile de trouver un contre-modele, au demeurant méme assez trivial, mais qui suffise & falsifierl’expression ‘Supposons en effet que le monde originaire wo n’ait acc¥s qua Iui- ‘méme et qu’en outre, tous les p; y Soient faux ; de ce fait tous les Mp, y contenus propo: 1. Cf ciedessus, p. 101 En revanche, si j'ajoute aux différents py, dans l'ensemble auquel s*applique la quantification, les contenus propositionnels qui se luis construire au moyen des connecteurs propo: je pourra vali- der, par l'absurde, l'expression en question en partant de sa négation dans le monde originaire : wo vp-Mp Cette premitre étape m’améne en effet & supposer un monde, que je désignerai comme wy, dans lequel « vp ~Mp » soit vrai avec les consé- quences qui s’en ensuivent jusqu’a la contradiction entre les stapes (5) cation proposi fréquemment a I’exercice part aux propriétés des différents pr bjet du présent chapitre. De ce jeu combing, ‘au moins CHAPITRE IV LES FONCTIONS D'UNE PLURALITE D'ETATS qui pou vaient recevoir des arguments nominaux et proposit prenait as en compte une autre distinction possible. Car les propositions constituées au moyen de ces foncteurs peuvent étre & leur tour regrou- pées en deux classes différentes, exclusives ’une de l'autre, selon le principe complémentaire suiv: 1. Certaines de ces propos appellerions un état: sije dis qu’ que a aime b, que a préfere b & c, que a est ol décris un état de pluie, de tonnerre, de g dece terme aucune stabilité da Ie montre not exemple), aucune pi a des états des états actifs: si un qu’il marche ov qu’ décris un état de marche ou de course ; marcher, courir sont ce que Gilbert Ryle? appelait des verbes de tache (task verbs), 2. Cf, The concept of Mind, chap. 126 (CHAPITRE IV ruptures, passages, achévements, d'un jeu qui mobilise une plural par exemple, en cuvre ce que Ryle appe oi a ne tient pas enc ly est parven des proposit vérité déper des propositions don dépend de deux ou plusieurs éta tant le nombre d’états (p21) dont la vérité de la proposition est fonction 1. Si p=1, nous aurons affaire & des propositions constituées par ce que nous appellerons de simples verbes a’ pleut, a est grand, a aime b, ec. 2. Si p=2, nous aurons affaire & une catégorie dans laque ‘nous retrouverons notamment l'ensemble des propositions cons- tituées par ce que nous serions tenté d’appeler les verbes de chan gement : a décide que, a guér 3. Si p=3, nous aurons affai nous retrouverons notamment l'ensemble des propositions cons- \ées par ce que nous appellerons, & la suite de G.H. von démon- LES FONCTIONS D'UNE PLURALITE D'ETATS 127 Le fait de tuer ou guérir queiqu’un, le fait de battre de trouver la démonstration d'une conjecture, en efte différence de nature que le second est une for proposition antérieur, ob be postérieur, ob b ne I’est plus, mais en outre (pour q 1e mort quelconque, mais bien d'un meurtre de b par a) 4 reur, oitb serait encore vivant sia n’était pas intervenu. De fonction de l'état réel antérieur, ob ct état réel postérieur, oil s é rieur, oi Qu'l soit bien entendu que dé un probleme) constances, tant6t comme des fon: que son professeur passé d’un état od il n’avait pas résolu son probl résolu j Ie Lycéen n'a pas la naiveté de o ent pas sa trouvail re la pense pas lune fonction de trois tats pas résolu, état social réel postéri Gat irrée} postérieur enfin, dans lequel ‘me ou démontrer un découverte, pas plus que battre son record personnel sgénéralement pergu comme une fonction de deux états) n'est pour ‘autant batire un record (fonction de trois états: la performance, état social postérieur & la performance, Ie monde se trouverait sans cette performance). Les laissent penser de deux manitres trés différentes. 128 CCHAPITRE Iv ous en outre de ne pas nous laisser induire & une généra- ante, par les exernples mémes qui nous viennent sponta- part A un état temporelles de cependant aucune ra relles. Nous pouvons envisager, méme si nous en trouvons beaucoup 1oins facilement des exemples, que certaines propos ute fagon, d®s qu'on dépasse le ‘on est généralement amené & déborder le cadre ‘comme le montraient nos exemples. ‘obstacle & Ia reconnaissance du principe n que nous venons de proposer, est notamment lige au f que le vocabulai ique, en particulier le vocab ique, contient pew dincitations & s’engager dans un ne-aurait pu provoquer dat roduction de prédi eussent joué sur un nombre d’états supérieur & un: au lieu mathématici ont généralement préféré, soit nier la r d'autre chose, soit se contraindre & préciser toujours auquel des deux segments dont il était la coupure le point devrait appartenir. Si done nous rapprochons le troisiéme principe de distinction, que nous venons de prendre en considération, des deux premiers deja évo- és @ la fin du chapitre I, nous serons conduits & classer les foncteurs 5 de propositions, non seulemer positionnels et les n arguments nominaux que nous avions d’abord ingués, mais encore selon les p états auxquels leur analyse renvoie, tant bien entendu que m20, n20 et p21 LES FONCTIONS D'UNE PLURALIT# D'ETATS 129 ‘Revenons done maintenant au tableau & deux entrées ob s’expr Ia classification é ‘Iémentaixe de notre premier chapitre '. La ‘entrée, dont nous avons maintenant besoin, nous obligerait & passer dans la troisidme dimension. Observons que tous les exemples 4 avions portés sur ce tableau avant d’avoir & évoquer notre d principe de distinc simples états, 6 premier élément trois entrées, I’élément ou niveau pour lequel p= 1 remplacer dans impersonnels » p état comme «il ier n, correspondent au cas ob p= Andie Ade s de promenade, de grandeur, d amour, de su mn, de prévalence, de coor tableau & deux entré ou, la case o m=n=0 Ia mention glol ar quelques exemples 4 stables propositions pleut» ou «il tonne. ‘Nous pourrions, & ce tableau, ajouter, pour le cas od p=2, le tableau suivant : 1 ° 1 2 0 | Letemps change ann | abst part ‘commenced ‘conn 2 a cese de ‘qui appelle certaines remarques : 1, Dans la case pour laquelle m=n =0, I’expression que nous situation pour laqi 1. Ciedessus, (e figurer n'est pas exac une tournure impersonnelle ; faute d’avoir trouvé voulions seulement reavoyer & une serait possible d’imaginer un imper- p42, cr TRE (V son 1 exprimant le passage, en l'occurrence, d'un état de beau temps 8 tn état de mauvais temps ou inversement. 2 Nous avons renoncé développer ce tableau pour m> 1 et n>2, en l'absence de tournures grammaticales un peu usuelles qui nous soient venu mention: ‘imaginer des expressions verbales que (pour m=0 et n=3), dans un de préférence, Vindividu b passe avant c dans de a; ou encore que le fait-que-p passe avant le soit absolument (pour m=2 et n=0), soit dans ion de I'individu a (pour m= 2 et n= 1). 3. Sur ce tableau, comme sur Ie précédent, certains verbes peu- vent apparaitre, selon la maniére dont ils se construisent, dans tes. Ainsi en est-il pour ce que les linguistes les verbes d'aspect, comme commencer a, Jogues A ceux que nous avions exprimés jer tableau | =2 et p=2, on retrouve le verbe obliger, déja pr 1s dans les deux cases du tableau précédent pour lesqu jn =1 ot 2 et, bien sir, p=. La différence, considérable d’un tableau & l'autre, tient & ce que les exemples du premier renvoyaient uniquement g alors que I'exemple du second est fonction dun ment déja vouds & la désign sements, mais peut encore s’exprimer par le choix des temps gramma- ticaux qu'on appliquera au méme verbe. C’est ainsi qu’en frangais, le iple ou composé marque 1. Cidessus, p. 43, 8S FONCTIONS D'UNE PLURALITE D'TATS 131 Des éerivains comme Flaubert ont su jouer souverainement de ion de ces deux temps pour marquer, dar quoi au contraire un changement sur Je soupais lorsqu é Amauld et Lancel a ‘ imparfait ici « marque le passé avec rapport au présent>. Beauzée a ‘udicieusement observer? qu’il serait plus exact de dire qu'il ‘< marque le présent avec rapport au passé». Mais ce qu'il importe de te coprésence, du fait dé avec le premier exprime un état durable (dans T'exemp! en train de souper) au. cours duquel s'est prod du dehors au dedans, par lequel il est entré). Ait nous donne-telle I’exemple d'une mo nelle du verbe qui s’opére dans le maintien de sa morphologie. ‘Nous trouverions en anglais des exemples ¢ ment avec la tournure used f0 suivi de Vi init est celui d’un verbe normalement voué 2 la dé tat du sujet dont le (passage Ja langue francaise LLaconstruction du tableau correspondant au eas od p=3 risque de nous donner quelque embarras, pour des raisons sur lesquelles il n'est pas inutile de réfléchir 132 CHAPITRE Vv 0 fl 2 a abique aneb ° ‘ase ne agueritb aflren sone apromet 1 ue ab que. a échouedce que Si nous n’avons pas eu de difficulté a y trouver des exemples pour les cas of m=0 ou 1 et n=1 ou 2, c'est que les langues vernaculaires {émoigner d'une prédilection pour les verbes correspondants, iqué sur un échantillon prélevé dans un dict sat nous en convainere, La raison de cette rela- ifestement a la structure anthropologique de ce jent & s’exprimer que de cette ‘un effet, la promesse ne sont jon de celui qui promet & celui auquel il promet eur, oi le sujet n’est plus roi, od effet se trouve , ob effet ne serait jon du sujet, faute les, pour p=3, deviennent au moins rares quand n=0; d’od noire embarras & remplir la premigre colonne de notre dernier tableau, En étendant la catégorie des verbes imper- ssonnels & tous les verbes (pourvus ou non d’ arguments propositionnels, individuels, nous pourrions dire que LBS FONCTIONS D'UNE PLURALITE D'ETATS 133 c'est la nature méme de oes verbesimpersonnels qui s'accorde mal avec Cependant nous n'avons pas ici a chercher & epbaioas modéles anthropologiques, dont la prédominance de fait risquerait au contraire de nous abuser logiquement. Les exemples que nous avions rencontrés quand p= ‘montre seulement qu'une t fe au cas d°une sans que la fréquence premier état &.un deuxiéme état en liew et place d'un tri tel agencement d’états ne correspond jamais qu’ une ‘ments propositionnels et aus: ru p se traduirait non p et au exprimer le fait de s’abste non p et ausstOt aprés (non p au liew de ou le fait d’empécher que p sous ta forme ‘apres (non p au 134 (CHAPITRE IV le sujet s'efforgait urer. Car I'action peut aussi se penser par référence, non plus A ce qui se serait passé sans I'intervention de agent, mais & ce que l'agent aurait souhaité, Méfions-nous & cet égard de l'ambiguité de la locution au lien de (instead of), qui, dans la plupart de nos langues vernaculaires, renvoie tant6t & ce qui se serait produit tention de celui-ci, L’important n’est pas dans ‘Commengons par le cas élémentaire des fonctions de deux états, Gtats que nous désignerons comme E1 et E2. Si nous éprouvons le besoin de nous rassurer par un exemple, nous prendrons celui, que nos Jangues naturelles nous offrent le plus immédiatement, de la succession (On ne s’étonnera pas, par le fait méme, de rejoindre des, snus par des logiques qui se disaient die ch que ces résultats ne soient pas en eux-mémes essentie! idlée de succession temporelle, comme nous l'avons souligné, La réfé- rence aux deux états Ei et Ez permet de construire la table de vérité suivante, qui di tions élémentaires et nous oblige & introduire deux lettres nouvelles, A et B, pour pouvoir les distinguer : E Exemple viv] a ‘demeureren Pétatp (continuer que p) v[ Fl Be ‘hanger de p en non p (osser que p) Flv] Be ‘changer de non pen p (commencer que p) FlF] ap ‘emeureren I at on p (coatiauer gue non p) ‘On comprend fac ici suffi, par recours & la néga jon, Ces quat ms sont telles qu’on est nécessairement dans LES FONCTIONS D'UNE PLURALITE D'ETATS 135 tune et une seule d’entre elles, ce qui nous permet de poser véri- fonetionnellement les deux équivalences : (1) -Ap = BpvB-pv A-p ~Bp = ApvB-pvA-p Ceci éclaire la possibilité exploitée depuis au moins les még attiques* + ‘As-tu cessé ou non d’étre adultére ? ou encore ‘As-tu ou nas-tu pas ce que tu n’as p Car, si tu as cessé d’étre adultére, c’est qui perdi, tu as des comes ; mais, situ n'as pas ee que tun'as pas perdu, tt n'as pas d'yeux. C'est que cesser ou perdre sont du type Bp, dont la négation se caractérise par ’équivalence qu’o En toute rigueur sémantique, que tu ne cesses pas d'etre adult signifie done que ou tu continues de tu continues de ne pas I’étre, Mais ces présupposés trouvent masqués par I'exigence pragn i nous conduit & n’employer généralement le verbe cesser, méme pourvu de sa néga- avait effectivement un état antérieur (dans notre exem- dont il est seulement question de savoir si le sujet est ou n’est pas sort. Ai @ habituellement, en dépit des exigences sémantiques, q Petre, ce qui permet de construire un f apparemment le sujet dans la nécessité de reconnaitre sa qualité @adultére dans le passé ou dans le présent. De méme, en toute rigueur sémantique, qu objet signifie-t-il soit que ta I’as toujours, Jement de lacquérir, soit enfin que tun aies pas perdu tel 1. Of. G. Nachelmans, logic and. commentés par Rober Pars, J. Vein, 1985, p. 85 @ la pensée des mégariques, Paris, 1. Vi 152. iemmatic arguments, Toward a history of their -mégariques, fragments et témoignages, e Robe 136 (CHAPITRE IV auparavant, Ainsi, de ce que tu n’aies pas perdu un objet ne peut-on iduire nécessairement ni que tu I’as (puisqu’il est possible que tu ne ies jamais eu, comme les cornes), ni que tu ne I'as pas (puisqu’il est possible que tu I'aies gardé, comme tu as gardé tes yeu). Nous pouvons aussi déterminer vérifon t les équiva- lences caractéristiques de nos nouveaux foncteurs A et B, quand ceux- ci regoivent des arguments composés, notamment au moyen d'une conjonction ou d’une disjonction, Ainsi, pour que I'expression A(p.q) soit vraie, c'est-A-dire pour que la conjonction «p . q» soit elle-méme vraie dans E1 aussi bien que dans B2, il est nécessaire et suffisant que « po et «q» soient l'un et l'autre vrais tant dans Bt que dans Ea, que «Ap» ct «Ag» soient l'un et Iautre vrais. Nous au ) A (P.q) = Ap.Ag. En revanche, dans lexpression B(p. q) pour que ta conjonction « p .q» soit vraie dans Bi et fausse dans E2 conformément & la table de vérit, il est nécessaire et suffisant d'une part que «p» et «q» soient l'un et l'autre vrais dans Br et d’autre part qu’au moins 'un des deux soit faux dans E2, ce a} possibilits, dont rend compte I’équivalence suivante: (4) B(p.q) = (Bp..Bq) v (Ap. Bq) v (Bp Aq). Des raisonnements analogues (le premier sans doute un peu plus long et fastidieux) nous permettraient d’obtenir encore, sur une base tout aussi vérifonctionnelle, les deux équivalences : (5) A(pvq)= (Ap. Ag) v (Ap-Bg) v (Ap-B~q) v (Ap. A-q) v (Bp .Aq) v (B-p.Aq) v (A-p Aq) v (Bp .B-q) v (B-p .Bq) (6) B(pyq) = (Bp. Bq) v (Bp.A-q) v (A-p.Bq) engendre trois traduction des expressions en question dans la version circonstancielle du calcul des prédicats & LES FONCTIONS D'UNE PLURALINE D'ETATS 137 laquelle nous avions eu recours au chapitre précédent ’, Si en effet nous traitons Ei et E2 comme deux mondes, pour lesquels nous reprendrons tes désignations respectives de w1 et w2, nous pourrons immédiatement définir nos foncteurs A et B de la fagon suivante Ap = Pwr. Pwe Bp = Pwi.-Pwe L'équivalence (1) pourra alors prendce la forme (Pw) .Pw2) = (Pwi .~Pw2) v (-Pw1 .Pw2) v (Pw .-Pwa) i Péquivalence (3) deviendra: (Bois. Qwi) « (ws Qvva) = (Pwr -Pwa) . (Qu; .QWa); équivalence (4) deviendra De toutes ces expressions, comme de celles en lesquelles on peut aussi facilement traduire les propositions (2) les propriétés des connecteurs du caleul des prop: jemment a établir Ia validité. Le recours a1" tats successifs donner un sens ( mais dont nous n’avons jus de la distinction frégéenne) que les références (Bedet ‘position (8) peut signifier que fe que p et q ssi il continue que p et il continue que 4. er que il cesse que p et q ssi ou bier il continue que p et cesse que 4, ou bi que q. 1, Ciedessus, pp. 81 ets 138 CHAPITRE WV Cos exemples montrent q est a plus simple, comme résultats ici obtenus et dont on peut considérer qu’ rat du langage naturel. Mais le cas de la proposition (6) suffit & Giablir que Vintuition éprouverait beaucoup de difficultés & suivre quand Ia présentation est plus complexe. Ici, nous retrouvons la loi générale selon laquelle le calcul permet de continuer le cheminement nel dans des voies of le raisonnement naturel n’en est guere pour les équivalences doi la présentation A présenter une tel par exemple, que, re ne désigne pas Ie but de proposer pour les fonctions de deux états qui sont ict en question les interprétations respectives ‘Ap =e satisjaire de t Bp = s'efforcer qui donneraient version suivante Liagent se satsfait de ce que p et q, soil se satisfait de ce que p et sse satisfait de ce que 4, et pour la proposition (4) Liagent s’efforce que non (p et q) ssi ou bien ils'efforce que non pet s'efforce que non q, ou bien il se satisfait de ce que p et s'efforce que non 4, ou bien il s’efforce que non p et se satisfait de ce que ur les versions précédentes, od il s'agissait de continua- jon, nous pourrions dabord, dans le cas présent de la satisfaction et de l'effort, souligner l'accord de ces équivalences avec Cet accord sera méme parfait aussi jue nous nous en tiendrons & la caractérisation véri- ‘que nous avons proposée de ces concepts. Cependant nos ns impliquent rarement une conscience claire de ce que chacune présuppose ; en sorte que nous n’aurions rien & objecter celui qui [LBS FONCTIONS D'UNE PLURALITE D'ETATS 139 invoquerait contre ces équivalences le témoignage de l'intuition qu’ en a, Tout ce que nous pourrions répondre, c'est que la caractérisation sémantique que nous avions retenue pour ces concepts nous obligeait & accepter la validité de ces 6 sation sémantique (que nous inviterions alors nous proposer) pourrait tres bien ne plus justifier la reconnaissance dune telle valiité. ‘Si nous appelions ensemble des AB-expressions l'ensemble qui réu des propositions 4 expressions obtenues par composition & partir des précé- dentes A 'aide des classiques connecteurs propositionnels, ences, que nous avions numérotées de pression en une simple di ed ‘vue ou non de la négat forme, apres faient différents fon aire désignée von Wright? de forme expression ne comporte qu'une variable pro normale disjonetive parfaite sera une 1. Nous ineluons dans expression termes, y compris le cas od n = 1, c'est cconjonction een fs ue os gute eesignees pat hp, Bp, Bep ot Ap $e ceigtesiog de dx qeleongues de ces quate expression ne peat titulé Practical Reason, Oxfor 192; mals ies modifications ainsi apportées av Prepri mnt aucune transformation substantille des eitques que nows adress 140 CHAPITRE IV comporte deux variables proposi onnelles, une disjone- ‘mentionnées par la table ‘Nous pourrions done tés d’ériger en systéme l'ensemble des AB-expressions que la sémantique que nous avons évoquée permettrait ppar ailleurs de reconnaitre comme valides. Nous n'avons pas ici & reve- nir sur le fait, assez. indir re présent propos, que I’addi une axiomatique du calcul des propositions, des six équivalences numé- (6), constituerait pour un tel systtme une axiomatique, Nous avions vu que, dans nos langues vernaculaires, les fonctions de trois états étaient part lesquels présupps LES FONCTIONS D'UNE PLURALITE D'ETATS 141 Bromple at de choses demeurer al<|=|< une seule d’entre équivalences : (1) -Ap = Bp vCp vDpvD-p vC-pvB-p vA-P (2) =Bp = ApyCpvDp vD-pyC-p vB-pvA-p (3) -Cp = ApvBpvDpvD-pvC-pvB-p va-p (4) -Dp = ApyBpvCp vD-pvC-pvB-pvA-P ‘Comme pour les fonctions de deux états, ‘arguments composés au moyen d'une conjonction ou dune disjonction, AAinsi, dans la nouvelle ' expression : A(p. a) pour que la conjor comme le demande Vérit6, il est nécessaire et st ent Pun et I'autre vrais dans E1, dans E2 et dans Es, c'est-a-dire, en fin de compte, que «Ap» et «Aq» soient . Nous aurons donc la nouvelle équivalence (5) A (pq) = Ap. Aq. 142 (CHAPITRE IV En revanche, dans la nouvelle expression Bip. 4) pour que la conjonction «p. q> soit fausse dans E: suffisant d'un art que «p> et «q> utre part qu’au moins l'un des deux soit faux dans Ea; trois possibilités dont rend compte la nouvelle équiva- lence suivante (6) B(p. q) = (Bp. Bq) v (Ap -Bq) v (Bp.Aq). Des raisonnements analogues nous permettraient d’obtenir encore, sur tune base tout aussi vé C(p. 4) = (Cp.Cq) v (Ap.Cq) v (Cp-Aq) D(p. a) = (Ap.Dq) v Bp .Cq) v (Bp. Da) v p -Bq) v (Cp-Dq) v (Dp .Cq) v (Dp .Da). s prenons le cas dune conjonction les deux équivalences : se dans le troisigme, comme pour nos équivalences (6) et (7), ou celui une disjonction « p v q» fausse dans deux quelconques de ces états et vraie dans le troisitme, comme ce serait le cas pour « D (p v q) », nous disjonction «p v q» est vraie dans deux de ces états et fausse dans i@me, comme ce serait le cas pour «B(pvq)» et pour «C(pvq) », nous obtiendrons une disjonction de neuf (32) conjone- jons. Dans le cas enfin ot la disjonction «p v q» est vraie dans chacun équivalente a ’expression Sans que nous ayons besoin de compléter ici ex} équivalences commengant par A(pyg)= (10) B (pv) = «.. c(py tement les LES FONCTIONS D'UNE PLURALITE 143 (12) D (pv) # vy on comprendra ensuite facilement pourquoi les huit équivalences ainsi numérotées jent d'obtenir par substitution de -p ap,de~qag et appl es équivalences correspondantes pour les quatre foncteurs de la moitié inférieure du tableau. ‘Comme nous lavions déja fait pour les fonctions de deux & est facile, pour les fonctions de trois ét tionnalité des équivalences par lesquelles nous venons de les caract ser pourrait aussi bien s'ex tune traduction de ces expres- sions dans la version circonstancielle du calcul des prédicats. Ni considérerions ici trois mondes wi, Wa, Ws, correspondant respe: rent aux états Es, Ea, Es de la table de vérité et nos nouveaux forcteurs ‘A,B, C, D se définiraient évidemment AP = Pw. Pwo. P = Pwr. Pa. Ps Bp 5 Pwi. Pwa--Pws Cp Pwr .-Pwe Pos Dp = Pwi.~Pw2.-Pws Les propriétés des connecteurs du calcul des prop. is que nous obi douze équivalences que nous avions numérotées de ‘Ceux qui connaissent les travaux de von Wi combien nos présentes analyses leur sont redevables, malgré la diffé- rence des présentations, Ils auront peut-Btre néanmoins remarqué que 1s s'écartent de ceux qu’avait obtenus cet auteur. ences se retrouvent-elles chez von Wright, dont nous nous sommes considérations strictement vérifonctionnel ences suivantes, elles ne correspondent aux résultats de von Wrial {ue pour exactement la moitié d’entre elles. Nous n'avons pas & repro- 144 cHal duire ici le détail d'une discussion, que nous avons menée ailleurs Disons simplement ous sépare de von Wright et nous fait diverger de ses rés jent & ce que nous nous sommes pour notre la vérifonctionnalité, tandis que von Wright des endroits oD ces recours, et la ren suit a la vérifonctionnalité, ne nous paraisse équivalence agent laisse p et q demeurer sst il laisse p demeurer et laisse demeurer tandis que I’ équivalence (6) signifiait que tient q, ient p ou bien il laisse p demeurer et maintient q, ou bier isse q demeurer. ai dure vérifonctionnelle que nous venons d’exposer. ‘étendre & tous les cas ot 1a proposition est fonction de trois états, sans que ces trois tats tiennent exactement le réle anthropologique que ‘nous leur avons assigné dans notre exemple. Nous avons déja eu l’occa- sion d’évoquer? une autre situation anthropologique, celle de la réus- site ou de I’échec, dans laquelle Ei et Ed gardent sans doute leur r6le 4 at respectivement initial et terminal, mais dans laquelle Es repré- sente désormais l'état voulu ou souhaité. Nous pourrions alors propo- interprétation suivante de chacun des huit cas de la table de vér Ap. = accepter de ma P Bp = échouer a supprimer p 1. CE Logique de action (ow changement) ra sure dautant plus aséme que déontique, od le détail de notre discussion, que, pour facliter coonservé toutes les notations de von Wright LES FONCTIONS D'UNE PLURALITE D'ETATS 145 Cp = échouer & maintenir p Dp = réussir & supprimer p rd faire que p Cop = échouer & maintenir non p Bep = échouer 4 faire que p Acp =accepter de main Pour reconstruire, & partir d'une que nous avions numérotées ce ne sont pas les ressemblances avec 'interprétation précéden ious aid beaucoup. La voie sire est bien plutot de repérer la place que chaque proposition ainsi constituée occupera dans la table de v révélera la seule proposition est fonction des trois états chaque fois considérés, quelle ‘que puisse @tre la signification anthropologique qu'on accorde & chacun de ces état, parlerions désormais d’ABCD-expressio équivalences que nous avons numérotées termes conjoints étant cons pourvue ou non de la négat -s formes normalles dish BCD-expression ne comporte qu'une variable mnction d’au plus 8 conjonetion: cette expression comporte disjonetion d’au plus 64 conjoncti Une ABCD-expression sora, aussi, valid normale disjonctive parfaite est maximale, c’est-A-dire se présente ‘comme une disjonction de 8° termes. L"érection en systéme des ABCD- expressions valides ne souléverait pas plus de difficultés que pour les simples AB-expressions : l'addition, & une axiomatique du calcul des 1. Ciedessus, pp. 139-140. 146 (CHAPITRE IV propositions, des douze équivalences numérotées de Permettrait d'obtenir un systtme des ABCD-expressions complétude serait facile & démontrer. I n'y a évidemment aucune raison de ‘ow 3. Les deux cas auxquels nous nous sommes tenu Jamais que les deux premiers représentants d'une f ‘combinant la considération de p états. Au-dela de 3, la laquelle nous nous trouverions ne présenterait aucun caractére original relativement aux situations antérieurement rencontrées. Pour p états, la table de vérité comportera évidemment 2? lignes et nos dévelop- pements précédents suffisent & indiquer la maniére de construire les ites aux axiomes et regles du calcul des te | nous serait extrémement difficile de trou- lu vocabulaire frangais, une tournure exprime une fonction de plus de trois d’étonnant, mais rien surtout qui ide en quoi que ce soit notre démarche, Nous nous proposons ici cn effet de mettre en lumidre les possibilités logiques naturellement dgja ouvertes aux langages vernaculaires, On comprend facilement que ceux-ci ne retiennent de ces posit qui en théorie se laisseraie bre d’états envisagé, seules nt de jeter un éclairage essentic ce que les grammairiens entendent pa spécil ou d'accomplissement lorsque ce nombre est 3. Ici encore les réalités grammaticales ne se comprennent que sur la base d’un préalable inventaire du possible. Mais, pour ne pas LES FONCTIONS D'UNE PLURALITE D'ETATS 147 9) nous sommes parvenus, nous sommes, d'une certaine maniére, en droit de conclure que les fonctions de vérité d’une plu lité d°états nous ont fait rencontrer une situation beaucoup plus simple que les prédicats admettant des arguments propositionnels, dont nous avions traité au chapitre précédent. Dans ce demier cas en effet nous tions contraints a une extréme diversification des théories ; nous Au poi donné, quelle que soit la signification anthropologiquement reconnue & chacun de ces p état. Cette reconnaissance de la généralité de notre procédure doit cependant s'accompagner de trois réserves ou remarques, sur tations particuligres, notamment par les propriétés des relations que ces états peuvent avoir entre eux. 2, Si l'on peut constituer, avec les fonctions de p ét de systéme clos pour chaque valeur de p, on peut cepet ou, pour reprendre notre ‘mondes,sut lesquels jouent les fonctions dune pluralité d'états ne pas nécessairement, de I’un & l'autre, dans une relation logiquement quelconque. 148 CCHAPITRE 1V Reprenons les deux exemples par lesquels nous avions successive- ment illustré le cas des fonctions de deux états, & savoir d’une part ccontinuer ~ cesser — commencer et dautre part se satisfaire de — s’ef- forcer que non — s'efforcer que. Il y a cette différence, du premier relativement au second, que les deux états auxquels se réferent les verbes d’aspect du premier exemple sont manifestement succes arité, densité, etc., toutes choses qui idemment pas de sens pour le second exemple. ‘Sans doute n’avions-nous eu nul besoin de nous préoccuper de cette relation R et de ses propriétés pour déterminer vérifonctionnellement les disjonctions équivalentes & des expressions comme commencer ou cesser que p et q. De méme la table de vérité qui prend en compte les deux états Ei et Ez suffit-elle & nous convaincre de la contr inhérente & des conjonetions comme ‘ommence et cesse de ‘ommence et con ales. Nous nous en drons a l’exemple de Ia premidre de ces trois expressions et, pour en terprétation La plus simple , nous admettrons qu'elle sup- tence de deux mondes étrangers au monde Wo dans lequel cette conjonction est elle-méme vraie, & savoir: un monde correspondant A une certaine durée du passé immédiat de Wo, 2.un monde correspondant & une certaine durée du futur 1s proposée de la ire pure de 981, p. 119, et dans 1985, p.270. n'est pas in "arréter c'est que les mondes que-nous avons dit, par leur durée, un monde commun d’une certaine durée, immédiatement aantérieur (ou postérieur) au présent de wo, dans lequel « p» soit & la fois vrai et faux. Rovio. [(Rwi%s .RwjW) > -Pwy)} « {Rwow; . Vw; [(Rwow, . Rwywi) > Pw) ]} ws [(Rwow .Rwjwi) > ~Pwy tandis que la conjonction du premier terme conjoint de cette seconde expression avec le second terme conjoint de la premiére nous donnerait Ta traduction de «en Wo il continue que p ». Mais alo ‘généralité de la théorie des fonctions d'une pluralité d’états pas cependant nous faire méconnaitre que les états dont propriéiés précises, qu'un iéme risquerait de cacher & notre regard. Le che térieur de nos langues vernaculaires est encore que cette théorie, réduite & elle seule, pourrait le Iais- Nous ne reviendrons pas ici sur la question, que nous avions des expressions comme 3p. 126-131, et Rational 1. Bléments pour une grammaire pure de Vaspect Grammar, pp.277-281 150 CHAPITRE 1V il commence d cesser de il commence & continuer de .. intinue de commencer &.. ete, peuvent avoir un sens. Seules des analyses lype que nous venons jére sur les tenants et gérer qu'il n'y av articulation n autre; of, nous voudrions maintenant montrer jours le cas effet une fonction de trois Supposons E2 et E3, pour sterminée, le vrai prend la valeur déterminée qu'elle avait respectivement pour E1 et pour Ez, Dans ces conditions, la vérité de la fonction de trois états entranera celle de la fonction de deux De cette situation-extrémement simple, nos raisonnements les plus ordinaires nous fournissent beaucoup d’exemples, Si nous pouvons déduire de 1a proposition ane b la proposition bdécede, c’est parce que, d'une part, aux états E1 et E’1, dont sont respective- fonction ces deux propositions, l'une d'action, LES FONCTIONS D'UNE PLURALITE D'érATS 1 besten vie, cet que, autre part, aux états E2 et B'2 correspond la fausseté (termi- nale) de cette méme proposition, tandis que la valeur de cette méme proposition pour I’état Es, référence essentielle pour l’action du meur- tro, reste indifférente a la déduction en question. C’est exactement de la méme maniére que nous pouvons déduire de a guérit b (verbe transitif) , par exemple, de I’état de I'6tat postérieur, de«b antérieur, dont part I'action ou le changemet s aboutissent, Car enfin de «a tua b» peux déduire que «b nme je peux déduire, de «a ‘malade» ou que.«b a guéri). Ces déductions paraitront encoré notre suggestion de traduire les du calcul des prédicats, Car dune a s'exprimer sous la forme Pw2.=Pws on déduit immédiatement I’expression du changement Pw . Pwr comme on déduit de celle-ci l’existence de chacun des état 152 ‘CHAPITRE IV est d’autant plus important de mettre en lumidre I ité de ité méme se trouve souvent méconnue. riviales que pour cel de comp) engendre \dée que, dans le modus ponens, de la conséquence «B» & partir des deux prémisses «ax et «si a, alors B ». Sans doute peut-on nous objecter que, si nous pouvons prétendre de Ia promesse déduire vérifonctionnellement l'obligation, c’est que aucun prodige : nous ne pouy que ce que nous y avions sé: faire observer que le modus ponens définition de implication si..., alors .. iquement introduit, Sur qu i-méme a sa vali par la table de vérit ner que ces définitions, de propositionnelle comme de la promesse, correspondent & peu prés celles que mobilisent nos langues indo-européennes n’ajoute rien a la discussion, La force de la logique post-frégéenne n’est pas de se passer de conventions ; elle est de savoir, rester, & travers les conventions, pleinement vérifonctionnelle, LES FONCTIONS D'UNE PLURALITE D'ETATS. 153, Nous avons essayé de montrer ailleurs ' que cette méconnaissance de la sémantique qui est & la base des verbes d'action avait classique- recours & la prétendue prémisse : sixa promis de..., alors x est obligé de. «que sous-entendraient toutes les morales TFinstitution de la promesse. Nous pensons a Jdme remarque que nous avions annoncée conc ns dune pl ier sur les logiques mo des logiques modales ne nous permettent que par voie dexemples. Nous nous arréterons ici au seul exemple d depuis ph duit certains philosophes & chercher une compensation dans le résultats desquels il nous sera done possible de nous appuyer, et qu’elle n'est pas sans avoir certains équivalents dans nos langues vern ‘A parcourir les travaux consacrés & la logique déontique dar wrait retrouver les traces dune hés nelles ordinaires que p? Ne faut-il pas au contraire spécifier que les 1,Cf. L'erreur de Hume, Patis, PLUF., 1987, pp. 54k. 154 CHAPITRE 1v par des majuscules A, B, C, ete. les actes sur lesquels portait la norme, puis avait abandonné cette notation au profit de simples L'usage de nos témoigner de l'une et de autre de ces deux pos dabsurde d'abord & ce que des dispositions écrites ou coutumitres rure de sécurité bouclée, celui qui entre fe couverte (Ou au c ligé de prendre sa carte d’identité, que l'automobiliste, au moment oi la de se cowvrir la téte, En pareil cas, les obligations concemnent manifes- tement ce que nous avons appelé des actions. Certains logiciens ont essayé de justifier par diverses argumenta- tions le privilege qi ine de ces deux formes d’obl gation aux dépens de I'aut . Que ces argument opposées n'est pas suffisant pour que nous ayons le droit de les ren- ions normatives », Studia logic , 1953, pp. 147 « Deontie Logic,» Mind, 60, 1951, pp. lets. piérars 155 LES FONCTIONS D'UNE PLURAI voyer dos & dos. Mais ce qu’on peut faire valoir contre I’une et l'autre attitude, c'est qu'une question comme cel ous acquitte ou un étre auquel nous soyons tenus. ‘Si je me suis obligé par contrat & travailler au service de Pi ization, dans lequel je me trouve, porte sur un cor tat de travail. Car le fai encore quitte de mon service de ‘que je n’en serais pas quite, si je ne m’en étais pas d'abord acquitt) Nous venons délibérément de choisir un cas dor langage ordinate est sensilement ambigut,poisqu le promets i Paul de lui ‘ce A quoi je suis tenu autrer ‘ment de la somme éteindra I’ {que rien ni personne, que lui, ne peut -ouverte, Si on laisse de c6té les considé- demitre implique la premitre ; car, si j'ai déj2 la ttre obligé davoir la téte couverte, c'est-ardire 1 obligation & laquelle je satisfais, sans étre pour autant obligé d 156 (CHAPITRE IV il est vrai que je ne peux étre obligé & un acte ors d'état d’ aceomplir. tion d’état et obligation d'action tre avec la certitude de ne pas sortir des ir moyen serait de nous en tenir dla ion, telle que nous l’avons donnée ins le présent chapitre !. Si la réal vvisée par table comme B2, Pobli- gation que p se trouvera remplie dans tous les cas ob p prend dans 2 la valeur V, ¢ Mais, pour caractériser ob! Pune relativement ise l'état de choses p demeurer (Ap) ienne p (Bp) = soit qu'il laisse p advenir (D-p) = soit enfin qu'il proxtuise (ou fasse en sorte que) p (C-p) ce qui nous conduit & admettre I"équivalence suivante Op = 0 (Apy Bpv D-pvC-p). Or il est facile de vérifier que, dans la sémantique que nous avions proposée de I’obligation®, on pouvait implication Op > O(pva) . Ce rapprochement nous permet de re 8 étions d’abord parvenu sans chercher couvrir a téte (OC-p) implique cell puisque « OC-p» implique alors « 0 (Ap vBp vD-pvC-p)>»,c’ Op», sans que cette demitre obli la premitre. Curieusement, alors que nous nous efforgons ici de suivre une voie ouverte par G.H. von Wright, notre refus de faire appel, en cours toujours avec ceux qu’ Pour articuler !a logique d les que nous les avions cara ver I'équivalence qui permettrat de dé Cae: "une & partir de l'autre Car, dans Ia mesure méme od la sé confére & l’omission un sens négation de l'action, le fait qu'on ne soit pas obligé de se tenir dans mn ob p prend la valeur F dans Ex et Es, et V dans E2, doit signi- fier, selon les acceptions dont nous sommes convenus, que le champ du permis s*identifie & la disjonction des sept autres situations possibles Ainsi de -OC-p = P-C-p. 1’équivalence (3), caractéristique de la nég OC-p (OC-p.0C-4) > OC~(P. 4) PC-p > P(C-pvC-) dont von Wright rejette la valiits '. "Nous nous contenterons de donner le détail de nos justifications ce qui conceme I’examen, sur lequel von Wright terminat son article, du paradoxe de Ross. A.\a formulation classique de ce paradoxe : Op > O(pvq) yon Wright montre qu'on peut faire correspondre, lorsque argument n'est plus de nature simplement propositionnelle, mais renvoie a une action, les deux expressions suivantes : OC-p > 0(C-pvC-a) OC-p > OC-(pvq). Nos propres conclusions & leur endroit aboutisse verse de celles de von Wright, qui considére la p lide, la seconde comme valide, ‘Que la premitre soit pour nous valide ressort fait que l'articulation que nous avons proposée de sur la logique déontique consistait & prolonger ou et tique de cette togique 5 la formulation du paradoxe de Ross nous avions proposée est valide, comme nous venons de le rappeler > 1a premiére de nos deux expressions, qui en conserve la forme, le sera-- elle tout autant. En bref, il sera impossible de fal puisque, pour qu'elle fit fausse, c’esta-dire pour que son antécédent fit vrai et son conséquent faux dans le monde originaire, il faudrait supposer I'existence d’un monde (moralement ou juridiquement) admissible ob « C-pv C-q» fat faux, c'est-d-dire ob «C-p » comme «C-qy fat faux, et od «C-p> flit en méme temps toujours vrai. exactement & ere comme inva lerejet de la premiére Practical Reason, 1. Action au moins de ces p. 190, 2, Ci-dessus, p. 156. 160 CCHAPITRE 1V La seconde expression, en revanche, notre procédure, est bien fals Sa fausseté dans le monde originaire implique d’abord, comme précédemment, dans ce méme monde originaire, la vérité de son antécédent et 1a fausseté de son conséquent. La fausseté de «OC-(pvq)» implique existence d’un monde admissible ot « C-(pv q)» soit faux, tandis que la vérité de « OC-p> entratne celle . y compris celui-ci, Le puisque la logique de le signifie que le assignation : F dans E1, V ans qu'on ait & changer en quoi que ce s valeurs deja fixées pour «p> dans chacun de ces trois tats, pour que la cation de l'expression soit obtenue sans la moindre contradic- inations que nou: ve etd ‘Au terme de ce quatriéme chi incipes que Frege a ses yeux les limi un examen eitique du texte de ce LES FONCTIONS D'UNE PLURALITE D'ETATS , o0 nous ne it notre premier chapit ‘connecteurs, des prédicats (qu’ in, Déja nos chapitres avait ex Notre présent chapitre a essayé de prendre en compte une dimens ‘du discours, dont certes témoigne une observation attentive des langues ‘yemaculaires, mais dont il ne semble pas qu’on ait besoin de faire état raisonnement scientifique ; ce qui explique probable~ ‘une perspective frégéenne, c' chapitres n’ont en rien dérogé au principe de la ‘montraient déja que cette demitre s ies que Frege croyait devoir lui assigner. Notre présent cchapitre s'est efforeé de prouver qu'on pouvait encore aller plus loin. agisse des connecteurs propositionnels ou des qu ‘agisse des foncteurs modaux, 4 is (plus généralement p) états, le processus déduct des dispositions sémantiques dont on est amené & identifier parmi les conv croyons-nous 4 frégéonne fondamentale d'une Logi naissance des voies (c CHAPITRE V LA REFERENCE D’UN ENONCE A VACTE MEME DE SON ENONCIATION proposition. n effet un acte (au sens que nous avons donné a ce terme), par lequel 1a propo: se trouvait pas encore énoncée (du moins par celui qui I" ccirconstances) se trouve Gnoneée et sans equ: ainsi énoncée part & une Sujet énonee, par exemple, Ia pleut», il est respectivement faux, ion se trouve par Iui énoneée dans chat te de n. Q " olle renvoie au fait qu'il pleuve, qui est en dont est fone énoneée «I pleut occurrence ce que nous avons proposé d’appeler un je-meme vraie ou fausse, selon 4) 2) ov est pas. la proposition énoneée, au » était « Pau! le fait que auquel elle renverr :méme une fonct ‘Ainsi peut dune fagon générale pour toute sorte mn de plusieurs é: «’énonciation et de propos Ce qui vaut encore d’une fagon générale, c's énoncée ne peut pas étre elle-méme l'objet dont el cmpéche sans doute de traiter de notre discours dans notre discours ce qui se trouve par exemple si je dis que 1a proposition «il pleut » est vraie. 164 CHAPITRE V .-mémes, méme des propos que -mémes, puis de nos propos Yon rédige en frangais une grammaire sn de faire une dist radicale entre la langue dont il p L'exigence de cette séparation ie confusion risque sage courant de termes comme he aucune difficulté & ce qu’il porte sur Sans doute, le langage scientifique ne fournit- en ceuyre une telle possibilité, Mais la es plus usuelles peut nous convainere nous aménent a I’exploiter abondam- , réussit par cette voie A étendre le ine du discours apophantique au-dela des limites originairement rencontrées. Le mode indicatif de nos verbes indo-européens couvre le champ du discours apophantique ou déclaratif, le seul dont on puisse chercher aac Sa pies res Sse Fl Gvidemment que le raramgirien exprimat sa gr “Tels la plupart des auteurs modemes de grams REFERENCE D'UN ENONCE A L'ACTE DE SON £NONCI 165 a rendre compte de manitre vérifonctionnelle, puisqu’enfin, comme le notait déja auteur de De l’interprétation ' 1e, mais seul celui od réside le ‘en tous; par vraie ni fausse. tout discours.n’est pas apophi j mais ces derniers ni jare est un discours, or el avait déja dispar, en tant que made autonome, de Aristote ; sans doute avait-i été Mais le Stagirite aurait pu tout Pourtant le précat Ja langue indo-européenne que pat plus ou moins absorbé pa aussi bien remplacer du souhait, puisque ni le vrai ni le faux ne pe dans l'impératif ou l'optatif, deux modes qu grecque. Or on a souvent fait observer que, pritre, de ordre, du souhait ne pouvait étre ni vraie disposions néanmoins d’un moyen indirect d’accomplir ces actes ppsycho-sociaux sans sortir du discours apophantique. fon des, langues ferait méme plutOt croire que cette expression indirecte 'impose de plus en plus aux dépens de l'expression drecte qu’elle tend 4 refouler, C'est aujourd'hui de a manigre 1a plus naturelle et spontanée que nos pritres, ordres, souhaits prennent la forme Je te prie de .. plus résider la grammaire xpression directe de la fausse, nous De telles propo: prie, que je t’ordonne ou que je souhai immeédiatement, par elle-méme et 2 elle souhait, Pour désigner la vraie nature de ces faux indic proposé le terme nouveau de performatif; puisqu'enfin, pour para- phraser Ia traduction frangaise d'un titre célébre?, par de telles Tourmures, c’est un authentique faire qui s'introduit sous les apparences dun dire. L174. JL Austin, Quand dire c'est fai Gilles Lane de How 10 do things with words, Ox! 166 CCHAPITRE V 5 plut6t aux prineipes dont nous étions partis. Nul doute ionciation des propositions particularité tient essenticllement & ce que ce fa comme toute proposition, elles renvoient, n'est autre que leur propre énonciation, En effet, pour qu’une énoneiation soi dabord, mais il ne suffit pas, que acte et non un ét objet de mais tion originaire, comme Pierre te prie .. Je tai prié renvoient, elles aussi, & des actes qui sont au surplus des pritres, pridre ui, dans le second exemple, se trouvait méme adressée par auteur de "énonciation originaire & celui auquel cette énonciation par ailleurs S'adresse. Or vident que, dans aucun de ces deux cas, I’acte proposition, ne se confond avec le ne cor "est pas elle-méme priére, ordre ou soul elle s'énonce ne renvoie pas exactement &l'acte méme sition en laquel de son énonciation. Ai REFERENCE D'UN ENONCE A L'ACTE DE SON éNoNcIATION 167 qu’en faire. Une telle exploitation n’est en effet possible qu’a condition préalable que le sujet qui parle fasse partie des objets dont parle. Cette condition se trouve remplie de la fagon la plus immédiate préalable en question, Cette con: elle-méme, nullement suffisante, mais sans elle ne pourré /e, que nous venons de mentionner. parenté, nous le verrons plus importe de souligner d"abord que qu’elles se rapprochent simplement "une de l'autre sans coin Demandons-nous en premier lieu ce que peut si jon renvoie, comme nous venons de le dire, @ I'a Les propositions Je te prie et Je t'ordonne prie » ou « ordonne, 2 la seule condition que Pi aevis de l'autre dans une relation telle que je puisse lui adresser une pritre ou lui donner un ordre. que nous venons de mentionner n'est pas nécessaire- semble méme que sa considération introduise du que sa réalité pr appelons ordre est 168 ‘CHAPITRE ¥ d'une relation de subordination dé celui qui le regoit & celui qui le donne, tandis que notre concept de priére ne présuppose aucune rela~ tion particuligre entre celui qui prie et celui qu'il prie, A moins bien sir ourraitexister en I'absence de la relation de subordination que son existence présupposerait. 1 de toutes fagons, qu’il y ait (comme pour l’ordre) ou qu’il n'y ait pas (comme pour la priére) de condition mise 2 la situation respective des sujets pour la validité de I’acte, nous qualifierons de fort tre baptisé et que je sois moi-méme habilité & le baptiser ; si alors je dis & Pierre tre que je le baptise est fa acte qui, par insuffisance, est nul. Car la prop. ne renvoie pas au seul acte de son énoni , Je dis accomplir un n «Je te baptise... > ‘mais & un ensemble n, sans laquelle il la différence de «Je te prie» et de «Je re fausse, alors sur et baptisé seraient entre eux dans une REFERENCE D'UN ENONCE A L'ACTE DE SON ENONCIATION 1 renvoient. Dans un cas comme dans I’autre cependant, la proposi en question reste vraie ou fausse a done aucune rai contester son appartenance au discours apophantique. Certains auteurs, prenant leurs exemples dans le premier de ces deux types, ont pu se donner illusion du contraire. Car enfin, peut-on prétendre qu'une proposition comme «Je te priem, dont nous venons de voir qu'elle ne pouvait étre fausse & partir du moment ol elle était énoneée, appartienne encore au dscours apophantique ? ne peut tre fausse, n'est-ce pas parce que, n'étant pa: étranger a elle-méme, elle ne peut étre ni vraie ni fausse ? De pareils propos nous semblent témoigner d'une totale méconnaissance de procédure de renvoi al’acte d’énonciation que nous avons décrite. Si proposition «Je te prie » ne peut pas étre fausse, tion suffit a ce qu’ comme le sont aussi, & leur manitre toute différente, les tautologies ; et, Ace titre, elle est bien, comme ces demieres, essenticllement vraie ‘ou fausse, Son inaptitude Ia fausseté n’est qu'une conséquence de son ‘exclusive aptitude a la vérité. n de La seconde distinction qu'on peut opérer pi qui renvoient & I’acte méme de leur énonciation ti actes auxquels elles renvoient, que ces actes se ré ciation ou que celle-ci soit un simple élément de l'ensemble qui les constitue, peuvent &tre ou non générateurs d’états moralement ou socialement reconnus. Sans doute, selon la caractérisation que nous avons donnée des actes, comme fonctions de tro que dré fasse l'objet d’une reconnaissance morale ou s0 Plagons-nous dans un contexte de simple morale, & duquel nous admettrons que le sujet dit & Pierre dune part Je travertis que . part Je te promets que .. sement est un acte par lequel quelqu’un, qui ne se trouvait ou informé de quelque s’en trouverait pas avert. @ Lave) verti (c"est-A-dire dans l'état d’un étre avert ‘chose, s’en trouve averti, et sans lequel il 170 CHAPTTRE V conséquence directe d’ordre moral. Méme si a Pierre: Je te prie de... Je t'exhorte &. Je te conseille de. tous actes de priére, d’exhortation, de conseil, que sans doute nous ne pouvons penser comme actes que parce que nous leur attribuons des effets, mais qui ne sont pas des effets moraux. En revanche, nous avons vu que, site sui Paul «Je te promets», il engendre immé- dans lequel changer sil’on modifie son contexte. arfois de passer du moral au juri- gement un Ici la promesse produit bien quelque chose, ne -ce parfois que certaines illusions chez le s effets psychologiques ne sont pas de ceux que reconnait et sanc- ‘ordre juridique. En revanche, il arrive que l'avertissement n a pris la précaution de le faire par I ts auxquels le di férent, Pour déterminer la nature nologie risquerait de nous égarer. Quoi qu’il en soit, on ne peut comprendre le fonctionnement des ns hors de cet jon fondamentale, Dans la plupart des contextes, le souhait, Ia pritre, sont dépourvus deffets directs esse tion de celui qui les regoit : en part besoin d’étre exaucés, l'exhortation ou le cons: rogation d’obtenir la réponse que pourtant essen pour que chac jon dont il est I"énonci UN ENONCE A L'ACTE DE SON ENONCIATION 171 interrogation n'ont d’autre effet direct que d’étre recus (nous auquel chacun d’ eux est adressé. Mais juridique prenne ces actes en compte au méme qu'il ne peut évidemment pas ignorer. ‘Ainsi la distinction que nous venons de proposer e able pour comprendre que, si une bonne part juridiques doivent entrer dans Ia catégorie des domaine des actes de langage déborde considérablemen ser la procédure con trouverait aussi des exemples plus récen qui, au-dela d'une simple publication, n'a pu prendre sa forme ‘moderne qu'aprés Pintroduction, tardive, du principe de la sépa des pouvoirs, Les deux distinctions que nous venons su sment de proposer tendent parfois a étre confondues l'une avec | actes dont la réalité s’épuise dans celle d’ souvent assimilés & ceux dont nous avons effets dordre social ; d’autre part, ceux dont simple acte d’énonciation sont généralement ass roconnait de tels effets. ceux Aqui l'on assimilations procédent dune confu- fit de rappeler : L.qu’un acte dont la réalité s'épuise dans celle d'une énon- ciation, comme la promesse verbale, peut trés bien produire des effets, non juridiques sans doute mais moraux, tant pour celui qui promet, lequel s"impose alors une obligation morale, que m CHAPITRE V Pour celui A qui il promet, lequel acquiert ainsi une certaine ceréance morale ; 2. qu'un acte dont la réalité ne s'épuise pas dan d'une jon, comme un avertissement ou une exhortation qui serait-ce que pour en appuyer les effets psychologiques, peut trés bien n’avoir néan- moins aucun effet socialement -a-dire ne modifier enti stadresse. Si done les deux distinctions proctdent de principes essent reste alors & expliquer pourquoi on tend si sou: "est pas i on dispose d’un pode st pas indifférent qu'on dispose d'un moyen ) engendre des relations de créance et d’obligat er une procédure de constatation de leur existence. Les mots nos énonciations présentent le double inconvénient de is modernes ne reconnaissent généralement pas la simple centre deux sujets, dont rien d’autre, que cet échange verbal tachent au contraire & Is subordonnent I’existence de l’acte s $ et ces conditions sont précisément des actes annexes, qui, s’ajoutant & l"énonci tueront cet ensemble dont REFERENCE D'UN ENONCE A L’ACTE DE SON ENONCIATION sociale, les actes dont la réalité s’épuise dans I'énonciation qui les rap- porte sont comptés de plus en plus parmi ceux auxqu pas d'effets sociaux, La reconnaissance de tels effets est presque toujours subordonnée a l'existence de garanties supplémentaires, Réciproquement, les ates dont la réalité ne s’épuise pas dans une rit se maintenir en tant que tels dans les systémes normatif: m des effets sociaux ; car, plus Jement aujourd’h une rationalité foncitre des actes de langage, dont la méconnaigsance risquerait de nous rendre aveugles & la manigxe dont Ai , par exemple, nos raisonnements moraux ou du terme « performatif», s'il poss¢de au moins Vravantage de so comporte aussi le risque dinduire certains & traiter c ‘comme celle d’un mode dor feconnaitre l'existence auio- nome a c6t6 et en plus des traditionnels modes grammaticaux, Nous ‘essay de montrer que cette spéci itérieur du mode indicatif, ou, pour parler c Fais cela \icatif Je t’ordonne de faire cela fement aux mémes conditions. Si ces condi rer la seconde de ces express ne fois di tement vraie. Car enfin, pour paraphraser Tars faire cela» est vrai eulement si je tordonne de faire sur ce point qui ne se retrouve en toute forme de discours apophan ue CHAPITRE V ete dis «Je Vordonne de faire cela», alors je t'ordonne de faite cela ‘ordre que 1a présence en frangais du mode impératif m'aurait permis @exprimer d'une tout autre maniére et sans la moindre référence au vrai. ‘A partir du moment od I’indicatif entre en jeu, de ce jeu resso ie recours & ces propositions performatives devait étre fa ‘expérience. Mais, malgré I'éloge maintes fois décemné par Leibniz, romains, dont la fagon « approche de la nous avons évoquée, ___ Revenons done, pour en récapituler toute la comple: Vrexemple de ce qui se passe lorsque, dans le contexte des cl relations morales, je dis & Paul : Je te promets de te donner mille francs. 1. Cité par Beawzée, Grammaire générale 7 inérale, ou exposition raisonnée des mans ness du angage te secon, p28 re1V, chapitre 1, God. 1840, p. 342 REFERENCE D'UN ENONCE A L’ACTE DE SON ENONCIATION 175 Les analyses du présent chapitre, combinées a celles des deux précé- dents nous obligent & considérer que la rationalité de cette simple pro- position s’échafaude selon quatre moments distincts: {que ce qu'il énonce soit réel, mais aussi que ce qu (C’est-d-dire que son énonciation soit effective) pour que I’énonci méme soit vrai, L'engendrement de la promesse est sams mystére, comme nous venons de le voir au fil du présent chapitre, Deuxidme moment ~ Pat V’acte ainsi verbalement accompli, moi, térieur, dans lequel je n°étais pas y serais pas Lrengendrement de mn par la promesse est & son tour sans ‘ystre, comme nous sila Troisidme moment ~ La propo: ‘ma promesse, je suis obligé envers Paul @ lui présuppose mai soit ouvert & des mondes pos: au terme de Je donne mille francs & Paul est vraie dans chacun de ces mondes possibles adi découlait de nos analyses du chapitre 1. Quatridme moment ~ Mais l'objet de mon engagement, & sa que je donne mille franes @ Paul, est en occurrence ce que nous av qualifié comme un accomplisser ire que cet obj ‘méme ne peut se comprendre que par référence a trois états les. Ceci t antérieur, od je n'ai pas encore remis & Paul le montant de ce que je ‘a bien regu; état postérieur irréel, od je ne le lui aurais pas remi ple, objet de mon engagement est un accomplissement, le fait que cet 176 CHAPITRE V accomplissement at lieu éteint obligation en laquelle ma promesse ‘m’avait engagé, comme nous I'avions vu au chapitre 1V. insi ne devons-nous perdre de vue, pour comprendre la spécifi- uoun des quatre niveaux de cette cascade séman- proposition exprimant l'objet de la mesure od cet objet est en ligation, & recurrence lui- syntaxique, des rationalisations simplific Nos conclusions sont ici extrémement proches de celles des ana- qu’Adolf Reinach consacrait en I promesse dans Die apriorischen Grundlagen des biirgerlichen Rech Nous en retrouvons d'une certaine manire toute la teneur. La fférence entre les propos de Rei us nous sommes attaché a j ich et Jes ndtres viennent de ce que Reinach, MUnchen Hamden Wien, Philoso Petes ‘Hamden Wien, Philosophia Verlag, 8 laquelle nous REFERENCE D'UN. ENONCE A L'ACTE DE SON ENONC présentait comme objet d'une simple description d'object tielles ‘Ainsi Reinach soulignait sien, que la déclaration de vol dans le style iste qui ét a promesse sont des actes fond: mentalement différents ', qu'l ne peut done étre question de réduire Ia ‘la premiére ; que la promesse est un acte spécifiquement i est dans I'essence de cet acte de dont on ne peut évidemmer déelaration de volonté. Nous ferions pour notre part observer que les bien ‘dans un vocabulaire dépourvu de toute consonance essentialiste. No favions en effet essayé de montrer que 1a promesse se cara n état de non-obl t d’obligat Ia promesse est dum promesse qui tion chez son auteur, De méme, Rel Ja promesse, ne peut pas étre purement et sim celui qui promet ne peut pas renoncer 2 son ot autre partie‘, Faisons ici observer que cette ess imrévocabilité de obligation tient au fait qu’une obligation pure int révocable ne serait plus une obligation, puisqu’ 6 d'échapper & son exée qu'elle ne soit pas incon ment révoquée®, que ment révocable. Ik n'y a ment lorsque Reinach ée: 1. Sdmtliche Werke, Band 1, p. 166. 2. Tbid., p. 161 3. Ibid, p. 360. p24, ‘pad. 178 méme pour celui qui la détient aucune obligation d’en exiger l’exéou- tion. La possibilité ouverte au créancier de renoncer & sa créance n'al- tare en rien la eréance el ines de ses analyses, Reinach revient par ‘exemple & plusieurs reprises sur le théme ! qu'une créance s*éteigne par exécution (Evfilllung) est certaine- ‘ment aussi évident que n’importe quel axiome logique ou mathé- matique. (Or nous avons déja eu l'occasion de souligner que, pour qu’ une eréance encore que son objet fat fivement regu les mille mon égard ; nous pouvons méme postérieur od Pat ceréance que Paul av jement, Reinach a le droit d’affirmer que « sa le se trouve dans son exécution »%. Mais on ne peut pas prétendre pour autant que toute obligation, ou, ce qui revient au méme, « toute eréance s'éteigne par exécution» *. Car enfin, de l'obligation 1 + p.239; on trouverait encore des formulations équivalentes 246, 424, 470. p. 360. p. 424, +p. 470. ou eréance bjet est un état, comme est I’obl juridique, d°étre honnéte envers autrui, faut-il ré a toute exécution ou qu'elle sur : ‘marquer que tous les actes honnétes que nous pourrons aecomplir ne nous en acquitteront jamais ' ? F analyse sémantique ainsi tant6t justfie et tant phénoménologique ; ce qui tendrait & montrer que ce poussée au bout ’elle-méme, pourrait et devrait retrouver les ressorts discursifs et les défi itionnelles qui fondent en demier liew institution, sans qu’on ait besoin de se réfugier dans quelque ultime et 1. Cf au chapitee préeédent, pp. 155-156.

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